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n° 23037Fiche technique24802 caractères24802
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Temps de lecture estimé : 18 mn
06/05/25
Résumé:  Il y a des textes qui vous tombent dessus comme un cierge enflammé mal accroché. Et puis il y a ceux qu’on écrit parce qu’on sent que l’univers – ou un plug rose pailleté – nous y pousse doucement. Amen et lubrifiant.
Critères:  #exercice #humour #pastiche #initiatique
Auteur : L'artiste  (L’artiste)      Envoi mini-message
Le Dernier Plugement

Note d’intention grammaticale

(à lire avant toute tentative de redressement syntaxique)



Note d’intention (sacrilège, mais sincère)


Ici, les temps verbaux valsent. Pas par oubli – par désir. Le passé simple pour la solennité biblique, l’imparfait pour les frissons lents, le présent pour l’érection du style.


Oui, ça bascule. Comme un bassin. Telle une voix qui tremble quand ça devient bon. Ce texte n’a pas été conçu pour être corrigé, mais pour être ressenti. Dans le verbe. Dans les fesses. Dans la syntaxe qui mouille un peu. Et si ça vous gratte l’œil, c’est que ça caresse ailleurs. Tant mieux.


Avec insolence, ferveur, et un doigt dans l’accord du participe passé,


Les Éditions Liturgiques du Fion Sacré™

(Là où la prose se prosterne. Et parfois, se fait prendre.)




L’apparition du démon silicone

(ou comment un petit objet rose a mis le feu au bénitier)



À Sainte-Agnelle-des-Buissons – 312 âmes (hors pigeons) – le dimanche matin ne pardonne pas. Tout est réglé à la seconde près : 8 h 15, les cloches tintent ; 8 h 22, Germaine allume un cierge pour que son arthrose recule ; 8 h 31, Madeleine laisse tomber son missel dans la nef (comme depuis 2009, date à laquelle elle a décidé qu’un bruit sec valait mieux qu’un bonjour) ; 8 h 38, Père Antoine entre, encensoir à la main, air inspiré, cheveux humides de Dieu ou d’un shampoing doux à la camomille.


Mais ce matin-là, à 8 h 56, quelque chose cloche. Pas une cloche. Un détail. Un saut dans la matrice paroissiale. Et, comme souvent dans les récits de bouleversements spirituels, tout commence par une boîte.


La boîte à dons, pour être précis. Placée sur le seuil de l’église, elle est l’unique réceptacle des élans charitables : quelques billets froissés, des pièces jaunes, parfois une tablette de chocolat périmé ou un mot implorant le retour miraculeux d’un chat nommé Croquette.


Mais aujourd’hui, pas de billet. Pas de Croquette.


Un objet.


Posé là. Triomphant.


Un plug en silicone rose fluo à paillettes. Un ustensile si manifestement… non liturgique, qu’Antoine reste figé comme Moïse devant le buisson ardent, mais en beaucoup plus perturbé.


Il le fixe, plisse les yeux, tend une main prudente et l’attrape avec deux doigts comme un frometon douteux.



À ce moment-là, Jean-Claude, le jardinier du presbytère – Homme jovial, moustache trempée dans la gnôle de cerise – passe par là avec son arrosoir… et lâche tout net :



Le plug lui glisse des doigts et rebondit mollement sur le coussin du prie-Dieu. Antoine devient cramoisi. Pas de honte, pas encore. Plutôt de confusion. De vertige anatomico-théologique.


Il ramasse l’objet interdit comme un aventurier saisirait une idole maudite – sans savoir si elle va bénir ou damner ses entrailles, et l’enfourne dans le premier truc qu’il trouve : un vieux missel jauni, creusé en son cœur il y a des années, lors d’une nuit d’angoisse solitaire. Il ne se souvient même plus ce qu’il y avait planqué à l’époque. Une fiole d’eau-de-vie ? Un billet doux jamais envoyé ? Qu’importe. Aujourd’hui, il devient le reliquaire d’un nouveau péché. Entre la Genèse et les horaires de catéchisme de 1997, le plug prend place, nourri par la moiteur du papier bible.



Mais au fond, il sent une chaleur étrange. Pas sur le front, pas dans le cœur non plus. Quelque chose… plus bas. Un picotement. Comme un appel.


L’office commence. Antoine titube jusqu’à l’autel. L’encens le fait tousser et il bafouille son premier verset. Alors qu’il lève les yeux vers les fidèles, il croit entendre… une voix. Discrète. Soyeuse. Intérieure.


« D’où vient la honte, mon fils ? De l’objet… ou de ce que tu en fais ? »


Jean-Claude lui adresse un petit signe depuis le fond. Il a sorti une bière et des cacahuètes. Germaine prie en silence, son sac rempli de brochures anti-IVG. Le plug, lui, repose bien au chaud, comme un secret en silicone prêt à exploser.


Antoine comprend que sa semaine va être très, très longue.




Les miracles du plaisir refoulé

(ou comment l’Esprit-Saint s’est mis à gémir)



Le plug est resté dans le missel, qui se met à rayonner. Pas littéralement – on n’est pas dans une comédie musicale mystique – mais disons qu’il dégage une sorte d’aura… tremblotante. Et Antoine, lui, se décompose. Doucement. Comme une chantilly laissée trop près du radiateur.


Tout commence avec Mme Dubreuil. Une paroissienne fidèle. 78 ans, dentier agressif, mèches mauves. Elle débarque au confessionnal avec un air de conspiratrice lubrique.



Antoine lève les yeux au ciel. Il ne voit rien. Pas même un péché utile.


Et ce n’est pas fini. En moins d’une journée, l’église devint le plateau d’un porno chaste : entre un lycéen aquatique, une ex-catholique revenue pour tester la luxure version deux joueurs, et une pluie de flacons d’huile sur les statues…


Le Père Antoine tente de garder la tête froide. Mais chaque nuit, le plug appelle. Il dort mal. Il rêve de messes où il célèbre en string. De baptêmes où le bébé le fixe et murmure : « Tu veux pas te lâcher un peu, Antoine ? J’suis baptisé, mais pas coincé. »


Il se réveille alors en sueur. Le missel est ouvert sur son bureau. L’objet repose là, immobile, mais chargé d’intentions. Debout. Imperturbable. Presque… sacré. Père Antoine l’effleure. Un frisson lui monte dans la nuque. Il recule. Signe une croix. Mais dans son cœur, quelque chose a changé.



_________________________




Le dimanche suivant, son homélie part en vrille.



Les gens se regardent.



Silence.


Puis Jean-Claude, dans le fond :



Germaine lâche son chapelet. Josette glousse. Le plug, lui, pulse lentement. Comme un cœur. Un appel. Une vibration sainte. Antoine, en nage, achève sa messe sur une phrase qu’il ne comprend pas lui-même :



Ce soir-là, une ligne se franchit. Antoine ouvre son frigo. Le regarde. Le ferme. Puis revient vers le missel, et murmure, les doigts tremblants :



Et dans le silence du presbytère, le démon silicone attend, impassible, prêt à… étendre son ministère.




Les saints aussi ont des fesses

ou comment la grâce s’est glissée entre deux chairs bien intentionnées



Le Père Antoine n’a pas péché. Pas encore. Mais il a… testé.


Pas longtemps. Pas profondément.


Juste… posé le plug sur sa paume nue. Comme une offrande. Une relique païenne. Un doigt de silicone tendu vers le ciel de ses pulsions refoulées. Et c’est là que tout a commencé à vibrer.


Pas lui, non.


Le village.


Les chiens de Mme Coudert ont hurlé à la mort pile à minuit. Le clocher a sonné douze coups… et demi. Et une auréole de lumière est apparue autour du vitrail de Sainte Rita, celle qu’on n’avait pas dépoussiérée depuis 2003 (la sainte des cas désespérés ET des orgasmes accidentels, manifestement).



_______________________




Antoine a tenté de reprendre une routine. Mais impossible d’oublier ce picotement dans les doigts, cette sensation de légèreté au niveau de l’âme… et du périnée.


À 10 h 04, Josiane, 62 ans, fidèle parmi les fidèles, est entrée dans l’église, les joues rouges, la voix fébrile.



Antoine a bredouillé une bénédiction, puis a couru à la sacristie où il a trouvé Jean-Claude en train de… polir les bougeoirs. Mais, lentement. Sensuellement. Avec une playlist de jazz érotique dans les oreilles.



Plus tard, pendant la prière des vêpres, une odeur étrange s’est répandue dans la nef. Un mélange de musc, de résine et de lubrifiant à la vanille.


Josette, la doyenne, a failli s’évanouir.



Et puis, il y a eu le miracle.


Pendant l’onction d’une dame âgée, Antoine a effleuré par erreur sa hanche gauche avec le dos de la main… Et elle s’est redressée d’un bond.



Elle n’avait jamais vraiment pratiqué, mais venait de réaliser un triple salto dans l’allée centrale, en hurlant :



Antoine a paniqué.


Le lendemain, d’autres paroissiens se sont pointés « pour tester. » Des douleurs chroniques. Des raideurs cervicales. Des lombaires en détresse. Des libidos en jachère. À chaque fois, Antoine posait une main hésitante. Et paf. Soulagement. Rougeur. Et même… petits gémissements « spirituels ».


Le journal local a titré :


« Mystère à Sainte-Agnelle : le Père Antoine guérit par un simple touché. »


Antoine sait. Ce n’est ni le divin ni le profane, c’est… autre chose. C’est lui. Ou plutôt… ce qu’il déclenche. Une onde. Une acceptation à la sensualité sacrée. Un chemin vers le plaisir… sans honte.


Ce soir-là, dans le silence tiède du presbytère, il murmure :





Confessions humides et sermons moites

(ou comment le confessionnal est devenu plus chaud qu’un sauna libertin à Lourdes)



Sainte-Agnelle-des-Buissons. Les cloches sonnent comme d’habitude. Sauf qu’au lieu de rassembler les âmes pieuses… elles rassemblent des fesses nerveuses. La file pour le confessionnal s’étire jusqu’au parvis. Certains attendent depuis 6 h du matin. Avec des thermos. Et des coussins.


Une rumeur circule :

« Le Père Antoine… il guérit par les oreilles. »

« Il t’écoute et t’as plus mal… sauf au slip. »

« Y paraît que Josiane a joui en avouant un adultère de 1984. »


Le confessionnal, d’habitude morne et à peine chauffé, est devenu une zone d’alerte thermosexuelle. À l’intérieur, Antoine sue comme un jambon dans un sauna russe. Il n’a rien demandé, mais maintenant, il entend tout, et les confidences sont parfois… épaisses.


8 h 02 – Claudine, 46 ans, veuve loquace :



Antoine tousse. Puis répond un vague « On priera pour ça » et note dans son carnet personnel : « Ne jamais prêter la soutane à Michel. »


10 h 45 – Karine, 34 ans, bibliothécaire sujette aux tremblements discrets :



Antoine a un flash. Il sue sous les aisselles. Il ne dit rien, mais, dans sa tête, il entend du saxophone. C’est un effeuillage verbal. Un strip-tease de l’âme. Il sent tout. Dans les mots. Dans les soupirs entre deux Ave Maria. Même ses sermons changent. Il ne veut pas. Mais ça sort.


À la messe de 11 h, il lance :



Silence gêné. Puis Germaine souffle très fort :



Dans l’assemblée, des jambes se croisent. Des fronts perlent. Et la corbeille de dons contient, à la fin de l’office, un vibromasseur de poche ; un ticket pour un atelier « Tao & Pelvis » ; deux slips taille XL ; et un mot : « Père Antoine, vous êtes notre sex-toy spirituel. Merci pour la paix intérieure (et entre les cuisses). »


Antoine se retire au presbytère, décapsule une bière, s’assied et regarde longuement le plug posé sur son bureau comme une divinité en plastique rose.





L’huile sainte et les zones interdites

(ou comment une onction a fini en levrette spirituelle [presque])



Tout commence avec une confirmation. Pas comme dans les rites catholiques. Non. Mais de massage : « Atelier Bien-être & Prière du Corps », organisé par Chloé, naturopathe végane semi-clandestine, dans la salle paroissiale (le jeudi, quand y a pas les scouts). On aligne les chakras, on écoute son périnée, et on nourrit l’âme par les pores.


Le conseil pastoral, trop occupé à débattre de la nouvelle police de caractères du bulletin mensuel, n’a pas fait gaffe. Résultat : à 14 h, douze personnes en slip sur des tapis de sol en train de frotter des huiles essentielles sur des zones qu’aucun psaume ne couvre.


Antoine, alerté par l’odeur suspecte de patchouli, débarque en soutane et tombe nez à sein avec Claudine en string, en train de susurrer des « Je suis un calice ouvert ». Il referme la porte aussi sec, respire un grand coup et se dit :


« Je vais finir par oindre quelqu’un là où le soleil ne se couche jamais. »


Mais voilà. Le soir même, dans sa chambre, un flacon traîne. Étiqueté : « huile sacrée pour la connexion divine (et le bas du dos) ».


Il hésite. Longtemps. Puis, comme on ouvre une Bible fatiguée à une page froissée d’Apocalypse, il verse une goutte sur son doigt.


C’est tiède. C’est… troublant.


Il prie.



Il ne termine pas, car la main est déjà partie en mission. Et là, entre un Notre Père murmuré et un soupir qu’il aurait voulu athée, la fusion carminée l’envahit, pudiquement, avec une ferveur qu’aucune liturgie ne couvre.


Il pleure un peu. Pas par honte, par soulagement. Et dans son cœur, une phrase apparaît.


« Et si le corps était aussi un lieu de prière ? »



_______________________




Le regard clair, le dos droit, Père Antoine célèbre la messe suivante. Mais une petite odeur de lavande impure flotte dans l’air.


Et quand il dit :



Germaine répond, sans ciller :





Le synode du slip et le cantique des loins

(ou comment la doctrine a glissé sur un tapis de yoga imbibé d’huile essentielle)



Le dimanche suivant, l’église de Sainte-Agnelle-des-Buissons a connu une affluence record.


On n’avait pas vu autant de monde depuis la rumeur de l’hostie en forme de tête de Jésus en 2004 (qui s’était avérée être un Tuc tombé par terre). Mais là, les bancs étaient pleins. Les regards, humides. Les cous, tendus vers l’autel.


Pourquoi ?


Parce qu’une phrase avait circulé, chuchotée entre deux rosières et un sachet de Dragibus :


« Le Père Antoine prépare une homélie… sensuelle. »


Sur le parvis, ça discutait à mi-voix.



Même Germaine était venue en jupe fendue, avec un missel rempli de post-it fluo.


Et en effet… dès la première note de l’orgue (une version très free jazz du Dies Irae), le ton était donné.


Le Père Antoine entra, lentement, soutane parfaitement boutonnée. Il grimpa en chaire, leva les bras… et dit, d’une voix grave :



Un silence. Puis un murmure. Puis, Claudine, du premier rang, s’est levée et a crié :





Le confessionnal aux orifices multiples

(ou comment l’Esprit-Saint entra sans frapper [et trouva la porte grande ouverte])



Les jours qui suivirent, la paroisse de Sainte-Agnelle-des-Buissons entra dans une sorte de transe spirituelle avec options corporelles. Un élan de ferveur… mais en body latex. Le confessionnal ne désemplissait plus.


Le Père Antoine, avec l’aide de Jean-Claude et d’un tuto YouTube de menuiserie, avait réaménagé la boîte à péchés. Deux ouvertures de chaque côté. Une trappe coulissante. Un coussin à mémoire de formes (lavable). Et, gravé dans le bois :


« Quiconque entrera ici laissera son slip au seuil de la honte. »


Le premier à tester fut René, 62 ans, retraité SNCF et obsédé discret des pieds en chaussettes montantes.


Il est entré avec une culpabilité en kevlar. Il est ressorti nu en souriant.



Et tout le monde a voulu y passer. Les gens n’étaient plus honteux. Ils riaient. Ils s’aimaient. Ils puaient parfois un peu le patchouli moite, mais ils vivaient.


Et puis un jour, le Vatican appela.


Oui. Le vrai.


Un courrier officiel, avec des tampons en latin et une signature illisible, mais très inquiétante.


Votre paroisse fait l’objet d’une enquête liturgico-morale.

Un envoyé spécial sera présent lors de votre prochaine célébration.

Veuillez éviter toute activité olfactive ou pénétrative d’ici là. Pax et discipline.


Le choc.


Claudine a pleuré dans un pot de vaseline, Jean-Claude a planqué le sex-toy dans le bénitier (qui n’a jamais autant rayonné), et le Père Antoine… a prié. Pas à genoux. Pas les mains jointes. Il s’est allongé, bras en croix, et a dit :



Il attendit. Le vent souffla. Un silence saint s’installa. Et le plug… brilla. D’un éclat rose. Un peu trop fluo pour être une coïncidence.




L’Inquisiteur à talons et secrets gonflables

(où l’Église découvre qu’on peut sauver les âmes en se trémoussant avec dignité)



Il est arrivé un jeudi matin, dans une Renault Clio gris anthracite.


Petit homme. Grande assurance. Mèches plaquées, lunettes rectangulaires, mallette en cuir qui sentait le latex confessionnel et l’encens de contrebande. Il s’appelait Monseigneur Étienne de la Varenne, mais dans certaines boîtes de nuit italiennes, il était connu comme « Sœur Égérie », une légende du voguing en soutane ouverte.


Le Vatican avait envoyé un inquisiteur, mais avait oublié qu’il avait… changé. Depuis sa « retraite spirituelle » dans les caves du couvent Santa Vulva à Naples.


À peine entré dans Sainte-Agnelle-des-Buissons, il a reniflé l’air comme un limier lubrique.



Jean-Claude a pâli. Josette a croisé les jambes très lentement. Père Antoine a serré sa croix… et ses fesses.



Il a levé les yeux vers le confessionnal modifié. A souri. Et a soufflé :



Car dans sa sacoche, il n’y avait pas de documents d’excommunication, mais un plug connecté au WiFi paroissial, une croix télescopique pouvant aussi servir de paddle liturgique, des bougies parfumées « Tentation du Christ – édition cerise noire », et un petit ouvrage de sa composition : « Corps et grâce : comment profiter de l’extase osmotique sans renier Dieu (ni vos lombaires). »


La réunion du soir fut une orgie de révélations. Monseigneur Étienne fit un exposé power-point sur « les 7 péchés capitaux et comment les rendre bio ». Puis il regarda l’assemblée. Plus grave.



Il parla longuement du concept de « Transpercement sacré », une théologie du sex-toy comme symbole d’ouverture spirituelle ET rectale. Il cita Saint-Augustin, tout en enfilant des mitaines en cuir. Et termina par :



Et alors… tout a explosé.


Pas dans un feu. Dans un orgasme théologique.


Chloé la prof de Pilates a fait un grand écart entre deux bancs. Germaine s’est confessée à l’oreille d’Étienne… en lui léchant l’épaule. Et Josette a crié, nue sous sa cape de velours :



Antoine est sonné. Il s’isole quelques instants dans la sacristie pour reprendre son souffle. Étienne le rejoint, s’adosse contre le mur, talons croisés, et sort une petite flasque d’eau bénite (ou de rhum, soyons honnêtes). Étienne se rapproche :



Et Étienne a conclu, calmement, en se recoiffant :



On ajouta à l’enseigne de l’église :


« Sainte-Agnelle-des-Buissons »

« Sanctuaire du Corps, du Verbe… et du Point G. »




L’extase finale (et l’homélie en levrette)

(où l’on perd le plug, mais pas la foi)



Tout allait trop bien. Les corps vibraient en harmonie. Le jardin était devenu un sanctuaire de massages partagés. Le confessionnal, un cabinet de curiosités où l’on déposait plus de sueur que de péchés. Et même le vieux clocher s’était redressé, après des années d’affaissement structurel.


Mais au matin du jeudi, à 6 h 6, Jean-Claude hurla dans la nef :



Panique.


Mireille s’est effondrée en hurlant :



Josette a menacé d’incendier la salle des fêtes « par précaution énergétique et symbolique ». Même Germaine s’est remise à parler en latin inversé, ce qu’elle ne faisait que sous stress extrême ou orgasme tibial.


Quant à Père Antoine… il a vacillé. Il est monté à la chaire, a regardé le vide, le bois, la nef nue, et a murmuré :



Étienne est arrivé, s’est assis, a regardé l’autel.


Silence.



Le dimanche suivant, Antoine était là. Pas dans sa tenue de cérémonie. Pas rasé. En sandales. En sueur. Et sans notes. Une fois sur l’autel, il a pris une grande inspiration, a fermé les yeux, puis a dit :



Un frisson.


Puis une explosion.


Les gens ont commencé à se dénuder. Respectueusement. Symboliquement… ou pas. Yves s’est débarrassé de son pantalon. Josette a levé sa jupe comme une bannière de rédemption. Chloé a détaché sa robe en soie, révélant un body liturgique en dentelle noire avec l’inscription « Fiat Lux & Latex ». Et même Germaine, pourtant en chemise de nuit et charentaises, a retiré un gant avec gravité.


Une main s’est tendue. Une autre l’a saisie. Puis un torse a rencontré un dos. Puis un souffle.


Et là…


Dans la lumière du vitrail. Dans l’arc-en-ciel d’un rayon qui sentait le miracle. Le plug, posé sur l’autel. Irradiant. Immaculé. Un halo autour de lui. Comme une apparition. Un point final en forme de poire inversée.


Chloé s’est approchée. Nue sous son manteau, regard baissé, mais sourire en coin. Elle s’agenouilla. Lentement. Comme on entre en prière… ou en transe. Elle leva les yeux vers Antoine.



Et là, les voix ont commencé. D’abord une. Puis deux. Puis toute la nef. Un chant. Une messe. Un orgasme communautaire :


🎶 Ave Plugna, gratia plena,

Dominus vibrat cum te… 🎶




Épilogue



Aujourd’hui, Sainte-Agnelle-des-Buissons est le seul sanctuaire en Europe où, le dimanche, les paroissiens entrent sans culotte et ressortent en paix. Étienne passe parfois, entre deux retraites tantriques et un pèlerinage BDSM au mont Athos. Il laisse des plugs-bénitiers en offrande.


Le plug est exposé sous cloche, à côté d’un vitrail commandé par Germaine : Marie-Madeleine tenant l’objet, les yeux fermés, les jambes bien plantées.


Père Antoine, lui, donne des conférences. Titre :


« Entre la Grâce et le Gode : spiritualité des fesses consentantes »


Et quand il termine, il ajoute souvent :


« Dieu nous a créés à son image. Mais je pense qu’il nous a donné des fesses… pour le fun. »





FIN