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Temps de lecture estimé : 16 mn
25/08/24
Résumé:  La fin d’une vieille brouille, le début d’autre chose ? La vie est ainsi faite qu’il faut garder espoir.
Critères:  fh
Auteur : Jane Does      Envoi mini-message

Série : Michel et les autres

Chapitre 04 / 04
L'épilogue

Résumé des épisodes précédents :

Chapitre I – La Genèse : une tranche de vie… quelques souvenirs aussi ! Le passé qui refait surface.

Chapitre II – Le Retour : tout revient à la surface. Les rancœurs, et les souvenirs… jamais rien ne s’efface.

Chapitre III – Les retrouvailles : le poids des mots, moments intenses et pour finir… la flamme qui naît ou renaît ?




Le décrassage rapide est entaché de baisers que chacun s’efforce de dispenser à son complice. Une manière particulière de garder vive la flamme qui les consume. Ensuite, il est temps de regagner le village et le domicile du couple qui héberge Agnès. Sont-ils attendus ? Vraisemblablement, puisque la porte s’entrouvre sur un Alain souriant. Les deux hommes se serrent la pogne et une réconciliation surprenante se fait jour. Yolande et son fils sont des observateurs privilégiés de cette paix qui se déroule sous les yeux d’une brune dont tous devinent qu’elle n’est pas étrangère à cette réunification. Les mecs s’expliquent dans le salon pendant que les dames préparent un repas « à la bonne franquette ». Quant à Clément, prudemment, il s’est retiré dans sa chambre. Pas question qu’il s’implique dans des histoires de « vieux ».


Dans la cuisine où Yolande et son invitée tambouillent, les oreilles tentent de capter la moindre parcelle de ce que se racontent les deux bonshommes. Curieuse tout de même, l’épouse d’Alain s’enquiert de l’occupation du temps par ceux qu’elle a laissés en tête à tête là-haut, sur la montagne.



Agnès détourne le regard de celle qui la bombarde de questions. Prêcher le faux pour savoir le vrai, une tactique qui la met dans tous ses états. Pas question d’avouer quoi que ce soit à celle qui potentiellement demeure une concurrente sérieuse pour la place auprès de Michel. De plus, de quoi aurait-elle l’air si elle racontait qu’avant cet après-midi, personne n’avait couché avec elle ? Ça n’existe que dans les romans ou les films à l’eau de rose, une héroïne vierge à plus de cinquante piges. De quoi avoir pour de bon, l’air d’une grenouille de bénitier. Et puis, ce qui est arrivé chez Michel, ça fait partie de son secret… elle ne va pas déballer ce qu’elle a appris dans la maison de la montagne. Oui ! C’est entre elle et celui qui est désormais son amant… nul ne doit mettre son nez dans leurs affaires.


Le repas se déroule dans une ambiance feutrée, sous le sceau d’une camaraderie retrouvée et les cinq qui partagent ce moment sympathique avalent autant de liquide qu’ils ne dégustent les aliments préparés avec bonheur par les nanas. La nuit est partout lorsque Michel décide qu’il doit réintégrer sa montagne. Un peu ivre, il chancelle méchamment et les convives qui sont là font tout pour le retenir.



Agnès s’insurge contre ce coup bas de l’épouse d’Alain. Michel ne relève pas l’allusion directe et son mari non plus, l’alcool noircit leur cerveau. Clément de son côté rigole, et se tasse dans son fauteuil. Il pose sa patte sur le bras de sa mère, lui conseillant par ce simple geste de se taire. La maîtresse de maison quitte la salle à manger avec un rictus sur les lèvres. Lorsqu’elle revient, elle porte une paire de draps et une couverture, pour préparer le sofa. Le fils du couple dessert la table en compagnie de leur invitée. Quant aux hommes, ils sifflent un dernier digestif, pour faire bonne mesure.



Le jeune garçon se plonge dans le rangement de la vaisselle que la brune termine d’essuyer et les deux restent silencieux. Agnès revit avec une certaine appréhension, les moments tendres de cette drôle de journée. Et l’irruption de Yolande dans la cuisine la sort de sa rêverie.



Yolande et son gamin rigolent de la blague lancée sur un sujet brûlant. Pourquoi se battre puisque de toute manière, elle a bien compris qu’elle est dans le vrai ? Alors la brune gagne la pièce qui lui est dévolue pour la nuit et il lui faut un bout de temps sacrément long pour s’endormir. Les évènements de la journée, les images aussi d’un passé lointain sont là qui flottent, bouleversant sans cesse les sens de la femme qui ne sait plus trop quoi faire. Le toboggan dans lequel elle laisse finalement son esprit couler l’entraîne vers un puits sans fond. Plus de conscience, plus de son, plus d’images, une délivrance pour le coup.


Alors ? Qu’est-ce qui peut bien la perturber soudainement ? La ramener dans le monde des vivants sans crier gare ? Un bruit ? Un chuchotement que lui distille son cerveau enfiévré ? Dans ce plumard inconnu, elle relève les paupières dans une noirceur absolue. Ses oreilles, elles sont grandes ouvertes. Et ce sont bel et bien des gémissements suspects qui l’interpellent. Mince ! Ça provient de la chambre de l’autre côté de la cloison, là où… Alain et Yolande sont censés roupiller. Pas de doute, le remue-ménage sourd se passe derrière la tête de son lit. Au bout de quelques secondes, les esgourdes de la brune s’habituent aux grognements, aux grincements bizarres et elle colle sur les sons des images.


Quelle santé ! Alain et Yolande, à n’en plus douter, s’envoient en l’air ! Un rictus naît sur les lèvres de la femme réveillée en sursaut. Pff ! Quelle idée de faire ça au tréfonds de la nuit, alors que leur invitée dort dans la chambre contiguë ! Mais un autre craquement singulier est intercepté par Agnès. Celui-là ne peut en aucun cas se situer dans la piaule où le sommier grince en cadence. Non ! C’est du corridor que le son distinct lui parvient. Comment est-ce possible ? Sauf si… Michel se serait-il aussi relevé et écouterait-il aux portes ? Pour en avoir le cœur net, en silence, pour ne pas déranger les ébats conjugaux du couple, elle quitte la tiédeur de sa couche. La porte… droit devant elle est atteinte sans que les gloussements amoureux ne cessent.


La clenche qui tourne sans bruit et les yeux de la brune devinent dans l’obscurité ambiante le rai de lumière qui se glisse par l’interstice sous le huis clos. Trait coupé par la présence à genou d’une forme qui visiblement suit aussi l’évolution charnelle des deux complices. Lentement, pieds nus et juste couverte d’une nuisette aérienne, Agnès s’approche de celui qui épie a priori par le trou de la serrure. Sa main se pose doucement sur l’épaule qu’elle croit appartenir à Michel. Et la silhouette a un véritable sursaut suite à ce frôlement. Prestement, l’homme se remet debout, sans rien dire. Et la patte qui est sur lui le guide vers la chambre d’où la femme vient de surgir…



Il détale, aussi à l’aise dans le noir que dans la lumière du jour. Dans la chambre, la partie de jambes en l’air est toujours en cours et Agnès se rend à la porte, tâtonne un moment et finit par tourner la clé dans la serrure. Un besoin d’être à l’abri et elle prend soin de laisser le sésame placé de manière à ce qu’il obstrue totalement le trou, rendant impossible une vision même partielle de sa piaule. Ouf ! Incroyable ce gosse ! Aller reluquer ses parents qui forniquent, c’est de la perversité précoce… sans aucun doute. Mais de là à le dénoncer, il y a tout un chemin qu’elle se refuse à emprunter. Demain, elle quittera cette maison et chacun pourra vivre comme il l’entend. Dire qu’un moment elle a espéré que ce soit Michel qui, encore à demi bourré, se trompait de chambre… Quelle déception, assurément !


Parce que sans qu’elle veuille bien se l’avouer, les murmures et autres gémissements qui continuent derrière la cloison lui mettent le feu… au derrière. Et ce gamin qui joue les voyeurs n’a fait que renforcer son sentiment d’envie et de besoin. Comment évacuer ce qui lui serre les tripes d’une manière si tenace et violente ? Elle a recours au seul moyen qui lui vient à l’esprit. Et du coup, le couple n’est plus tout à fait aussi seul à se donner du plaisir. Sûrement que leur fils s’astique également dans sa chambre et que la main d’Agnès vient soulager la pression et calmer sa faim de sexe. Elle est sans doute la première à jouir en se pinçant les lèvres, alors que Yolande lâche de plus en plus de soupirs. La brune se sent-elle mieux après avoir pris un plaisir solitaire ? Pas sûr… Elle est soulagée cependant de ne plus percevoir les cris tout juste contenus de celle qui baise à côté.



– xXx –



Au petit déjeuner, les bouilles restent hermétiquement fermées. Le cirque de la nuit a laissé des traces sous forme de cernes ombrés sous les yeux de Yolande. Elle pose le pot de café frais sur la table, et chacun se sert. Michel se gratte le menton, sa barbe naissante n’arrive pas à le rendre moins beau. Clément, quant à lui, se tient coi. Agnès tartine lentement deux tranches de pain grillées, et personne ne brise le silence qui entoure la tablée matinale. Enfin la maîtresse de maison se décide à ouvrir la bouche.



Évidemment, ces propos sont destinés à Agnès et Michel. La brune arrête le geste qui fait monter sa main vers son visage. Elle paraît réfléchir un court instant.



La trogne grise d’Alain s’éclaire d’un rictus se voulant risette.



Michel est de plus en plus gris. Le comprimé et le verre d’eau que pousse devant lui un Clément embarrassé sont ingurgités prestement. Ses grands yeux sont rivés sur Agnès et les trois autres sont suspendus aux lèvres de celle-ci. Eux aussi attendent une réponse de l’interpellée. L’intéressée cherche de l’air, puis crache enfin quelques mots chevrotants.



Le visage de Michel retrouve par miracle un peu de couleurs. Une sorte de soupir de soulagement, sa poitrine semble décompresser, ce qui n’échappe pas à Yolande. Son sourire à elle est plus franc, moins crispé.



Les yeux humides, la brune regarde un à un tous les participants de ce petit déjeuner du premier matin de son retour. La femme d’Alain lui assène une vérité. Des années à se morfondre, à rêver d’un amour qui en un unique après-midi s’est révélé prometteur. Alors, pourquoi se taire ? Pourquoi ne pas forcer le destin ? Sûrement parce que c’est une affaire entre deux adultes désormais. Et puis… Michel est toujours aussi silencieux. Si seulement il laissait filtrer ses sentiments, sans doute que ça la rassurerait. Elle se racle la gorge, tente de s’éclaircir la voix et… laisse tomber des propos qui vont sûrement l’engager pour longtemps.



Agnès quitte la cuisine sous le regard de tous. Il n’y a plus que le silence qui règne en maître dans la maison. Personne ne peut dire de quoi demain sera fait. Les explications viennent de mettre en exergue ce qui chatouille tous ces braves gens… une histoire somme toute banale, comme des millions d’êtres humains, chacun a sa petite part de bonheur ancrée en lui… et il est de bon ton de la faire ressortir au moment propice… Sous la douche, Agnès murmure une chanson…


Quand il me prend dans ses bras

Qu’il me parle tout bas

Je vois la vie en rose

Il me dit des mots d’amour

Des mots de tous les jours

Mais moi, ça me fait quelque chose



– Fin –