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Temps de lecture estimé : 30 mn
10/09/23
Résumé:  En 2072, un petit groupe de superhéros aux méthodes bien particulières veille sur la paix du monde. Investis de pouvoirs insolites, ils s’efforcent de combattre les criminels sexuels. On les appelle... les Justiciers Sexcentriques.
Critères:  f fh hh amour humilié(e) chantage exhib lingerie fmast caresses facial cunnilingu jouet jeu attache bougie pastiche humour fantastiqu -humour -fantastiq
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message

Série : La Ligue des Justiciers Sexcentriques

Chapitre 01 / 02
Les Justiciers Sexcentriques ont chaud aux fesses

Paris, 2072


La sexualité de l’espèce humaine repose désormais en grande partie sur les écrans, car dans ce monde hyperconnecté, on peine à trouver le temps de se séduire et de faire l’amour. La cité parisienne est ravagée par des crimes et délits sexuels de plus en plus nombreux. En effet, certains de ses habitants sont rongés par la frustration. Possédés par la foule d’images malsaines de cet univers virtuel pornographique, ils s’abaissent au crime. Bref, peu de choses ont changé, finalement, en cinquante ans, mais fort heureusement, un petit groupe de superhéros veille sur la paix du monde. Il s’agit d’une poignée d’élus mystérieusement investis de pouvoirs qui leur sont propres. On les appelle… les Justiciers Sexcentriques.



*****



Hank Ulator se campa un peu plus droit sur ses jambes et croisa ses bras musclés. Lorsque ses biceps s’arrondirent, un craquement net se fit entendre, celui de sa chemise dont il avait remonté les manches. Au loin, on entendit les pleurs d’une femme et le claquement des talons aiguilles sur le bitume. Puis, le silence se fit, pesant. Hank repoussa d’un mouvement de tête une mèche de cheveux blonds taquinée par la brise et planta son regard bleu dans celui de l’inconnu. La lueur de la lune projetait dans l’impasse déserte les ombres des deux hommes se faisant face. La clarté blafarde se mêlait aux couleurs criardes du néon du restaurant situé au coin de la ruelle. L’inconnu en costume et cravate était assis contre le mur du restaurant, près d’une pile de cageots vides. Hank avança vers lui de quelques pas et l’homme se recroquevilla encore plus contre le mur, comme s’il avait cru possible de le traverser tel un spectre rondouillet.



La remarque de l’inconnu n’était pas anodine. Vêtu de santiags vernies, d’un jean moulant et d’une chemise à carreaux ouverte sur un marcel blanc immaculé, Hank semblait sortir tout droit d’un western. Affichant un vague sourire qui révéla deux fossettes trop charmantes pour son visage un peu rude, Hank reprit :



L’inconnu bredouilla une réponse inaudible sans quitter Hank des yeux. Le visage aussi blême que la lune au-dessus d’eux, il transpirait à grosses gouttes. Hank se retint de balancer ce porc dans une poubelle pour en finir, mais pourquoi se contenter de jouer de ses muscles alors qu’il pouvait aussi s’amuser un peu ?



L’annonce du nom fit frémir le porc qui se remit sur ses jambes précipitamment et s’adossa encore plus fermement aux briques rouges. Ses deux billes exorbitées par l’effroi fixaient l’entrejambe de Hank, dont la protubérance marquée pouvait effectivement effrayer, au vu des circonstances, puis, pointant un doigt tremblant vers le holster, il fit remarquer d’une voix hésitante :



Sur ces mots, Hank ouvrit son holster et en examina le contenu. La bouche de l’avocat s’ouvrit et demeura béante. Une auréole sombre apparut sur le devant de son pantalon, puis une flaque autour de ses pieds.



Ignorant l’injonction et sifflotant un air qui ressemblait à s’y méprendre à un « Pourvu qu’elles soient douces » un peu faux, Hank ouvrit avec ses dents le flacon de lubrifiant. D’un geste délibérément sensuel, il en enduit généreusement le godemiché en silicone du bout des doigts.



Hank rangea le lubrifiant d’un geste et s’avança d’un pas hardi vers l’avocat tremblotant, qui s’écria en pleurnichant :



Puis, sans crier gare, l’homme perdit connaissance. Hank le laissa choir dans la flaque d’urine et leva les yeux au ciel.

Alors qu’il allait ranger son arme luisante de fluide, sa montre se mit à biper. Il la fit taire puis, la rapprochant de son visage :



Une voix fluette résonna dans l’impasse :



Hank dirigea alors la micro caméra de sa montre vers l’homme gisant près de lui, puis la voix féminine grogna :



Hank mit fin à l’appel, le regard soudainement soucieux. Puis, à l’approche des sirènes hurlantes de la police, il jeta un dernier coup d’œil à l’avocat toujours inconscient et prit la fuite en courant.


Il n’avait parcouru que quelques centaines de mètres lorsqu’il remarqua une silhouette, assise sur un banc bordant l’avenue où circulaient encore de rares véhicules. Il reconnut immédiatement la jeune femme qu’il était venu secourir et qui avait fui sans demander son reste. Hank l’avait laissée partir, intimement convaincu qu’elle se serait réfugiée chez elle. Intrigué, il cessa sa course folle et traversa l’artère. Arrivé à sa hauteur, il ralentit et la vit découvrir son visage enfoui dans ses mains. Ses joues étaient zébrées de mascara. Elle eut un mouvement de surprise et se leva d’un bond. Hank la rassura sans être lui-même rassuré :



La jeune femme recula de quelques pas.



De grands yeux verts encore mouillés de larmes se posèrent sur son visage, puis sur le gode noir luisant qu’il tenait toujours à la main. Une vague lueur d’effroi traversa son visage, mêlée à un soupçon d’hilarité.

« Merde », pensa Hank.



Hank rangea l’accessoire précipitamment dans son holster, posa ses mains sur ses hanches et déclara :



Puis le superhéros essuya sa main poisseuse sur son jean et la tendit à la créature :



Les larmes menaçaient d’inonder à nouveau le visage baigné de tristesse. Hank fut submergé par une vague d’émotion qu’il réprima en serrant les dents. De sa main propre, il caressa doucement la joue de la jeune femme et murmura, sans oser croiser son regard :



Puis, croisant incidemment le regard vert toujours posé sur lui, Hank s’éloigna et se remit à courir en direction des exploitations agricoles. Il regretta immédiatement de ne pas avoir déposé un simple baiser sur la joue de cette femme pour la rassurer, mais l’énergie débordante propre à ses pouvoirs l’en avait empêché. Vivement qu’il contrôle un peu mieux son potentiel, parce qu’une érection involontaire, c’est sûr, ça fait désordre !



*****



Le même soir…


Wonder Gambettes désactiva le mode appel de sa montre et se retourna vers son interlocuteur, pieds et mains liées à l’aide de deux paires de collants noirs. Assis au pied d’un grand bureau croulant sous les dossiers, l’homme suivait du regard les allées et venues de la créature qui le questionnait depuis plusieurs minutes. Il y avait de quoi rester captivé par les sublimes jambes gainées de noir qui évoluaient à sa hauteur. Ces charmants attributs lui avaient valu son nom de superhéroïne. Des jambes non seulement terriblement excitantes, mais aussi incroyablement rapides. Pourtant, Ella, de son vrai prénom, savait pertinemment qu’elle n’était pas qu’une paire de jambes. Astucieuse et efficace, elle était le cerveau du groupe, la reine de la logistique. La reine du vice et de la pipe, également, comme Monsieur Jouy le lui répétait à l’envi en gémissant de plaisir sur le sling en cuir qui trônait dans la chambre conjugale.


Ella contempla un instant la vue à couper le souffle qui se déployait tout autour d’eux, au seizième étage de ce building d’affaires entièrement vitré. Pour une fois, l’inspiration lui manquait. Il lui fallait trouver rapidement d’autres arguments convaincants pour venir à bout de son prisonnier récalcitrant. À défaut d’avouer les faits qui lui étaient reprochés, celui-ci bavait d’envie devant le charme de sa tortionnaire. C’en était presque gênant, pensait Ella. Longue chevelure brune toujours détachée, yeux noisette et taches de rousseur élégamment parsemées sur ses pommettes, Ella ne laissait personne indifférent, hommes et femmes sans distinction. Par ailleurs, Wonder Gambettes n’avait pas usurpé son titre. Bien sûr, elle courait vite. Très vite, même. Au point de filer plusieurs paires de bas par la seule pression de l’air contre ses compas lancés à vive allure. Cela avait le don d’exaspérer les gestionnaires de la Ligue, car les dégâts engendraient des dépenses folles en bas et collants, mais pour Ella, il était hors de question de troquer ses bas sexy contre des combinaisons de latex. De toute manière, ses tendances sadomasochistes n’étaient plus à démontrer. Elle préférait œuvrer dans l’une de ses nombreuses robes noires ultra-courtes.


Plongée dans ses pensées, Ella se rappelait l’instant incroyable qui avait fait d’elle une élue-justicière parmi peu d’autres. Ce moment magique où elle avait ressenti l’énergie qui l’investirait de ses pouvoirs. C’était lors d’une pause déjeuner comme les autres, il y a deux ans, à l’époque où elle travaillait encore comme secrétaire médicale. Son amant lui avait organisé un petit bukkake sympa à l’hôtel, pour animer un peu l’un de leurs rendez-vous.


Dans son souvenir, elle revoyait ces six hommes nus qui l’entouraient, la queue à la main à hauteur de son visage. Tous affichaient des expressions plus ou moins crispées, dans l’effort de retarder le moment fatidique. Ella s’était follement amusée ce jour-là, à genoux au milieu de tous ces mâles généreusement membrés. Suçant l’un, branlant l’autre, se caressant aussi parfois, elle levait des yeux coquins vers eux, dans un concert de gémissements et de râles. Subitement, en un élan commun, tous ses partenaires s’étaient mis à jouir, simultanément pour certains ou à quelques secondes d’intervalle, arrosant Ella de leur offrande ou inondant ses lèvres entrouvertes, qu’elle léchait avec délice. C’est à ce moment-là qu’elle s’était sentie habitée de son pouvoir.


Malheureusement, elle s’était tellement abandonnée au plaisir qu’elle n’avait pas suffisamment prêté attention au phénomène du scintillement, signe de la transmission des pouvoirs d’un élu par sa semence. Cet homme était devenu son Parent, selon la charte de la Ligue. Elle lui devait déférence et assistance, quoi qu’il arrive. Cependant, elle n’avait pas repéré que l’un des six jets de semence avait scintillé brièvement au contact de son buste. Depuis, il existait en ville six hommes pouvant potentiellement se déclarer Parent de Wonder Gambettes. L’inconnu ne s’était jamais manifesté, car il incombait au nouveau justicier de le retrouver, par tous les moyens. Ensuite, il avait fallu du temps à Ella pour comprendre et canaliser cette énergie. Cette seule tâche était déjà ardue. De plus, elle n’avait entendu parler de la Ligue que récemment, au hasard des actualités. Elle avait alors pris conscience qu’elle devait se servir de ses pouvoirs non pas pour épuiser Monsieur Jouy de ses multiples assauts, caprices et envies lubriques, mais pour faire le bien. Pourchasser les criminels du sexe.


Le criminel présumé qu’elle maintenait assis face à elle dans ce bureau traînait la réputation de se montrer un peu trop pressant auprès de certaines de ses collègues , subalternes et bien sur féminines. Peu d’entre elles avaient trouvé suffisamment de courage pour témoigner, encore moins pour porter plainte. Seule l’une d’elles avait osé faire appel à Wonder Gambettes pour l’aider à obtenir des aveux. Des preuves, c’est tout ce qu’il manquait à ces femmes. La justicière commençait à se lasser de cet interrogatoire en particulier, qui n’avait eu d’autre effet que d’émoustiller l’homme d’affaires. Arpentant la pièce nerveusement, elle aperçut alors une bougie dans la vitrine surplombant le Minibar, parmi d’autres bibelots tout aussi improbables dans un bureau de dirigeant. L’idée qui germa dans son esprit fit frétiller son clitoris, frisson qu’elle parvint à maîtriser dans un soupir de contentement. Elle saisit délicatement la petite bougie rose et la porta à ses narines. Parfum « Pétales de rose », ou Dragibus, peut-être ? Bref, cela ferait l’affaire.


Sans briser le silence qui se faisait pesant, elle s’approcha de son prisonnier et posa la bougie au sol près de lui. Puis, posant ses mains parfaitement manucurées sur sa ceinture, elle s’employa à la déboucler lentement et à défaire le pantalon.



Gambettes leva les yeux au ciel, puis lança d’un ton ferme :



Ainsi accroupie devant lui, Gambettes offrait volontairement à l’homme d’affaires une vue imprenable sur l’intérieur de ses cuisses, ses bas-fantaisies et son tanga mauve qui peinait à masquer totalement sa fente enflée par l’excitation. Lorsqu’elle baissa un peu le pantalon et extirpa un sexe semi-rigide d’un slip kangourou difforme, le regard salace quitta le visage rougeaud et fit place à un air inquiet.



Sur ces mots, Wonder Gambettes se redressa en faisant onduler sa chevelure luisante et se dirigea vers les tiroirs du bureau. Après les avoir ouverts un à un, elle trouva enfin ce qu’elle cherchait.



Wonder Gambettes se replaça face à son prisonnier immobile et sortit un canif de son soutien-gorge. Puis, sans se hâter, elle coupa les collants qui entravaient les jambes du criminel et plaça entre ses genoux la petite bougie rose. Après avoir enflammé la mèche à l’aide du briquet, elle avança la bougie vers l’entrejambe dénudé. L’homme chercha immédiatement à refermer son compas.



La main posée sur l’une des cuisses nues de l’homme, elle avança la bougie allumée à quelques centimètres de son sexe redevenu flasque. Le regard de plus en plus affolé oscillait entre la bougie et le visage mutin de la superhéroïne. En son for intérieur, Ella s’effraya un instant de l’excitation qu’elle trouvait à préparer ce plan démoniaque. Elle sentait son clitoris pulser, mais tenta de rester concentrée sur sa mission. Après avoir placé une chaise comme il lui convenait, elle s’installa donc face au bureau en adoptant une expression aussi sérieuse que possible.



Puis, les yeux clos et avec une expression de ravissement lascif, Gambettes écarta son compas, qui se trouvait à hauteur du visage de l’homme d’affaires. Elle glissa une main dans son tanga avec un soupir de plaisir non feint et promena très lentement ses doigts le long de sa fente. Après avoir descendu la fermeture de son décolleté à balconnet, elle en extirpa un sein rondelet qu’elle empauma pour le caresser. Ella sentit alors l’énergie familière la submerger, ce plaisir croissant mêlé à la sensation d’émettre une aura surpuissante.


Elle poursuivit sa délicieuse masturbation malgré l’inconfort de sa chaise, une position somme toute parfaite pour ne pas se laisser emporter totalement par le plaisir et garder un œil sur son prisonnier. Celui-ci restait calme en apparence, le regard naviguant entre la petite flamme insolente et les mains d’Ella, sa poitrine et ses lèvres carmin entrouvertes.


Tantôt, Ella fixait l’homme sans ciller, tantôt elle fermait les yeux et renversait la tête en arrière en prodiguant à son intimité des caresses de plus en plus poussées. Les mouvements de sa main, partiellement voilés par la dentelle du tanga, ralentirent quelques instants lorsqu’elle contempla l’érection masculine qui grandissait face à elle. Wonder Gambettes se concentra sur le membre érigé et sentit son aura croître en même temps que son propre plaisir. Elle savait que son pouvoir lui offrait le contrôle de l’excitation de ses partenaires ou, en l’occurrence, de toute personne qui entrait en osmose avec elle d’une manière ou d’une autre. Pourtant, son prisonnier semblait fournir tous les efforts possibles pour contrôler son érection. Il fermait les yeux, tentait d’adopter une respiration lente et profonde et se trémoussait pour tenter de rompre les liens enserrant ses poignets. Malgré cela, le pénis prenait des proportions tellement intéressantes qu’il était susceptible de ne pas pouvoir se déployer complètement sans entrer en contact avec la flamme de la bougie. Ella sentit le danger imminent et accentua ses gémissements. En sueur, l’homme d’affaires finit par céder. Il se mit à pleurnicher en fixant la bougie avec horreur :



Ella interrompit ses caresses à contrecœur avec un profond soupir. Elle se leva promptement de sa chaise, s’agenouilla devant l’homme d’affaires et lécha un à un ses doigts trempés de cyprine, arborant un air malicieux.



Wonder Gambettes fit glisser doucement la bougie vers elle et susurra en approchant son visage de l’homme jusqu’à le frôler :



Wonder Gambettes se redressa, ajusta sa robe et actionna l’un des boutons de sa montre. Elle se remit alors à arpenter le bureau. Bégayant, le prisonnier livra son récit sans se faire prier.



Ella ressortit son canif, libéra les poignets de l’homme et, le saisissant par son nœud de cravate, le mit debout d’un geste. Puis elle plongea ses yeux dans les siens et murmura :




*****



QG de la Ligue, le lendemain :


Wonder Gambettes, Hank Ulator et Kenny Lingus se tenaient côte à côte dans le bureau de Jean-Phil Embrouette, Président de la Ligue. Celui-ci affichait un air consterné et dévisageait ses troupes penaudes, debout face à lui tels des écoliers pris en faute.


M. Embrouette faisait tournoyer son stylo en argent entre son pouce et son majeur, comme pour les hypnotiser, jusqu’à ce que l’objet lui échappe et roule au sol. Étonnamment, personne n’osa rire de cette maladresse.

Le Président se racla la gorge et déclara d’une voix solennelle, bien que particulièrement haut perchée :



Il pointa un index accusateur vers Hank.



Il fit tournoyer ses mains en l’air en un geste gracieux.



M. Embrouette accueillit cet argument avec un regard vide, sans prêter attention au pouffement étouffé de Kenny Lingus.



Les mains rondouillettes tournoyèrent à nouveau.



Hank parut décontenancé par cette information et se tut. Il se retint d’extirper son téléphone de sa poche pour y chercher une illustration de la brouette.

Le Président se tourna alors vers Wonder Gambettes.



Ella se surprit à rougir lorsqu’elle croisa le regard incrédule de Kenny. L’expression de ce dernier vira à l’effroi lorsque Monsieur Embrouette explosa :



Puis, sur un ton plus calme :



Elle sentit sa gorge se nouer, mais demeura impassible.

Monsieur Embrouette arrangea sur son crâne à l’aide d’un peigne les rares cheveux englués de laque qui y étaient plaqués. Il tourna l’une des feuilles posées devant lui et poursuivit :



Le Président remonta nerveusement ses lunettes sur son nez luisant et dévisagea Kenny.



Avec un bref hochement de tête, le Président reprit :



Le Président se racla la gorge avec un zèle exagéré.



En quittant le bureau de leur supérieur dans le sillage de ses camarades, Kenny repensa à cette sombre affaire d’escroquerie et un flot d’images lui revint à l’esprit.



*****



Deux jours auparavant…


Kenny Lingus se revit sur cette avenue bondée de Paris. Portant en bandoulière un sac de toile difforme, il suivait une femme qui venait de le repérer derrière elle et accélérait le pas. Depuis plusieurs centaines de mètres, il slalomait entre des passants souvent absorbés dans la contemplation d’un écran de téléphone. Jouant parfois des coudes sans même s’excuser, elle se mit à accélérer, remontant ses lunettes noires de temps à autre et jetant des coups d’œil nerveux derrière elle. Pourtant, Kenny avait joué de sa finesse habituelle pour se fondre dans la foule des badauds. Vêtu d’un simple jean et d’un sweat passe-partout, c’était un quadra à la fois banal et séduisant, selon les dires de ses conquêtes. Visage fin, yeux sombres et cheveux noirs coupés courts, rien d’apparent chez lui ne pouvait trahir son statut de superhéros. Kenny était le plus expérimenté des trois justiciers et usait de ses pouvoirs avec brio. Il avait même développé des talents de télépathie qui allaient cette fois, il en était convaincu, s’avérer décisifs pour le succès de son plan.


La jeune femme qu’il filait était une serveuse en apparence sans histoires, dont les seules frasques concernaient sa vie sentimentale. Croqueuse d’hommes de préférence fortunés, elle était accusée d’avoir joué la maîtresse sans le sou pour extorquer des millions à plusieurs notables d’âge mûr. Pourquoi la Ligue des Sexcentriques était-elle sur le coup ? Tout simplement parce que la belle se distinguait par sa propension à épuiser sexuellement ses victimes avant de les plumer.


Les témoignages faisaient froid dans le dos : des heures à les caresser jusque dans leurs moindres recoins, à les sucer sans relâche ou à les chevaucher furieusement. Jamais fatiguée, toujours le feu aux fesses. «Feu aux Fesses », c’était d’ailleurs le surnom dont l’avait affublée la police et la mention que les agents avaient inscrite au marqueur en très grosses lettres sur son dossier. Aucun de ses amants n’avait le cran de lui avouer qu’il était épuisé et, sans pouvoir résister ni à ses yeux doux ni à ses avances particulièrement perfides, ils recommençaient, encore et encore, à lui donner du plaisir. Jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus. L’une de ses proies avait fait un arrêt cardiaque juste avant la fuite de la belle avec un chèque savamment falsifié. Un autre de ses pigeons avait fait irruption aux urgences, le sexe tuméfié et la langue tellement gonflée que la brigade avait dû attendre plusieurs jours avant de pouvoir recueillir un témoignage intelligible.


La Ligue avait bien repéré l’arnaqueuse avant chacun de ses méfaits, mais l’avait également perdue de vue chaque fois, dans cinq villes françaises différentes. La belle avait le don de disparaître sans laisser de traces. Cependant, Kenny était convaincu que cette fois-ci, « Feu aux Fesses » allait trouver un adversaire à sa hauteur. Toujours sur ses talons, il parvint au bout de l’avenue commerciale et gagna un quartier plus résidentiel et quasiment désert. C’est par la force de son esprit télépathique que Kenny orientait les pas de la jeune femme, bien malgré elle. Concentré, il tentait de faire abstraction de la foule, de tous les stimuli urbains perturbateurs, et lui suggérait mentalement les directions à prendre :

« Tout droit jusqu’au bout de l’avenue… Non, ne pas traverser… Première à gauche… Non, ne pas descendre la robe qui remonte… À droite, dans la ruelle pavée… Entrer dans la cour par le porche… »


Kenny jubila lorsqu’ils franchirent en trombe la porte cochère et pénétrèrent dans la cour d’un hôtel désaffecté, où seuls quelques squatteurs venaient parfois trouver refuge en hiver. Un puits condamné, des tables et chaises rouillées et des pavés envahis par les mauvaises herbes. C’était le lieu qu’il avait en tête pour cueillir l’arnaqueuse. Le plan de Kenny se déroulait donc sans accroc. D’ailleurs, il lui arrivait bien souvent de rêver qu’il jouait de la mitraillette et de ses poings au sein d’un gang façon « Agence Tous Risques », plutôt que d’œuvrer en justicier à la force de sa langue. La belle blonde s’arrêta net au milieu de la cour déserte, cherchant une issue qu’elle ne trouva pas. Lorsqu’elle se retourna, à bout de souffle, elle serra contre elle son sac à main et regarda Kenny sans bouger, les joues presque aussi écarlates que son vernis à ongles. Kenny Lingus se rendit compte à quel point elle était belle, beaucoup plus que sur la multitude de coupures de presse qu’il avait pu voir depuis plusieurs années. Il poussa la lourde porte cochère derrière lui et avança vers elle d’un pas lent. Il la savait prise au piège, mais se méfiait tout de même de cette créature d’apparence inoffensive. Elle portait une robe bustier rouge et son élégant chignon blond avait clairement souffert de la cavalcade de sa propriétaire. En baissant le regard vers sa poitrine un peu trop opulente pour ce style de robe, Kenny sentit sa langue frétiller légèrement dans sa bouche. Plus il s’approchait d’elle, plus elle serrait son sac sous son bras.



Elle n’aime pas que la pipe, on dirait, pensa Kenny distraitement.


Sans crier gare, et profitant d’un coup d’œil de Kenny à sa montre, « Feu aux Fesses » se mit soudain à courir, cherchant à contourner Kenny pour regagner la sortie. Le justicier attendit qu’elle atteigne la porte cochère pour réagir. Il ouvrit la bouche d’où s’échappa une longue langue rosée, qu’il enroula autour de la main féminine posée sur la poignée. Affolée, « Feu aux Fesses » émit un cri rauque. L’appendice buccal s’éleva à nouveau et vint se plaquer sur la bouche de la blonde, pressant sa tête contre le bois craquelé de la porte. Horrifiée, elle tenta d’ôter cette chose humide de son visage en émettant des sons étouffés. Kenny s’approcha d’elle, rentra sa langue promptement et la remplaça par une main ferme sur la bouche de «Feu aux Fesses ». De l’autre main, il lui arracha son sac qu’elle lui céda avec peu de résistance.



Puis, saisissant la créature par le bras, il l’entraîna vers le préau situé au fond de la cour.



Kenny balança le sac à main ventru sur la table rouillée et installa « Feu aux Fesses » sans ménagement sur l’une des chaises. Sans surprise, elle tenta immédiatement de se lever, mais la langue de Kenny surgit à nouveau de sa bouche et l’en empêcha. Lentement, Kenny passa sa langue hors norme sur le menton délicat de la prisonnière, effleura son décolleté et fit onduler son bel organe le long de sa taille de mante religieuse. Puis, il lui caressa les cuisses, qui s’écartèrent en tremblant pour mettre fin à ce contact baveux. Au passage, Kenny admira le galbe parfait de ses mollets nus, mis en valeur par la hauteur vertigineuse de ses escarpins noirs. «Feu aux Fesses » demanda alors, d’une voix timide :



L’appendice géant fila se réfugier dans la bouche de Kenny, tel un câble d’aspirateur qui s’enroule en un éclair.



L’arnaqueuse dévisagea Kenny d’un air perplexe et croisa les jambes dès qu’il sortit à nouveau sa langue.


Le justicier posa son sac de toile sur la table et en tira un petit boîtier noir qui tenait dans sa paume. Après avoir actionné un bouton, Kenny observa quelques secondes le voyant rouge qui se mit à clignoter sur l’engin, non sans surveiller sa prisonnière du coin de l’œil. Il plaça ensuite l’objet dans le sac à main, ce qui fit bondir la belle blonde qui s’écria :



Kenny s’accroupit à hauteur de sa prisonnière et plongea son regard dans le sien. La jeune femme s’agrippa nerveusement à l’assise de sa chaise.



Kenny posa alors ses mains sur les genoux de la belle et l’invita doucement à écarter son compas. « Feu aux Fesses », surprise, n’eut pas le temps de résister. Le superhéros poursuivit :



« Feu aux Fesses » ne tremblait plus de peur, mais d’excitation lorsque Kenny souleva un peu plus sa robe pour lui retirer sa culotte. Sans surprise, il s’aperçut qu’elle n’en avait pas. Kenny sentit à nouveau sa langue frétiller à la vue de cette vulve lisse dont la peau très blanche luisait sous la cyprine. Le justicier regretta tout de même l’absence de sous-vêtement : il trouvait tellement d’excitation à faire tournoyer follement une culotte affriolante autour de sa langue pleinement déployée. C’était sa manière préférée de faire l’hélicoptère, avant de faire atterrir son bel appendice buccal sur l’intimité d’une femme. De plus en plus troublé, Kenny chercha à gagner quelques secondes pour maîtriser le cataclysme qui formait une bosse conséquente au creux de son pantalon. Il saisit le sac piégé et le posa au beau milieu de la cour, tant pour garantir une distance suffisante entre lui et la bombe que pour profiter de la pluie de confettis qu’elle pouvait entraîner.


Il revint se placer face à la créature à demi-dévêtue qui haletait de désir et dardait vers lui son sexe béant. Son humidité commençait à couler le long de l’une de ses cuisses. Toujours assise, elle gardait les jambes écartées et ne quittait pas des yeux la bouche de cet étrange ravisseur, qui lui promettait du plaisir en échange de quelques aveux qui ne lui apprendraient rien de plus sur ses multiples exploits. Kenny ne bougeait pas, à l’agonie entre les pulsations croissantes de son érection et les frétillements de son énorme langue qu’il faisait onduler devant elle.



La langue rose géante surgit à nouveau des lèvres de Kenny et son extrémité fine lécha le liquide qui coulait lentement sur les cuisses de l’arnaqueuse. Celle-ci poussa un profond soupir. La langue ondula subtilement et commença un ballet digne d’un serpent cherchant à intimider sa proie. La langue de Kenny finit par se poser délicatement sur le berlingot luisant et son extrémité plutôt fine se mit à le lécher par petits coups, puis à l’explorer de manière plus approfondie.

« Feu aux Fesses » renversa sa tête en arrière et se mordit les lèvres. Malgré tous ses efforts, un gémissement rauque finit par s’échapper de sa bouche pulpeuse. « Encore cette voix de fumeuse », pensa Kenny.

L’appendice buccal la lécha de plus belle et, subitement, se glissa à l’entrée de son antre pour la pénétrer légèrement en des va-et-vient de plus en plus rythmés.

Nouveau râle de plaisir, sonore, mais grave. Kenny parut inquiet, s’interrompit soudainement et rentra sa langue. Il ne pouvait désormais plus masquer l’érection monumentale qui déformait son pantalon.



Le jeu de langue reprit de plus belle et la jeune femme se mit à gémir sans retenue.

« C’est pas vrai », pensa Kenny, « sa voix est très grave, il faut qu’elle parte dans les aigus ! »


Kenny se concentra et, aux prises avec une folle excitation malgré le danger qui planait, s’appliqua à tourmenter avec brio ce clitoris habituellement si gourmand. Agrippée à sa chaise et en sueur, l’arnaqueuse allait certainement céder très vite à la jouissance, mais ses râles restaient sauvages, aussi rauques qu’une chanson de Bryan Adams. Kenny insista, persévéra jusqu’à titiller un petit trou tout aussi réactif, tant et si bien qu’il en oublia le compte à rebours. Une explosion tonitruante retentit et fit vibrer les fenêtres alentour.

Kenny sursauta, rentra sa langue précipitamment et contempla bouche bée la pluie de confettis qui se déversait sur la cour, tels de gros flocons d’une neige grisée.



Kenny Lingus se rappela le sentiment de défaite qui l’envahit alors. Sa bombe était pourtant démoniaque. Autant que son jeu de langue. Dans la rue, des cris de panique s’élevaient et le son des sirènes de police se rapprochait d’eux. Tel fut l’échec le plus cuisant de Kenny Lingus. Son orgueil ne s’en était pas remis.



*****



Le soir du jour d’après, à peu près à la même heure que le soir de la veille, mais un peu plus tôt…


Ella se tenait debout sur le toit d’un immeuble. La nuit sans lune la rendait invisible de la rue encore animée. Par une lucarne devant elle, un flot de lumière rosée s’échappait. La justicière était absorbée par ce qui se passait à l’intérieur de la chambre de bonne, aussi minuscule que le lit qui en occupait la majeure partie. Le regard mélancolique, elle contemplait les courbes et les ondulations d’un couple enlacé, faisant l’amour sensuellement à la lueur de quelques bougies. Ainsi occupée, Ella ne remarqua l’arrivée de Kenny que lorsqu’il atterrit près d’elle, après une ascension agile du bâtiment à la force de sa langue.



Kenny jeta un coup d’œil vers la fenêtre et soupira.



Wonder Gambettes l’interrompit et tourna son visage vers lui. Malgré la faible luminosité de leur perchoir, Kenny remarqua que les yeux noisette brillaient un peu plus qu’à l’accoutumée.



Le justicier la dévisagea, perplexe, et passa doucement une main sur sa joue. Ses doigts rencontrèrent au passage le sillon d’une larme.



Ella renifla et tourna à nouveau le regard vers le couple allongé. L’homme, la quarantaine environ, embrassait sa partenaire tendrement en caressant sa longue chevelure rousse et, allongée sur elle, la pénétrait avec douceur. Son bassin ondulait doucement et à chacun de ses coups de reins, elle renversait sa tête en arrière, les yeux clos. Aucun son ne parvenait aux deux superhéros, mais ils devinaient les gémissements s’échappant des lèvres entrouvertes de cette femme.



Ella balaya d’un geste rageur le panorama qui se déroulait sous leurs pieds. La ville plongée dans l’obscurité, percée çà et là par quelques fenêtres éclairées et les phares de la circulation. Kenny entoura d’un bras réconfortant les épaules de la jeune femme. Ella reprit, en étouffant un sanglot :



Kenny ne trouva pas les mots pour convaincre Ella de mener à bien sa mission. Dans la chambre, le couple repu de jouissance était allongé, immobile, les doigts entrelacés.


Soudain, la montre de Kenny se mit à biper.



Kenny jeta un coup d’œil à Ella, qui semblait apaisée, et répondit avec enthousiasme :



Kenny allait couper la conversation lorsque Hank ajouta sur un ton qui semblait trop sérieux pour lui :



À ces mots, Ella s’essuya les yeux d’un revers de main, remit de l’ordre dans ses cheveux et ajusta ses bas. Sa voix n’était encore qu’un murmure, mais c’est avec détermination qu’elle déclara :



Kenny Lingus saisit alors Wonder Gambettes par la taille et fit surgir sa langue, qui vint s’enrouler autour de la balustrade la plus proche. Tous deux s’élancèrent dans la nuit, propulsés d’un bâtiment à l’autre tels Tarzan et Jane au bout d’une liane. Dans la petite chambre, la présence des Justiciers Sexcentriques était passée inaperçue.