Résumé de l’épisode précédent :
Un homme perd son jumeau et tente de se reconstruire pendant que son épouse se perd dans des aventures sans lendemain.
Partie 2
Un après-midi où Aurélie ne pouvant le rejoindre à l’heure habituelle, il vint à l’idée de Sacha d’aller saluer son épouse.
Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas revu son univers quotidien, le plateau, les loges et son bureau.
Il avait envie de lui faire la surprise de la regarder tourner son émission.
Il arriva dans le service et alla directement au bureau d’Agathe.
Il le trouva vide.
Une jeune fille l’occupait et rangeait des papiers.
- — Bonjour, je suis le mari d’Agathe, sauriez-vous où je peux la trouver ?
La jeune femme sembla prise de panique et se mit à balbutier.
- — Bon… Bonjour, je… je suis Inaya, son assistante. Je ne savais pas que vous veniez voir Agathe. Elle est sortie et ne devrait pas revenir avant un bon moment.
- — Ah, c’est vous la perle rare ! Agathe m’a vanté la qualité de votre travail et de l’idée de chronique que vous lui aviez suggérée.
- — Heu… elle vous a dit que je la lui avais suggérée ?
- — Oui, il me semble même qu’elle a ajouté que cela avait eu besoin d’être retravaillé, mais que l’idée de départ n’était pas trop mauvaise.
- — Pas trop mauvaise ? Elle a dit ça !
- — Oui, mot pour mot. Quelque chose ne va pas ?
- — Eh bien, monsieur Saint Farge, je ne vous connais pas, mais, si vous le permettez, j’aimerais bien remettre les pendules à l’heure. Votre femme m’a piqué mon idée. Elle n’a rien retravaillé du tout, elle est allée proposer ce projet tel que je le lui avais donné. Elle a tiré la couverture à elle et moi, je suis allée me faire voir !
- — C’est très curieux ce que vous me dites là, et cela ne lui ressemble pas.
- — Le croyez-vous vraiment ?
- — Ma foi oui, mon épouse est la droiture même, inventive et n’a jamais eu besoin de qui que ce soit pour trouver elle-même de nouvelles idées pour ses émissions. Franchement, je serais désappointé si elle s’était permis de vous voler votre idée.
- — Je m’en suis plainte à elle et vous savez quoi ? Elle a menacé de me licencier si je ne la bouclais pas. Voilà les mots qu’elle a employés.
- — Vous avez des preuves de ce que vous dites ?
- — Absolument monsieur. J’ai transmis une copie de mon projet au directeur d’antenne trois jours avant de le donner à votre femme. Regardez sur mon ordinateur, voici le mail transmis à Franck et voici celui pour votre épouse.
- — Il y a bien trois jours en effet. Je suis bien embêté pour vous. Je ne comprends pas son attitude.
Un mail arriva juste à ce moment-là.
Inaya l’ouvrit et lut le sujet à voix haute. Convocation pour un entretien avant licenciement.
Sacha lut par-dessus l’épaule de l’assistante.
- — Vous voyez, maintenant elle me vire. Votre femme est une salope, et je pèse mes mots. Il n’est pas question que je laisse ça sous silence, tout comme sa conduite. Comme ça, vous saurez tout. Il n’y a pas de raison.
- — Que voulez-vous me dire ?
- — Eh bien, cher monsieur, à l’heure où je vous parle, votre chère et tendre est avec son invité du jour.
- — Oui, ils doivent débriefer l’émission, comme chaque jour.
- — Tu parles de débriefing ! Ils sont en train de baiser, pauvre naïf que vous êtes.
- — Qu’est-ce que vous dites ?
- — Je suis désolée monsieur Saint Farge, mais elle m’en a trop fait. Il faut que vous sachiez la vérité sur elle.
- — Expliquez-vous.
- — Tout ça a commencé avec Franck, le directeur d’antenne. Elle est allée pleurer dans son bureau et ils ont fait l’amour sur son canapé. Elle avait tellement honte qu’elle s’en est confiée à moi le lendemain. Je l’avais surprise en train de pleurer. Elle m’a avoué que ça s’était fait tout seul, presque sans réfléchir et qu’elle s’en voulait à mort de vous avoir trompé. Ensuite, il y a eu un jeune comédien qui va entrer à la Comédie française. Elle m’a dit qu’il avait essayé de l’embrasser et qu’elle s’était amusée à lui apprendre comment faire jouir une femme comme elle.
- — Mais il y en a eu combien encore ?
- — Un chaque semaine, monsieur. L’invité du mercredi est toujours un homme. C’est elle qui le choisit, alors que c’était l’un de mes privilèges jusqu’à présent.
- — Et chaque fois, vous m’affirmez qu’elle couche avec ?
- — Oui, je vous le jure. Cela se passe quasiment toujours à l’hôtel. Le Mercure, Porte de Versailles, chambre 308, comme sa voiture.
Sacha sentit ses jambes se dérober sous lui et se raccrocha au bureau.
- — Ça ne va pas monsieur ?
- — Non. Auriez-vous un verre d’eau, je vous prie ?
Inaya prit une bouteille d’eau minérale et lui en servit un verre.
Il but d’un trait et reposa le verre sur le bureau.
- — Savez-vous pourquoi elle fait ça ?
- — Monsieur, je regrette infiniment de vous avoir révélé tout cela. J’étais en colère contre votre épouse et mes mots sont allés trop loin, j’en suis désolée. Pourquoi elle fait ça, ce n’est pas à moi de vous le dire. Je vous ai fait assez de mal comme ça. Vous devriez rentrer chez vous, elle y sera sûrement et vous pourrez vous expliquer avec elle.
Sacha quitta l’immeuble et entra dans la première station de métro.
Il en ressortit à Courcelles et se précipita au parc pour aller s’asseoir sur son banc fétiche.
Il resta de longues minutes, prostré et abasourdi par tout ce qu’il avait appris.
Il prit son téléphone et appela Aurélie. Par bonheur, elle décrocha.
- — C’est moi, je sais que ce n’est pas le jour, mais j’ai besoin de te voir. Il m’arrive un drame affreux, il faut que je t’en parle. Je sais que tu as un partiel aujourd’hui, mais peut-être pourrais-tu me rejoindre après ?
- — J’ai terminé il y a plus d’une heure. Je me change et j’arrive.
Elle s’apprêta rapidement et se précipita au parc.
Elle le trouva en train de pleurer, la tête dans les mains.
Elle s’assit en silence et le prit dans ses bras.
- — Je suis là maintenant, dis-moi ce qu’il t’arrive si tu veux bien.
En pleurant et reniflant, il lui raconta ce qu’il avait appris de l’assistante de sa femme.
Une fois le récit terminé, ils restèrent de longues minutes, silencieux.
La première, elle reprit la parole.
- — Cette Inaya, tu la connais bien ?
- — Non, à peine, je l’ai rencontrée pour la première fois cet après-midi.
- — Comment peux-tu être sûr qu’il s’agit de la vérité ? Après tout, elle a pu inventer tout ça, juste pour se venger de sa patronne.
- — Tu crois ?
- — Oui, il faut que tu vérifies par toi-même. Elle t’a dit que c’était tous les mercredis ?
- — Oui, c’est le jour de l’invité masculin et c’est elle qui le choisit.
- — Eh bien, mercredi prochain, tu vas vérifier ses dires. Tu iras te planquer au pied de l’immeuble et si tu la vois sortir avec un homme, tu les suivras et tu sauras.
- — Tu ne voudrais pas venir avec moi ? J’ai peur de ne pas avoir la force de supporter de la voir avec un homme.
- — Écoute, je ne sais pas. Ma place n’est pas là, à t’aider à espionner ta femme.
- — Tu es mon amie, j’ai besoin de toi. Tu m’as épaulé jusqu’à présent, tu ne vas pas me lâcher dans un moment pareil ?
- — Oui, je suis ton amie, et je dois te dire que je suis et serai toujours là pour toi, mais, si je viens avec toi, cela voudra dire que je m’implique dans ta vie conjugale et je ne suis pas certaine que j’ai un rôle à jouer entre vous deux.
- — Tu es ma meilleure amie et ta place est dans tout ce qui me concerne à présent. J’ai besoin de ta présence à mes côtés, de ton soutien que je sais sans faille, et de tout ce que tu pourras m’apporter si, par malheur, je constate que tout est vrai.
- — Bon, OK, je viendrai avec toi.
La semaine passa sans grand changement par rapport à l’habitude.
Agathe rentrait en début de soirée et trouvait la maison vide. Sacha revenait au logis à minuit passé et la trouvait endormie.
Les rapports se limitèrent à quelques échanges convenus sur le peu de temps qu’ils passaient ensemble.
Sacha, cependant, voulut lui tendre la perche le mercredi au petit déjeuner.
Il se leva en même temps qu’elle et l’attendit dans la cuisine le temps qu’elle se douche et s’habille.
- — Tiens, tu es levé, mon amour ?
- — Oui, je n’arrivais plus à dormir.
- — Comment te sens-tu ce matin ?
- — Guère mieux que les autres jours… Comment ça va à ton travail ?
- — Mieux qu’il y a quelque temps. Mes deux projets marchent bien et l’audience a retrouvé les chiffres d’avant.
- — Tu reçois toujours une future star le mercredi ?
- — Oui, c’est le jour fétiche pour les téléspectateurs fidèles.
- — Et aujourd’hui, qui reçois-tu ?
- — Un écrivain belge, très en vogue.
- — Non, je ne vois pas.
- — Il a beaucoup de succès et il va entamer une tournée d’autographes et de conférences, c’est le moment idéal pour une interview.
- — Qui as-tu reçu la semaine dernière ?
- — Erwan Lesueur, le comédien.
- — Ah oui, celui-là, je le connais. C’est un très bel homme, tu ne trouves pas ?
- — Oh, tu sais, moi, ce qui m’intéresse, c’est ce qu’ils ont dans la tête, leur physique n’a aucune importance pour moi.
- — Et alors, comment s’est passé votre face-à-face ?
- — Très bien, je l’ai trouvé assez intéressant.
- — Qu’est-ce que tu as appris sur lui d’intéressant justement ?
- — Rien de particulier, tu sais ces interviews sont un peu convenues et je donne les questions à l’avance.
- — Mais alors, pourquoi as-tu besoin de tant de temps pour débriefer ?
Il vit qu’elle avait un peu tiqué sur cette question.
- — Bon, on débriefe pour voir si tout ce que nous attendions l’un de l’autre vis-à-vis de l’émission a été atteint.
- — Et avec lui, tu as obtenu ce que tu attendais ?
- — Oui, il a été parfait.
- — Je n’en doute pas.
Il avait lancé cette dernière réplique avec un léger sourire ironique qu’elle ne releva pas.
- — Et aujourd’hui, c’est un écrivain alors ?
- — Max Grand-Donneur, tu sais le romancier belge.
- — Celui-là je le connais aussi. Encore un très bel homme, décidément.
Elle ne releva pas et but son café.
- — Et de lui, tu attends quoi ?
- — Oh, ce serait long à expliquer, ce qui l’inspire, où il va chercher le fond de ses histoires.
- — Et sur le plan plus personnel, qu’est-ce que tu attends de lui ?
- — De la franchise, de la sincérité.
- — Tu sais qu’on a été concurrent pour le Goncourt et qu’en plus, il a une réputation très, comment dire, sulfureuse, avec les femmes ?
- — Ah, je ne savais pas que vous aviez été en bisbille pour le Goncourt. Quant à sa réputation, je le savais, mais ce n’est pas cette partie de l’homme qui m’intéresse.
- — Et c’est quelle partie qui t’intéresse alors ?
Il sentit qu’elle était gênée.
Elle la regarda monter et se leva.
- — Mince, je vais être à la bourre. Repose-toi, mon chéri, tu t’es couché tard encore cette fois-ci.
Elle se sauva, échappant à ce dialogue qui, s’embla-t-il à Sacha, l’avait mise dans l’embarras.
Il n’avait plus besoin de rien pour être convaincu qu’il allait la filer l’après-midi.
Sacha retrouva Aurélie à la station Javel à dix-sept heures.
Ils longèrent le port et se cachèrent sous le pont du Garigliano.
De là, ils avaient une vue parfaitement dégagée sur l’entrée de l’immeuble de France 2.
Il alla prendre deux thés à emporter au Willor bar et ils sirotèrent tranquillement leur boisson. Il était un peu fébrile ; elle lui posa la main sur le bras et l’embrassa amicalement sur la joue.
Il regarda de nouveau vers l’entrée et l’aperçut.
- — La voilà.
- — C’est elle, la femme brune aux cheveux longs ?
- — Oui, c’est Agathe.
Elle sortait de l’immeuble avec à ses côtés un homme d’âge mûr, très grand et au port altier. Il reconnut immédiatement Max Grand-Donneur, l’écrivain.
Concurrents pour le Goncourt des Lycéens, Max n’avait pas accepté sa défaite et l’avait clamé haut et fort.
Pour lui, le jury avait privilégié la jeunesse au détriment de la qualité littéraire.
Il n’était pas sûr, mais il lui sembla qu’ils se donnaient la main.
- — Tu vois ce que je vois ?
- — Oui, ils ont l’air plutôt proches.
- — Non, ils se donnent la main.
- — Oui, j’ai vu, mais ça ne veut rien dire.
- — Suivons-les.
Agathe et l’écrivain bifurquèrent sur le boulevard des Maréchaux et marchèrent d’un bon pas.
Aurélie et Sasha restèrent à une distance suffisante pour ne pas être repérés.
Quinze minutes plus loin, ils arrivèrent devant l’hôtel Mercure.
Sans même s’arrêter, ils entrèrent dans l’hôtel.
Aurélie et Sacha traversèrent le boulevard et s’installèrent sur un banc derrière les abribus.
Agathe se sentait un peu mal à l’aise depuis le début de l’émission.
Elle avait menti à Sacha en lui disant qu’elle ignorait que c’était le concurrent direct de son mari qu’elle aurait en face d’elle.
Elle connaissait la concurrence entre Max et Sacha, mais avait découvert les ressentiments de l’aîné des deux écrivains à l’égard de son cadet.
D’entrée, elle avait été impressionnée par sa corpulence et sa carrure d’athlète.
Il avait des yeux bleu-saphir cerclés de jaune et un regard qui vous hypnotisait.
Sûr de lui, il avait passé son temps à charmer la jeune femme ayant compris assez vite le trouble qu’il lui imposait.
Très tactile, il ne perdait pas une occasion de lui toucher les mains, les épaules, ou la taille.
Elle l’avait rejoint dans sa loge avant le direct pour les derniers préparatifs à l’interview et ils avaient un peu parlé de leurs vies respectives. Elle n’avait pu empêcher une larme de couler sur sa joue quand elle avait évoqué les rapports tendus entre elle et son mari et la déprime qui l’avait gagnée.
Il l’avait prise dans ses bras.
Elle avait posé sa tête sur son torse et sentit la puissance à l’état brut de cet homme bien plus âgé qu’elle.
Il lui avait proposé d’aller en parler autour d’un verre une fois l’entretien terminé et elle avait accepté.
Ils avaient marché et, sans trop y penser, elle l’avait amené au pied du Mercure.
Il s’était arrêté devant l’entrée et lui avait saisi la main.
- — Que faisons-nous ici, Agathe ?
- — Je ne sais pas, je ne sais plus.
- — Pourquoi m’avoir amené jusqu’ici ?
- — Je crois que vous m’avez troublée Max. Il émane de vous une telle force, une telle puissance. C’est ce qui m’attire en vous. Vous avez un tel charme, je me sens fragile et en même temps, je me sens protégée par votre personnalité. J’ai envie de vous, maintenant. Suivez-moi.
Elle le précéda jusqu’à la chambre 308 dont elle ouvrit la porte avec sa carte.
Sitôt entré, il la saisit par les épaules et la retourna face à lui.
Il approcha son visage et la regarda dans les yeux.
- — Je vais te rendre heureuse jeune femme. Tu vas découvrir ce qu’est l’amour avec un homme mûr en pleine force de l’âge. Je vais te donner le meilleur de moi.
Il l’embrassa, cherchant sa langue, tournant autour, tout en la pressant contre lui.
Elle se sentit minuscule dans les bras de ce géant et noua ses bras autour de son cou.
Il la souleva du sol, telle une plume, et la coucha sur le lit.
Il se redressa, ôta sa veste, ses chaussures et ses chaussettes et enleva sa cravate.
De son côté, elle dégrafa sa robe, la retira et la jeta au pied du lit.
Il déboutonna sa chemise et apparut torse nu.
Elle fut impressionnée par sa musculature apparente, ses abdominaux saillants et ses épaules larges.
Il se coucha contre elle et lui dégrafa son soutien-gorge, libérant ses seins qu’il empoigna fermement, lui arrachant un premier gémissement.
Il se pencha et goba l’aréole du sein droit tout en malaxant le gauche.
Elle pressa sa tête avec ses mains.
Sa main droite descendit et il lui retira sa culotte.
Elle écarta les jambes et il posa sa paume sur son sexe.
Il trouva aussitôt son petit bouton et le taquina d’un index insistant, la faisant gémir doucement.
Il l’embrassa de nouveau, et introduisit un doigt dans son vagin.
Elle le sentit tournoyer et faire des aller-retour rapides.
Elle caressa ses épaules puis son torse alors qu’il continuait de la faire gémir avec un deuxième doigt dans son antre fortement lubrifié.
Elle toucha ses abdominaux et constata leur dureté.
Sa main continua sa descente et se posa sur la bosse de son sexe à travers le slip.
Elle soupesa les testicules puis introduisit sa main dans le sous-vêtement pour venir prendre la verge bandée.
Elle la caressa doucement tout en faisant tournoyer sa langue dans la bouche de son amant.
Il la fit basculer sur le dos et s’installa entre ses jambes ;
- — Introduis-moi en toi ma petite reine.
Elle saisit son vit, l’approcha de ses grandes lèvres, les caressa avec puis le positionna à l’entrée de sa grotte.
Il donna un petit coup de reins et entra presque la moitié de sa longueur.
Il stoppa sa poussée et attendit que les parois du vagin s’ouvrent et l’enserrent.
Il se recula un peu, puis d’une poussée puissante, investit la totalité de son membre en elle, lui arrachant un cri de plaisir.
- — Ah oui, que tu es gros, je te sens bien. Viens, prends-moi, fort.
Il commença à aller et venir puissamment, la faisant gémir en rythme avec ses coups de boutoir.
Il accéléra, sentant qu’il ne pourrait pas tenir bien longtemps, tout en exultant de posséder la femme de son pire ennemi.
- — Oui… je viens… je jouis.
Il se vida en de longs jets en grognant pendant qu’elle criait son plaisir.
Ils restèrent de longues minutes étendus côte à côte.
Il se tourna vers elle.
- — Et si on remettait ça ?
Elle se leva précipitamment.
- — Non. Tu as eu ce que tu voulais, maintenant nous allons nous rhabiller et partir chacun de son côté.
- — Ne me dis pas que tu n’as pas eu ce que tu voulais toi aussi.
- — Si, j’avais envie de toi et je n’ai pas été déçue. Tu es un amant merveilleux. Mais, vois-tu, j’aime mon mari et je ne veux pas le perdre pour une aventure qui n’en est pas. Nous avons fait l’amour, mais cela ne se reproduira pas.
- — Comme tu veux ma belle, mais c’est dommage, car tu es une maîtresse exquise.
- — Écoute, ne va pas te vanter d’avoir baisé la femme de ton concurrent, car je saurai raconter nos frasques à ta femme, à laquelle tu tiens par-dessus tout d’après tes déclarations cet après-midi.
- — N’aie aucune crainte de ce côté-là. J’ai été ravi de coucher avec la femme de Saint Farge, mais je ne cherche pas d’aventure. Nous en restons là et ce sera très bien pour moi aussi.
Ils redescendirent au rez-de-chaussée après s’être rhabillés et se retrouvèrent sur le parvis de l’hôtel.
Ils se firent face à face une dernière fois.
- — Allez, ma belle, un dernier baiser pour se quitter bons amis.
- — Si c’est ce que tu veux, OK, mais après on se dit adieu.
Il se pencha vers ses lèvres.
Ils s’embrassèrent profondément puis se séparèrent.
Sacha était atterré.
Il les avait vus !
Il les avait vus entrer dans l’hôtel main dans la main.
Il avait attendu, les yeux rivés sur sa montre.
Il les avait vus sortir de l’hôtel quarante-cinq minutes plus tard et rester face à face sur le parvis de l’hôtel.
Il n’en pouvait plus.
Il se leva et, en courant, se précipita jusqu’à eux qui ne le virent pas arriver.
Il se plaça derrière elle à quelques mètres et attendit.
Ils s’embrassèrent et se séparèrent.
Agathe regarda son amant d’un jour s’en aller, attendit qu’il ait tourné à l’angle de l’immeuble puis se retourna pour se retrouver face à son mari.
- — Mon Dieu, non ! Mais qu’est-ce que tu fais là, mon chéri ?
- — Ce serait plutôt à moi de te poser la question, tu ne crois pas ?
- — Attends, ce n’est pas ce que tu crois.
- — Tu ne sais pas ce que je crois.
- — Mais tu es là depuis quand ?
- — Depuis que tu es sortie de l’immeuble de France 2 aux bras de ce salopard.
- — Mais… mais…
- — Écoute, ce n’est ni le moment ni le lieu, pour s’expliquer sur ce que j’ai vu et non sur ce que je crois.
- — Viens, mon amour, rentrons à la maison, je vais tout t’expliquer.
- — Je n’ai pas besoin d’explications, enfin pas pour le moment.
Il se tourna vers la jeune fille qui l’avait rejoint.
- — Voici mon amie Aurélie. Depuis quelque temps nous sommes devenus proches et elle m’a beaucoup soutenu dans ma traversée du désert. Je vais aller passer quelques jours chez elle pour réfléchir et aussi pour écrire. Je reviendrai à la maison après cela et on pourra s’expliquer.
- — Mais qui est cette femme ? Tu couches avec elle ? C’est ta maîtresse ?
- — Absolument pas. Je ne couche pas en dehors de notre couple moi. Bon, ce n’est pas l’heure de s’expliquer comme je te l’ai dit. Je m’en vais quelques jours. Ne cherche pas à me joindre, je vais couper mon téléphone. Je te préviendrai quand je rentrerai pour que tu sois là et qu’on puisse parler. Je te dis au revoir.
Il se tourna vers Aurélie et prit le chemin inverse des studios sachant qu’Agathe devait retourner à son bureau avant de rentrer chez elle.
- — Attend mon chéri, c’est trop bête… viens on va discuter.
Mais Sacha était trop loin maintenant pour qu’elle tente de le rattraper.
Elle sentit les larmes couler sur ses joues et se décida à repartir en direction de son bureau.
Sacha s’installa chez Aurélie et prit le canapé.
Il se mit rapidement au travail et commença à écrire.
Quelques jours passèrent et, un soir alors qu’elle rentrait de l’université, elle le trouva en pleine réflexion sur le canapé.
Elle lui fit un thé et s’assit à côté de lui.
- — Je l’ai mon idée de roman. J’ai déjà écrit tout un chapitre. Je suis en train d’écrire ce qu’il m’est arrivé depuis mon réveil à l’hôpital.
- — Oui, c’est bien ça, voilà, tu la tiens ta grande idée de roman.
- — J’évoquerai ma détresse, mes longues marches en solitaire, notre rencontre, notre pacte d’entraide, notre amitié naissante, la solidification de nos liens et les sentiments qui se sont installés entre nous petit à petit. Je vais aussi parler de la lâcheté de ma femme, de sa fuite en avant dans des histoires de sexe pour se prouver qu’elle avait encore un pouvoir de séduction et qu’elle n’était pas tant affectée que ça par mes errances. Je parlerai, d’un côté de la déliquescence de mon amour pour elle, jusqu’à la découverte de ses infidélités, et de l’autre, de mon attachement grandissant pour toi, de notre complicité, du lien que nous avons presque involontairement tissé entre nous.
- — Tu trouves qu’il y a un lien entre nous ?
- — Oui, parfaitement Aurélie. Ces longues discussions sur la recherche de notre personnalité égarée m’ont fait découvrir quelle personne exceptionnelle tu es, bienveillante, droite, entière, engagée, te donnant à fond, prête à donner son soutien, quelles que soient les circonstances. Tu as joué le rôle qu’aurait dû tenir ma femme. Tu as fait preuve d’une empathie permanente, d’une affection qui m’a bouleversé et qui, surtout, m’a fait ouvrir les yeux sur ma situation maritale et amoureuse.
- — Mais… c’est moi qui ai provoqué tout ça ? Je ne l’ai pas cherché, tu sais.
- — Je sais, et c’est pour ça aussi que j’ai développé ces sentiments à ton égard. Je n’y étais pas préparé, rien n’était prévu, cela s’est fait petit à petit.
- — Je dois moi aussi t’avouer que je me suis sentie de plus en plus proche de toi. J’ai passé beaucoup de temps à penser à toi après nos longues soirées, quand je me retrouvais seule chez moi. Tu es un homme merveilleux, plein de courage, franc, vrai. Tu es entier toi aussi et c’est ça que j’aime chez toi avec ta personnalité brillante, mais modeste. Grâce à toi, j’ai pu apprendre à vivre loin de mon fiancé, pas à l’oublier, non, mais à faire avec sa disparition, à accepter l’idée de vivre désormais sans lui. Et le seul fait de savoir ton amitié sans faille, ton soutien permanent et ta présence quotidienne m’ont rapproché de toi, m’ont fait te regarder comme l’homme que tu es, beau, très attirant et, au lieu de m’embarrasser, cela m’a fait infiniment plaisir.
- — Je vais écrire tout ça aussi, bien entendu si tu le permets.
- — Elle lui prit les mains.
- — Tu peux écrire tout ce que tu veux sur nous, car, maintenant, il y a un nous, n’est-ce pas ?
- — Oui Aurélie, il y a un nous, mais il doit prendre son temps. D’abord parce que je ne veux pas que tu prennes la place que ma femme n’a pas su occuper, je veux que tu prennes TA place. Ensuite, parce que je ne veux pas que nous construisions quelque chose sur des restes encore incandescents. Ensuite, parce qu’il faut que nous prenions le temps de nous libérer de ce que nous avons été jusqu’à présent l’un pour l’autre et que nous sachions apprendre à nous regarder autrement que comme des amis ou des soutiens.
- — Je ne veux pas te prendre à ta femme, je veux que tu sois libéré de toute attache, de toute entrave pour me choisir, si tu me choisis, en homme libre et libéré. Je sais que cela peut prendre du temps, mais c’est ce qu’il me faut aussi, pour être certaine que je te choisis pour prendre toute la place dans mon cœur, et pas seulement un strapontin.
- — Je vais terminer mon roman, puis j’irai m’expliquer avec ma femme, et, après, nous prendrons le temps de nous construire notre Nous.
- — Tu as une idée du titre ?
- — Oui, mais je ne suis pas encore certain.
La semaine passa rapidement et Sacha avança à pas de géant dans son nouvel ouvrage.
Le dimanche soir, il avertit son éditeur que les quatre premiers chapitres de son nouveau roman étaient écrits.
Ce fut la liesse dans la maison d’édition au point que son directeur de publication lui proposa une avance conséquente. Sacha l’accepta et plaça l’argent sur un nouveau compte qu’il ouvrit pour l’occasion.
Une semaine supplémentaire passa et il écrivit trois chapitres supplémentaires.
Son roman était presque achevé. Il lui manquait le point final.
Il l’écrirait après s’être expliqué avec Agathe. Non pas qu’il ait besoin de cette rencontre avant d’en coucher le contenu sur le papier, mais plutôt parce qu’il n’était pas encore sûr d’en connaître la fin.
Il décida donc de se rendre chez lui et en informa Aurélie.
- — Tu es convaincu qu’il te faut y aller maintenant ?
- — Oui, il faut que je sache pourquoi elle a pu me faire ça, pourquoi elle m’a trahi alors que j’avais tant besoin d’elle.
- — Tu l’aimes encore, c’est ça ?
- — Je ne sais pas. Pour être franc, j’ai encore beaucoup de douleur, parce qu’elle m’a déçu, qu’elle n’a pas été celle que j’aurais juré qu’elle était et, surtout, parce que je me suis trompé sur elle finalement.
- — C’est pourtant elle qui t’a choisi.
- — Je sais, mais c’est elle que j’ai voulue, et, à l’époque, pas une autre.
- — Tout le monde fait des erreurs, des choix qui à la longue, ne se révèlent pas être les bons.
- — Tu as parfaitement résumé ma pensée. Je me suis autant trompé qu’elle m’a trompé. Et de cela, je m’en veux autant que je lui en veux de n’avoir pas été celle que je croyais qu’elle resterait.
- — Ne la blâme pas, elle doit être bien malheureuse depuis trois semaines sans nouvelles de toi, avec sa culpabilité. Parce que, au fond, je suis certaine qu’elle se sent coupable et qu’elle s’en veut.
- — Tu vois, c’est ça que j’aime chez toi. Tu ne peux pas t’empêcher de la plaindre, alors qu’elle est sans doute encore ta pire ennemie. Celle qui pourrait encore peut-être, qui sait, détruire tout ce que tu m’as dit vouloir construire avec moi.
- — Je te l’ai dit, je te veux en homme libre et libéré de toute entrave. Si tu as encore des sentiments pour elle, j’en serai meurtrie, mais je l’accepterais. Car je ne veux ni te prendre ni te partager.
- — Tu n’auras pas à le faire. Je suis quelqu’un de déterminé. Si je donne une chance à mon couple, bien que je sache que je le regretterais, je serai honnête avec toi et te le dirai franchement. Je reviendrai te le dire et nous ne nous reverrons plus. Si, en revanche, je scelle définitivement l’histoire que j’ai vécue avec Agathe, c’est elle que je ne reverrai plus et je reviendrai vers toi le cœur libéré et prêt pour te donner tout mon amour.
- — Alors, va, va vite et fais ce que tu as à faire.
Sacha partit sur le champ et se rendit rue de Vichy.
Il avait gardé ses clés et pénétra dans l’appartement.
L’obscurité était totale et il dut allumer les lumières pour se diriger jusqu’au salon où il trouva Agathe allongée sur le canapé.
Elle avait les traits tirés et semblait porter ses vêtements depuis plusieurs jours.
- — C’est toi ? Tu es revenu ?
- — Oui, c’est moi. Tu dormais ?
- — Oui, ça fait plusieurs jours que je suis sur le canapé et que je ne sors plus. Je me suis fait arrêter au bureau. C’est Inaya qui me remplace le temps que je retrouve un semblant d’apparence. Mon chéri, je ne me pardonnerai jamais ce que je t’ai fait. Pardon, pardon mon amour. J’ai été égoïste, je n’ai pensé qu’à moi, qu’à ma détresse d’avoir perdu l’homme que j’aime et que je désespérais de revoir un jour. Tes longs silences, tes absences m’étaient devenues insupportables, et quelque part, accusateurs. Je n’étais plus moi-même. J’avais besoin de retrouver l’homme que j’adorais, l’homme qui m’avait faite femme et pour qui j’avais donné ma vie. Je me suis perdue dans les bras d’autres hommes, pour te chercher en eux, pour retrouver la protection, l’affection, la chaleur qui venait de toi et qui me manquait tant. Ces hommes ne sont rien pour moi. Ils n’existent pas. Ils ne sont que les traits d’union avec toi. Ta personnalité, ta beauté, ton corps, tout ce que j’aime en toi et que je ne trouverai jamais chez un autre. J’ai mis longtemps à le comprendre et l’ai sans doute compris trop tard, mais il faut que tu saches que je ne garde aucun souvenir de ces hommes. Je n’aime et n’aimerai jamais que toi. Il faut que tu me croies, il faut que tu me comprennes et il faut que tu me pardonnes. J’étais perdue, seule, si seule. Je ne savais plus quoi faire pour te retrouver, te redonner le goût d’être toi, d’être celui que j’aime tant et à qui j’appartiens toute entière. Je veux que l’on se retrouve, que l’on réapprenne à s’aimer comme on savait si bien le faire. Je n’ai jamais eu autant de plaisir qu’avec toi, je n’ai jamais autant joui qu’entre tes bras. Je mourrais si tu ne me pardonnais pas.
- — Tu vois Agathe, je croyais qu’avec la mort de mon frère, j’avais éprouvé la plus grande des douleurs et vécu la plus grande des errances de ma vie. J’avais tort. Celle en qui j’avais le plus confiance, celle en qui j’avais remis mon amour, mes espoirs, mon avenir, celle de qui j’attendais un appui, un soutien sans faille, une aide inconditionnelle, une compréhension totale, ma femme, n’a pas su, non seulement, tenir son rôle auprès de moi dans mes moments de douleur et de perdition, mais, pire encore, a profité de ma faiblesse pour aller chercher ailleurs ce que je n’étais plus momentanément en mesure de lui donner. Quand ton assistante m’a tout raconté, j’ai été finalement moins surpris et décontenancé par tes infidélités que par ce que tu avais osé lui faire. Comment as-tu pu lui voler ses idées et te les accaparer ? Comment as-tu pu me faire croire que c’est toi qui avais imaginé ces projets ? Comment as-tu pu te jouer de ton meilleur soutien au travail et de ton premier supporter à la maison ? Comment as-tu pu nous mentir et te mentir à toi-même de cette façon ?
- — Je ne sais pas, j’ai traversé une période où je n’étais plus moi-même.
- — En es-tu sûre ? Tu sais, c’est souvent dans les épreuves qu’on se révèle tel que l’on est au fond. Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tes audiences baissaient dangereusement ? Pourquoi ne m’as-tu pas demandé de t’aider à trouver de nouvelles idées, de nouveaux concepts ? Après tout, l’entraide, n’est-ce pas le premier devoir des époux ? Je t’aurais aidé, tu m’aurais aidé, et cette interaction nous aurait probablement permis de recoller les morceaux. Moi de la perte de mon frère jumeau, toi de l’absence d’un mari tel que tu en avais besoin. Au lieu de cela, tu t’es réfugiée dans d’autres bras, contre d’autres corps, d’autres lèvres, d’autres sexes. Tu es allé chercher ce que tu aurais pu retrouver chez toi en cherchant bien. Mais pour cela, il aurait fallu que tu t’impliques totalement, quitte à te mettre en danger dans ta vie professionnelle et dans ta vie conjugale. Mais tu as tellement eu peur de perdre le confort des deux que tu as trouvé des solutions de facilité qui étaient à portée de main, au risque de te déshonorer.
- — Mais j’ai compris tout cela mon amour. Je l’ai compris et je m’en veux et te promets de ne plus jamais faillir, ne plus jamais te décevoir, ne plus jamais te tromper. J’ai besoin que tu me croies, que tu me dises que tu me pardonnes et que tu me refasses confiance, car je t’aime plus que tout, plus que ma vie.
- — Tu vois, la jeune fille qui m’avait empêché de trop me pencher sur le pont Alexandre III, et bien elle a tenté de se jeter de ce même pont un soir où je passais par là. Je l’ai rejointe sur le parapet et lui ai pris la main en lui disant que si elle sautait, elle m’entraînerait dans sa chute et son suicide. Elle est redescendue et nous avons parlé et fait connaissance. Nous nous sommes revus et avons appris à nous connaître. Sans aucune raison ni aucun intérêt, elle m’a apporté le soutien que j’avais attendu vainement de ta part. Elle a su me réconforter, me redonner le goût de vivre et de croire en l’avenir. Dans le même temps, je lui ai fait oublier petit à petit la mort accidentelle de son fiancé. Cela nous a rapprochés et une solide amitié est née. Je l’ai aidée à préparer son agrégation et elle m’a aidé à retrouver l’envie d’écrire et, surtout, elle m’a quasiment soufflé l’idée de mon nouveau roman.
- — C’est vrai, tu écris un roman ? Mais c’est miraculeux mon amour, je suis tellement contente pour toi.
- — Oui, c’est vrai. Et figure-toi qu’il est presque terminé. Il me reste la conclusion à écrire.
- — De quoi parle-t-il ? Raconte.
- — C’est l’histoire d’un homme qui doit se reconstruire et qui s’appuie sur la mauvaise personne. Quand il le comprendra, sa vie basculera dans le chaos et il sombrera jusqu’à ce qu’il rencontre quelqu’un de désintéressé qui va l’aider à remettre sa vie en ordre de marche. Il va développer un attachement profond avec cette personne, car, dans le même temps, il va l’épauler pour effacer les traces terribles d’un malheur qui l’a frappée, elle aussi.
- — Mais c’est ton histoire que tu es en train d’écrire. Alors c’est comme ça que tu me vois ? La mauvaise personne ?
- — Comment veux-tu que je te voie autrement ? Tu m’as trompé, trahi, menti, humilié, et tout cela, sans le moindre remords. Les remords tu ne les as eus que quand tu as su que j’avais tout découvert. Après tes deux premières coucheries, tu me disais encore que tu m’aimais. C’est là que tu as éhontément volé ton assistante et que tu m’as trompé avec mon pire ennemi.
- — Oui, je m’en veux, tu ne peux pas savoir à quel point. Il faut que tu saches que je lui ai fait promettre de ne jamais s’en vanter sinon, j’irais en parler à sa femme.
- — Qu’est-ce que tu veux que cela me fasse que tu lui aies fait promettre de n’en parler à personne. Je sais ce qu’il s’est passé, je vous ai vus, je t’ai vu le tenir par la main, l’embrasser, le prendre dans tes bras. Je ne pourrai plus jamais te prendre dans mes bras ni t’embrasser sans voir son visage rieur se moquer du cocu que je suis.
- — Oh non, ne dis pas cela.
- — Je ne pourrai plus jamais te faire l’amour sans penser à toutes ces bites qui sont passées elles aussi par ta chatte en feu ! Toutes ces queues qui t’ont fait jouir ! Toutes ces langues qui t’ont léchée !
- — Mon amour, j’effacerai avec toi leurs traces, tu verras. Je n’ai jamais eu autant de plaisir avec ces hommes qu’avec toi. Toi seul sais comment me donner autant de plaisir. C’est avec toi que je veux jouir, avoir des orgasmes fabuleux comme ceux que tu as toujours su me donner.
- — Et eux, ils t’en ont donné des comment, des orgasmes ? Tu voudrais me faire croire que tu n’en as pas éprouvé ? Que tu as simulé ? Comment veux-tu que j’oublie ? Que j’efface leurs traces ? Non, c’est impossible. Jamais je n’oublierai, jamais je n’effacerai, jamais tu n’effaceras. Tu es souillée pour moi. Souillée à vie.
- — Non mon amour, ne dis pas cela. Je suis toujours ta femme, ton amour, celle en qui tu crois, celle avec qui tu veux faire des enfants, celle avec qui tu veux partager ta vie.
- — Non, pour moi tu es sale, sale et souillée.
- — Oh non.
- — Non Agathe, je ne suis plus ton amour et je ne veux plus rien partager avec toi. Je suis venu encore incertain de mes sentiments. On ne détruit pas plus de dix ans de mariage comme ça. J’ai cherché au fond de moi s’il me restait une étincelle, quelque chose qui me donne l’envie de repartir de zéro et qui me permette, un jour, de te pardonner. Mais je n’ai pas trouvé cette flamme. Mon amour est mort. Il s’est consumé et il ne me reste plus que les souvenirs des jours heureux, malheureusement souillés par ta trahison. Tu me connais, je ne réagis jamais à chaud. J’ai pris ce recul de trois semaines pour faire le point, sur ma vie, sur notre couple et sur les sentiments que j’éprouve pour Aurélie.
- — Tu l’aimes ? Tu veux m’abandonner pour elle, c’est ça ?
- — Non, je ne sais pas si je l’aime. Ce qui est certain c’est que j’éprouve une grande et profonde affection pour elle et que si je n’étais pas l’homme droit et fidèle que j’ai toujours été, j’aurais sans doute des sentiments amoureux pour elle. Mais moi, contrairement à toi, je ne peux me donner sans sentiments, sans amour. Je ne veux et ne peux commencer une histoire sans avoir terminé celle qui la précède. Voilà ce que j’avais à te dire. Nous allons nous séparer, je ferai dès demain les démarches auprès de mon avocat pour que notre séparation ait lieu au plus tôt. Quant à Aurélie, je verrai où notre relation nous mène, mais ce qui est certain, c’est que rien ne se fera tant que je ne serai pas libéré de mes engagements que, contrairement à toi, j’aurai respectés jusqu’au bout.
Elle s’écroula en larme sur le canapé, le visage dans les mains.
- — Non, ne me laisse pas, je n’aurai pas la force de vivre sans toi. Je reconnais mes erreurs, mais je saurai te les faire oublier.
- — Il n’est plus temps, Agathe. Je n’ai aucun ressentiment contre toi, mais je ne t’aime plus. Notre histoire va prendre fin. Je te souhaite de trouver le bonheur et de savoir, cette fois, le garder. Je passerai plus tard prendre mes affaires. Tu peux garder l’appartement, je te fais cadeau de ma part. Adieu, prend-soin de toi.
Sacha quitta les lieux, le cœur serré, mais déterminé dans sa décision de rompre et de mettre fin à son mariage au plus tôt.
Quelques semaines plus tard, le divorce fut prononcé et il acheta un nouvel appartement avenue Marcel Proust au pied du parc de Passy où il emménagea avec une Aurélie rayonnante, jeune lauréate de l’agrégation et en attente de son premier poste au lycée Jean de la Fontaine porte de Molitor, à deux pas de l’éditeur de Sacha.
La parution du nouveau roman se révéla un triomphe et il fut même candidat au prix de l’Académie française et au Goncourt.
C’est au cours de sa présentation à la presse qu’il fit sa demande en mariage à une Aurélie aux anges qui l’accepta de tout son cœur.
Le même jour, Agathe promenait sa peine du côté du pont Alexandre III.
Elle se pencha sur le parapet pour regarder la Seine, avec un sentiment trouble en tête.
Elle retomba sur ses pieds, en larme, puis s’en retourna et s’en alla tristement et sans espoir vers sa nouvelle destinée.