n° 22370 | Fiche technique | 35147 caractères | 35147 5974 Temps de lecture estimé : 24 mn |
07/04/24 |
Résumé: Une autrice se plie au passage obligé de la séance de dédicace. | ||||
Critères: #humour nonéro pastiche | ||||
Auteur : Laetitia Envoi mini-message |
Non, ce texte n’est pas le résultat des élucubrations de mon cerveau mégalo, ou même de mon côté fanfaronne.
C’est juste une petite pochade, pour remercier tous ceux qui me lisent, avec un peu de dérision et beaucoup d’autodérision surtout.
Les fidèles, ceux qui ne loupent quasiment aucun de mes récits.
Les picoreurs, ceux qui passent de temps à autre.
Et puis aussi toi, non, pas toi, toi là derrière. Toi qui viens lire une de mes histoires pour la première fois. Ce texte est aussi pour les novices et les puceaux.
À vous tous, donc.
Ah, une dernière chose… il n’y a pas de sexe dans cette histoire. Même si j’ai hésité à inclure une scène de partouze à la fin, je ne l’ai pas fait. Pas de sexe, donc cette histoire est réservée aux plus téméraires d’entre vous.
oooOOooo
Lundi matin, dans ma salle de bain.
J’étais d’humeur plutôt guillerette…
J’aime me lever tôt le matin, même quand je ne travaille pas. J’ai l’impression de profiter de ma journée. Il faut dire que je dors peu. Je me couche généralement entre 23 h 30 et 1 h et je me lève vers 6 h, fraîche comme la rosée du matin.
Quand tout le monde dort, que c’est agréable la tranquillité. Il y a un mot en suédois qui résume assez bien cet état d’esprit : gökotta. Il est difficilement traduisible en français, mais littéralement, ça pourrait signifier « Coucou du matin ». Les Suédois, comme moi, aiment se réveiller aux aurores pour sortir au grand air et profiter des premiers chants des oiseaux.
Il y a un Suédois dans mon arbre généalogique, dont j’ai dû hériter de mes cheveux blonds et de mes yeux bleus. Je ne parle pas le suédois, mais je me suis intéressée à la culture de ce pays. Il y a un autre mot intraduisible qui me plaît bien : Livsnjutare. Ça pourrait signifier « être accro à la vie » et en profiter à fond, être capable de s’émerveiller devant les choses insignifiantes du quotidien. La langue suédoise recèle de plein d’autres mots du genre, résumant ainsi l’état d’esprit et la philosophie de vie de ce peuple. Si ça vous intéresse, je vous en parlerai une autre fois. Aujourd’hui, ce n’est pas le sujet. Je digresse.
J’étais donc devant ma glace à faire diverses grimaces en me maquillant les yeux, les joues et les lèvres, yeux plissés, bouche en cul de poule et tutti quanti.
La radio à tue-tête, je reprenais les refrains des chansons qui étaient diffusées, agrémentant parfois mes beuglements d’une petite chorégraphie devant la glace, deux pas en arrière, roulement des hanches, un tour complet sur moi-même, deux pas en avant et on se remet au pinceau sur les yeux et à l’eyeliner.
J’aime regarder les filles qui marchent sur la plage, sur leur peau le soleil, caresse bien trop sage. Le vent qui les décoiffe, un goût de sel sur mes lèvres, J’aimeuuuu » ou « Here Comes the Sun, Here Comes the Sun and I Say it’s all right…
Georges Harrison a toujours été mon Beatles préféré. Et le soleil arrivait en effet en ce début de printemps, et c’est « all right !! ».
7 h 30 : Fleury Michon et son cassoulet veggie sont heureux de vous offrir votre flash d’infos. Yvan Delamousse en direct avec vous.
Sondage : 71 % des Français détestent la personne devant eux dans une file d’attente.
Ah ah ah !! Tu m’étonnes !! rigolai-je.
Sondage encore : Un Français sur deux, ça fait un début de pyramide.
Et ils ont trouvé ça tout seuls ! tempêtai-je.
Avez-vous remarqué qu’on nous abreuve journellement de sondages divers et variés sur tout et rien ? Le sondage d’opinion est devenu information. Et surtout, et c’est plus grave, cela devient vérité. Réagissez, les gens ! Fulminais-je.
Crise des urgences : Pour soutenir l’hôpital, Emmanuel Macron annonce l’arrivée de deux nouvelles séries médicales en prime time dès la rentrée prochaine. Dans le même registre, pour combler le manque de maternité, le gouvernement envisage de former les chauffeurs Uber au métier de sage-femme.
Et ça va arranger les choses, ça, tiens !! m’emballai-je.
Parcours sup : Les étudiants intéressés par les métiers de la culture seront directement reversés et inscrits à Pôle Emploi, sans intervention de leur part.
Quelle honte ! pestai-je.
Médias : L’ARCOM autorise des coupures pub entre deux de vos rêves.
Mais lâchez-nous ! m’emportai-je.
Économie : pour lutter contre l’inflation, le porte-parole du gouvernement conseille aux Français d’utiliser un panier de la ménagère plus petit.
Hors sols ! enrageai-je.
Politique : les députés autorisés à amener des jeux de société les jours de 49-3.
Et c’est qui qui les paye ! râlai-je.
Nouvelles technologies : laissé cinq minutes sans surveillance, ChatGPT rédige le contenu de la prochaine intervention du 1er ministre.
Ah bah oui, comme ça c’est facile ! m’énervai-je.
Mode : une nouvelle cigarette électronique pour colorer vos poumons de la couleur de votre choix.
Grand bien leur fasse !! m’échauffai-je.
Fait divers : la Normandie abat un ballon-espion breton au-dessus du Mont-Saint-Michel.
Que fait le gouvernement ! Maugréais-je.
Sports : Vendée Globe, le bateau SNCF s’échoue suite à une rupture de caténaires.
Ahahahah, m’esclaffais-je.
Horoscope :
Verseau, c’est le printemps. Votre allergie au pollen risque de revenir. Si c’est le cas, c’est à cause de Dame Nature qui veut vous punir du fait de votre bilan carbone désastreux. Elle ne vous aime pas.
Bélier, vous devrez accompagner une cousine éloignée à Ikea pour acheter des étagères (le modèle Düktitgkräkris). Comme vous n’avez rien à vous dire pendant le trajet, elle vous demandera trois fois « Et le boulot ? Ça va ? »
Sagittaire, vous gagnerez au Trivial Pursuit contre des non-binaires.
Taureau, vous passerez la nuit de mardi à mercredi en cellule de dégrisement. Vous deviendrez ami avec un consommateur de cocaïne célèbre.
Vierge, si c’est votre anniversaire, vos amis se cotiseront pour vous acheter une bouteille d’un litre et demi de Cola Freeway (la marque Lidl). Posez-vous les bonnes questions.
Capricorne, vous recevrez aujourd’hui 45 appels indésirables, mais parmi eux, il y aura peut-être votre âme sœur. Décrochez à tous, on ne sait jamais.
Moi, les horoscopes, l’astrologie, toutes ces conneries, je n’y crois pas !!! C’est mon côté capricorne, conclus-je.
Tout de suite la chronique de notre rhéteur politique Jean-Michel Papatie.
- — Bonjour Jean-Michel.
- — Bonjour Yvan. Ça vient juste d’être annoncé, Olivier Dussopt a été élu personnalité de l’année par Elisabeth Borne. Le très attendu classement des personnalités préférées de l’ex-Première ministre a été dévoilé hier sur BFM TV. Sans surprise, il couronne une personnalité incontournable de ces derniers mois. L’ancienne première ministre a d’ailleurs déclaré « il n’y a pas photo, le meilleur, c’est Olivier ». Elle a insisté sur, je la cite, « l’impact mondial » d’Olivier Dussopt « qui rayonne à l’international et qui marquera l’histoire de la France comme Franck Riester ou Myriam El Khomri, à leur époque ». Elle a enfin conclu « Il a une parole libre et comme moi déteste les éléments de langage ».
- — Formidable Jean-Michel !
- — Je ne vous le fais pas dire Yvan ! Cet épisode, cher Yvan, n’est pas sans rappeler l’année 2013, où Jérôme Cahuzac avait été désigné personnalité de l’année par Jean-Marc Ayrault, ce qui avait ravi l’ensemble des médias et rassuré les marchés. Gageons que cette année, il en sera de même.
- — Merci Jean Michel. Vous passerez prendre l’apéro à la maison vendredi soir ? Hein quoi ? Je suis à l’antenne.
Bien ! Pour clore ce journal, nous recevons Éva Hévien, notre chroniqueuse Pipolerie. Alors Éva, de quoi allez-vous nous parler aujourd’hui ? Une anecdote croustillante ? La vie des stars, la famille royale ? Les dernières péripéties hollywoodiennes ?
- — Non, Yvan, ma chronique du jour porte sur un scandale qui est en train de naître.
- — Un scandale ? Fichtre ! Nous vous écoutons Éva !
- — Merci Yvan. Rêvebébé, dans la tourmente ?
Hier soir, le célèbre site d’histoires érotiques organisait sa traditionnelle cérémonie visant à récompenser les meilleurs auteurs et histoires de l’année : les gourdins d’argent. À la surprise générale, c’est un quasi-inconnu qui a remporté le prix cette année. Le grand vainqueur est Nakilo Sharkazi, pour son texte « Paul Bismuth, Karla et moi, mon approche du candaulisme ».
Cette nomination a provoqué un tollé dans l’assistance, majoritairement composée d’auteures et d’auteurs, public traditionnellement policé et réservé. On était loin, hier, de l’ambiance bon enfant des années précédentes.
Laetitia, finaliste malheureuse et donc 1re dauphine, pour son texte « Cavale », a quitté la salle avant la fin de la cérémonie, alors qu’on devait lui décerner un gourdin d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. On l’aurait entendue dire que selon elle, l’élection était truquée.
Charlie 67, la Secrétaire Générale et Trésorière du SAA-RVBB (le Syndicat des Autrices et Auteurs de RVBB) a déclaré à notre micro, « On ne connaît pas ce Nakilo Sharkazi, c’était son premier texte, et il a le gourdin ? Tout cela me paraît un peu gros ». Un auteur de Rvbb qui a préféré garder l’anonymat a, à l’instar de Laetitia, évoqué un trucage et même de la corruption. Il se murmure qu’il s’agit de Jimmy Chou, assez véhément après l’annonce des résultats, puisqu’il n’a pas été avare de quolibets et de lazzis pour les organisateurs, pendant toute la cérémonie. Il aurait été raccompagné vers la sortie par la sécurité, d’ailleurs.
Selon nos sources, un comité de lecteurs se serait créé dès hier soir. Une pétition serait en train de tourner, appelant au boycott de RVBB. Jacques du Canada en serait l’investigateur et le premier signataire. À l’heure où je vous parle, il aurait recueilli trois signatures.
Nous avons pu joindre Laetitia hier, elle nous a déclaré, je la cite « Calmons le jeu, tout cela n’a aucune importance, ces récompenses c’est de toute façon du pipeau. Leur gourdin n’est même pas en or, mais en argent. Vous savez où ils peuvent se le mettre ? Si j’écris, c’est avant tout pour mes lecteurs, pas pour des prix, et le public jugera ! »
Interrogés, les représentants de RVBB n’ont pas souhaité nous répondre, mais il est certain que le petit monde de la nouvelle érotique est en pleine effervescence ce matin.
J’ai éteint la radio d’un geste rageur, au moment où l’émission suivante allait nous être offerte par Carglass. Carglass répare, Carglass remplace :
Oui, la veille, je m’étais un peu emportée. Et je n’étais pas encore complètement calmée.
Enfin, tout cela, on va essayer de l’oublier. Parce qu’aujourd’hui, c’est mon jour. Le grand jour.
Celui de la sortie de mon recueil de nouvelles aux éditions Enplomb.
Mais revenons à la genèse de ce projet.
Il y a deux mois, j’ai été contacté par les éditions Enplomb, par l’entremise de leur directeur de publication, Jacques Sohn-Faïvhe. Un de leurs renifleurs de talent avait repéré ma prose.
Jacques, après de longues discussions, dont certaines dans son chalet de Courchevel devant un feu de cheminée (et après une raclette), m’a proposé d’éditer un recueil de certaines de mes nouvelles, douze pour être précise.
Bon, les discussions, quoiqu’au coin du feu, furent acharnées (en l’occurrence, nous étions allongés nus sur une peau de bête à ce moment-là) :
Une de mes bonnes amies, Noémie, a un joli coup de crayon, j’ai réussi à imposer un dessin par nouvelle. Vu la qualité des gravures qu’elle a réalisées pour l’occasion, ça lui fera de la pub à elle aussi.
J’ai imposé aussi qu’on lui signe un contrat pour illustrer les éventuels recueils suivants que je pourrais sortir, et qu’elle puisse également travailler sur d’autres ouvrages, d’autres auteurs des Éditions Enplomb :
Et nous sommes tombés d’accord. J’ai eu gain de cause.
Aujourd’hui est le jour de la sortie officielle de mon recueil. Et pour marquer le coup, Jacques Sohn-Faïvhe, mon éditeur donc, en collaboration avec Yves-André Pérhémer, mon agent, a prévu une séance de dédicaces dans un des magasins de la chaîne Fnouk, les libraires flegmatiques.
Et nous étions le jour J. Voilà, les wagons sont raccrochés. Je reprends le cours de mon récit.
oooOOooo
J’ai mis un temps fou à choisir ma tenue. Il me fallait le look approprié. Classe, mais pas trop. Je devais paraître proche de mes fans, pas inaccessible avec une robe merveilleuse par exemple. Classe, mais simple, on va oublier Chanel, YSL, Dolce & Gabbana et Zadig &Voltaire. Après moult essayages, je me suis enfin décidée pour un pantalon en jeans tout bête, légèrement élimé, voire déchiré par endroits, pour faire genre. Enfin élimé, mais griffé, il y a un minimum. J’ai complété d’un chemisier ivoire, légèrement décolleté et une veste de tailleur grise, à petits carreaux jersey Milano.
« Pas mal du tout, y’a pas à dire », me dis-je en me regardant dans la glace, vérifiant que le pantalon moulant ne me faisait pas un trop gros cul. « Non, impec ». Bon, faut dire, c’est le genre de jeans qu’on enfile avec un chausse-pied. Après, pour avoir un beau cul dans un falzar hyper-serré, la base, c’est justement d’avoir un beau cul. Le pantalon qu’on accuse trop facilement n’y est pour rien ! N’est-ce pas ?
Il me fallait le truc qui allait me magnifier. Là, j’étais décontractée, mais classe. Il fallait que je sois décontractée, mais super classe. Les escarpins ! Voilà ! J’ai exploré ma collection de paires de chaussures alignées sur les étagères de mon dressing. Les Miu Miu ? Non… Les Sergio Rossi ? Non, un peu trop… Les Louboutin ? Euh non… les Louboutin ne se conçoivent qu’en soirée. Ah ! Les Jimmy Choo, talon de 10,5 cm, noirs en daim. Classes, mais décontractés, à l’avenant du reste. Bon, reste qu’avec des Jimmy Choo t’as mal aux pieds. Ça m’énerve, mais tant pis. Souffrir en silence, c’est la croix que doivent porter les stars. Je dois commencer à m’habituer à mon statut futur.
Quelques bijoux, une chaîne en or rose avec un petit pendentif, des boucles d’oreilles assorties pour le côté classe, ainsi que quelques bracelets fantaisie, trois autour de chaque poignet, pour accentuer encore le côté décontracté. Hippie chic ! Bourge délurée !
Maquillage très léger, cela va de soi, du rose pâle sur les lèvres, notamment.
Superbe ! Tu en jettes !
Cette séance de dédicace devait se conclure par un échange avec la presse spécialisée. Mon agent et mon éditeur voulaient qu’on répète et qu’on révise les questions qui seraient susceptibles de m’être posées et les réponses à y apporter :
Je suis arrivée avant l’ouverture à l’arrière de la limousine à verres ultra-teintés que j’ai exigée :
Après une recherche Google sur le lieu où devait avoir lieu l’évènement, j’ai tweeté pour rameuter encore plus de fans. C’est trop bien Google. Comment faisait-on avant, sans Google ? Aujourd’hui, Google, c’est Dieu le père, Twitter, le fils, et Instagram, le Saint-Esprit. Amen (et Tinder le Malin).
Au bout d’une demi-heure, Jacques et Yves-André sont venus me chercher dans ma loge :
On m’a installée derrière une table face à l’entrée. Devant le rideau de fer encore baissé, les cinq vigiles s’apprêtaient à ouvrir les portes.
Sur la table, on a posé plusieurs piles de mon recueil. Derrière moi, il y avait quelques kakémonos dépliés reprenant le visuel de la couverture du recueil, avec une photo de moi qui m’avantageait en surimpression.
La couverture de mon recueil est comme je l’ai souhaité : sobre. Blanche avec juste mon nom, Laetitia en haut, recueil de nouvelles au milieu et les éditions Enplomb et leur logo en bas.
Une préface de ma main et ensuite les douze nouvelles choisies. Chacune est illustrée par une gouache ou un dessin au fusain de Noémie. Magnifique. J’ai une préférence pour celle de « la bague de fiançailles », où on voit une jeune fille habillée à la mode des années folles, assise dans un fauteuil, un homme, un genou au sol lui tend un écrin. Superbe.
Jacques Sohn-Faïvhe s’est approché de moi avec un type à côté de lui :
Les vigiles se sont regroupés près de l’entrée. Le rideau de fer a été remonté. Les portes se sont ouvertes.
La sécurité a eu du mal à canaliser mes lecteurs, leur demandant de s’aligner dans la rangée de barrières de cordes en S. Au bas mot, il y avait au moins 200 personnes. Le premier de mes fans a poussé un rugissement :
Bien que je ne l’aie jamais rencontré, j’ai tout de suite su qui c’était : Radagast ! Les gens se sont bon gré mal gré alignés entre les cordes derrière lui.
Radagast s’est donc approché de la table où j’étais installée :
J’ai pris le premier exemplaire sur la pile. Avec mon beau stylo à plume, j’ai mis un petit mot personnalisé pour Radagast de ma plus belle écriture avec pleins et déliés. Ce que j’ai écrit ne vous regarde pas. Vous ne le saurez donc pas. Si vous voulez savoir, voyez avec lui.
Après une vingtaine de dédicaces, j’ai pris le rythme, un sourire, un petit mot gentil et personnalisé pour chacun, une dédicace, et au suivant.
C’est présenté devant moi un grand sexagénaire aux cheveux poivre et sel :
J’écris « Pour celui avec qui j’ai commis des textes en commun, pour nos longues discussions (négociations), sur une phrase, un mot. Pour Patrick, mais Patrick Paris, car aujourd’hui tous les garçons s’appellent Patrick ».
Et j’ai signé Laeti, comme pour les autres.
Le suivant à s’approcher, je l’ai tout de suite reconnu :
Le suivant ? Tout le monde le connaît ! L’Artiste !
La suivante s’est approchée, Melle Mélina :
J’ai écrit « Pour Melle Mélina. Much of love ».
Le suivant s’est présenté, Amarcord :
Les lecteurs se sont succédés, certains demandaient des autographes à Amarcord. Il s’y plia de bonne grâce.
Mettre des visages sur des pseudos était plutôt amusant, Giordano, Bullitt, Ptilu, Wedreca, BrissedeNisse, Briard, JeanD, Patrik, des anonymes. Même Benoblack était là, mais incognito…
Charlie est venue me réclamer ma cotisation au syndicat. Oui, je sais, j’ai du retard, et je n’ai pas répondu à ses sollicitations par mail :
Le suivant s’est approché :
D’un seul coup, le silence s’est fait dans le joyeux chahut de la file d’attente. Tout le monde s’est écarté. Une grande femme brune a traversé la pièce et c’est approché de ma table :
D’autres lecteurs sont passés devant moi, Slaanesh, Carla Moore, Jeffy, Dreamstatik, Loaou, Myrhisse. Bon, après, je ne peux pas citer tout le monde, hein… Ne m’en voulez pas, les autres. Vous étiez si nombreux. Vous n’aurez qu’à envoyer un message de réclamation sur mon adresse mail. Je verrais ce que je peux faire.
J’ai appelé Geoffroy Denldo, le directeur des librairies Fnouk :
Un gaillard d’un certain âge s’est approché de moi. Un marin ?
Le suivant s’est présenté devant moi, il avait l’air tout timide. Il me regardait la bouche ouverte :
Les lecteurs se sont succédés. Yves-André Pérhémer, qui venait de m’apporter une nouvelle pile de recueils et un rafraîchissement, s’est penché sur mon épaule :
Un type m’a tendu un exemplaire de mon recueil qu’il avait dans sa poche. Il portait une épaisse barbe noire, un chapeau tyrolien d’où dépassaient de longs cheveux bruns :
J’ai écrit « Pour Hummmpff… puis, manquant d’imagination pour personnaliser mon message, je me suis arrêtée là.
Le gars est parti avec son livre sous le bras, sans un mot.
Enfin, le flot des lecteurs s’est tari. Il était temps, maintenant, de rejoindre les journalistes qui m’attendaient dans un salon à l’étage.
Une vingtaine de journalistes étaient réunis dans une pièce. Je suis entrée avec Yves-André Pérhémer et Jacques Sohn-Faïvhe :
Mes fans se sont massés devant la porte, tout le monde n’a pas pu entrer. Une partie du public s’est regroupée sur le palier. Il y en avait même dans l’escalier. On sentait l’effervescence.
Une espèce de gnome au teint jaunâtre et à l’air libidineux s’est levé :
Des huées et des sifflets sont montés de l’assemblée de mes fans et lecteurs. Vexé, Tichot est sorti, avec son air méprisant du haut de ses un mètre soixante. Ce que ce con n’avait pas mesuré, c’est que pour quitter la pièce, il allait devoir fendre la foule composée de mon public massé devant la sortie. Il s’est pris quelques claques derrière le crâne en passant. Un croche-pied a aussi manqué de le faire trébucher. « Vous allez entendre parler de moi » ! a-t-on entendu depuis le couloir.
Un homme d’un certain âge s’est levé de sa chaise :
Un tonnerre d’applaudissements a retenti du côté du public, depuis l’entrée du salon et à l’extérieur dans le couloir :
C’est ainsi que s’est terminée cette journée riche en émotion.
C’est aussi la fin de cette histoire. C’est à ce moment-là que j’escomptais placer une scène de partouze. J’ai changé d’avis. Imaginez-la, si vous le souhaitez.
Plus sérieusement, « MERCI A TOUS », c’est le seul objectif avoué de ce récit et c’est le message que je veux faire passer.
Une pensée aussi aux anonymes qui me laissent des petits mots sous mes textes. Vous étiez certainement aussi dans la queue pour cette dédicace.
P.S. Je remercie mon organe (aheum) de presse (ouf) préféré à qui j’ai emprunté une partie des fausses infos du flash en début d’histoire. Merci donc au Gorafi. Les seuls qui nous disent la vérité vraie.
Un autre P.S. Ceux qui n’auraient pas lu le très émouvant L’affaire Laetitia « », un récit de Jimmy Chou publié sur ce site, sont invités à le faire.