n° 22629 | Fiche technique | 57022 caractères | 57022 10408 Temps de lecture estimé : 42 mn |
09/09/24 |
Résumé: Partager ses rires, ses petits et grands malheurs, et pourquoi pas faire un pas pour rendre les autres plus heureux ? | ||||
Critères: f fh | ||||
Auteur : Jane Does Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Le bruit des pas sur les trottoirs Chapitre 02 / 02 | FIN de la série |
Résumé de l’épisode précédent :
Volet I : Les nouveaux venus
Scènes d’une vie commune. Les murs ont parfois des oreilles. Le voisinage n’est pas toujours déplaisant
Nous nous voyons tous les soirs de cette semaine où son ami n’est pas présent. Delphine cache avec plus ou moins de réussite, la nouvelle qui l’a secouée moralement. Mais il est vrai qu’elle ne me fait pas supporter le poids de ses déboires. En femme intelligente, elle sent que je suis peinée pour elle et elle n’en rajoute pas. En a-t-elle pris son parti pour autant ? Rien n’est moins certain. Pas fâchée pour elle de voir le vendredi du retour de Jonathan arriver. Et pas de Delphine chez moi ce soir, donc je songe que son copain prend la relève pour la soutenir. Les bruits familiers me donnent raison. Ils font l’amour dans leur chambre et j’en perçois les effets immédiats dans mon ventre qui… s’ouvre à une envie démente. Ça ne peut que lui… Non, nous faire du bien.
Le gars doit tenir une sacrée forme, parce que ça perdure une grande partie de la nuit. Et les cris qui accompagnent les assauts que j’imagine fougueux du mâle m’entrent dans les oreilles, entraînant avec eux un geyser qui m’oblige à changer les draps. Mince ! C’est de plus en plus violent et je suis vidée dans tous les sens du terme. Pourtant, j’ai toujours ce sentiment de manque que mon orgasme me laisse sur ma faim, qu’il n’est pas abouti. J’en connais le remède, mais ne sais pas comment dénicher celui qui saura terminer l’ouvrage qui me rend pantelante et surtout dépendante du sexe à chaque fois que de l’autre côté de la cloison… les amants baisent aussi fort. J’ai après cela un mal de chien pour trouver le sommeil, alors que chez eux tout est redevenu silencieux.
Je suis arrachée de mon état léthargique par un renouvellement des grandes manœuvres chez mes voisins. Et merde ! C’en est trop pour mon corps tiraillé par un vrai besoin. Je me lève précipitamment et file séance tenante sous la douche. Un peu de zénitude sous un jet plutôt tiède et retour dans ma piaule pour m’habiller. Pas encore finie leur partie de jambes en l’air et je me dis que la seule solution pour m’éviter de trop cogiter, c’est bien de prendre l’air. Alors… la rue est là avec ses inconnus qui vont et viennent, se fichant pas mal des états d’âme de la cinglée qui crève d’envie de cul. Me faire baiser devient une obsession. Oui ! Faire l’amour, à tout prix, le plus vite possible, c’est un leitmotiv. Ça va cependant rester au stade du désir. Il faut un courage que je ne possède pas pour oser sauter sur le premier venu…
Mes pas me ramènent à la boutique « Chantelle » où je reconnais le frais minois de la vendeuse. De son côté, elle semble me remettre immédiatement et le sourire qu’elle arbore est un pur bonheur…
La femme rougit. Mais elle ne réplique pas et nous nous rendons toutes les deux vers les cabines. Le problème c’est que pour passer ce genre d’article il faut au préalable retirer ceux que l’on porte déjà et… j’ai bien peur que ma culotte soit tachée. Heureusement, la vendeuse ne va pas jusqu’à me regarder me changer. Elle attend sagement de l’autre côté du rideau. Et c’est vrai que la dentelle me donne une sensation agréable. Reste à examiner dans le miroir si ça me fait un beau cul. Et franchement, c’est un ravissement. Ça me saute aux yeux et me plaît énormément. Résultat ? Le froufrou termine sa course dans un sachet et mon porte-monnaie se fend de quelques billets. Je ne me sens pas moins en chaleur, mais ça a l’avantage de me détendre les nerfs. Les yeux de la nana du magasin me couvent durant tout le temps que dure mon paiement.
Malheureusement, elle n’a pas les attributs qui me permettraient de passer le cap de l’envie, ou plus simplement d’assouvir ma fringale toute féminine. Et je l’abandonne à des idées qu’elle n’a pas forcément, mais que mon esprit se plaît à imaginer… voir à imager tout bêtement. Non ! C’est d’une bonne queue dont j’ai besoin, et surtout une envie quasi boulimique, à force de suivre les coïts fréquents du couple qui vit près de chez moi. Deux heures de balade en ville, il est temps de rentrer. En déposant mon achat dans la salle de bain, dans la panière du linge à laver, je constate que les amants sont muets, enfin. Je peux souffler un peu. Et je prépare donc mon repas en rêvassant à un beau sexe bien bandé… sans visage. Là, je me mens un peu ! Il y en a bien un qui me plaît…
Mais je n’ai seulement pas le droit d’y penser. Alors, puisque c’est chasse gardée, je me plonge dans la mastication de ma salade. Je me réconforte avec un verre de Chablis, ce qui fait que la vie me parait du coup, plus sympathique. J’arrive à somnoler après mon repas et le silence à des effets bénéfiques sur ma sieste. Je plonge dans des rêves dont il ne reste rien à mon retour sur terre. Et ma soirée est douce également, rien ne venant l’entacher de sons érotiques qui me crucifieraient de nouveau. Les heures sombres m’entraînent vers un début de semaine tout neuf et… un lundi qui au boulot est lui aussi apaisé. Il n’y a pas de manifestations tous les dimanches dans notre bled, fort heureusement. Comme le dit une chanson : « ça balance dans les assurances ! »
Le mercredi soir, une visite sur mon balcon, et je suis saluée par Jonathan. Seul, il est appuyé à la balustrade et d’un signe de la patte, il me fait coucou. Je ne vais pas m’enfuir, bien que j’avoue que l’idée de filer me titille. Lui ne peut pas savoir et s’approche de la séparation entre nos espaces aérés respectifs.
Il hausse les épaules et puis sans cesser de me regarder, il réplique à mi-voix.
C’est de bonne guerre. Une fraction de seconde, j’ai cru qu’il allait me demander de… leur faire ce bébé qu’ils ne peuvent avoir. Mais je dois me tromper et je n’ai nullement l’intention de passer pour une gourde ou… pire une folle aux yeux de ce type qui ne me laisse pas totalement indifférente. Je perçois dans ses prunelles des éclats brillants. Mince… je suis clouée sur place et ne peux pas quitter ses mirettes. Le ressent-il également ? C’est l’arrivée inopinée de Delphine sur le balcon qui me sauve d’un naufrage inévitable. Elle s’annonce en se récriant :
Il rit de sa boutade, mais Delphine ne semble pas apprécier son humour bizarre…
Je saisis d’un coup que ce qui l’empêche de s’étendre sur le sujet, c’est ma présence. Alors, je recule et cherche à m’éclipser. Une pirouette et je trouve la parade.
C’est la blonde qui me lance cette phrase sans animosité particulière et le couple rentre dans sa salle à manger. J’en fais autant et le dialogue s’arrête là. Mais j’ai eu un vrai coup de chaud lorsque lui m’a dit… que m’a-t-il dit du reste ? Ah oui : « tu peux nous donner un bébé… ». S’il savait comme le sentir, le toucher me ferait un bien fou. Seulement, il est avec Delphine et pas question que j’aille au-devant d’ennuis dus à un instant d’égarement. Je n’ai jamais non plus rêvé de maternité, et pourquoi donc cette simple phrase révèle-t-elle au fond de moi un instinct inconnu ? Serais-je capable de leur faire ce bébé que sa compagne ne pourra jamais lui offrir ? Drôle comme une conversation, amicale à la base, se transforme en dilemme dans ma caboche !
Rebelote, dans ma cervelle, c’est une pagaille monstre. Je vis entre songe et réalité. Si quelques sons me parviennent dans la fin de soirée, ils n’ont rien à voir avec des vocalises amoureuses. C’est même, disons-le, un tantinet orageux, ce qui filtre de l’appartement mitoyen. Bon, une explication qui à mon avis va se muer en joie un peu plus tard. Les réconciliations sur l’oreiller ne sont pas un mythe chez les gens qui s’aiment vraiment. Et les disputes engendrent de l’adrénaline qui trop concentrée se libère sous une autre forme. Ça ne rate pas… lorsque je viens me coucher, derrière la tête de mon lit… c’est très net. Ils ont trouvé un terrain d’entente du genre agréable. Je suis une accompagnatrice plus silencieuse, mais pas moins assidue de ce revirement de situation… et mes doigts se font lutins.
— xXx —
Un laps de temps d’au minimum quinze jours après l’incident du balcon sans que je revoie l’un ou l’autre des tourtereaux. Par contre… je pourrais noter sur le calendrier les soirs où ils ne font pas l’amour. Les croix seraient moins nombreuses que celles des nuits fastes. Et c’est un vendredi soir que je découvre dans ma boîte à lettres un mot de la main d’un des membres du couple. En fait, une invitation à aller dîner le samedi soir à leur domicile. Sourire de voir qu’ils ne m’oublient pas dans mon coin et… je m’empresse de mettre au frais deux bouteilles, de mon blanc préféré. Et demain matin, je me rendrai chez la fleuriste du bas de la rue… un bouquet pour Delphine, c’est la moindre des attentions. Pourquoi ne pas être venu frapper à ma porte ? J’en devine la raison en constatant que tout est silencieux dans l’appartement de mes amis.
Les câlins se font ailleurs et je passe finalement une nuit plus sereine. Côté « caresses », je parle, puisque rien ne vient troubler mon sommeil. Et à mon réveil, j’en arrive à me demander si ce n’est pas néfaste pour ma santé ou ma libido d’avoir des voisins qui… passent leurs temps libres, la culotte en l’air. Accro ? Suis-je accro à cette étrange sexualité qui est la mienne en ce moment ? Masturbations, branlettes à chaque accouplement que je perçois, est-ce que c’est « normal » ? Le sentiment que j’abuse de ce moyen manuel pour me donner du plaisir demeure dans ma tête une partie de la matinée. Jusqu’à ce que je me rende en ville, chez le fleuriste pour y dégoter un bouquet. Le samedi matin, c’est un peu l’effervescence dans les rues.
Anonyme parmi les anonymes, je ne me préoccupe pas de ces gens que je croise. J’ai un but, je m’y tiens. Et j’en profite pour acheter du pain et faire une halte dans un bar. Depuis des mois que je n’ai pas mis les pieds dans un tel endroit, je me sens la cible de clients esseulés, de vieux bonhommes qui, accoudés au zinc, se taisent à mon entrée. Finalement, je bois une bière pression avec l’impression très nette d’être une intruse dans un monde auquel je n’appartiens pas. Vite, avaler ma bibine, je file le plus vite possible, loin de ces yeux brûlants. Ai-je tort ou raison ? Je ne veux pas disséquer le malaise ressenti d’être pareil à un phare, au centre de paires d’yeux concupiscentes.
Dix-neuf heures ! Sur le palier face à ma porte d’entrée, mon doigt appuie sur le bouton et le bruit du carillon résonne dans l’appartement. Delphine ouvre, sourire au coin des lèvres. Un pull ras du cou, qui lui moule la poitrine, une jupe sage qui flirte avec ses genoux et une paire de mules surmontées d’un pompon « tête de chat » … et un maquillage exagéré pour la circonstance. C’est seulement sa voisine qu’elle reçoit, pas une personnalité hors du commun.
Elle reçoit les roses blanches et le sachet contenant les deux flacons de vin blanc.
Elle rit. Pourtant, je sens que c’est forcé. Pas naturel du tout, mais n’en saisit pas la signification. Oui, cette jeune et jolie blonde semble dans ses petits souliers. Après tout, je suis invitée et ne vais pas jouer la psy. Je me dirige donc avec elle dans mes pas, vers le salon du couple. Son homme est là qui se lève de son sofa pour me saluer.
Un long blanc suit ces quelques échanges et Delphine arrive avec son sourire figé.
Elle fait volte-face et revient quelques secondes après, un plateau à la main. Verres, champagne et verrines amuse-gueule qu’elle s’est donné la peine de réaliser pour un dîner entre amis. Entre le ravalement de façade, les préparatifs d’un repas de roi, et la réception d’une petite voisine, ça fait beaucoup… Elle attend forcément quelque chose ! Prudente, je laisse venir et si l’apéro traîne en longueur, elle justifie cela par la cuisson au four de son repas. De toute façon, demain c’est dimanche et je n’ai rien de prévu. Le temps ne m’est donc pas compté. Enfin, nous passons à table et je la vois de plus en plus nerveuse. Elle se tord les doigts entre chaque bouchée, jette de fréquents coups d’œil à son homme, comme si quelque chose lui restait en travers de la gorge.
C’est Jonathan qui, la sentant très désorientée, la pousse à se délivrer du poids qui l’oppresse.
Je suis scotchée par de tels propos. Je ne m’attendais pas à une demande aussi… brutale, aussi spontanée. Et mince, alors ! Ça me trotte dans le ciboulot, mais je n’aime pas trop prendre des décisions à chaud, à l’arrache, quoi ! Et là, ça tourne dans ma tête. J’entrevois aussi de multiples possibilités… dont celle non négligeable, de coucher avec le beau gaillard dont les yeux restent plantés dans les miens. Delphine aussi me fixe avec une force qui me transperce. Bon ! Je dois répondre, dire quelque chose, et je ne sais pas quoi justement. Ménager la chèvre et le chou ? Soudain, une idée jaillit qui me redonne un peu d’assurance.
Elle remplit nos verres et la seconde bouteille de Chablis se vide complètement. J’ai la gorge sèche et bois cul sec sans trop m’en rendre compte. J’accuse le coup et demeure muette un moment. Le couple aussi se tait, accroché aux mots qui vont sortir de ma bouche. Pour Delphine, qui vient de se jeter à l’eau, je peux comprendre, mais pour son copain… il semble aussi d’accord avec sa femme ! Et tout à l’heure, il me mettait en garde contre les idées fantaisistes de Delphine… où est la vérité dans tout ceci ?
Je n’ai guère le temps de réaliser que déjà elle est debout près du siège que j’occupe face à son ami. Ses bras me serrent le corps et elle se baisse pour ce que je crois être un bisou. Mais nenni ! Ses lèvres viennent se coller à ma bouche et, surprise par sa fougue, allez savoir pourquoi, mais je lui rends sa pelle. Et quelle découverte là, sous les yeux de Jonathan qui ne bronche pas ! Je n’en reviens pas. La blonde m’embrasse goulûment et je fonds. Oui… c’est viscéral, c’est inouï. Comment est-ce possible ça ? J’ai les paupières fermées et je savoure ce baiser enflammé que me distille ma jeune voisine. Elle me prend par la main, en caresse le dos tout en me cramponnant le haut du corps. Hein ? Mais… pas croyable, comment peut-elle me caresser la patte puisque ses mains me tiennent par les épaules… et je sais… à qui cette main appartient.
J’en suis toute retournée. Mon Dieu ! Je ne veux pas qu’elle s’imagine qu’en me roulant une pelle ça va me décider. J’ai besoin de temps, de beaucoup de temps pour assimiler toutes les infos que mon cerveau vient d’enregistrer lors de cette discussion surréaliste. Leur faire un bébé ? Je ne sais même pas si c’est faisable… ou vivre à trois ! Est-ce que c’est vrai tout ce qui vient de m’être enfoncé dans le crâne d’une voix suppliante ? Puis il y a le beau Jonathan et sa si douce chaleur qui me cajole le dessus de la pogne. Ça me chavire pour de bon ! Le baiser suivant c’est bien mon visage qui vient le quémander aux lèvres pulpeuses et rougies à outrance, de la blonde Delphine. Dans un sursaut, je me détache pourtant de la femme.
Et la blonde nous abandonne pour sa cuisine. Les bruits des préparatifs de la cafetière nous reviennent et c’est au tour de Jonathan de se lever. Il s’approche de moi et me murmure quelques mots.
Il n’y a plus de paroles. C’est moi, et j’en suis très consciente, qui vient coller ma bouche à la sienne. Il n’oppose aucune résistance et sa langue danse un slow savoureux avec la mienne. Nous réitérons plusieurs fois ce geste si simple de nous embrasser. Et ses doigts fondent sur ma croupe alors qu’il me tire contre son torse. Je peux sentir contre mon bas-ventre une excroissance emprisonnée dans son pantalon, qui se frotte contre le tissu de ma jupe. Et au bout d’une longue série de reconnaissances labiales, en ouvrant les yeux, j’ai la vision souriante de Delphine qui nous observe. Elle avance, pose trois tasses, et un breuvage noir odorant coule dans chacune d’elles.
— xXx —
Après le café, je suis rentrée chez moi, complètement à l’ouest après cette soirée démente. Il ne s’est rien passé. Non que je n’en ai pas eu envie, loin de là, mais je tiens à garder la tête sur les épaules et… si j’avais fait l’amour avec Jonathan, je crois bien que j’aurais tout accepté, sans condition. Et je veux être certaine de ma ou mes décisions. Mes explications ont été suffisamment convaincantes pour que ni elle ni lui ne tentent de me garder pour la nuit. Je dis « elle » parce que je la sens autant, sinon plus que lui, attirée par une partie de jambes en l’air en trio. Ce qui somme toute n’est pas pour me déplaire. Je dois cependant faire le vide en moi et peser le pour et le contre de toutes les décisions qui vont m’engager dans un sens ou un autre. Offrir mon ventre pour le bonheur du couple, et en retour devenir ainsi une maîtresse, une amante de l’un ou l’autre ? Voire de l’un ET l’autre !
Porter un enfant n’est pas une mince affaire. Ça mérite que je m’y attarde réellement pour être certaine que la voie que je vais emprunter est mûrement réfléchie et surtout… assumée. Il reste un aspect que je n’ai pas abordé et qui a une certaine importance. Je suis en fin de trentaine et seule. La vérité c’est qu’à trente-huit piges je frôle le moment ou la procréation devient moins simple. Leur proposition est une aubaine, qui sait ! Je n’ai pas à me faire de souci, pour le mâle, les échos nocturnes qui envahissent mon espace de nuit sont éloquents et je sais à quoi m’en tenir. Il y a également cette frustration engendrée par les écoutes quasi quotidiennes de leurs ébats. J’ai l’impression que je suis déjà en leur compagnie depuis… des mois, même si quelques centimètres de mur nous séparent.
Je reconnais aussi que du rêve à la réalité, il y a un sacré fossé. En est-il pour autant infranchissable ? Les baisers échangés lors de la soirée « présentation de leur projet » sont des preuves évidentes de la faisabilité de ce qu’ils attendent de moi. La crainte toute au fond de moi de donner la vie à un être nouveau est quelque part perturbante. La cohorte de contraintes, de peurs, de sacrifices qui vont de pair avec la maternité est de nature à me donner la chair de poule. Il n’en demeure pas moins vrai que plus j’y songe et plus je me sens… conquise. Si j’hésite toujours à leur donner le résultat de mes tergiversations, ce n’est que par crainte de ne pas être à la hauteur de l’espoir qu’ils mettent en moi. Bizarre, non, comme excuse ?
Les jours qui suivent me font me creuser la cervelle et j’en arrive presque toujours à la conclusion que « oui, mais » … et ce, mais me tétanise sur des détails. J’imagine aussi que dans l’appartement voisin, les deux amants s’inquiètent de mon long silence. À tel point que de temps en temps, alors que je me dissimule dans mon coin sous le rideau, je devine le museau de la jolie blonde qui passe son nez par-dessus le muret qui interdit le passage entre chez eux et chez moi. Ce n’est pas que je refuse de me montrer, simplement je recule le plus possible le moment de donner une réponse qui va engager au minimum trois vies. Quatre si la décision est favorable, j’admets que je penche de plus en plus vers la réalisation de leur rêve.
Un dimanche matin, à l’heure de l’apéro, je passe ma trogne par le bout de mon balcon. Delphine et son homme sont allongés en maillot de bain sur des transats au soleil. Elle fait un bond de cabri quand elle m’aperçoit et lui lève la tête. Un joyeux salut et la blonde se précipite vers moi.
Il me faut une bonne inspiration pour oser sortir sur le palier, traverser les deux ou trois mètres pour arriver à leur entrée. Je retiens mon souffle et le bruit de la clé qui tourne dans la serrure me file les jetons. Elle est là ! Très fine avec sa poitrine démesurée par rapport à son torse. C’est vrai qu’elle a une avancée mammaire imposante. Je dois faire figure de planche à pain face à cette laiterie débordante. Je juge ce mot de « laiterie » déplacé, et me félicite de ne l’avoir que pensé. C’est vrai que ces deux seins là ne feront jamais l’office pour lequel ils sont initialement prévus.
Il n’y a plus un bruit. Comme nous sommes en hauteur, il n’y a aucune mouche à entendre voler. Plus un souffle, comme si tous venaient de s’arrêter de respirer, et ça perdure une longue période. La vie pourtant reprend ses droits et celui qui soupire le plus fort, c’est bien le mâle de l’affaire. Il se redresse de son long siège de toile. Assis, la tête tournée vers moi et sa compagne, il se hasarde dans une phrase qui a le mérite de rompre le lourd silence.
Je n’ai pas l’occasion de dire un mot supplémentaire. Elle vient de m’enlacer et sa bouche s’attelle à carrément manger la mienne. J’en apprécie la venue et surtout le long séjour qui nous embrase les sens. Nos langues papillonnent en savourant nos salives. Je suis haletante à l’issue de cette nouvelle pelle qui me rend dépendante de celle-ci. Et d’autres suivent. Toutes ne sont pas du fait de la blonde puisque son complice se joint rapidement à notre duo féminin. C’est impensable, mais les sons de sexe qui volettent dans l’air sont désormais liés. Les leurs qui jusque-là ne transpiraient que par le mur interposé se mélangent avec le bruit de mes soupirs. Nous nous cajolons de concert sans nous soucier des étages supérieurs qui sont susceptibles de profiter de la vue et du vacarme que nous ne cherchons pas à atténuer.
Je fais l’amour pour la première fois de ma vie avec une femme. Et quelle équipée ! C’est une découverte, qui m’entraîne dans des gémissements de plus en plus stridents. Elle donne, je reçois et à mon tour, maladroitement sans doute, je répète sur un corps qui ressemble au mien des caresses identiques à celles que Delphine vient de me prodiguer. Je peux réviser mon jugement sur les seins de la blonde. Ils ont une taille énorme, mais restent bien plantés sur son buste et n’ont aucune velléité malgré leur masse à plonger vers le bas. Elle est sacrément bien gaulée. Son sexe entièrement épilé contraste bougrement avec celui qu’elle dévore avec un appétit féroce.
Celui qu’elle a sous la langue n’est pas totalement glabre et apparemment elle ne s’en trouve nullement dérangée. Jonathan quant à lui est resté en slip de bain et ses mains douces voyagent d’un corps à l’autre sans aller aux endroits précis que nous nous léchons avec une certaine passion. Patient, il attend son heure, et si de temps à autre je peux apercevoir le tissu de son slip hyper tendu, il ne cherche pas à nous prendre, pas plus à nous interrompre dans nos jeux entre dames. Drôle et saugrenue, la question qui germe dans mon esprit ! Comment peut-il rester aussi stoïque alors que nous râlons sous son nez ? Combien de temps peut-il demeurer en érection sans que ça le démange d’entrer dans une de ces chattes bien humides et disponibles devant lui ?
Je n’aurai jamais de réponse à mon questionnement hautement existentielle. Je suis prise d’une véritable frénésie et tous mes muscles se mettent à trembler, mon corps vibre pendant que les coups de langue sur mon clitoris redoublent d’intensité. Je suis emportée par une lame de fond qui me propulse dans un orgasme imprévu. Et dans ce déchaînement de couleur extraordinaire, je pars dans une jouissance sans borne. Quand j’émerge de cet état semi-comateux engendré par ces câlins trop bien prodigués, c’est pour m’apercevoir que les deux amants m’entourent de leurs bienveillantes câlineries. Lui me masse doucement le dos et elle passe et repasse ses paumes sur mon visage en lissant très délicatement une mèche de cheveux en travers de mon front…
Elle me sourit, son ami va vers l’intérieur de l’appartement et je suis encore à demi groggy par ce qui vient d’arriver. Mais ravie également. Et nous passons un casse-croûte enchanteur. Les baisers entrecoupent le repas et c’est à mon tour de mettre des images réelles sur l’accouplement de mes voisins. Non seulement j’ai le son bien plus distinct, mais de surcroît… je détaille tous les gestes de généreuse tendresse de ce garçon qui fait l’amour à Delphine devant moi, sans aucune gêne. C’est très… érotique, ce bouquet changeant de positions, adopté par deux amants en rut. J’apprécie de voir ce que j’imaginais depuis des mois… et je suis impatiente de songer que mon tour va arriver. Le vin italien qui accompagnait nos tartes était divin… il me monte à la tête !
— xXx —
Ce premier jour, je reste sur ma faim. Je ne pousse pas à la roue, attendant seulement que lui se décide. Pas que je n’en ai pas envie, loin de là. Je ne tiens nullement à montrer ma fringale de sexe et pour être tout à fait franche, je veux que ce soit Jonathan qui fasse le pas décisif. Histoire de leur prouver que je ne suis pas celle qui quémande à tout prix de l’affection. Nous nous voyons de plus en plus, nos repas se prennent pratiquement tous les soirs en commun. C’est une de mes idées aussi que celle d’imaginer ouvrir une porte, dans le fond de nos salles de bains qui sont contiguës. Pour plus de praticité et surtout pour que nos allers et retours incessants dans le couloir n’attirent pas l’attention des autres propriétaires des étages supérieurs. Le mercredi qui suit la découverte entre nanas des amours saphiques, c’est donc chez elle que ma blonde amie tranche et met les pieds dans le plat.
Elle rit de bon cœur et je fais de même. Au bout de la table, Jonathan suit notre conversation et se raidit sous les paroles de sa compagne.
Je lance ces quelques mots avec la voix enrouée. L’émotion du moment ? Ou tout bêtement la peur de ne pas être à la hauteur de l’évènement ? Je ne garde pas un souvenir très précis de la date de la dernière fois où le loup est entré dans la bergerie. Ça remonte à… pff, bien loin ! Curieux comme j’appréhende le moment où la blonde va décider qu’il est l’heure pour elle, d’aller se pieuter. Et qu’au fond de moi, je me sens survoltée, prête à renverser des montagnes. Nous refaisons le monde encore plus de trente minutes et… me voici au pied du mur.
Il a l’air tout couillon. Est-ce que de mon côté je ne montre pas une pareille figure ? Aucune idée, mais Delphine campe sur sa position et elle nous accompagne jusqu’à sa porte. Et avec un sourire espiègle, elle nous ouvre.
Puis, sa petite frimousse de fouine, alors que je suis déjà dans la cage d’escalier, se penche vers mon oreille et elle me susurre.
Je la prends dans mes bras et… vache pour vache…
Un peu plus loin, devant ma porte, nous rions de voir notre homme qui se demande ce que nous avons à faire des messes basses dans le couloir. Elle et moi nous nous embrassons à bouche que veux-tu et je file rejoindre le gaillard qui prend racine sur mon paillasson. J’ouvre et un dernier coup d’œil vers celle qui doit intérieurement se faire du mouron, un signe du bout des doigts et… je suis seule avec l’ami de mon amie. Dans le hall, je suis prise d’une espèce de panique que je tente de camoufler comme je le peux. Est-il si dupe ? Non évidemment, mais son désarroi n’est-il pas aussi immense que celui que j’affiche là ? Quelle attitude adopter ? En parler c’est bien différent de se retrouver en posture de le réaliser.
Le temps de recouvrer nos esprits, et il s’approche de moi. Ses bras largement ouverts m’indiquent clairement qu’il envisage de me serrer contre sa poitrine. D’un élan commun, nous avançons l’un vers l’autre. Et immédiatement, les gestes ancestraux qui réunissent les hommes et les femmes ressurgissent là. Spontanément, nos deux frimousses vont à la rencontre de celle de l’autre. Quand nos bouches se soudent, je sais que le pas le plus important de toute cette histoire vient d’être franchi. Le baiser est long et montre une saveur bien différente de celle qui ressort des pelles que nous nous roulons sa belle et moi. C’est plus viril, plus masculin si j’ose dire. Je me sens soulevée, et il me porte. Il sait avec exactitude où se trouve ma chambre, bien qu’il n’en ait jamais passé le seuil.
C’est avec toute la délicatesse du monde qu’il me couche lentement sur le couvre-lit. Je me sens très bizarre. Puis ses mains me caressent les joues, elles suivent les contours de mon visage. Il est patient, ouvre un à un les boutons qui gardent fermé ce qu’il connaît déjà pour l’avoir senti ou regarder sous les doigts de sa femme. Ça prend un temps infini avant que je sois en culotte et soutien-gorge. Ses lippes parcourent un lent voyage qui va des rives de mon cou à ma poitrine. Ses paumes s’emparent de ce qui doit lui paraître bien maigre, au vu et su de ce que d’ordinaire elles empoignent. Mais je suis si loin de ces considérations ! La bouche sur mon ombilic fait décrire à la langue des circonvolutions chatouilleuses aux abords de ce minuscule cratère. Et lorsque la baveuse s’enfonce en son centre… je soupire d’aise.
Mes bras se raccrochent à tout ce qui peut me permettre de me donner une contenance. Sa nuque en premier lieu, puis suite à ses reptations, son buste me sert de garde-fou. De plus en plus bas, sa langue s’excentre légèrement, évitant d’aller trop directement dans la fourche fermée de mes jambes collées l’une à l’autre. Mais son insistance à fouiner dans ces parages, et délicatement, sans aucune intervention manuelle de sa part, il parvient à les disjoindre et très, très délicieusement la tête tout entière vient se loger dans le compas élargi. Ma seule ressource pour qu’il ne s’enfuie pas est bien de lui poser mes menottes sur sa tignasse châtain. Et pas vraiment pour le faire renoncer. En a-t-il seulement l’idée ? Bien sûr que non. Et ce sont d’autres lèvres qui s’extasient d’un baiser terriblement excitant. J’en frémis de tout mon être.
C’est fait ! Je suis à lui et il me secoue tendrement. J’adore ces coups de reins et ma gorge laisse échapper des chapelets de soupirs. Gémissements, cris d’amour, je ne parviens pas à tout retenir. Combien s’échappent pour monter dans le silence de l’appartement ! Pas une seconde, il ne me vient à l’esprit que ce que j’ai subi des nuits durant, Delphine ne peut que le capter en ces instants décisifs. Jonathan me fait l’amour et c’est trop bon. Notre premier galop d’essai est traditionnel à la « missionnaire », avant que ne s’enchaînent des tas d’autres postures dont certaines sont totalement improbables. Je ne détermine pas du coup, quand il se lâche en moi. L’a-t-il fait plusieurs fois ou juste un unique ensemencement ? Je ne saurai jamais. Mais sa semence coule le long de mes cuisses, lorsque je récupère quelques forces.
Pour une remise en condition, je suis servie. J’avais oublié combien elles peuvent être tendres et dures à la fois ces intromissions qui ont bercé ma fin de soirée. Et je sais maintenant de quelle manière ma jolie voisine blonde est baisée. Jonathan y a mis tout son cœur et il y a laissé de l’énergie, mais alors que mes paupières se ferment sous la fatigue, lui trouve de la ressource pour frotter son vit le long de mon minou. Il bande moins fort, mais le frottis de sa verge sur toute la longueur de mes grandes lèvres, très lentement, me tire encore des soupirs. Et c’est presque aussi bien qu’une pénétration en règle. Je comprends à la dernière seconde que cette autre forme de procéder l’excite suffisamment pour qu’il soit une fois de plus en mesure d’éjaculer. Et… il s’enfonce dans mon vagin, à l’extrême limite du débordement ou de l’éclatement. À cet instant précis, je ressens entièrement toutes les vibrations de cette queue qui se vide dans le calice… en m’arrachant un gémissement.
C’est fini. Je suis la maîtresse de l’homme de ma copine, avec son assentiment, pour ne pas dire sa bénédiction. Nous nous affalons sur le lit, sans chercher à nous remettre dans le sens de dormir. Je suis trop lasse pour faire un mouvement supplémentaire et lui se colle à moi telle une sangsue. Ses bras encerclent le haut de mon corps. C’est dans cette position que le matin nous trouve à l’heure du réveil. Lui semble un peu surpris de ne pas voir son univers particulier, mais au bout de quelques secondes, son cerveau se remettant sans doute en mode « in » … je sens sa queue qui glisse sur mes fesses. Elle coulisse, tendue au centre de mes deux demi-globes et revient sans à coup se loger à l’entrée du nid humide des exploits de la nuit.
Quelques mouvements du bassin masculin et je suis remplie par le cylindre de chair chaude qui écarte les parois internes de mon sexe. Il me lime au gré de sa fantaisie, et dolente, j’apprécie qu’il ne me demande pas de prendre des pauses compliquées. Tout va délicatement vers le terme voulu, à savoir celui d’ensemencer mon ventre. Et chacun des soubresauts de sa trique me tire un soupir, tous ses gestes m’emportent vers un vrai plaisir que je n’ai pas connu depuis tellement de mois. C’est beau, c’est bon, je me sens femme, je suis une salope ! Non ! Je suis leur salope… à ce Jonathan et à cette Delphine. Parce que c’est à elle que je dois d’être baisée comme une reine ce matin. Café, douche, et mon amant file dare-dare retrouver sa dulcinée.
— xXx —
Sept mois déjà que nous fricotons tous les trois et pourtant, malgré le peu de précautions que nous prenons, rien de nouveau sous le ciel de nos balcons. Une porte de communication est ouverte depuis hier dans le fond de nos douches. Nous avons réagencé les lieux et évitons ainsi les traversées du palier. Nous nous fichons bien entendu pas mal des commérages, mais pour notre tranquillité, c’est super. Chacun peut voguer au gré de ses envies dans une partie ou l’autre de notre immeuble, et j’avoue que c’est chouette. Puis le jour où nous n’en avons pas envie… il suffit d’un côté ou de l’autre de fermer les verrous. Mais Delphine est nerveuse et son humeur n’est plus tout à fait au beau fixe. Pour moi ? Tout va bien dans le meilleur des mondes. Nous partageons les couches à trois.
Oui ! Je dis les couches, car il nous arrive fréquemment en fonction de l’endroit où l’on dîne de passer la nuit tantôt chez eux, tantôt chez moi. Le grand perdant de l’affaire, c’est Jonathan qui est souvent trop sollicité et qui a du mal à fournir puisque nous sommes deux. Ça nous fait rigoler souvent elle et moi. Je reconnais toutefois qu’il est très endurant parce que pratiquement toutes les nuits se taper deux nanas en rut perpétuel ça doit être coton. J’ai droit au traitement le plus complet, les soirs de grande fatigue… et pourtant… nous en sommes au point mort. Bon sang, c’est la guigne, une poisse terrible. Mais nous faisons absolument tout pour que ça marche et nada… que dalle. Je ressens le même désespoir que celui qui a miné longuement ma blonde maîtresse.
Et c’est aux environs de Noël qu’un matin le café à une odeur très… spéciale. Je me demande si par erreur je n’ai pas mis du liquide vaisselle dans l’eau de la machine. J’attends le verdict de mes deux complices. Apparemment, aucun d’eux ne fait la moue et ils ne mouftent pas. Bizarre tout de même, ces haut-le-cœur à la première gorgée de la boisson chaude de mon petit déjeuner. Je quitte la table sans un mot, direction la douche, et là… une vraie nausée me met l’estomac au bord des lèvres. Puis au fil des heures du matin de ce jour non travaillé, mon état s’améliore sans autre symptôme spécial. Je laisse courir et nous vivons ce que nous avons à faire en cette journée morose d’un décembre neigeux. Seulement voilà, les matins suivants, le phénomène se reproduit et je commence à flipper. Qu’est-ce que je peux bien couver ?
Deux semaines de ce drôle de traitement matinal que je tais aux deux compères pour ne pas les inquiéter et je me rends chez mon médecin traitant sans aucune arrière-pensée. Le vieux bonhomme qui me suit depuis des années réalise avec minutie son examen. Il ne vole pas les quelques euros de consultation qu’il prend à ses patients. Il attend gentiment que je sois rhabillée et me demande de m’asseoir.
Je marche dans la rue ! Mes talons… claquent sur le macadam du trottoir. Bon sang après toutes ces nuits et des heures à faire l’amour, il fallait bien que ça arrive. N’était-ce pas notre but au final ? Alors ? Pourquoi est-ce un sentiment de tristesse qui me plombe les épaules ? Un flot de questions inédites me remonte sous les tifs. Dois-je en parler séance tenante à mes deux complices ? J’imagine leur joie… et leur déception si l’œuf venait… à ne pas s’accrocher pour de bon ! Alors… je module ma décision et la reporte à plus tard. Vivre avec mon secret les jours et les semaines qui viennent va m’être particulièrement pénible. Mais pas de fausse joie. Ils seront avisés le moment venu !
Étrange aussi ce regain d’envie et d’émotion qui survient dans cette phase très délicate de la gestation. Je suis en chaleur et je ne vois pas d’autre terme pour expliquer ce qui m’arrive. C’est vrai que j’ai toujours envie de faire l’amour, voire même plus de me faire baiser que faire dans la douceur ou la dentelle. Et… mes deux amants s’ils sont surpris n’osent pas aborder le sujet de pleine face. Je sens bien que ma blonde maîtresse louvoie et pose des tas de questions sans que j’aie toujours les réponses à lui fournir. Je passe le premier examen chez ma gynéco, et une échographie est programmée pour la semaine suivante. Je me plie donc aux caprices médicaux et c’est, munie de la certitude officielle que je suis bien enceinte, que le dimanche midi, lors du repas pris ensemble, je pousse l’enveloppe contenant les clichés vers Delphine.
Elle regarde sans saisir tout à fait ce que peut être cette pochette que j’ai pris soin de retourner. Pas d’indication, et je lui demande donc d’en vérifier le contenu. Le rabat décacheté, je la vois passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. C’est en bégayant qu’elle s’adresse à l’auteur de ce qui est mis en valeur sur les images.
La porte de la chambre se referme sur un vrai trouple qui va vivre une autre aventure… et le temps qui passe nous rapproche tous les trois d’une félicité absolue. Nous aurons d’autres soucis sûrement, mais à trois l’amour et les emmerdes se partagent et nous allons mener à bien cette autre version du couple… que ce soit une fillette ou un garçonnet, le sexe nous importe peu, puisque ce sera de toute façon notre plus grand bonheur…
Et la page se tourne avec les rotations d’une terre qui va recevoir le fruit de notre amour infini… sur le bitume d’un trottoir, les hauts talons martèlent le sol d’un bruit formidable… celui de l’espoir ! C’est encore la femme, avec un « F » majuscule qui porte la voix et le poids du monde… Sans elle, pas de petits d’hommes…
– Fin ! –