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Temps de lecture estimé : 24 mn
18/08/23
Résumé:  Une femme humiliée souhaite se venger, mais les choses ne se déroulent pas tout à fait comme prévu.
Critères:  fh travail -extraconj
Auteur : Femmophile      Envoi mini-message

Série : Gallinacée, amour et vengeance

Chapitre 01 / 08
Gallinacée, amour et vengeance 1

Dire que c’est la CGT qui est à l’origine de ma renaissance amoureuse peut sembler étrange, mais indirectement c’est vrai, même si à ma connaissance il n’y a pas de service de planning familial ou de conseil matrimonial au sein de ce syndicat.

La soixantaine plutôt épanouie, quelques rondeurs ci et là appréciées diversement, puisque les plus épicuriens y voient, paraît-il, une sensualité certaine, alors que les adorateurs des graines de chia et du céleri bio méprisent mon ignorance de la diététique, seule responsable selon eux de ma silhouette assez éloignée de leurs côtes saillantes, de leurs tronches émaciées et de leurs fumerons grêles enveloppés dans de tristes loques de seconde main. Je les emmerde.

D’ailleurs, bien qu’enveloppée, je demeure coquette, mettant en valeur mes appas vieillissants sans aucun complexe ni volonté quelconque, la mode permettant à chacune d’exprimer sa féminité comme elle le souhaite, même si plus personne ne semble y prêter attention en ce qui me concerne.


Et puis il y a Roland, mon mari. Lui, portant beau selon l’expression usuelle, cadre supérieur à la rémunération plutôt confortable, est depuis un moment déjà atteint de cécité sélective en ce qui concerne mon fessier rebondi, mes cuisses pleines et mon abdomen accueillant. Mariés à vingt-cinq ans et parents de deux jeunes adultes, notre couple décline et Roland ne voit plus mon corps, n’y touche plus, je pense que mes bouffées de chaleur et mon traitement hormonal antisécheresse vaginale ont sacrifié à jamais sur l’autel de ma ménopause précoce les nuits d’amour avec mon époux, mon premier et presque seul amour. Il se console, j’imagine, en se délectant des chairs fermes de ses jeunes collègues ou clientes, sans que j’en sois certaine, Monsieur étant prudent. Il faut dire que son business, florissant, ne le serait pas devenu sans l’apport financier de mes parents, natifs de la région et fondateurs de l’entreprise désormais dirigée par Roland qui, il est vrai, lui a donné une stature internationale. Mais ma famille en reste propriétaire et deux de mes frères siègent au conseil d’administration.

Le mélange cul pognon peut parfois s’avérer explosif, alors, mon mari ne joue pas les artificiers amateurs, d’autant que dans notre ville de province tout se voit et se sait assez rapidement. Par contre, lors de ses fréquents voyages professionnels en Asie ou aux USA, il ne craint pas les yeux rivés derrière les persiennes et doit sans doute honorer généreusement les courtisanes qui l’entourent. Et moi, je m’étiole lentement.

Toutefois, ne souhaitant pas devenir la femme de entretenue, à la triste existence bourgeoise, j’ai conservé mon emploi comme cheffe actuaire dans une grande mutuelle nationale. Le senior est notre gagne-pain, je pourrais rédiger une sorte de Gault et Millau des tables de mortalité qui sont celles nourrissant mon travail. Trois à quatre fois par an, je dois me rendre à Paris, au siège principal, pour des réunions diverses qui durent deux à trois jours. J’y rencontre du monde, cela me change un peu de ma bourgeoisie de province souvent tristounette, de ses carcans moraux et de ses ragots.

Cette semaine-là, départ prévu le mardi matin et retour le vendredi, dans l’après-midi, rien de particulier. Enfin, presque.

À mi-parcours, le train s’est arrêté en rase campagne, et une bonne demi-heure s’est écoulée avant que l’on daigne nous informer des raisons de cette halte. En bref, une agression, un refus du contrôleur de continuer, solidarité et tout le toutim, un barnum du diable autour du train, banderoles CGT et mégaphones, on a eu droit au grand capital, aux banlieues abandonnées, à la vétusté du rail… à l’inflation et à l’âge de la retraite. Bref, il a fallu descendre du train, sur la voie, et monter dans les vétustes bus de remplacement qui nous ont ramenés à la gare de départ, pour y prendre un train sur une autre ligne. Quatre heures de perdues. J’ai téléphoné au siège parisien et leur ai raconté l’affaire. Fatalistes et compatissants, ils m’ont proposé de ne venir que le lendemain, mercredi, afin de m’éviter un voyage trop long. Sympa.


Notre maison se situant à vingt minutes à pied de la gare, je m’y étais rendue en marchant, j’aime l’exercice physique matinal et l’air frais. De loin, déjà, j’ai aperçu la luxueuse limousine germanique de Roland dans l’allée. Curieux. Malade ? Oublié des dossiers dans son bureau ? Et si… si… ?

Mais non, Christiane (c’est moi), tu délires, il n’est pas assez bête pour venir faire des galipettes dans le nid familial.

Mue par un pressentiment, j’ai contourné la maison et y suis entrée par le garage en sous-sol, puis, de la cave attenante, j’ai remonté l’escalier débouchant sur le vestibule. À peine la porte ouverte, je me suis retrouvée figée de stupéfaction.



Malgré ma stupéfaction, j’ai eu le réflexe de mettre mon smartphone en mode enregistrement, mon mari et sa poufiasse baisant dans notre salon, porte ouverte, ne se doutant évidemment pas de ma présence. Le film sonore de leurs ébats me parvenait en direct, me laissant interdite. Cauchemar ? Réalité ?

Je les ai laissés terminer leur baise puis, les larmes aux yeux, suis ressortie de la maison en courant, hébétée, perdue. J’ai marché un moment, sans but, si ce n’est celui d’arrêter de pleurer. Je me sentais humiliée, trompée, rabaissée par une pétasse dont j’ignorais tout, mais surtout par mon mari, le père de nos enfants, l’année de nos trente-cinq ans de mariage. Atteindre soixante ans pour être traitée de la sorte, quel triste bilan, quel sentiment d’échec, les quelques valeurs auxquelles je croyais encore naïvement venaient de se dissoudre dans les propos des amants, puisque je n’étais désormais plus qu’une vieille dinde coincée du cul, un vieux boude que l’on honorait juste pour l’hygiène.


Après une heure de déambulation au hasard des rues, j’ai un peu recouvré mes esprits et me suis installée à une terrasse de bistrot. Là, j’ai réalisé que j’avais oublié ma valise dans le garage de la maison, mais il y avait peu de chances que Roland la trouve, sa voiture étant dehors. Dans mon sac, j’ai trouvé de quoi écrire et me suis dit qu’il fallait élaborer un plan de vengeance, ne pouvant accepter ce que je venais d’entendre et de ressentir. L’enfoiré, le pourri, le faux cul, l’ordure, il allait la découvrir sous un jour nouveau, sa gallinacée à grosses fesses, à genoux il allait devoir le supplier le vieux boude, faut pas la provoquer la dodue de la basse-cour, ou alors faut assumer, mais dans la douleur. Finissant de gamberger, je me suis dirigée vers la maison, la voiture n’y était plus. J’ai récupéré ma valise et ai attendu.

Vers dix-neuf heures, Roland est arrivé, étonné de me trouver là.



Il m’a fallu beaucoup d’abnégation et de self-control pour ne pas lui jeter à la figure ce que j’avais préparé, croiser son regard me mettait en rage, mais j’ai su ne rien montrer. Je n’ai jamais souffert d’acouphènes, mais les syllabes qui résonnaient à mes tympans me torturaient en profondeur, on m’avait volé ma dignité de femme, et les mots du voleur se muaient en insupportables maux. Je bouillais intérieurement.



La journée suivante, le train m’a emmenée jusqu’à Paris sans problème. Je n’avais pas franchement la tête aux tables de mortalité ni aux statistiques, et la première réunion ne m’a pas franchement apporté grand-chose, n’ayant écouté les orateurs que par intermittence. Un de mes collègues de province venant du même département que moi, mais d’un autre service, s’en est rendu compte et, à la fin de la réunion, m’a abordée discrètement.



Je l’aimais bien, Bertrand, un peu plus jeune que moi, toujours élégant, mais discret, professionnel, consciencieux, pas un dragueur à deux balles comme on en rencontre trop lors de ces séminaires de boulot. Il m’avait subtilement courtisée, il y a quelques années, mais j’avais joué la bourgeoise fidèle et il n’avait pas insisté, un authentique gentleman. Je ne savais pas grand-chose de sa vie privée, nous ne discutions que business. Mais les circonstances étant, si moi aussi je m’autorisais un peu de souplesse vis-à-vis du contrat signé chez monsieur le maire trente-cinq ans plus tôt ? Si mon gros cul de vieille dinde avait en fait l’heur de plaire encore un peu ? Étais-je capable de le vérifier, moi, l’épouse fidèle un peu pétrie de principes ? Vu ce que je venais de subir, qui pourrait me reprocher quoi que ce soit ?


De retour dans ma chambre je me suis douchée avant de me soumettre au verdict du miroir, celui qui peut être un impitoyable ennemi comme un ami encourageant. C’est vrai que mes cuisses sont un peu fortes, mais leur peau lisse et bronzée atténue leur volume, me semble-t-il. Mes fesses, ah mes fesses… Oui, elles sont larges ; oui on y voit un peu de cellulite, mais malgré mes six décennies elles ne tombent pas et conservent une certaine fermeté que je dois aux cours de Pilates et de CAF (cuisses abdos-fessiers) suivis régulièrement. D’accord, je n’ai pas un cul de statue grecque, mais pas non plus un postérieur énorme, je dirais qu’il y a là de quoi contenter la main d’un honnête homme amateur de formes.


Mes seins n’ont bien évidemment plus la fermeté qu’ils avaient à vingt ans, mais leur volume et leurs belles aréoles demeurent et, lorsque je porte une robe de soirée décolletée, le regard des mâles est fréquent et me porte à croire que tous ne sont pas éleveurs de gallinacés me comparant à leurs volailles. Non, non et non, je ne suis pas une vieille dinde comme l’a dit la jeune morue qui suçait mon mari !

Mon ventre est certes un peu arrondi, mais ma toison intime soigneusement taillée me permet de porter de la lingerie délicate, même si plus personne ne la voit ni la regarde. Ma vie amoureuse est plutôt morne depuis quelques années, et je dois bien reconnaître que je n’ai rien fait pour y remédier, par peur du qu’en-dira-t-on d’abord, puis et par naïveté sans doute, pensant toujours que mon mari allait à nouveau se montrer câlin.


Malheureusement, je sais désormais à quoi m’en tenir, et me venger de l’outrage est une urgence absolue. Comment, je ne sais pas ? Encore que j’aie pour ce soir déjà une petite idée, mais il faudra que je me libère un peu de mes a priori et de mes principes.


Je me suis habillée, d’une robe boutonnée assez près du corps, mais adaptée à ma morphologie, son sage décolleté carré m’a fait hésiter à mettre un soutien-gorge. Après réflexion, je me suis dit que l’on n’a jamais vu de dinde vêtue de dentelles, alors pas de soutif ni de culotte, mais des bas. J’ai rougi toute seule en m’habillant, car jamais je n’avais osé transgresser les codes enseignés par ma maman sur la décence et la vulgarité, mais là, j’étais en mode guerrière, et les lois de la guerre permettent des aménagements avec la morale.


Maquillage soigné, coiffure rectifiée, boucles d’oreilles, talons. J’ai empoigné le téléphone et demandé la chambre de Bertrand.



Marcher dans les couloirs d’un hôtel ne m’a jamais fait ressentir quoi que ce soit, mais, ce soir-là, j’ai eu l’impression que tout le monde me dévisageait, parce que j’étais nue sous ma robe et rouge de honte. J’ai failli aller me rhabiller plus raisonnablement, mais j’ai senti mes seins se durcir et mon entrejambe devenir moite, sensations oubliées depuis un moment. Alors j’ai continué, chaloupant même de la croupe en descendant l’escalier, je me croyais prête à tout pour laver l’humiliation de la veille, à montrer à mon salaud de mari que sa vieille dinde pouvait encore plaire avant de le crucifier.



Quel homme délicieux ! Toujours un vrai gentleman, tout ce dont j’avais envie et besoin ce soir-là.

Au cours du repas, j’ai raconté à Bertrand la manière dont j’avais été humiliée par mon mari et sa maîtresse, dans ma propre maison, réduite à l’état de vieille dinde, sans lui dire que j’avais enregistré une partie de leurs ébats. Comme je n’ai pas réussi à retenir mes larmes, Bertrand m’a pris la main et m’a parlé doucement, m’a rassurée sur mon pouvoir de séduction et s’est montré outré du vocabulaire aviaire utilisé par mon mari et sa morue suceuse de bite. Mon adorable collègue, avec patience et douceur, a réussi à me faire recouvrer la faculté de m’exprimer autrement qu’entre deux sanglots, et a même réussi à me faire rire.



Le repas terminé, je me sentais mieux, un peu détendue, le vin aidant, alors j’ai décidé de mettre en œuvre le premier élément de ma vengeance.



Bertrand a eu l’air surpris de ma réflexion, mais a simplement souri. J’ai pris son bras et nous sommes partis, marchant tranquillement, la douceur de l’air de cette fin d’été faisait des rues piétonnes de la capitale un merveilleux endroit pour flâner. Devant nous, un jeune couple d’amoureux s’est arrêté pour s’embrasser, et j’ai vu les mains du galant caresser sensuellement les jolies fesses de sa belle, une image adorable.

Lâchant le bras de Bertrand, j’ai rassemblé tout mon courage et, un peu gauche, je me suis plantée devant lui et ai passé mes bras autour de son cou.



Je n’en revenais pas d’avoir osé faire cela, d’avoir utilisé un vocabulaire aussi vulgaire, de m’être montrée courtisane facile. Mon cœur battait la chamade et je devais être rouge de confusion.


Bertrand m’a prise dans ses bras, timidement, visiblement hésitant, alors je me suis collée à lui et lui ai tendu mes lèvres. D’abord romantique, son baiser est devenu galoche profonde, il a léché mes lèvres, sucé ma langue, et ses mains ont caressé mes hanches avant d’atteindre mes fesses moulées dans ma robe tendue. Transportée, je me suis laissé aller à des écarts de langage incongrus chez moi, contrôlant avec peine les sentiments et les émotions qui m’assaillaient, entre le désir sexuel, l’envie de vengeance, la transgression de l’interdit et la porte ouverte sur la luxure.



Après cette pause délurée en pleine rue, ce que jamais je n’aurais envisagé dans d’autres circonstances, j’ai demandé à mon amant de m’enlacer par la taille pour rejoindre l’hôtel. Dans l’ascenseur, Bertrand m’a encore embrassée langoureusement, une main sur mes fesses, il avait l’air d’être d’accord d’intégrer mon plan de vengeance.

Je l’ai invité dans ma chambre, bien décidée à dissoudre dans le stupre, dans l’outrance, dans la vulgarité mon contrat de mariage bourgeois.

Je nous ai servi un verre en puisant dans le minibar, il me fallait encore un peu d’alcool pour me désinhiber, n’étant pas certaine de pouvoir me lâcher complètement malgré mon attitude de délurée et de femme prête à tout.

J’étais assise au bord du lit, Bertrand dans le petit canapé qui devait justifier les quatre étoiles de l’établissement. Mon whisky (je n’en buvais jamais, alors la tête me tournait un peu…) terminé je me suis levée et me suis rapprochée de mon collègue. Mon visage était en feu, mes tétons me faisaient mal tellement ils étaient durs et pointaient de manière indécente. J’ai défait quelques boutons du bas de ma robe pour la retrousser un peu et me suis agenouillée sur le canapé, mes jambes enserrant celles de ma victime consentante, ma poitrine tendue à la hauteur de sa bouche. J’ai saisi son visage à deux mains et l’ai embrassé sensuellement, jouant de ma langue, jusqu’à ce qu’il ose poser ses mains sur mon corps offert et me rende femme à nouveau désirable.

Le glissement de ses doigts sur le nylon de mes bas m’a électrisée, et quand ses mains chaudes se sont glissées sous ma robe pour me caresser les cuisses, j’ai failli jouir. J’ai quitté sa bouche et me suis redressée, afin de déboutonner le haut de ma robe que j’ai écartée, laissant jaillir mes seins.



Quand sa bouche s’est emparée de mes aréoles en érection, j’ai senti que j’étais prête à tout, que mes digues morales cédaient les unes après les autres, que le cocktail plaisir-vengeance allait me transporter vers des ressentis inconnus.

Ses mains ont empaumé mes fesses nues, déclenchant un râle de bien-être tout autant qu’une invitation à poursuivre l’exploration de mes chairs secrètes.



Lentement, Bertrand a déboutonné entièrement ma robe et m’en a délicatement débarrassée, j’étais toujours agenouillée face à lui, mais entièrement nue, à l’exception de mes bas, nue devant un autre homme que mon mari, j’en avais la chair de poule. Il m’a contemplée, m’a dit que j’étais la sensualité faite femme, et puis ses mains, douces, ont parcouru mon corps, provoqué des frissons, des soupirs profonds, avant que ses lèvres se posent sur les parties de mon épiderme à leur portée.

Quel amant délicat que cet homme, dont je pensais qu’il allait me culbuter à la hussarde pour profiter de l’opportunité offerte, sans état d’âme ! Je l’ai appelé, car je suis cocue, humiliée, enragée, la vengeance à venir m’envahit l’esprit et je me donne quasiment au premier venu, ou presque, sans vraiment réfléchir ni même rechercher un quelconque plaisir, et voilà que pour assouvir une partie de ma vengeance je me retrouve entre les mains d’un amant attentionné, subtil, tendre et respectueux.


Je ne crois pas que Bertrand ait oublié de caresser le moindre centimètre carré de mon corps, me disant son envie de lécher ma peau, d’embrasser mon corps tout entier, ce que ne permettait pas ma position. Alors je me suis levée, fière de mes cuisses épaisses et de mes seins lourds, et me suis offerte sans pudeur au regard fiévreux de mon amant.



Bertrand s’est levé, a enlevé sa veste et m’a serrée contre lui. Ses lèvres ont parcouru mon cou, sa langue y a dessiné d’élégantes courbes et sa bouche gourmande a poursuivi sa visite sur ma chair frissonnante, léchant généreusement mes seins, puis, s’étant agenouillé, c’est mon ventre qui s’est retrouvé l’objet du désir. Caressé du bout des doigts, embrassé follement, j’en tremblais, sans pouvoir dire si c’était de peur ou de désir, la langue experte de mon bienfaiteur s’arrêtant juste à la lisière de mon buisson intime avant de remonter jusqu’à ma gorge gonflée.

Ses mains sur mes hanches, Bertrand m’a fait pivoter, se retrouvant ainsi agenouillé derrière moi. Son souffle sur le creux de mes reins m’a surprise, autant que les baisers appuyés qu’il a multipliés au bas de mon dos, je ne me souviens pas d’avoir jamais été autant embrassée là, je n’osais pas bouger, je savourais ce moment incroyable.

Quittant mes hanches, les mains du plaisir se sont glissées jusqu’à mes fesses, les effleurant d’abord, mon enchanteur me parlant à voix basse de douces collines, de monts de la sensualité, d’une vallée du désir cachée, les prenant ensuite à pleine main pour en saluer le galbe parfait, l’exquise rondeur et l’appel au péché qu’elles lui inspiraient.

À soixante ans, c’était la première fois qu’un homme me parlait ainsi de mes fesses, j’en restais muette. Était-ce normal ? Bertrand était-il un pervers ? Devais-je arrêter là cette drôle de soirée ?

Avant d’avoir trouvé une réponse à mes doutes, j’ai senti sur mes fesses une douche chaleur, humide, mon admirateur était en train de lécher langoureusement mes rondeurs les plus imposantes, ponctuant son exploration de commentaires pour moi inconnus.



Je ne savais plus quoi dire ni faire, mais j’appréciais le verbe élégant de mon collègue, bien loin des vulgarités de mon mari et de sa poufiasse. Après tout, si Bertrand adorait mon postérieur, pourquoi l’en priver ? Je me disais prête à tout, alors il fallait le prouver.



Incapable de formuler une phrase cohérente, l’esprit chamboulé, j’ai saisi la main que m’a tendue mon poète des rondeurs et me suis laissé guider. L’adorateur de mes appas m’a fait m’allonger à plat dos sur le lit, mes pieds touchant encore le sol, il m’a très lentement fait replier les jambes afin que mes pieds reposent eux aussi sur le lit.



Encore une fois, mon initiateur s’est agenouillé, cette fois sur le tapis au pied du lit. Il m’a caressé les pieds, les mollets, et a imperceptiblement écarté mes jambes, sans me forcer, car j’étais soudainement un peu crispée. Mais, au premier baiser déposé sur l’intérieur de mes cuisses j’ai cédé, et Bertrand a embrassé chaque once de ma peau la plus délicate, du creux du genou jusqu’à l’aine, jouant de ses lèvres et de sa langue, prononçant des mots élogieux sur ce qu’il voyait et que je n’osais imaginer. J’avais le souffle rauque, mon cœur tambourinait, mes mains dont je ne savais pas quoi faire agrippaient le couvre-lit et ont même failli le déchirer lorsque la bouche exploratrice a recouvert ma vulve.

J’ai sursauté, mes cuisses se sont resserrées, mais Bertrand a laissé sa bouche sur mon intimité et a simplement caressé mes jambes, lentement, attendant que ma confiance en lui revienne. Ma disette sexuelle prolongée et mon expérience toute relative de la sexualité libérée me faisaient imaginer les pires scénarios, de me retrouver sèche et frigide, de décevoir cet amant si délicat, de croire que mon mari et sa morue avaient finalement raison, je tremblais un peu.

Avec une infinie douceur, Bertrand a recommencé à lécher mon sexe, sa langue parcourant ma fente de bas en haut, l’écartant légèrement. J’avais le plus souvent refusé cette caresse que cherchait à m’imposer mon mari, la jugeant inutile et n’y trouvant aucun plaisir, sentir un mufle sur ma chatte me dégoûtait, je ne produisais d’ailleurs aucune sécrétion. Mon mari a fini par abandonner, sans doute ses maîtresses avaient-elles la moule plus accueillante.

Là, curieusement, je me sentais bien, et j’ai commencé à couler, me demandant si Bertrand allait apprécier.



Transportée par ces mots si jolis, je suis à nouveau demeurée muette, mais mes mains ont abandonné le couvre-lit pour la crinière poivre et sel de mon bienfaiteur, très réceptif au langage non verbal, car aussitôt sa langue a entamé un ballet gracieux sur mes nymphes luisantes et mon antre secret. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai senti mon corps s’éveiller, mon désir se manifester, j’avais envie de jouir sous les caresses de cet archange du plaisir, envie de crier, de redevenir une femme capable de séduire un homme.



Jamais un homme ne m’avait demandé d’adopter pareille position, selon moi à mi-chemin entre un numéro de cirque et un examen gynécologique et je me suis sentie impudique, presque femme de mauvaise vie. Mais, quand la langue fouilleuse a repris sa danse, toute réflexion est devenue aussi impossible qu’inutile.

Cette langue, qui s’est insinuée en mes muqueuses intimes, en a lapé bruyamment le miel qui maintenant s’écoulait en continu, et qui s’est alors attardée sur le sommet de mes lèvres charnues pour y débusquer mon bouton d’amour, celui que parfois, seule, je torturais de mes doigts pour essayer d’en tirer un peu de plaisir solitaire.

Quand la langue et les lèvres de mon confident se sont appliquées à cajoler cette petite perle décapuchonnée, j’ai senti une formidable vague de chaleur se former au creux de mes reins et se propager dans tout mon corps, comme un tsunami contre lequel on ne peut rien. J’ai presque pris peur et tenté de me maîtriser, mais il était trop tard.

Au moment où mon clitoris a été aspiré entre les lèvres de Bertrand, un voile a brouillé ma vue, mon cœur s’est emballé, j’ai jeté mon bassin contre le visage de mon amant, emprisonnant sa tête entre mes cuisses tétanisées, et dans un feulement quasi animal j’ai subi de plein fouet un orgasme dévastateur, inondant de divers fluides la bouche plaquée sur mon sexe dégorgeant son plaisir.


J’ai eu besoin de plusieurs minutes pour reprendre mes esprits, le souffle saccadé, le corps agité de soubresauts, Bertrand recueillant amoureusement de sa langue les dernières gouttes de mon plaisir sur mes chairs encore gonflées.



J’ai rougi de ma maladresse et de mon total manque de vocabulaire face à la classe, à la tendresse de Bertrand, et m’en suis excusée, peu convaincante.



Cette dernière phrase m’a fait l’effet d’un coup de poignard, brutal, et j’ai réagi comme une petite fille dont le papa part en voyage quelques jours, mue par un instinct qui jamais ne s’était manifesté chez moi. Je me suis jetée en larmes dans les bras de celui qui venait de me porter aux nues.



Il m’a entouré de ses bras, mon visage lui déversant son trop-plein de larmes dans le cou. J’ai senti sa main dans mes cheveux, caressante et bienveillante, alors que je m’accrochais à lui comme une naufragée à sa bouée, la peur au ventre qu’il m’abandonne à moi-même.