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Temps de lecture estimé : 5 mn
04/10/00
Résumé:  La lecture d'une histoire érotique inspire Laura au plus haut point !
Critères:  f rousseurs cérébral fmast
Auteur : Isa Belle            Envoi mini-message

Série : La conversion de Laura

Chapitre 05 / 06
La conversion de Laura (chap. 8)


Chapitre 8


Après le départ de Sylvie, Laura tourna un moment dans la maison comme un fauve en cage, en proie à une terrible frustration. Mais elle finit par charger les préceptes hérités de son éducation de la ramener vers le calme et la résignation. Elle parvint ainsi à se convaincre rapidement que cette voie de la volupté n’était pas la bonne. Elle se débarrassa de cette scandaleuse petite robe bleue, qu’elle jeta en boule au fond de sa garde-robe et prit une douche.


Elle revêtit ensuite une de ces tenues classiques - chemisier blanc et jupe plissée - qu’elle avait emporté du couvent et, la mâchoire serrée par la résolution, elle ouvrit au hasard son "Saint Augustin". Le hasard voulut qu’il s’ouvre au Livre II des Confessions, là où le saint parle des "charnelles corruptions". Et il lui sembla qu’elle n’avait jamais lu ces lignes, que leur sens lui avait échappé. Deux fois, elle relut ce passage :


"Des brumes s’exhalaient du limoneux tréfonds

De la concupiscence de la chair,

Et des jaillissements de la puberté.

Elles obnubilaient et offusquaient mon cœur

Qui ne distinguait plus

L’affection transparente du brouillard du désir.

Ensemble confondus,

Bouillonnant, m’emportant dans mon âge fragile

Par les abrupts des convoitises…"


Et tout l’opprobre que ces mots contenaient lui semblait sans signification à côté de ce dont témoignaient les sentiments et les troubles évoqués. Le "limoneux tréfonds de la concupiscence de la chair" : oui, voilà comment dire la profondeur du désir, son côté tellurique! Et le "brouillard du désir… Bouillonnant… les abrupts des convoitises" : comment mieux parler de la force et de la magnificence de l’appel des sens? Saint Augustin lui-même avait donc connu ça ! "Ne serais-je pas en train de vivre un cheminement inverse au sien ?" pensa-t-elle.


Elle referma brutalement le livre et résolut de ne plus penser à tout ça. Elle alla donc s’installer devant l’ordinateur aux fins de voir si elle était capable de mettre en pratique la leçon de Sylvie. Et ce ne fut pas sans satisfaction qu’elle parvint à s’introduire dans le navigateur. Il fallait ensuite cliquer parmi les favoris le nom du moteur de recherche. Au moment où elle le repéra, elle aperçut juste à côté la mention "Revebebe". De quoi pouvait-il bien s’agir? Ce fut la curiosité qui l’incita à actionner l’interrupteur de la souris. Elle eut bien conscience en apercevant la mention de récits érotiques qu’elle transgressait ses toutes récentes résolutions. Et pourtant, elle entra sur le site et, mimant presque l’inadvertance, elle s’empressa de cliquer sur un titre au hasard: "La vendeuse de chaussures".


"On dit que nous avons tous plus ou moins cachés des désirs bi-sexuels…": Laura se mit à lire. Et très vite le trouble revint, plus fort qu’avant. Dès l’évocation de ces "quelques caresses furtives, dans des contextes de chambre de jeune fille ou de vestiaires de sport ou de dans ", son imagination se mit à vagabonder. Elle se sentit d’emblée de connivence avec cette femme qui osait parler de ses émois. Et lorsqu’elle lut: "On est en été et il fait chaud, je me suis mise en jupe légère et chemisier sans manches ", elle devina la sensation de liberté, de fraîcheur et de délice que le corps pouvait vivre ainsi.


Mais ce fut lorsque Sarah (puisque tel était le nom de l’auteur du récit) observa la "jolie bouche gourmande " de la vendeuse que Laura comprit que son impudique impatience allait sans doute être satisfaite. Elle interrompit sa lecture, toute tremblante, et retroussa lentement sa jupe, se repaissant du spectacle de ses cuisses blanches progressivement dévoilées. "Si ce flot de délices qui m’envahit est le Diable, pensa-t-elle, je ne peux que lui céder…"


Elle reprit lentement sa lecture, cherchant à se régaler de chaque phrase, de chaque mot. Elle devait réfréner son désir de lire vite, de sauter même des passages, follement curieuse de ce qui allait être raconté. Deux fois, elle relut: " J’observe au passage fugitivement sous ses manches courtes ses aisselles rasées très blanches, et aussi ses yeux qui s’abaissent, un instant seulement, mais me semble-t-il de manière appuyée sur ma poitrine ". Elle voulait laisser les mots se transformer en émotion, devenir ce trouble qui lui parcourait le ventre. Ces " aisselles rasées très blanches " et " ces yeux qui s’abaissent… de manière appuyée sur [sa] poitrine "! Elle en eut les seins émus. Et " le duvet blond sur ses avant-bras ", il lui sembla le voir et ressentir l’envie d’y poser les lèvres.


Laura posa les doigts sur son sexe qu’elle se mit à pétrir à travers sa culotte. "…sa blouse baille largement, par l’ouverture j’aperçois très bien la naissance de ses seins…", "…quelques taches de rousseur sur la peau très blanche, le bout de sein fripé, une jolie tétine rose…": les phrases lui perçaient le ventre au point qu’elle se mit à torturer sa fente, avide d’autre chose, d’une sensation plus complète. Ouvrant son chemisier, elle chercha à accompagner la vendeuse lorsqu’il fut dit que celle-ci " est carrément en train de se caresser les seins ", ressentant en même temps l’excitation et le rouge aux joues de la spectatrice. Elle pinça aussi sa tétine, comme pour se prouver qu’elle basculait bien dans la luxure.


Lorsqu’elle atteignit ce passage où la vendeuse exhibe ses " ses cuisses blanches et lisses ", elle se leva d’un bond, le temps de se débarrasser de sa culotte. Et, reprenant sa lecture, plus lentement encore, elle ouvrit les cuisses et se tripota le sexe sans vergogne. Au moment où elle lut: " je vois l’instant d’un éclair qu’elle ne porte pas de culotte ", quelque chose bougea dans son ventre, comme le début d’une éclosion. Et elle ne put retenir un petit gémissement. Ses doigts fouillaient entre ses lèvres vaginales, à la recherche d’elle ne savait quoi. Dix fois, elle relut que cette " main remonte le long de l’intérieur de sa cuisse ", comme si ces mots et les images qu’ils suscitaient en elle allaient lui permettre d’atteindre ce à quoi elle aspirait maintenant en haletant. Là, sous son doigt, il y avait un endroit directement lié à la marée du plaisir: une perle de plus en plus dure qui roulait en la faisant tanguer… Quelque chose vint, qui était associé à sa lecture comme elle-même se sentait associée à la vendeuse. C’était elle qui respirait " fort, la bouche entrouverte "; c’était elle dont les " yeux ne fuient pas "; c’était elle! Et telle Sarah aussi, c’était elle qui aurait pu, si elle l’avait gardée, " mouiller [sa] culotte "!


Frénétiquement, Laura maltraita sa perle. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle lisait. Elle n’arrivait pas à croire qu’il puisse exister tant de saveur sur terre, que l’on puisse raconter de telles choses, que l’on puisse vivre de tels instants. Le récit du plaisir de la vendeuse la transporta. Elle le relut de nombreuses fois et son étrangeté se transforma en évidence. Le plaisir, bien là, l’évocation de l’exhibition, de la complicité, de la crispation, tout lui devenait crédible et vivant. Ses doigts martyrisaient ses chairs, pinçaient ses lèvres, plongeaient dans son vagin et revenaient toujours sur ce petit caillou. Lèvres ouvertes, elle geignait de plus en plus, s’acharnant de manière presque douloureuse sur son clitoris. Le bruit mouillé de ses doigts branlant son sexe la fit chavirer. Quelque chose vint à nouveau. Cette fois, cela enfla, enfla de plus en plus. Une angoisse étrange se saisit d’elle. Que lui arrivait-il? Un instant, elle crut être en train de mourir. Une gigantesque vague lui submergea le ventre d’abord, le corps tout entier ensuite. Et elle jouit.


(à suivre)


Isa Belle

Isab_59@yahoo.fr