n° 22722 | Fiche technique | 24034 caractères | 24034 4211 Temps de lecture estimé : 17 mn |
29/10/24 |
Résumé: Ninon me fait visiter Bruxelles.
Le week-end touche à sa fin. | ||||
Critères: fh hplusag jeunes frousses toilettes fellation mélo nostalgie | ||||
Auteur : Jaehaerys Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : On n'est pas sérieux quand on a dix-huit ans Chapitre 06 | Fin provisoire |
Résumé des épisodes précédents :
Ninon et moi nous sommes rencontrés sur Facebook. Après des jours et des nuits d’intenses messages, je la rejoins à Bruxelles pour le week-end et nous devenons amants et vivons ensemble de nouvelles expériences.
Après le départ d’Ellie et Casper, Ninon et moi avons passé un long moment à parler de nous, notre soirée, notre avenir et bien d’autres choses avant de finalement nous assoupir enlacés.
Nous avons fait l’amour en nous éveillant, à l’aube. Il m’a semblé entendre Ninon me dire « je t’aime » alors qu’elle se rendormait dans mes bras. Déjà dans un rêve éveillé, je n’ai guère tardé à la rejoindre dans ceux de Morphée.
Nous émergeons de nouveau alors qu’il est déjà midi : l’heure de rendre la chambre !
J’appelle la réception de l’hôtel et négocie une demi-heure supplémentaire pendant que Ninon fonce à la douche.
J’y passe après elle, à la hâte, pendant qu’elle s’habille.
À ma sortie de la salle de bain, je la trouve vêtue d’une robe noire à col blanc à la fois sobre et délicieusement désuète qui la recouvre du cou jusqu’à mi-cuisses. Je reconnais la tenue dans laquelle je l’ai vue pour la première fois sur internet. Elle lui donne un air exagérément sage et en même temps un brin polisson avec les motifs de ses collants, j’adore !
Je me prépare à mon tour, nous laissons nos sacs à l’accueil et quittons l’hôtel.
Ça y est, nous visitons Bruxelles ! Le ciel bleu qui nous surplombe tranche radicalement avec la météo des jours passés.
Nous marchons jusqu’à la proche place Poelaert et son Palais de Justice en devisant gaiement. Ninon me narre avec enthousiasme l’histoire et les particularités de l’édifice et de son architecte. Quelle culture ! Elle semble incollable sur le sujet.
De près, les dimensions mégalomanes du palais imaginé par Joseph Poelaert le rendent encore plus impressionnant.
Ninon met un moment avant de comprendre.
Je la regarde, attendri, s’approcher du Palais de justice en sautillant gaiement. Quel contraste entre son tempérament et sa robe austère de jeune fille modèle !
J’admire le portail magistral de l’imposant bâtiment quand soudain Ninon attire mon attention.
Et la voici en train d’improviser une étrange chorégraphie sur le parvis ! Cette absurde fantaisie de plus, exécutée avec une remarquable grâce, me remplit de joie et de fierté d’être celui qui marche auprès d’elle. Mais, surtout, l’émotion reconnaissable entre mille que je ressens au fond de moi me confirme, s’il en était encore besoin, que je suis d’ores et déjà amoureux. Passionnément amoureux.
Refoulant ce terrible constat, grandiose et effrayant à la fois, je prends mon plus bel accent belge pour l’interpeller :
Nous échangeons un sourire complice.
Notre balade nous amène ensuite au Coudenberg, où nous admirons le musée des instruments de musique sis dans l’ancien magasin Old England, chef-d’œuvre de l’Art nouveau.
Évidemment, nous ne pouvons que rire et faire les imbéciles devant les violons.
Nous partagions déjà un grand nombre de références sous-culturelles avant de nous rencontrer et il a suffi de quelques jours pour que nous bâtissions nos propres codes et blagues privées dont le reste de l’univers nous semble exclu. Le monde extérieur n’est que la toile de nos délires.
Le troquet s’avère malheureusement fermé.
Nous échangeons un regard.
Un long et troublant regard.
Nous nous enlaçons avec passion devant cette pharmacie anglaise à la décoration si surannée.
Je ressens dès cet instant que je me souviendrai toute ma vie de ce moment.
En descendant les escaliers du Mont des Arts, ma compagne décide qu’elle a trop chaud avec ses collants et s’assoit au bord de la fontaine pour les retirer. Elle trempe ensuite ses jambes dans l’eau et s’offre même le luxe de m’en lancer du bout des pieds.
J’admire cette adorable fille aux si jolies gambettes faire ses pitreries dans le bassin en me réjouissant une fois encore d’être son cavalier. Je l’aide ensuite à se sécher en lui essuyant et lui frictionnant les pieds et les mollets.
Je savoure le regard attendri qu’elle m’adresse. Saisissant la main qu’elle me tend, je l’attire à moi et l’embrasse. Elle me rend mon baiser. Mieux, elle vient me chevaucher et m’éteindre ! Ô, Ninon, je passerais ma vie entière à t’enlacer…
Nous reprenons le chemin du centre historique après un réquisitoire enflammé de Ninon contre la laideur de la Bibliothèque royale de Belgique.
Et c’est reparti pour un échange de répliques ! Nous partageons une fois de plus les mêmes références. Je m’imagine, un peu mièvrement, avoir trouvé l’âme sœur dont je rêvais à dix ans en regardant, ébloui, Sophie Marceau se jeter dans les bras de Pierre Cosso à la fin de La Boum 2 sur « Your eyes » des Cook da Books.
Nous prenons finalement chacun un cornet de frites que nous dégustons devant la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule et revenons ensuite sur nos pas pour savourer un cheesecake aux speculoos chez Exki. Après notre repas, nous traversons les galeries royales Saint-Hubert en faisant un détour par la rue des Bouchers, partons nous régaler les yeux et de nouveau l’estomac chez Dandoy rue au Beurre, et enfin débouchons sur la Grand-Place dont Ninon me narre avec passion la reconstruction après le bombardement par les troupes de Louis XIV en 1695.
C’est en sortant de la chocolaterie Dolfin que Ninon saisit ma main, et c’est comme un vrai cliché de jeunes amoureux que nous allons saluer le Manneken Pis après quelques haltes devant les délires gourmands des échoppes à l’entour. Je suis euphorique.
Sur une suggestion de ma guide, nous remontons ensuite jusqu’à la gare de Bruxelles-Central, où nous prenons le train pour celle de Schaerbeek tout juste reconvertie en musée du monde ferroviaire.
Ce dernier s’avère impressionnant et sa visite en compagnie de Ninon est un plaisir. Plaisir de découvrir ensemble la spectaculaire scénographie signée François Schuiten, de nous extasier devant les locomotives d’autrefois et, surtout, de nous bécoter et peloter dans les nombreux coins sombres.
Elle s’y engouffre en m’entraînant par le bras, s’installe sur le trône avant même que j’aie fermé la porte et fait son affaire en surjouant son soulagement. Mon air gêné l’amuse.
Me regarder uriner la met en joie. Elle insiste pour « tenir la bête » et m’égoutter elle-même.
Sa langue caresse mon gland puis se délecte de ma hampe. Elle me prend ensuite entièrement en bouche et les va-et-vient de ses lèvres ont tôt fait de réanimer mon sexe.
J’ai de nouveau envie d’elle.
Je la relève et la fais se pencher sur le lavabo tout en libérant son arrière-train de tout textile.
Je ne me fais pas prier.
Ses entrailles sont brûlantes, une vraie chaudière ! Je la pistonne avec entrain.
Hélas, après de premiers instants prometteurs, mon engin trahit sa fatigue et, malgré l’accélération de mes coups de boutoir, c’est bientôt la panne.
Elle m’installe sur les WC et entreprend de me masturber d’une main en me massant les testicules de l’autre.
Elle m’embrasse goulûment. Sa langue étreint langoureusement la mienne, la relâche et se frotte à nouveau contre elle, faisant étinceler mes papilles de mille et un frissons de désir qui m’irradient la bouche et se propagent dans mon corps, jusqu’à réanimer ma virilité. Et le miracle se produit : je durcis.
Sa bouche délaisse alors la mienne au profit de ma verge, dont elle se délecte bruyamment. La main dans ses cheveux, je ferme les yeux pour mieux apprécier les ondes de plaisir qui me parcourent le corps à chaque fois que Ninon aspire. Mais voilà que sa caresse ralentit soudain, puis s’arrête…
Elle reprend sa fellation en me tenant de la main droite tandis qu’elle fait passer la gauche sous mes fesses pour me caresser les testicules par-derrière. La sensation est grandiose, d’autant plus que Ninon ne se gêne pas pour stimuler mon sphincter au passage !
Et cette surdouée de l’amour physique me suce à la perfection, alternant rapides mouvements des lèvres et léchouilles plus langoureuses, me gratifiant au passage de provocants regards et sourires. Comment peut-elle exceller à ce point dans l’art de me faire du bien ?
Et, à propos de bien…
Elle me regarde avec une torride gourmandise et reprend sa fellation avec énergie.
Oh mon Dieu ! Je me tends, me retenant de toutes mes forces jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Je m’abandonne enfin à l’extase, laissant malgré moi échapper une exclamation étouffée ; c’est qu’il ne faudrait pas rameuter tout le musée ! Je jouis donc en serrant les poings et les dents tandis que Ninon maintient le rythme de sa fellation. Que c’est bon, ai-je envie de hurler !
Mon orgasme est étonnamment long malgré une éjaculation très modeste. Alors que j’adresse à Ninon un sourire reconnaissant, elle exhibe son trophée séminal sur sa langue, déglutit de manière théâtrale puis me montre sa bouche vide avec un regard exagérément langoureux. Quelle chaudasse, je rêve !
Elle me sourit et m’embrasse. Comme amoureusement.
Je suis aux anges.
Rafraîchis et rhabillés, nous quittons les toilettes puis le musée. Ninon s’endort dans le tramway qui nous ramène vers le centre historique, la tête sur mon épaule. Elle m’adresse un doux et merveilleux sourire quand je la réveille en arrivant.
Nous rejoignons la porte de Hal pour un bain de soleil, allongés sur l’herbe. Ma compagne, la tête sur ma poitrine, semble pensive.
Waouh. On se reverrait dans deux et trois semaines, alors ?
Elle se redresse, hésite avec une irrésistible moue plaintive.
Elle sourit puis se lance.
Tiens, elle ne m’avait pas encore trop montré son côté fleur bleue ! J’ai par réflexe un sourire attendri.
Et pour cause ! J’ai déjà fait cette balade il y a des années avec Amélie. Ma copine, pas Poulain.
C’est ce jour-là qu’a été prise la photo de nous qui orne notre entrée.
Eh bien, la Ninon fleur bleue aura fait long feu !
Je regarde droit dans ses grands yeux la jeune femme dont je suis amoureux. Comment accepter de la voir de nouveau copuler avec une autre personne ? Mais, surtout, comment lui dire non ?
Elle me fait un adorable sourire et m’embrasse.
Mais… Je la regarde, un peu abasourdi. Était-ce bien indispensable de me dire une chose pareille ? Et, surtout, les moments vécus avec moi n’ont-ils donc pas émoussé son envie qu’il se passe quelque chose entre elle et cette fille ?
Ninon semble prendre conscience de mon trouble.
Je tiens absolument à éviter tout sujet de discorde et à profiter de chaque minute qu’il me reste à passer avec Ninon. La lumière déclinante de la fin de journée, aussi belle soit-elle, me rappelle que le week-end approche de son terme.
Ninon m’emmène dîner à la Porteuse d’Eau, une élégante brasserie de style Art nouveau.
L’ambiance est encore relativement gaie malgré notre séparation imminente. Pourtant, alors que je reviens à notre table après un passage aux toilettes, je retrouve Ninon blême, comme en état de choc, son téléphone à la main.
J’appréhende terriblement la réponse, mais la question s’impose…
La mère du copain cocu. Oh non.
La mère et la petite sœur. Pitié, non, ce week-end ne peut pas se terminer comme ça…
Je lui prends la main, elle la retire.
Ninon regarde fixement la table, comme perdue dans ses remords. Je remarque qu’elle tremble. Elle me semble soudain si vulnérable, si…
Si jeune.
Soudain, le voile de mes yeux se déchire.
Soudain, je vois Ninon telle qu’elle est : une jeune fille de dix-huit ans complètement paumée.
Comment est-ce possible ? Comment la femme sensuelle et passionnée qui m’éblouit depuis le début du week-end, voire de la semaine, peut-elle être cette adolescente en pleine angoisse ? Ce n’est pas possible… En pleine angoisse à cause de moi, qui plus est. De mes propres actes. N’ai-je pas agi de manière irresponsable en la traitant comme une adulte de mon âge parfaitement apte à décider de me faire venir à Bruxelles ?
Allons, elle est majeure, elle savait ce qu’elle faisait ! Oui, mais non. Mes douze ans de plus me donnent un ascendant sur cette quasi-ado, que je le veuille ou non !
Je me sens chanceler sous le poids de ma responsabilité. Non, je n’ai pas le droit ! C’est moi l’adulte, à moi d’assumer !
Je prends le ton le plus posé et rassurant que je peux.
Je n’insiste pas. Nous reprenons le tramway dans un pesant quasi-silence. Ninon, si radieuse depuis hier, semble cette fois totalement abattue, et mes mots qui se veulent rassurants se perdent dans le soudain brouillard de son spleen.
Elle m’attend devant l’hôtel pendant que je récupère nos bagages. J’ai un coup au cœur de la voir se tenir, si nerveuse et comme au bord des larmes, là même où hier soir elle avait lancé un si enthousiaste « let’s go ! » à Ellie…
Le trajet en métro qui suit se déroule également dans une ambiance de plomb. Il me semble interminable et en même temps désespérément court tant j’appréhende le moment des adieux, la fin de ce week-end hors du temps. Je me sens expulsé du jardin d’Eden.
Mon Eve m’accompagne jusqu’à ma voiture, lieu de notre premier baiser et de nos premiers ébats. C’était il y a deux jours. Ç’aurait pu être il y a deux ans. Je prends sur moi pour ne pas craquer devant Ninon.
Alors que je la ramène chez elle, la radio choisit ce moment précis pour diffuser « Perfect Day » de Lou Reed. Non, mais c’est une blague, c’est notre chanson préférée à tous les deux !
Pas de réaction de Ninon.
Je commence à chanter. Seul.
L’ambiance est morose. Tentons autre chose.
Je me mets à chanter faux, fort, pas en rythme et avec un accent digne de Renaud.
Je massacre si violemment la chanson que j’arrache un triste sourire à Ninon.
Je revois soudain notre week-end défiler.
Je n’arrive pas à chanter le deuxième couplet.
Le refrain retentit de nouveau alors que nous remontons la rue de Ninon.
À sa demande, j’arrête la voiture un peu avant son immeuble. Je me tourne vers elle. Elle me regarde les yeux humides.
« Tu me fais tenir le coup », chante et répète Lou Reed.
Un même élan nous porte l’un vers l’autre. Nous échangeons un baiser long, puissant. Amer.
Ninon quitte la voiture. Je redémarre, passe près d’elle, lui adresse un salut qu’elle me rend.
Avec appréhension, je la regarde dans mon rétroviseur s’engouffrer dans son immeuble et disparaître.
C’est fini.
Mes nerfs lâchent.
« Vous allez récolter ce que vous avez semé », martèle impitoyablement Lou Reed.
***
De fait, nous récolterons la tempête.
Amélie vivra très mal notre rupture. Je resterai longtemps hanté par ses sanglots.
Thomas, accablé par l’infidélité que lui avouera Ninon, la quittera et dressera leurs amis communs contre elle.
Nous nous réfugierons dans nos échanges plus délirants, intimes et jubilatoires que jamais.
Je mettrai de côté mon impression d’être un plan B.
Et puis Ninon disparaîtra soudain, sans explication ni préavis.
Son silence coïncidera avec sa semaine en France. Je l’attendrai en vain à Paris.
Mon sevrage imposé, éprouvant, me permettra au moins de gérer plus proprement ma séparation avec Amélie.
La nuit même de son retour à Bruxelles, Ninon m’enverra un simple « tu me manques ».
J’oublierai bien vite cette étrange synchronicité et ma réserve initiale pour replonger dans mon addiction, trop heureux de ressentir de nouveau l’euphorie de nos interminables échanges nocturnes et ferré par la perspective de la revoir.
Je finirai par lui dire « je t’aime ». Elle y répondra par un silence gêné.
Et puis, après un second week-end avec moi, elle rentrera en Bretagne et disparaîtra de nouveau, cette fois définitivement.
J’aurai été pour elle une simple histoire d’été. Je me serai, moi, passionnément emballé.
Ninon m’aura souvent averti, pourtant : on n’est pas sérieux quand on a dix-huit ans…
***
Générique de fin : Lou Reed, Perfect Day
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