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n° 10494Fiche technique7003 caractères7003
Temps de lecture estimé : 5 mn
07/06/06
Résumé:  L'histoire se déroule, doucement... On fait la connaissance, un peu, de Mary.
Critères:  fh frousses rousseurs nonéro
Auteur : Frédichounet            Envoi mini-message

Série : Le petit chaperon bleu et le grand méchant loup

Chapitre 02 / 03
Le petit chaperon bleu

Cela n’avait peut-être pas été une bonne idée, de venir habiter dans cette partie de la France, mais il fallait reconnaître que c’était tout de même agréable, de se lever aux chants des oiseaux et des rayons du soleil naissant. Avec le problème de sa peau, diaphane au-delà du raisonnable, cela se gâtait quand la chaleur montait avec l’ascension de la course de l’astre.


Mary se levait tous les jours à l’aube, et cela même si elle s’était couchée à trois heures du matin la "veille". D’habitude, elle avait le temps de se préparer, mais ce jour n’était pas un jour ordinaire. Elle avait rendez-vous avec un antiquaire, et, si tout se passait bien, elle pourrait rendre le goût de vivre à sa grand-mère.


Son regard se porta tout d’abord à sa table de nuit : 5 h 27. Elle avait le temps, mais avait horreur de traîner au lit. Elle se leva donc, direction la douche. Puis, petit-déjeuner. Clope. Il fallait qu’elle arrête… plus facile à dire qu’à faire !… Elle se demandait si cela n’était pas particulièrement dangereux pour sa santé… plus que pour celle de ses congénères ?!… Mais ce n’était pas facile.


Ni bon marché. Déjà que ses finances n’étaient pas très reluisantes !… Depuis la fin de ses études, elle n’avait pu que décrocher des petits boulots. Démarcheur à domicile ; cela la mettait directement en face des gens, et de sa "particularité physique"… pas bon !… distributeur de journaux publicitaires ; vol manifeste !… dire qu’aucune loi n’interdisait aux grandes marques d’exploiter ainsi la misère des gens !… aujourd’hui, elle servait à la caisse, chez une grande enseigne de fast-food… non, pas celle-là… l’autre ! Elle sentait que cela n’allait pas durer : trop de gens, en la voyant, changeaient de file, de peur de "choper sa maladie " !… elle le savait : un jour, il y avait eu un scandale !… C’était à cela que l’on était le plus exposés : la connerie !


En parlant de finance, il ne faudrait pas qu’elle oublie de "casser sa tirelire", tout à l’heure. Elle savait exactement combien elle contenait : 556 Euros, le prix au cent près, d’un vase en cristal. Le même que sa grand-mère avait perdu… enfin, presque. Celui de son aïeule était une véritable antiquité datant de l’époque napoléonienne !… pas un "truc" qui avait à peine 50 ou même 100 ans. Oh, elle savait bien que ce geste ne ferait pas oublier la perte du vase, mais ça compenserait… un peu. De toute façon, cela n’effacera sûrement pas le décès subit, par crise cardiaque, de son grand-père. Voilà presque un an qu’il était mort, et Aimée, sa grand-mère n’avait jamais pu dire à son mari quelle bêtise il avait fait, en vendant son vase à un forain, sur le marché.


En ressortant de la boutique, à près de 9h20, elle se rendit compte que le soleil cognait, maintenant. Elle posa son sac en plastique sur une table proche. Celui-ci contenait le vase, et la photographie de celui de sa grand-mère. Elle enfila sa cape, reprit le sac, ouvrit la porte, se retourna et dit : "merci". La négociation ne s’était pas trop mal déroulée, puisqu’elle avait obtenu une petite ristourne. Oh, pas grand chose, mais elle pourrait remettre les 56 euros restant dans sa tirelire, ils serviraient à autre chose.


Elle se tenait devant la porte refermée, une main tenant le vase contre son ventre, et l’autre saisissant sa capuche, pour la mettre sur sa tête, quand elle sentit un choc qui lui fit pousser un cri et qui la projeta au sol. Le sac décrivit un arc de cercle dans les airs, pour aller fracasser son contenu un peu plus loin, sur le trottoir.


Franck, dans un réflexe, tenta d’empêcher la personne qu’il avait percutée de tomber, mais la surprise lui avait fait perdre une ou deux secondes. Il vit le "ciré bleu" se mettre sur les genoux, et tourner la tête en direction du sac. Celui-ci laissait échapper quelques morceaux de verre. Ses yeux revinrent se poser sur la personne agenouillée, et il constata que ses deux mains étaient sous la capuche.


Mary se mit à pleurer. Ses mains montèrent jusqu’à son visage, et ses larmes redoublèrent. Les sanglots commençaient à la secouer quand elle sentit une main se poser sur son épaule, et entendit une voix dire :



Les pleurs laissaient entendre une voix de femme, et l’étroitesse des épaules aussi. Le dos des mains était couvert de taches de rousseur, et quelques cheveux roux s’échappaient des côtés de la capuche. La femme eut un mouvement d’épaule, comme pour chasser sa main, et se remit péniblement debout. Elle marcha, le dos voûté, en direction du sac, le prit entre deux doigts, le secoua et récupéra la photo. Les pleurs se calmaient et elle resta un long moment à contempler l’image.


Plus tard, dans sa cellule, un cauchemar viendrait le hanter. Il était l’exacte réplique de ce qui s’était produit ce lundi matin. Son réveil tardif, l’engueulade avec son patron, l’accident avec la jeune fille étaient un moindre mal par rapport à ce qui avait suivi.


A commencer par le regard qu’elle lui avait lancé. Deux yeux incroyables qui traduisaient toute la haine que pouvait ressentir la jeune fille. L’instant d’après, une furie s’était jetée sur lui en hurlant, en l’insultant et en le rouant de coups de poing. Les coups ne lui faisaient pas vraiment mal, en tout cas beaucoup moins que les mots qu’il entendait. L’adrénaline causée par l’agression commençait à se répandre dans son organisme, quand elle lui porta, de toute sa force, un coup de pied au tibia. Un cri jaillit de sa bouche et sa main partit, sans qu’il ne puisse rien faire pour l’en empêcher. Le coup fit faire une pirouette à la jeune fille, et la projeta contre le mur à côté de la boutique de l’antiquaire. Elle s’écroula au sol avec un gémissement et perdit connaissance. Du sang coulait de son nez. Des hommes, qui s’étaient attroupés, aux cris de colères se ruèrent sur lui et l’immobilisèrent, tandis que l’antiquaire refluait dans son magasin pour appeler la police.


C’était surtout à ça qu’il pensait, assis sur le lit, dans la cellule de garde-à-vue. À son geste. IL AVAIT FRAPPE UNE FEMME !


Le cauchemar et ses larmes l’empêchaient de sortir du brouillard qui habitait son cerveau. Sa déposition n’avait rien donné. Il n’avait cessé de répondre, aux questions qu’on lui posait :



Il n’arrêtait pas de pleurer, depuis cet instant…




La suite, bientôt.


Fred.