n° 22549 | Fiche technique | 44107 caractères | 44107Temps de lecture estimé : 30 mn | 29/07/24 |
Résumé: Jules est un homme heureux et comblé, à tout point de vue. Que c’en est presque indécent ! Mais l’Évènement va bouleverser son bonheur parfait ! | ||||
Critères: fh | ||||
Auteur : Claude Pessac (Vieux jeu, désespérément romantique : j’assume !) Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : L’évènement Chapitre 01 / 02 | Épisode suivant |
En descendant l’escalier, je m’efforce d’être le plus silencieux possible afin de ne pas réveiller ni ma logeuse ni aucun des autres occupants de la pension de famille mais les marches de l’escalier en bois se moquent bien de mes précautions : elles craquent, gémissent, grincent, claquent à qui mieux mieux à chacun de mes pas. Je suis presque en bas quand la porte d’entrée s’ouvre à la volée. Boas Erlivjenson et son fils aîné, Sólbergur Boasson1, qui rentrent là, à trois heures du mat, de leur pêche nocturne, ne cherchent nullement à se montrer discrets et claquent la porte d’entrée derrière eux.
Je leur sers une réponse laconique.
Si mon accent est assez loin d’être parfait, mon islandais est plutôt au point. Mon apprentissage intensif de cette langue avec une native de ce pays habitant à quelques kilomètres de chez moi a porté ses fruits. Je me sens capable de tenir la conversation tout à l’heure avec Ingunn Gudmundsdottir.
Boas, le mari de ma logeuse, affiche une moue mi-figue mi-raisin à cette explication, hausse les épaules et file vers la cuisine.
En ce début juillet, le soleil se lève vers trois heures alors qu’il n’a disparu à l’horizon qu’un peu avant minuit. Dans une nuit si courte et, là, calme et sans vent, la température n’a pas vraiment le temps de chuter : il fait aux alentours de quatorze degrés. Au vu des derniers jours, on pourrait atteindre seize à dix-huit degrés au meilleur moment du jour. Pour l’instant, la température actuelle me convient parfaitement : idéal pour l’escalade que j’ai prévue.
C’est une sacrée dénivelée qui m’attend. Depuis ma pension de famille en bord de mer jusqu’au plateau, il y a bien quatre cents mètres à grimper sur une pente plutôt raide, aux sols meubles et gravillonnés sur les deux tiers de la hauteur totale, rocailleux et périlleux ensuite. Pas de quoi m’effrayer toutefois, je suis bon marcheur, bien entraîné : depuis un an et quelques, je marche tous les jours. Une demi-heure à une heure chaque jour de la semaine, sur le plat, autour de la ville. Le week-end, les jours fériés et pendant mes rares congés, je me lève encore plus tôt qu’en semaine pour des courses plus corsées dans les premiers contreforts des Pyrénées. Deux à trois heures maxi pour être de retour au plus tard à huit heures-huit heures trente. Avec des croissants tièdes.
Je marche chaque jour. Au début, je trottais mécaniquement, sans autre but que de me vider l’esprit. Sans jamais y parvenir toutefois. Au hasard. Puis, j’ai pris goût à l’exercice et ne peux plus m’en passer. Je marche au hasard, promeneur solitaire, sans objectif précis.
Mais aujourd’hui, j’ai un but ! C’est bien la première fois !
1. ↑ Les noms de famille n’existent pas réellement en Islande, même si depuis quelques années, la situation évolue. De base, les Islandais ont un prénom, auquel ils rajoutent en général le prénom du père (quelquefois celui de la mère) suivi du suffixe « son » (fils de) ou bien « dottir » (fille de). Ainsi, à son prénom, Sólbergur se voit associer le prénom de son père Boas + le suffixe « son » Boasson.
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La montée est plus difficile que je ne l’avais pensé. L’énorme moraine, amas de sédiments, de débris de roches, est particulièrement instable. J’ai l’impression de marcher dans une profonde neige poudreuse où je m’enfonce régulièrement en provoquant des coulées qui pourraient me faire glisser, tomber, voire dégringoler de plusieurs mètres. Je dois rester vigilant à chaque instant et fournir des efforts que je n’avais pas imaginés.
C’est avec un véritable soulagement que j’arrive en haut de la moraine de tillite. Je suis vanné, lessivé comme si j’avais grimpé depuis trois heures alors que cela ne fait à peine (je regarde ma montre : ah oui quand même !) près de deux heures. Je souffle, j’observe la paroi qui m’attend, la trouve finalement nettement moins à pic que vue d’en bas et je réalise que ses strates étagées faciliteront ma montée.
Je m’assieds sur un rocher et j’admire la vue époustouflante sur le fjord dont les eaux scintillent. Au loin, sur la mer qui moutonne, des îlots en ligne, de tailles variées, dessinent comme la colonne vertébrale d’un monstre marin. Un paysage calme et serein, idéal pour vous vider la tête.
Sauf que je ne cherche pas à me vider l’esprit aujourd’hui. Au contraire. Je fais mon introspection, je récapitule le cours de ma vie. Mon enfance calme et heureuse auprès de parents unis et aimants, mon adolescence débridée où j’étais vu par tous comme un gentil boute-en-train au rire communicatif, blagueur et un peu fou-fou. Une exubérance qui ne m’avait pas empêché de prendre mon avenir à bras le corps. À dix-neuf ans, j’avais monté ma société : avec l’héritage de ma grand-mère, j’ai créé une SAS, acheté un dix tonnes d’occasion que j’ai transformé en camion-magasin. Avec cette épicerie-boulange-boucherie-quincaillerie-mercerie… ambulante, j’ai sillonné chaque matin les campagnes reculées, principalement vers les bourgades retirées des contreforts des Pyrénées, proposant mes produits et services divers à une clientèle souvent âgée, isolée et vite fidélisée. Mon affaire tournait bien et m’assurait un revenu tout à fait décent. C’est toujours le cas d’ailleurs.
Dans l’année qui a suivi le lancement de mon activité, une fois que tout a été bien en place, la solitude a commencé à me peser. Seule ombre au tableau en effet dans mon existence routinière, l’absence d’une compagne. Mais voilà, le plaisantin volubile que j’étais perdait tous ses moyens dès qu’une fille l’intéressait vraiment. Plutôt beau gosse, je m’étais certes souvent laissé harponner en boîte par des chipies sans complexe, directes et très affamées. Oui, j’avais multiplié les aventures, histoires sans lendemain avec des filles qui ne correspondaient pas toujours physiquement et jamais intellectuellement à mon idéal féminin. J’en étais arrivé à ne plus vraiment supporter ces aventures glauques à l’arrière des berlines.
Pour mes vingt et un ans, les deux potes avec lesquels je traînais invariablement m’avaient préparé une surprise. « Le Rubis » où ils m’avaient emmené n’était pas une banale discothèque mais un club libertin. Réservé aux couples et jeunes femmes seules, l’établissement, un vendredi par mois, acceptait les mâles esseulés. Lorsque j’avais réalisé où nous nous trouvions, j’avais compris que ce ne serait pas là que je trouverais l’oiselle rare de mes rêves. Au mieux, un p’tit cul intéressant… que j’oublierai vite. Et pourtant, je n’oublierai jamais cette incroyable soirée !
…
Curieux, je découvre l’espace principal, un long rectangle, qui, s’il n’est pas violemment éclairé, n’est pas non plus plongé dans la quasi-obscurité habituelle des « dancings », comme dirait ma mère. La musique, à un niveau correct, doit permettre de bavarder à ses voisins sans avoir à hurler. Le décor est sans doute un peu kitsch et nettement… orienté mais douillet, chaleureux et propret. Après le bar où nous stationnons un temps pour récupérer les consommations incluses dans le ticket d’entrée, à droite et à gauche, quatre ensembles distincts de longues tables basses enserrées par des banquettes en fer à cheval. Deux sont à cette heure occupés par des groupes visiblement composés de couples qui discutent joyeusement, les hommes ne portant pas une attention exagérée à leurs compagnes qui pourtant arborent des tenues plus ou moins légères, certaines ne cachant quasiment rien de leur anatomie. Ce petit monde est détendu et plaisante. On ne s’étonnerait les voir taper le carton ! Pas de débordements marquants, peu de mains baladeuses mais c’est vrai, comme le fait remarquer Seb, « il est à peine 23 heures du soir ! ».
Vient ensuite la piste de danse où deux couples chaloupent lascivement sur un slow langoureux de Billy Paul. L’un des hommes a largement troussé la mini-jupe de sa partenaire : en traversant la piste, nous apprécions le charmant clair de lune. Nous nous dirigeons vers le fond de la salle : plusieurs groupes de tables rondes avec banquettes en demi-cercle pouvant accueillir chacune cinq à six personnes. Entre, des bacs à plantes hautes confèrent une intimité (très) relative aux divers pétales de marguerites. Pour le moment, c’est le désert dans ce fond de salle, hors la présence d’un couple installé à tout à droite en bord de piste. Un couple visiblement d’âge mûr. La femme, plus que plantureuse (je ne dirai pas obèse pour ne pas être désobligeant !), la matrone donc, ne porte qu’une nuisette plutôt riquiqui qui a bien du mal à contenir son énormissime poitrine et les cascades de ses bourrelets adipeux. Tout sourire, le couple nous salue chaleureusement : sans doute espèrent-ils que nous les rejoignions ! Nous ne répondons évidemment que très vaguement à leurs salutations, avant de nous installer complètement à gauche, en bord de piste et près d’un couloir qui doit mener à d’autres espaces.
Rapidement, ayant éclusé nos consommations, nous commençons à nous poser des questions. Le manque d’affluence, l’absence de filles ou femmes seules nous laisse imaginer que la soirée s’achemine vers un flop monumental. Nous voilà d’ailleurs bientôt prêts à nous la mettre sous le bras et à quitter les lieux quand trois jeunes filles, deux blondes et une rousse, se plantent devant le bar. Elles scrutent la salle un instant avant de se diriger droit sur nous.
Nous leur servons les mines exagérément déconfites de pôvres Robinson abandonnés ! Des malheureux qui se pourlèchent déjà les babines en découvrant les carrosseries très convaincantes du trio et surtout leurs tenues si minimalistes qu’il est impossible de les qualifier seulement de suggestives !
Les présentations sont rapides : les blondes se prénomment Louise et Romy, la rousse, Elaïa. Elaïa, un bien joli prénom basque signifiant oiseau du printemps. L’hirondelle, donc, une hirondelle que je vois moi comme une… appétissante poulette basquaise ! À croquer !
Je m’imagine déjà plumer gentiment l’alouette quand deux minutes plus tard, une autre nana vient se planter devant notre sextuor. Une grande brune au teint mat, élancée, longs cheveux très bruns, jambes interminables, épaules et hanches étroites : une bien jolie plante qui, à mes yeux tout au moins, éclipse ses copines ! Elle aussi porte une tenue affriolante : certes, sa chemise blanche en coton est toute simple, même pas diaphane mais comme la coquine a négligé d’en fermer le moindre bouton, ses pans écartés dévoilent un joli sillon resserré entre des seins, libres évidemment, qu’on ne peut certes pas qualifier de tailles ahurissantes, mais qui, a priori, sont gentiment ronds et fermes. Quant à sa jupe moyennement courte, elle vaut son pesant de cacahouètes ! Elle n’est en fait qu’une ceinture d’où pendouillent des rangs resserrés de perles colorées qui ondulent et s’écartent dès qu’elle bouge tant soit peu. S’écartent suffisamment pour qu’il soit très vite clair qu’elle ne porte rien sous ces rangs de gemmes qui me rappellent irrésistiblement les rideaux mouvants accrochés aux portes d’entrée des maisons en Italie. C’est d’ailleurs l’image qui s’est dessinée dans mon l’esprit et qui, par association d’idées, m’amène à imaginer que cette brune halée est sûrement méditerranéenne.
Mais au-delà de son insolente plastique parfaite, franchement, ce qui m’accroche avant tout, c’est la limpidité de ses yeux verts : je comprends immédiatement que j’adorerais me noyer dans ce regard captivant.
Casse-tête de perles emmêlées peut-être ? Quoiqu’il en soit, la brune élude la question.
Car, moi, décidément, j’ai littéralement flashé sur l’italienne. Je ne vois qu’elle ! Tout à fait mon genre, cette meuf !
Il faut croire que je suis dans un jour de veine, ou en tout cas, que la fille apprécie les grands bruns ténébreux car elle me tend la main :
Mon embarras fait sourire la belle. Je note au passage les clins d’œil complices qu’elle échange avec la dénommée Elaïa, ainsi que les bisous appuyés et croquignolets que les deux filles s’envoient l’une l’autre à distance (Oh oh, tiens donc…). Aux anges, je marche derrière ma guide, me régalant des oscillations des rangs de perles qui découvrent de-ci de-là les adorables fesses de la coquine.
Celle-ci, arrivée au bout du couloir, se retourne :
Ayant pris à droite, nous ne nous attardons pas devant la première porte vitrée, la pièce est occupée par un trio d’acrobates en pleine action… À la suivante, nous discernons, au travers de sa porte également vitrée, une pièce plongée dans une semi-obscurité : des murs noirs zébrés de rouge et contenant divers mobiliers dont on ne peut douter de l’usage ; croix de Saint-André pourvue d’attaches mains-pieds, chaînes à menottes pendues au mur, étrange chaise, avec au milieu de son assise, un double gode de taille assez monstrueuse, divers fouets dont un chat à neuf queues, etc.
La brune avait fait la moue :
J’acquiesce d’un geste. Passant à la salle suivante, la fille sourit :
Tout y est rose : les murs sur les côtés, le lit rond, les coussins, les deux fauteuils… Une vraie chambre Barbie, mais d’une Barbie triple X : miroirs derrière le lit et au plafond, godemichets roses et vibro (emballés dans des sachets plastiques, sûrement en gage de stérilisation) sur les tables de nuit… roses ! Sur une penderie à roulettes, des tenues Ken et Barbie en différentes tailles pour ceux qui voudraient jouer leur trip à fond. Des tenues qui, vu leurs ajours judicieusement placés, n’ont jamais figuré dans les panoplies habituelles de la célèbre poupée…
À peine la porte (vitrée bien sûr !) refermée, l’italienne tombe à genoux et en deux-trois mouvements me défroque pour avaler jusqu’à la garde mon membre, déjà au garde-à-vous, soit dit en passant. Je surpris d’une telle précipitation (Hé-merde, encore une vorace, je pense, un peu déçu !). Pour échapper à sa bouche, je recule, maladroitement d’ailleurs, empêtré que je suis par mon jean et mon slip tombés sur mes chevilles.
Vu son hésitation en fin de phrase, j’imagine que c’est le premier prénom qui lui est venu à l’esprit !
De peur de passer pour un blaireau, je quitte mes pompes, me débarrasse de mes jeans et chaussettes. Je me retrouve donc à moitié nu face à elle, flamberge dressée… en me demandant si je ne suis pas encore plus couillon que si je m’étais rhabillé. Mais bon…
Je suis à deux doigts d’être agacé ! Si elle n’était pas aussi canon…
Elle me fixe un instant, un peu ahurie, puis, prenant un ton théâtral, elle me débite, moqueuse :
Aussi surpris qu’amusé par la tirade, j’en reste baba et retrouve le sourire ! Sacrée nana ! Je me casse en deux, lui prends la main où je dépose un minuscule bécot.
Lina en reste comme deux ronds de flans, fixe le dos de sa main restée en l’air, scrute mon visage et paraît se poser des questions. Je ne sais pas quelles réponses elle se fait alors mais je la vois se métamorphoser totalement : elle abandonne sa mine moqueuse pour afficher un air désemparé ! Mine fermée, regard perdu, épaules affaissées ! Mais qu’est-ce qui lui prend ? Où est passée la fière insolente qui se moquait de moi quelques secondes plus tôt ?
Comme je vais pour lui répondre que je n’ai nullement l’intention de lui coller la honte sur #Dénonce ta truie, elle me pose son index sur les lèvres.
Gros soupir. Une, deux, trois, cinq secondes s’égrènent. Visiblement, ce qu’elle veut me dire lui coûte !
Si j’ai pu jusque-là oublier l’un ou l’autre détail, je me souviens mot pour mot en revanche de tout ce qui s’est dit ensuite, de chacun de nos gestes, de toutes nos attitudes.
Lina est debout devant moi, légèrement de trois quarts, adossée au mur rose. Quant à moi, totalement déconcerté par ce qu’elle vient de dire, je suis pantelant et réfléchis à toute berzingue !
Réfléchissant encore, je marque une pause avant de continuer.
Secouant la tête, Lina me sourit. Un bien pauvre sourire triste. Puis, sans doute pour me rassurer, elle ôte sa chemise, m’expose ses seins magnifiques qu’elle compresse vers le haut pour confirmer l’absence de cicatrices de chirurgie. Puis, les yeux visiblement embués, elle fait sauter le bouton de sa ceinture et sa pseudo-jupette coule au sol.
M’apparaît alors un adorable buisson, fourni, sombre, taillé en triangle étroit, pointant vers le bas bien entendu, comme pour signifier à un total benêt égaré à ce niveau : « Suivez la flèche ! ». Et puis son abricot, aux lèvres tannées, marbrées, charnues, et parfaitement épilées.
Une vision divine : la perfection existe donc en ce bas monde !
Les avant-bras relevés, les paumes tournées vers le ciel (ou du moins, vers le plafond miroir), j’exprime ma totale incompréhension.
Je vois ses yeux au bord des larmes, sa mine désespérée. Elle ramène vers l’avant la masse de ses longs cheveux sur son épaule et son buste, lève les bras, cale ses avant-bras sur le dessus de sa tête, se retourne et s’appuie sur le mur, les pieds légèrement en retrait comme un malfrat en état d’arrestation.
Alors là, oui, je comprends !
Tout le côté droit de son dos est une plaie hurlante, depuis sa nuque, quasiment jusqu’aux hanches. Un épouvantable magma de chairs boursouflées, de cicatrices blanchâtres, de striures rosées. Un terrible tableau, paysage chaotique effarant. Je comprends qu’on puisse en être choqué, que certains puissent en être révulsés et fuir au diable vauvert ; que d’autres puissent s’interroger sur « comment enlacer ce corps meurtri » et ne pas se sentir capables de toucher cette peau parcheminée mise à nu jusqu’au derme voire plus profondément encore. Je comprends aussi pourquoi Lina s’était légèrement tournée avant d’enlever sa chemise : la terrible coulée de lave s’étend sur les premiers arpents de son sein droit.
Je ne réponds rien. Je me dis fermement déjà que je ne poserai aucune question au sujet de cette épouvantable brûlure. Je m’approche d’elle, doucement. Je dépose précautionneusement une farandole de bisous et léchouilles sur son épaule et son cou. Sur sa peau dévastée.
Je suis pas expert et ne peux donc savoir à quand remonte cet épouvantable traumatisme mais elle ressemble à celle d’un de mes voisins, brûlé au torse il y a quatre ans. J’imagine Lina, reine de son lycée ou de sa fac, passée du jour au lendemain du statut de miss incontestée, au centre de mille et une convoitises, coursée en permanence par une cour de bourdons empressés bruissant sans arrêt dans son sillage, à celui de pestiférée mise à l’écart, montrée du doigt, fuie comme une lépreuse. Je pense aux souffrances physiques endurées dans l’univers glacé d’une chambre d’hôpital, à ses souffrances morales en voyant ses plus fervents admirateurs s’éloigner peu à peu. Je ne sais rien d’elle, j’espère me tromper sur son éventuelle solitude, mais je crois tout de même comprendre que cet abandon existe et lui pèse, elle qui ayant surmonté cette terrible épreuve doit avoir désormais une formidable envie de vivre, de partager, donner et recevoir.
Je bise son dos, embrasse chacune de ses meurtrissures, me retenant d’insister trop, d’appuyer fort car je ne voudrais pas lui provoquer des sensations désagréables, des élancements ou des douleurs.
Je continue d’embrasser le terrible champ de bataille.
J’élude sa question et fais diversion.
Je palpe résolument les jumelles claires tout en continuant à couvrir son dos de bisous. Lorsque mes mains, insupportables dévergondées, écartent légèrement les quartiers de lune pour faire apparaître le sillon, Lina se rebiffe et se retourne vivement vers moi.
Ouf, elle a retrouvé son sourire et son mordant. Comme je souris moi aussi, elle ajoute mezzo voce :
Je ris franchement et surtout, j’apprécie la précision donnée qui ouvre quelques perspectives, topo-géographiques certes, mais surtout… temporelles : « Pas ce soir ». C’est là une précision capitale : plus tard alors ? Une autre fois, signifiant l’éventualité d’une histoire entre nous, au-delà d’une simple aventure d’un soir ? Nous envisagerait-elle un avenir ? Trop beau pour être vrai ! Il faudrait qu’elle ait vraiment flashé sur moi !
Lina a retrouvé son air de chien battu.
Je marque un temps d’arrêt et me lance :
Cette déclaration spontanée dont je voudrais qu’elle puisse comprendre l’immense sincérité, ces mots totalement insensés mais dont je sais qu’ils sont parfaitement raisonnés à défaut d’être raisonnables, mes tournures d’une autre époque qui m’ont souvent fait passer pour un Jean de la Lune, ridicule rimailleur à quatre sous, ces mots, mes mots, statufient un instant la belle. Il faut croire qu’elle en est touchée car ses yeux embués débordent : des larmes barrent ses joues alors qu’un merveilleux sourire illumine ses traits. Comme je m’approche d’elle, elle ne se dérobe pas et je dépose un léger baiser sur sa bouche. Lina se jette contre moi, m’offre ses lèvres et nous nous étourdissons dans un profond baiser asphyxiant. Et nos bouches refusent de se quitter, et nos lèvres se retrouvent encore et encore, et nos langues s’agacent et s’affrontent dans de délicieux combats.
Oh, Vénus-Lina, je connais maintenant le goût de ta bouche ! Et j’adôôôre !
Je l’attrape sous les fesses, la soulève, elle s’accroche à mon cou et je la porte, comme une jeune mariée tremblante (tremblante, elle l’est assurément !) vers le lit rose bonbon. Je la dépose au milieu et m’allonge contre elle. Nous nous étourdissons dans une bulle duveteuse inondée de douceurs et lumières. Nos bouches affamées se retrouvent. Nous nous saoulons l’un de l’autre sans paraître pouvoir nous rassasier.
Mais les hommes sont ainsi faits que rien ne peut les rassasier, surtout pas un corps nu, chaud, totalement offert. Si parfait et tentateur. Très vite, ma main droite, impatiente, effrontée, part à l’assaut du sein droit, en caresse les contours sans négliger aucunement la zone meurtrie, en flatte la rondeur parfaite et incroyablement ferme mais n’ose pas encore frôler son téton érigé.
Nos baisers s’intercalent. Nos regards se fondent, tout ébahis que nous sommes de notre bonheur soudain, de la douce et irradiante chaleur qui nous a envahis. Furieuse chaleur en fait !
Ma bouche, moins romantique sans doute que mon âme chavirée, jalouse ma dextre et réclame sa part de Mont-blanc. L’entremets est beaucoup tentant ! Ma main ne semblant pas prête à partager le trésor crémeux qu’elle flatte, mes lèvres prennent possession du téton du sein gauche. Cette capture visiblement ravit Lina qui lâche un profond soupir d’aise. Je lèche, je suce, je lampe, j’agace délicatement le sombre obélisque grenu. La peau opaline des seins se hérisse, les mamelons paraissent vouloir se tendre davantage, durcir plus encore.
Ma bouche, reconnaissante, remonte un instant vers les lèvres entrouvertes, offre un baiser de remerciement, avant, gourmande entêtée, de plonger vers l’autre sein. Elle bataille avec ma main jusqu’à gagner la partie et capturer le second tétin : c’est qu’il ne faudrait pas faire de jaloux !
Mes doigts, frustrés par cette défaite temporaire, dégringolent gentiment sur le ventre plat, pianotent autour du nombril la quatrième Gnossienne de Satie (à moins que ça ne soit, vu leur tempo vite précipité, une folle tarentelle). Et les voilà qui déjà s’enhardissent, abordent la toison et perdent leurs phalanges dans les bouclettes du mini-triangle de jais.
Je réagis, je me révolte : je sais que si je les laisse faire, attirés par la chaleur qui sourd de la ria sans doute déjà submergée, mes doigts suivront bientôt la direction indiquée par la flèche frisée. Or, ces maladroits pourraient provoquer beaucoup trop tôt un processus irréversible en brutalisant une certaine perle nacrée. Je rue, je glisse sur le lit et descends vers l’épicentre volcanique, chasse la main importune. Ce sont ma langue, mes lèvres, ma bouche qui viennent, délicatement, parcourir les grandes berges dorées du doux ravin, déplient les frisottis des babines carminées que je vois foisonner généreusement et s’insinuent entre elles pour s’abreuver à la rivière tumultueuse. Entre les cuisses largement ouvertes, sans précipitation aucune, je découvre le coquillage, m’émerveille de la finesse de ses replis, m’enivre des parfums du bijou délicat. J’y décèle d’ailleurs des effluves de vanille et j’apprécie que la belle pousse la délicatesse jusqu’à parfumer sa fleur intime.
Je ne veux qu’une chose à cet instant : la porter, la pousser, la précipiter dans un maelström submergeant pour lui faire oublier… tous les connards du monde. C’est là mon but unique, lui faire ce cadeau. Je m’oblige à garder mon calme pour câliner encore et encore la délicate feuillée rosée des dentelles fragiles, les collines marbrées des grandes lèvres charnues, pour glisser doucement ma langue dans le canyon ennoyé. Longtemps, patiemment, en variant le tempo et la puissance de mes léchouilles, ne frôlant qu’à peine, et rarement, la perle sensible. Je guette chaque réaction de ma délicieuse abandonnée, chaque soupir exhalé, ses gémissements, les frémissements de son corps qui s’arque de plus en plus, se tend inéluctablement vers le point de rupture, la cote de débordement. Lina galope allégrement désormais vers la délivrance espérée. Les spasmes s’accélèrent, ses gémissements s’amplifient.
Ma langue glisse jusqu’au puits d’amour, s’insinue dans l’ouverture béante : cette intrusion coupe le souffle de ma victime vacillante. Je décide de porter l’estocade, mon pouce remplace ma bouche, il pénètre d’un coup la grotte dilatée, en agace la voûte, fouille, farfouille dans le fourreau brûlant alors que ma langue enveloppe franchement cette fois le clitoris exacerbé. Lina rue, son bassin se soulève, plaquant résolument ma bouche sur son fragile détonateur. Elle explose en plein vol, en vol vers des cieux lumineux, des paysages lénifiants. Tout son corps tremble sous la déferlante qui la tourneboule. La pauvrette crie, cri vaguement étouffé par le poing qu’elle a plaqué sur sa bouche.
Lina jouit, brutalement, longuement, merveilleusement. Infiniment…
Et moi, je jouis de son orgasme, je jubile du bonheur que j’ai pu lui offrir. Je suis aux anges… hé Lina !
…
Quand mon pouce abandonne son antre brûlant, que ma bouche décolle de son fouillis intime, le corps arqué de la belle se détend tout d’un coup. Les spasmes s’estompent peu à peu, les transes refluent, la peau hérissée se nivelle. Immobile désormais, je laisse mon heureuse martyre savourer tranquillement la douce plénitude de l’atterrissage cotonneux.
Je relève le museau, j’émerge d’entre ses cuisses, l’air goguenard et curieux.
Lina me renvoie un sourire très bravache. Amusé. Je décide d’enfoncer le clou.
Puis, voyant mon sourire bienveillant, elle se radoucit :
Je pèse la portée de sa réponse, soupçonne une amitié indéfectible ancrée peut-être, sans doute, dans les affres qu’elle a traversées. J’en suis ému… ce qui ne m’empêche pas pourtant d’insister sournoisement.
Faisant exprès de me prendre au pied de la lettre (mais n’est-ce pas là ce que je souhaitais en formulant ainsi ma question ?), Lina feint de s’offusquer !
Je me garde bien de répondre !
Là encore, je reste muet mais j’ai bien enregistré au passage sa non-opposition prometteuse…
Si je comprends ? Of course ! Inutile de me faire un dessin !
Ayant retrouvé toute son énergie, elle se redresse vivement. Ce faisant, son regard accroche mon braquemart toujours au garde-à-vous.
Elle effectue un rapide demi-tour en pivotant sur son centre de gravité, bascule à quatre pattes et sa main se pose sur ma hampe.
Sa main s’active sur le manche, sa langue râpe mon frein, sa bouche pompe le nœud. Et ce qui était annoncé arrive très vite, et un, et deux, et trois spasmes puissants me secouent. Mais bon, honnêtement, ce n’est pas l’extase du siècle, plutôt quelque chose comme un petit orgasme… en solde. Simple délivrance mécanique, histoire de vider les soutes pour mieux les remplir plus tard. Mais c’est sûr, ça fait du bien !
Elle s’est retournée vers moi, les joues comiquement gonflées et feint d’avaler particulièrement difficilement ma liqueur, avant de claquer sèchement du bec.
En guise de réponse, je lui roule un patin d’enfer.
Câline, Lina vient ensuite poser sa tête au creux de mon épaule. Pas dupe de ce qui vient de se passer, elle tient à me rassurer :
La voilà qui consulte un chrono imaginaire au creux de sa main.
Pas le temps de la charrier sur sa mauvaise foi (moins de vingt secondes, elle pousse un peu la meuf tout de même !). Alors que je me rhabille au plus vite, la belle se contente de renfiler sa chemise dont elle referme deux boutons cette fois et elle récupère sa jupette qu’elle garde à la main.
C’est dans cette tenue qu’elle déboule dans la grande salle :
Se penchant parfaitement et délibérément à l’équerre (Waouh ! spectacle irrésistible pour moi ! Lever de lunes jumelles et vue sur le canyon du Colora… beau !), elle roule à sa copine, une profonde pelle délibérément provocatrice.
Puis, cul nu et chatte à l’air donc, elle traverse tranquillement la piste de danse, tout sourire, salue, telle la reine d’Angleterre, les groupes des fers à cheval, recueillant au passage quelques rires et sifflets admiratifs, avant de filer vers les vestiaires. J’adore cette décontraction insolente et son exhibitionnisme tranquilou me ravit ! Sacrée pétroleuse !
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Oh, Jules, secoue-toi ! Range les violons ! Allez, t’as encore du chemin à faire, t’es pas au bout !
Je passe une main en essuie-glace devant mon visage, histoire de balayer mes souvenirs et je me remets en selle.
L’ascension finalement sera bien moins pénible que prévu. Je profite en effet des corniches plus ou moins obliques qui se sont formées du fait de la superposition des couches de roches basaltiques dures et celles plus tendres et plus érodées. J’ai juste à escalader, facilement, deux ou trois mètres à chaque fois que j’atteins le bout d’une corniche pour en trouver une autre que je redescends ou remonte selon son inclinaison jusqu’à trouver l’endroit propice à une nouvelle escalade. Finalement, c’est presque une ballade de santé, quasi finger in the nose pour un bon marcheur et excellent grimpeur comme moi.
Ascension tellement facile que j’en oublie de regarder le temps qu’elle m’a pris lorsque j’atteins le sommet de la paroi ! L’urgence en effet est de manger ! J’ai faim ! Je tire de mon rucksack le sandwich préparé hier soir par Elfjindur, ma logeuse : larges et épaisses tranches de pain noir aux épices, filets d’églefin… faisandés (!), œufs de saumon, épaisse tranche lard blanc genre colonnata, le tout nappé dans une sorte de gelée, d’airelles je crois mais je préfère ne pas approfondir… Bon, je n’apprécie que très moyennement mais c’est finalement un peu plus moins pire que je ne craignais. En outre, il faut bien le reconnaître : ça vous cale son bonhomme !
Je reprends ma route. J’ai, m’a-t-on dit, deux kilomètres à parcourir encore sur la lande avant d’atteindre la maison d’Ingunn. C’est elle mon but aujourd’hui : Ingunn.
Je marche d’un bon pas mais je suis sujet à des interrogations mêlées. Ingunn sait-elle quelque chose que j’ignore ? A-t-elle une information qui m’éclairerait ? En réalité, je n’y crois guère, j’en doute sérieusement même ! Eh non, je n’ai guère d’illusion !
Et donc, ce que je vais lui dire va sans nul doute la peiner. J’en suis désolé d’avance. Attrister une vieille femme me fend le cœur d’avance mais cela m’est absolument nécessaire. Je sais que ma démarche est parfaitement égoïste mais j’ai besoin de confirmations. D’une confirmation.
Alors, je marche résolument vers l’ancienne ferme auberge.
Je marche, comme chaque jour depuis presque deux années.
Comme chaque jour depuis l’évènement !
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Nuit sans lune, profonde obscurité que percent difficilement les phares un peu faiblards de mon camion. La route, en pente douce, est relativement rectiligne et je la connais par cœur : aucun nid de poule ne pourrait me surprendre, même dans ce noir charbonneux. Pas plus que les bancs de brume qui s’effilochent au passage du dix tonnes. De toute façon, le jour ne tardera plus à se lever. Bien avant que je n’atteigne Escot, mégalopole béarnaise d’un peu plus… d’une centaine d’habitants dont les deux tiers sont mes clients fidèles. Le moteur ronronne, enfin, façon de parler, car le moulin de mon vieux bahut fait toujours un sacré raffut, quel que soit son régime. Trop fort pour que je puisse allumer la radio, je n’entendrais rien. Les infos, je les écouterai à huit heures, avant de reprendre la route après
mon premier arrêt. Oui, à Escot, mes clients sont matinaux !
J’ai remonté la vitre de ma portière et actionné les essuie-glaces. Des gouttes de pluie, rares mais lourdes, s’écrasent sur mon pare-brise. Une simple averse ? La météo avait prédit grand beau temps pour aujourd’hui, température deux degrés au-dessus des normales de saison. Ah oui, c’est vrai, la présentatrice avait mentionné un faible risque d’orages très localisés. Pourvu qu’il soit vraiment localisé ce grain, la pluie, ce n’est pas bon pour mon commerce de plein air ! Et je n’ai même pas de stock de parapluies à vendre !
Je roule tranquille et parle tout seul au volant.
Je suis un homme heureux ! J’aime mon boulot, j’aime le contact clientèle et par-dessus tout, j’aime Lina ! J’adore Lina ! Je suis fou, je suis raide dingue de Lina. Depuis bientôt un an.
Lina, belle comme un soleil ! Lina qui éclaire ma vie !
Lina, gentille et douce. Câline. Intelligente aussi ! Adjointe du DRH d’une grosse boîte à Pau, elle gagne trois fois mieux sa vie que moi, mais elle s’en fout. Et je m’en fous. Bref, on s’en contrefout ! Elle sait que j’aime mon job, elle respecte ça. Elle m’envie même un peu, je crois, elle envie ma passion. Elle aime son boulot, oui, mais bon…
Je pars tôt tous les matins, j’ai mes après-midi de libres pour bricoler, regarnir mes vitrines réfrigérées, passer chez mon pote boucher pour récupérer les commandes de mes clients… Lina, elle, rentre souvent passées 18-19 heures. On en est que plus heureux de se retrouver. Je bénis chaque soirée, chaque nuit, chaque moment passé auprès d’elle.
Lina, mon soleil, ma lumière. Et délicieuse coquine aussi. Libre, licencieuse même, franchement portée sur la gaudriole, la bagatelle comme disent les vieux par ici. Bref, carrément obsédée par le sexe et les plaisirs, tous les plaisirs ! Passionnée, gourmande presque insatiable, provocatrice, prête à toutes les fantaisies. Une extravagance assumée traduisant son besoin fondamental, vital, absolu, de croquer la vie à belles dents pour annihiler d’un pied de nez les ombres et douleurs barbares de son passé. Et une revanche aussi sur tous les connards du monde qui l’ont rejetée, ostracisée, ghettoïsée.
Lina, partageuse également. Son ex-coloc et amie, Elaïa nous a rejoints trois mois après que ma belle a emménagé chez moi. Chez nous, pardon. Enfin, juste à côté, dans le logement miroir du nôtre : le quat’pièces, cuisine, salle de bains de la maison, double à l’origine. Papy et Mamounette avaient racheté la seconde moitié de la bâtisse quand elle s’était trouvée vacante, il y a un paquet d’années. Ce, pour y loger des locataires et s’assurer un revenu complémentaire. Mais cela faisait belle lurette que le logement était vide. Elaïa est donc indépendante de nous… mais cette petite futée trouve assez régulièrement des prétextes pour passer la porte communicante. Juste pour placoter avec nous, regarder un bon film, jouer au rami-rumi ou… pour s’inviter à dîner lorsqu’elle a oublié de remplir son frigo. Bon, quand elle déboule en nuisette vaporeuse ou en costume de Mickey, enfin de Minnie, de fée clochette ou de Vampirella, on sait que la soirée va être chaude… Attention, ce n’est pas ménage à trois mais un trio de temps à autre, ça ne fait de mal à personne ! Cela dit, parfois, pour peu qu’il y ait un match de rugby à la télé, je laisse les deux joyeuses luronnes s’amuser entre elles. Comme au temps de leur colocation…
Quand je ne parle pas tout haut au volant, je chante. Souvent, et quand je pense à Lina comme aujourd’hui, c’est Brassens.
♪ ♫ Tout est bon chez elle – y a rien à jeter – sur l’île déser– /
MERDE, c’est quoi ça ???
Mais PU-TAIN, QU’EST-CE QUE…