Résumé des épisodes précédents :
Une femme cherche désespérément l'homme de sa vie.
Partie 2
Ils emménagèrent ensemble peu de temps après et entamèrent une relation qui parut fusionnelle à la jeune femme.
Elle se sentait bien avec lui, n’avait pas besoin de longuement s’exprimer pour avoir la certitude d’être comprise.
Il devançait ses envies, la journée, comme au lit et elle profitait pleinement de cet amour qui la ravissait.
- — Eh bien ma belle, il y a longtemps que je ne t’ai vue aussi épanouie.
- — Je suis heureuse Serena, pleinement. Lars est un homme merveilleux et je me sens comblée, enfin.
- — C’est vrai qu’il est charmant, adorable et semble vraiment amoureux. Mais, au moins, es-tu sûre qu’il t’est fidèle ?
- — Oui ma chérie, celui-là, j’ai toujours eu le pressentiment qu’il n’irait pas chercher ailleurs, quand il aurait trouvé femme à son pied.
- — Fichtre, je t’ai rarement vue aussi sûre de toi. Me laisserais-tu tenter de te prouver que tu te trompes peut-être et que ton Rodrigo cache, au fond de lui, un séducteur patenté, capable de craquer si on le chatouille là où ça le gratouille ?
- — Ne cherche pas, je crois que je ne crains pas grand-chose avec Lars. Il n’est pas du genre à mater le petit cul des bombasse, je crois qu’il n’est pas ce genre de salopard.
- — Si tu le dis ma chérie, mais je serais toi, je me méfierais quand même. Parfois la tempête se cache derrière un vent léger.
- — Tu m’as assez fait de tort comme ça Serena, ne t’amuses plus à me jouer ton sale tour de putasse.
- — Oh, comme tu y vas. Rendez service et voilà comment on vous remercie.
Quelques temps après, Sabrina cherchait partout son diffuseur de parfum qu’elle avait, semble-t-il perdu.
Elle appela Lars avant qu’il ne parte pour le tribunal d’instance de Liévin, plaider dans une affaire de vol dans des loges lors d’un festival.
- — Excuse-moi de te déranger, tu dois être sur la route mon chéri. Saurais-tu où j’ai pu laisser le diffuseur de parfum que tu m’as offert ?
- — Je n’en ai aucune idée. Si tu n’as rien trouvé chez toi, va faire un saut chez moi et regarde dans les meubles de la salle de bain. Tu es distraite parfois et peux l’avoir laissé là.
- — Merci, je vais y aller sans tarder. Sois prudent sur la route, à ce soir.
Elle arriva chez lui et ouvrit avec sa clé. Elle commença à chercher dans la salle de bain quand le téléphone filaire sonna.
Elle se garda bien de répondre n’étant pas chez elle.
L’appel arriva sur la messagerie, mais elle entendit le message laissé par le correspondant.
- — Bonjour Maître, l’audience est reportée au mois prochain, en raison d’un souci de santé du procureur. Nous vous enverrons une nouvelle convocation. Nous allons vous joindre sur votre cellulaire. Bonne journée.
Elle se dit qu’il ne tarderait pas. Et décida de l’attendre chez lui.
Elle entendit une nouvelle sonnerie et s’aperçut qu’il avait oublié son mobile sur un guéridon.
Le même correspondant, comme dit dans le précédent appel, cherchait à le joindre sur son mobile.
Ennuyée par ce contretemps, elle pensa appeler directement le tribunal pour les prévenir de l’arrivée de l’avocat qui ne pouvant être joint, allait arriver dans la matinée.
- — Bonjour madame Van de Breugt, n’ayez aucune crainte, nous l’avons déjà joint la semaine dernière, ce n’était qu’un rappel pour être certain qu’il s’en souvenait.
Sabrina sentit une chaleur lui monter au visage et la tête se mit à lui tourner.
Elle s’assit quelques instants, pour faire le point.
Elle se leva et sortit de l’appartement. Comme un automate, elle reprit sa voiture et se rendit chez Serena.
Elle avait besoin de parler à quelqu’un.
Elle se gara à l’extérieur et entra par le portillon. Elle se dirigeât vers la terrasse et trouva une des deux baies vitrées ouverte.
Elle pénétra dans le salon et un bruit lui parvint, faible tout d’abord, puis devenant plus perceptible au fur et à mesure qu’elle s’approchait de la porte de la chambre.
C’était un gémissement féminin couplé avec un murmure masculin. Elle ne comprenait que trop et ouvrit la porte avec fracas.
Là, sur le lit, Serena à quatre pattes était pénétrée en levrette par Lars qui, penché sur elle, lui murmurait à l’oreille.
- — Espèce de salaud, fornicateur de merde. Tu croyais me tromper longtemps avec ton histoire de tribunal à Liévin ?
Serena avait gardé la même position, le sourire éclatant aux lèvres, alors que Lars avait bondi hors du lit et pris sa chemise pour cacher ses parties intimes.
Une fois de plus, elle n’attendit pas qu’il se rhabillât.
- — Tu passes chez moi ramasser tes affaires et tu disparais sale queutard.
Sabrina invita Silvère Fastlann à s’asseoir et lui offrit un rafraîchissement.
Elle songeait en elle-même que ce si beau jeune homme rassemblait à lui seul les qualités de la plupart des hommes qui avaient compté dans sa vie.
Il avait les mains aussi douces que celles de Friedrich, des yeux aussi beaux et perçants que Freddy, la facilité d’élocution de Lars et la musculature aussi parfaite qu’un Herb devenu adulte.
Un plan machiavélique commençait à germer dans son esprit et ce bel apollon allait l’aider à le mettre sur pied.
- — Sylvère, avant de parler de votre participation, de votre cachet et de toutes les choses qui, immanquablement, iront avec, j’ai un service à vous demander.
- — Je vous écoute, madame Van de Breugt.
- — Sabrina, faites-moi ce plaisir. Si vous acceptez de me rendre ce service, je n’aurai quasiment plus de secret pour vous. Alors autant commencer par m’appeler comme seuls mes proches le font.
- — Sabrina, en quoi puis-je vous être utile.
- — Voilà, j’aimerais que vous …
Rodolphe n’était pas bien depuis quelques temps. Il sentait bien que Serena se détachait de plus en plus de lui.
Bien sûr, il savait pertinemment que dans un couple l’un des deux acteurs est plus amoureux que l’autre et que ce rôle lui avait toujours été dévolu.
Bien sûr il savait pertinemment qu’il n’était pas l’adonis dont sa femme serait tombée raide dingue au premier regard.
Bien sûr il savait qu’il avait dû batailler ferme pour mériter une femme de la plastique de Serena.
Bien sûr, il savait pertinemment qu’il n’était pas l’homme dont, jeune fille, son épouse avait rêvé pour partager sa vie amoureuse.
Mais il savait aussi qu’il était un mari aimant, fidèle et protecteur.
Il savait aussi qu’il lui apportait le confort dont elle ne pourrait jamais se passer.
Il savait enfin qu’il lui assurait une vie calme et douce, à l’abri des querelles conjugales et des crises de jalousies dont il l’avait jusqu’à présent épargnée.
Mais, depuis quelques temps, il la sentait s’éloigner de lui et, ce qui le blessait par-dessus tout, il sentait qu’elle n’avait plus le même regard pour lui, pour sa personne.
Que se passait-il dans la vie de sa petite femme.
Qu’y avait-il donc dans son jardin secret qui lui semblait l’éloigner de lui ?
L’aimait-elle encore ?
Il en était là de ses réflexions lorsqu’il lui vint l’idée d’aller se confier à la meilleure amie de sa compagne.
Elle, elle saurait, d’une part s’il se trame quelque chose, et, d’autre part, si ses angoisses et autres soupçons étaient pour le moins fondés.
Il profita de la présence de Sylvère Fastlann sur le festival de Namur pour rencontrer Sabrina aux fins, officiellement, de négocier le contrat de son protégé.
Il se présenta à son bureau et fut rapidement introduit auprès de la jeune femme.
Il eût la surprise de la trouver dans les bras de l’artiste et ne semblant, pas le moins du monde, gênée de son arrivée impromptue et semblant même trouver la chose amusante.
- — Rodolphe, que me vaut le plaisir de ta visite ? Je ne vous présente pas, je crois que vous vous connaissez.
- — Tu peux nous laisser Sylvère je te prie, j’ai besoin de parler à Sabrina.
- — Si c’est au sujet de mon contrat, je peux parfaitement entendre ce que vous allez négocier dans mon dos.
- — Non, il s’agit d’une visite personnelle.
- — Je vous laisse alors.
Une fois le chanteur parti, Rodolphe s’assit dans le canapé du bureau et proposa à la jeune femme de s’asseoir près de lui.
- — Sabrina, je ne suis pas bien ces derniers temps. J’ai l’impression qu’il se passe ou s’est passé quelque chose avec Serena. J’ai le sentiment qu’elle me cache je ne sais quoi d’important.
- — Qu’est-ce que tu veux dire Rodolphe ? Que voudrais-tu qu’elle te cache ?
- — Justement, je n’en sais rien.
- — Si tu n’en sais rien, c’est qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Tu as toujours été un angoissé, et cela finit par te jouer des tours.
- — Allons, ne joues pas avec moi. Je sens bien que son comportement a changé à mon égard. Elle m’évite, voire, par certains moments, j’ai le sentiment qu’elle me méprise.
- — Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- — Notre intimité a changé. Elle ne me confie plus rien, ne me parle quasiment plus de ses journées, de ses rencontres. Tiens, cela fait des lustres qu’elle ne m’a pas parlé de toi. Vous ne vous voyez plus ?
- — Mais si, qu’est-ce que tu vas chercher. Nous nous sommes vues il n’y a pas une semaine.
- — Eh bien, elle ne m’en a rien dit. Elle est bizarre avec moi, et cela va te paraître curieux, mais j’ai le sentiment que c’est depuis que vous vous fréquentez aussi assidument.
- — Tu penses que j’ai une mauvaise influence sur elle ?
- — Non, mais je pense que tu dois bien avoir remarqué si son comportement a changé, non ?
- — Tu sais, j’ai vécu une nouvelle mésaventure amoureuse récemment, et je ne suis probablement pas la meilleure témoin de l’éventuel changement d’attitude ou de comportement de ta légitime.
- — Tu vois, elle ne m’en a même pas parlé. Je suis désolé pour toi, sincèrement. Que s’est-il passé ?
- — Et bien je suis tombé, une fois de plus, sur un coureur de jupon qui m’a faite cocue dès que j’ai eu le dos tourné.
- — Mais ce n’est pas vrai, tu n’as vraiment pas de chance en amour. Mais dis-moi, que s’est-il passé ?
- — Lars me jurait ses grands dieux qu’il n’aimait que moi, qu’il était l’homme d’une seule femme. Eh bien figure-toi que je suis allée chez lui pour lui donner son cellulaire qu’il avait oublié sur mon canapé et je l’ai trouvé au lit avec une salope.
- — Dis-moi, pas hasard, cette salope ne serait pas Serena ?
Ses yeux s’agrandir imperceptiblement un bref instant puis elle se ressaisit.
- — Qu’est-ce que tu vas chercher là ? Mais non, c’était avec une parfaite inconnue.
- — Quel jour cela s’est passé ?
- — Vendredi 12.
- — A quelle heure ?
- — Dans la matinée, pourquoi ?
- — C’est pile poil le jour où je devais emmener Serena en week-end surprise. La veille je lui ai demandé d’être de retour du bureau en fin d’après-midi et de ne rien prévoir pour le samedi et le dimanche. J’avais réservé un week-end en amoureux à Londres. Elle m’a dit avoir un important contrat de communication à finir de négocier avec un partenaire et que cela prendrait probablement tout le samedi. Or, j’ai appris du secrétariat même de cette boîte, que le rendez-vous avait été repoussé. Tu avoueras que c’est curieux.
- — Oui, mais ce n’est sans doute qu’une coïncidence.
- — Ce n’est pas tout. Quand j’ai compris que mon week-end était foutu, j’ai essayé de joindre Lars pour qu’on se voit le samedi afin de régler les détails de certains contrats pour les prochaines Ardentes de Liège. Il m’a dit être parti visiter un cousin malade sur le Luxembourg et qu’il y resterait tout le week-end.
- — Bon, tu vois, ça ne colle pas ton affaire.
- — Alors tu peux me dire pourquoi j’ai vu sa voiture garée devant chez lui dans l’après-midi ? Et, devine ? La voiture de Serena garée juste derrière la sienne ?
Sabrina compris qu’elle ne pouvait plus nier.
- — Je suis désolée que tu aies tout découvert. Comprend que ce n’était pas à moi de tout te dire.
- — Je ne t’en veux pas une seule seconde. Mais alors, quelle salope !
- — Ne parle pas d’elle comme ça. C’est ta femme. Elle a eu un moment de faiblesse, il ne faut pas que tu la condamnes pour ça.
- — Mais tu ne sais pas tout. Je sais pertinemment qu’avant Lars, elle s’est envoyé Freddy et, j’en mettrais ma main à couper, elle s’est aussi faite Friedrich. Je le sais, je le sens.
- — Puisque tu sais déjà pour le dernier, autant que tu saches tout depuis le début. J’ai eu peu d’hommes dans ma vie. Ils ont tous finis par coucher avec Serena. Quand nous étions jeunes, elle me piquait mes petits copains pour me montrer qu’ils n’étaient pas sérieux. Mais, le jeu a continué une fois devenues adultes. Je ne lui en ai pas voulu pendant longtemps, et tu m’en excuseras, car je me disais que, finalement, elle me rendait service. Mais j’ai fini par penser que ce n’était pas sain, pour moi, comme pour elle. Pour moi, car je suis capable de me prendre en charge toute seule et, si je dois être cocue à mon détriment, eh bien que je le sois. Mais aussi pour toi, car je te connais, je sais le bon mari que tu es et que tu mérites tout, sauf qu’elle te trompe. Et ce, d’autant plus avec des mecs qui ne t’arrivent pas à la cheville.
- — Bon sang, je ne suis pas quelqu’un de mauvais, tu sais, je ne souhaite de mal à personne, mais là, je la maudis, je la hais. Qu’ai-je fait pour mériter un tel mépris, une telle humiliation ?
- — Mais rien mon pauvre Rodolphe. Tout comme moi, tu as été victime de la rencontre de cette femme fatale et séductrice invétérée et d’un trio de salopards.
Il la regarda profondément.
- — C’est toi que j’aurais dû épouser. Toi, tu aurais été une épouse parfaite, fidèle, loyale et aimante.
- — Que veux-tu, c’est la vie.
- — Je ne vais pas en rester là. Elle va me le payer.
- — Ne t’emballe pas trop vite. Je lui ai préparé un tour à ma façon qui devrait lui donner une sérieuse leçon qu’elle n’est pas prête d’oublier.
Le lendemain, Serena vit débarquer dans son bureau une Sabrina tout sourire qui venait lui rendre une visite amicale.
- — Ouah, tu as l’air toute rayonnante ma chérie. Tu as gagné au loto ?
- — Au loto de l’amour très certainement.
- — Oulla tu as rencontré quelqu’un ?
- — Écoute, depuis quelques temps, je vis le parfait amour. Oui, j’ai rencontré l’homme parfait.
- — Wouah, dis-moi vite. Qui est ce spécimen rare ?
- — Je suis amoureuse Serena, amoureuse, tu te rends compte ? Je ne pensais que ça ne m’arriverait pas de tomber amoureuse de sitôt.
- — Oui, après l’épisode Lars, je te comprends. Alors de qui s’agit-il ?
- — Je suis avec Sylvère Fastlann.
- — Quoi ? Sylvère ? Mais tu es folle ? Tu sais au moins l’âge qu’il a ?
- — Je me fiche complétement de son âge. Je l’aime je te dis.
- — Bon, je reconnais qu’il a un charme fou, mais quand même, il pourrait être ton fil.
- — Là tu exagères ma chérie. On n’a pas tant d’année d’écart que ça. Et puis après, je m’en fou complétement. Je l’aime je te dis.
- — Mais comment se fait-il que tu sois tombée amoureuse aussi vite ?
- — C’est bien simple si tu y réfléchis cinq minutes. Il a tout cet homme. Les yeux de Friedrich, les mains de Freddy, la verve de Lars et le corps de Herb. Tu vois, c’est l’homme parfait. Il a tous les atouts à lui tout seul.
- — Mais, et lui, il t’aime ?
- — Comme un fou. Il veut que l’on se fiance puis qu’on se marie. Il m’a présenté à ses parents, à ses amis et nous allons nous installer ensemble dès qu’on aura trouvé un appartement.
- — Mais tu n’as pas peur que cela soit un peu précipité ?
- — Non, je sens que c’est le bon.
- — Tu es sûre de lui ? Tu es certaine que ce n’est pas encore un coureur ?
- — Oui, j’en suis sûre cette fois. Et je t’interdis, tu m’entends bien Serena, je t’interdis de t’en approcher, ni d’essayer de le séduire. Celui-là j’y tiens.
Serena ne décolérait pas.
Non seulement son entreprise rencontrait d’énormes difficultés financières avec plusieurs prêts bancaires en cours qu’elle n’arrivait plus à rembourse, mais elle avait un grand besoin de financement pour lancer les campagnes à venir.
Ensuite, elle en avait plus qu’assez de cette guimauve de Rodolphe qui disait amen à tout ce qu’elle disait, qui cédait à tous ses caprices et qui, surtout, trouvait toujours que sa meilleure amie était un ange de gentillesse, de fidélité et un soutien envers elle.
Mais alors, le comble, oui le comble, c’est qu’elle était tombée amoureuse du plus beau mec de la planète.
Non mais voilà qu’elle se pavanait aux bras de son étalon avec une main bien posée sur ses épaules, d’un air de dire, celui-là, il est à moi, on n’y touche pas.
Elle allait voir si elle, Serena Drickmer, la femme fatale que tous les hommes reluquaient, pour qui tous les étalons de la terre donneraient leur chemise pour passer ne serait-ce qu’un instant dans ses bras et seraient prêts à se damner pour une nuit avec elle, n’allait pas se le taper.
Il ne valait certainement pas mieux que les autres.
Depuis Herb, athlète boutonneux au point qu’elle avait dû simuler l’orgasme tellement il l’a dégoutait, en passant par Friedrich qui la dévorait de ses trop jolis yeux, mais qui s’était révélé assez quelconque au pieu, tout comme le célèbre magicien Freddy, qui ne s’était pas révélé si magique au lit finalement, et, pour finir, le dithyrambique Lars, au discours soi-disant ravageur, qui avait fait plutôt un flop entre ses cuisses, elle se les était tous faits.
Son Sylvère ne résisterait pas mieux que les autres et, elle le savait à l’avance, ne se révèlerait pas un meilleur amant que les autres. Elle allait se le mettre dans son lit comme qui rigole.
Depuis l’enfance, elle savait qu’elle était plus belle, plus séduisante, plus irrésistible que Sabrina.
Qu’est-ce qu’elle avait qu’elle n’avait pas ?
La réussite, sans doute.
Oui, mais avec la chance qui vous sourit dès votre naissance, c’est facile.
Sabrina, elle avait toujours tout eu.
A l’école d’abord, où elle l’humiliait en lui soufflant tous les résultats lors des interros. Elle daignait venir l’aider à faire ses devoirs, le soir, mais, elle le savait, ce n’était que pour avoir plus de temps pour parler des garçons qu’elle lui enviait.
Sabrina ?
Elle avait toujours été jalouse d’elle.
Elle l’enviait finalement.
Ce n’était pas des services qu’elle lui avait rendus en couchant avec ses petits copains, c’était des leçons de savoir vivre, de savoir être implacable.
Car elle, elle était née comme ça.
Pas de cadeau, pas de quartier.
Même sa meilleure amie devait savoir qui était la meneuse, qui était celle qui décide, celle que les hommes admirent, celle à qui tout sourit. Enfin, tout, sauf l’argent, surtout en ce moment.
Serena arriva au bureau et y lut un mot laissé par sa secrétaire.
Il s’agissait d’un message de Rodolphe qui l’informait que Sylvère Fastlann allait venir lui rendre visite pour qu’elle lui présente la campagne de lancement de sa tournée européenne.
- — Génial, pile poil quand j’ai besoin de montrer qui c’est qui détient le pouvoir.
La secrétaire lui annonça également la visite en début d’après-midi de son banquier.
- — Super, je vais me faire chatte et il me mangera dans la main.
Sitôt de retour de son déjeuner, elle reçut Antoine Dewilder son banquier.
- — Bonjour Antoine. J’espère que je ne vous ai pas fait attendre ?
- — Bonjour madame Drickmer, non, je suis là depuis seulement un quart d’heure.
- — A la bonne heure Antoine. Mais, je vous en prie, appelez-moi Serena. Que me vaut le plaisir de vous recevoir ? J’allais justement prendre rendez-vous avec vous. C’est incroyable comme les grandes idées se rencontrent.
- — Voilà Serena. Vos finances ne sont pas au mieux et je crains de ne pas être porteur de bonnes nouvelles.
- — Allons bon ? Dites-moi tout sur ma santé financière.
- — Vous avez dû faire face de très nombreuses dépenses ces derniers temps, et tous vos comptes sont dans le rouge. Votre découvert dépasse même le capital du dernier emprunt que vous avez contracté.
- — Oui, je le sais bien, mais, comme je vous en aurais parlé de toute façon, je suis sur une campagne qui va me rapporter largement de quoi renflouer mes dettes et ma trésorerie.
- — Sans doute Serena, sans doute. Mais en attendant, la banque doit faire face à un découvert abyssal qui, je le crains, ne pourra souffrir d’attendre d’être comblé plus longtemps.
- — Qu’est-ce que vous entendez par longtemps ?
- — J’entends que si vous ne remboursez pas, pour le moins, votre découvert, nous allons vous couper les vivres.
- — Mais, et moi qui avait l’intention de vous faire un nouvel emprunt.
- — Je crois qu’il ne faut plus y compter. Il y aurait, cependant, une possible solution.
- — Dites-moi, que me proposez-vous ?
- — Une firme qui est domiciliée chez-nous, nous a fait une proposition de rachat de votre entreprise, pour une somme pouvant couvrir largement vos dettes.
- — Mais qui est-ce, je la connais ?
- — Non, je ne crois pas. Il s’agit de RS Trust Organisation. Un groupe qui a les reins solides et qui pourrait vous proposer d’intégrer E-Net Business dans son capital, en vous rachetant vos actifs.
- — Mais cela aurait pour conséquence que je ne serais plus propriétaire de ma propre entreprise. Il n’en est pas question.
- — Vous devriez réfléchir sérieusement à cette proposition qui, je le crains, ne se reproduira pas et ne restera pas longtemps active. Avec cet investissement, vous évitez la faillite personnelle. Vous pourrez toujours négocier votre place au sein de cette firme. Je ne vois pas pourquoi elle ne vous conserverait pas votre poste de dirigeante et votre place au sein du conseil d’administration.
- — Eh bien, j’avoue que c’est une surprise, mais qui mérite réflexion. Je vous remercie de vous être déplacé pour me la proposer. Combien de temps ai-je pour vous donner ma réponse ?
- — Peu de temps j’en ai peur. Une réponse d’ici la fin de la semaine calmerait l’impatience de l’acheteur.
C’est une Serena perdue dans ses pensées que Sylvère trouva en étant introduit dans son bureau.
En le voyant, elle se leva et vint vers lui les deux bras en avant.
Il remarqua qu’elle avait certainement pleuré car ses yeux étaient quelque peu rougis.
- — Bonjour ma chérie, ça ne va pas ?
- — Oh, tu sais, la vie est parfois si cruelle avec toi. J’ai reçu de mauvaises nouvelles et je t’avoue que j’ai un grand besoin qu’on me remonte le moral. Figure-toi que je viens de vendre les trois-quarts de ma société et que je n’en suis plus la patronne.
Il la prit dans ses bras et lui fit une grosse bise sur le front.
- — Là, là, ça va aller. Tu t’es toujours sortie de la merde, si tu me permets.
- — Tu es jeune Sylvère, mais quelle maturité tu as. Tu sais me réconforter quand j’en ai si besoin.
- — Mais oui, allez, viens t’asseoir et raconte-moi qui te fait des misères.
- — Non, je ne me sens pas d’en parler, j’ai le cœur prêt à exploser.
Il lui fit de nouveau une bise sur le front.
- — Prends-moi dans tes bras, j’ai vraiment besoin de réconfort.
Elle posa ses lèvres sur les siennes et il se recula quand il sentit sa langue tenter de percer le barrage de ses dents.
- — Non Serena, on ne peut pas. Tu sais sans doute que je suis avec Sabrina. Je ne peux pas lui faire ça et toi non plus, c’est ton amie.
- — Mon amie, mon amie ? Elle va encore me narguer parce qu’elle a réussi à alpaguer un beau mec. Un étalon qui la baise comme personne. Et moi, qui est-ce qui me baise moi ?
- — Mais tu as ton mari ?
- — Pouah, il me dégoute. J’en ai marre de l’avoir sur le ventre. Il est tellement mou que c’est moi qui dois faire tout le travail.
Elle mit sa main droite derrière sa nuque et se rapprocha au contact de ses lèvres.
- — Non, moi j’ai besoin d’un homme, un vrai, un qui saura me donner tout le plaisir dont j’ai besoin. Qui saura me faire jouir comme j’en ai envie. Viens Sylvère, je sens que tu es celui qu’il me faut. Sabrina n’en saura jamais rien, tu peux me faire confiance. J’ai trop envie de ta queue, de tes muscles, de ta force, de ta langue. Viens, baise-moi.
Elle l’embrassa fougueusement et, cette fois, il ne se déroba pas.
Ils se déshabillèrent et elle se donna à lui avec toute la fougue dont elle était capable.
C’est au beau milieu de leurs ébats que la porte du bureau s’ouvrit en grand et avec fracas.
Sabrina entra suivie de Rodolphe, d’Antoine Dewilder et de la secrétaire de Serena affolée et dépassée par les évènements.
- — Eh bien, eh bien, qu’est-ce que nous avons là ? Je crois que nous arrivons au beau milieu d’une partie de baise, messieurs.
Serena et Sylvère récupérèrent leurs vêtements par terre et s’en couvrirent comme ils le purent.
La secrétaire, l’air extrêmement gênée, annonça que quatre autres visiteurs attendaient au secrétariat d’être introduits auprès de Serena, ayant un rendez-vous. Sabrina lui mit la main sur l’épaule.
- — Ah, ce sont certainement nos invités. Faites-les entrer. Au point où nous en sommes…
Elle sortit de la pièce et revint quelques secondes plus tard accompagnée d’Herb, Lars, Freddy et Friedrich, tous l’air un peu perdus. Sabrina s’avança vers eux.
- — Entrez les gars, asseyez-vous. C’est moi qui vous ai convoqués. Il est temps que nous ayons tous une conversation entre adultes responsables et que certaines choses soient tirées au clair. Rodolphe, veux-tu bien approcher un fauteuil pour Antoine, toi et moi je te prie ?
Tout le monde s’installa. Sabrina les scruta tous, un par un et repris.
- — Si je vous ai fait tous venir ici, aujourd’hui et à cette heure précise, c’est qu’il est grand temps que je règle mes comptes avec vous.
Elle se tourna vers Herb.
- — Herb, toi mon grand, tu n’as finalement rien fait d’autre que de me prendre ma virginité et de me lâcher comme une vieille paire de chaussette. Voilà pourquoi il faut que tu saches que l’emploi de balayeur que tu as, c’est à moi que tu le dois et que si tu tiens à le conserver, il va falloir te tenir à carreaux. Est-ce que tu m’as bien comprise ?
- — Oui Sabrina.
- — Oui patronne. Tu m’appelleras désormais « patronne ». Est-ce que ça aussi c’est bien clair dans ton esprit ?
- — Oui patronne.
- — Bien. Friedrich, mon cher et beau magicien. Figure-toi que je vais t’apprendre un tour de magie que j’ai mis sur pied. Il s’agit du fait que, nulle part, entend-moi bien, nulle part, tu ne seras plus jamais engagé. Si tu veux travailler, il faudra que tu choisisses un autre métier, mais un métier qui ne soit pas dans le spectacle, car, dans cet univers, je t’ai grillé et plus personne ne te prendra, ne serait-ce que pour un spectacle d’anniversaire. Tous les organisateurs de spectacle savent que, s’ils dérogeaient à cette condition que je leur ai imposée, je les ruinerais. Je n’ai plus rien à te dire, tu vérifieras par toi-même à quel point je peux être persuasive.
- — Mais, pourquoi me fais-tu ça ?
- — Parce qu’on ne me trompe qu’une fois. Tu peux nous laisser maintenant, le temps qui t’était imparti est terminé.
Penaud et la tête basse, Friedrich quitta la pièce.
Sabrina se tourna vers Freddy.
- — Freddy, mon bel ingénieur du son. Je t’ai réservé le même sort. Tu vas recevoir ta lettre de licenciement pour restructuration économique de l’entreprise. Ne cherche pas un autre job dans ta branche, je me suis arrangée pour que ta réputation soit grillée, si tu me permets ce jeu de mot. Change de métier ou change de continent, mais, dans toute l’Europe, tu ne trouveras plus un seul recruteur assez stupide pour te recruter. Je ne suis pas une chienne, tu toucheras des indemnités de licenciement, histoire de voir venir et, surtout, de t’acheter le billet de train ou d’avion devant te transporter loin, très loin. Tu peux nous laisser maintenant.
Comme Friedrich, Freddy se leva et, sans un mot, quitta la pièce.
Sabrina se tourna vers Lars.
- — Lars, mon beau parleur, si fort avec sa langue, au point de la fourrer dans tous les trous possibles, si tu me permets cette métaphore. Tu t’es assez moqué de moi en te vautrant dans d’autres bras après m’avoir juré être l’homme d’une seule femme. Tu te vantes assez d’être un avocat hors pair, et bien tu vas pouvoir mettre ta verve un peu en veilleuse. J’ai racheté, à ton détriment, ton cabinet qui était en sérieuse difficulté. J’y ai inclus le portefeuille de client et, notamment, la plupart des artistes que tu entretenais. Tu devais permettre à E-Net Business de trouver les financements pour les trois prochaines saisons et la banque t’a opposé un refus catégorique. E-Net a perdu tellement d’argent qu’elle s’est trouvée au bord de la faillite. Inutile de te dire à quel point cela a fait mauvais effet dans l’univers de la défense des droits des artistes et des entreprises de spectacle. Le plus célèbre cabinet d’avocat en grande difficulté ! Quasiment tous tes clients sont venus me rencontrer quand j’ai obtenu le rachat de ton cabinet. Eh oui mon cher, c’est moi qui suis le « racheteur » et qui vais pouvoir me passer de tes services car le rachat exclu la reprise de tes compétences dont nous nous passerons. Il faut me comprendre, un avocat qui n’est pas capable d’éviter la faillite de son plus gros client, ça fait mauvais effet devant la profession, mais aussi dans tout l’univers dans lequel trempait son petit protégé. Si tu veux un conseil, je serais toi, je me spécialiserais dans les divorces. Il y a de l’avenir pour un avocat véreux comme toi. Pour ce qui me concerne, je ne veux plus te voir. Le témoin peut se retirer.
Lars, tout en restant droit et fier, se leva et quitta la pièce.
Sabrina se tourna alors vers Serena.
- — Ah toi, ma chère amie, ma chérie comme tu aimes si souvent m’appeler, combien de mecs il va encore falloir que tu mettes dans ton lit pour comprendre qu’un homme que tu crois prendre à une femme, n’est rien d’autre qu’un vulgaire queutard et que, avec la même facilité que tu l’as chipé à l’une, une autre te le piquera un beau jour. Nous avons toujours eu un problème toutes les deux. De ton côté, tu crois que je suis jalouse de ta beauté et, du tiens, tu me jalouses ma réussite.
- — Mais pas du tout ma chérie, on a toujours eu un deal toutes les deux.
- — Un deal, à d’autres. Ça t’a toujours plu de m’humilier en me piquant mes amants. En couchant avec, soi-disant pour me prouver que tous les mecs se valent. Petit clin d’œil au passage, tu as du pot qu’aucune des compagnes de tes victimes par queue interposée, n’ait jamais tenté de te voler ton homme.
- — Quoi, Rodolphe, qui d’autre en voudrait ?
- — Là n’est pas le sujet pour l’instant. Je n’ai jamais été jalouse de ta beauté. Nous sommes nées comme la vie nous a faites. Je n’ai jamais été, ne suis et ne serai jamais aussi belle que toi. Mais, les hommes qui s’arrêtent à la beauté extérieure d’une femme, ne sont, finalement, pas très intéressants et, la plupart du temps, que de vrais queutards. Je ne t’ai jamais jalousé ta beauté, parce que j’ai la mienne et, qu’intérieurement, il n’y a pas photo entre nous deux. Ça, je l’ai toujours su. Tu as eu beau me piquer mes amants, tu n’as jamais émis le moindre regret. Je savais pertinemment que si je te disais que je sortais avec Sylvère, tu te précipiterais pour le mettre dans ton lit. Je te l’avais dit : Celui-là, tu n’y touches pas. Mais tu n’as pas pu résister. Il fallait que tu me montres que c’était toi qui l’emportais toujours sur moi pour les hommes. Eh bien tu as eu tort.
- — Comment ça ?
- — Je ne sors pas avec Sylvère. J’ai fait un deal avec lui et il a parfaitement joué son rôle. J’adore l’artiste qu’il est et nous allons faire du chemin ensemble. Mais mon admiration pour l’artiste s’arrête là. Nous nous apprécions professionnellement, mais je ne choisis pas mes amants au berceau. Excuse-moi Sylvère, c’est une image. Mais je pourrais être ta mère.
- — Ma mère certes non, mais ma grande sœur oui.
- — En revanche, tu m’as jalousé ma réussite, sans jamais te demander si elle n’était pas due au travail ! Tu t’es toujours reposée sur quelqu’un pour tout dans la vie, sans quasiment jamais ne rien faire par toi-même. Regarde ton entreprise, héritée de ton pauvre père qui doit se retourner dans sa tombe s’il voit ce que tu en as fait. Eh oui, ma pauvre Serena, autant tout mettre à plat maintenant, c’est moi qui l’ai rachetée. Je suis ta patronne. Bien entendu, je ne t’imposerais pas, comme à ce pauvre Herb, de m’appeler patronne.
- — Il ne manquerait plus que ça !
- — Mais, la vie va changer pour toi. Et pas que la vie au bureau, crois-moi.
C’est le moment que choisit Rodolphe pour prendre la parole.
- — Ma pauvre Serena. Tu croyais que j’étais aveugle, que je ne savais pas que tu couchais avec tout ce qui bouge ? Il y a très longtemps que je sais tout de tes frasques sexuelles. Tu t’es moquée de moi, tu as abusé de ma gentillesse, de ma fidélité et de mon argent. Mais c’est terminé tout cela. J’ai consulté mes avocats. Nous allons divorcer et tu n’auras rien de tout ce qui m’appartient et pour lequel j’ai trimé dur. Nous avons un contrat de mariage et, lorsque nous aurons divorcé, il ne te restera plus rien, car, même ce que tu possédais avant de nous marier, tu l’as perdu. Je suis le co-fondateur de RS Trust Organisation. Je dirige cette société avec Sabrina et, de ce fait, je suis aussi ton patron. Comme elle te l’a dit, ta vie va changer. Tu seras une salariée comme les autres et n’auras plus aucun droit de regard sur la destinée de ta désormais ex-entreprise. Quant à nous, c’est également de l’histoire ancienne. Il y a pas mal de temps que j’ai perdu la foi en notre couple. Notre divorce va me rendre une liberté dont j’aurai besoin pour chercher et, je l’espère, trouver la femme qui saura m’accompagner, me soutenir et, je l’espère avant tout, m’aimer.
Sabrina se leva et mis sa main sur le bras de Rodolphe.
- — Tu sais Rodolphe, la femme de sa vie n’est jamais très loin. Il suffit souvent de savoir ouvrir les yeux.
- — Ça va, ne vous gênez pas pour moi.
Rodolphe se tourna vers elle l’air soudain méchant.
- — Si tu n’as rien d’autre à ajouter, tu peux nous laisser. On te fera signe pour que tu viennes signer ton nouveau contrat de travail. Sylvère, merci pour ta prestation. Comme Sabrina te l’a dit, nous allons veiller sur ta carrière, tu peux en être certain. Ton avenir est tout tracé. À nos côtés, tu vas connaître le plus beau des destins.
Il se tourna vers Sabrina et la prit dans ses bras.
- — Quant à nous, j’espère que l’union de nos deux chemins nous donnera enfin la joie, l’épanouissement et l’amour que nous attendons depuis si longtemps. Tu sais Sabrina, j’ai longtemps cru qu’il était trop tôt pour chercher à te fréquenter.
- — Tu avais tort Rodolphe. Il vaut mieux tôt queutard.