n° 23101 | Fiche technique | 4115 caractères | 4115 766 Temps de lecture estimé : 4 mn |
28/05/25 |
Résumé: Derrière la douceur innocente d’une comptine se cache une nuit de feu... « Au clair de la lune » révèle enfin son secret. Prêt à vous glisser dans l’ombre des mots et à vous perdre dans les méandres de la luxure ? | ||||
Critères: #poésie #volupté #libertinage fh glaçon | ||||
Auteur : Maryse Envoi mini-message |
Projet de groupe : Une chanson, une histoire |
Savez-vous que les comptines que nous chantons gaiement aux petits ne sont pas toujours aussi sages, ni aussi innocentes que nous le croyons ?
L’Alouette que l’on plume sadiquement, vers après vers, jusqu’au bec ; la Souris verte que l’on transforme impitoyablement en escargot tout chaud ; Il court, il court, le furet, contrepèterie grivoise ; À la pêche aux moules, qui suggère à demi-mot l’agression sexuelle d’une fillette… et bien d’autres encore.
Mais la plus troublante, sans doute, est celle de Au clair de la lune.
Derrière ses airs enfantins se cache une tout autre histoire : une quête de plaisirs charnels, où la plume n’est autre que la « lume », la flamme qu’il faut raviver quand la chandelle est morte… éteinte, à plat. L’histoire d’un homme qui, dans la nuit, frappe chez la voisine pour « battre le briquet » – métaphore ancienne pour désigner l’acte charnel.
Alors, prêt·e à suivre les pérégrinations de Lubin (Arlequin ne prendra sa place que bien plus tard), prénom d’époque, issu du germanique « leuba », qui signifie « amour » ? Laissez vos tabous à la porte et (re) découvrez cette chanson dans sa lumière la plus troublante.
Au clair de la lune, mon ami Pierrot,
Prête-moi ta plume pour écrire un mot.
Ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu ;
Ouvre-moi ta porte, pour l’amour de Dieu.
Mais pourquoi, mon ami, quérir une plume,
Quand sans lumière, nul mot ne s’allume ?
Peut-être qu’en ces vers se cache un autre pli,
Et derrière la plume, c’est la lume qu’on lit.
Au clair de la lune, tu le sais, l’ombre est reine,
S’en va Lubin, cœur froid, vide à l’aine.
Ni plume, ni lume, rien de dur, ni d’airain,
Juste une plainte au creux des reins.
Il arrive à la porte de Pierrot charmant,
Frappe à peine, murmure lentement :
« Ma chandelle est morte, Prête-moi ta lume,
Que les mots de chair naissent, me consument. »
Mais Pierrot susurre, la voix coquine,
« Je suis dans mon lit, va voir la voisine.
La brune d’à côté a le feu inné,
Elle bat le briquet, et la flamme renaît. »
Alors Lubin glisse, l’ombre sous le pas,
Entre les pavés, l’astre tout bas.
Ses doigts sur le bois, il toque avec ardeur :
« Ouvre, douce brune, j’ai soif de chaleur. »
Elle, derrière le huis, d’un timbre doux :
« Qui frappe si tard, le cœur fou ? »
Et lui de répondre, sans détour :
« Ouvre-moi, au nom de l’amour. »
Elle entrouvre alors, la lampe vacille,
Un souffle s’échappe, un tissu défile.
La pièce expire des parfums, des élixirs,
Et le bois vibre d’exquis désirs.
Un souffle bas, sans ambages, sans retour :
« Ta chandelle à plat, te voilà sans recours…
Mais du feu tendre, et un ventre accueillant,
Peuvent rallumer le plus las des amants. »
Elle continue, toujours plus complice :
« Je vais rallumer ta chandelle, viens en lice.
Pour que le feu monte et toujours crépite,
Viens m’embrasser là où mon cœur palpite. »
Lubin s’approche, le souffle suspendu,
Il cherche à tâtons, l’échine tendue.
Ses doigts effleurent la courbe et le grain,
Et l’ombre devient le chemin de ses mains.
Elle l’invite à fondre, à perdre raison,
À boire la nuit dans son obscur frisson.
Et sous la flamme, fière et brûlante,
Leurs fièvres sont ombres vacillantes.
Le matin s’étire, pâle et sans lanterne,
La chandelle plus que repue, en berne.
Lubin se lève, le cœur encore chaud,
Des frissons à l’âme, des soupirs dans la peau
Elle dort nue, le corps dans le satin,
Le souffle apaisé, aucun chagrin.
Sans un mot, il quitte l’alcôve, ravi,
La flamme éteinte, la chandelle assouvie.
Au clair de la lune, nul ne le vit partir,
Mais sur le pavé traîne encore un soupir.
On dit parfois, d’un ton confidentiel :
Une lume donnée vous ouvre le ciel !
Au clair de la lune, mon ami Pierrot,
Je n’ai plus besoin de ta plume ni de mots,
Car la nuit m’a comblé bien plus que les vers :
Une femme en feu efface tous les hivers.
Ainsi va la rime, dévoilant enfin
Le vrai clair de lune, secret libertin.
Mais ces mots de braise, ce chant interdit,
Ne sont pas comptine pour nos petits bandits.
Pardonne-moi ces vers de mirliton,
La poésie n’est peut-être pas mon don !
Mais s’ils ont su faire sourire ton cœur,
Alors qu’importe le rythme ou l’erreur.
https://www.youtube.com/watch?v=otr_OvtZ2T8