n° 10953 | Fiche technique | 13069 caractères | 13069 2222 Temps de lecture estimé : 9 mn |
04/11/06 |
Résumé: Où on lit beaucoup, puis on ouvre une porte. | ||||
Critères: #aventure #fantastique jeunes religion | ||||
Auteur : Lise-Elise (exploratrice littéraire) Envoi mini-message |
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Fyrag est marqué d’un signe qui le voue à accomplir une certaine prophétie, et Thyris, parce qu’elle est vierge malgré les circonstances, est désignée pour accomplir une prophétie…concurrente. Les deux jeunes gens assistent alors à la célébration de la prophétie originelle, découvrant que c’est un couple qui doit agir pour régler la querelle des Dieux. Mais le texte ne dit pas comment. Ils font là également la rencontre de Rhonda et Derina, prêtresses d’Atilbis. Celles-ci leur apprennent que la cachette d’Atilbis est connue, et que Thyris pourra y lire le texte complet. Les deux héros s’y rendent, sans autres difficultés que quelques rencontres avec des bestioles plutôt inoffensives.
Si vous ne vous souvenez pas d’avoir lu ça, alors, allez voir les épisodes précédents, ce sera quand même plus clair !
oooOOOooo
…
Ils y étaient. Fyrag au début n’avait pas voulu le croire. De l’extérieur, le bâtiment ne payait pas de mine. Une masure prête à s’effondrer à la première tempête. Il se rendit vite compte qu’il s’agissait d’un leurre. Quelques marches usées les conduisirent dans une pièce, qui, si elle n’était pas aussi imposante que les édifices de Natrant, dégageait un mystère bien plus impressionnant.
Ils allumèrent les torches. Au centre de la salle, une colonne s’élevait. Haute d’un mètre environ, son faîte était creusé latéralement sur quelques centimètres, et une petite excroissance était dégagée à l’opposé. Derrière la colonne, un pan de mur lisse, le seul à ne pas être couvert d’inscriptions. Thyris poussa une exclamation, qui se perdit vite dans l’immensité de la salle.
Pendant que la vestale cherchait le début de la prophétie, Fyrag parcourait les pans de murs, lisant quelques phrases au hasard. Il se mit vite à rougir. Les mots décrivaient, avec précision, chaque détail de sa vie depuis sa rencontre avec Thyris. Ses gestes, ses pensées, et même ses rêves. La façon dont il réagissait devant la poitrine opulente d’Atilbis. Sa tentative de suborner ses gardes-malades à la maison des sœurs. Ses réflexions hargneuses sur la tunique si légère de Thyris, et surtout sur les refus de la jeune femme d’en apaiser les effets. Gêné, il guigna l’aspirante vestale. Elle était absorbée par sa lecture, à un autre bout de la pièce. Fyrag soupira de soulagement. Il serait temps, plus tard, de la dissuader de lire ce passage.
Au moment où il lut il lit attentivement le passage du livre qui le concerne , il s’attendit à ce que le texte s’arrête. Derina l’avait bien dit : Atilbis lui-même ne savait pas ce qu’ils allaient faire. Mais l’écriture nette courait encore et encore sur le mur. Avec une surprise croissante, Fyrag lu ce qu’il lui arriverait ensuite. Ils ouvriraient sans difficulté la porte, ils trouveraient l’objet. Ils se demanderaient ce qu’il faudrait en faire.
Fyrag, à part lui, haussa les épaules. Il lui semblait évident qu’un tel objet de discorde devait être détruit. Il continua sa lecture.
Il détruisait l’objet, Thyris le regardant faire.
Avec une horreur grandissante, il lut la suite.
Les Dieux et les Déesses entraient en fureur contre Atilbis et ses disciples. Ils entraînaient leurs fidèles dans une croisade sans merci. D’abord ne visant que les atilbissydes, elle était vite étendue à tous ceux qui lui rendaient un culte, puis, enfin, à tous ceux qui étaient traîtres à leur Dieu en fréquentant l’autre sexe. Emportée dans un fanatisme dépassant toutes les folies précédentes, l’humanité se détruisait elle-même. En trente ans, toute reproduction ayant cessé, la race humaine s’éteignait doucement. Thyris et Fyrag n’en voyaient rien : ils avaient, depuis longtemps, été massacrés par des fanatiques.
Fyrag sursauta. Il était en nage. Il ne s’était pas aperçu que, depuis un moment, Thyris lisait par-dessus son épaule.
Choqué, Fyrag lui raconta en peu de mots. Thyris resta songeuse.
Elle indiqua du doigt la ligne où ils se demandent ce qu’ils doivent faire. Curieusement, elle était maintenant située avant le moment où ils ouvraient la porte. Fyrag lu alors, avec une stupéfaction grandissante, qu’ils n’ouvraient pas la porte et repartaient, laissant à d’autres le soin de décider.
Il relut. En donnant la statuette à Alquise, celle-ci la détruisait et se retrouvait chassée du Panthéon. Sa sœur et sa mère, sans ses conseils avisés, durcissaient encore la séparation entre les hommes et les femmes. Un monde clandestin se créait, hors du regard des Dieux, seul moyen pour les hommes et les femmes de continuer à se rencontrer. La donner à Mysalis était pire encore. Celle-ci en usait pour subjuguer Dyanar et imposer ses propres lois. Atilbis refusait. Calcin, essayant de réconcilier ses parents, subissait le même sort qu’Alquise, et la guerre envahissait le monde.
Fyrag passa en revue toutes les solutions qui lui passèrent par la tête. La donner à un prêtre aboutissait aux mêmes eaux. Quelle que soit la solution, le résultat était, peu ou prou, le même. Les hommes et les femmes se séparaient plus encore.
La torche commençait à fumer, et les yeux leurs piquaient d’avoir trop scruté le mur. Ils ressortirent du temple. Ils ne parlèrent pas. Ils savaient trop que, si l’un d’entre eux avait entrevu un espoir, il l’aurait dit aussitôt. Thyris tentait en vain de trouver le moyen d’être à nouveau admise au temple, malgré son échec. Fyrag essayait, tant bien que mal, de ne pas penser au départ de sa compagne.
Ils dormirent mal. Leur nuit fut entrecoupée de rêves ou se mêlaient le monde tel qu’il l’avait lu et des intercessions suppliantes. « Essaye », disait Atilbis. « Essayez », murmurait Rhonda. « Essayez », chantait le chœur des disciples sur les rives du lac. Tous, jusqu’à la bibliothécaire de Natrant, imploraient.
Au petit jour, Fyrag reprit une torche. Il lui fallait en avoir le cœur net. Il mit longtemps à trouver le passage. Contrairement à la sienne, les aventures précédentes étaient peu détaillées. Il trouva. Un panneau entier couvert de la même phrase, répété : Anisse et Léam, Donera et Amel, Nérat et Mian…. sont venus, ont lu, et sont repartis.
Il avait à peine lu le tiers du mur que Thyris vint le rejoindre. Elle posa sa main sur son épaule. Le contact le réconforta. La jeune femme prit la parole :
Fyrag observa Thyris. Elle semblait sérieuse. Il attendit la suite.
Thyris était exaltée par ses propres paroles.
Fyrag la regarda. L’excitation avait rougi ses joues, et sa poitrine se soulevait à un rythme rapide. Il savait très bien qu’il ne pourrait pas la convaincre. Il avait le choix entre la quitter où coopérer. La jeune femme continuait.
La phrase mourut sur ses lèvres. Il semblait improbable que la statuette dévoile la clef de son usage. Atilbis, sinon, l’aurait déjà trouvé. Thyris perdait sa belle assurance à vue d’œil. Repartir semblait raisonnable. D’autres, après eux, réussiraient. Ou échoueraient aussi. Le monde resterait tel qu’il était : divisé. Et la belle aventure…
Fyrag dévorait Thyris des yeux, et sa logique lui semblait loin. Il existait, derrière cette porte, une chance infime mais réelle de pouvoir être autre chose qu’un homme de peine à Natrant. De pouvoir sentir Thyris à ses côtés sans être sacrilège aux yeux de six des sept Dieux. De ne pas, dans dix jours, la quitter définitivement. Une toute petite chance. Au milieu d’un océan de possibilité qui faisaient sombrer le monde. Une chance.
Il se tut soudain. On a quand même rencontré les déesses. Il n’avait pas parlé de ses rêves. Comment expliquer que pour lui, Rhonda et Derina n’étaient autres qu’Alquise et Mysalis ? Et puis, apparemment, ils n’étaient pas les premiers. Il se remémorait tous ces rêves où la voix suave de Derina murmurait :
Des rires, des gémissements étouffés, des bruits de baisers et de clapotis faisaient en général suite à ces conversations. Sans Thyris, il se demanderait encore ce qu’ils pouvaient signifier.
Il revint au présent :
Ils se prirent la main, serrèrent, résolument. Ils puisaient leur force dans le fait d’être l’un près de l’autre. Thyris voulu lire à nouveau la fin de la prophétie. Rien n’avait changé depuis la veille. Fyrag, la sentant flancher, la tira par le bras.
La porte était forcément le pan de mur lisse. Ils l’observèrent sur toutes les coutures, mais il n’offrait aucune prise. Fyrag se recula de quelques pas, pour essayer de déceler un signe. Concentré sur la paroi, il ne fit pas attention à là où il allait. La salle était vide, après tout. Le cri de surprise qu’il poussa en heurtant la colonne alerta Thyris. Elle se retourna et s’approcha de la forme érigée. Au grand étonnement de Fyrag, elle se mit à passer doucement ses mains de part et d’autre du pieu. Puis elle s’en rapprocha de plus en plus, jusqu’à embrasser l’éminence de pierre de ses seins. Fyrag la regardait, trop fasciné pour protester. Le corps de Thyris ondulant au contact de ce poteau l’électrisait. Mais la jeune femme secoua la tête et s’éloigna.
Elle semblait découragée.
Fyrag s’approcha de la colonne, histoire de faire quelque chose. Il avait la tête ailleurs. La pierre était encore chaude de son contact avec la vestale. Il suivit distraitement, d’un doigt, les courbes de la pointe. La petite éminence, comme un téton de femme érigé. Le creux…
Il fit aller et venir son doigt dans le creux, cherchant vaguement ce qui lui inspirait ce geste. Il sentait l’odeur de Thyris monter vers lui par vagues. Il accentua, machinalement la pression. Une petite excroissance de pierre avant le creux… Comme…
Il se pencha un peu sur ce qu’il avait, il y a peu comparé à un téton. Arrondi à la pointe, un peu écrasé, aussi. Plus large au bout qu’à la base.
C’était au tour de Fyrag de s’exalter :
Devant l’air ahuri de sa spectatrice, il expliqua son idée :
Thyris semblait débordée par la soudaine prise d’assurance de son compagnon.
Il anticipa une reculade de sa compagne :
Il eut un regard désolé vers son bas ventre. Thyris, l’air agacée, dégagea rapidement ses seins de la tunique. Fyrag tendit une main, les soupesa, les fit vibrer légèrement. Puis il se débarrassa de sa culotte. Son gland remplissait à la perfection la cavité. Thyris lui fit face, et se haussant sur la pointe des pieds, vint coiffer la ridicule éminence. Même en retombant, elle le couvrait à peine de ses nymphes. Ils attendirent quelques secondes, les yeux fixés sur la porte. La jeune femme, bougeant à peine, toisa son compagnon.
La tension montait. Thyris préparait une réplique méchante, mais elle lui resta dans la gorge. Un grondement sourd se faisait entendre.
Ils tournèrent la tête. La porte s’ouvrait.