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n° 22976Fiche technique18820 caractères18820
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Temps de lecture estimé : 12 mn
20/03/25
Résumé:  À l’équinoxe de printemps, l’histoire d’Ostara renaît. Pour mettre fin à l’Hiver, elle transforme un oiseau mourant de froid en lièvre porteur d’œufs de renouveau. Absurde ? Pas tant que ça… Une légende ancienne, toujours d’actualité, me semble-t-il.
Critères:  #exercice #réflexion #conte
Auteur : Maryse      Envoi mini-message
La flamme d'Ostara

Ostara


L’Hiver dévorait le monde.


Faim infinie, insatiable.


Son souffle impitoyable, sifflement destructeur, recouvrait tout d’un linceul de gel. Il tranchait l’air, s’insinuait dans chaque anfractuosité, congelait tout ce qu’il rencontrait, arrachant la vie pour ne laisser que désolation. Vorace, il se nourrissait de tout ce qu’il faisait disparaître sous sa blancheur dévorante. Il était ainsi, c’était sa nature. Rien ni personne ne pouvait assouvir son appétit démesuré. Il puisait sa force des cœurs qui cessaient de battre, des rêves ensevelis sous la glace, des âmes éteintes par son froid sibérien.


D’une voracité rapace, il traquait tout ce qui osait vivre. Chaque victime le fortifiait, le rendait plus puissant, plus avide, aiguisant davantage sa faim dévastatrice. Rien ne pouvait l’arrêter tant que le printemps n’émergerait pas. Sa mort blanche recouvrait le monde, ne laissant derrière elle qu’un silence funeste.


Mais Ostara1, porteuse du printemps, avançait, résistant coûte que coûte à la fureur glaciale qui faisait rage autour d’elle.


Chaque pas arraché à l’épuisement était un brin d’espoir contre l’Hiver qui n’avait de cesse de l’annihiler. Pour asseoir éternellement sa domination absolue. Car elle portait en son sein l’ultime espoir, fragile et précieux, le ferment du regain, seul capable de réensemencer la vie, dans ce désert de glace où les rafales de vent réfrigérantes anéantissaient tout sur leur passage.


L’Hiver la pourchassait, la harcelait. Ses mugissements incessants se propageaient sans relâche, échos sinistres qui la cernaient, l’assaillaient, cherchant à la vider de toute substance, à tuer dans l’œuf ce qu’elle incarnait.


Ses membres, tétanisés par le froid, semblaient de glace. Mais elle avançait malgré la douleur qui la dévorait. Le blizzard se faufilait sournoisement contre sa peau, s’infiltrait en elle, cherchant à la pétrifier, à figer sa volonté dans une gangue de givre anesthésiante. Chaque bourrasque était une morsure qui la lacérait, chaque rafale un coup de poignard qui la perçait jusqu’à son âme.


Sa respiration, rauque, écorchait sa gorge. L’air gelé lui brûlait les poumons comme si elle inhalait de la poussière de verre. Elle trébuchait, ses pieds à peine chaussés saignaient sur la glace coupante. Chaque chute l’affaiblissait un peu plus, mais elle se relevait. Elle persistait, refusant d’abandonner. Elle devait protéger le peu qui vivait encore en elle, ce noyau de vie ténu, mais précieux. Pour que le cycle des saisons puisse se perpétuer…


L’Hiver s’amusait de sa détresse, riait de ses efforts vains. Chaque instant de lutte l’amoindrissait. Il attendait patiemment qu’elle s’épuise. Bientôt il porterait l’estocade finale. Pour l’effacer. Et alors, son règne n’aurait plus de fin.


Mais elle avançait, portée par sa raison d’être, un murmure intérieur qui répétait en boucle qu’elle abritait en elle les germes de la renaissance.


L’Hiver était partout. Son ricanement de glace retentissait, moqueur, triomphant. Il savourait d’avance sa victoire. Son étendue gelée n’allait pas tarder à la rattraper. Il se rassasierait d’elle avec délectation, lentement, à ne plus en finir.


Son sang gelait dans ses veines. Le gel lui déchirait la peau, le vent sifflait ses hurlements de mort à son oreille. Elle titubait, chancelait, s’effondrait parfois, mais jamais ne renonçait. Le froid lui broyait les membres. L’hiver jubilait de plus belle.


Pourtant, elle préserverait. Parce qu’il fallait le faire. Céder signifiait disparaître. Et avec elle, l’humanité.


L’Hiver l’acculait, imposant sa suprématie.


Ses griffes glacées se rapprochaient. Bientôt, elles l’étreindraient, la dissoudraient dans le néant.


Brusquement, quelque chose, comme un lointain appel, lui parvint. Une supplique infime qui perçait ce monde dévasté. Un souffle encore plus fragile que le sien. Si faible, si amorti qu’il semblait avoir traversé le temps…



Elle


Les draps blancs de son lit l’ensevelissent. Un piège de tissu glacé qui l’oppresse. La sensation familière d’étouffer.


Elle s’en extirpe brusquement, le corps en sueur. La respiration courte et saccadée, elle halète comme un animal blessé cherchant désespérément l’air qui lui manque. Ses poumons la brûlent, asséchés par un froid qui ne la quitte plus. Ce froid-là est partout en elle, ancré dans ses muscles, larvé dans chaque battement de cœur.


Elle se lève, pieds nus sur le parquet glacial. Sa chambre est une prison de silence où l’obscurité fige tout. Pourtant, c’est en elle que le froid règne vraiment. Un désert glacé où même les souvenirs se dissolvent sous une épaisse couche de gel stérile. Une banquise inutile, qui flotte, qui dérive sans but ni espoir.


Elle n’est plus qu’une ombre. L’ombre de celle qu’elle aurait pu être…


Ses pas la mènent jusqu’à la salle de bain. Son reflet, lorsqu’elle ose y poser le regard, lui renvoie l’image d’une étrangère. Un visage creusé par la fatigue, des yeux ternes où subsistent à peine quelques halos d’autrefois. Les nuits sans sommeil ont dessiné sous ses paupières des cernes sombres, stigmates d’un hiver intérieur rigoureux. Incessant. Sa peau est glacée, trop pâle, marbrée par la morsure de la froidure qui l’habite et la ronge.


Elle pose une main tremblante sur son propre bras, espérant y trouver un peu de chaleur. Mais il n’y a rien, une absence implacable, ancrée dans sa chair. Ce rien qui l’habite depuis… depuis cet instant où tout a basculé.


Elle vacille sous le poids de la souffrance.


Elle se traîne jusqu’à la fenêtre, comme chaque matin. Le verre est givré, mais au-delà, la vie continue. Pourtant, c’est vers le bas que ses yeux se tournent. Vers l’appel muet du vertige tentateur.


Elle n’est plus que le vestige de tout ce qu’elle a perdu.


Le son amorti, les images brouillées qui proviennent de l’extérieur auraient dû lui rappeler qu’il subsiste encore quelque chose, malgré la brume glacée qui efface tout autour d’elle.


Elle s’arrache péniblement de sa morbide contemplation… et elle le voit.



Ostara


L’oiseau n’était plus qu’un souffle. En sursis.


Son corps frêle, brisé par le gel, gisait sur la neige. Son plumage autrefois lumineux n’était plus qu’un amas congelé de plumes ternies. L’étreinte glacée de l’Hiver lui extirpa un tragique soupir d’agonie.


Ostara s’agenouilla devant lui. Ses mains tremblaient, ses doigts engourdis peinaient à bouger. Elle était à bout de force. Sa vitalité se dissipait, aspirée par le froid ambiant. Chaque seconde passée à lutter accroissait sa vulnérabilité.


Aider cet être à peine vivant risquerait de lui être fatal. Partager avec lui le peu de chaleur qui lui restait, compromettrait sa survie, face à l’Hiver triomphant.


À quoi bon le soigner, d’ailleurs ? Le vol de l’oiseau ne serait jamais plus rapide que l’Hiver qui balayait continuellement le monde, réduisant à néant toute tentative de fuite. Chaque battement d’ailes constituerait un effort perdu d’avance. La cruauté froide avait supprimé tout espoir.


Mais elle ne pouvait pas détourner les yeux. Quelque chose l’en empêchait. N’était-elle pas Ostara, celle d’où jaillirait le printemps, celle qui devait ensemencer en toutes choses le renouveau ? Renoncer à aider l’oiseau serait renoncer à sa nature même.


L’oiseau émit un dernier pépiement. Un son inaudible et chevrotant, mais qui lui parut retentir comme un cri assourdissant. Les ailes ouvertes en croix, gelées, s’acharnaient, sans succès, à se soulever. Malgré le givre qui le recouvrait, il cherchait vainement, désespérément, à prendre son envol.



Mais l’oiseau persistait. Ses yeux luisants, minuscules perles d’espoir, la fixaient avec une intensité déchirante. Il luttait. Contre toute logique, contre l’inéluctable. Une âme frêle, mais vaillante défiant l’immensité glaciale, envers et contre tout.


Ostara le regarda, bouleversée, cherchant au plus profond d’elle une réponse. Si elle posait ses mains sur l’oiseau pour lui insuffler le peu de vitalité qui lui restait encore, cela ne suffirait pas à le sauver. Pas face à la vélocité de l’Hiver, à sa férocité sans limite. Impitoyable.


Et pourtant, quelque chose dans cette obstination farouche la troublait. Une volonté inébranlable de préserver ou plutôt de transmettre quelque chose…



L’oiseau poussa un cri faible, un son poignant, mais vibrant d’une détermination sans faille. Comme un acquiescement.


Ostara sentit sa gorge se serrer. La bravoure dont elle était le témoin lui donnait une force nouvelle, une raison d’agir au-delà de sa propre survie.


Alors, elle fit ce qu’elle n’avait jamais osé faire.



Ses paumes se posèrent sur le corps agonisant, le recouvrant délicatement. Elle mobilisa tout ce qui subsistait en elle. Une pulsation s’échappa de ses doigts, un maigre influx d’énergie qu’elle tirait du plus profond d’elle-même. Son pouvoir s’infiltra dans l’être expirant, modifiant sa forme, cherchant à lui donner celle qui pourrait convenir.


Le plumage de l’oiseau se mua en une fourrure souple et dense, dont chaque poil pouvait capter et retenir la plus minuscule particule de chaleur. Ses ailes se rétractèrent, se remodelèrent en pattes agiles, capables de bondir, de courir. De déjouer la traque implacable du gel.


L’oiseau n’était plus.


Devant elle se tenait un lièvre au pelage fauve, aux yeux brillants. Qui mieux qu’une telle créature, rapide et rusée, pouvait échapper à l’hiver glaçant ? Une âme insaisissable, capable de semer les œufs de printemps que l’oiseau lui avait confiés, disséminant ainsi le recommencement partout où il passerait, libre et impossible à rattraper.


Il la fixa un instant, reconnaissant, avant de s’élancer dans la neige. Un éclair vif et souple qui disparaissait déjà sur la glace.



Elle


Assise devant sa table grise, elle attend, immobile. L’écriture l’apaise. Mais aujourd’hui, ses mots comme ses idées s’agitent, s’éparpillent dans tous les sens, emportés par le vent glacial qui balaie sa conscience. Elle inspire profondément, s’efforçant de retrouver un semblant de calme, comme on lui a appris à le faire.


Écrire. Sa manière de contenir le froid en elle. Ce froid qui la ronge, elle le métamorphose, le façonne, l’apprivoise. Elle le réécrit en autre chose : en rêve, en sens, en force motrice qui lui permet d’avancer cahin-caha.


Mais maintenant, l’Hiver souffle en elle, l’empêchant de le faire. Pourquoi s’acharne-t-elle ainsi ? Pourquoi s’obstine-t-elle à lutter pour repousser ce vide intérieur ? Parce qu’elle le sait : céder reviendrait à s’effacer.


Elle doit résister. Elle doit écrire. Chaque mot est un pas gagné, peut-être infime, mais essentiel. Écrire, oui, mais écrire quoi ?


Bientôt l’équinoxe de printemps… Ce moment incertain où l’Hiver, avec sa glace asphyxiante, et le Printemps, force neuve et vibrante, luttent avec acharnement…


Tout comme en elle. Fera-t-elle un pas en arrière pour s’éloigner du gouffre, ou un pas en avant pour s’y dissoudre et oublier à jamais ?


Brusquement, un souvenir la traverse. Fugace. Aussi flou qu’un spectre. Celui de l’oiseau transi, tremblotant, perché sur une cornière, qu’elle a entraperçu à travers sa fenêtre… Une image qui s’attarde, persiste, tenace et lancinante.


Un frisson…


Ses mains s’agitent, ses doigts crispés sur le stylo. Une image se forme dans son esprit. Lentement. Comme une larme qui hésite au coin de l’œil avant de glisser.


Ostara, accroupie près de l’oiseau. Au milieu de l’immensité glacée qui cherche à les gommer… Un combat qui résonne longuement en elle.


Son combat… comme celui de beaucoup d’autres. Un combat qu’ils doivent mener. Pour que la vie continue. Pour que l’hiver recule…


Une phrase naît, puis une autre, et encore une autre… Les mots jaillissent de son esprit comme des étincelles dans la nuit. Maladroits, mais ils sont là. Ils s’enchaînent…


Elle raconte la transformation de l’oiseau en lièvre, porteur d’espoir, qui va braver le froid et permettre au monde gelé de renaître. Un nouveau printemps, une nouvelle chance qu’Ostara offre à la vie.


Et soudain, elle comprend que l’histoire qu’elle écrit n’est pas seulement une légende, mais aussi un enseignement, un exemple dont elle doit s’inspirer.


Elle s’immobilise, interdite.


Le froid est toujours là, quelque part en elle. Mais, amoindri, comme repoussé par la flamme encore fragile qu’Ostara allume en elle.



Ostara


Le lièvre bondissait à travers la neige.


Son pelage beige contrastait avec l’immensité glacée, éclair flamboyant que le froid ne parvenait pas à éteindre. Il sentait derrière lui l’hiver le poursuivre, l’ombre froide et vorace qui cherchait à le rattraper pour l’absorber, l’anéantir. Mais il courait. Sans se retourner. Sans ralentir. Bondissant en zigzag pour échapper à la menace, ses muscles tendus par une urgence qui dépassait la simple survie.


Ses pattes foulaient la neige avec une énergie fiévreuse. Sa course était effrénée, instinctive, comme s’il savait exactement ce qu’il devait accomplir pour empêcher l’Hiver de tout ensevelir sous sa glace éternelle. Une mission qui dépassait sa propre existence.


Il sentait en lui la chaleur insufflée par Ostara, ce souffle printanier qui le galvanisait. Son corps transformé se faufilait à travers tous les obstacles, et son cœur battait d’une vigueur toujours renouvelée, farouchement.


Il fendait l’air de toutes ses forces, traçait des lignes de vie sur la blancheur infinie que des vents furieux criblaient de grêlons meurtriers. Et partout où ses pattes touchaient le sol, il laissait derrière lui des œufs éclatants de couleurs, ceux que lui avait confiés l’oiseau mourant. Ceux-là mêmes qui, par la magie d’Ostara, contenaient les prémisses du printemps, la sève effervescente qui attendait son heure pour se répandre et s’épanouir.


L’Hiver grondait, se démenait, redoublait d’efforts, ses griffes gelées tentaient de le happer, mais le lièvre courait, courait encore. Car il savait que chaque œuf déposé était une victoire. Une étincelle qui, unie aux autres, réchaufferait le monde. Un éclat fragile qu’il devait préserver et disséminer sur son passage.


Son corps conservait l’empreinte d’Ostara, un nimbe de chaleur contre lequel le givre n’avait pas de prise. La vigueur qu’elle lui avait insufflée le consumait d’un feu intérieur qui jamais ne faiblissait.


Partout où il passait, torche vivante, la glace fondait lentement.


Avant la fin de l’équinoxe, tous les œufs aux teintes vives devaient être déposés. De chacun d’eux jaillirait une flamme capable de faire reculer l’Hiver. Alors, il courait, ses pattes frappant la neige avec une frénésie inégalée. Chaque bond était un défi, chaque œuf, un éclat de vie.


Et l’Hiver pouvait bien rugir, étendre ses tentacules glacés… Le lièvre courait, esquivait. Parce qu’il devait semer. Parce qu’il devait répandre l’espoir.



Elle


Ses mots coulent, remplissant la page. Tel le lièvre, ses phrases filent, rapides, souples. Une course pour échapper aux griffes de ses maux.


Ses doigts tremblent légèrement, mais ce n’est plus le froid. C’est autre chose. Une chaleur, encore naissante, mais indéniablement présente.


L’histoire d’Ostara dévale sous sa plume, impérieuse et vibrante : sa lutte pied à pied contre l’Hiver, ce don de vie offert quand tout semblait perdu, l’acharnement de l’oiseau et sa métamorphose pour triompher de l’inéluctable.


Ces leçons murmurées par la légende résonnent au plus profond d’elle-même. Elle s’en imprègne, s’y abandonne, laissant les mots jaillir comme un torrent libéré.


Cette lutte qu’elle raconte n’est pas qu’une fiction. C’est une vérité cruelle et poignante, l’histoire de tous ceux qui souffrent, brisés par un hiver intérieur qui les plonge dans un gouffre de silence. Un traumatisme qui les fige, les cristallise dans une douleur stérile. Un monde de glace qui s’est refermé sur eux, les enfermant dans une nuit sans fin.


Et cet oiseau brisé, cet être fragile qui refuse de renoncer… Ce sont eux.


Pour survivre, ils doivent devenir autres. Comme lui. Abandonner l’ancien pour renaître. Se transformer, non pour oublier, mais pour se doter de l’élan nécessaire pour continuer à avancer. Pour devenir plus solides, plus résilients. Vivants. Parce que c’est ce que raconte la légende : bâtir son existence même là où tout semble irrémédiablement perdu.


Quant à elle, l’écriture est sa course. Ses mots, des œufs qu’elle sème sur la page, des exhortations à la vie qu’elle dépose pour qu’ils éclosent, pour qu’ils repoussent l’ombre du froid. Pour qu’ils rappellent à tous ceux qui en ont besoin le sens profond de ce conte, l’espoir qu’il insuffle : aussi fragile soit-on, chacun peut trouver en lui la force de se libérer.


Elle s’arrête, tremblante, en ébullition.


La chaleur de la flamme qu’Ostara lui a envoyée au-delà du temps et de l’espace est maintenant bien ancrée en elle. Et elle s’intensifie de jour en jour. Elle souhaite en témoigner par ses mots.


Elle sourit à travers ses larmes.


Le conte d’Ostara, divinité nordique du Printemps, imaginaire, presque insensé, est bien plus véridique qu’il n’y paraît. La vie elle-même n’est-elle pas imprévisible, changeante, en perpétuel devenir ? Rien n’est immuable. C’est à nous de tracer notre voie, non pour fuir, mais pour donner du sens à ce qui nous arrive…


C’est en tout cas ce que cette légende, venue des temps reculés, lui raconte.


L’oiseau n’a pas disparu. Il a seulement changé. Et pour nous le rappeler, le lièvre qui a échappé à l’Hiver sème des œufs de vie dans nos cœurs. À nous de les trouver chaque jour, et pas seulement à Pâques.


Grâce à cette légende qui l’éclaire, elle continue à évoluer, à se fortifier, pour enfin s’ouvrir pleinement à la vie. Car n’est-ce pas là tout le sens du printemps ? Ce renouveau qui repousse l’hiver et insuffle la force de recommencer.




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1. La légende d’Ostara trouve ses racines dans les anciennes célébrations païennes de l’équinoxe de printemps, moment où jour et nuit s’équilibrent avant que la lumière ne prenne le dessus sur l’obscurité. Ostara, ou Ēostre, est une divinité nordique associée à l’aube, au renouveau et à la fertilité, vénérée dans des régions où les hivers sont particulièrement rudes et impitoyables.


Selon la légende, elle sauva un oiseau mourant de froid en le transformant en lièvre pour lui permettre de survivre. Mais l’animal, gardant en lui l’essence de ce qu’il était autrefois, continua de pondre des œufs, des œufs colorés qu’il dissémina pour célébrer la vie retrouvée.


Cette histoire poétique pourrait bien être à l’origine de la tradition des œufs de Pâques, symboles de renaissance et d’espoir. Comme un rappel que, même après le plus rude des hivers, la vie parvient toujours à éclore.