n° 21897 | Fiche technique | 21736 caractères | 21736 3635 Temps de lecture estimé : 15 mn |
13/07/23 |
Présentation: Voilà que s’achève cette série de 10 textes de mes aventures routières. À très vite... | ||||
Résumé: La fin des choses, la fin d’une relation... | ||||
Critères: fhhh -totalsexe -occasion | ||||
Auteur : Landeline-Rose Redinger Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Truckers Chapitre 05 / 05 | FIN de la série |
Résumé des épisodes précédents :
Les déambulations routières de Landeline RR
Bye, bye crocodile.
Quel est donc le remède à la colère ?
Lorsque pour ses obligations professionnelles, Marc-Antoine me quitte durant quelques jours ou quelques semaines, alors vous le savez, une forme vaporeuse de désarroi m’étreint. Mon goût pour l’escapade s’étiole quelque peu. Mon corps ne s’irrigue plus de la pointe captieuse de l’interdit, ou plus justement de la bravade.
Alors nonchalante, affalée, je lambine, du canapé au lit. De la chilienne, si le soleil est là à la véranda les jours moins clairs, je tournicote dans mon patio. Je vais courir, mais sans entrain. Rien d’autre n’occupe mon esprit et rien ne rend mon corps mobile et animé.
Est-ce à dire que Marc-An serait le vecteur, le trait d’union sine qua non du désir qui me pousse ailleurs, hors de lui, vers la salacité et le bas fond ? Je ne sais le dire, pas plus l’analyser. Ceci n’est pas mon rayon. Le réel est ce qui me va. Épidermes, corps et membres suintants, grâce et disgrâce me rendent plus à la vie que le divan d’un psychanalyste. Albane qui est en analyse depuis des milliers d’années n’est pas de cet avis, mais son tracas est d’un autre ordre. Je n’ai pas par nature ou par éducation, associé à l’acte licencieux les tourments de la conscience. Autrement dit, tout du sexe me contente et me rend à une forme primaire d’enjouement.
Mais revenons à mon spleen, et passons sur celui-ci un mouchoir, car précisément Marc vient de me joindre. « Aéroport CDG à 21 h », me textote-il.
Oups ! Quelque chose soudainement me tonifie. Et pour tout dire, je pense au sexe de Marc-An et j’en ai envie. Nous faisions joliment l’amour à l’hôtel parfois. Marc-An est bien le seul homme à me faire l’amour et je lui en rends grâce. Parfois, mon corps en a besoin. Vous le savez, vous qui fûtes mes hôtes sans doute, je suis hospitalière à souhait, mon corps est un objet que vous malmenez, que vous avilissez, que vous cinglez. J’aime que vous le fassiez, oui, vraiment, j’aime. Mais ce que je donne à Marc-An ne vous sera pas offert. Non.
Je suggère à Marc une nuit au Mercure, « le Hilton », répond-il. Jolie perspective. Je suis électrique.
Souliers, lesquels ? Robe, jupe, bas, collants ? Dilemme, que fais-tu de nous ? Nos indécisions sont de luxueux tourments.
Marc est conforme à l’idée que l’on se fait d’un fils de famille. Alors pour lui, robe droite, chemisier cintré blanc, collant chair, souliers Crocodile Louboutin. Foulard porté au front, chevelure lâche, blush discret, doigts manucurés, lèvres peintes. Je pourrais être là, prête, disponible comme une épouse. Un soir, une nuit. Vertueuse et honorée par l’homme qui m’accompagne.
Je pars. Le ciel est bas, mais l’air véhicule une agréable tiédeur. Je traverse la capitale dans ma Mini-Cooper et ce soir, j’ai plaisir à le faire. Je pense à Marc-Antoine et cela, oui, me ravit.
Sans mal, en relativisant toutefois le trafic parisien habituel, j’arrive à Charles de Gaulle. Je suis volontairement en avance. Parfois, semblablement aux terrasses des cafés, j’aime les halls de gare où s’entrecroisent les gens. Je les suis, je leur attribue des destinations et des destinées, des vies ailleurs, des peines et des joies. Je m’amuse de ça. La pointe de mes souliers se balance tour à tour, et j’aime me savoir chaussée de ceux-ci. Je ne les porte que pour mon chéri. Je le lui ai promis lorsqu’il se fendit de quelque mille euros pour mon seul plaisir. Mon caprice.
J’étais dans l’attente. J’étais dans le désir et le tournoiement des gens, ajoutait une animation à mon exaltation.
Pourtant, la suite qui semble relever du pur romanesque, fut une véritable succession de désenchantements, même si au final la contrepartie en fut inversement délicieuse.
À peine une heure était passée, que Marc me textotait une impossibilité de décollage. « Un improbable incident technique », les informait-on. Je ne saurais bien dire pourquoi, mais alors grandit en moi une profonde déception qui petit à petit fit place à une colère que je ne pus refréner avant un certain temps. Je sortis du hall avec une forme de tornade autour de moi, claquai la portière de ma voiture et démarrai en faisant crisser les pneus. Je rentrai avec la déception et la colère chevillées au corps. Enfin, je pensais être sur le chemin du retour lorsque je ne reconnus plus rien du paysage familier que j’avais eu devant moi tant de fois. Simplement, je me perdais. Je m’égarais. Je m’énervais. Je bifurquai à bonne vitesse, furieuse, je stoppai sur le premier parking. J’étais épuisée. Soudainement épuisée. Relevant mon visage du volant, je voyais la façade jaune et triste d’un Formule 1. Ah ! Hilton aux draps soyeux. Ah ! Nuit d’amour avec Marc-An. Je claquai à nouveau la portière, payai ma nuitée et filai direct à la chambre. La colère l’emportait sur la fatigue. Je refermai vivement la porte de la chambre en faisant trembler les murs. Je quittai mon trench-coat, ma robe avec la même hâte et lançai mes Louboutin-Croco en l’air. Un malheur n’arrive jamais seul, dit-on. Je vis mes crocodiles disparaître par la fenêtre restée ouverte. Puis je vis mes croco sur le toit d’un énorme camion, puis je vis l’énorme camion disparaître. J’étais prostrée, hébétée, morte debout. Je tombai sur le lit en pleurant comme une damnée.
Mon corps frissonnait, je m’étais purement endormie. Combien de temps ? Je ne savais situer ni l’espace, ni le temps, ni le lieu. Mon portable était déchargé, je n’avais pas de montre. Tout me désolait. Le sommeil ne luttait plus contre mon énervement. Je filai en claquant à nouveau la porte sans grand souci des voisins d’étage. De tout l’hôtel, d’ailleurs !
Dans mon coffre, j’avais de basiques hauts talons, bas prix, qualité douteuse. Je traversai le parking et remontai à ma chambre faisant claquer mes talons sous les sifflets et lourdes plaisanteries des routiers en horde.
De ma chambre noire, je pouvais voir l’alignement rectiligne, en épi militaire, de douze poids lourds, tous au sigle du même transporteur. Je m’allongeai, le regard rivé au plafond. Mon corps exsudant peu à peu la colère jusqu’à me rendre un apaisement, un état serein.
Je suivais mes croco jusqu’aux confins des pays d’eau. Feront-ils le bonheur d’une Anglaise chic, d’une Moscovite noctambule ? Un sourire se dessinait mentalement. Je posai la main sur mon corps et lentement le caressais. Je savais alors que le sommeil ne viendrait plus cette nuit.
Ce qui vint en revanche fut la réponse à cette étrange question qui fusa de moi comme la voix intérieure d’une autre femme.
Mais quel est donc le remède à la colère ? Landie, qu’est-ce donc ?
Ma main me guida vers la réponse. Le Plaisir, le Plaisir Landie, fit la voix.
Je fis glisser mon slip en dentelle, comme la colère fut là soudaine, le plaisir m’emporta. Je posai l’oreiller sur mon visage et comme on étouffe un homme, j’assourdis les cris vertigineux de ma jouissance.
Au rythme de mes halètements, tournoyaient en moi les voix des hommes en bas, rigolards et indiscrets.
Je me levai et caressant mon corps dans le noir absolu, je regardai les camionneurs qui ne me voyaient pas. Mais vous le savez maintenant, je ne suis pas une solitaire de la jouissance, non. Je passai mon trench-coat sur mon corps entièrement nu, chaussai mes hauts talons et traversai le couloir avec plus de discrétion.
Peu après, je me posai sur le siège de ma voiture et j’attendis.
Les hommes parlaient entre eux. Rien ne venait. Ce n’est pas le bon jour, vraiment pas , me dis-je. Ma main fila vers mon sexe humide, humide puis trempé. Le plafonnier s’alluma lorsque j’entrouvris la portière. Je glissai une jambe hors du véhicule, le claquement sec de mon talon sur le bitume fit se retourner deux ou trois hommes. Le pan de mon trench laissa apparaître ma cuisse nue. Ma bouche tremblait, mon corps frissonnait, j’allais vers le bonheur, une forme jouissive de crainte et d’envie me tenait. Les hommes se rameutèrent. Plus d’hommes que de camions, me dis-je. Comme une équipée en marche, comme un bataillon de guerriers, ils venaient vers moi sans empressement, mais leurs visages sous le halo du réverbère reflétaient la hargne furieuse du désir. À peine furent-ils là si près de moi qu’un gaillard sortit de son pantalon dégrafé un sexe droit et costaud, et l’enfonça dans ma bouche, empoignant mes cheveux, faisant aller et venir mon visage sans ménagement sur son membre.
Oui, j’étais là pour ça et plus encore.
Je tournai mon corps vers le reste de la troupe, rabattant les pans de mon trench-coat sur mes reins. Les jambes en compas. J’attendais avec une rare frénésie la queue qui s’enfonça dans le trou de mon cul. Je redoublai d’ardeur, accentuai le mouvement de ma bouche sur la bite du brutal qui jutait au fond de ma gorge en beuglant.
Je déglutissais son sperme comme un sirop épais comme un miel gluant.
On quitta mon cul quand je quittai mon trench. À genoux, j’invitai chaque homme à glisser sa bite entre mes seins. Certains, trop courts, se branlaient frénétiquement, projetant leurs jus sur mon visage. Puis, réclamant un peu de répit, je m’installai sur le siège avant, portière fermée, vitre abaissée, et je tendis largement mes fesses bien ouvertes, où chaque homme pouvait m’enculer à loisir. Chacun baisait mon cul. Puis on entra côté chauffeur et tandis qu’on m’enfilait derrière, je suçais les bites devant moi. Ce fut une ronde ininterrompue autour de ma voiture. J’écartais de ma main les traînées visqueuses qui maculaient mon visage. Je branlais les pines en léchant dans la paume de ma main, l’amas gluant de leur foutre. Puis j’occupais à nouveau ma bouche de leurs queues, alors que le jeu de pistonnage reprenait dans mon cul. Les hommes étaient plutôt joyeux, riant de ce petit parcours circulaire autour de ma voiture, autour de mon corps. Et que je puisse mettre en joie m’est supérieurement agréable. Ils échangeaient des commentaires vicelards, comme on parle de filles autour d’un verre, éméché, accoudé au bar. Moi, je me noyais dans le plaisir et la sauce de leurs queues. Parfois en prenant mon cul, l’un se collait à mon dos, mains tendues malaxant vigoureusement mes seins. D’autres me susurraient des saloperies à l’oreille en soulevant ma chevelure, défonçant mon cul dans le même temps. Les queues occupaient ma bouche, alors je me contentais de quelques borborygmes pour seule réponse à leurs questions qui en somme n’appelaient rien en retour. La rhétorique langagière du sexe. Figure de style en deçà de la chorégraphie des corps.
Que j’aime me faire baiser, que je suce comme une vraie salope, que j’aime la queue n’était vraiment pas une nouveauté pour moi. Mais… oui, oui, hum… faisais-je presque inaudible que j’étais.
Curieusement, les hommes ne cherchaient pas à changer le jeu du devant-derrière, bouche et anus baisés jusqu’à la fatigue. On se finissait par abandon, par assèchement des réserves. Seul, le brutal qui avait retrouvé de la vigueur voulut prendre ma bouche.
Je glissai mon trench-coat sur mon corps, poussai la portière de ma voiture, le bruit métallique et sec de la fermeture automatique fit s’éteindre le plafonnier. Dans le même temps, les réverbères se coupèrent, tout comme si j’avais généré une panne totale sur la terre. Je pris le brutal par le bras, qui semblait un petit agneau, et traversai le parking.
Quand nous fûmes dans la chambre, sa gouaille avait disparu. Je le poussai lentement sur le lit, fis glisser son pantalon et son slip. À califourchon sur sa bouche, son visage couvert par les pans de mon trench, je sentis sa langue écarter les lèvres de ma vulve. Je poussai un cri que j’étouffai dans la foulée en gobant littéralement sa bite jusqu’en fond de gorge. Longtemps, très longtemps, nous avons joui l’un de l’autre. Puis sa bite a craché dans ma bouche. Indescriptible moment de la vie. À vivre vraiment !
Au petit matin, le brutal posa sa bouche sur mes tétons. Je pris son sexe dans ma main. Devant la fenêtre au store levé, je voulus qu’il me prenne. Ses deux mains comme un bâillon étouffaient les gémissements de mon plaisir. Sa queue gorgeait mon sexe puis mon cul. Avant qu’il ne fût sous la douche, je voulus, une dernière fois, fourrer sa queue dans ma gorge. Elle était longue, pendante et inerte. J’aime que cela finisse ainsi.
Les camions partirent en cohorte, laissant longuement résonner leurs klaxons au lointain. J’étais nue à la fenêtre, je frissonnais.
Je m’installai au volant de ma Mini, j’avais froid. Malgré cela, j’étais demeurée nue sous mon trench-coat.
Je dormais lorsque la clé cliqueta dans la serrure de la porte.
Marc-Antoine se glissa contre mon corps nu. Je pris son sexe dans ma main en laissant mes yeux fermés.
Après, seulement après, je me lavai, me lavai des délicieux souvenirs de ces dernières heures. Des souvenirs délictueux.
Marc-An avait mis son polo blanc, vous savez, celui avec un petit crocodile vert.
J’aime que vienne la nuit
Contrairement à l’idée reçue, et pour le coup grand classique du fantasme de ces dames, le passage à l’acte avec un ou plusieurs camionneurs reste une application marginale. Gros camion, gros bras, grosse queue. Le triptyque est attrayant, mais, bien que le cliché perdure, la morphologie typique du routier s’est simplement diversifiée avec l’avènement des nouvelles technologies ôtant au métier la notion de force et puissance. On peut aussi aisément ajouter à cela, la crise économique déversant sur le marché de l’emploi, une jeunesse diplômée et désireuse de se mettre à l’œuvre bien que cela soit loin de leur connaissance et du cursus d’origine. Certes, me direz-vous, « cerveau bien fait ne laisse pas bite insensible », je vous le concède, mais alors bras musculeux et langage graveleux se parsèment et s’amenuisent dans la masse.
Mon propos n’est pas, ne vous méprenez pas, la stigmatisation des uns ou des autres. La culture et la finesse pour les uns, la rudesse et l’animalité pour les autres.
Mais alors la réalisation de nos désirs les plus enfouis se corse et reste donc plus ardue à mettre en œuvre.
Vous connaissez ma ténacité et mon opiniâtreté à tenir les choses jusqu’à leur finalité, jusqu’au bout, oserais-je dire.
Vous savez également que le postulat de départ de mes aventures routières impliquait dans la plupart de mes rencontres que Marc-Antoine en fut un acteur concerné.
Eh bien, croyez-le, je dus pour quelque temps, quelques semaines, œuvrer vers d’autres lieux, renoncer à ce que je tenais pour inachevé.
Pourtant comme un manège, une farandole, un incessant carrousel, aux portes de mes endormissements, certains soirs tournoyaient devant moi, des ribambelles de camions. Un cirque mobile, une arène où, seule, j’étais l’esclave d’une légion de centurions au glaive levé, dressés, prêts à fondre sur ma peau. Je les voyais, les appelais jusque dans mes nuits mouillées. Bien sûr, j’avais joué presque entièrement le jeu que je m’étais donné, mais au fond de mes nuits, au long des déplacements que je faisais avec Marc-An, de longs mois s’étaient écoulés sans qu’un sexe d’homme m’ait transporté, sans une cabine surélevée, sans la prose ordurière qui m’exalte. Rien.
Vous me direz que me rendre seule, aguicheuse sur les parkings dans les stations m’aurait sans doute soulagée. Mais vraiment non, les règles sont les règles. Rien, plutôt rien si Marc n’y est pas impliqué tout au moins concerné.
Mais je savais, comme chacun attend son heure, je savais que la mienne viendrait.
Et contre toute attente, le renouveau de mes aventures routières vint de Marc-An lui-même. Oui ! Croyez-le vraiment.
La réception après le discours du Directeur de la filiale suisse, accompagné du Dir-Com, prit un tour de décontraction à laquelle je ne m’attendais pas vraiment. Elle s’était déroulée au sein même des nouveaux hangars de stockage, situés stratégiquement à proximité de l’entrée de l’autoroute. Marc-Antoine, d’ailleurs seul représentant du cabinet-conseil était élégant dans son costume Armani et, après les amuse-bouche, il détendit la cravate qui l’engorgeait et je lui trouvais alors quelque chose comme on dit.
Pour ma part, je n’avais jamais été encline à influencer son habillement, sachant que seule Mamy jaugeait son fils et le tracassait s’il n’était pas à son goût. Je dois d’ailleurs le dire, j’étais indifférente à son look, hormis peut-être ce soir-là.
Le climat de désinvolture de cette soirée tenait à mon sens, à la présence au grand complet, de l’ensemble du personnel pour la circonstance. Du directeur de la nouvelle structure à la comptable en passant par les gestionnaires de stocks, jusqu’aux manutentionnaires et autres caristes.
Le groupe suisse possédait aussi sa propre flotte de camions, bêtement identifiable à un logo stylisé de la croix helvétique. Le pragmatisme suisse et la simplicité apparente n’ont d’égal que leur faculté de manipulation économique et leur capacité d’adaptation aux engeances mafieuses de tout poil. Bref ce petit couplet n’engage que moi. (Souvenez-vous que par pure avidité du gain, j’effectue quelques prestations d’Escort pour une agence suisse. Sans ironie, j’avais fait affaire avec les Suisses bien avant Marc-An.)
Marc-An qui était d’ailleurs, une victime caricaturale du mécanisme d’ingérence suisse. Sur le système horloger, il en fut la trotteuse !
Donc, disais-je, le groupe suisse possédait aussi sa propre flotte de camions et qui dit camions, dit camionneurs. Au complet, ils avaient œuvré pour l’apport des marchandises, des rayonnages, racks, matériel en tout genre. Les allers-retours allaient incessamment pour décharger des centaines de centaines de ces nouveaux panneaux à chaleur autorégulés qui allaient envahir le marché sous peu de temps.
On avait toutefois pour la cause et le panache, convié quelques camionneurs à la festive et démocratique soirée.
Je n’avais pas quitté Marc-An de la soirée, et ma foi sa compagnie me plaisait ce soir.
Je m’étais habillée d’une chemise cintrée, d’un pantalon ample de lin noir, et chaussée d’escarpins talon-bobine de cinq centimètres. Sobriété. Mon corps ne demandait rien que quelques mignardises, quelques bulles de champagne avant un café qui, sans doute, me tiendrait éveillée tardivement dans la nuit.
La petite réception s’était étirée au-delà de minuit, le directeur s’était retiré. Marc-Antoine semblait en pleine conversation avec le Dir-Com et les trois camionneurs sur le départ.
Puis, pourquoi le fis-je, je ne le sais pas, mais flanquée de Marc à mes côtés, un peu comme une godiche, je m’étonnai qu’un stock aussi phénoménal puisse tenir dans quelques camions.
Dans le même temps, comme une récurrence, comme une énergie retrouvant le lieu originel, je sentis mon corps frémir d’une chaleur à laquelle je ne m’attendais pas.
Celui qui venait de disserter sur-le-champ des possibilités était de cette nouvelle génération de routier, et son petit descriptif aiguisa quelque peu mes sens.
Il y a toujours un œil furtif, subtil, un à qui la perception des sensations d’autrui n’échappe pas. C’était donc lui, ce soir.
Je pris la manche de mon amour et l’engageai à rejoindre notre chambre d’hôtel qui jouxtait l’entrée de l’autoroute.
De là, la vue donnait sur le parking. L’on apercevait le halo des lampadaires du bâtiment et les camions rangés côte à côte.
Acclimatés à leur petit chez soi et peu enjoués pour loger à l’hôtel, les routiers tapaient la causette au bas des cabines.
Il était à peine une heure du matin, lorsque je me glissai au côté de Marc-An. Je pris son sexe dans ma main et comme c’était jour de gloire pour lui, il le rentra dans ma bouche sans mot sans cri presque.
Ce petit exercice insipide me laissa toutefois, dans un éveil qui me tenait encore à trois heures du matin. Marc-An ronflait comme un moteur diesel, sa journée était à marquer d’une croix blanche – une croix helvétique. Qu’il ne m’ait pas traité de salope lorsque son jus m’emplissait, qu’il ne me donnât pas la basse considération qu’on adresse aux putains me laissait comme le goût amer du service minimum.
À sept heures du matin, Marc était sous la douche. J’ai passé ma chemise avec peine, un jean avec une acrobatie de convalescente. J’étais prête.
En serrant les mâchoires, je me suis assise sur le siège de la voiture de Marc. J’ai souri en pensant à mes dessous chics en lambeaux dans la remorque d’un camion qui, dans le rétroviseur, devenait un point à l’horizon.
Les striures vermillonnées sur ma peau étaient ma couronne d’épines, les stigmates d’un inextinguible désir. En demi-teinte, elle marquait par endroit le tissu blanc de ma chemise.
Il a regardé la route en gardant un visage serré.
Après nous n’avons plus rien dit.