n° 22214 | Fiche technique | 42774 caractères | 42774 7245 Temps de lecture estimé : 29 mn |
31/12/23 |
Résumé: Lancées à la poursuite de deux tueurs, Chloé et Valentina débarquent à Venise. | ||||
Critères: #humour #aventure #policier ff | ||||
Auteur : Laetitia Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Les aventures de Mangouste Chapitre 02 / 02 | FIN de la série |
Résumé de l’épisode précédent :
Lancée à la poursuite de deux tueurs, Chloé et Valentina débarquent à Venise.
Chloé et Valentina étaient dans leurs pensées alors que l’avion d’Air France approchait de sa destination, Venise.
Une voix de femme avec un fort accent italien retentit depuis la rangée de sièges derrière les leurs :
Les deux jeunes femmes sursautèrent. Elles se retournèrent vers la femme qui venait de parler. Elle avait quarante-cinq ans environ, un peu boulotte, les cheveux noirs. Son visage un peu grave contrastait avec la bonhomie toute méridionale de sa voix et ses paroles. Chloé et Valentina échangèrent un bref regard. La femme avait voyagé avec elles depuis Paris. Elles l’avaient déjà repérée, tentant à chaque instant de lier conversation avec les autres passagers ou les hôtesses de l’air. Visiblement, c’était le genre de personne qui, mue par un esprit grégaire, cherche sans cesse la compagnie de ses semblables pour faire partager leurs vues sur les choses et le gens. Bref, une casse-bonbons.
Sans même leur laisser le temps de répondre, la femme enchaîna :
Elle s’arrêta deux secondes de parler, pour aussitôt reprendre :
Elle se trompait, son interlocutrice ne se décourageait pas aussi facilement :
Discrètement, Chloé glissa à l’oreille de Valentina :
Chloé et Valentina n’eurent pas le loisir d’en placer une. Déjà, l’autre était un moulin à paroles, de plus la voix de l’hôtesse retentit dans les haut-parleurs :
Presque en même temps, l’avion se mit à descendre et tourna au-dessus de la ville. Sous le soleil de ce début d’après-midi, les toits scintillaient comme autant de joyaux entre lesquels on apercevait de longues coulées d’émeraude. Puis par-dessus la lagune, l’avion glissa vers l’aéroport de Venise-Marco Polo et alla se poser doucement sur la piste.
En récupérant leurs valises, elles virent Carmen Capretta devant les tapis roulants en grande conversation avec un petit groupe de touristes :
Le lendemain matin, Chloé et Valentina étaient en train de prendre leur petit-déjeuner face au Grand Canal sur la terrasse de leur suite. Chloé consultait internet sur son portable :
Pour se rendre chez Sidonio Pecoraro, les deux filles débarquèrent près du petit chantier naval où sont fabriquées les gondoles de manière artisanale. Typique et haut en couleur. Elles s’arrêtèrent pour prendre quelques photos, puis elles continuèrent leur chemin et arrivèrent dans le quartier des docks :
Elles continuèrent sur une voie aux trottoirs à moitié défoncés où les herbes folles poussaient dans les interstices du macadam. La plupart des maisons et petits immeubles étaient condamnés. Certains étaient en cours de démolition et d’autres déjà écroulés. L’horizon était bouché par les grues géantes des docks du port de marchandises, ou par les remparts de containers, empilés les uns sur les autres. Au bout d’une centaine de mètres, ça s’arrangeait légèrement. Enfin, non, les bâtiments étaient toujours aussi lépreux et tristes, mais certains étaient habités. Au moins, il y avait un peu de vie.
Elles arrivèrent devant un bar.
Apparemment pas d’autre entrée pour pénétrer dans l’immeuble :
En effet, à l’intérieur, c’était moche, sale, sombre et fréquenté par des dockers et des marins à l’air bien patibulaires :
Elles furent observées, dévisagées même, par tous les types présents dans le rade, lorsqu’elles se dirigèrent vers une table avec leurs verres à la main. Au bout de cinq minutes, un gros gars portant un débardeur pas très net, des tatouages faits par des amateurs (sûrement en prison) sur les biceps et les avant-bras, se leva et s’approcha d’elles :
Elle se tourna vers Valentina restée en arrière :
Puis à Valentina :
Le gars et ses copains ne se le firent pas dire deux fois. Le patron du bar interloqué les regardait, la bouche grande ouverte.
Mangouste s’adressa à lui :
Elle dit à Valentina en montant les escaliers :
Sidonio Pecoraro fut surpris de voir les deux jeunes femmes :
Après avoir quitté Sidonio et retraversé la salle de bar, où personne ne moufta, Chloé et Valentina regagnèrent l’hôtel Saint Régis pour ouvrir l’étui. À l’aide d’un coupe-papier, Chloé découpa l’extrémité de la gaine de plomb. Elles en extirpèrent un vélin jauni, roulé. Le texte, assez ancien, s’il fallait en juger par l’encre passée, était rédigé en latin :
Chloé parcourut des yeux le parchemin :
On tapa à la porte de la chambre :
Chloé glissa à l’oreille de Valentina « C’est Lakapuch, je reconnais sa voix, à coup sûr Kahoué est là aussi. Va te planquer derrière le lit, je m’en occupe » :
Mangouste ouvrit la porte et pointa son Sig Sauer sur le torse de Lakapuch. Kahoué se trouvait juste derrière :
Impossible de faire usage de son arme, là au beau milieu du Saint Régis, où elle avait ses habitudes et était connue sous son vrai nom. Les deux gugusses s’engouffrèrent dans l’ascenseur, dont les portes se refermèrent. Elle prit les escaliers qu’elle descendit quatre à quatre.
Mangouste déboucha dans la rue devant l’hôtel.
Elle vit de loin Kahoué sur ses petites jambes partir en courant dans une ruelle. Aucune trace de Lakapuch, avec ses grandes jambes, il devait avoir pris de l’avance. Kahoué tourna à gauche et emprunta un des multiples ponts vénitiens qui enjambaient les canaux. C’est là que Mangouste le rattrapa et le coinça contre la rambarde :
Après s’être assurée que personne n’était dans le secteur, elle le poussa par-dessus la rambarde. Cédric Kahoué chuta dans le canal quelques mètres plus bas :
Chloé s’est éloignée en chantant :
Volare, oh-oh
Cantare, oh-oh-oh-oh
Nel blu dipinto di blu
Felice di stare lassu
(À la demande d’un fidèle lecteur [que je salue], je précise que Mangouste, qui a pourtant de multiples talents, chante comme une casserole, contrairement à l’auteure qui a un joli filet de voix.)
Son refrain à peine terminé elle enchaina sur un autre :
Lasciatemi cantare
Con la chitarra in mano
Lasciatemi cantare
Una canzone piano piano
Lasciatemi cantare
Perché ne sono fiero
Sono un italiano
Un italiano vero
Elle acheva son récital par :
una mattina mi sono alzato
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
una mattina mi sono alzato
E ho trovato l’invasor
O partigiano portami via
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
O partigiano portami via
Ché mi sento di morir.
Chloé et Valentina étaient attablées à la terrasse du Caffè Florian, dont les tables et les chaises débordaient sur la place Saint Marc. Le célèbre et luxueux Caffè Florian, l’incontournable caffè Florian. Un monument, passage obligé si on visite Venise. Vous le trouverez sous les arcades qui bordent la célèbre place. Impossible de le rater, la devanture, le charme discret et délicat de l’intérieur et de ses six salons, tous arrangés par les plus grands décorateurs, les fresques peintes, une jolie collection d’œuvres d’art contemporain. C’est ça le caffè Florian. Plus qu’un café ou même une institution, c’est une œuvre d’art.
Les deux jeunes femmes dégustaient le cocktail maison, en écoutant l’orchestre de chambre qui jouait des cantates devant le caffè :
Elles regardaient l’agitation de la place, envahie par ses nuées de pigeons et ses troupeaux de touristes (ou l’inverse). En tout cas, ils colonisaient et se partageaient l’espace. Sans cette foule bigarrée, on aurait pu se croire dans un tableau de Canaletto. Avec, on est bien dans le Venise d’aujourd’hui.
Tour du Campanile, basilique et Palais des Doges se disputaient la place de choix dans le panorama. Les yeux passent de l’un à l’autre sans arrêt. C’est l’apanage des sites d’exception partout dans le monde, et la place Saint-Marc en est un. Les merveilles s’arrachent la prédominance les unes aux autres. Certes, mais la place Saint-Marc, serait-elle la même sans la tour du Campanile par exemple ? Avec seulement le Palais des Doges ? Pas sûr du tout.
Valentina se raidit d’un seul coup :
John Lakapuch et ses plus de deux mètres dépassaient de la foule des touristes. Il représentait une tâche grise et sombre au milieu des parapluies de toutes les couleurs qu’arboraient les guides touristiques et qu’ils pointaient vers le ciel pour rameuter leurs groupes de touristes. Une tâche dans un océan mouvant de couleurs. On ne pouvait pas le manquer :
Elles se levèrent, et après avoir jeté un billet sur la table pour les consommations, elles cherchèrent du regard Lakapuch sur la place :
Elles virent Lakapuch s’engouffrer dans une venelle.
Elles se mirent à courir, bousculant un groupe de touristes asiatiques qui se photographiait. Arrivées devant la venelle, elles aperçurent Lakapuch, qui marchait rapidement sur ses grandes jambes. Elles durent courir pour garder la distance. La ruelle formait un coude sur la gauche et longeait un canal secondaire.
Lakapuch se plia en deux pour monter sur une gondole, qui quitta le quai. Elles montèrent à leur tour dans une autre gondole qui attendait là :
Les deux gondoles, à quelques encablures l’une de l’autre, retournèrent sur le Grand Canal, puis prirent un autre canal secondaire au bout d’un moment.
La gondole de Lakapuch s’est arrêtée près d’un bâtiment en partie délabré :
D’un seul coup, la gondole de Lakapuch se mit en travers du canal, comme pour barrer l’accès. Une autre gondole transportant quatre hommes les percuta par l’arrière.
Le choc à peine passé, un des hommes sauta sur la gondole des jeunes femmes. Il sortit un couteau à cran d’arrêt. Le gondolier apeuré sauta dans le canal et abandonna son embarcation en laissant Chloé et Valentina à leur destin. Depuis sa propre gondole, Lakapuch observait la scène et donnait des ordres à ses sbires :
Elle sauta à pieds joints sur l’embarcation, ce qui eut pour effet de faire perdre l’équilibre à l’homme au cran d’arrêt qui se retrouva dans le canal. Chloé se saisit de la rame du gondolier et assomma le type qui coula aussitôt.
Avant que les trois autres restés sur leur gondole ne réagissent, elle sauta parmi eux. Elle balaya le premier avec sa rame, gifla le deuxième toujours avec sa rame (ça fait mal !). Le dernier fouilla sous son pull et tenta d’extirper un revolver. Mal lui en prit, un coup de rame à la carotide l’a envoyé aussi au bouillon. D’autres coups de rame sur le crâne de ceux des trois qui tentait de s’extirper de l’eau eurent raison de leurs dernières velléités :
Elles le virent accoster et sauter sur le quai, puis courir au coin de la rue et disparaître :
Chloé se mit à ramer pour aborder le quai à son tour. Elle sauta sur la terre ferme, juste le temps de voir Lakapuch pénétrer dans une étroite ruelle adjacente qui longeait le Palazzio San Bernardo. Enfin ce qu’il en restait. Les murs s’effritaient. Elles le suivaient à distance. Il fit mine de se retourner. Chloé et Valentina se plaquèrent dans l’embrasure d’une porte, pour se cacher.
L’échalas ouvrit une grille, qui tenait plus du soupirail, le long du mur du palazzio. Après avoir vérifié que personne ne le suivait, Lakapuch se cassa en douze pour se glisser dans l’étroite ouverture :
Le reste du bâtiment était condamné. Des planches et des parpaings en condamnaient les issues, portes et fenêtres. Il était manifestement inoccupé depuis de longues années apparemment. La façade était lézardée et les murs tombaient en décrépitude.
Chloé attendit un instant, avant d’entrer à son tour par le soupirail. Derrière la grille, en contrebas, un escalier en colimaçon descendait dans la pénombre. En bas, un mince boyau s’enfonçait sous le bâtiment. Chloé marchait dans vingt centimètres d’eau. Elle tomba sur un autre escalier, cette fois montant. Elle l’emprunta. En haut, elle se figea dans le noir, elle venait d’entendre un léger bruit devant elle. Lakapuch ? Puis ce fut le trou noir, elle s’écroula inconsciente. On venait de lui donner un coup derrière la tête.
Chloé s’est réveillée, avec un mal de crâne et les mains attachées dans le dos.
Reprenant ses esprits doucement, Chloé essaya de voir à quoi ressemblait cette fameuse « Cheffe », sûrement la grande patronne de Miasme. Elle restait dans l’ombre, Chloé ne voyait même pas sa silhouette :
Lakapuch donna une violente gifle à Chloé :
Chloé ne put s’empêcher de chanter :
L’ami Kahoué
Me fait la tête
Qu’a Kahoué ?
Il gifla à nouveau Chloé :
Même si les yeux de Chloé s’étaient habitués à l’obscurité, elle n’avait rien pu voir du visage ni même de la silhouette de la femme. Pourtant, cette voix lui disait quelque chose. Mais quoi ? Impossible de se souvenir. Pourtant, elle était sûre de l’avoir déjà entendu avant. À la télé ou à la radio ? Rien ne lui venait.
Lakapuch l’attrapa sans ménagement l’emmena et le jeta dans une espèce de cellule :
Il ferma la porte. Chloé l’entendit partir en marmonnant des paroles incompréhensibles. Elle ne perçut qu’une bribe du laïus de Lakapuch : « Torturer cette salope » :
D’abord, elle devait se détacher. Ensuite, on verra bien. Ses mains étaient toujours liées dans son dos. La corde était serrée. Elle eut beau tirer, les liens ne se desserraient pas.
Elle fit le tour de sa geôle. Ses yeux s’habituèrent progressivement à l’obscurité. Au milieu, il y avait un pilier en brique. Elle eut une idée. Les briques formant l’arrête du pilier étaient abîmées par le temps et légèrement effritées par endroit. Ça pouvait rappeler un bord inégal en dents de scie. Peut-être qu’en frottant la corde sur cette arête, finirait-elle par céder. Il allait falloir du temps. Après du temps, elle en avait.
Il lui fallut une trentaine de minutes pour user la corde. Elle était courbatue et ressentait quelques douleurs dans l’épaule à force de faire des mouvements de va-et-vient sur le pilier. La corde céda enfin.
Elle se massa les poignets pour faire revenir la circulation sanguine.
Explorer sa geôle, même dans l’obscurité, fut plus aisé les mains libres qu’attachées dans le dos. A priori, la cellule ne faisait que quelques mètres carrés. Hormis le poteau central, rien à l’intérieur. Pas de mobilier, rien qu’elle ne puisse utiliser pour s’évader. L’épaisse porte en bois était trop solide pour être forcée.
Alors qu’elle explorait à tâtons le fond, Chloé sentit un léger souffle d’air plus frais sur ses mollets. Elle se baissa et en tâtonnant le mur, elle trouva une grille.
Cette grille était verrouillée bien sûr, ça aurait été trop facile. Par contre, en la palpant, il était manifeste qu’elle était rouillée et en mauvais état.
Elle tira dessus, essaya de tordre les barreaux, sans résultat. Elle se mit à donner des coups de pied sur le milieu, espérant être plus efficace. Ça lui permit surtout de passer ses nerfs. Au six ou septième coup de pied, Chloé sentit la grille bouger légèrement. En palpa les barreaux, rien, ils n’avaient pas bougé. Par contre, il y avait un peu de jeu dans les charnières. La pierre semblait s’effriter autour et lesdites charnières se plier légèrement. Elle insista donc et donna quelques coups de plus. Un dernier coup de talon fit céder l’ensemble. La charnière supérieure céda, suivie de celle d’en bas.
Chloé poussa fort sur la grille. La serrure céda à son tour. La grille chuta et un plouf retentit. Derrière, apparemment, c’était un boyau semblable à celui par lequel elle était entrée dans le palazzio derrière Lakapuch. Vu le temps mis par la grille pour tomber dans l’eau, ce n’était pas très haut, deux, trois mètres au maximum. La seule inconnue était la profondeur de l’eau. Au pire, elle pourrait nager.
Elle se laissa glisser dans le trou béant et atterrit sur le sol. Il n’y avait pas trop de profondeur. Elle avait de l’eau jusqu’à mi-mollet.
Ayant perdu ses repères, elle hésita entre prendre à gauche ou à droite.
Elle évoluait dans le souterrain sombre depuis deux minutes lorsqu’elle arriva à une intersection. Sur la gauche, un autre boyau partait. Après quelques marches montantes, il n’y avait plus d’eau par là. On montait peut-être vers la surface par ce chemin !
C’est à ce moment qu’elle entendit le « floc floc » provoqué par un homme qui marchait dans l’eau du boyau qu’elle venait de quitter. Elle redescendit les marches pour voir la lueur d’une torche électrique qui avançait dans sa direction. L’homme était seul apparemment.
Chloé se plaqua contre le mur au niveau de l’intersection.
Lorsque l’homme arriva à sa hauteur, bien qu’éblouie par l’intensité de la lampe-torche, elle fut certaine qu’il s’agissait de Lakapuch, vu la taille.
Elle laissa passer Lakapuch, donc, un coup porté au niveau des cervicales eût raison de lui, il s’écroula au sol.
Après s’être saisie de la torche, elle éclaira le corps inerte du grand type.
Chloé se mit à califourchon sur lui et lui mit des grandes claques pour le ranimer :
Elle attrapa Lakapuch par les oreilles et provoqua une vive torsion qui lui fit craquer les cervicales :
Elle continua dans le mince boyau, cette fois en pouvant s’éclairer, et en chantonnant :
Via via
Vieni via di qui
Niente più ti lega a questi luoghi
Neanche questi fiori azzurri
Via via
Neanche questo tempo grigio
Pieno di musiche
E di uomini che ti son piaciuti
It’s wonderful
It’s wonderful
It’s wonderful
Good luck my baby
Enfin, au bout d’une cinquantaine de mètres, après un coude de la galerie, elle sentit un courant d’air frais. Elle arriva bientôt auprès de l’escalier en colimaçon et de la grille par où elle était entrée quelques heures plus tôt à la suite de Lakapuch.
Arrivée au Saint Régis, Valentina lui sauta au cou :
Les deux jeunes femmes étaient allongées sur le lit se remettant de leur douche polissonne, suivie d’un l’after sur le lit king size, qui fut chaud bouillant. Chloé caressait les fesses de Valentina couchée sur le ventre :
Allô Charade ? Tu peux me trouver l’adresse d’une certaine Carmen Capretta à Venise ? Oui, je suis à Venise ! Oui, Valentina m’accompagne… Oui, je sais, je te suis redevable. Je passe te voir quand je rentre à Paris, promis. Mais non, Valentina, je ne fais que l’aider… Il n’y a rien de sérieux ! Mais non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Il n’y a rien du tout ! Tu penses bien !! Tu as l’adresse ? Super… Elle habite en dehors de Venise à Sotto Marina. Elle a une villa au bord de la lagune de Lusenzo. Attends, je note tout ça… Merci Manon… Oui, je te le promets… Oui, bisous ! Oui, partout ! Oui, partout partout… Non, c’est toi qui raccroches ! Non, c’est toi… Bon, je raccroche… Voilà !
Puis à l’attention de Valentina :
Comme à son habitude, Chloé repéra l’endroit sur Google Street View. Elle pouvait accéder à la résidence de Carmen Capretta par la voie maritime. Cela sera sûrement plus rapide que par la route. Elle loua auprès de l’hôtel un hors-bord. A priori, d’après Street View, devant la villa, il y avait une sorte de hangar à bateaux. Elle pourrait arriver discrètement par là.
Après avoir quitté la lagune de Venise, puis longé la côte, Chloé arriva en vue de Sotto Marina. Après avoir cherché un petit moment, elle repéra vite la villa et le hangar à bateau qui était ouvert.
Elle aborda l’endroit, moteur au ralenti, et arrêta son embarcation près de buissons qui jouxtaient le hangar. Elle sauta sur la rive et s’approcha doucement du bâtiment. À l’intérieur, un hors-bord était accosté. Un homme chargeait des valises à bord :
Elle régla son compte au type en deux temps, trois mouvements. Elle le balança, inconscient, dans la lagune. Il avait peu de chances de remonter à la surface !
Des bruits de pas claquèrent sur le bois de l’embarcadère. Carmen arrivait, un vanity case à la main :
Puis au téléphone :
La silhouette de Carmen s’immobilisa dans l’embrasure de la porte masquant la lumière de l’extérieur :
Mangouste sortit son arme et tira une balle dans le genou droit de Carmen. Elle se tordit de douleur en s’écroulant au sol.
Mangouste s’accroupit devant elle et lui dit :
Épilogue
Après avoir tué la méchante, Mangouste a fouillé sa villa et consulté les documents qui s’y trouvaient.
Elle apprit que les chefs de Miasme devaient se réunir le soir même dans le Palazzio San Bernardo, dans la salle du conseil. Elle décida de mettre un coup d’arrêt définitif à Miasme. Elle est retournée au Palazzio et posa des explosifs sous les fondations de la maison dans les souterrains où elle a suivi Lakapuch le matin même. Elle avait au préalable acheté les explosifs auprès des contacts fournis par Samuel. Elle resta en observation, camouflée à quelques mètres du palazzio dans son hors-bord. Plusieurs personnes, hommes et femmes, tous masqués, entrèrent par l’accès dérobé, dans la ruelle, accompagnés de gorilles et d’hommes de main.
Une demi-heure après la dernière entrée, elle fit exploser ses charges avec sa télécommande. Le palazzio trembla, se fissura, un nuage de poussière s’éleva jusqu’au-dessus le dernier étage du bâtiment. L’l’immeuble vacilla et s’écroula dans le grand canal :
En revenant dans la suite du Saint Régis, Valentina lui sauta au cou :
Épilogue de l’épilogue
Après avoir laissé la voiture de location sur le parking de l’aéroport, Chloé et Valentina se dirigèrent vers l’aérogare pour l’enregistrement et l’embarquement vers Paris. Chloé était dans ses pensées. Elle allait encore profiter de Valentina avant qu’elle ne reparte aux États-Unis. Peut-être que ça coïnciderait avec le retour d’Alix. Et puis il y avait Charade.
Une voix nasillarde se fit entendre derrière elles, alors qu’elles tiraient leurs valises :
Chloé eut un soupir :
En se retournant vers la petite bande :