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n° 22727Fiche technique25939 caractères25939
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Temps de lecture estimé : 18 mn
31/10/24
Résumé:  Cauchemars, fantômes et squelettes, Laissez flotter vos idées noires Près de la mare aux oubliettes tenue du suaire obligatoire" "Champagne !" (J. Higelin)
Critères:  #journal #nonérotique #fantastique
Auteur : Melle Mélina      Envoi mini-message

Collection : Halloween
Trouillomètre à zéro !

🎃 Loup garou 🎃


Cela faisait des mois que Jack, Mortitia et Eydine envisageaient de parcourir les Highlands d’Ecosse – une région désertique, un paysage de désolation, de fougères à perte de vue, un badland aux quelques rares habitations.


En cet fin d’après midi, les trois Anglais se perdaient dans les landes brumeuses d’Écosse. Il se faisait tard, le soleil qui n’était pas apparu de la journée, caché dans les nuages gris allait bientôt se coucher pour laisser la nuit noire prendre le relais.


Harassés – cela faisait bien mille lieux que les Londoniens suivaient les indications de leur GPS. Une petite auberge non loin de là les attendait. La promesse d’un repas chaud, d’une bonne douche et de draps frais pour la nuit leur donnait du baume au cœur et du courage aux jambes.


Les ténèbres enveloppaient à présent le paysage, seule la pleine lune éclairait la lande - suffisamment pour se diriger sur le sentier sinueux que les randonneurs empruntaient. À droite, à gauche, le néant était menaçant, le vent s’était tu.


Dix minutes s’étaient écoulées dans ce silence étouffant lorsque un hurlement lointain brisa l’infini, comme un éclair déchire le ciel. Les trois compères se figèrent, leurs sens en alerte. Ils tentaient de pénétrer la noirceur des alentours, mais leurs regards ne pouvaient la percer. Ils balayaient l’obscurité de la lampe torche de leur portable, mais le faisceau lumineux ne renvoyait que le vide. L’odorat et l’ouïe surexcités, ils sentirent un effluve puis entendirent un simple craquement.


Quelque chose, quelqu’un était proche. Les trois baroudeurs, main dans la main, n’osaient même plus respirer. Empreints à une indicible terreur, ils pouvaient sentir battre leur cœur et celui de leur compagnon. Leurs jambes semblaient ne plus pouvoir les soutenir tandis que leurs pieds étaient arrimés dans un sol bourbeux.


Un souffle chaud puis un murmure ressemblant plus à un avertissement qu’une plainte leur parcourue l’échine. Puis un infernal grognement résonna dans l’obscurité.



oooo 🎃 oooo


Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le « Poney Fringuant » accueillait en son sein sept habitués. Quatre jouaient un ersatz de belote, deux autres - Mc Intosh, un vieux débris à barbe longue semblant sortir tout droit de l’univers de Tolkien et Mc Burger, au ventre pansu - une partie d’échec qui n’en finissait pas et Al O’Win, le vieux loup de mer borgne d’Irlandais.


Ce dernier fumait sa pipe qu’il avait bourrée d’un tabac qui avait mariné dans du scotch de contrebande. La fumée s’insinuait dans son œil de verre et ressortait de ses narines poilues. Il avait le visage buriné par le vent des marées et par l’âge, les dents gâtées par manque de soin et il avait tellement la tremblotte à chaque fois qu’il levait son verre de gnôle pour tremper ses lèvres gercées, le liquide se répandait sur le zinc.


Dans les volutes de fumées et les vapeurs d’éthanol, Adeline Mc Gween, la tenancière de ce trou à rats de vieux marins, rouspétait pour la forme et l’invitait à retourner foutre le bordel dans son Belfast natal. Ce à quoi il rétorquait toujours :



Et les autres de maugréer :



Puis ils levaient leur brune et trinquaient à la fraternité avant de partir dans des rires tonitruants.


À la nuit tombante, avant de les renvoyer chez eux, Adeline leur prépara un Haggis au whisky que les sept salopards engloutirent avec gloutonnerie puis avant de prendre congés, commandèrent une bonne Guinness bien épaisse, de celle que l’on boit à la petite cuillère.


Le vent sifflait à présent, le froid s’insinuait au travers des vieilles briques de la bâtisse et le feu qui crépitait était l’endroit prisé des invités. Adeline Mc Gween regardait régulièrement sa montre au point que Al l’aperçut :



Passant au-dessus des discussions et des sons à l’intérieur du Poney Fringuant, les convives entendirent des cris hurlés et des aboiements féroces depuis l’extérieur. Tous se turent. Il dut se passer bien une à deux minutes d’un silence affreux lorsqu’on tapa à la porte en criant :



Entrèrent deux femmes accompagnées d’un homme, tous trois en proie à une émotion de terreur intense. Ils tremblaient de tous leurs membres et cherchaient leur souffle après une course effrénée vers ce havre.


L’homme réussit à expliquer qu’ils avaient été attaqués par des loups.



Jack admit :




Dévoré par la curiosité, vous ne pouvez admettre une telle fin, n’est-ce pas ? Aussi, je vais vous donner une explication si tel est votre souhait.




🎃 Le manoir 🎃


Alyssia, mère célibataire de deux enfants, Solène et Timothée, âgés respectivement de 14 et 7 ans, vivait depuis maintenant une toute petite semaine dans le manoir qu’elle venait d’hériter d’une tante qu’elle n’avait jamais vue, ni même entendue.


Une fois la surprise passée, elle prit possession de « Amon », la gigantesque bâtisse cachée à l’orée des bois, excentrée de la ville. La vielle demeure ressemblait à une maison victorienne avec une tourelle et une grande terrasse recouverte sur laquelle attendait qu’on s’y installe un fauteuil à bascule en rotin.


Quoique ancien, le manoir était bien entretenu, seule la vitre ronde de la tourelle était cassée. Aux premiers jours, Alyssia se perdit dans les nombreux couloirs de Amon. Sa première crainte était celle bien légitime de l’entretien d’une telle maison. Elle était beaucoup trop grande, elle passerait tout son temps dans le ménage. Elle était prête à ne pas s’y installer mais les enfants l’avaient investie avec joie. Ajoutez à cela qu’elle allait faire l’économie d’un loyer à vie. Aussi, accepta-t-elle le fardeau qui lui incomberait tôt ou tard.


Elle condamna une partie de la maison, notamment l’accès à la tourelle. La vitre cassée laissait pénétrer le froid et de chauffer de si grands volumes allait ruiner les économies qu’elle envisageait de faire.


Dès la première nuit, des phénomènes se produisirent. A trois heures du matin, la sonnerie du vieux téléphone fixe retentit. Elle descendit pour répondre, mais à peine eut-elle décroché que la sonnerie du four résonna à son tour.


Il faisait froid en ce mois d’octobre, le carrelage gelait les pieds nus de Alyssia. Alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre son lit, une fenêtre s’ouvrit largement. Cette dernière donnait sur la terrasse, et tandis que l’héritière la fermait, le fauteuil à bascule se balançait dans un grincement sinistre. Alyssia ouvrit la lumière donnant directement sur l’objet de son regard. Aussitôt, la bascule cessa.


Surprise, Alys fut immédiatement submergée par l’angoisse. Derrière elle, elle entendit des pas montant les escaliers de bois. Elle en fut véritablement effrayée, mais de savoir ses enfants dans leur chambre à l’étage lui donna suffisamment de courage pour affronter sa peur.


Arrivée devant l’escalier, elle dut se rendre à l’évidence, il n’y avait personne. La peur au ventre, elle entreprit de monter à son tour et elle jura voir depuis le portrait accroché sur le mur les yeux de sa défunte tante, Mara la suivre.


Une fois s’être assurée que ses enfants étaient confortablement au chaud dans leur couette, elle se cacha sous ses couvertures et essaya de retrouver un peu ses esprits et surtout son calme. Ses paupières commençaient à devenir lourdes et elle allait bientôt glisser dans un sommeil réparateur que des bruits de pas provinrent de l’aile condamnée. Cela ne pouvait pas être son imagination, cela ne pouvait pas être dû à la fatigue. Quelqu’un marchait lentement, pesamment.


Elle était terrorisée, elle prit son téléphone et appela police secours. Les représentants de l’ordre arriveraient sur les lieux dans un petit quart d’heure. Jusque-là, consigne était donnée de ne pas bouger de la chambre et de surtout ne pas aller à la rencontre de l’intru.


Elle réveilla les enfants, et les invita à rester avec elle dans la chambre le temps d’attendre les policiers.


Le quart d’heure passé, les représentants arrivèrent et fouillèrent de fond en comble Amon. Il n’y avait rien. Rien d’anormal. Il n’y avait personne. Personne d’autres que les trois habitants.


Le lendemain, ivre de fatigue, elle décida de suivre malgré tout l’emploi du temps qu’elle avait prévu. Elle s’attelait à arracher les mauvaises herbes qui donnait un aspect sinistre au jardin et à la devanture de Amon. En sueur, elle leva la tête en direction du manoir et elle vit une silhouette se déplacer dans la pièce sise juste à côté de sa chambre.


Elle se précipita à l’intérieur, monta quatre à quatre les escaliers et lorsqu’elle entra dans la pièce, elle la trouva vide. Il n’y avait que l’ancien meuble singer avec la machine à coudre d’un autre temps, la psyché et le grand mannequin.


La deuxième nuit ne fut pas plus reposante, de nouveau la sonnerie du téléphone sans que personne ne soit au bout du fil suivie de celle du four, de nouveau des craquements et de nouveau les pas retentissants dans l’aile condamnée.


Elle n’osa pas appeler la police.


De même pour la nuit qui suivit.


De même pour la nuit d’encore après.


Alyssia n’avait plus aucun doute. Amon était hantée.


Le coup de grâce qui la décida à quitter définitivement le manoir arriva le cinquième jour. Elle préparait le repas du soir lorsqu’elle entendit un bruit effroyable provenir de la cave. Armée d’un tison, elle descendit prudemment dans ce lugubre endroit froid. Les enfants n’étaient pas encore là, toujours à l’école, ils ne pouvaient être responsables de ce vacarme et de plus, aucun des deux n’osait s’aventurer ici-bas.


Elle alluma l’interrupteur, une lumière tamisée qui laissait plus deviner qu’elle n’éclairait dévoila la source du bruit infernal retenti plus tôt : une étagère était au sol. Quelque chose l’avait faite tomber !


Les enfants arrivèrent en même temps qu’Alyssia finissait de remplir la voiture des quelques bagages devant les mener bien loin du manoir démoniaque.



Ne vous moquez pas d’Alys, vous auriez fait pipi dans votre culotte à sa place. Cependant, vous vous doutez que la présence d’un être démoniaque dans ces murs n’est pas forcément la seule réponse aux questions qui se posent.

Aussi, je vous laisse le choix de savoir la vérité ou de vous contenter de cette histoire de maison hantée.




🎃 Le requin 🎃


Voilà quinze jours que la saison estivale avait débuté, quinze jours que Méline ouvrait son poste de secours « Marsouin » à 10 h du matin pour le fermer à 19 h. 9H de surveillance pour que la baignade soit la plus sécurisée possible.


La plage était généralement bondée une fois midi passée. Le matin, elle était généralement occupée par les riverains. Trois maîtres-nageurs tournaient sur les différents poste de surveillance de Marsouin : une surveillance à la jumelle depuis le bloc, un autre les pieds dans l’eau, ce que l’on appelle « être à la lame » et enfin le troisième poste à bord du zodiaque.


Comme tous les matins, beaucoup de maîtres-nageurs affectés sur les différentes zones de baignade se rassemblaient pour une mise en forme. Ils se retrouvaient pour faire du foot, du basket mais aussi pour nager. Méline préférait à ces trois disciplines la natation.


Ce matin, le zodiaque la déposa au mille marin, c’est-à-dire environ 1 800 m – une distance qui pouvait paraître importante pour les baigneurs lambda mais qui n’était qu’une formalité pour les sauveteurs en mer.


La mer était calme, froide et claire à cette distance. Méline ne pouvait pas voir le fond, mais devinait aisément la profondeur qu’elle estimait à peu près 25 m. Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait seule au beau milieu de la mer et elle savait que les marins basés dans le sémaphore gardaient un œil sur elle.


Après une dizaine de coulées, elle avait ordre de presser sa nage, car elle traversait en ce moment précis le chenal à bateau, couloir strictement interdit à la baignade. Une fois le passage franchi, il lui restait encore un bon kilomètre avant d’atteindre les berges.


Tandis que la naïade nageait tranquillement, une masse opaque se distingua en profondeur. Quelques pensées parasitaires vinrent lui tarabusquer l’occiput : cette mer est un lieu de passage pour les requins pèlerins, pour les grands blancs et aussi – quoique plus rarement – pour les orques. Les pèlerins sont inoffensifs, leur taille impressionne mais ces requins sont comme des baleines. Par contre les deux autres insufflent la peur dans le ventre et dans le cœur. Ces deux magnifiques bêtes sont de véritables machines à tuer.


Ses pensées devinrent très vite obsessionnelles et Méline se raisonnait en se rappelant ce qu’elle savait des requins.

Ces poissons sont avant tout curieux, ils ne sont pas intrinsèquement agressifs, les humains ne sont pas leurs proies habituelles. Au pire, ils viennent, vous poussent, cherchent à savoir ce que vous êtes, vous frôlent, peuvent croquer éventuellement un mollet pour connaître le goût.


Avec cette dernière réflexion, Méline sentit l’angoisse grossir, la gangrener. À l’angoisse et à l’anxiété, la panique prit le relais. Son esprit cédait et elle fut bientôt incapable de raisonner. Soudain, elle revit l’ombre dans les profondeurs.


Elle s’arrêta le temps de bien visualiser cette masse qu’elle discernait en dessous d’elle. Une masse de bien huit mètres, oblongue.


Elle en fut persuadée, c’était un requin ! Un grand blanc ! Les dents de la mer ! Le Carcharodon Carcharias !


Panique sec !


Elle accéléra et accéléra et accéléra jusqu’à sprinter. Jamais elle n’avait nagé aussi vite, elle en but la tasse, failli se noyer à ingurgiter cette eau salée. Elle redressa la tête, elle avait dévié de la ligne droite et elle se rendit compte qu’elle avait progressé en parallèle de la plage.


Elle pleurait, voulait hurler mais son salut résidait dans sa nage.


oooo 🎃 oooo


Au sémaphore, les marins jouaient au bridge et de temps à autre, un se levait pour de ses jumelles admirer la grande étendue bleue. Ils savaient que les sauveteurs nageaient et ils jetaient régulièrement un p’tit regard pour s’assurer que tout allait bien.




Cinq minutes plus tard, Méline était la proie de la panique et nageait dans une mauvaise direction. C’est à ce moment alors que Blondin venait de perdre la main, qu’il se saisit des jumelles :



Il fallut encore cinq minutes aux marins avant de se décider à intervenir. Ils la récupérèrent nageant vers le large, en état de choc, exténuée, pleurant, tremblant comme une feuille pour l’emmener à l’hôpital.


Marsouin ne fut pas ouvert ce 14 juillet au grand dam de la mairie pour qui la fermeture d’un espace de baignade semblait plus important que la vie de ses sauveteurs.


Qu’était cette ombre qui a poursuivi la belle nageuse dans ces eaux troubles ? Était-ce donc ? Un requin ? Un Orque ? Contentez-vous de cette explication l’ami et n’allez pas chercher à satisfaire votre curiosité, laissez votre imaginaire vagabonder… Non, ne clique pas sur ce lien ou tout sera révélé.



🎃 Les Zombies 🎃


Haddonfield, petite ville de l’Illinois, 31 octobre 2024.


Tout a commencé ce maudit jour de fête. Déguisés en fantôme, en squelette, en sorcière, en vampire ou toute autre créature de l’imagier des monstres, à la nuit tombante, les enfants frappaient aux portes pour réclamer des bonbons – sans quoi, un sort serait jeté. Les ado et autres jeunes adultes se préparaient pour aller à la grande fête qui finirait tard dans la nuit.


Comment auraient-ils pu imaginer que la horde grouillante qui se dirigeait vers eux en meuglant comme un groupe de vaches asthmatiformes fût composée de véritables zombies ?? Le carnage marqua le début du chaos, marqua le début de l’ère post-apocalyptique.


25 décembre 2024, journal de Négan Grimms


C’est mon premier Noël sans ma famille. Elle a été décimée par les morts-vivants et comble de l’horreur, je vois au travers de mes persiennes ma mère déambuler dans les rues à la recherche de cervelle fraîche. Je suis cloisonné dans ma maison et bientôt mon garde-manger ressemblera à l’Éthiopie après le passage des sauterelles.


Il faudra bien que tôt ou tard je m’aventure loin de mon refuge, que je gagne le centre commercial et que je revienne les bras chargés de boites de conserves et peut-être de chocolat. Toutefois, comment faire ? Comment parcourir les deux kilomètres qui me sépare de la nourriture promise. Ma voiture est garée juste à une dizaine de mètres ou plutôt à une dizaine de zombies de là !


Il faudrait que j’arrive à accéder à mon abri de jardin où m’attend ma winchester, mais la même problématique se pose. Les non-morts sont également dans le jardin.


28 décembre 2024, journal de Négan Grimms


Je n’ai plus le choix.


Je n’ai plus rien pour me substanter. Le problème est que j’ai tenté une sortie voilà deux jours. Je m’étais armé d’un couteau de cuisine, seule arme à ma disposition. Je regrette de n’avoir jamais fait de baseball. Je n’ai pas parcouru plus de deux mètres qu’une de ces immondes créatures me sautait dessus, je lui ai planté le couteau pile entre les deux yeux. Elle est tombée comme une masse mais le couteau était si profondément ancré dans le visage que je n’ai pu le récupérer. Déjà un autre mort-vivant beuglait en ma direction. Je suis rentré chez moi, le souffle court et la porte fermée à triple tour.


D’avoir tenté de sortir m’a révélé. À présent les zombies savent qu’un être humain demeure dans cette maison, un être humain avec une cervelle fraîche !


Je vais sortir à la faveur de la nuit.


01 janvier 2025. journal de Négan Grimms


Je ne sais combien de temps me reste-t-il. Une heure, deux ? Un Jour, un mois ? Pas plus, ça c’est sûr. J’ai été mordu.


Je ne sais pas quand mon sang sera complètement gâté, mais je le sens battre dans mes veines et je constate quelques transformations. Ma jambe est gangrenée, je traîne de plus en plus la patte.


La nuit tombée, je suis sorti le plus prudemment et silencieusement possible. Les zombies semblent avoir les mêmes difficultés que nous à voir dans le noir, car ils ne m’ont pas repéré.

Je suis entré à bord de ma DeLoréane (tu parles, une vieille Buick), lorsque j’ai mis le contact, la horde grouillante s’est jetée sur la carrosserie. J’en ai écrasé une paire, j’en ai percuté une bonne vingtaine et je suis arrivé au centre commercial.


Sur le gigantesque parking, seule une dizaine de morts-vivants déambulaient. Je n’ai eu aucun problème pour atteindre les portes closes. Avec un pied de biche, je réussis à entrer par une porte de service, bientôt poursuivi par les zombies. Je barricadais l’entrée de fortune et j’accédais enfin dans les rayons.


J’aurais dû m’en douter, l’enseigne avait été dévalisée. Il n’y avait pratiquement plus rien dans les rayons et surtout, il n’y avait plus aucune denrée.


Je me dirigeais vers le rayon outillage, m’armais d’un marteau, d’une hache et si j’avais déniché de l’essence, j’aurais pu appréhender la tronçonneuse qui semblait m’appeler. Si je me sentais un peu moins nu, le problème restait entier, j’avais faim. Une faim de loup.


Je quittais donc le centre, la tête dans mes pensées à réfléchir où trouver de quoi assouvir ce besoin vital.

Je ne les ai pas vus, je ne les ai pas entendus. Ils étaient là à m’attendre derrière la porte par laquelle j’étais entré.

Ils m’ont sauté dessus, ma hache a fait des merveilles, mais même au sol, un zombie reste une sale bête dangereuse. L’un de mes assaillants m’a agrippé par le mollet pour croquer un bout. Je ne peux pas dire que j’ai eu mal, je l’ai à peine senti, l’adrénaline a probablement atténué la douleur.


Ce n’est qu’à l’abri dans ma vieille Buick que j’ai remarqué que je saignais. Je pense que je n’ai plus le choix, il va falloir que je m’ampute. Pute de vie !


Je viens de serrer le garrot à son maximum. Je ne sens plus mon membre inférieur, je serre un portefeuille dans la mâchoire et je chiale de peur. Je me saisis de la hache. Elle me semble plus lourde.


Quand il faut y aller. Courage mec !


Qu’auriez-vous fait à la place de Négan, auriez-vous eu le courage de le faire ? Oh vous pouvez juger ! Ce n’est pas si facile même si c’est de votre vie qu’il s’agit.


De nouveau, votre curiosité vous ronge et vous ne désirez plus qu’une chose : savoir.


A-t-il été jusqu’au bout, a-t-il eu le cran de se couper la jambe infectée ?


Je vous laisse la possibilité de le savoir, mais je vous conseille vivement ne pas jouer les voyeurs, la vérité peut être extrêmement frustrante.