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Temps de lecture estimé : 28 mn
21/09/24
Résumé:  Juliette regrette amèrement d’avoir trompé Eloïse ; elle tente de se racheter en se montrant très présente, tendre, et dévouée à l’égard de sa compagne. Celle-ci n’est pas dupe, mais est heureuse des attentions de Juliette.
Critères:  fh ff travail dispute -théâtre humour
Auteur : Gufti Shank  (Guf’)      Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - Incartades

Chapitre 05 / 07
Reconquêtes

Roméo et Juliette

Incartades

Acte V




Les personnages principaux :


Juliette – Une somptueuse jeune femme

Cassandra – La meilleure amie de Juliette


Roméo – Un beau jeune homme, l’ex-compagnon de Juliette

Siriac – Le meilleur ami de Roméo, et le compagnon de Cassandra


Eloïse – Une magnifique jeune femme, qui vit avec Juliette


Flora – Une superbe jeune femme, troublante collègue de travail de Roméo avec qui il vit désormais

Daphné – Une belle jeune femme, la sœur de Flora



Les personnages secondaires :


Yannick – Le frère d’Eloïse

Alizée – La compagne de Yannick

Nelly – La mère d’Eloïse et Yannick


Alberto, Magnus, Yul – Des collègues de travail de Flora et Roméo

Mylena, Chris, Javier, Slobodan – Des collègues de travail de Juliette

Akim, Luna – Des collègues de travail d’Eloïse


Fabien – Une connaissance de Daphné

Nadia, Francesco – Un couple


Christian – Le gérant d’une salle de sport

Milia, Lesly, Timothée, Kevin, Tom, Arthur, Bruce, Pietro, David, Moussa, Gregor, Julien, Emilio – Des clients de cette salle de sport


Des jeunes hommes, clients de la salle de sport

Des serveurs et des clients d’un hôtel, de restaurants, d’un bar

Une infirmière

Un vieillard




***




Résumé de l’acte I : Flora et Roméo vivent ensemble depuis un mois et demi et filent le parfait amour ; en particulier, Flora est fidèle à Roméo, et ce concept est nouveau pour elle. La rupture avec Juliette et Eloïse a été difficile pour les deux jeunes femmes, qui en veulent terriblement à Roméo et à Flora, mais elles sont plus proches l’une de l’autre et plus complices que jamais. En revanche, le couple de Cassandra et Siriac semble battre de l’aile : en cachette, ils enchaînent les infidélités, elle avec Eloïse et Juliette, et lui avec Flora, Roméo et Daphné, prétendant l’un à l’autre se retrouver pour des entraînements de sport. Le mensonge devenant trop gros, ils imaginent pouvoir se donner un peu de crédibilité en s’inscrivant réellement à une salle de sport, et en proposant à leurs amants de s’y rendre avec eux tour à tour.


Résumé de l’acte II : Un samedi matin, Siriac convainc Roméo, Flora et Daphné de se rendre avec Cassandra et lui dans cette nouvelle salle de sport le soir même. De son côté, Cassandra tente de persuader Juliette et Eloïse d’y venir avec eux le lendemain après-midi, mais débarque chez les deux jeunes femmes en pleine partouze avec un couple qu’elles avaient invité pour le week-end. Un repas avec la famille d’Eloïse est organisé le samedi midi ; Juliette, toujours sous les effets d’une ingestion massive de pilules aphrodisiaques la veille au soir, tombe sous le charme d’Alizée et réussit à coucher avec elle dans le dos d’Eloïse et de Yannick. Le samedi en fin de journée, Flora impressionne sérieusement les clients et le gérant de la salle de sport et se voit offrir quatre abonnements à condition qu’elle accepte de venir s’y entraîner trois fois par semaine.


Résumé de l’acte III : Le plan du gérant de la salle de sport fonctionne : la présence de Flora augmente significativement le nombre de clients (mâles). À tel point qu’en apercevant Juliette venir s’entraîner avec Cassandra, Siriac, et Eloïse, il lui propose la même chose : des abonnements gratuits en échange d’entraînements trois autres soirs de la semaine. Flora vient à la salle de sport le dimanche, le mardi et le jeudi ; Juliette le lundi, le mercredi et le samedi. De plus en plus de clients viennent les voir s’entraîner, et les jeunes femmes repartent régulièrement avec un ou plusieurs amants pour finir la soirée.


Résumé de l’acte IV : Daphné passe beaucoup de temps avec Timothée, un garçon qu’elle a rencontré à la salle de sport, au grand dam de Siriac, encore souvent fourré chez (et dans) Flora. Cassandra continue de retrouver régulièrement Juliette et Eloïse pour des soirées chaudes. La salle de sport ne désemplit pas, le nombre de clients augmente chaque jour, ceux-ci venant voir alternativement Juliette et Flora. Mais cette dernière, à cause d’une réunion programmée un mardi soir, déroge au calendrier des entraînements fixé par le gérant de la salle de sport, et vient s’entraîner un lundi soir en même temps que Juliette. Lorsqu’elles s’aperçoivent dans la salle, elles en viennent rapidement aux mains et se battent un moment, mais épuisées et secrètement attirées, finissent par s’abandonner l’une à l’autre sous les yeux désespérés d’Eloïse.



***





Acte V, scène 1

Lundi 7, 19 h 00

Un vestiaire

(Eloïse, Cassandra)



(Eloïse, larmoyante, a la tête enfouie dans le creux de l’épaule de Cassandra qui, les bras passés autour de ses épaules, essaie de la réconforter.)



Eloïse (pleurnichant) : Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Pourquoi a-t-elle fait ça ?


(Roméo entre dans le vestiaire.)


Roméo : Ah vous êtes là, je vous cherchais !

Cassandra (froidement) : Je crois qu’il vaut mieux que tu t’en ailles, Roméo.

Eloïse : Non, laisse-le entrer.


(Cassandra se recule un peu et lui redresse la tête pour lui lancer un regard d’incompréhension. Roméo s’avance vers elles.)


Roméo : Je suis sincèrement désolé, Eloïse.


(Eloïse et Cassandra le dévisagent avec hostilité.)


Roméo : Je t’assure que je n’y suis pour rien.

Eloïse (reniflant) : C’est cette salope ! C’est ta Flora !


(Roméo soupire.)


Roméo : Écoute, on ne savait même pas que vous veniez aussi à cette salle de sport.


(Il scrute Cassandra intensément.)


Roméo : S’il y en a qui le savaient, ils se sont bien gardés de nous le dire.

Cassandra (penaude) : Vous n’étiez pas censés venir ce soir…

Roméo : Ça, c’est sûr, ça va beaucoup aider Eloïse…

Cassandra : Dès que Flora se pointe quelque part, elle fout la merde.

Roméo : Honnêtement, là, je ne sais pas qui a vraiment foutu la merde…


(Un silence. Eloïse renifle, puis s’essuie les yeux.)


Eloïse (enragée) : Je vais la tuer, cette salope ! Et ensuite, j’irai tuer Juliette…

Cassandra : Je ne comprends pas non plus ce qui lui a pris. Tu as bien vu, elles ont commencé à se battre, et d’un seul coup…


(Eloïse épanche un nouveau sanglot.)


Eloïse (larmoyant) : C’était déjà comme ça avant, avec toi, Roméo… et là, ça recommence…

Roméo : Je suis vraiment désolé, je te jure que rien de tout ça…

Eloïse (l’interrompant) : Tais-toi ! J’ai vraiment l’impression que tu te fous de ma gueule !


(Elle le frappe du bas de ses deux poings serrés à plusieurs reprises. Il finit par lui attraper les mains.)


Roméo : Arrête ! Calme-toi ! Tu as bien vu ce qui s’est passé : Juliette a agressé Flora, elle nous a fait tomber tous les deux, elle l’a dérouillée, puis d’un seul coup, elle lui a roulé une pelle. S’il faut en vouloir à quelqu’un, ce n’est pas à Flora…

Cassandra : Pas d’accord ! Flora se pointe quelque part et tout dégénère ! Sa simple présence met le bordel partout !

Roméo : Ben peut-être, mais ça c’est pas nouveau et vous l’avez jamais compris ! Personne ne l’a jamais compris !


(Eloïse lui darde des yeux incertains.)


Roméo : Sauf que là, on venait gentiment à la salle de sport, on a rien demandé à personne, on s’est fait agresser, et ta nana t’a trompée avec la mienne…


(Eloïse réprime un sourire.)


Roméo : …et je suis plus ou moins dans le même état d’incompréhension que toi.

Eloïse : Sauf que toi, ce genre de trucs doit t’exciter !

Roméo : Franchement ? que ma meuf me trompe avec mon ex ? tu crois que ça m’excite ?


(Eloïse s’essuie de nouveau les yeux.)


Eloïse : Juliette est comme toi, elle n’a pas su lui résister…


(Roméo a une moue d’approbation.)


Eloïse : Et elle est comme toi, elle me fait souffrir…

Roméo : Je suis sincèrement désolé, Eloïse.


(Il la serre dans ses bras.)


Cassandra (à Roméo) : Tu ne trouves pas que c’est un peu facile, ça ? Tu te…

La voix de Juliette (lointaine) : Eloïse ?

Eloïse (s’écartant de Roméo) : Je ne veux pas la voir ! Dites-lui que je suis partie !


(Elle se précipite dans une cabine du vestiaire et ferme la porte derrière elle.)


La voix de Juliette (plus proche) : Eloïse ? Tu es là ?

Roméo (à Cassandra) : Moi je vais rien lui dire du tout…


(Il s’enferme dans la cabine voisine de celle d’Eloïse.)


Cassandra : Pffff…


(Elle s’éloigne jusqu’à l’entrée du vestiaire et ouvre la porte.)


Cassandra : Juliette ? Je cherche aussi Eloïse partout, je ne la trouve pas. Elle a dû partir.

La voix de Juliette : Elle n’est pas dans ce vestiaire, tu as regardé ?

Cassandra : Oui, elle n’est pas là.


(Elle sort.)


La voix de Juliette (navrée) : Si tu savais ce que je m’en veux… je ne sais pas ce qui m’a pris… Il faut que je lui parle, elle a dû rentrer…

La voix de Cassandra : Attends, je vais avec toi.


(On les entend s’éloigner. Roméo sort de sa cabine et frappe à celle d’Eloïse.)


Roméo : Tu peux sortir, elles sont parties.


(Eloïse sort de sa cabine et regarde longuement Roméo d’un air indécis ; puis elle s’approche tout contre lui et il la serre de nouveau dans ses bras.)






Acte V, scène 2

Lundi 7, 19 h 50

Le salon de Flora et Roméo

(Flora)



(Flora, les cheveux humides et vêtue d’un peignoir de bain, va et vient dans la pièce, tenant un téléphone contre son oreille.)



Flora : Mais qu’est-ce qu’il fout ? Pourquoi il répond pas ?


(Siriac entre, les cheveux humides, toujours vêtu de ses affaires de sport. Il s’avance vers le canapé.)


Siriac (s’y affalant) : Aaah, ça fait du bien ! J’adore ta douche !


(Flora raccroche et range son téléphone.)


Flora : Pourtant c’est vrai, elle m’a bien chauffée, Juliette… J’aurais bien fait l’amour avec lui, là…

Siriac (hésitant) : Euh… si… si je peux me rendre d’une quelconque utilité…

Flora (souriant) : Peut-être tout à l’heure, oui…


(Siriac toussote, serre les cuisses et pose un coussin sur son bassin. Flora s’éloigne vers un petit meuble bar.)


Flora : Bon en attendant on va boire un coup, ça va peut-être le faire arriver.

Siriac : Dis… je vais peut-être me montrer indiscret, mais je ne comprends pas pourquoi tu as baisé avec Juliette ?

Flora (haussant les épaules) : Je ne sais pas non plus… Ce n’était pas prémédité, c’est sûr. Tu as bien vu, elle a commencé par nous frapper, Roméo et moi. Et puis d’un seul coup… je ne sais pas… ses yeux fous… son corps brûlant contre le mien… je ne sais pas trop ce qui s’est passé…


(Un silence.)


Siriac (enjoué) : Eh bien quoi qu’il en soit, c’était beau à voir !

Flora : En tout cas, elle sait y faire… Dommage qu’elle soit chiante comme ça et qu’il y ait Roméo entre nous…


(Siriac sourit, béat.)


Flora (amusée) : Tu me montreras la vidéo ?


(Siriac écarquille les yeux en extirpant son téléphone de sa poche de pantalon.)


Flora : Qu’est-ce que tu veux boire ?

Siriac : Tu as des bières au frais ?

Flora : Oui, je vais t’en chercher une.


(Elle s’éloigne en direction de la cuisine. On entend s’ouvrir puis se fermer la porte d’entrée de la maison. Flora fait demi-tour, un sourire aux lèvres. Roméo entre. Siriac range son téléphone en soupirant.)


Flora (se précipitant vers Roméo) : Hmmm ! Mon amour !


(Elle se serre contre lui et l’embrasse à pleine bouche.)


Flora : J’ai grave envie de toi !


(Elle ouvre son peignoir et le laisse tomber à ses pieds, puis se presse de nouveau contre le jeune homme.)


Roméo : Mais… ma puce…


(Elle l’embrasse encore et le pousse doucement vers un fauteuil, où il finit par se laisser choir. Elle monte sur ses genoux et presse ses gros seins gonflés contre son visage. Il referme ses mains sur ses fesses et lui dévore la poitrine.)


Siriac : Bon ben si je comprends bien…


(Il se lève et, indécis, observe un moment le couple en pleins préliminaires.)


Siriac : …il va falloir que j’aille chercher ma bière moi-même.


(Il sort vers la cuisine et revient un instant plus tard, une bière ouverte à la main, puis retourne s’asseoir dans le canapé et boit une gorgée de bière avant de s’absorber de nouveau dans la contemplation du corps de Flora.)


Siriac : Si vous avez besoin de moi, faites-moi signe…






Acte V, scène 3

Lundi 7, 19 h 55

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Juliette, Cassandra)



(Juliette, l’air tourmenté, va et vient dans la pièce, tenant un téléphone contre son oreille. Cassandra est assise dans le canapé.)



Juliette : Mais elle est où ? Et pourquoi est-ce qu’elle ne répond pas ?


(Elle raccroche et range son téléphone.)


Juliette : J’espère que… qu’elle… (Elle hésite.) Oh si tu savais comme je m’en veux !


(Cassandra lui lance un regard compatissant.)


Juliette : J’ai vraiment déconné.

Cassandra : Je… je vais peut-être me montrer indiscrète, mais je ne comprends vraiment pas pourquoi tu as baisé avec Flora ?

Juliette (haussant les épaules) : Je ne sais pas… Ce n’était pas du tout ce que je voulais, tu as bien vu, on a commencé par se battre. Et puis d’un seul coup… je ne sais pas… ses yeux fous… son corps brûlant contre le mien… je ne sais pas trop ce qui s’est passé…

Cassandra (dépitée) : Quoi qu’il en soit, c’était pas beau à voir…

Juliette (chagrine) : C’est vrai que j’ai une libido détraquée, Eloïse a raison… C’est horrible, je n’ai pas réussi à lui résister…

Cassandra : Ouais… comme Roméo autrefois…


(Juliette soupire en marmonnant.)


Cassandra : Si tu veux mon avis, je pense que…


(Elle est interrompue par le bruit de la porte d’entrée qui s’ouvre puis claque. Eloïse entre, les yeux tirés.)


Juliette : Oh Eloïse ! Mon amour !


(Elle se précipite pour la prendre dans ses bras ; Eloïse la repousse.)


Juliette : Excuse-moi, ma puce ! Je ne sais pas ce qui m’a pris… je suis infiniment désolée… je te demande pardon…


(Elle fait encore mine de la serrer dans ses bras. Eloïse se laisse faire sans réagir. Juliette l’embrasse. Eloïse tourne légèrement la tête avant de se dégager de l’étreinte de Juliette.)


Eloïse : J’ai… je crois que… j’ai besoin d’un peu de temps…


(Juliette la regarde avec des larmes dans les yeux. Eloïse lui sourit vaguement puis traverse la pièce d’un pas mou.)


Eloïse : Je vais prendre une douche.


(Juliette, abattue, l’observe sortir vers la chambre, puis revenir un instant plus tard avec des affaires de toilette.)


Juliette : Qu’est-ce que je peux faire, Eloïse, pour me faire pardonner ?


(Eloïse lui adresse une moue d’impuissance puis sort vers la salle de bains. Juliette soupire puis vient se laisser tomber dans le canapé à côté de Cassandra.)


Juliette : Qu’est-ce que je dois faire, Cass ?

Cassandra : Prendre soin d’elle, lui montrer que tu l’aimes, qu’elle est tout pour toi, être à ses petits soins, lui offrir toutes tes attentions ces prochains jours… et espérer qu’elle te pardonne…


(Juliette soupire longuement en réprimant un sanglot.)







Acte V, scène 4

Mardi 8, 19 h 20

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Juliette)



(Juliette, élégamment vêtue d’une resplendissante robe de soirée rouge satinée qui lui sied à merveille, achève de dresser une table fastueuse pour deux personnes ; elle sort vers la cuisine, puis revient avec une bouteille de vin dans un seau à glace, qu’elle dépose au milieu de la table. On entend s’ouvrir la porte d’entrée de l’appartement. Eloïse entre et écarquille les yeux en découvrant la tenue de Juliette.)



Juliette (s’approchant d’elle en souriant) : Bonsoir, mon amour !


(Elle l’embrasse. Eloïse s’étonne aussi en voyant la table.)


Eloïse : Ouaouh ! Tu as mis les petits plats dans les grands…

Juliette : J’ai préparé un repas sympa.


(Elles s’embrassent de nouveau.)


Juliette : Tiens, donne-moi tes affaires.


(Elle prend la veste et le sac d’Eloïse et va les ranger.)


Juliette : Assieds-toi. Je vais te servir à boire.


(Eloïse hésite un instant et regarde Juliette avec intensité.)


Eloïse (froidement) : N’en fais tout de même pas trop…

Juliette (des larmes aux yeux) : Je t’aime, Eloïse. Je suis sincèrement désolée.


(Elle se détourne et s’essuie les yeux. Eloïse soupire et s’assoit.)


Juliette (en servant du vin) : Ta journée s’est bien passée ?

Eloïse : Oui, ça a été. Mes deux supérieurs semblent ravis de mon travail.

Juliette : C’est chouette, ça !

Eloïse : En même temps, y a pas trop de mérite… Accueillir des clients, leur demander ce qu’ils veulent prendre et les servir…

Juliette (enthousiaste) : Le mérite, c’est de le faire sur la durée en gardant le sourire et l’amabilité.

Eloïse : Oui. Et de ne jamais avoir de réclamation ni d’erreur de chiffre, d’après ce qu’ils disent.


(Elle boit une gorgée de vin.)


Eloïse : Et toi, ça a été ?

Juliette : Oui, rien de spécial.


(Un silence ; elle aussi boit une gorgée de vin.)


Juliette : Si ce n’est que j’ai pensé à toi toute la journée…






Acte V, scène 5

Mardi 8, 12 h 35

Une cafétéria sur le lieu de travail de Juliette

(Juliette, Mylena, Chris, des employés)



(Juliette est assise sur un tabouret haut à une table où est posé son plateau de déjeuner. Autour d’elle, plusieurs personnes vont et viennent, arrivant avec des plateaux pleins ou repartant avec des plateaux vides. Elle a l’air abattue et mange avec peu d’entrain. Mylena et Chris entrent et se dirigent vers elle.)



Mylena (à Juliette) : Salut. On peut manger avec toi ?

Juliette : Salut. Oui, oui, bien sûr.

Chris : Salut.


(Mylena et Chris s’installent.)


Mylena : Eh bien, tu en fais une tête ! Un souci ?

Juliette (pathétique) : Oui, c’est pas la grande forme…


(Javier et Slobodan entrent avec des plateaux pleins et se dirigent vers une table voisine.)


Mylena : On peut t’aider d’une façon ou d’une autre ?

Chris : C’est professionnel ?

Juliette : Non, non, c’est personnel…


(Javier et Slobodan passent devant eux trois et les saluent. Juliette se force à sourire. Ils s’installent à une table derrière Juliette.)


Juliette : Et j’ai bien peur que personne ne puisse rien faire pour m’aider…

Mylena : En tout cas, si tu veux juste parler un peu, maintenant ou plus tard, n’hésite pas. Parfois ça fait du bien…


(Elle regarde Juliette avec compassion et lui caresse l’épaule dans un geste de sympathie. Juliette soupire longuement.)


Juliette : J’ai fait une grosse bêtise. J’ai trompé ma compagne…


(Un grand silence se fait soudain autour d’elle ; tout le monde dans la cafétéria tend l’oreille, particulièrement Javier et Slobodan.)


Juliette : J’ai trompé Eloïse devant elle avec la nouvelle copine du mec avec qui j’étais avant.


(Mylena, Chris, Javier, Slobodan et plusieurs autres personnes écarquillent grand leurs yeux.)


Juliette : Une salope que je déteste, pourtant…


(Un silence consterné.)


Mylena (cherchant quelque chose à répondre) : Euh… mais… dans quelles circonstances ?

Juliette : Dans une salle de sport.

Chris : Dans les vestiaires ?

Juliette (un peu gênée) : Euh… non… non, dans la salle…

Chris (malgré lui) : Devant tout le monde ?


(Juliette rougit vaguement et baisse la tête pour manger. De nouveau, tous écarquillent les yeux.)


Slobodan (emballé, à Javier, à voix plus ou moins basse) : J’ai un pote qui m’en a parlé ! Il paraît qu’il se passe des trucs de fou dans une nouvelle salle de sport derrière la gare ! Il faut absolument que j’y aille !


(Juliette l’a entendu, se retourne et l’atomise du regard. Il baisse les yeux, rougissant franchement.)


Mylena (désemparée) : Et… ta… enfin… Eloïse… elle t’a quittée ?

Juliette : Non… pas encore… (Elle réprime un sanglot.) Mais j’ai peur de la perdre.

Chris : Attends, peut-être que tu dramatises, que ce n’est pas aussi grave que ça en a l’air…


(Mylena lui lance un regard dubitatif. Javier écarquille les yeux. Slobodan et d’autres pouffent. Juliette soupire.)


Chris (se reprenant) : Enfin, ce que je veux dire, c’est…


(Il cherche un instant ses mots.)


Mylena (venant à son secours) : Non, mais Chris a raison, attends un peu, discute avec elle, dis-lui et montre-lui que tu l’aimes…

Juliette : Oui… Je vais essayer de partir plus tôt, ces jours-ci, pour être plus présente, plus disponible.

Chris : Va voir la cheffe, explique-lui que c’est pour raison familiale, et elle devrait sans problème te libérer.


(Mylena confirme d’un hochement de tête. Un silence. Ils mangent. Une activité normale reprend dans la cafétéria.)


Juliette : Ce qu’il y a, c’est que ça me fait réfléchir aussi à un autre truc…


(Mylena et Chris lèvent les yeux vers elle.)


Juliette : Le mec avec qui on vivait avant…


(De nouveau, le silence se fait autour d’elle.)


Juliette : On s’est séparées de lui parce qu’il nous avait trompées avec cette salope !


(Tout le monde écoute religieusement.)


Juliette : Et là je me rends compte que même moi je n’ai pas réussi à lui résister…


(Chris, Slobodan, Javier et d’autres sont béats, perdus dans leurs pensées.)


Mylena : Tu as discuté de ça avec Eloïse ?

Juliette : Non, je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie.

Mylena : Peut-être que tu devrais ?

Juliette : Oui…


(Un silence.)


Juliette : Ou peut-être qu’elle l’a déjà compris…






Acte V, scène 6

Mercredi 9, 15 h 45

Une pâtisserie industrielle

(Eloïse, Akim, Luna, des clients)



(Eloïse, Akim et Luna sont derrière un comptoir et servent des clients.)



Eloïse (avec un sourire) : Bonjour, que puis-je vous servir ?

Une cliente : Bonjour, je voudrais un pain au chocolat et un grand café, s’il vous plaît.

Eloïse : Très bien, je m’en occupe.


(Elle tapote sur un écran de caisse.)


Eloïse : C’est pour emporter ?

La cliente : Oui.

Eloïse (appuyant encore sur son écran) : Cela vous fera cinq euros cinquante.


(Elle prend un sachet en papier, se saisit de la pâtisserie avec une pince, la place dans le sachet, puis va presser sur les commandes d’une machine à café, et place un gobelet sous un éjecteur. Les autres clients sortent, faisant tinter une clochette ; il n’y a plus qu’un vieillard, qui reste au milieu de la boutique en regardant Eloïse avec insistance.)


Luna (au vieillard, fort) : Bonjour monsieur, que puis-je vous servir ?

Le vieillard (à Luna, désignant Eloïse) : Bonjour ma petite, ne vous inquiétez pas, je vais attendre que votre collègue ait terminé.

Luna (soupirant) : Si vous voulez…


(Elle s’éloigne vers le fond du magasin.)


Luna (à Akim) : Il me saoule, lui. Je prends une pause, je passe aux toilettes.

Akim : Chhut, pas trop fort.

Luna : T’en fais pas, il est à moitié sourd.

Akim : Tu le connais ?

Luna : Il venait de temps en temps avant. (Elle désigne Eloïse.) Mais depuis qu’elle est là, il vient tous les jours, et il ne veut avoir affaire qu’à elle…


(Elle sort ; Akim ricane. La cliente que servait Eloïse a payé et s’éloigne avec le sachet et son café, puis la clochette tinte lorsqu’elle sort.)


La cliente (à la cantonade) : Au revoir.

Eloïse et Akim : Au revoir, madame.

Le vieillard (à Eloïse, d’un air conquérant) : Ah… à nous ! Bonjour, mademoiselle !

Eloïse (souriant) : Bonjour monsieur. Qu’est-ce que je vous sers, aujourd’hui ?

Le vieillard : Ah, mademoiselle… Votre charmant sourire suffit à éclairer ma journée…

Eloïse (s’efforçant de rester avenante) : Un croissant et un chocolat chaud, comme d’habitude ?

Le vieillard : Vous avez deviné !

Eloïse : Et sur place, j’imagine ?

Le vieillard : Absolument !

Eloïse : Je m’en occupe. Ça fera…

Le vieillard (l’interrompant en criant d’un ton victorieux) : Quatre euros !


(Il lui tend un billet de cinq euros.)


Le vieillard : Tenez, gardez la monnaie !


(Elle se retourne en l’ignorant et prépare la boisson chaude. Akim s’approche de la caisse d’Eloïse.)


Akim (au vieillard) : Merci, je vais encaisser.


(Le vieillard lui lance un regard soupçonneux en retirant vivement sa main en arrière.)


Le vieillard : Mais le pourboire est pour elle, hein !

Akim (amusé) : Oui, oui, ne vous inquiétez pas… Installez-vous, nous allons vous apporter votre commande.

Le vieillard : Bon… tenez.


(Il tend le billet ; Akim s’en saisit, encaisse, et place une pièce d’un euro dans une tirelire sur le comptoir, pendant que le vieillard va lentement s’attabler face à Eloïse. Celle-ci récupère la boisson chaude, la place avec un croissant sur un petit plateau, qu’elle emporte ensuite et dépose avec un sourire à la table du vieillard. Luna revient.)


Le vieillard (à Eloïse) : Merci, vous êtes bien aimable. Ils ont bien de la chance de vous avoir, ici.


(Luna lève les yeux au ciel.)


Eloïse (continuant de sourire gentiment) : Bon appétit !


(Elle retourne derrière le comptoir. Le vieillard contemple ses fesses sans la moindre discrétion sous les yeux amusés d’Akim et ceux agacés de Luna.)


Akim (à Eloïse) : Je crois que t’es son crush…


(Discrètement, Eloïse ferme ses deux poings en levant les pouces en direction d’Akim et hausse les sourcils. Le vieillard commence à manger le croissant trempé de chocolat chaud dans un grand bruit d’aspiration baveuse.)


Luna (dégoûtée) : Oh c’est répugnant !

Akim (rigolant) : Chhhut !


(La clochette de la porte d’entrée retentit de nouveau. Juliette entre dans la boutique. Les visages d’Eloïse, d’Akim et du vieillard s’illuminent.)


Eloïse : Tiens ! Quelle surprise !

Juliette : Bonjour.

Akim et Luna : Bonjour.

Eloïse (à Akim) : Je peux prendre cinq minutes de pause ?


(Akim dévore Juliette des yeux et ne répond rien. Le vieillard aussi contemple la jeune femme, mais il émet un nouveau chuintement coulant en essayant d’absorber un morceau trempé de son croissant. Juliette lui lance un regard méfiant.)


Luna (agitant sa main devant le visage d’Akim) : Allô ? Tout va bien ?

Akim : Euh… pardon, désolé… Oui, oui, vas-y, prends une pause.

Luna (à Eloïse) : Vous vous connaissez ?

Eloïse (souriant) : Oui, un peu…


(Elle contourne le comptoir et s’avance jusqu’à Juliette qui l’embrasse à pleine bouche sous les yeux stupéfaits d’Akim, de Luna et du vieillard.)


Juliette : Salut ma puce !

Eloïse : Sympa, ta visite surprise.

Akim (béat) : Ouais, carrément sympa…

Eloïse : Je t’offre un café ?

Le vieillard (baveux) : Laissez-moi vous offrir un café à toutes les deux, mesdemoiselles !


(Juliette le regarde de nouveau avec suspicion.)


Eloïse (au vieillard, avec un sourire) : Merci.

Luna : Et nous, on peut crever ?

Akim : Chhut…

Luna : T’inquiète, il est sourd comme un pot.

Le vieillard (à Luna, devinant qu’on parle de lui) : Vous disiez ?

Luna (à Akim) : Tu vois…

Eloïse (à Luna, désignant Akim) : Roule-lui une pelle, t’auras peut-être un café gratos…


(Elle entraîne Juliette vers une table éloignée.)


Le vieillard (à Luna) : Mademoiselle, vous voudrez bien faire deux cafés pour les deux magnifiques jeunes femmes, s’il vous plaît ?

Luna : Mais quel relou ! On peut pas le bannir à vie, lui ?

Akim (amusé) : Chhhut, arrête…

Luna : Ben super ! Si j’ai bien compris, il vient de dire que je suis moche, non ?

Akim (fort, au vieillard) : Je m’en occupe, monsieur.

Le vieillard : Merci.


(Il déchiquette de nouveau son croissant avec emphase. Luna soupire et sort vers le fond de la boutique. Akim prépare des boissons chaudes.)


Juliette (à Eloïse) : Ce sont les collègues dont tu me parlais ?

Eloïse : Oui, Akim et Luna, ils sont super. (Un court silence.) Ça me fait plaisir de te voir.


(Juliette lui prend les mains et la regarde intensément. Elles s’embrassent à pleine bouche par-dessus la petite table. Akim, désordonné, fait tomber une tasse à café, qui rebondit plusieurs fois sur le sol dans un bruit aigu.)


Luna (revenant en hâte) : Un souci ?

Akim (ramassant la tasse) : Non, c’est bon, rien de cassé.

Le vieillard (pété de rire) : Ha ha ha ! Voilà ce qui arrive à trop regarder les filles, hein mon petit ?


(Akim l’ignore et retourne préparer un second café. Le vieillard poursuit bruyamment entre deux éclats de rire.)


Le vieillard : Mais à mon avis, celles-ci ne sont pas pour vous. (Il désigne Luna.) Vous devriez plutôt essayer avec votre collègue.

Luna : Mais c’est pas possible, il s’arrête jamais !

Le vieillard (replongeant le nez vers sa tasse) : Elle est charmante elle aussi, d’ailleurs.

Luna : Ah bah quand même…






Acte V, scène 7

Mercredi 9, 18 h 40

L’appartement de Juliette

(Juliette)



(Juliette est assise dans le canapé et téléphone.)



Juliette (au téléphone) : Si, si, j’ai l’impression. … En tout cas, je crois que ça lui a fait plaisir que je passe. … Et moi aussi, j’étais contente de la voir à son boulot. … … Oui, normalement, c’était ce soir, mais c’est hors de question que je retourne à la salle de sport ! … … Mais Eloïse a voulu y aller quand même, tu y crois, ça ? … … Non, elle m’a dit que ça lui faisait du bien de faire du sport, et que là elle avait l’abonnement gratos. … … Ben si j’y retourne plus, ça ne va peut-être pas rester gratos longtemps, mais bon… … Et vous, ça va ? … Siriac est à la salle aussi ? … Ben remarque, ça me rassure un peu qu’elle y soit pas toute seule. … … Non, c’est pas ça, mais si l’autre salope est encore là, Eloïse est capable de lui péter la gueule…





Acte V, scène 8

Mercredi 9, 18 h 50

Le salon de Flora

(Flora)



(Flora entre depuis la cuisine, un téléphone contre l’oreille.)



Flora : Ah merde, messagerie… (Au téléphone) : Roméo, si tu n’es pas encore passé à la caisse, tu pourrais prendre aussi des œufs, s’te plaît ?






Acte V, scène 9

Mercredi 9, 18 h 50

Le hall de l’Hôtel du Parc

(Roméo, Eloïse, des clients, des employés)



(Sur la gauche de la scène se trouve la réception de l’hôtel où des clients vont et viennent devant des réceptionnistes ; au fond de la scène, on devine un escalier d’accès aux chambres de l’hôtel ; sur la droite de la scène, Eloïse et Roméo sont attablés sur des banquettes dans un coin du bar de l’hôtel et discutent devant une boisson fraîche.)



Roméo : Non, t’inquiète, ici c’est sûr, on sera tranquille pour discuter. Et personne ne nous verra.


(Eloïse regarde autour d’eux avec inquiétude. Le téléphone de Roméo vibre ; il en regarde l’écran puis le range.)


Roméo : Alors ? Comment tu vas ?


(Eloïse soupire.)


Eloïse : Ça va. À peu près. Juliette est aux petits soins pour moi.

Roméo : Bah après ce qu’elle t’a fait, c’est la moindre des choses.

Eloïse : Elle s’en veut énormément.


(Pendant qu’ils discutent, Siriac et Daphné entrent, descendant de l’escalier au fond de la scène. Ils s’immobilisent et écarquillent les yeux en apercevant Eloïse et Roméo. On les voit se parler à voix basse. Daphné sort son téléphone et le pointe vers eux.)


Roméo : Ben elle peut ! Moi aussi, je lui en veux. Pas toi ?

Eloïse : Si, si, bien sûr. Mais je crois que j’en veux encore plus à… à ta…

Roméo : À Flora ? Ben… oui, je comprends… mais là, pour le coup, elle avait rien fait.


(Siriac et Daphné attendent que des clients passent entre le bar et la réception, puis rasent les murs sur la gauche de la scène pour s’éloigner et sortir subrepticement.)






Acte V, scène 10

Mercredi 9, 19 h 40

Le salon de Flora

(Flora, Daphné)



(Les deux jeunes femmes sont assises dans le canapé et regardent un téléphone portable que tient Daphné. Flora soupire lourdement.)



Flora (troublée) : Et c’était quand, ça ? et où ?

Daphné : Il y a une grosse demi-heure, en ville. Au bar de l’hôtel près du parc.


(Flora soupire de nouveau.)


Flora : Mais qu’est-ce tu faisais là-bas, toi ?

Daphné : On avait pris une chambre avec Siriac.

Flora (étonnée) : Ah ouais, carrément ?

Daphné : Bah dans ma coloc, c’est pas vraiment facile…

Flora : Tu sais que tu peux toujours venir ici, si besoin.

Daphné (souriant) : Oui, mais je le veux pour moi toute seule, si je l’amène ici, il…


(Elle s’interrompt au moment où on entend s’ouvrir puis se fermer la porte d’entrée. Daphné éteint et range le téléphone. Roméo entre, deux sacs de courses à la main.)


Roméo : Salut.


(Il dépose ses sacs devant la cuisine.)


Daphné (se levant) : Salut.


(Ils se font la bise.)


Flora (à Roméo, cauteleuse) : Ben dis donc, c’était long, ces trois courses…

Daphné : Euh… je vais filer, moi. Bonne soirée ! Tu me tiendras au courant, Flo ?

Roméo (caressant les fesses de Daphné) : Tu ne veux pas rester pour la soirée ?

Daphné : Non, pas ce soir, je sors d’en prendre. (Elle sourit.) Et puis, je crois que vous devez discuter, plutôt.


(Roméo la regarde sans comprendre.)


Daphné : Allez, je file. À plus !


(Elle sort. Roméo s’avance vers Flora et s’assoit près d’elle sur le canapé.)


Roméo : Un souci, ma puce ?

Flora : T’as rien à me dire ?

Roméo : De quoi tu parles ?

Flora (éclatant) : De ta pouffiasse d’Eloïse ! T’étais censé aller gentiment faire des courses, et tu te barres presque deux plombes te taper cette petite pétasse dans un hôtel !

Roméo (éclatant aussi) : Hein ? Mais tu délires ! Je me suis tapé personne ! Et tu me fais suivre, donc ?

Flora (détournant les yeux) : Je vous ai aperçus dans le bar, quand je passais en voiture.


(Roméo la regarde sans trop y croire.)


Roméo : J’ai effectivement été boire un coup avec Eloïse, qu’est au trente-sixième dessous depuis que toi, tu t’es tapé Juliette devant tout le monde à la salle de sport !

Flora : Eh, oh ! Moi je me suis pas tapé Juliette, je me suis fait taper par Juliette, et dans tous les sens du terme !

Roméo : Ouais ben ça a retourné Eloïse qu’avait rien demandé à personne !

Flora : Oh la pauvre petite chérie…


(Elle soupire ; Roméo soupire.)


Flora : Ben moi non plus, figure-toi, j’avais rien demandé à personne !

Roméo (se calmant) : C’est ce que je lui ai dit, oui.


(Un silence.)


Flora : Ouais, ben en tout cas, qu’elle soit au trente-sixième dessous ou pas, j’ai pas envie que tu la revoies, celle-là !


(Un silence.)


Roméo : Tu sais, ma puce, ça me fait presque plaisir que tu sois jalouse…

Flora : Bah moi ça me fait chier ! J’ai jamais ressenti ça.


(Il l’embrasse.)






Acte V, scène 11

Mercredi 9, 19 h 50

L’appartement de Siriac et Cassandra

(Cassandra, Siriac)



(Tous les deux sont attablés pour dîner.)



Siriac (entre deux bouchées) : Je ne suis sûr de rien, mais je me demande si Roméo ne revoit pas Eloïse…

Cassandra : Tu crois ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Siriac : Je les ai vus ce soir, en ville.

Cassandra : Où ça ?

Siriac : Dans un troquet, près du parc.

Cassandra (soupçonneuse) : T’es allé dans un troquet ce soir ? Je croyais que t’étais à la salle de sport avec Eloïse, justement.

Siriac : Ben justement, elle y était pas, ou en tout cas pas en même temps que moi…

Cassandra : T’as pas essayé de l’appeler ?

Siriac : Elle répondait pas.

Cassandra : Et donc t’es allé au troquet…

Siriac (extravagant) : Mais je ne voulais pas t’embêter avec ça… Je ne suis pas allé au troquet, je suis passé voir mon cousin Esteban, et en passant devant le troquet…

Cassandra (l’interrompant, acide) : Depuis le temps que j’en entends parler, de ton cousin Esteban, j’aimerais quand même le rencontrer…

Siriac : Oh à mon avis, il ne te plairait pas…

Cassandra (fielleuse) : Oui, c’est aussi l’impression que j’ai…

Siriac : Bon enfin, en tout cas, en passant devant le troquet, j’ai vu Eloïse avec Roméo.


(Cassandra ne répond rien et mange de nouveau un peu.)


Siriac : C’est tout ce que ça te fait ?

Cassandra : Ben qu’est-ce tu veux que ça me fasse ? Roméo revoit Eloïse, et toi tu revois ton cousin Esteban…


(Siriac sourit malgré lui.)


Siriac : Bon, oublions un peu Esteban et concentrons-nous plutôt sur le problème en cours : Roméo revoit Eloïse.


(Cassandra soupire.)


Cassandra : Il l’a déjà revue lundi soir.

Siriac : Lundi soir ? Après le délire à la salle de sport ?

Cassandra : Oui, Roméo a rejoint Eloïse dans les vestiaires.

Siriac : Ah bon ? Mais comment tu le sais ? et pourquoi tu ne me l’as pas dit ?

Cassandra (cynique) : Je ne voulais pas t’embêter avec ça…

Siriac : Super…

Cassandra (plus sérieuse) : J’étais avec Eloïse dans les vestiaires, j’essayais de la réconforter après… après le « délire » de Juliette, comme tu dis… Roméo est arrivé, je lui ai dit qu’il était pas le bienvenu, mais Eloïse a insisté pour qu’il vienne… et ensuite elle m’a foutue dehors…

Siriac : Ah bon ?

Cassandra : En fait, ensuite Juliette a débarqué, elle cherchait Eloïse partout. Et c’est Eloïse qui m’a demandé de pas lui dire qu’elle était là, et elle m’a renvoyée passer la soirée avec Juliette.

Siriac : Eh ben… Donc Juliette ne sait pas qu’ils se sont revus. Et tu penses qu’il faut lui dire ?


(Cassandra paraît réfléchir un moment.)


Cassandra : Ils t’ont vu, ce soir, Eloïse et Roméo ?

Siriac : Non, je pense pas.

Cassandra : J’sais pas trop… Si on lui dit, je ne sais pas vraiment comment elle va réagir…

Siriac (amusé) : Ça peut être marrant de voir ça, non ?


(Cassandra lui lance un regard lourd.)


Cassandra : Bon, maintenant que le problème en cours est réglé, si on parlait plutôt d’Esteban…

Siriac (se levant) : Attends, ma puce, je vais plutôt débarrasser et aller chercher le dessert, hein ?







Acte V, scène 12

Jeudi 10, 9 h 20

Le lieu de travail de Flora et Roméo

(Flora, Roméo)



(Flora est assise à un bureau devant un ordinateur ; Roméo à un autre bureau, il trie des dossiers.)



Roméo (saisissant une liasse de documents) : À mon avis, tout ça, on peut bazarder.

Flora : Tu es sûr ?

Roméo : Tous ces gens ne travaillent plus ici depuis plus d’un an.

Flora : Envoie tout ça aux archives.

Roméo : Oui, je vais prévenir Conrad que j’arrive.


(Il se saisit de son téléphone et appuie quelques touches.)


Roméo (au téléphone) : Salut, c’est Roméo. Tu peux venir m’ouvrir les archives dans trois minutes ? J’ai tout un tas de trucs à virer. … … Okay, super. J’arrive tout de suite.


(Il raccroche et pose son téléphone sur son bureau puis achève de rassembler plusieurs dossiers.)


Roméo : J’y vais, à tout ’ !

Flora : À tout ’ !


(Il se lève et sort en emportant les dossiers. Flora continue de travailler un moment. Le téléphone de Roméo vibre soudain sur son bureau.)


Flora : Ah merde, il a oublié son tel…


(Se poussant d’un pied, elle fait rouler son siège de son bureau jusque devant celui de Roméo, et en balaie l’écran d’un air machinal.)


Flora (écarquillant les yeux) : Eloïse ?!?


(Elle s’empare du téléphone et regarde l’écran avec attention.)


Flora (lisant à voix haute le début d’un message) : Salut, merci pour hier soir, ça m’a fait du bien de…


(Elle tente à plusieurs reprises de déverrouiller l’écran, mais sans succès. La porte s’ouvre ; Roméo revient. Elle lâche le téléphone et fait rouler son siège jusqu’à son propre bureau.)


Flora (froidement, se levant) : Mon chéri, puisque tu revois tes ex, ça ne te dérange pas si je revois les miens ?


(Roméo la regarde sans comprendre.)


Roméo : Mais qu’est-ce que…

Flora (l’interrompant) : Ce qui est con, c’est que j’en ai beaucoup plus que toi…


(Elle passe devant lui en s’éloignant vers la porte du bureau.)


Flora : Et pour commencer, je vais récupérer ma prime mensuelle…


(Elle sort sous les yeux déconcertés de Roméo. Il va jusqu’à son bureau, agite la souris de l’ordinateur pour en déverrouiller l’écran, qu’il parcourt un moment ; puis ses yeux s’illuminent et il se saisit en hâte de son téléphone, tapote quelques touches et s’y absorbe quelques secondes.)


Roméo : Oh merde…


(Il range son téléphone dans sa poche puis sort.)






Acte V, scène 13

Jeudi 10, 17 h 45

L’appartement de Juliette et Eloïse

(Juliette)



(Juliette est au téléphone, assise sur le canapé.)



Juliette (au téléphone) : Et comme elle est pas au top, en ce moment, je me disais que ça pourrait être sympa qu’on se fasse un petit restau avec elle, samedi midi. Et je pense que ça lui ferait plaisir que vous soyez là tous les deux. … … Okay. Super. … … Oui, je pensais à l’hôtel restau un peu chic près du parc…