n° 23072 | Fiche technique | 15248 caractères | 15248 2463 Temps de lecture estimé : 10 mn |
19/05/25 |
Résumé: Quand un bain moussant se transforme en piège sensuel et que Raoul le sex-toy démoniaque reprend du service, Zoé doit sauver une nouvelle recrue d’un orgasme apocalyptique… à bulles. | ||||
Critères: #exercice #humour #pastiche #délire #érotisme #fantastique #volupté #travail | ||||
Auteur : L'artiste (L’artiste) Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : Hôtel Grand Paradisio Chapitre 02 / 03 | Épisode suivant |
Résumé des épisodes précédents :
Zoé, femme de chambre au Grand Paradisio, a survécu à Raoul, un sex-toy possédé qui a déclenché une orgie collective dans l’hôtel. Depuis, elle veille, prête à intervenir au moindre frémissement suspect.
Chloé avait vu beaucoup de choses étranges en travaillant à l’Hôtel Grand Paradisio. Des couples en latex intégral. Un ministre accro aux massages thaïs clandestins. Un sosie de Brad Pitt qui pleurait à chaque check-out.
Mais jamais – non, jamais – elle n’avait été confrontée à un bain moussant si virulent.
Parce que oui. Ce soir-là, la suite royale barbotait littéralement dans une mer de bulles blanches, ondulant, respirant, comme une entité lascive qui voulait avaler tout ce qui passait.
Et au milieu de cette orgie pétillante : un client nu. Un dieu vivant.
Corps bronzé, muscles ciselés, tatouages discrets qui appelaient la main comme un aimant. Un sourire carnassier, étincelant, un regard de braise. Il s’appuyait nonchalamment contre le rebord de la baignoire géante, ses hanches dissimulées par un nuage stratégique de savon.
Et il la fixait.
Chloé sentit sa gorge se dessécher instantanément. Ses genoux devinrent des souvenirs flous.
Chloé aurait pu dire mille choses intelligentes. Mais elle choisit :
Il éclata d’un rire grave, bas, qui vibra dans tout son être, et il tendit la main. Ses doigts trempés brillaient. L’eau savonneuse glissait lentement sur son avant-bras musclé.
Chloé resta figée, tiraillée entre trois instincts primaires : fuir ; sauter dans la baignoire ; ou tomber enceinte par simple contact oculaire.
Le dieu à poil haussa un sourcil, joueur.
Chloé entendit alors, très distinctement, un petit « ploc » sonore. C’était sa dignité, chutant quelque part entre les carreaux du sol. Et sans même en être pleinement consciente, elle fit un pas en avant. Un seul.
La mousse s’ouvrit sous son pied, l’invitant, la happant presque. Et dans son dos, très loin, elle crut percevoir une vibration. Un bourdonnement familier. Mais elle s’en foutait. À cet instant précis, son jouet intime pouvait bien rester dans son sac.
Dans la salle du personnel, au sous-sol du Grand Paradisio, Zoé mâchonnait un vieux stylo bille en plastique, l’air absent, les yeux fixés sur la caméra de surveillance du lobby.
Pas grand-chose à signaler : deux retraités allemands tentaient de comprendre la carte des cocktails. Un couple de jeunes mariés se bécotait à côté d’un distributeur automatique de chips. Une plante verte semblait vibrer légèrement. (Elle nota mentalement : vérifier que ce n’est pas encore un dégât collatéral provoqué par Raoul.)
Zoé cligna des yeux. Un frisson glacé lui courut le long du dos. Un pressentiment. Elle se leva lentement et attrapa son talkie-walkie cabossé.
Un grésillement, puis la voix de Mickaël, agent de sécurité semi-dépressif :
Un silence gênant. Puis :
À l’intérieur : des gants en caoutchouc ; du ruban adhésif ; un filet à papillons ; trois Tupperwares vides. Bref, le kit officiel d’intervention Grand Paradisio.
Zoé claqua son talkie-walkie contre sa cuisse.
Elle prit une profonde inspiration et poursuivit :
Un autre grésillement hésitant :
Zoé ferma les yeux. Raoul. Ça ne pouvait être que lui. Et cette fois… c’était sûr, il avait un plan.
Suite Royale – Chloé
La mousse semblait respirer. Chloé n’était plus certaine d’avoir des jambes. Peut-être qu’elle flottait. Peut-être qu’elle se dissolvait en une flaque de désir et d’eau savonneuse.
Le client, torse nu, ses muscles couverts de bulles luisantes, s’approchait lentement, son regard planté dans le sien comme une flèche en plein cœur.
Elle aurait dû hurler. Elle aurait dû fuir. Elle aurait dû… au minimum… garder ses fringues. Mais ses doigts agissaient seuls, dégrafaient son uniforme, comme dictés par une force moelleuse et chaude qui n’avait plus rien à voir avec son cerveau.
Le dieu vivant effleura son poignet.
Contact.
Un frisson fulgurant, brut, traversa l’employée téméraire (elles le sont toutes, quand elles sont nouvelles). La mousse, traîtresse, s’enroula autour d’elle. Caressante. Insistante. Presque… lubrique. Un rire étouffé lui échappa. Mi-hystérique, mi-dévasté.
Le client chuchota :
Cinq lettres. Et toute sa volonté se liquéfia.
Hall d’entrée – Zoé
Zoé jaillit de l’ascenseur comme une furie.
Le hall était un chantier érotique. Deux réceptionnistes jouaient à « Pierre-Feuille-Ciseaux » pour savoir qui allait se faire enfiler le premier. Un groupe de touristes coréens organisait une séance photo torride avec la sculpture centrale de Neptune. Un serveur, nu comme un ver, sauf pour son nœud papillon, dansait lascivement sur le comptoir d’accueil en hurlant :
Zoé se faufila entre deux corps en rut pour atteindre la cage d’escalier. Elle beuglait dans son talkie :
Le grésillement en réponse n’apporta que des soupirs étouffés et un bruit suspect de slap slap slap que Zoé préféra ne pas analyser. Elle fonça, trébucha sur une guirlande de soutiens-gorge, et reprit sa course effrénée.
Suite Royale – Chloé
Les bulles montaient jusqu’à ses cuisses. Chloé titubait, noyée dans le parfum chaud du bain et la soif de sexe qui la dévorait de l’intérieur.
Le dieu vivant glissa une main derrière sa nuque, et approcha sa bouche. Lentement. Chloé bascula en avant, ses lèvres à quelques centimètres des siennes.
Son corps criait OUI en capitales clignotantes.
Couloirs – Zoé
Zoé déboula dans l’aile des suites de luxe, les pieds glissant sur le sol devenu trop gluant. L’hôtel tout entier semblait suinter de désir.
Un couple sortait d’une chambre, elle entraînait son partenaire par la bite, leurs vêtements en charpie. Zoé grommela, bondit par-dessus un room service qui se dandinait nu contre la moquette (comme un ver, donc), et dégaina son dernier Tupperware vide comme une arme sacrée.
Elle approchait.
La suite royale était à portée de main.
Suite Royale – Chloé
Chloé, noyée sous les caresses savonneuses et le regard brûlant du dieu vivant, allait céder. Leurs lèvres étaient déjà collées dans un baiser sulfureux, les langues se mélangeaient. Il avait les mains plaquées sur ses fesses, et elle le guidait lentement, solennellement, vers l’autel interdit. Un dernier millimètre. Une frontière à franchir. L’abandon prêt à éclater.
Devant la porte – Zoé
Zoé hurla :
Et elle explosa la porte à coups d’épaule, surgissant comme un SWAT du désespoir.
Impact.
La mousse pétilla dans la pièce. Lui sursauta, surpris. Chloé chuta en arrière dans le bain. Zoé, dégoulinante, brandit son Tupperware vide comme un prêtre exorcisant un démon.
Le dieu vivant écarquilla les yeux. Chloé, lèvres béantes, regarda Zoé, déboussolée.
Le silence tomba. Chargé de désir brutalement interrompu. Jusqu’à ce qu’une dernière bulle géante éclate doucement, comme un pet céleste, scellant l’humiliation éternelle de la scène.
Zoé, les pieds plantés dans quinze centimètres de bulles hostiles, leva les mains en signe de paix. Chloé la fixa avec des yeux énormes, oscillant entre la tentation de pleurer, de hurler, ou de mourir sur place pour échapper à la situation.
Le dieu vivant – appelons-le désormais « Apollon Savonneux » – s’était retiré d’un pas prudent, l’air de se demander s’il n’était pas accidentellement tombé dans une machination visant à exploiter son physique avantageux, dans le but de lui extorquer… Rien, en fait, tout ça lui convenait bien.
Zoé inspira profondément.
Chloé cligna des yeux.
Zoé soupira, et s’assit sur le rebord de la baignoire.
Un silence épais, dramatique.
Apollon Savonneux toussota poliment, et Chloé articula enfin :
Chloé ferma les yeux, inspira, puis laissa échapper un gémissement qui n’avait rien d’érotique, cette fois.
Zoé tapa amicalement sur son épaule mouillée.
Zoé tenait toujours son Tupperware vibratoire comme un crucifix d’urgence, gouttant lentement sur le carrelage trempé.
Chloé, affalée dans la baignoire, essayait de reconstituer ce qui restait de sa dignité (pas grand-chose). Et Apollon Savonneux, debout au milieu de la pièce, nu comme la vérité, son corps ruisselant de mousse suggestive, fixait les deux femmes avec une concentration malsaine. Zoé se demanda si l’envoûtement n’était pas encore actif.
Il tapa des mains. Les bulles explosèrent autour de lui comme des confettis.
Chloé, elle, regardait Apollon Savonneux avec des yeux écarquillés, oscillant entre le traumatisme et une envie très sérieuse de finalement succomber à l’absurde.
Zoé parut méfiante :
Silence. Si lourd qu’on aurait pu y planter un sex-toy.
Zoé, d’une voix atone :
Chloé émit un petit « hiii » sonore, et Zoé se passa une main sur le visage.
Apollon cligna des yeux.
(Évidemment.)
Chloé se redressa dans le bain, le savon dégoulinant sur ses épaules nues, un peu plus féline, un peu plus tentée, un peu plus perdue. Elle regarda Zoé. Zoé regarda Chloé. Toutes deux regardèrent Apollon. Le dilemme était simple : laisser faire… et risquer de déclencher un orgasme tridimensionnel. Ou empêcher l’acte… et affronter la colère d’un démon moussant à sec.
Zoé leva son Tupperware d’un air héroïque.
Ainsi commencèrent les préliminaires tactiques les plus ridiculement sexy de l’histoire du Grand Paradisio.
Apollon s’approcha de Chloé et tendit la main. Ses doigts effleurèrent doucement son épaule. Un frisson immédiat parcourut la jeune femme qui ferma les yeux. La bouche du bellâtre frôla sa clavicule. Un souffle chaud, presque un baiser. La température grimpa de dix degrés. Puis il murmura à son oreille :
Et elle céda.
Leurs lèvres se trouvèrent. Leurs corps glissèrent, peau contre peau, bulle contre bulle, dans une langueur lascive aussi absurde qu’enivrante. La mousse, traîtresse et complice, s’enroulait autour d’eux, les poussant l’un contre l’autre comme une vague lubrique. Chloé gémit doucement contre sa bouche, tandis qu’il descendait lentement ses mains le long de ses hanches.
Zoé détourna les yeux. Puis les rouvrit (par pur professionnalisme, hein). Et ce qu’elle vit laissa son cerveau en fusion : deux silhouettes embrasées, liées. Des frémissements incontrôlables. Un monde entier réduit à du souffle, du contact.
Et au loin… Très loin… Un très léger « BZZZZZZZ » d’avertissement.
Raoul n’avait pas dit son dernier mot.
Le baiser de Chloé et d’Apollon s’enflammait. La mousse, moite et obsédée, les enveloppait entièrement maintenant – un cocon vivant, palpitant, aussi doux que vicieux.
Zoé, appuyée contre la porte, mâchouillait le couvercle de son Tupperware à force de stress.
Et puis… ça arriva.
Pas un simple « bzzz ». Pas un petit vrombissement mignon. Un rugissement. Un grondement sinistre, venu du plus profond des canalisations, du plus sombre de la plomberie hôtelière. Le mugissement d’un démon sexuel à bout de frustration.
Raoul. Éveillé. Déchaîné.
Le bain vibra. Se souleva en vagues épaisses. Apollon et Chloé furent brutalement séparés, repoussés chacun contre un mur dans une giclée orgasmique.
Zoé hurla…
… et brandit son Tupperware au-dessus de sa tête, comme Thor sa foudre, tandis que la mousse se métamorphosait en geyser. Une tornade blanche, gigantesque, jaillit du centre de la baignoire, tourbillonnante, gémissante. Et dans cette colonne… Une forme vague… Dégoulinante…
Raoul.
Pas sous son apparence originelle de sex-toy pathétique. Non. Une sorte de divinité suintant de perversion et de vengeance.
Chloé, à genoux, haleta :
Apollon, contre toute attente (un cerveau coincé dans l’entrejambe ne facilite pas les choses), se redressa…
… et sauta dans la colonne savonneuse. Zoé voulut crier « NON », mais tout ce qui sortit fut un glapissement de hamster traumatisé.
La suite royale se transforma en champ de bataille. La mousse projetait des tentacules glissants sur tout ce qui bougeait. Chloé rampait nue sur le carrelage alors que Zoé tentait désespérément de capturer Raoul sans déraper.
Raoul, quant à lui, vibrait si fort que les murs tremblaient. Des lustres tombaient. Des portes claquaient.
Elle sauta en brandissant son Tupperware sacré au-dessus d’elle… et visa.
CLAC.
Elle referma la boîte en plastique sur un fragment écumeux, une partie de Raoul (une couille ?).
La mousse se contracta. Puis lentement retomba. S’écroula. Le bain géant trembla une dernière fois, comme une bête poignardée dans son orgasme.
Chloé toussa :
Apollon leva un pouce trempé en l’air (un pouce ? Oui, oui, un pouce !).
Zoé grimaça. Elle savait au fond d’elle que Raoul ne disparaîtrait jamais totalement. Pas vraiment. Parce que la honte, la luxure et les Tupperwares… ça ne meurt jamais.