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19/09/06
Résumé:  "La Roseraie", suite. Les jours qui précèdent le départ pour la réunion des 10 ans après le bac. Le voyage solitaire en Clio.
Critères:  h fh fplusag jeunes couple jardin voyage autostop fsoumise cérébral revede noculotte lingerie hmast bondage orties journal
Auteur : SophieF.            Envoi mini-message

Série : Sophie au Couvent

Chapitre 02 / 05
La Voyageuse Solitaire

Jeudi 8 Juin


Le jeu est fini pour moi. Il faudrait filer en vitesse, mais la fin de nuit menace d’être sportive. Comment va réagir Olivier ? Il se pardonnera facilement son propre comportement, mais le mien, c’est moins sûr. Le mieux serait encore de solliciter une séance qui le défoulerait, lui prouvant que je suis à lui, docile.



Folle, ma fille ! Il n’y a rien à effacer, ni à regretter. C’est lui que j’aime, ce que nous venons de faire est sans importance. Une once de remords ? Même pas, ou si peu ! Je remets ma jupette et mon top, pas mon bikini en dessous. À quoi bon ? Il me caressera peut-être dans la voiture, ou me demandera d’être nue. Ça lui arrive, la nuit.


Chacun a repris ses vêtements, les couples se sont reconstitués. Sandrine et Nicolas sont calmes et souriants. Anthony et Christelle un peu hagards. Si seulement Frédéric me regardait avec tendresse… Il parle à sa femme. Ils rient, complices. Sophie, indécrottable sentimentale, tu avais oublié ce que tu savais pourtant déjà il y a dix ans, les corps peuvent jouir sans amour.


Julie et Julien proposent un dernier verre. Drôle de bonhomme, Julien, qui s’est contenté de nous regarder comme des insectes dans un vivarium sans se départir de son sourire gentil mais ironique…



Je fais non de la tête, avec violence.



Elle va chercher ailleurs. Frédéric ne lui dit pas non. Tout est bien. Un soupçon de regrets ? Si peu ! Ni regrets ni remords donc, et n’en parlons plus.



Ils défilent devant Julie qui les remercie distraitement de leurs remerciements sans cesser de parler à mi-voix avec Olivier. Qu’ont-ils donc à se dire, ces deux-là ? Olivier n’a plus envie de partir. Le bébé ne se réveillera que dans une heure.



Derrière la maison, il y a en effet un jardin qu’éclairent soudain quelques lampadaires. Il a suffi de passer devant l’un d’eux.



Une goutte de sang perle au bout de mon index. La lumière s’éteint. Julien prend ma main, la porte à ses lèvres et suce le sang. Il va me prendre dans ses bras. Je vais retrouver le goût de mon sang sur ses lèvres.



Un peu trop rythmée, sa diction. Et la fin de la phrase me rappelle un titre de roman. Sois bonne joueuse, Sophie !



Nous rions, il garde ma main dans la sienne et m’entraîne plus loin. Comme c’est kitch, de se promener main dans la main, la nuit, dans un jardin ! Ce type doit décidément être impuissant.



Un ange passe, éteignant les lampadaires.



Vite, chercher douze pieds et une rime. Toiles, voiles, dévoiles… Si de Sophie le corps pulpeux Julien dévoile… Je renonce et me tais, ça vaut mieux.



C’est dans tes bras que je voudrais tomber, ballot. Et sur l’herbe.


Je désire en effet ce type qui fait des manières, qui parle en vers de mirliton, qui a fait un bébé à la bonne femme que mon mari est sans aucun doute en train de baiser…



Il est derrière moi, son bas-ventre très près de mes fesses. Encore un petit effort ! Il veut que je l’aide ? Je succombe à son charme, chiffe molle, mon corps s’abandonne, mes fesses se collent à son pubis, je respire vite, ma voix se noue…



Il fallait tourner la tête pour lui parler, question de politesse. Mes lèvres ont chatouillé son menton. Baisse un peu la tête, Julien ! Le reste du corps a fait comme la tête. Mes fesses m’avaient informée qu’il bandait ferme, mon bas-ventre me le confirme. Nos lèvres se rencontrent, nos langues aussi. Une main se glisse sous ma jupette. Vite, se laisser tomber sur le sol…



Ah ! Dans la chambre conjugale doivent batifoler madame et Olivier. Sous les yeux du bébé, peut-être ! Nous refaisons le chemin inverse, l’un tout contre l’autre, en nous tenant par la taille. Revoilà ses phymo, physa…





Julie et Olivier devisent amicalement.



Olivier se lève.



Pas un mot dans la voiture. Morose, Olivier conduit un peu trop vite. Rentrés chez nous j’aurais voulu qu’il me punisse. Tiens, encore un alexandrin !




Vendredi 9 juin



Il m’a fait l’amour, sauvagement. Presque pas besoin de participer. Dans la nuit du 22, il me baisera, baisera encore pour que je sois repue d’amour, donc a priori fidèle. Faudra quand même voir comment ils auront vieilli, ces garçons. Bedons qui commencent ? Pas envie qu’ils écrasent mon ventre plat. Poignées d’amour ? Pas le goût de m’y accrocher. Liliane a sans doute grossi, elle doit avoir des seins énormes. Les miens sont restés ce qu’ils étaient il y a dix ans, massés qu’ils sont chaque matin au puissant jet d’eau froide. Pour rassurer Olivier, je porterai un soutien-gorge en partant, contrairement à mon habitude.


J’aime Olivier d’amour tendre, mais je m’ennuie au logis. Comment se termine cette fable des deux pigeons ? À vérifier. En tout cas, envie de m’évader. Je reviendrai, encore plus amoureuse de lui. Il souffrira de mon absence, sera torturé par la jalousie mais ouvrira les bras quand reviendra la fugueuse repentante. Tu me puniras, Olivier, j’adorerai.


J’ai quand même épouvantablement vieilli. Ils verront ce commencement de patte d’oie, au bord des paupières. Pas ce cheveu blanc, que j’arrache. Ces légères rides entre les sourcils, ce petit pli d’amertume à la commissure des lèvres, qui recevra leurs quatre bises de bienvenue. Dix ans ont passé. On ne vit pas impunément. Vulgaire, de s’étendre sur ce genre de banalités. D’ailleurs, ces stigmates s’effaceraient par un peu de maquillage. Mais au petit jour… Avec qui serai-je ?


Il n’y a que Damien et Frédéric que je n’ai pas vus depuis dix ans. Classe préparatoire pour Damien, qui doit être prof maintenant. Une école de commerce pour Frédéric. Encore un Frédéric, tiens ! Christophe, le fou de poésie, a fait pharmacie, comme son papa, pardi ! Je le rencontrais donc parfois à Lyon. Sans plus. Thierry était en fac de droit. Moi, en sciences éco. Il a passé des concours administratifs pendant que je continuais en maîtrise. Il n’y avait pourtant que le français et la philo qui m’intéressaient, au bahut. Mais, vu les débouchés… Si bien que, maintenant, en plus de mon propre boulot d’économiste fort peu distinguée, je tâche de rendre présentables les études faites par les collègues, fluides les phrases de Philippe et des autres, qui noient les poissons. Alors, la littérature… J’ai pourtant besoin d’écrire, voilà pourquoi je reprends ce journal, épisodiquement. Mais qu’elles sont loin pourtant, mes velléités d’être romancière !




Lundi 12 juin


Hier soir :



J’ai souri. Il aimerait bien que je sois enceinte. Désir bien légitime de calmer mes éventuelles tentations de vagabondage. A-t-on envie de baiser avec un autre, quand dans notre ventre pousse un adorable petit être ? Il aurait quand même fallu s’y prendre avant. D’ailleurs, c’est à trente ans que je ferai mon premier enfant, pas avant. Et avec qui ? Mais oui, très probablement avec toi, Olivier, si tu le veux encore.



Il s’est emparé de mes poignets, m’a écarté les bras, me clouant sur le lit. J’aurais pu participer plus activement. En réalité, Olivier me plaît beaucoup, beaucoup, et j’aime tout ce qu’il me fait.


Tu es une femme-objet. Ne bouge pas. Ne bouge pas ou je t’attache.


C’est de cette manière qu’il avait présenté les choses, au bout de quelques mois, probablement pour pimenter notre baise, qu’il devait déjà trouver trop banale. Comme il me ressemble !


Il a donc pris les liens habituels, pour m’écarteler. J’adore et ne m’en lasse pas… La plume de goéland, dont les pointes de mes seins apprécient tant les caresses et les vibrations rapides, quand il la manipule entre le pouce et l’index, a rempli son office. Entre le pouce et l’index aussi, il les aurait pincées, gonflées de sève comme elles l’étaient, les si sensibles pointes de mes seins, si je le lui avais demandé, car il m’arrive de lui demander de me faire mal. Elle est descendue, la plume de goéland, vrillant mon nombril au passage, taquiner mon clitoris, glisser entre mes lèvres entrouvertes.



Je n’ai pas voulu qu’il me détache et le plaisir est aussitôt venu, intense. Mes liens m’auraient permis de bouger un peu mais je me contraignais à la plus complète immobilité.


Si l’un d’eux me liait ainsi, le samedi 24. Et qu’il ouvre ensuite la porte de la chambre.



C’est parce que je pensais cela que j’ai joui si fort. L’innocent Olivier était content de lui. À Sophie pantelante, ce mâle dominateur a cru devoir affirmer une nouvelle fois qu’elle aurait tort d’aller retrouver sa fameuse tribu.



Maman, qu’est-ce qu’un pucelaaage ?

C’est un bel oiseau qu’on met en caaage…



Vierge ? Et mon cousin David ! Et les copains de la caverne de Platon, si peu platoniques. La tente couverte de neige était ouverte à tous comme la fente d’un sexe femelle, le mien. Réalité, fantasme ? Tu voudrais bien le savoir mais tu ne le sauras pas, Olivier. Et j’irai retrouver la tribu, rien ne me fera changer d’avis.


Quant à ce qui s’est passé, ce soir-là, chez les parents de Virginie… Elle avait dit que sa chambre était à la disposition de ceux qui auraient envie de s’isoler. Christophe m’y a entraînée, j’avais fait ce qu’il fallait, il a refermé ses bras autour de moi, nos lèvres se sont rencontrées, il a taquiné mes seins des doigts, des lèvres et de la langue. Mon bas-ventre s’est frotté au sien, prometteur. Mais ce dadais aurait pu aller plus vite, je l’ai repoussé, j’ai ôté mes vêtements et me suis jetée sur le lit, les jambes ouvertes.



Il ne se déshabillait pas. Il me regardait, l’empoté, comme si j’étais Messaline en personne. Il s’est quand même approché, s’est agenouillé devant le lit, a repris mes tétons entre ses lèvres, m’a bécoté gentiment le ventre pendant qu’un doigt maladroit tentait de s’insinuer un peu plus bas. J’ai avancé la main. Il ne bandait plus.


Quand mon rire s’est tari, il m’a dit que c’était la première fois que ça lui arrivait. Très flatteur pour moi ! Il a ajouté que dans peu de temps "ça allait revenir".



Comme il avait les yeux pleins de larmes, j’ai eu pitié, j’ai défait sa ceinture, fait glisser son pantalon de toile, puis son slip. Qu’il était touchant, cet instrument rabougri ! Si bien que j’ai touché, palpé un peu les couilles, avancé les lèvres pour un oral de rattrapage. Il avait empaumé mes seins, qu’il triturait, les yeux fermés. J’ai failli laisser tomber. Pourquoi ne voulait-il donc pas me regarder ? Mais j’ai continué, bonne fille. C’est devenu assez vite opérationnel pour trois ou quatre petits plongeons et s’en est allée la marionnette.


Allons, Sophie ! Christophe est un très brave garçon, qui doit se réciter les poèmes de son adolescence en fabriquant ses potions et en vendant des brosses à dents. Il était content comme tout d’avoir joui, et se foutait pas mal de savoir si je n’étais pas restée en rade. Pourtant, en se rhabillant :



L’ai-je dit, ou non ? Pas envie d’évoquer la fin de la soirée… Hier soir, encore :



N’empêche qu’il bandait derechef, mon compagnon. Je lui avais demandé de me détacher.





Lundi 19 juin


Du travail, toute la semaine dernière. Olivier qui fait la gueule. Il ne veut décidément pas que je parte. Il ne me touche pas pendant six jours et six nuits. Gaminerie. Je fais celle qui n’y prête aucune attention, qui n’a nul besoin d’être embrassée, cajolée, caressée, baisée enfin ! Je m’endors, le majeur à l’orée de ma grotte, la première phalange pesant sur mon clitoris. Un rêve dont j’ai conservé le souvenir. Je suis immobilisée nue sur une table de dissection, dans l’amphithéâtre d’une faculté de médecine.



Certaines filles pincent plus fort que les garçons, en tournant les doigts pour tordre. Je les connais, ce sont les copines du lycée.



En posant ces questions, le mandarin s’était transformé en horrible gnome au sexe surgissant de sa blouse, énorme et violacé. Les garçons avaient le pantalon sur les chevilles. J’ai joui dans mon sommeil, mais ai-je besoin de le préciser ?




Mercredi 21 juin


Hier soir, à force de me trimbaler en nuisette transparente, s’arrêtant au ras du cul, j’ai amené Olivier à me dire que cette tenue était un véritable appel au viol.



Mais il a continué à lire.



Cynique, Sophie ? Il ne l’a pas dit. Parce qu’il ne connaît pas mes secrètes pensées, l’enfer qui est en moi comme en chacun de nous les humains, sans aucun doute. Ça l’excite peut-être, en fin de compte, de penser que le prochain week-end sa Sophie, pourtant pas volage pour deux sous depuis deux ans, mais qui peut-être regrette cette morne sagesse, va retrouver des copains avec qui elle a peut-être baisé jadis. Il en souffre mais il en bande plus fort. Je pense cela pour m’exonérer à l’avance… N’empêche qu’il est possible que dans quelques années, quand l’amour aura peu à peu fait place à une tendresse libertine, il me demande de lui révéler mes aventures et me raconte les siennes.




Vendredi 23 juin, 15 heures


Quel est le beauf qui est venu avec cet horrible 4x4 noir ? Je me suis garée à côté, j’ai sorti mon sac du coffre de ma Clio. Mon sac… Hier soir, dans la chambre, alors que je me demandais quels vêtements j’allais emporter, Olivier m’a interpellée, du salon.



Il est venu me rejoindre, le regard noir.



Il est retourné dans le salon.



J’étais à deux doigts de le lui dire. Quand même, moi qui étais persuadée qu’il allait me baiser sauvagement, ce dernier soir avant mon escapade… Eh bien, Sophie, tu ne connais rien à la psychologie masculine, voilà tout ! Parions donc que j’en saurai un peu plus long lundi prochain.


Quand même, je n’allais pas laisser Olivier bouder si sottement. Allait-il me résister bien longtemps ? À moins qu’il ne décide de dormir sur le canapé du salon, ce qui serait vraiment trop stupide. Mais non, il est venu dans la chambre et a été surpris de me trouver en bikini rouge. Sur les plages, il le trouve très bien, ce petit bikini. Il m’approuve même quand j’ôte le haut, comme tant d’autres filles. Mais il est alors à côté de moi, propriétaire flatté que les messieurs me lorgnent et même me désirent, moi qui fais la chatte à côté de lui, moi qui ne regarde que lui, mon homme.


Je n’allais pas y couper, à la scène que j’avais prévue.



Et moi, angélique, avec le regard d’une innocence de premier matin du monde :



La voilà, la gaffe ! Celle-là, je ne l’avais pas vue venir. Mais après tout, on peut me voir en pyjama sans pour autant me sauter dessus, pour me sauter, comme disent les machos.


En chantonnant, j’ai ensuite essayé mes sous-vêtements. L’ensemble mauve en dentelle. Faite au carreau, avait prétendu la vendeuse qui avait ajouté, en les effleurant du dos de la main, que j’avais des seins certes pas très gros mais "absolument ravissants". Le sage slip blanc, très fillette, et le soutien-gorge assorti. Je me suis regardée dans la glace, ai fait la moue, levé les épaules et replacé le haut dans l’armoire. J’ai regardé Olivier. Qu’il était malheureux ! En riant, je me suis jetée sur lui.



Mais je ne riais plus. Tout pouvait basculer. Qu’il me repousse et me tourne le dos, et l’irréparable aurait été accompli. Je n’aurais pas supporté un tel dédain. Nos bouches étaient très proches. C’était à lui d’avancer un peu la tête et de prendre mes lèvres entrouvertes. J’allais me relever quand il s’est décidé. Quand même !


Il a sûrement pensé, après, que j’étais rassasiée d’amour pour au moins trois jours. Que j’aime sa rageuse fougue, cette tendresse mêlée soudain d’une telle brutalité quand je suis sa proie docile et alanguie !


Je suis partie de bon matin. Mon grand-père cite parfois cette phrase de Montherlant, la seule de lui qui soit lisible, prétend-il : "Le voyageur solitaire est un diable". J’y pensais en roulant. Je m’étais habillée sage, jupe de toile très convenablement boutonnée, chemisier de soie bleu clair sur soutien-gorge blanc, sobre, pas transparent du tout, lui. Slip assorti. Tenue de couvent. Olivier surveillait du coin de l’œil.


Entre Bourges et Vierzon, dans les toilettes d’une aire de repos, j’ai défait les boutons du bas de ma jupe, de manière à ce qu’elle s’ouvre jusqu’à mi-cuisses. Il faisait si chaud ! J’ai aussi enlevé mon soutien-gorge et accentué le décolleté de mon chemisier. La voyageuse solitaire est une démone, voilà tout. Oh ! Une petite démone de rien du tout, bien innocente au fond d’elle-même. Encore cette expression, incorrigible Sophie ! Corrige-moi, Olivier, mon chéri. Hélas, je suis trop loin de toi, déjà. Le serrement de cœur du départ, alors que je pensais que je ferais mieux de rester, a déjà fait place à l’attrait de la liberté, à l’appel de l’aventure. Mais elle te reviendra, Olivier, la fille prodigue. De son corps, prodigue ? Faudra voir, faudra voir…


"Fin provisoire de l’autoroute" entre Vierzon et Tours. Je demande un croque-monsieur dans un bar. Des routiers rigolent, finissent de me déshabiller du regard et me suggèrent de les croquer, eux aussi. Ah ! Être pétrie par leurs mains calleuses de déménageurs, écrasée sous l’un d’eux, puis sous les autres… Eh bien, ma vieille, quelle imagination ! Ce n’est quand même pas ce que tu désires vraiment ? Non, non, peut-être pas, mais je ne vais pas faire ma pimbêche, comme dit l’autre, et d’un gentil sourire je décline leurs propositions. Je suis une femme sérieuse. C’est égal, mon bas-ventre s’est rappelé à moi.


En short et chemisette, un couple de jeunots fait de l’auto-stop, à Langeais, juste après le pont métallique.



Si je les prends ! Mais oui, mais oui… Le garçon s’installe à côté de moi, la fille derrière, avec leurs gros sacs. Ils ont des chaussures de marche sur le bord desquelles sont retournées d’épaisses chaussettes de laine. Le garçon a des cuisses musclées, la fille est blonde, elle a une bonne bouille de campagnarde bien dans sa peau.



Le garçon a les yeux verts. Il ne s’est pas rasé ce matin. Ils n’ont pas tout à fait vingt ans, ils sont jeunes, sains et frais. Ils s’aiment. Ils ne sont pas frère et sœur, bien qu’ils se ressemblent un peu, parce qu’il a parlé de sa grand-mère. À vrai dire, je ne sais pas s’ils s’aiment. Ils sont peut-être simplement copains, ça arrive. Timides, empruntés, ne sachant pas s’y prendre. Être leur initiatrice… Ou bien ils ne connaissent de l’amour que la sordide gymnastique des films pornos…


Tout en conduisant, je regarde les maisons de tuffeau, adossées à la colline, certaines même carrément creusées dans cette pierre si tendre.



Le regard du garçon s’était attardé sur mes jambes pendant qu’il me demandait si j’allais à Nantes. Une fois installé, il peut voir que ma ceinture de sécurité contraint mon chemisier à épouser très étroitement le galbe de mes seins. Il ne se prive pas du spectacle, avant de porter à nouveau son regard sur mes cuisses, légèrement entrouvertes.



Le garçon rougit, hésite, puis porte son regard sur la colline.



Ça grimpe sec. Des pierres roulent sous les roues, qui patinent parfois. Devant un calvaire sont garés cinq ou six scooters.



Il regarde mes fines chaussures de ville, la chaînette d’or à ma cheville gauche.



Je suis entre eux deux, accrochée à leur coude. À chaque pas s’ouvre ma jupe sous l’avancée de mes genoux. L’air est brûlant. La sueur colle la soie de mon chemisier à mes seins qui ondulent à chacun de nos pas. Le garçon ne les quitte pas des yeux.



Près du but, me tordre la cheville, grimacer de douleur pour me faire masser par les mains puissantes du garçon, ma tête dolente reposant sur les cuisses nues de la fille… Mais non, pas besoin : torse nu, en short lui aussi, un garçon surgit soudain de l’ancienne carrière.



Ils m’entraînent vers la grotte. À l’intérieur, quatre garçons et deux filles sont assis sur des blocs de pierre disposés en rond. Les garçons sont tous en short et ont le torse nu, une fille est en bikini jaune, l’autre en minijupe et chemisette, elle est tout contre l’un des garçons, le bras autour de son cou. La caverne est profonde, son plafond est soutenu par des colonnes d’inégale grosseur. Une vieille échelle est appuyée contre l’une d’elle. De la lumière vient du lointain : une partie de la carrière devait être à ciel ouvert. Les garçons me libèrent en riant.



Voilà que je les intimide, soudain, et qu’ils sont disposés à me respecter. Je suis tellement plus âgée qu’eux, à leurs yeux.



Humble et soumise, je regarde le chef. Il est beau gosse, solide de ses vingt ans, le regard clair, jambes et bras musclés.



Ils me plaquent contre l’échelle, me disent de lever haut les bras, qu’ils lient à un barreau. Cette position met grandement en valeur mes seins dont les pointes sont fermement érigées, à en percer le tissu de mon chemisier que les garçons n’ont même pas besoin d’ouvrir pour se régaler du spectacle.



La fille en bikini disparaît aussitôt. L’autre se rapproche un peu plus de son compagnon et lui tend ses lèvres, déjà jalouse. Mais deux garçons sont à mes pieds, caressant mes chevilles. Oseront-ils monter leurs mains plus haut, les glisser sous ma jupe, frôler l’intérieur de mes cuisses, tâter l’humidité torride de mes lèvres collées au slip que je regrette tant d’avoir gardé, car ils n’oseront peut-être pas franchir de leurs doigts ce dérisoire obstacle ? De leurs doigts d’abord…



La fille revient avec une poignée d’orties.



Les orties provoquent de blanches boursouflures, longues à disparaître, mais vos lèvres mettront fin à cette irritation, jeunes gens, et vos mains vont courir partout sur mon corps. Détachez-moi, attachez plutôt vos deux squaws à ma place, pour que le feu de la jalousie les consume pendant que vous jouirez de votre captive et qu’elle jouira de votre jeunesse. Elle est à vous. Prenez entre vos dents les pointes de ses seins, mordillez-les un peu, jouez avec sa vulve entrouverte et son clitoris bandé. Et clouez-la au sol…





Kevin - pourquoi ne se nommerait-il pas ainsi ? - vient d’interrompre ma rêverie. Je ne vais pas leur proposer de me faire visiter ce village taillé dans le roc. Pourtant, Kevin bande très ostensiblement. Allons, mes seins lui plaisent. Que ferait la petite Audrey si j’avançais la main vers la bite de son compagnon ? Prendre soudain un petit chemin qui serpente entre les vignes, trouver un endroit désert, au sommet de la colline, ôter ce chemisier collé à ma peau, avoir contre ma peau la peau de ce garçon…


Chinon, la centrale nucléaire. L’autoroute, aussitôt après. Une aire de repos. Je m’arrête. Toilettes dames. Kevin est descendu de voiture, osera-t-il venir me rejoindre ? Je l’attends, le cœur battant. Il ne vient pas. J’ai mon slip dans la main droite quand je regagne la Clio. Le garçon n’est pas encore revenu. Me chercherait-il ? Quand il reprend sa place, un peu rouge, essoufflé, je me penche sur ses cuisses pour ouvrir la boîte à gants, dans laquelle je jette cette petite culotte si sage. J’ai effleuré son bas-ventre. Il ne bande plus. Il vient de se masturber, quel ballot ! Pouvait mieux faire, jeune homme !


Ce jeune homme qui, ensuite, ne quitte pas du regard mes cuisses que dévoile de plus en plus ma jupe qui remonte, qui remonte, comme le sexe de ce garçon qui a repris du poil de la bête. Si sa copine n’était pas derrière… Il a dû entrevoir, fugitivement, les poils de mon pubis quand j’ai débrayé pour rétrograder, à l’approche du péage.



Il avait la voix étranglée, il était de nouveau rouge, et gêné par sa bandaison superbe en sortant de la voiture. La fille m’a regardée méchamment.


Personne ne vous emmènera plus loin que là où j’aurais pu vous emmener, jeunes inconnus.