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Temps de lecture estimé : 25 mn
12/10/23
Résumé:  Une nouvelle mission vient d’être confiée à Wonder Gambettes, Kenny Lingus et Hank Ulator. Ils se rendent à une soirée libertine pour y déjouer des plans suspects. Seront-ils à la hauteur ?
Critères:  fh grp fête hsoumis humilié(e) vengeance voir exhib miroir strip lingerie cunnilingu jouet jeu attache yeuxbandés pastiche humour fantastiqu -humour -fantastiq
Auteur : Aventurine      Envoi mini-message

Série : La Ligue des Justiciers Sexcentriques

Chapitre 02 / 02
Les justiciers Sexcentriques : mission libertine

Résumé des épisodes précédents :

En 2072, un petit groupe de superhéros aux méthodes bien particulières veille sur la paix du monde. Investis de pouvoirs insolites, ils s’efforcent de combattre les criminels sexuels.




Paris, 2072


La vieille AX rouge franchit le rond-point en laissant dans son sillage un cordon de fumée sombre. À son bord, trois superhéros, les justiciers Sexcentriques, faisaient route vers une villa située aux abords de Paris. Hank Ulator s’efforçait de conduire prudemment, mais ne semblait pas totalement à l’aise avec certaines conventions du code de la route. Assis près de lui, Kenny Lingus le lui fit remarquer en s’agrippant à son siège lors d’un virage un peu brusque.



Kenny leva les yeux au ciel et répliqua, le plus calmement qu’il put :



Hank ne releva pas l’insinuation sur son fidèle véhicule.


La voiture de collection des années 1980, même si elle pouvait montrer quelques signes de fatigue, ne lui avait jamais fait faux bond en plusieurs décennies d’utilisation régulière. Hank était fier de ses talents de mécanicien et de bricoleur en général. Certes, il était contraint de délaisser sa passion pour les bombes artisanales, mais il lui restait de nombreux domaines techniques à explorer.


Pendant le trajet, Kenny semblait très absorbé par la consultation de son téléphone. Profitant d’un arrêt à un feu rouge, Hank se pencha vers lui et s’exclama :



Le feu passa au vert. Alors que Hank regardait toujours les photos plus ou moins sensuelles défilant sur l’écran, Kenny s’écria :



La voiture démarra en trombe, ce qui réveilla la jeune femme paisiblement assoupie à l’arrière. Celle-ci se redressa d’un bond et regarda de part et d’autre de la rue.



Contre toute attente, Wonder Gambettes s’était endormie dès le début du trajet, malgré la conduite ultra-sportive de Hank associée à l’efficacité relative des amortisseurs de l’AX. Après sa dure journée de travail, la justicière avait eu à peine le temps de passer chez elle pour rassembler quelques vêtements pour la soirée.



Amusé, il contempla ses yeux noisette encore ensommeillés et le désordre inhabituel de sa longue chevelure brune.



Le conducteur et son passager échangèrent un regard perplexe.

Wonder Gambettes saisit le sac de voyage posé près d’elle et en extirpa une robe noire soigneusement pliée.



Hank haussa les sourcils et manqua de heurter un trottoir.


Ella entreprit donc de se changer malgré le peu d’espace que lui offrait l’habitacle du véhicule. Elle ôta sa robe noire en dentelle par-dessus sa tête, révélant une guêpière mauve particulièrement aguichante. Elle remarqua alors deux paires d’yeux qui la fixaient, l’une dans le rétroviseur, l’autre dans le miroir du pare-soleil avant.



Un sourire mutin se dessina aux coins des lèvres de la justicière, qui rangea délicatement sa robe dans le sac.

Dans le véhicule arrêté à leur hauteur au feu rouge suivant, un jeune conducteur boutonneux écarquilla les yeux à la vue de la créature en lingerie affriolante installée à l’arrière.



Hank profita de sa main droite libre pour donner un violent coup de coude dans les côtes de son passager.



Hank allait répondre que non, qu’il fallait absolument qu’elle change de lingerie pour quelque chose de plus sexy encore, mais Kenny le devança :



Hank fusilla Kenny du regard. Peu de temps après, il stationnait maladroitement le long d’un haut mur de pierres qui servait d’enceinte à la villa dans laquelle ils étaient invités.


La petite troupe se dirigea vers la longère rénovée par une longue allée gravillonnée. Les trois justiciers étaient particulièrement élégants. Même Hank avait changé de style de chemise sans trop rechigner, préférant le blanc à ses éternels carreaux. L’hôte vint leur ouvrir la porte. Grand et chauve, le prénommé Donatien arborait une chemise en satin argenté d’où dépassait une toison fournie de poils noirs.



Donatien les fit entrer dans le hall, d’où ils distinguaient déjà les sons d’une musique électro et d’éclats de rire particulièrement sonores.

Alors que les superhéros le suivaient vers la pièce située au bout du couloir, Kenny souffla à Hank :




Le matin même



Sabrina, la secrétaire de M. Jean-Phil Embrouette, Président de la Ligue, ne parvint pas à soupirer de manière suffisamment discrète.



Hank hésita, mais ne se laissa pas intimider.



Hank ne releva pas l’ironie de la réponse. Quelle peste, cette secrétaire. La voix haut perchée de M. Embrouette ne tarda pas à se faire entendre au bout du fil.



Hank ne sut que répondre. Il prit congé poliment et raccrocha, non sans se sentir offusqué de la dernière comparaison de son supérieur à son sujet.



*****



Dans la salle de réception, la fête allait bon train. Il était clair que l’hôte avait particulièrement soigné le cadre de sa soirée. Au bar situé près de l’entrée, hommes et femmes trinquaient, s’embrassaient ou se caressaient subtilement sous les regards curieux d’autres invités. Lumière rouge tamisée, voilages et bougies disséminées dans le vaste salon. En plus du grand canapé d’angle recouvert d’un jeté en satin rouge, des fauteuils cossus étaient disposés dans les coins d’ombre. Sur les tables basses meublant le reste de l’espace, on trouvait de petites coupelles en cristal aux contenus variés : préservatifs, friandises ou fraises accompagnées de bombes de Chantilly. Sur une console ancienne surplombée par un imposant miroir, on avait placé une collection impressionnante d’accessoires variés : foulards multicolores, cordes et liens, masques et bandeaux, en un fouillis savamment étudié.


Donatien avait pris congé des trois superhéros pour accueillir un couple dont l’homme portait une laisse autour du cou. Les justiciers déambulèrent donc quelques instants dans la pièce d’un air détaché, parmi la trentaine d’invités qui s’y trouvait. Quelques regards étudièrent Wonder Gambettes de la tête aux pieds. Kenny sentit une main insolente lui frôler les fesses, mais il prit sur lui pour ne pas se retourner et commettre une strangulation par la seule force de sa langue surpuissante. Hank se pencha soudain sur l’une des coupelles et s’extasia :



L’exclamation attira sur eux les regards de deux couples guindés qui conversaient à proximité, verres de champagne à la main.

Kenny serra les mâchoires pour contenir sa langue frétillante de colère et murmura à l’oreille de son ami :



Hank ne pipa mot et suivit ses camarades, non sans saisir discrètement au passage l’une des sucettes, qu’il fourra dans sa poche.


Ella n’avait pas prononcé une parole depuis son entrée dans la longère. Encore un peu engourdie par sa longue sieste en voiture, elle ne tarda cependant pas à s’imprégner de l’atmosphère qui régnait dans la pièce. Elle admira les bougies en repensant avec amusement à sa dernière mission. Arrivée devant la console, elle effleura une corde du bout des doigts et essaya devant le miroir un masque noir de carnaval. Wonder Gambettes s’étonna de l’élégance de ce masque pourvu d’oreilles de chat, mais se dit qu’il était trop fantaisiste pour en faire un attribut de justicière. Sans toutefois enlever l’accessoire, elle se retourna pour rejoindre ses deux camarades. Sublime comme à l’ordinaire dans ses bas résille et sa robe bustier noirs, Ella avançait sans se hâter, la démarche chaloupée et le regard pétillant. C’est alors qu’elle le remarqua. Assis seul à l’écart dans l’un des fauteuils, un homme l’observait ostensiblement. Mais subtilement, comme si de rien n’était, l’air de rien et en sifflotant parfois innocemment. De temps à autre, il se raclait la gorge lorsqu’Ella ne l’observait plus. Bref, l’homme cherchait à ne pas se faire remarquer. Pourtant, malgré tous ses efforts de discrétion, Wonder Gambettes le reconnut.


Ses cheveux étaient hirsutes et entièrement blancs, mais l’homme avait le visage d’un quadragénaire. Son teint très pâle, ses yeux d’un bleu étonnamment clair et ses lèvres serrées en un semblant de sourire lui donnaient un air à la fois froid et séduisant. Contrairement aux autres invités masculins qui arboraient le classique costume noir sur chemise blanche, l’inconnu portait un costume de lin immaculé sans le moindre pli. Ella eut immédiatement envie de l’aborder, ne serait-ce que pour lui demander ses astuces de repassage. Kenny, qui se tenait non loin d’elle, surprit son regard et la rejoignit.



Wonder Gambettes sentit soudain son cœur s’emballer et fut saisie d’une intense vague de chaleur dans les jambes, comme si celles-ci lui sommaient de fuir les lieux.


Kenny Lingus perçut son désarroi et posa une main rassurante sur son épaule.



Pour toute réponse, le justicier adressa un clin d’œil à Ella et s’apprêtait à s’éloigner lorsqu’il ajouta :




*****



Wonder Gambettes prit place sur le fauteuil à côté de l’homme assis dans l’ombre. Pendant quelques secondes de silence, Ella observa ses doigts qui tambourinaient nerveusement sur l’un des accoudoirs en cuir. Sans daigner le regarder en face, elle se résolut à entamer la conversation.



Le cœur d’Ella se mit à battre à tout rompre et elle retira précipitamment le loup qui masquait son visage. Elle esquissa un sourire et répondit, soulagée :



L’inconnu haussa les sourcils avec un sourire énigmatique et détailla Ella de la tête aux pieds. De son côté, Wonder Gambettes remarqua les mains fines ornées d’une alliance dorée. Oui, cela ne faisait plus aucun doute, elle se rappelait la pâleur de cette main qui enserrait et branlait un sexe plutôt fin également, mais de belle longueur, sur un joli pubis imberbe tout aussi blanc. Un peu honteuse des divagations de son esprit incorrigible, Ella chassa cette vision obscène et poursuivit :



De plus en plus troublée, Ella se mit à rire comme une fillette.



Subitement, elle prit conscience de ce qu’elle était en train de dire à son Parent. Quel manque de respect, se reprocha-t-elle en son for intérieur, mais termina sa phrase.



Wonder Gambettes se racla la gorge. Mister Freeze lui tendit la main pour briser la glace.



Puis, après lui avoir serré la main délicatement, Mister Freeze libéra les doigts de la justicière et vint placer son poignet contre le sien. Les deux montres vibrèrent pendant quelques secondes et émirent un léger bip simultané. Mister Freeze jeta un regard perçant autour d’eux. Personne ne prêtait attention à eux.



Sans autre forme de salut, Mister Freeze se leva et se dirigea lentement vers la sortie, sans se retourner. Ella resta interdite, jusqu’à ce qu’elle se sente observée. Elle se ressaisit avec un soupir et croisa le regard de Kenny qui sirotait un whisky au bar.



*****



Pendant ce temps…


Cela faisait plusieurs minutes que Kenny Lingus observait des comportements suspects de la part de certains invités. Assis sur l’un des tabourets du bar, il feignait de reluquer les femmes qui passaient près de lui. Certes, la vue de leurs tenues sexy ne manquait pas de faire frétiller sa langue, mais il tentait malgré cela de rester concentré sur sa mission. Un petit manège semblait se jouer autour de leur hôte, qui ne cessait de déambuler, les mains dans les poches, sans chercher à converser avec ses invités. Kenny vit l’un des libertins présents s’approcher de Donatien, lui chuchoter quelques mots à l’oreille puis se tourner vers la serveuse pour commander des cocktails. Alors que deux verres colorés apparaissaient sur le comptoir, les mains des deux hommes s’effleurèrent. Un geste fugace, à peine le temps d’une poignée de main. Pourtant, cela suffit pour laisser entrevoir entre leurs doigts une petite fiole remplie d’un liquide incolore. Le destinataire fourra l’objet dans l’une de ses poches, saisit les cocktails et se dirigea vers le couloir desservant les chambres.

Kenny s’éloigna juste assez pour communiquer discrètement avec Hank par télépathie. Trop risqué d’utiliser sa montre ici.

« Hank, tu m’entends ? Tu peux suivre le type qui part vers les chambres avec une boisson dans chaque main ? Il a des fioles de potion magique sur lui… »

Kenny comprit que Hank avait reçu le message lorsqu’il vit ce dernier froncer les sourcils et reposer dans une coupelle la fraise qu’il s’apprêtait à croquer.


Donatien se remit à faire les cent pas à proximité du bar. Kenny craignait de se faire remarquer et commanda donc un autre whisky. Puis un troisième. Ne pas se faire repérer, surtout. Allez, un quatrième. Son regard se posa alors incidemment sur un policier en uniforme près de la console. Étonné, il crut d’abord que l’alcool lui jouait des tours. L’agent farfouillait dans les accessoires et en extirpait une paire de menottes ornée de fourrure rose. Kenny s’approcha du fonctionnaire, dont la présence ne semblait inquiéter personne.



Le policier au teint hâlé adressa un sourire étincelant à Kenny. Ce dernier se dit qu’avec la musculature qu’il devinait sous sa chemise bleue, l’homme n’aurait aucun mal à maîtriser des suspects si besoin.



Kenny le regarda s’éloigner, un peu perplexe, jusqu’à ce que le rire de Donatien le ramène à sa mission de surveillance. Le petit manège se reproduisait non loin de lui. Un homme s’approcha de l’hôte et échangea brièvement avec lui, avant de lui serrer la main d’une manière peu naturelle. Comme précédemment, deux cocktails bigarrés furent servis au comptoir et leur propriétaire se dirigea vers les chambres. À son tour, Kenny se leva et suivit le libertin à bonne distance.


Parvenu dans le long couloir percé de cinq portes closes, le superhéros marqua un temps d’arrêt. Hank avait disparu dans l’une des chambres, ainsi que les deux consommateurs de cocktails et le policier. Kenny s’avança vers la première porte et y plaqua l’oreille. Silence. Il frappa et entrouvrit la porte. Devant lui, de dos, un homme nu comme un ver était agenouillé, le visage entre les jambes grassouillettes d’une femme assise sur le lit. Celle-ci tenait la bride de la laisse en cuir qui enserrait le cou de son partenaire. La matrone surmaquillée ne portait rien d’autre qu’un soutien-gorge en dentelle rouge et haletait tel un bulldog anglais sous les coups de langue de son soumis. Kenny se retint de faire surgir sa langue pour lui passer la laisse à son tour. Cependant, son attention fut captée par l’opulence extraordinaire de sa poitrine et il se hâta de refermer la porte en s’excusant de manière à peine intelligible à cause des frétillements de sa langue. Le justicier marqua une nouvelle pause et se concentra pour communiquer à nouveau avec Hank.

« Hank, fais-moi signe, je suis devant les portes. Dans quelle chambre tu es ? »

Il n’attendit qu’une poignée de secondes avant qu’un bruit sourd ne se fasse entendre sur un battant au fond du couloir.


Sans plus attendre, Kenny Lingus se dirigea vers la chambre et n’entendit la musique que lorsqu’il ouvrit la porte. Belle insonorisation, pensa-t-il, admiratif. Sur le lit double, deux jolies femmes étaient installées et riaient, un cocktail à la main. Debout près d’elles se tenaient les deux libertins du bar et Hank, qui riait et applaudissait autant qu’eux. Les occupants de la chambre n’avaient pas remarqué son intrusion. Kenny demeura stupéfait. Devant les cinq membres de son public en délire, le policier au sourire aveuglant se livrait à un strip-tease endiablé. Il venait d’arracher sa chemise bleue, qu’il se mit à faire tournoyer au-dessus de sa tête avec un sublime déhanché. Au rythme du Déshabillez-moi de Juliette Gréco, il se retourna et se mit à faire osciller ses fesses galbées en débouclant sa ceinture, encouragé par les cris suraigus des deux femmes et de Hank. L’un des deux libertins remarqua enfin la présence de Kenny et lui fit signe d’entrer d’un air jovial. Le justicier opina de la tête, referma la porte et s’y adossa nonchalamment. Hank lui adressa quelques regards discrets, mais semblait complètement subjugué par le spectacle.


Le pseudo-policier fut bientôt sur le point de retirer le dernier élément de son costume, un boxer en latex rose vif. Paradoxalement, les deux femmes semblèrent se lasser subitement du show et l’on entendait plus que les cris enthousiastes et les sifflets de Hank. Bâillements, échanges de regards confus entre les deux femmes. Kenny comprit que les deux libertins avaient bien fait usage du GHB qu’ils venaient de se procurer. L’un des cocktails tomba au sol lorsque la première s’assoupit et le contenu du deuxième verre inonda la robe de la deuxième, qui s’écroula sur les genoux de l’autre. Les libertins firent signe au policier de poursuivre et l’un deux se dirigea vers les deux superhéros avec un sourire factice.



L’homme n’eut pas le temps de réagir. Hank, qui se tenait juste face à lui, le saisit par le cou en un éclair et, de l’autre main, lui fourra entre les dents un gode mauve fluo qu’il dégaina de son holster.



Le libertin lui jeta un regard furieux et tenta toutefois de résister. L’extrémité de l’objet enfoncée plus loin dans son gosier lui causa un violent haut-le-cœur. Il se figea sous la poigne du justicier. Son comparse eut à peine le temps d’esquisser un mouvement pour venir à la rescousse. Kenny sortit sa langue géante qui s’enroula telles des menottes autour des poignets du libertin.



Le strip-teaser s’arrêta net. Il coupa la musique et rassembla ses vêtements en toute hâte, tel l’amant surpris en flagrant délit dans la chambre de sa maîtresse. Sans quitter des yeux les deux superhéros, il tenta à grand peine de remettre son boxer rose, en se contorsionnant et en sautant sur place pour mieux faire glisser le latex. Hank se tourna vers lui et lui intima d’un ton ultra-professionnel :



Le strip-teaser, serrant sur ses pectoraux luisants ses vêtements roulés en boule, répliqua d’une voix suave :



Le strip-teaser se fraya alors un passage devant Kenny et son prisonnier pour atteindre la porte, et quitta la pièce avec un clin d’œil à l’attention de Hank.

Kenny se concentra alors de toute sa force de télépathe, fronça les sourcils et pensa intensément, en fixant son camarade :



Hank sursauta comme si Kenny lui avait crié ces mots à l’oreille et grogna :



Hank Ulator s’estima heureux que l’appendice buccal de Kenny Lingus soit occupé à ce moment-là. Il saisit alors fermement son prisonnier par le bras après avoir rangé son gode. Puis il quitta la chambre avec Kenny et le deuxième libertin qui, toujours lié à lui par sa langue, ressemblait à la proie terrifiée d’un caméléon affamé.


De retour dans le salon, Hank et Kenny trouvèrent Wonder Gambettes assise sur l’un des tabourets du bar. Balançant négligemment ses interminables jambes croisées, elle lorgnait avidement une horde d’hommes qui rôdait près d’elle en la dévorant des yeux. Kenny l’interpella d’un ton faussement indigné :



Wonder Gambettes dévisagea Kenny d’un air surpris et répondit, sur la défensive :



Kenny s’abstint de répliquer, car il avait encore du pain sur la planche. Même si à cet instant précis, il aurait largement préféré partager quelques fraises et lécher longuement de la chantilly sur le corps généreux de la matrone au soutien-gorge rouge.


Pendant que Kenny et Hank traversaient le salon pour ligoter leurs suspects le long d’un mur, un brouhaha s’éleva.

Kenny tourna vivement la tête. Slalomant entre les participants, l’hôte Donatien cherchait à quitter la pièce, serrant sous le bras un sac à dos qui semblait peser son poids. Il libéra son prisonnier de l’emprise de sa langue, poussa celui-ci vers Ella et s’exclama :



Alors qu’Ella saisissait le prisonnier par l’oreille et suivait Hank vers le mur proche de la console, Kenny fendit la foule d’invités en courant et sortit en trombe. Il rattrapa Donatien juste avant qu’il ne monte dans sa voiture stationnée devant la villa. Tandis qu’il ouvrait la portière, Kenny le tira violemment vers l’arrière en enroulant sa langue autour de ses deux jambes. L’homme tomba à la renverse, sa tête heurtant au passage l’arête de la portière qui lui ouvrit largement l’arcade sourcilière. Le superhéros ignora ses vociférations, fit onduler sa langue et attrapa l’homme par le bras pour le remettre sur ses pieds. Il lui arracha son sac des mains et l’ouvrit : plusieurs liasses de billets y avaient été empilées, parmi quelques fioles semblables à celle qu’il avait aperçue précédemment.


À l’intérieur, les justiciers Sexcentriques s’affairaient dans le chaos général. Certains couples rassemblaient leurs vêtements à la hâte en se disputant. D’autres en profitaient au contraire pour s’adonner à des ébats torrides avant de devoir quitter les lieux. Jetant un œil de temps à autre vers la levrette endiablée qui se jouait près du bar, Hank asseyait les prisonniers le long du mur, sous la menace d’un gode, plaqué sur leurs lèvres ou leur tempe. Hank dut s’emparer de plusieurs hommes qui cherchèrent à fuir quand il lança à la cantonade, fidèle à sa légendaire discrétion :



Kenny ne tarda pas à les rejoindre et son jeu de langue redoutable mit fin à cette débâcle en un rien de temps.

C’est ainsi que nos trois justiciers parvinrent à capturer huit hommes, innocents ou complices, tout le monde s’en fichait éperdument pour l’instant.


Wonder Gambettes s’employait à entraver chevilles et poignets de manières diverses, selon les accessoires qui lui tombaient sous la main. Elle s’en donnait à cœur joie, avec une application mêlée d’une excitation croissante. Elle poussait même la fantaisie jusqu’à affubler chacun d’un bandeau ou d’un masque.



Wonder Gambettes sursauta légèrement et se releva. Elle tomba nez à nez, ou plutôt nez à crâne chauve, avec un petit homme nageant dans un costume en velours élimé.



Wonder Gambettes haussa les sourcils et remarqua la laisse qui pendait au cou du sans-gêne.



Ella leva les yeux au ciel. C’en était trop de l’insolence de ce soumis. Même s’il était fort rare qu’elle se laisse aller à la vulgarité, elle répondit d’un ton exaspéré :



Hank et Kenny, qui se tenaient à portée d’oreille, se mirent à glousser.

Ella balaya la salle du regard, à la recherche du maître ou de la maîtresse qui accompagnait son interlocuteur. Repérant enfin une femme rondelette qui semblait chercher quelqu’un, Ella lui adressa de grands signes et pointa un doigt en direction du petit homme chauve. Parvenue près d’eux, l’imposante maîtresse houspilla le soumis pour s’être ainsi soustrait à sa surveillance. Puis elle s’éloigna en l’entraînant dans son sillage sans aucune douceur.



*****



Lorsque les policiers arrivèrent sur les lieux quelques minutes plus tard, ils furent stupéfaits. Les deux agents furent d’abord convaincus qu’ils venaient de faire irruption dans une veillée funèbre, étant donné l’atmosphère plutôt pesante qui régnait dans le salon. Puis ils remarquèrent neuf hommes ligotés, dont un portant une laisse, qui étaient assis le long d’un mur. Une femme plantureuse les passait en revue, un martinet à la main. Au centre de la pièce, un grand blond baraqué qui léchait goulûment des sucettes coquines arborait un holster d’où dépassait une demi-douzaine de godemichés variés. Non loin de lui, une belle brune aux jambes vertigineuses déambulait avec grâce, suivie d’une petite troupe d’hommes et de femmes qui semblaient hypnotisés par son charme. Les agents s’étonnèrent à peine de la présence du grand sac posé sur l’une des tables, qui débordait de billets et de fioles de GHB. En revanche, ils crurent bon d’intervenir auprès du couple s’activant en levrette près du bar.



Hank s’approcha d’eux nonchalamment et intervint à son tour, contemplant lui aussi le couple qui s’affairait de plus belle avec force râles et gémissements.



Hank donna un coup de langue à sa sucette vulve, puis ajouta :



Hank pointa alors du doigt les deux femmes confortablement installées sur le canapé d’angle, qui dormaient toujours paisiblement.

Les deux fonctionnaires examinèrent d’un air incrédule l’original qui se tenait devant eux, mais firent montre de politesse malgré tout :



Après tout, nos trois justiciers avaient accompli leur mission avec brio.



*****



À l’ombre de quelques chênes centenaires, ils avaient installé une grande table sur tréteaux, entourée de bottes de foin en guise de sièges. Le Géant Vert avait insisté pour organiser ce dîner en bordure de ses champs de maïs. Quant à Wonder Gambettes, elle avait apporté sa touche personnelle en décorant la table de quelques bougies, afin de les éclairer lorsque la nuit aurait enveloppé ce cadre bucolique. C’était en l’honneur d’Ella et de Mister Freeze que nos trois superhéros et leurs parents respectifs se réunissaient ce soir-là : le Scintillement, moment magique de transmission des pouvoirs d’un superhéros à un Élu, faisait traditionnellement l’objet de festivités dans le cercle des justiciers Sexcentriques. Cela faisait deux ans qu’Ella attendait ce moment. Il était grand temps de célébrer ses retrouvailles tardives avec son Parent.


Les discussions allaient bon train entre Ella et Mister Freeze, Hank Ulator et Le Géant Vert, Kenny Lingus et La Belle des Champs. Cette dernière était particulièrement heureuse de retrouver son Élu qu’elle n’avait pas vu depuis plusieurs mois. Étonnamment, Hank avait un jour avoué la trouver tout à fait à son goût, avec sa chemise rouge et blanc à carreaux, son jean moulant et ses tresses blondes. On avait également convié Sabrina pour représenter la Ligue auprès d’eux, même si l’invitation de la secrétaire n’était qu’un prétexte pour s’épargner la présence austère de Jean-Phil Embrouette. Malheureusement, la compagnie particulièrement bavarde de l’assistante de direction avait poussé Ella à bout : Sabrina, bâillonnée et ligotée, se balançait au bout d’une corde attachée à une branche, au gré du vent et de ses coups de pied rageurs.



Le Géant Vert baissa son visage vert souriant vers Kenny et prit place sur une botte de foin, lassé de se tenir voûté pour converser avec ses amis. La brise fit bruisser légèrement les feuilles de sa tunique. Il répondit de sa voix de stentor :



Le Géant Vert prit un air soucieux, mais, se levant soudainement, déclara avec enthousiasme :



Alors que les six convives se préparaient à passer à table, Kenny demanda innocemment à Hank :



Hank parut hésiter puis lui chuchota à l’oreille :



Kenny caressa sa barbe de deux jours pendant de longues secondes et parut extrêmement perplexe.



Tous firent honneur à la langue-de-bœuf sauce madère mitonnée par Hank. Ce dernier se défendit d’avoir choisi ce plat dans l’unique dessein de taquiner Kenny Lingus toute la soirée sur son appendice buccal. Et pourtant… Quant au Géant Vert, il servit fièrement ses épis de maïs grillés, qui furent appréciés sans réserve par ceux qui parvinrent à faire abstraction du récit glaçant de son agression. Wonder Gambettes, assise à la droite de Mister Freeze, était radieuse et profitait de chaque instant de ce dîner. De temps à autre, elle observait son Parent à la dérobée, avec une fierté mêlée d’admiration. Et avec, sans nul doute, une pointe d’excitation. Elle savait que Wonder Gambettes ne changerait décidément jamais. C’est Ella qui avait changé. Balayant la joyeuse tablée du regard, elle écouta distraitement Mister Freeze s’extasier sur le fromage si blanc et si crémeux de Belle. Ainsi unie face aux perversités de ce monde, la Ligue des Justiciers Sexcentriques avait encore de beaux jours devant elle.