n° 22975 | Fiche technique | 12769 caractères | 12769 2143 Temps de lecture estimé : 9 mn |
18/03/25 |
Présentation: Toute ressemblance avec des personnes réelles ne peut être que purement fortuite. | ||||
Résumé: Deux « jeunes-femmes » s’offrent un dernier dîner français, avant de quitter définitivement la France. | ||||
Critères: fff lesbos conte macabre sodo gode ceinture | ||||
Auteur : Yuri Plume |
Le son de la musique électro résonne dans mes oreilles tandis que je sirote un cocktail d’Halloween, à base de bourbon. Mes yeux s’égarent sur les ornements du salon privé : plusieurs citrouilles, dont certaines ont été vidées afin d’y introduire une bougie électrique, de nombreuses toiles d’araignées… Il y a même deux squelettes, dans un coin, qui trinquent ensemble. Ce club gay du Marais n’a pas lésiné sur la décoration pour ce 31 octobre, la nuit des morts-vivants et autres monstres.
Mon esprit vagabonde à la recherche de celui de ma compagne. Jemina est partie chasser notre dîner depuis une bonne vingtaine de minutes maintenant. Il le trouve sur la piste de danse et s’y connecte.
Je souris tout en rompant notre lien télépathique. Je sais que la jalousie est un vilain défaut. Mais, à bien y réfléchir, ce sentiment m’accompagne depuis un peu moins de quatre cents ans maintenant. J’en ai déjà discuté avec elle, et apparemment, elle adore cette facette de ma personnalité. Alors, pourquoi m’en priverais-je ?
Je ferme les yeux et me replonge dans les échos du passé, l’année de 1665. À cette époque, j’étais une adolescente pleine de vie et de rêves. Mais l’odeur âcre de la mort, imprégnant les ruelles de Londres, avait balayé d’un souffle l’insouciance de mes dix-sept ans. La dernière grande peste bubonique de cette capitale avait fauché sans distinction les têtes couronnées, les ecclésiastiques, les bourgeois et les pauvres. J’avais perdu toute ma famille en quelques mois.
La plupart des Londoniens avaient déjà fui la cité depuis fin juin. Enfin, les gens en bonne santé et qui en avaient les moyens. Pour ma part, j’étais restée jusqu’au dernier souffle des membres de ma famille. De toute façon, où serais-je allée ? Épuisée par mes veilles et mes prières, je sentais la maladie grandir en mon sein et consumer mes dernières forces.
Une jeune femme était apparue comme par enchantement dans l’embrasure de la porte d’entrée de notre logis. Je l’avais prise pour une messagère de la mort venue me délivrer de mes souffrances et m’escorter au paradis. Je pourrais alors rejoindre mes êtres chers.
En lieu et place de mon souhait, une voix mélancolique avait résonné dans ma tête.
C’était une offre déroutante. J’avais essayé d’ouvrir les lèvres pour la prévenir que la Mort régnait en ce lieu, et ainsi l’inciter à fuir. Mais, même cela avait été au-dessus de mes forces.
Elle s’était approchée de moi d’une démarche lente. Poussée par la soif, j’avais rampé jusqu’à l’âtre où pendait une marmite, suspendue à la crémaillère. Cependant, je n’avais pas réussi à me mettre debout pour en atteindre son contenu, de la soupe. J’agonisais donc à même le sol, assoiffée. De toute façon, ma gorge me brûlait tellement, que je n’aurais certainement rien pu boire pour me désaltérer.
Elle s’était assise par terre, adossée contre le mur, afin de me hisser contre elle. La froideur de son corps, pourtant recouvert d’un pantalon et d’une chemise, m’avait fait frissonner. Le son de sa voix résonna cette fois dans mes oreilles.
J’avais obéi. De toute façon, je n’avais plus rien à perdre. Je n’ai aucun souvenir de la suite, hormis de sentir ma vie quitter définitivement mon corps. Tous mes rêves d’adolescente avaient fini ainsi.
Le discret cliquetis des tresses du rideau me ramène à l’instant présent. Jemina s’approche accompagnée d’une jeune fille. Cette dernière est vêtue d’un costume d’ange : une aube en forme de tunique droite et s’arrêtant à mi-cuisse, des ailes délicates et lumineuses attachées dans son dos, des collants opaques et blancs. Ses cheveux bruns encadrent un visage aux traits doux et innocents.
Notre convive s’assoit. Ses yeux brillent de curiosité. Un serveur apporte trois nouveaux cocktails fumants. La vapeur crée un halo mystérieux autour de nos verres. La conversation s’engage naturellement. La belle et candide brune nous parle de sa vie, de son bac à la fin de l’année scolaire, de ses futures études de droit, de ses rêves… Nous partageons avec elle quelques anecdotes soigneusement choisies de nos voyages, et surtout, nous plaisantons avec elle, la séduisant.
La soirée avance. Au cours de la conversation, elle me complimente sur mon élégante robe d’époque et demande à Jemina en quoi elle est déguisée.
Son rire résonne et elle fait mine d’avoir peur. Quelques minutes plus tard, nous lui proposons de poursuivre la soirée dans notre Airbnb. Manon accepte avec enthousiasme. Sa candeur touchante me rappelle une autre époque, une autre vie. Nous l’attendons dehors, le temps qu’elle prévienne ses amies de ne pas la chercher partout dans le club. Le taxi nous emmène à travers les rues désertes de Paris, plongées dans l’obscurité d’une nuit sans lune.
Nous pénétrons dans un appartement luxueux. Les lumières tamisées créent une atmosphère intime. Le champagne coule à flots, les rires fusent, les amuse-gueules sont vite avalés.
J’invite Manon à danser. Notre valse est fluide, moi vêtue de ma belle robe des années 1880-1890 et elle de son aube. L’air devient électrique. Jemina nous observe depuis le canapé, un léger sourire aux lèvres. Mon regard hypnotique plonge dans les yeux de ma cavalière. Je la sens s’abandonner à mes promesses enivrantes et silencieuses.
Ses défenses tombent une à une. Aussi, lorsque je remonte le bas de sa tunique afin d’enfouir une main dans sa petite culotte, elle me sourit et vient se coller à moi. Je la doigte tandis que ma compagne se place dans son dos. Lascive, elle ne réagit pas pendant que Jemina lui ôte ses ailes, puis son aube. Ses sous-vêtements rejoignent ses habits déjà au sol.
Je passe un bras dans son dos et l’autre dans le creux de ses genoux afin de la soulever. Elle enlace mon cou et pose sa tête sur mon épaule. Escortée par Jemina, je pénètre dans l’une des chambres, préparée pour cette occasion.
Je la renverse sur le lit, les jambes dans le vide. J’écarte ses cuisses et entreprends de lécher son sexe. Ma victime miaule de bonheur. Après nous avoir regardées quelques minutes, ma compagne se déshabille et se dirige vers la table de nuit de gauche. Elle en extrait un godemichet ceinture et l’enfile.
Jemina positionne l’extimité du membre factice à l’orée des lèvres luisante de mouille de Manon et s’y introduit fermement. La jeune fille pousse un couinement. Aussi, elle se retire complètement et titille son petit bouton. Elle représente le gland devant la vulve offerte et pèse de toutes ses forces. Cette fois, il pénètre sans aucune résistance le conduit étroit. Quelques coups de reins plus tard, le godemichet s’enfonce jusqu’à la garde. La respiration de la brune s’accélère et elle finit par hurler des « oui », « c’est trop bon », « oh mon dieu ».
Je retire ma robe et délace mon corset avant d’enfiler également un godemichet ceinture par-dessus mon linge de corps d’époque. J’enduis copieusement le revêtement siliconé de gel lubrifiant. Lorsque je m’intéresse de nouveau au couple, c’est pour constater que Manon a passé ses jambes autour de la taille de ma compagne et a relevé son buste afin de cueillir ses lèvres. Et avec la langue, s’il vous plaît ! Jemina, encouragée par la réceptivité lubrique de la jeune fille, a accéléré ses coups de reins pour l’amener au septième ciel.
Ma compagne, pour toute réponse, se retourne afin d’étendre son dos sur le matelas. Manon, maintenant assise à califourchon sur ses cuisses, s’empale avec enthousiasme sur l’appendice de bon calibre. Jemina attire la tête de sa partenaire à elle pour échanger de nouveau des baisers goulus. Folle de désir, la jeune fille s’embroche de plus belle. Son pubis claque contre la ceinture du godemichet, à chaque flexion.
Ainsi positionnée, elle me présente sa croupe rebondie. J’écarte de mes mains ses deux globes fessiers. Son anus plissé, d’un beau rose mauve, m’apparaît dans toute sa splendeur. L’extrémité de mon phallus patiente quelques instants contre sa rosette, certainement encore vierge, avant de se l’approprier. Elle accueille son nouvel ami par un « Aïeeee » vite étouffé par la bouche de Jemina. Je me retire de quelques centimètres et pousse de nouveau. Cette fois, je pénètre profondément son rectum.
Folle de désir, Manon s’empale sur nos deux godes en criant des mots sans queue ni tête. Nous œuvrons ainsi durant un temps indéfini. Elle jouit à maintes reprises sous notre double assaut. Puis, sans prévenir, elle hurle son plaisir une énième fois avant de s’évanouit de fatigue sur ma compagne, comblée.
Je retourne à Jemina le sourire tendre qu’elle m’adresse. Chacune munie d’une éponge, nous nettoyons le corps de notre futur repas avec de l’eau tiède. Les battements de son cœur se calment peu à peu. Ma main effleure sa peau d’adolescente. Elle est douce et chaude. Le regard bienveillant de ma compagne me rend toute guillerette.
Ma réplique lui procure un sentiment de fierté. Nous n’avons pas besoin de nous concerter pour la suite. Nous saisissons chacune un poignet afin de plonger nos crocs dans l’artère ulnaire, et d’y puiser notre pitance gorgée de plaisir. Un frisson intense la traverse, et tout son être vibre.
Nous prélevons chacune environ trois cent cinquante millilitres de sang sur les cinq litres que contient habituellement un corps humain. C’est bien suffisant pour satisfaire nos besoins mensuels. De toute façon, la ruche du nord de la France ne nous autorise pas à en prendre davantage. Un équilibre délicat pour ne pas tuer notre proie. Alors que je m’imbibe de son essence, je sens le temps se dilater, les minutes se confondent. Nous ne sommes plus deux, mais une, en parfaite osmose.
Notre dîner terminé, nous nous regardons. Quelques gouttes de sang ont élu domicile dans la commissure des lèvres de ma compagne. Je les récolte avec mon index droit avant de porter mon doigt à ma bouche, et cela sans la quitter des yeux. Elle se penche pour remettre derrière mon oreille une mèche de cheveux rebelle. Ce geste fait naître des frissons dans le creux de mes reins. Elle me prend par la main et m’entraîne dans la salle de bain. Une fois nues, nous nous glissons sous la douche, tout en nous embrassant.
De retour dans la chambre, je place une main sur la poitrine de Manon. Son cœur bat lentement, mais régulièrement. Je remonte le drap jusqu’à son cou afin qu’elle n’attrape pas froid. Elle se réveillera dans quelques heures, faible et confuse. Elle ne gardera que de vagues souvenirs de cette soirée. Notre salive, à haute puissance de guérison, aura définitivement effacé les quatre traces de morsure laissées par nos crocs.
Nous préparons rapidement notre départ. Nos deux valises, soigneusement rangées dans une autre pièce, sont prêtes depuis longtemps. Le gros de nos affaires est déjà à Oslo. Jemina et moi prenons un taxi de maître en direction du nord, où un bateau nous attend pour nous conduire en Norvège. Cette nuit, nous quittons l’hexagone pour de nouvelles terres à explorer. Il paraît que certaines régions norvégiennes sont plongées dans une obscurité totale durant six mois d’affilée. Nous y resterons environ une cinquantaine d’années, tout en déménageant régulièrement, afin de ne pas attirer l’attention des autochtones sur notre jeunesse éternelle.
Dans la voiture, je regarde une dernière fois les majestueux immeubles haussmanniens défiler au travers de la fenêtre. Je finis par me rapprocher de ma compagne et me blottis contre elle. Elle prend ma main gauche dans l’une des siennes.
Encore aujourd’hui, je ne connais pas totalement son passé. Peut-être est-elle une ancienne reine vampire déchue ? En effet, nous sommes toujours très bien accueillies par les Sang-Pur qui gouvernent les ruches. Je ne lui poserai pas la question et ne chercherai pas son arbre généalogique dans les grandes bibliothèques vampiriques. Je préfère attendre qu’elle se confie à moi.
Après tout, nous avons l’éternité devant nous.