n° 23078 | Fiche technique | 12963 caractères | 12963 2056 Temps de lecture estimé : 9 mn |
21/05/25 |
Résumé: Le Grand Paradisio inaugure son nouveau spa… et déclenche une émeute orgasmique. Entre sauna possédé, jets lubriques et invasion vaporeuse, Zoé affronte Raoul 3.0 dans une bataille moite pour sauver l’humanité… ou ce qu’il en reste. | ||||
Critères: #exercice #humour #pastiche #délire #fantastique #volupté #travail | ||||
Auteur : L'artiste (L’artiste) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Hôtel Grand Paradisio Chapitre 03 / 03 | FIN de la série |
Résumé des épisodes précédents :
Raoul a repris du service, cette fois en contaminant un bain moussant diabolique. Zoé sauve de justesse Chloé d’un orgasme dimensionnel, mais la menace persiste… Plus rusé, plus vaporeux, Raoul attend son heure.
Zoé détestait les spas. Depuis l’épisode précédent, elle craignait les bulles suspectes. Mais aussi les gens qui pataugeaient dans de l’eau chaude pendant qu’elle, elle devait surveiller que personne ne se frotte à des jets d’hydromassage dans des positions non conventionnelles.
Ce matin-là, alors qu’elle observait la gigantesque Piscine thermale expérimentale installée dans le patio du Grand Paradisio, elle sentit un niveau de stress supérieur monter en elle. Parce que, dans ce jacuzzi surdimensionné (pardon, « bassin de relaxation high-tech en partenariat avec WellnessCorp™ »)… il y avait quelque chose d’anormal.
Chloé, toute souriante, elle, était assise les pieds dans l’eau.
Apollon débarqua avec seulement une serviette enroulée de manière dangereusement précaire autour de ses hanches, et écarta les bras comme un présentateur de téléachat :
Chloé éclata de rire. Erreur monumentale. À l’instant même où son pied éclaboussa une nouvelle fois, la surface vibra. Pas juste un frisson naturel. Un bourdonnement profond. Une pulsation presque… charnelle.
Zoé se raidit comme une vieille tringle à rideaux rouillée.
Elle se figea. Son mollet était aspiré doucement vers l’intérieur du bassin, comme si l’eau elle-même tentait de lui faire un câlin très, très inapproprié.
Apollon, toujours enthousiaste comme un chiot idiot :
Zoé lui jeta un regard qui disait clairement : « Si tu n’étais pas si beau, je t’aurais déjà assommé avec une pancarte «SPA». » Elle sortit lentement de son sac un petit pistolet rempli d’eau bénite (périmée depuis des lustres, mais c’est l’intention qui compte), et son Tupperware blindé dans lequel elle gardait le fragment capturé de Raoul.
Elle n’était pas née de la dernière pluie. Elle savait. Elle sentait. Le jacuzzi respirait… et quelque chose vibrait en réponse.
Raoul.
Pas mort. Pas affaibli. Évolué.
Zoé grogna :
Elle l’aspergea d’une rasade d’eau bénite.
Et un jet s’éleva brusquement du centre du bassin. Pas un joli petit geyser romantique. Un tentacule vaporeux, formé par la vibration même de Raoul 2.0, fouetta l’air avec une énergie lubrique.
Chloé hurla. Apollon applaudit. Zoé poussa un cri guttural, brandissant son Tupperware comme une guerrière médiévale en sandales.
Le Sauna des Péchés
Le Sauna AquaLust™, tout nouvel espace bien-être du Grand Paradisio, avait été vendu au public comme « l’expérience ultime de purification par la chaleur ».
En vrai, c’était une trappe vers la damnation. Chloé, dans son maillot de bain deux-pièces assez minimaliste, suait déjà à grosses gouttes. Apollon, dans sa serviette précairement nouée autour de la taille, se dandinait avec insouciance, ignorant du guet-apens moite dans lequel ils venaient de tomber.
La porte se referma derrière eux dans un chtoink sinistre. Chloé sursauta.
Apollon haussa les épaules, ruisselant de transpiration comme une publicité pour huiles de massage.
Un bip retentit. Une voix suave s’éleva des haut-parleurs :
« Bienvenue dans votre séance personnalisée. Thème : Désir, abandon et effeuillage progressifs. Vous avez trois minutes pour vous mettre à poil, sous peine d’augmentation de la température. »
Chloé fixa Apollon. Apollon fixa Chloé. Ils fixèrent les murs, qui vibraient légèrement. Ils reconnurent immédiatement cette signature infâme.
Premier bip. Décompte visuel dans un nuage de vapeur : 2.59… 2.58… La chaleur monta d’un cran. Les pores (mais pas que…) de Chloé s’ouvrirent comme des millions de petites bouches en panique.
Ils n’avaient pas le choix. Apollon, stoïque (et un peu trop fier de lui), laissa tomber la serviette, puis le short, dévoilant un glaive déjà prêt à livrer bataille. Chloé, rouge comme un homard trop cuit, ôta le maillot, puis serra ses bras en croix contre sa poitrine dans un ultime soubresaut d’autodéfense.
Apollon, nu comme la décence absente, esquissa un clin d’œil :
Deuxième bip. Nouvelle règle se dessinant dans les particules d’eau en suspension :
Massage obligatoire. Durée minimale : 2 minutes.
Zone : dos. → Apollon.
Masseuse désignée : Chloé.
Chloé sentit son âme sortir de son corps et demander un Uber pour fuir. Apollon, lui, s’allongea nonchalamment sur le banc brûlant, ruisselant de sueur, ses muscles roulant sous son épiderme comme une invitation au désastre.
Chloé s’approcha, les mains tremblantes, et posa ses doigts sur les épaules du bellâtre.
Erreur.
Catastrophe.
La chaleur, la moiteur, l’odeur de la peau tiède… lui montèrent au cerveau comme un shot d’alcool frelaté. Apollon poussa un grognement de contentement grave, qui résonna dans tout le sauna. Chloé sentit un courant électrique traverser son bras, dévaler sa colonne vertébrale, puis s’écraser dans des régions qu’elle aurait préféré garder endormies.
Elle massait. Elle fondait.
Troisième bip.
Confession intime obligatoire.
Sinistre silence déclenchera punition vapeur.
Apollon, décrivez votre plus grand fantasme ici et maintenant.
Apollon se redressa, cheveux trempés, sexe tendu, l’air diabolique. Il fixa Chloé, puis sourit.
Chloé faillit tomber dans les pommes. Son mont de Vénus était un volcan en éruption. Son cerveau une motte de beurre oubliée au soleil. La vapeur montait. Le désir aussi. Raoul vibrait, invisible, mais très, très présent.
Chloé sentait tout son être se liquéfier sous la chaleur. Chaque bouffée de vapeur était une main invisible qui caressait son corps nu. Apollon, étendu devant elle, luisant de sueur, ses muscles tendus, la fixait avec une intensité animale à court-circuiter la raison. Leurs souffles se firent lourds, erratiques. La pièce vibrait autour d’eux, pas seulement à cause de la température. Quelque chose qui appelait.
Un bourdonnement suave glissait sous la peau de Chloé. Une pulsation sourde, lancinante, qui la liait à l’atmosphère même du sauna.
Raoul était dans l’air. Dans les murs. En elle.
Apollon tendit la main. Ses doigts effleurèrent la joue de Chloé, traçant une traînée brûlante jusqu’à son cou.
Et sans réfléchir, sans résister, elle s’avança et chevaucha les cuisses nues de l’esthète sous les yeux d’une Zoé subjuguée. Leur peau se toucha. Et le monde explosa.
Un râle profond jaillit de la gorge de Chloé alors qu’elle s’empala. Pas un cri. Un abandon. Un aveu primal. Elle bascula la tête en arrière, laissant la chaleur la pénétrer jusqu’à l’os. Elle entendait sa propre respiration, rauque, entremêlée à celle d’Apollon, et au-dessus d’eux… le murmure de Raoul.
« Oui… Oui… Fusionnez… »
Un écho invisible vibrait dans ses tempes, dans sa poitrine, entre ses jambes. Elle ne savait plus où elle finissait, où Apollon commençait, où la vapeur s’arrêtait. Son dos s’arqua. Ses ongles labourèrent la peau au rythme des coups de reins qu’elle encaissait et qui la remplissaient. Puissants. Délicieux. Son corps palpitait, débordait de bonheur, s’ouvrait comme une fleur en feu.
Et à cet instant précis, au sommet de l’abandon, elle sentit Raoul s’insinuer dans sa tête comme une vague douce. Un chuchotement lubrique qui promettait plus de plaisir, plus d’oubli.
Son esprit vacilla. Elle était sur le point de jouir. Sur le point de disparaître totalement dans cette pulsation cosmique de désir absolu. Mais alors que l’orgasme montait, une image surgit : Zoé, dégoulinante de transpiration, brandissant son Tupperware en criant :
Chloé éclata d’un rire brisé, sauvage, hystérique, et recula brutalement. Coït interrompu de la pire des manières pour le don Juan sur le point d’exploser. Elle s’arracha à la vapeur comme une sirène furieuse échappant à l’abîme, et chancela jusqu’à la porte du sauna, haletante, nue, les jambes flageolantes, son corps trépidant encore de toutes parts.
Apollon, étourdi, ruisselant, la regarda, les yeux pleins d’une faim inassouvie. La vapeur vibra une dernière fois, comme un soupir frustré.
Le premier signe fut le bruit. Un vrombissement. Discret au début, puis plus fort. Puis omniprésent. Un grondement de désir et de foutoir imminent.
Chloé, trempée, nue comme au premier jour dans le spa piégé, sentit les murs vibrer sous ses mains. Zoé, à côté d’elle, brandissait désespérément une serviette de bain enduite d’eau bénite (serviette qui avait déjà perdu la moitié de ses pouvoirs à cause d’une éclaboussure de shampooing). Apollon… eh bien, Apollon se massait les pectoraux avec de l’huile « Exotique Vanille Passion » en attendant les ordres.
Zoé cria :
BOUM.
La lumière clignota. Le système de ventilation éructa un souffle de vapeur parfumée au musc. Et là, tout bascula. Le hall principal devint un champ de bataille orgasmique. Les clients commencèrent à arracher leurs vêtements dans un silence religieux, comme pris d’une foi mystique. Le personnel de service, les réceptionnistes, les agents de sécurité… tout le monde glissa dans une marée de sueur, de vapeur et de soupirs. Les banquettes, les buffets, même la fontaine centrale, se muèrent en des lieux de fusion moite.
Zoé vit un vénérable vieil homme en caleçon danser le zouk sur une table d’accueil. Chloé hurla en esquivant un employé couvert de chantilly. Apollon se retrouva porté par un groupe de fans déchaînés qui scandaient :
Zoé serra les dents.
Zoé regarda autour d’elle et courut. Ou plutôt pataugea à travers des corps humides, glissants, enchevêtrés dans des positions défiant la décence et la logique. Chloé la suivait, essayant de ne pas trébucher sur les soutiens-gorge et slips détrempés jonchant le sol.
Au centre du chaos : un gigantesque jet rose montait en spirale. La forme de Raoul gonflait, grandissait exagérément, ondulante, vibrante, obscène. Il n’était plus un simple olisbos. Il n’était plus une mousse maléfique. Il était devenu une entité. Un Dieu sexuel vaporeux.
Zoé dégaina son arme finale – le Tupperware blindé, version Sacré-Cœur de la Vierge thermorésistante – et hurla :
Chloé bondit, ses fesses brillantes comme deux petits soleils de la honte. Elle atteignit la pompe centrale. Zoé arrosa Raoul à grandes lampées d’eau bénite, puis brandit le Tupperware. Un cri de guerre explosa de ses entrailles :
Impact.
Un silence moite, vibrant, tendu. Puis… une déflagration collective.
L’air entier gémit. Des fluides corporels non identifiés giclèrent aux quatre coins. Tous, jouirent à l’unisson, puis s’effondrèrent : clients, employés, animaux de compagnie. Essoufflés. Vides. Un gigantesque orgasme partagé. L’hôtel dans son ensemble soupira.
Une fois le calme revenu, Zoé, son Tupperware serré contre elle, leva le nez… et se figea. Chloé était allongée sur le dos, cuisses écartées, et accueillait sans gêne les assauts enthousiastes d’un Apollon surexcité.
Zoé ouvrit la bouche, choquée, et ressortit l’eau bénite pour asséner une dernière offensive. Chloé tourna la tête vers elle, lui fit un clin d’œil mouillé… et souffla, rieuse, entre deux gémissements :
Au centre du Tupperware, la vapeur rose vibrante en forme de phallus pulsa légèrement. Complice.
Raoul, enfin capturé, frémissait encore.
De frustration, maintenant.
Trois jours plus tard, Le Grand Paradisio rouvrit discrètement, après « des incidents techniques indépendants de notre volonté. »
Zoé, Chloé et Apollon eurent droit à une médaille d’honneur en chocolat.
Et dans la réserve… au fond d’un frigo blindé… le Tupperware sacré vibra.
Très légèrement.
Comme un rire. Ou une promesse.
Car Raoul ne meurt jamais.