n° 22850 | Fiche technique | 28394 caractères | 28394 4837 Temps de lecture estimé : 20 mn |
28/12/24 |
Résumé: Pour sauver leur ménage, un couple se perd dans un jeu où chaque geste, chaque intention et chaque regard pourrait bien être chargé de faux semblants. | ||||
Critères: #psychologie #adultère #couple #couplea3 #libertinage #lieuderencontre fh fhh voir exhib hmast caresses facial fellation cunnilingu préservati pénétratio hf lieusexe | ||||
Auteur : L'artiste (L’artiste) Envoi mini-message |
Ce texte a été écrit pour le concours à venir : « Conspirations et manigances, qui manipule qui ? ». Je me suis aperçu trop tard que son caractère érotique dérogeait aux critères de participation. Je n’avais qu’à mieux lire le règlement avant de le proposer.
Aurélie est l’une des coachs de ma salle de sport. Toujours souriante, attentive, elle a ce don rare de vous mettre à l’aise instantanément. Elle est vite devenue pour moi une oreille précieuse, surtout depuis que les choses avec Nicolas se sont compliquées.
Un jour, alors que je pliais une serviette au bord du tapis de course, elle m’avait rejointe, un smoothie à la main.
Et dans un élan de faiblesse, j’avais tout déballé : les années qui pesaient, la flamme qui vacillait ; cette idée de Nicolas, insensée, d’expérimenter le libertinage ; mes réserves à ce sujet, la crainte que ce ne soit pour lui qu’un prétexte… le fait que cela me paraisse glauque et que de m’envoyer en l’air avec n’importe qui me rebutait vraiment.
Puis elle s’était penchée vers moi avec un sourire malicieux.
Devant ma surprise, elle avait conclu en posant une main complice sur mon bras :
Mon cœur s’était emballé. Toujours est-il que c’est à ce moment-là que mon plan s’est construit.
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Aujourd’hui, je n’ai plus aucun doute. Puisque mon mari veut explorer, ce sera aussi pour moi l’occasion d’oser ce qui me hante. Est-ce de la folie ? Je ne sais pas, mais au point où nous en sommes, qu’est-ce que je risque ?
Déterminée, je m’approche de Franck, le gérant de la salle de sport. Cette fois, c’est moi qui tiens les rênes. Ma voix est claire, presque provocante :
Je prends une grande inspiration, et lui explique tout : l’intention de Nicolas d’explorer des choses… nouvelles, et mon souhait de l’inviter, lui, parce qu’il me plaît. Puis je conclus, presque dans un souffle, un peu hypocritement :
Il ne répond pas tout de suite. À défaut, il s’approche encore, son regard ancré dans le mien.
Il est loin d’être dupe, et ses mots me renvoient à mes propres vérités. Il pose une main sur ma taille et m’attire légèrement contre lui.
Ses yeux ne quittant pas les miens, ses lèvres effleurent ma bouche. Lorsque ses doigts s’aventurent dans mon dos, une chaleur lancinante m’envahit, me faisant chanceler.
Profitant de ma reddition, il devient plus audacieux. Ses mains frôlent ma peau, caressant mes hanches, puis ma taille. L’une d’elles glisse sous ma brassière, puis repousse le tissu pour dévoiler ma poitrine.
Ma respiration s’accélère. Malgré tout, je pense à mon mari. Je ne sais pas si je dois le maudire ou l’en remercier. Franck interrompt son baiser pour descendre dans le creux de mon épaule. Retenant mon souffle, j’incline légèrement la tête pour mieux lui offrir mon cou. Puis ses lèvres s’aventurent plus bas et épousent un sein ; je me délecte de ce moment interdit.
Ses yeux brûlent de désir alors qu’il reprend où il en était, plus passionnément encore. Mes doigts fébriles s’emmêlent dans ses cheveux. Je reste figée un instant, hésitante, et me dégage à contrecœur, mes joues en feu.
Cette réponse me procure des frissons, et je me fais violence pour ne pas l’embrasser à nouveau.
Je m’éloigne, raisonnant mon cœur qui s’emballe. Les dés sont lancés, je ne peux plus revenir en arrière. Franck aura ce qu’il convoite depuis des mois, Nico aussi. Quant à moi, je m’autoriserai enfin à céder à cette attraction qui me hante. Mon plan est audacieux. Je ne suis pas sereine, mais je suis prête.
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Autant battre le fer tant qu’il est chaud. Le soir même, à table, en tête à tête avec Nicolas, je décide d’aborder le sujet.
Il attrape son verre et boit une gorgée, un sourire à peine perceptible naissant à ses lèvres, puis fronce légèrement les sourcils, comme s’il hésitait à croire en ma réponse. Ses yeux se mettent à briller plus intensément une fraction de seconde, mais il reste prudent.
La question me touche plus que je ne voudrais l’admettre. Mon cœur se serre malgré moi. L’idée de ses mains parcourant un corps qui n’est pas le mien, de son souffle sur une autre peau, m’est insupportable. Et pourtant, c’est exactement ce que je viens de vivre avec Franck… Je n’en suis pas moins jalouse pour autant.
Je lui adresse un sourire qui se veut léger, mais à l’intérieur, tout est calculé. Ce ne sera pas une femme que nous rencontrerons.
Il rit doucement, sans insister. J’espérais qu’il réagirait différemment, qu’il montre un peu de jalousie, ou même d’inquiétude.
Je détourne les yeux pour cacher mon trouble, mais, dans mon esprit, les images affluent. Le sourire de Franck, son assurance. Je ressens encore ses mains sur mon corps, ses baisers enflammés. Ce souvenir m’enivre. Puis j’imagine sa peau nue contre la mienne. Soudain, l’idée de ce que nous sommes sur le point de faire prend une dimension presque irréelle, et au fond de moi, je me dis que ce petit jeu pourrait bien nous échapper à tous.
Nicolas me regarde un instant, silencieux, comme s’il cherchait à deviner mes pensées. Puis, sans un mot, il se lève pour débarrasser la table.
Et voilà… nous roulons pour nous rendre au Clean, un sauna libertin ! Comme convenu, Franck et moi devons nous y rejoindre vers vingt-trois heures. L’endroit lui étant familier, ce dernier m’a fait une description très précise de l’établissement afin de m’y retrouver plus facilement. Franck, quel cachottier !
En route, la tension est palpable. Je ne parle pas beaucoup, alors Nico doit avoir un doute :
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Nous arpentons enfin la ruelle sombre nous menant à destination. Cette soirée pourrait bien marquer un tournant radical dans nos existences, du coup, plus nous approchons, plus je m’inquiète ; la moiteur de ma main dans celle de Nicolas en atteste. Je souris et me serre contre lui pour donner le change. Mon souffle est court, mon cœur bat la chamade.
« Zen ! Je suis sûre qu’on va passer un très bon moment. »
Un agent de sécurité garde les lieux. Nicolas sonne, et dans l’attente, le vigile me déshabille du regard. Je suis pourtant loin d’être sapée sexy… Franck m’ayant prévenue que, dès notre arrivée, nous nous mettrions nus ; pourquoi me serais-je préparée durant des heures ? C’est malgré tout un peu gênant de se sentir reluquée de la sorte. Heureusement, une jeune femme très avenante vient assez vite nous accueillir et encaisse nos entrées. Ne suis-je pas en train de faire une monumentale erreur ? Nico, lui, a l’air serein. Tant mieux.
Contrairement à la façade extérieure, l’ambiance à l’intérieur est d’assez bon goût. L’ouvreuse nous tend deux peignoirs et nous indique les vestiaires. Une fois prêts, nous visitons l’établissement. Une lumière tamisée baigne les lieux, bercés par une musique discrète et l’odeur musquée de l’encens. Nous nous installons au bar. Deux tourtereaux y sont accoudés, leur promiscuité laisse deviner une complicité évidente. Je me demande si Franck est déjà là. Un doux frisson coupable me parcourt à cette idée.
Pas tant que ça, en fait… ! Il s’agit d’une soirée à thème à demi-tarif pour les célibataires, alors, forcément, il y a foule de mecs ! C’est d’ailleurs la raison qui nous a fait choisir cette date, Franck et moi. Ce qui m’étonne en revanche, c’est l’âge moyen des personnes qui nous entourent. À croire que plus on vieillit et plus on devient pervers !
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Nous déposons nos peignoirs sur un porte-manteau devant la porte du sauna. Être ainsi nue à la vue de tous dans ce contexte hyper érotisé me procure une drôle de sensation, mais ce n’est pas si désagréable. À l’intérieur, deux hommes se masturbent en fixant un couple en train de s’embrasser. L’un d’eux tourne la tête à mon entrée, et lorsque nous nous asseyons, il s’approche pour se placer à mes côtés. Cette promiscuité m’oppresse.
Sachant que Franck doit nous rejoindre dans le Jacuzzi, je me lève pour y entraîner Nicolas, abandonnant là mon admirateur qui, dépité, me regarde partir.
L’ambiance qui nous y accueille est beaucoup plus sulfureuse. Une femme sur notre gauche suce un homme tout en en branlant deux autres, un couple copule un peu plus loin et quelques mecs se caressent en se délectant du spectacle.
Une fois dans les bulles, je ne peux m’empêcher d’être fascinée par les scènes autour de moi. Les pubis qui s’entrechoquent, les sexes dressés et les râles de plaisirs composent une toile envoûtante. D’une main, j’effleure la verge raide de Nico qui soupire à ce contact.
Alors que je tourne la tête pour l’embrasser, mon regard se fige : Franck est là. Ma respiration se coupe, un nœud se forme dans ma gorge. Nico doit lire en moi comme dans un livre ouvert, car, malgré mes efforts pour rester impassible, il esquisse un sourire imperceptible en zieutant le nouveau venu approcher.
Inutile de nier. Après tout, ils ne se connaissent pas et on est là pour ça.
Franck s’assied tout contre moi, épaule contre épaule, et entreprend de me caresser la cuisse. La douceur de sa main m’enivre. Profitant d’un instant où mon entrejambe est délaissé, je le guide… Lorsque Nicolas y revient, la place est prise ! Ce dernier reste un moment sans réaction, puis approche sa bouche de mon oreille :
Je redoute qu’il se fâche, à défaut, il se contente d’effleurer ma peau, impassible. Mon amant me doigte, je le branle. Nico me caresse les seins, je le masturbe aussi. J’ose alors tourner la tête vers Franck pour l’embrasser passionnément. Quelle succulente sensation que de sentir mes deux hommes bander ainsi pour moi !
Ses lèvres quittant les miennes, Franck se lève pour me faire face, et échange un regard, complice, me semble-t-il, avec Nicolas, comme pour chercher sa permission. Une goutte de sueur perle sur sa tempe. Mon mari reste de marbre, son expression énigmatique ajoutant à l’étrangeté du moment. Nicolas ne réagissant pas, mon amant me saisit par les hanches et me soulève les fesses pour m’asseoir au rebord du bassin. Son visage disparaît alors aussitôt entre mes cuisses, sa langue effleurant mon clitoris, provoquant un soupir. Je me cambre, en appui sur mes coudes, et bascule la tête en arrière, les paupières closes pour savourer plus encore les magnifiques sensations que me procurent ses douceurs.
Ses mots dans sa bouche sont inhabituels, mais, pour le coup, je suis forcée de reconnaître qu’il n’a pas tout à fait tort.
Autour de moi, des regards avides. Des mains qui s’agitent dans l’ombre et les miennes qui s’emmêlent dans les cheveux de mon lécheur, l’encourageant dans sa dégustation passionnée. Le désir brut se mélange à une étrange euphorie. J’ai perdu toute volonté. Une seule chose compte désormais : Franck. Le plaisir monte, incontrôlable.
J’ai fauté. Je ne suis pas censée le connaître, et pourtant, son prénom m’a échappé. Nicolas n’a pas réagi… pourvu qu’il ne fasse pas le rapprochement ! Mon cœur s’emballe à cette idée, mais je n’ai pas le courage de l’affronter.
Nos regards à tous trois se croisent ; un désir ardent brille dans celui de mon coach sportif qui me tend la main, mais je décèle pour la première fois de la soirée une brève hésitation dans celui de Nico. Son sourire vacille un instant, son souffle semble plus court. De l’angoisse ? Une jalousie qu’il tente d’étouffer ? Je ne suis pas tout à fait honnête envers lui, ma trahison ne risque-t-elle pas de me revenir, un beau jour, tel un boomerang en pleine face ? Je le fixe, inquiète, m’efforçant de décrypter ses pensées. Il s’en aperçoit et son expression s’adoucit. Ses doigts viennent tendrement caresser ma joue, dissipant les doutes qui pourraient subsister.
Puis Franck m’entraîne avec lui, Nicolas suit. Euphorique, je me laisse guider, embrumée par le plaisir et la honte. Le contrôle m’échappe, mais peut-être est-ce ce que j’ai toujours cherché.
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Nous pénétrons dans une pièce où une large banquette recouverte d’un velours sombre nous attend. Les murs tapissés d’immenses miroirs nous renvoient nos silhouettes en créant l’illusion d’être épiés de toutes parts. Un mélange de nervosité et d’excitation me traverse.
La porte se referme doucement derrière nous, isolant notre trio du reste du monde. Mon cœur s’accélère tandis que j’observe Nicolas qui affiche un calme déroutant. Mais il est là, avec moi. Peut-être est-ce tout simplement sa façon de surmonter son stress et de faire face à ce contexte inédit.
Franck, quant à lui, me dévore des yeux avec un désir presque animal. Sans un mot, je le pousse sur le matelas. Il paraît légèrement narquois. Cela fait des mois qu’il me tourne autour, en vain. Malgré mon attirance pour lui, je me suis toujours efforcée de ne pas succomber. Maintenant, il ne me reste plus qu’à profiter et me permettre de vivre ; lui atteint enfin son objectif et pourra m’épingler à son tableau de chasse. Notre stratagème s’est déroulé à la perfection… tout le monde est content. Mes mains tremblantes glissent sur son torse, savourant la chaleur de sa peau. Mon souffle court, je descends lentement pour m’emparer de sa queue et l’embrasser avec une faim que je ne cherche plus à cacher.
Alors que je suis tout occupée à déguster cette virilité bienvenue, des doigts écartent mes lèvres et un gland distend mes chairs. Nicolas s’est enfin décidé, le coquin ! Et sans plus de préliminaires, il me pénètre d’un coup sec en levrette, mais ne fait que quelques allers-retours et se retire aussitôt. Déjà ? A-t-il joui ? Non, il s’est à nouveau assis, se caressant doucement en nous regardant. Je l’invite à revenir :
Comment peut-il rester si détaché ? Ne me désire-t-il plus ? Je n’ai pas trop le temps d’approfondir ma réflexion.
Franck m’interrompt pour enfiler une capote, puis me pénètre de tout son long, m’extorquant un râle béat. L’excitation à son apogée, je projette mon cul au-devant de sa bite qui me possède. Le miroir me renvoie notre image, et je ne reconnais pas la femme qui se fait prendre… mais je la trouve belle, bien qu’indécente. Je perds mes repères et conjure mon baiseur d’accélérer le rythme.
Il ne lui en faut pas plus pour augmenter la cadence. Ivre de bonheur, je voudrais que ce moment n’en finisse jamais.
Dans une lueur de lucidité, la présence de Nicolas me revient à l’esprit. Que fait-il ? Où est-il ? Pourquoi ne participe-t-il pas ? Ces pensées m’oppressent soudain, mais je suis vite rassurée. Je n’ai qu’à passer ma main au-dessus de ma tête pour trouver son sexe bandé. Alors que mon amant s’active de plus en plus franchement, j’entreprends de branler Nicolas. Dans le feu de l’action, il s’écrie :
La messe est dite : deux flots de sperme atterrissent sur mon épaule, deux autres sur mon cou et un dernier sur ma joue. La chaleur de sa semence sur ma peau m’apaise, il a lui aussi apprécié ce moment, mais son attitude me laisse dubitative. Pas une caresse, pas un mot doux. Il s’est déjà éloigné et est en train de renfiler son peignoir.
Mes tergiversations cessent. Franck, dans un râle rauque, se retire précipitamment pour ôter sa capote et, à son tour, se répandre par saccades successives sur mon dos et mes fesses. Et moi, dans tout ça ? Personne ne pense donc à moi ? Ils ont égoïstement pris leur plaisir et me laissent sur ma faim, ce n’est pas juste. Mais ce n’est que partie remise… une nouvelle vie s’offre à moi !
Puis il décoche un discret clin d’œil qui me surprend à Nicolas avant de lui demander :
Et je me tourne vers Nicolas dans l’attente d’avoir moi aussi les réponses à la seconde question :
Cette expression sur son visage… est-ce du plaisir ? N’en sait-il pas plus que je ne l’imagine ? Un frisson glacial me parcourt malgré la chaleur de la pièce. Je voudrais croire que c’était la meilleure décision de ma vie, mais l’attitude de Nicolas me met mal à l’aise. Certes, qui ne dit mot consent… et l’idée première venait de lui, mais ne suis-je pas allée trop loin ? Pour la première fois, j’ai peur de le perdre.
Franck, lui, semble satisfait de sa prestation, en ajoutant à mon malaise :
Le silence pèse lourd dans l’habitacle. Ambre, repliée sur elle-même, fixe la nuit qui défile par la fenêtre, ses mains crispées sur ses genoux. Elle ne dit rien, mais je la sens agitée. Son souffle court et ses doigts nerveux trahissent un mélange d’excitation et de crainte. Tout est écrit sur son visage.
Elle se tourne vers moi, déconcertée. Sa voix se brise un peu.
Un sourire imperceptible effleure mes lèvres. Elle croit encore contrôler la situation. Pauvre Ambre. Le rouge lui monte aux joues. Je devine les souvenirs qui affluent, mais je vois aussi l’incertitude s’installer.
Je marque un silence, juste assez pour la faire vaciller.
Elle se raidit, troublée. Je ralentis légèrement, son souffle se coupe.
Je la regarde enfin, froidement. Elle détourne les yeux, le rouge de ses joues cédant à une pâleur marquée.
Ses épaules se voûtent légèrement, comme si mon attaque l’écrasait. Je détourne les yeux, ma mâchoire serrée. Ce n’est pas que je ne ressente rien. Bien au contraire.
Son silence hurle son désarroi. La maison apparaît au bout de la rue, et je me gare doucement. Elle hésite à sortir, alors je tranche :
Elle ouvre enfin la portière, mais se retourne avant de partir.
Ses mains tremblent légèrement, ses yeux s’embuent. Elle lutte pour ne pas flancher. Elle ne pleure pas – pas encore – mais ce n’est qu’une question de temps. Cette fragilité que je vois en elle aurait pu m’attendrir, il y a quelques années. Mais maintenant, elle me laisse presque indifférent. Presque.
Elle referme lentement la portière derrière elle. J’hésite l’espace d’une seconde. Pas pour elle, mais pour moi. Ce vide que je ressens… Je chasse cette pensée et démarre.
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Je repars, abandonnant Ambre et mon foyer. J’observe mon reflet dans le rétroviseur. Est-ce vraiment ce que je voulais ? J’inspire profondément, mes doigts serrant le volant, tandis que les images de la soirée tournent dans ma tête. Un sourire naît sur mes lèvres, mais je ne sais dire s’il traduit satisfaction ou regret. Peut-être les deux.
Quels pantins ! Nous avons tissé notre toile, et ils se sont précipités tête baissée, croyant tout contrôler. Ils n’ont rien vu venir.
Je me souviens d’Ambre dans le jacuzzi, avec ce sourire béat et ces soupirs qu’elle n’avait jamais réservés qu’à moi. Elle était magnifique. Si belle, si libre, si… étrangère. C’est ce qui m’a frappé le plus. Ce soir, elle n’était plus ma femme. Elle était autre chose. Quelqu’un que je ne reconnaissais plus. Mais qu’importe. Tout cela appartient au passé. Qu’elle reste avec Franck, à s’enivrer de ses promesses vides et de son charme de pacotille. Ils n’auront bientôt que leurs yeux pour pleurer.
Un léger pincement au cœur me surprend. Un instant, je me demande si je ne vais pas regretter un peu. Ambre… Elle avait été mon monde. Je roule, et l’hôtel se rapproche.
Et maintenant ? Tout est fini. Tout a été capturé. Les caméras ont tout enregistré. J’ai pourtant bien cru échouer. Trop de miroirs dans le coin câlin pour passer inaperçu. Alors, je suis resté en retrait, feignant une sérénité que je n’avais pas. Heureusement, elle et Franck étaient trop absorbés pour remarquer quoi que ce soit.
Je gare la voiture. Je pourrais rebrousser chemin ; mais non. Il est trop tard.
Je frappe doucement à la porte de la chambre 219. Elle m’ouvre presque immédiatement, rayonnante dans sa robe noire. Je la contemple un instant. Elle est magnifique. Presque trop parfaite.
Elle éclate de rire, un son cristallin, froid, qui emplit la pièce, et me glace le sang.
Sur ce, elle m’enlace et ses lèvres trouvent les miennes dans un baiser appuyé. Nous séparant, elle murmure, ses doigts triturant distraitement les boutons de ma chemise :
Et elle m’entraîne avec elle dans la chambre, me pousse sur le lit. Je m’affale sur le dos, ne la quittant pas du regard.
Elle dégage les bretelles de sa robe qui glisse lentement vers le bas, dévoilant sa peau dorée, sa poitrine ferme, ses tétons durcis, avant de tomber à ses pieds. Elle me scrute, un sourire en coin, comme pour évaluer mon trouble. Je détourne les yeux. Il y a quelque chose de trop précis, de trop calculé. Ce contrôle qu’elle exerce sur tout, sur moi, me met mal à l’aise. Je ne dis rien. Je ne peux pas.
Tandis qu’elle s’attaque à la boucle de ma ceinture, une part de moi, infime, presque imperceptible, se demande si cette victoire en est vraiment une. À cette heure, Ambre est seule, dans le noir, certainement à se morfondre… et moi, j’ai tout détruit. C’est ce que je voulais. Alors, pourquoi ce poids écrasant dans ma poitrine ? Je ressasse avec rancœur chaque détail, chaque décision qui m’a mené ici.
Tout a commencé il y a un an. À l’époque, je passais de temps en temps à la salle pour récupérer Ambre après ses séances. C’est là que je l’ai rencontrée. Elle était toujours avenante, presque trop. Nous avions discuté une ou deux fois, rien de plus. Mais un jour, elle avait lâché une remarque anodine, comme si elle s’excusait :
- — Franck est charmant, mais c’est un coureur. Je me demande d’ailleurs s’il ne drague pas certaines clientes… Ta femme, par exemple.
Ces mots m’avaient hanté. Était-ce vrai ? Elle avait semé un doute que j’avais nourri. Et quand elle m’avait finalement avoué que son couple battait aussi de l’aile, j’avais trouvé en elle une confidente… puis une amante.
Mon sexe est dégagé, elle le branle un instant. Elle est délicieuse. Sa bouche m’engloutit, ses lèvres glissent, divinement douces, expertes, et ma tête bascule en arrière malgré moi. Je m’agrippe au bord du lit, incapable de retenir un soupir.
Cela fait un an que nous partageons bien plus que nos frustrations conjugales. C’est elle qui, subtilement, m’a soufflé cette idée du libertinage. « Fais-lui croire que c’est pour raviver la flamme, et qu’elle pourrait aussi en profiter… »
Ses mouvements accélèrent, sa langue tourbillonne, et ma respiration devient saccadée. Mais une colère sourde monte en moi, alimentée par ces souvenirs. Je tente de chasser cette sensation oppressante, mais elle persiste.
Tout s’est enchaîné à la perfection. Trop bien, même. Ma première rencontre avec Franck, par exemple… « Le libertinage redonne parfois une seconde vie aux couples », avait-il proclamé, très philosophe, alors que je lui confiais que ma relation avec Ambre n’était pas au beau fixe. Son sourire entendu m’avait confirmé qu’il voyait cela comme une opportunité.
Ambre, elle, avait été difficile à convaincre. Mais elle avait été d’une grande aide. « Sois patient. Fais-la douter. J’irai moi aussi lui parler. Peut-être que je réussirai à la tenter. Et quand le moment viendra, elle acceptera d’elle-même. » Ma femme s’était jetée dans la gueule du loup sans même s’en rendre compte.
Sa gorge s’ouvre pour m’accueillir plus profondément encore, et un soupir lui échappe. Elle me regarde, ses yeux brillant d’une lueur narquoise, alors que sa bouche se referme sur moi avec une intensité qui me fait perdre pied. Je serre les draps, tiraillé entre le plaisir fulgurant qu’elle me procure et la rancœur qui monte.
Depuis le début, c’est elle qui a tout orchestré, qui m’a parlé de Franck. Elle qui m’a fourni les caméras, proposé l’idée des enregistrements, trouvé les avocats… Chaque décision que je pensais mienne venait d’elle.
C’en est trop, une chaleur irradiante envahit mon bas-ventre, et mon corps cède. Sa bouche ne me quitte pas, ses doigts enserrant la base de ma verge, elle déguste sa victoire tandis que je gémis dans un mélange de jouissance et de colère.
Elle redresse la tête, s’essuie les lèvres et me fixe avec un sourire satisfait, presque cruel.
Elle, Aurélie avait bien plus à y gagner que moi : sa liberté, évidemment. Mais aussi et surtout : les comptes en banque et la salle de sport seront à elle.
Et si je n’étais qu’un autre pantin dans son jeu ? Interchangeable…