n° 23013 | Fiche technique | 46948 caractères | 46948 7911 Temps de lecture estimé : 32 mn |
19/04/25 |
Résumé: La vie d’un couple va subitement basculer pour se transformer en un véritable cauchemar où plus rien n’a de sens. | ||||
Critères: #drame #romantisme #consolation #vengeance #couple fh couple handicap sport amour reconcil | ||||
Auteur : Rainbow37 Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Chuter, se relever, et avancer Chapitre 02 / 02 | FIN de la série |
Résumé de l’épisode précédent :
Après l’humiliation de trop, Martin ne voit pas d’autre issue que d’en finir avec son mariage avec Babeth, mais son accident l’enfonce encore un peu plus dans ce cauchemar.
Un désordre total.
C’est tout ce que Martin parvient à saisir en sortant de sa torpeur. Une silhouette agitée dans l’encadrement de la porte, des mots décousus, un sentiment d’urgence irrépressible qui ajoute à sa confusion.
Le visage de son fils est pâle, déformé par l’angoisse.
Un frisson glacial s’insinue le long du dos de Martin. Son souffle se coupe. En un instant, il est debout, cherchant ses vêtements d’une main tremblante. Aucune question ne franchit ses lèvres. Il n’y a que l’urgence. Descendant les escaliers à toute vitesse, il suit Valentin jusqu’à la voiture. Le moteur rugit, brisant le silence pesant de la nuit.
Les phares éclairent la route, mais, dans son esprit, tout est obscur. Des souvenirs de sa dernière conversation avec Babeth l’assaillent. Il se rappelle ses mots durs, son regard fuyant, sa distance glaciale. Est-ce la dernière chose qu’il restera de sa relation avec elle ?
À l’hôpital, le monde perd toute substance. Des lumières blanches, des ombres furtives, un brouhaha indistinct. Martin et Valentin attendent, chaque seconde s’étirant douloureusement. Enfin, un médecin s’approche, le visage grave.
Le médecin hésite une fraction de seconde avant de répondre :
Martin est dans un tel état de sidération qu’il n’entend pas le reste des explications.
Le temps s’étire à l’infini. Valentin n’en peut plus et décide d’aller chercher un café. Lorsqu’il revient un peu plus tard, son visage est livide.
Un silence de plomb s’abat. Martin ferme les yeux, inspire profondément avant de déclarer d’une voix ferme :
L’attente devient une torture. Alex et Léa, les autres enfants du couple, arrivent, leurs visages creusés d’inquiétude. Enfin, après des heures interminables, un médecin reparaît.
Il remercie le médecin, puis ses émotions le submergent et il s’écroule contre ses enfants.
Quelques jours plus tard, dans la chambre d’hôpital de Babeth, Martin veille à son chevet. Elle est encore sous l’effet des sédatifs, son corps marqué par les bandages et les machines qui surveillent ses signes vitaux. Lorsque les effets de l’anesthésie commencent à se dissiper, elle ouvre lentement les yeux. Son visage pâle, ses bras couverts de perfusions, tout en elle respire la fragilité. Elle tourne la tête vers Martin, ses yeux remplis de confusion. Elle murmure faiblement :
Babeth cligne des yeux, puis son regard se trouble. Elle veut bouger, mais un frisson d’effroi la saisit. Son souffle se bloque, ses mains tremblent. Paniquée, elle tente de jeter un regard sous les draps, mais Martin l’en empêche.
Il voit la panique grandir en elle, la terreur prendre le dessus. Son corps se contracte sous l’émotion, et les larmes montent brutalement à ses yeux. Elle tente de se redresser, de toucher ce qui n’est plus là, elle s’agite de plus en plus.
Un instant, Martin hésite. Puis, lentement, il tend la main et la pose sur son épaule. Un geste maladroit, comme s’il ne savait plus comment la toucher. Il veut trouver les mots justes, ceux qui apaisent. Mais rien ne vient. Il se contente de rester là, silencieux, incapable de faire plus. Il réalise, avec une froide lucidité, qu’il n’éprouve plus cet élan qui autrefois le poussait vers elle. Quelque chose en lui s’est éteint. Mais ce n’est pas le moment. Pas maintenant.
Babeth attrape sa main et la serre très fort.
Quelques jours plus tard, alors que la lumière douce de l’hiver filtre à travers les rideaux de la chambre, une femme fit irruption. Son regard est chargé de rage. Martin, qui ne l’a jamais vue avant, est surpris. Babeth, étonnée, semble également ne pas la reconnaître.
Martin, déconcerté, se lève immédiatement, la prenant par le bras pour la sortir de la chambre.
Mais elle se débat violemment, des larmes de rage coulant sur ses joues, et, soudain, sa main fuse… Martin n’a pas le temps de réagir. Le choc sur sa joue claque dans le silence. L’infirmière accoure pour expulser l’inconnue, mais le mal est fait. Babeth éclate en sanglots, se couvrant le visage de ses mains.
Une fois un semblant de calme revenu, Babeth regarde tristement Martin. Elle voit qu’il souffre, mais pas à cause de la gifle…
Les jours passent et Martin veille inlassablement auprès de Babeth. Grâce à ses bonnes relations avec son patron, il a pu aménager ses horaires de travail ou prendre des congés anticipés. Sa présence silencieuse est un réconfort pour elle dans ses moments de douleur.
Pourtant, un matin, Martin pousse la porte de la chambre. Babeth est assise près de la fenêtre, le regard perdu au-delà des vitres embuées. Une enveloppe froissée repose entre ses doigts. Il l’appelle doucement. Aucune réaction. Il s’approche, répète son nom. Enfin, elle tourne lentement la tête et tend l’enveloppe vers lui, sans un mot.
Son ton est étrange, entre l’abattement et une résignation feutrée. Martin déglutit. Il sait ce que c’est. Il sait ce qu’il a fait. Avant l’accident, avant que tout bascule.
Babeth baisse les yeux sur le papier. Son sourire est fragile, presque imperceptible.
Un silence les enveloppe, lourd comme un ciel d’orage. Aucun reproche. Juste une tristesse sans éclat, usée par les jours passés à tout perdre. Babeth souffle de dépit.
Martin ne sait pas quoi répondre, mais finalement il inspire profondément et déclare d’un ton résolu :
Babeth le regarde, incrédule.
Il ne répond pas immédiatement, lui dire que c’est bel et bien fini pourrait la terrasser alors qu’il tente de redonner un sens à sa vie.
Babeth détourne à nouveau le regard vers la fenêtre, mais cette fois avec une lueur nouvelle sur son visage. Peut-être… peut-être qu’il y a encore quelque chose à sauver.
*****
Les jours suivants à l’hôpital sont marqués par des progrès lents, mais constants. Chaque petite victoire, comme se lever seule ou bouger avec plus d’aisance, est célébrée discrètement, nourrissant un espoir fragile. Un jour, après une session de rééducation particulièrement éprouvante, Martin s’assoit à côté de Babeth. Elle est épuisée, mais un éclat de détermination brille dans ses yeux.
Le jour du retour arrive enfin. Martin et Babeth quittent l’hôpital en voiture. En arrivant à la maison, Valentin, Axel, et Léa les attendent sur le perron. Ils ont tout préparé : installation de rampes, aménagement des espaces pour faciliter le passage d’un fauteuil roulant pour l’instant indispensable.
Puis son regard se pose sur Martin, mais tous les deux n’osent plus se donner autant de proximité.
Sa chambre a été déplacée au rez-de-chaussée, équipée de tout le nécessaire pour faciliter son quotidien. Les premiers jours sont difficiles. Babeth lutte contre la douleur physique et l’humiliation de sa dépendance. D’autant qu’un pincement au cœur l’a serrée en réalisant que Martin est revenu vivre à la maison, mais qu’il dort seul dans leur ancienne chambre à l’étage. À part cela et leur intimé disparue, il est toujours là, patient, encourageant, lui rappelant chaque jour qu’elle peut surmonter cette épreuve.
Malgré tout, quelque chose a changé. Un soir, alors que Martin fait la vaisselle, Babeth l’observe depuis son fauteuil. Il est présent, mais distant. Comme une silhouette floue dans sa propre maison. Lorsqu’il se tourne vers elle et esquisse un sourire, elle le voit enfin avec clarté. Ce n’est plus le même regard. L’amour qu’elle connaissait n’y est plus. Une vague de tristesse l’envahit. Le divorce est inévitable. Bientôt, elle devra le laisser partir.
Les mois passent. Une routine s’installe entre les séances de rééducation et les efforts quotidiens. Petit à petit, Babeth se réapproprie sa vie. Les exercices de renforcement musculaire lui permettent de passer du fauteuil roulant aux prothèses, puis de marcher avec de plus en plus longtemps. Grâce à du matériel adapté, elle recommence même à courir et à faire du vélo avec Martin.
Un soir, après une séance d’entraînement éprouvante, ils se prélassent un peu dans un bain à remous de la piscine. Il lui demande l’air de rien :
Babeth éclate de rire, un brin moqueuse.
Babeth baisse les yeux, pensive. Puis elle lève le regard vers lui, une lueur de défi dans les prunelles.
Pourtant, elle hésite avant de lui parler.
Martin hésite un instant, lui qui pensait pouvoir enfin prendre de la distance. Finalement, il hoche la tête.
Le soir venu, Martin rejoint Babeth dans sa chambre. Elle est allongée sur son lit, recouverte d’une simple serviette. Il chauffe un peu d’huile entre ses mains et commence, doucement. Il masse d’abord ses membres inférieurs, maintenant terminés par des moignons tibiaux. Martin est d’abord perturbé par cette réalité, mais il se concentre sur son exécution, déterminé à lui apporter le bien-être nécessaire. Ses doigts glissent sur sa peau, réveillant une familiarité troublante. Il se concentre, mais une émotion enfouie remonte, un souvenir d’un temps où ils étaient encore « eux ». Il se reprend, s’efforçant de penser à autre chose, ou au moins à se focaliser sur son travail tout en respectant la dignité de Babeth qui, les yeux fermés, savoure la détente que le massage lui procure.
Ces massages deviennent un rituel, un moment suspendu entre eux, fragile et silencieux.
Quelques mois plus tard, Babeth franchit la ligne d’arrivée des championnats de France de Para Triathlon à Saint-Jean-de-Monts sous les acclamations du public. La course a été difficile sur un parcours exigeant. Elle n’est même pas sur le podium, mais la victoire est ailleurs. Chaque mouvement de crawl, chaque coup de pédale, chaque foulée a été réalisé avec une détermination farouche. Lorsqu’elle passe enfin la ligne, Babeth lève les bras au ciel, la joie et la fierté se mêlant à la fatigue. Martin l’attend à l’arrivée.
Elle se jette dans ses bras, et rejoints par leurs enfants, elle savoure l’instant. Des larmes coulent sur ses joues, un mélange de bonheur et de soulagement l’envahissant.
De retour à la maison après quelques heures de route, ils apprécient ce moment de calme après l’excitation de la journée. Un peu plus tard, Babeth, visiblement émue, se tourne vers Martin.
Elle se lève et se dirige vers un tiroir, en sortant une enveloppe qu’elle tend à Martin. Il la prend, surpris.
Il ouvre et découvre les papiers du divorce.
Martin reste silencieux, hagard.
Il acquiesce, bouleversé.
Plus tard, dans sa chambre, Martin pose les papiers du divorce sur son lit. Il les fixe, ses doigts effleurant distraitement le bord de l’enveloppe. Il devrait se sentir soulagé. C’est ce qu’il voulait, non ? Une nouvelle page, un nouveau départ. Pourtant, un nœud se forme dans son estomac.
Son regard se perd sur une photo posée sur la commode : une vieille image d’eux, riant aux éclats un été, insouciants, complices. Il se rappelle la chaleur de sa peau sous ses mains lors des massages, la douceur de sa voix quand elle lui murmurait un simple merci. Ce n’était rien. Ou peut-être que c’était tout.
Il pousse un soupir, passe une main sur son visage fatigué. Il a cru être prêt à partir. Mais si c’était vraiment le cas, pourquoi cette hésitation ? Pourquoi ce fichu pincement au cœur ?
Il réalise alors que le simple fait de se poser la question signifie qu’au fond, il connaît déjà la réponse.
*****
Martin accompagne Babeth jusqu’à son club de triathlon, son regard oscillant entre fierté et inquiétude. C’était la première fois qu’elle y remet les pieds depuis l’accident. L’accueil est chaleureux : des étreintes, des sourires, des exclamations admiratives devant ses prothèses de course flambant neuves. Mais, il y eut aussi Anne-Claire.
Elles s’échauffent brièvement avant de s’élancer sur la piste. Martin s’installe sur un banc, les observant d’un air inquiet. Rapidement, la situation dégénère, le rythme s’emballe. Babeth court avec une détermination presque furieuse, son visage crispé par l’effort. Anne-Claire, elle, semble savourer l’affrontement, malignement provocatrice, poussant Babeth à aller toujours plus vite. La tension monte, perceptible, jusqu’à ce que l’inévitable se produise. Un cri fuse, suivi d’une chute. Babeth s’écroule sur la piste.
Martin bondit, accourt vers elle alors qu’Anne-Claire s’éloigne déjà, le regard indifférent envers sa camarade d’entraînement, à terre près d’elle, dont le corps est secoué de sanglots.
Le silence pesant s’installe entre eux le reste de la journée. Ce n’est qu’au moment du coucher que Martin se risque à frapper à sa porte.
Babeth est allongée, fixant le plafond.
Babeth a un mince sourire qui éclaire son visage.
Martin lui tend une serviette, puis il se tourne le temps qu’elle se prépare.
Martin se fige en pivotant et voyant son corps totalement nu, marqué par les épreuves. Il hésite.
Il verse un peu d’huile entre ses paumes, s’installe à califourchon sur ses cuisses et commence à masser ses épaules.
Silence. Puis, après quelques minutes, elle murmure :
Elle inspire profondément avant d’avouer :
Martin hausse un sourcil.
Martin se raidit, honteux.
Elle le coupe et continue :
Sa voix se brise.
Babeth enfouit son visage dans son oreiller et hurle sa colère avant de sangloter. Martin, silencieux, sent là l’amertume et la tristesse se mêler en lui. Il reprend doucement le massage, cherchant à apaiser sa douleur. Puis il lui demande :
Martin se fige.
Martin sent le corps de Babeth se tendre encore un peu plus, alors il adapte sa manière de masser, plus lentement. Ses mouvements deviennent des caresses. Elle respire, se calme et reprend.
Babeth reste silencieuse, puis hoche la tête.
Elle frissonne. Martin sent un changement en elle, une détermination renaissante. Puis, dans un soupir plus léger, elle murmure :
Martin hausse un sourcil. Il recule un peu et se retrouve sur les jambes de Babeth, ses fesses bien en vue. Il hésite, elle l’encourage.
Martin s’exécute, il fait glisser ses mains le long de ses hanches, puis ses fesses, effleurant ses courbes avec encore une légère hésitation. Ses caresses deviennent involontairement plus sensuelles, son rythme cardiaque s’accélère, mais il se force à ne rien laisser paraître. Babeth gémit doucement sous ses attentions. La chaleur entre eux est trop forte pour qu’il puisse la dissimuler longtemps.
Un silence. Puis une réponse, franche :
Martin est troublé par ses mots, surpris par cette offre directe et sans détour. Il se lève du lit, s’éloignant de Babeth, réfléchissant intensément à la situation, le poids de la décision pesant sur ses épaules.
Babeth soupire, visiblement déçue par son hésitation, et laisse tomber son visage contre l’oreiller, tentant de cacher sa déception.
Il l’observe, scrutant ses courbes, son corps marqué par le poids des derniers mois. Il réalise qu’il a envie de la toucher, de la prendre dans ses bras, de leur faire oublier. Une hésitation, puis une décision. Il enlève son caleçon et revient sur le lit, s’alignant derrière elle.
Babeth savoure sa présence et relève légèrement la tête, un frisson parcourant son dos. Il se penche vers sa nuque, respirant son parfum familier, et lui murmure à l’oreille :
Martin se positionne avec précaution alors qu’elle soulève et écarte légèrement ses cuisses, permettant ainsi de s’ouvrir davantage à lui. Son membre trouve à nouveau le chemin de sa matrice, doucement, progressivement, sentant la résistance de sa chair, mais aussi sa chaleur humide et accueillante. Babeth laisse échapper un léger gémissement, un son à la fois douloureux et voluptueux. Ils ressentent une sorte de soulagement en retrouvant des sensations qu’ils avaient presque oubliées, un langage corporel qu’ils maîtrisaient autrefois à la perfection.
Il commence à bouger lentement, s’assurant qu’elle est à l’aise, qu’elle apprécie ce contact. Babeth répond en se cambrant légèrement, offrant son corps avec une confiance retrouvée. Alors, il accélère légèrement le rythme, elle laisse échapper un râle de plaisir en agrippant les draps avec ses mains.
Martin se laisse aller, se libérant en même temps qu’elle, et s’écroule sur son dos, haletant et épuisé. Ils restent collés l’un à l’autre, leurs respirations se calment progressivement. Leurs corps se serrent et ils ne bougent plus pendant plusieurs minutes. Martin finit par déposer un baiser sur son épaule, une marque de tendresse et de gratitude, ou peut être un peu plus que ça… Mais elle ne réagit pas, et il réalise à sa respiration qu’elle s’est endormie. Il se relève doucement, quittant la chambre sur la pointe des pieds pour prendre une douche.
Martin regagne ensuite sa propre chambre. Leur chambre, depuis toujours. Il se glisse sous les draps frais, mais le sommeil se refuse à lui. Il se sent seul, terriblement seul dans ce grand lit, séparé du parfum et de la chaleur de Babeth. Il se demande si sa place n’est pas, malgré tout, de revenir dormir auprès d’elle.
*****
Les jours s’écoulent, et, entre Martin et Babeth, les relations se réchauffent, un lent dégel après le long hiver de la trahison. Leur complicité d’autrefois refait progressivement surface, des rires partagés lors d’un dîner improvisé, des regards complices échangés au détour d’un entraînement, des souvenirs qui remontent à la surface… Mais cette renaissance fragile a une limite, une ligne invisible qu’ils ne franchissent pas, hypnotisés par le mirage du Championnat de France de triathlon.
Martin a déserté son bureau, il n’a plus la tête au travail. Son obsession, c’est Babeth. Son entraînement, sa nutrition, sa récupération… Il est entièrement dévoué à sa préparation, planifiant chaque détail avec une minutie maladive.
Mais l’atmosphère se glace dès que Babeth remet les pieds au club. Le retour aux entraînements de groupe est une épreuve. L’air crépite de tension entre elle et Anne-Claire, deux fauves qui se tournent autour, prêtes à bondir. Martin se mord les doigts, se rappelant sa promesse qu’il a faite à Babeth de ne pas interférer. Mais il bout intérieurement, il a une envie irrépressible d’aller dire deux mots à cette garce d’Anne-Claire pour lui faire payer ce qu’elle a fait.
Ce soir, comme toujours, il l’accompagne, posté au bord de la piste comme un sniper. Il observe, il écoute, il analyse chaque mouvement, chaque respiration, cherchant le moindre signe de faiblesse. Il sent Babeth tendue, crispée, ses muscles noués par l’anxiété. Lors d’une séance de fractionnés, elle n’a pas de bonnes sensations, elle lutte contre elle-même, la pression devient trop forte. Elle craque, sa frustration explosant en un geste de rage : un coup de poing violent contre le sol.
Ses performances sont médiocres en ce moment, elle stagne, elle le sait, et elle ne supporte pas l’idée de décevoir, une fois de plus.
De retour à la maison, Babeth s’est murée dans le silence. Assise sur la terrasse, la mine défaite, elle semble s’être effondrée sur elle-même. Martin, décidé à briser sa carapace, s’approche discrètement. Mais Babeth a l’ouïe fine, et son regard le perce aussitôt. Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Babeth prend la parole, sa voix lasse et amère.
Martin sourit, un sourire léger, fugace, mais qui dit beaucoup. Il attrape le sac de charbon, en verse une poignée dans le barbecue. Le bruit des briquettes qui tombent, un rituel familier, résonne dans le silence de la terrasse.
Babeth le regarde avec surprise, la confusion se lisant sur son visage. Elle cherche à comprendre, à percer le mystère de ce qu’il est en train de faire. Mais Martin ne répond pas, son regard fixé sur les flammes qui commencent à lécher le charbon avec quelques crépitements. Il rentre dans la maison, sifflotant une mélodie vague, laissant Babeth perplexe, livrée à ses propres interrogations.
Quelques secondes plus tard, il ressort. Dans ses mains, l’enveloppe fatidique. L’enveloppe qui contient les papiers du divorce, les mots d’une rupture programmée. Toujours sifflotant et sans hésitation, il s’approche du barbecue, et, sous le regard médusé de Babeth, il commence à jeter les feuilles une à une dans les flammes, les laissant se consumer avec une lenteur cruelle.
Babeth est abasourdie par l’ampleur de son geste. Elle réalise, mais refuse d’y croire.
Babeth ne termine pas sa phrase, les larmes menaçant de couler. Elle ne peut admettre qu’il fasse ce geste, que les flammes consument cette partie de leur passé, de leur futur. Lui observe le brasier, fasciné par la destruction par le feu et la renaissance de leur lien. Les flammes dansent sur les papiers du divorce, ne laissant plus aucune trace de la séparation qui les guettait. Babeth, touchée au plus profond d’elle-même, se lève difficilement, comme si ses jambes peinaient à la porter. Elle s’approche de Martin, les yeux rougis par l’émotion. Lui est hilare de sa « bêtise » :
Il la serre contre lui, comme pour la protéger du monde. Un silence, puis Babeth relève la tête, son regard brillant.
Arrivé dans la chambre, Martin l’arrête et se colle contre son dos, lui dévorant très vite la nuque et les épaules avec tendresse. Il glisse ses mains pour explorer ce corps qui veut se réapproprier. Il lui retire son haut et son soutien-gorge bandeau, et malaxe doucement sa poitrine. Alors qu’il s’attarde sur ses mamelons, Babeth pose une main sur la sienne pour la guider plus bas. De son autre main, elle écarte l’élastique de sa culotte, leurs mains jointes caressent la fine toison de Babeth pour enfin accéder à son intimité. Toujours calé derrière, il lui mord son lobe d’oreille, elle frissonne et soupire d’anticipation.
Martin s’attarde sur son petit bouton déjà gonflé d’excitation alors qu’elle ferme les yeux, s’abandonnant à son mari. Il glisse sur sa chatte humide, puis insère deux doigts pour un rapide va-et-vient qui coupe le souffle de Babeth. Elle s’empare de sa main et l’amène à sa bouche pour sucer ses phalanges avec gourmandise. Elle se retourne alors et vient lui donner un baiser profond en dégrafant la braguette de son homme sans quitter sa bouche. Avec un sourire taquin, elle met fin à l’étreinte le temps d’enlever ses prothèses et ses derniers vêtements.
Babeth s’assoit sur le bord du lit, fait glisser le caleçon de Martin le long de ses cuisses pour libérer son sexe durci. Il est tellement excité que du liquide séminal coule de son gland, elle se penche et le récupère du bout de la langue. Puis elle dépose des baisers le long de sa hampe, revient jouer de sa langue sur le gland qu’elle suçote comme un bonbon avant de l’avaler. Elle le sent grandir en elle, le mange et entame une série de va-et-vient. Martin soupire de soulagement et sent progressivement l’orgasme venir, alors il passe sa main dans les cheveux de sa femme pour la repousser doucement.
Babeth se couche sur le lit et lui sourit tendrement. Il la rejoint et se positionne entre ses cuisses, et se penche pour l’embrasser goulûment. Puis il frôle de ses lèvres ses seins, agace ses tétons qu’il vient sucer et mordiller, savourant l’exquise sensation des mamelons durs dans sa bouche. Elle glisse sur le crâne de Martin et appuie doucement, l’invitant à venir jouer de ses talents entre ses cuisses. Il s’exécute, la gratifiant de baisers au passage sur son ventre, ses hanches, son pubis. Sa bouche frôle très légèrement le clitoris pour se déposer sur ses lèvres gonflées de désir. Après quelques baisers, il laisse sa langue jouer avec le petit bouton gonflé et enfin l’aspire. Elle geint et se déhanche sous ses coups de langue appuyés, sa respiration devant plus forte. Elle commence à pousser des gémissements lorsqu’il la pénètre d’un doigt, puis elle s’arque quand il commence à le bouger en parallèle de ses coups de langue sur sa peau sensible.
Il ne faut pas longtemps pour que son corps se soulève, submergé par l’orgasme. Martin sent son vagin se contracter sur ses doigts alors qu’elle crie sa délivrance. Haletante, elle se force à retrouver ses esprits rapidement, consciente que ce moment de retrouvailles doit être parfait pour tous les deux. Elle veut le sentir au plus profond de sa chaire, alors elle pose ses paumes sur les joues de Martin et le remonte à lui.
Martin se relève un peu et ondule du bassin pour faire coulisser sa hampe sur son clitoris et ses lèvres humides. Mais Babeth n’a plus de temps à perdre, elle tend le bras et empoigne la verge de son mari pour la guider en elle. Enfin. Le gland entre dans son vagin. Une légère poussée et il pénètre son antre. Babeth se délecte de sentir cette queue glisser en elle avec douceur. Ils ne peuvent se quitter du regard alors qu’il commence à bouger les hanches, son sexe coulissant en elle pour un plaisir divin partagé. Elle ondule du bassin pour donner plus d’amplitude à leur ébat, lui accélère la cadence, le bruit de leurs corps qui se rencontrent se mêle à leurs gémissements. Martin lui replie les cuisses sur le torse et agrippe ses hanches pour s’enfoncer au plus profond de sa femme.
Il n’en peut plus et se libère en râlant son plaisir, puis relâchant les cuisses de Babeth, Martin s’écroule contre elle. Ils restent un moment, haletants et en sueur, l’un contre l’autre, pour prolonger un peu plus ce moment délicieux. Ils finissent par se lever pour manger un morceau, puis ils se cherchent à nouveau toute la soirée pour finir par faire l’amour à nouveau, cette fois plus tendrement.
*****
Quelques semaines plus tard, la Baule bruisse d’effervescence pour les Championnats de France sur distance olympique ! Dans leur chambre d’hôtel, Babeth ajuste sa combinaison avec une aisance naturelle. Son regard, posé sur le miroir, ne vacille pas. Elle est prête.
Derrière elle, Martin est l’ombre de lui-même, pâle comme un linge et tendu comme une corde de piano. Il a pourtant vérifié les réglages du vélo plusieurs fois, inspecté chaque détail du contenu de son sac ou encore les horaires sur son téléphone, mais il angoisse et se demande s’il ne devrait pas faire un dernier contrôle, au cas où… Ses jambes tremblent sous la tension, comme s’il était lui-même sur le point de prendre le départ. Babeth prend place à côté de lui et pose une main sur sa cuisse, le forçant à ralentir son mouvement frénétique.
Martin déglutit. Il est livide.
Elle rit doucement.
Il détourne les yeux, mal à l’aise.
Babeth se redresse et vient se mettre à califourchon sur les cuisses de Martin. Ses bras se nouent autour de sa nuque, elle l’embrasse avec passion, lui transmettant sa force et son courage. Puis elle lui caresse la joue et le rassure :
Elle pose une main sur sa joue. Il ferme les yeux, absorbant la chaleur de sa paume. Alors elle ajoute :
Ne pouvant se lancer en plongeant comme les valides, Babeth est assise au bord de l’eau, prête pour le départ. Son visage s’assombrit lorsqu’elle croise Anne-Claire, qui ajuste ses lunettes de natation d’un geste mécanique, son regard froid balayant les autres concurrents. Lorsqu’elle aperçoit Babeth, un sourire cynique se dessine sur ses lèvres.
Babeth soutient son regard sans ciller, une lueur amusée au fond des yeux. Elle ajuste son bonnet et réplique avec un sourire tranquille :
Puis, sans attendre de réponse, elle s’avance et se jette à l’eau, laissant Anne-Claire avec son mépris…
La corne de brume retentit, le départ est donné.
Plus de sept mille participants s’élancent vers l’océan dans un chaos d’écume et de bras battants. Babeth, elle, ne cède pas à la panique. La natation n’est pas son point fort, l’eau est froide, les corps s’entrechoquent, mais elle ne panique pas, son esprit limpide. Elle se concentre sur sa nage, sur chaque mouvement, sur chaque respiration. Elle est dans sa bulle, connectée à son corps, à son objectif.
Elle est un peu à la traîne sur le gros des concurrents lorsqu’elle émerge sur la plage, ruisselante, sa combinaison entrouverte à la recherche d’oxygène. Martin et Valentin s’approchent d’elle pour faire sa transition. Haletante, mais sereine, elle se laisse porter jusqu’à sa chaise. L’écume glisse encore sur sa peau, et un éclat métallique attire l’attention de Martin. Là, nichée contre sa poitrine qui monte et redescend au rythme de sa respiration, une chaîne fine brille sous le soleil. À son extrémité, suspendue comme un talisman, il reconnaît l’alliance. Son alliance. Celle qu’il avait glissée dans sa main ce soir-là, celle qu’il croyait perdue dans le caniveau. Son cœur manque un battement. Elle l’a gardée. Tout ce temps. Il ouvre la bouche pour lui parler, mais Valentin le ramène à la réalité en hurlant à ses côtés :
Ils lui sanglent rapidement ses lames de course, puis elle se précipite vers son vélo qu’elle enfourche avec une rage contenue. Elle progresse avec une puissance incroyable, chaque coup de pédale exprimant sa détermination et sa soif de revanche. Le vent siffle à ses oreilles tandis qu’elle dépasse plusieurs concurrents sur les 40 kilomètres du parcours.
Arrivée à la transition pour la course à pied, son cœur s’emballe. Devant elle, Anne-Claire s’élance, son regard arrogant et méprisant dans sa direction, mais Babeth n’a pas le temps de cogiter. Elle gare en urgence son vélo et se lance à son tour. Le dernier segment. Cinq kilomètres à avaler. Elle prend un shoot d’adrénaline dès les premières foulées, galvanisée par les encouragements de Martin et de ses enfants qui scandent son nom depuis le bord de la route :
À une centaine de mètres de l’arrivée, ils l’aperçoivent enfin. Babeth est là, juste derrière Anne-Claire. Un frisson la traverse. Elle pourrait la doubler. Son rythme s’accélère. Elle s’arrache. Plus vite. Elle VA la doubler. Encore plus vite. Les encouragements de Martin et des enfants se transforment en une cacophonie d’émotions : cris, hurlements, supplications.
Mais soudain, l’impensable se produit. Une jeune concurrente, fauchée par la fatigue ou la malchance, chute lourdement devant elles, s’écrasant sur le sol. Dans la foule, un silence stupéfait, suivi de cris d’horreur. La scène est figée, le temps suspendu.
Anne-Claire fait preuve d’une vivacité incroyable et parvient à franchir l’obstacle en sautant par-dessus la malheureuse avec une grâce féline. Elle franchit la ligne d’arrivée, les bras levés, le visage triomphant. Mais sa victoire est fade, dénuée de saveur, entachée par l’indifférence du public.
Babeth n’a pas tergiversé elle non plus. L’instinct et la compassion l’emportent sur la soif de victoire. Elle s’est arrêtée aussitôt, oubliant la course, oubliant Anne-Claire, oubliant tout sauf l’urgence d’aider cette jeune femme. Elle se penche vers elle, lui proposant son aide.
Elle relève la jeune femme blessée en lui prenant les mains. Elle la soutient, la rassure, et ensemble, elles parcourent les derniers mètres, sous les applaudissements nourris du public. Babeth savoure ces instants, cette solidarité, cette communion humaine, mais surtout la fierté qui se lit sur les visages de sa famille. La ligne d’arrivée passée, la jeune femme meurtrie l’embrasse avec gratitude, puis le service médical prend le relais.
Babeth n’en a pas fini avec les accolades, car aussitôt Martin et les enfants lui sautent dessus pour la fêter. Les rires et les larmes se mêlent à l’émotion du moment. Babeth est portée par l’amour et la fierté de sa famille. Enveloppée dans cet amour inconditionnel, elle ne ressent même plus la fatigue.
L’euphorie retombée, Martin la prend à part, à l’écart des cris et des embrassades. La foule s’efface autour d’eux, ne laissant que le murmure du vent et le bruit lointain des vagues. Babeth, encore essoufflée, le regarde avec un sourire fatigué, mais lumineux. Martin hésite, puis désigne la chaîne qui pend autour de son cou, l’alliance scintillant contre sa peau moite.
Babeth baisse les yeux vers l’anneau, ses doigts effleurant le métal comme si elle redécouvrait sa présence. Un rire doux, presque gêné, échappe de ses lèvres.
Martin déglutit, une chaleur diffuse montant dans sa poitrine. Il veut parler, mais les mots se coincent. Babeth détache alors la chaîne avec une lenteur délibérée, l’alliance glissant dans sa paume. Elle la tend vers lui, ses yeux brillants d’une émotion contenue.
Il fixe l’anneau, si petit, si lourd de leur passé. Ses doigts tremblent légèrement en le prenant, et il le serre contre lui, comme s’il craignait qu’il disparaisse à nouveau. Pas de grandes promesses, pas de serments solennels. Juste eux, là, dans cet instant fragile.
Babeth pose une main sur son bras et l’attire vers elle pour l’embrasser. Puis la course revient à l’esprit de Martin.
Elle le regarde droit dans les yeux, un sourire serein illuminant son visage.
Elle marque une pause, ses yeux brillants d’une nouvelle sagesse. Son regard se pose sur ses enfants, puis revient sur Martin. Sur tout ce qu’elle a retrouvé.
Martin la prend dans ses bras, la serrant contre lui. Il n’a plus besoin de mots.
Pour la petite histoire, la photo de Babeth franchissant la ligne d’arrivée avec la jeune femme blessée illustra le programme des championnats de France l’année suivante, un symbole de courage, de compassion et de générosité. Un témoignage éloquent que les véritables victoires sont ailleurs, plus profondes, plus importantes que les médailles et les trophées.