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Temps de lecture estimé : 18 mn
09/07/07
Résumé:  Bataille rangée entre les vampires et les humains. Pour Ben, c'est l'heure de vérité. Le cauchemar va-t-il enfin prendre fin ?
Critères:  douche fellation pénétratio policier aventure fantastiqu
Auteur : Dr Lamb  (Bientôt un an de plus, et toujours heureux de vivre! Peace!)      Envoi mini-message

Série : Les enfants de la nuit

Chapitre 08 / 09
L'affrontement

Voici l’avant-dernier épisode. J’espère qu’il va vous plaire. Patience ! les réponses viendront. Merci à toutes et tous pour votre soutien.

Bonne lecture,

À très vite.


Dr Lamb








Amel était étendue à moitié assommée sur le lit, plongée dans le noir. La porte de la chambre était fermée à clé. Dans l’autre pièce, Laurence contemplait ses deux comparses, l’un aveugle, l’autre privé de ses dents. Navrant. Il soupira et alluma la télévision pour tuer le temps. Ben Bollard n’allait pas tarder : il n’avait plus que six minutes sur le délai accordé. Tant de soucis…



David, lui, s’était recroquevillé dans un coin de la cuisine, pleurant, gémissant comme un gosse. Qu’avait fait Laurence pour récolter de telles mauviettes ? Durant son existence dans l’autre monde, il n’avait été entouré que de plaintes, de jérémiades, de pleurs. Une rage sourde bouillait en lui. Un misérable humain avait fait tout rater. Un humain ! Un misérable fait de chair, de sang, de chaleur !


Trop en colère pour rester immobile, il se mit à arpenter la pièce, faisant craquer ses doigts, sa rage alimentée par les gémissements sourds en provenance de la cuisine.



Il songea à Amel. Il allait la tuer sous leurs yeux, oui. La dépecer vivante, arracher sa chair, déchirer ses lèvres, boire son sang, propulser ses yeux hors de leurs orbites et les offrir à David…



Quant au pauvre Ben, ce que lui réservait Laurence était si infâme qu’il s’écœurait lui-même.



Kleyner le regarda s’exciter tout seul. Il avait un mauvais pressentiment. La sensation que rien n’allait se passer comme prévu.




* * * * *





La voiture de police déboula dans l’avenue à une vitesse prodigieuse ; fort heureusement, c’était la nuit et il n’y avait personne dehors. Le suspect courait à une vitesse impossible, une vitesse surhumaine. Anita supposa qu’il était dopé.



Le gyrophare hurlait dans la nuit.



Le suspect avait été surpris à l’hôpital, à la morgue. En train de profaner un cadavre ! La pauvre fille qui l’avait découvert avait alerté la police avant de se faire tuer. Huang et Anita patrouillaient ce soir-là, ils furent les premiers sur les lieux. Anita baissa la vitre de sa portière et pointa son arme sur le suspect, toujours en pleine course.



Mais il n’écouta pas. Il tourna à droite et s’engagea dans une ruelle sombre.



Ils furent obligés de stopper le véhicule. Huang s’empara de son talkie-walkie :



Anita, elle, était déjà descendue. Elle traversa la rue, véritable missile brun, et se lança à la poursuite du suspect. Huang n’eut pas le temps d’arrêter sa co-équipière : Anita n’avait que trente ans, mais elle était une véritable tête brûlée, un vrai chien de garde qui ne baissait jamais les bras, qui ne renonçait jamais.



Mais la femme flic était déjà partie, dans la ruelle sombre, arme à la main, essayant de garder le suspect dans son champ de vision.



Le suspect sauta littéralement en l’air et agrippa une échelle qui menait aux escaliers du bâtiment. Il grimpa… Anita en resta bouche bée. Il avait l’air de véritablement voler en haut, d’un barreau à un autre, comme un singe.



Mais il n’écoutait pas. Exaspérée, le sang bouillant dans ses veines, Anita agrippa les barreaux de l’échelle et se lança à sa poursuite.



Le suspect était déjà en haut du toit.



La femme redoubla d’efforts, tandis qu’en bas, Huang l’appelait :



Mais elle ne voulait pas perdre une seconde. Une minute plus tard, elle enjambait le toit et soudain le type se dressa devant elle, l’attrapa par les cheveux et la souleva. Elle cria, croyant sentir les racines de sa chevelure céder. Il avait une force monstre. Elle se sentit décoller, et atterrit lourdement de l’autre côté du toit. L’impact lui coupa le souffle. Son revolver valdingua à l’autre bout du toit.


« Putain, je suis foutue ! » pensa-t-elle.


Elle roula sur elle-même et regarda autour d’elle : nulle trace du type.

Elle n’avait pas réussi à distinguer ses traits mais… Ses yeux, il avait les yeux rouges ! Anita ne doutait pas une seule seconde de ce qu’elle avait vu.



Elle se retrouvait dos contre le rebord de béton. Tentant de reprendre son souffle, elle sentit un mouvement au-dessus d’elle… Juste à temps, elle s’élança en avant au moment même où le type lui bondissait dessus. Son poids s’écrasa littéralement sur elle. La femme hurla, écrasée sous cette masse froide, si froide !


Ce type n’était pas normal, non…


Elle sentit deux mains froides se poser sur son cou, et des mains qui serraient fort. Anita plongea ses yeux dans le regard de l’homme… Un regard d’animal. Il ouvrit la bouche et elle hurla en voyant les dents monstrueuses qui lui étaient dévoilées. Anita secoua la tête dans tous les sens, replia ses genoux sous elle et les expédia dans le ventre de l’homme. Il grimaça mais ne lâcha pas prise. Il plongea ses dents dans le cou de la femme flic.


Depuis sa plus tendre enfance, qu’elle avait vécue entre les crises d’alcoolisme de sa mère et les coups répétés de son père, Anita gardait toujours sur elle un petit couteau de poche. Tremblante, elle s’en empara, dans la poche de son pantalon, le déplia, et l’enfonça dans le cou de son agresseur. Elle sentit un liquide chaud jaillir sur son visage : le sang. Un sang brûlant. L’homme se rejeta en arrière en hurlant. Il porta les mains à sa gorge, cherchant à retenir le liquide qui jaillissait de son cou béant.


Épouvantée, le cou douloureux, Anita recula de quelques mètres sans le quitter des yeux. Il tituba, chancelant, le sang coulant à flots entre ses doigts. Ses yeux rouges, ses yeux rouges ! Le toit était éclaboussé de sang.



La voix de son collègue, derrière elle. Mais elle ne se retourna pas.

Elle regarda l’homme mourir, elle le vit tomber au sol, et se changer brusquement en un nuage de poussière dans un gargouillis atroce.


~ ~ ~ ~


Huang tendit un gobelet de café à Anita. Elle le fixa comme si elle ne savait plus ce que c’était.



Elle haussa les épaules.



Huang lui posa une main sur l’épaule. Ils étaient dans leur bureau, et Anita venait de conter sa version des faits à leur commissaire. Il n’imaginait que trop bien l’état dans lequel sa co-équipière devait se trouver. Affalée dans son fauteuil, malgré son air abattu, Huang la trouvait si magnifique, si belle qu’il avait du mal à la regarder dans les yeux. Anita était l’une des femmes les plus belles et ravissantes qu’il avait vu de toute sa vie. Il la désirait silencieusement, mais jamais ne le lui avouerait. Elle était mariée, et avait une petite fille de huit ans.


Il regarda le beau visage, les grands yeux noirs, le nez délicat, la bouche pulpeuse et les cheveux bouclés qui cascadaient sur des épaules frêles. Anita Chow Yuan avait la beauté intérieure et extérieure. C’était une amie fidèle, une femme juste et généreuse, toujours là pour ses amis.



~ ~ ~ ~


Lorsqu’on lui apprit la nouvelle, Laurence était allongé, nu, sur son lit, les yeux clos, tandis que deux jeunes femmes s’amusaient à taquiner son sexe de la langue. Il aurait aimé crier de plaisir, mais il se retint. Les filles gobaient tour à tour son gland écarlate, léchaient ses couilles, l’une tétant son gland tandis que l’autre parcourait la verge du vampire de la langue.



Elles n’aimaient pas beaucoup sentir le corps froid de Laurence. C’était effrayant, quelque part. L’impression de tailler une pipe à un glaçon…



Kleyner déboula dans la chambre, l’air affolé. Le vampire ouvrit les yeux. D’un coup, les deux jeunes femmes sautèrent hors du lit en hurlant de terreur. Les yeux rouges du vampire leur glacèrent le sang. Mais elles se figèrent à la porte de la chambre, devant Kleyner.



Le vampire s’humecta les lèvres et contempla Laurence.



Laurence bondit hors du lit et saisit Kleyner à la gorge.



Le vampire bredouilla quelque chose d’inaudible. Le teint de Laurence était devenu rouge écarlate. Le sang bouillait dans ses veines. Il sentait déjà ses canines s’allonger. Son fils, Francis, mort ? Son unique fils, qu’il avait dû rendre comme lui pour ne pas le perdre ? Mort ?



Laurence, sous le choc, erra dans la chambre, passa devant les deux filles figées sur place, leur jeta un coup d’œil, et d’un mouvement de la main, les égorgea toutes les deux. Il se mit à hurler :





* * * * *




Anita se réveilla en sursaut sous le choc de son rêve souvenir. Elle hurla, frappa le volant de son poing, et se mit à pleurer. Cela s’était passé il y a cinq ans. Cinq ans que sa vie avait été brisée le soir où elle avait tué ce type…


Ce vampire.


Elle hurla, pleura, se gifla elle-même pour ne pas sombrer dans la folie. Son mari dépecé sous ses yeux. Sa petite fille morte, assassinée sous ses yeux, sans qu’elle ne puisse rien faire, par ces deux vampires, Laurence et Kleyner… Sentant son esprit s’évaporer, elle s’empara de son couteau de poche et s’ouvrit la main, faisant jaillir le sang. La douleur la ramena à la raison. Puis il n’y eut plus que les larmes qui coulèrent sur ses joues, et le sang qui coulait de sa main.


C’était bientôt fini. Elle faisait le guet devant l’immeuble abritant les vampires. Bientôt fini. Bientôt la fin du cauchemar.




* * * * *




J’arrivai en bas de l’immeuble avec trois minutes d’avance. Mon cœur battait la chamade, ma bouche était sèche, et j’avais mal partout. La peur envahissait mon esprit, chassait toute tentative de raisonnement.


C’était un immeuble banal, passe-partout, aux portes vitrées, au hall propre et désert. En face, un taxi semblait attendre. Une femme se tenait au volant, les yeux clos. Elle pleurait. Sans faire attention, je traçai mon chemin.


J’entrai. L’ascenseur était hors service. Je pris les marches, allumai la lumière et commençai à grimper. La rampe était en mauvais état. Il y avait une drôle d’odeur, une odeur de fauve… Je pris mon courage à deux mains et montai, aux aguets.



Qu’allais-je trouver en haut ? Amel était-elle encore en vie ? Je ne savais même pas à quel étage je devais aller. Mais que foutais-je là ? Je priai pour que Nouria soit en sécurité avec Pigneaux.



Je sursautai et regardai derrière moi. Personne. Pourtant j’avais bien entendu une voix… Une voix rauque. La lumière cessa dans les escaliers.



Mon cœur rata un battement. Je guettai un bruit, mais n’entendis rien. Tâtonnant, je m’emparai de la rampe et montai lentement, marche après marche.



Une voix rauque, sourde, une voix monstrueuse qui m’appelait dans le noir.



Je sentis un flot d’urine se répandre dans mon pantalon. La peur envahissait tout mon corps.


Une porte.


Terrorisé, tel un gosse dans le noir, j’ouvris la porte et bondis dans le couloir, savourant la lumière artificielle. Toutes les portes des appartements étaient closes. J’essuyai la sueur qui me coulait sur le visage.





* * * * *





Il ne répondit pas et l’observa du coin de l’œil. Elle ne paraissait pas droguée, ni alcoolisée, rien. C’était une jeune femme en parfaite santé apparente. Pigneaux ne l’avait pas vraiment constaté la première fois, mais à présent il était captivé par la beauté de la jeune femme, par ses traits délicats, par la peau basanée, par la douce rondeur de ses seins à travers le t-shirt.



Jacques Pigneaux ne savait plus où il en était. Jamais de toute sa carrière il n’avait eu d’affaire aussi étrange. Pour la première fois de sa carrière, son arme ne le rassurait pas.




* * * * *




Anita descendit du taxi et s’empara du lourd sac de toile qui se trouvait sur le siège du passager. Elle ne pleurait plus, à présent. Seule la rage l’habitait. Une rage sourde, ancienne, primaire.


Elle traversa la rue et entra dans l’immeuble.




* * * * *




Onze minutes plus tard, Jacques Pigneaux garait sa voiture devant l’entrée de l’immeuble. Nouria tremblait comme une feuille, sa bouche était sèche. Elle fixa l’entrée de l’immeuble et ouvrit sa portière après avoir inspiré un grand coup.



Il hocha la tête et dégaina son revolver.



Avant de quitter le véhicule, il demanda du renfort à ses collègues, en leur indiquant sa position, mais pas le motif de son intervention. Nouria fit un pas sur le trottoir, priant pour que sa sœur et l’homme de sa vie soient encore vivants.




* * * * *




Aussi furtive qu’un esprit, Anita grimpa au sixième étage et vit, dans le couloir, un jeune homme qui avançait craintivement. C’était Bollard. Il n’était plus du tout gros, à ce qu’elle voyait. Elle se glissa dans son dos, retenant son souffle, et le plaqua contre le mur. Il eut un sursaut mais elle lui glissa à l’oreille :



Ben obéit, mais elle le sentait tendu, au bord de l’explosion.



Anita explosa. Elle était si proche du but que perdre cinq secondes à s’expliquer lui fit presque mal. Ce petit minable osait lui faire perdre son temps ?



Elle le frappa à la tête et le projeta contre le mur. Il hurla de douleur lorsque son crâne heurta le mur avec un bruit sourd. Anita le tira en avant.





* * * * *




J’étais à moitié dans les vapes, presque incapable de poser un pied devant l’autre, me sentant entraîné en avant. La femme du taxi. C’était une Asiatique d’une quarantaine d’années, avec une poigne de fer. Elle portait un lourd sac en toile. Je trébuchai mais sa main me força à la suivre. Du sang coulait de ma tête et descendait dans mes yeux. Qui était-elle ?



Je n’avais pas d’autre choix que de faire ce qu’elle me disait.



Elle ne répondit pas. Nous étions arrivés devant la porte close d’un appartement ; ce ne fut que là qu’elle me lâcha. Tel un sac à patates, je m’écroulai. J’entendis qu’elle frappa à la porte.


« Non, je dois réagir, sinon… »


Mais mon crâne me faisait trop mal. La porte s’ouvrit..




* * * * *




Deux minutes après l’arrivée de Jacques Pigneaux et Nouria dans l’immeuble, une Twingo jaune se gara en bas de l’immeuble, derrière le taxi qu’avait utilisé Anita Chow Yuan pour venir. Trois hommes descendirent. Ils faisaient partie de l’organisation « B », celle qui cachait l’existence des vampires aux humains, ceux-là même qui avaient embauché Benoît Thomas, l’ex-médecin de Ben. Tous les trois étaient armés. L’un d’eux s’approcha de la voiture de Pigneaux et y plaça un petit émetteur. Puis il se baissa et déposa une mini-bombe à retardement qui exploserait dans vingt heures. Il pouvait aussi l’actionner avant, grâce à une télécommande à distance.



Les trois hommes entrèrent dans l’immeuble. Faire le ménage, et régler tout ça une bonne fois pour toute.




* * * * *




Je me sentis poussé en avant et m’étalai dans le couloir de l’appartement.



Je relevai la tête et vis Kleyner, accroupi sur le sol, qui se précipitait vers nous. Un autre vampire, sûrement le dénommé Laurence, tenait Amel par le cou. Elle avait l’air indemne.



Tout mon corps douloureux protesta lorsque je me redressai tant bien que mal. La femme fit un pas sans faire attention à moi. Laurence l’interpella :



Elle lui jeta un œil.



J’éclatai soudain de rire.



Kleyner poussa un cri de rage et se jeta sur moi. Anita bondit et s’empara d’une bouteille d’eau dans son sac.





* * * * *





Jacques entendit ce cri, si puissant, si plein de souffrance qu’il en frissonna. Cela venait d’une des portes au bout du couloir. Nouria s’élança en avant en appelant Ben.



Il se mit à courir derrière elle lorsque la porte de l’un des appartements alla s’écraser contre le mur du couloir.



Nouria s’engouffra dans l’appartement. Pigneaux, arme à la main, fit de même. Amel profita de la panique générale pour se retourner contre Laurence. Celui-ci avait les yeux rivés sur Anita, il ne s’attendait pas du tout à ce que sa victime se rebelle. Elle lança son genou en avant et lui tapa dans les couilles. Il se contenta de la regarder, surpris.



Il tourna la tête juste au moment où Anita lui jeta l’eau bénite en pleine figure. Il chancela, hurlant, et se cogna contre la table basse. Le vampire chuta au sol, et Anita se jeta littéralement sur lui en hurlant. Amel vit que Kleyner avait projeté Ben contre le mur et était en train de l’étrangler. Et au même moment, Nouria débarqua dans l’appartement, suivie par un homme brandissant un revolver.



Pigneaux décida de ne perdre pas une seconde à réfléchir. Il crut sur l’instant ce que ses yeux voyaient.



Près de la porte, un homme, enfin, une chose, blême, aux yeux rouges, bavant et couinant, était en train d’étrangler Bollard. Le teint de celui-ci virait au rouge.



L’agresseur ne fit pas une seconde attention à lui, alors Pigneaux ouvrit le feu sur lui. Une balle dans le dos.



Elle bondit de derrière une table basse, les yeux fous.



Nouria hurla et plongea au sol. La femme, une Asiatique, tira. Elle manœuvrait un Beretta. Du peu qu’il vit, Pigneaux jugea qu’elle avait une grande expérience des armes à feu. Et qu’elle était cinglée.


Il sentit un déplacement d’air près de son oreille, et comprit qu’il s’était fait tirer dessus. Quelque chose le frappa au ventre, au bras, aux jambes, une pluie de balles s’abattit sur lui. En tombant, il eut une pensée pour Marie, sa femme. Puis ce fut le noir.


Incrédule, Amel vit la femme asiatique tuer le flic.



Kleyner lâcha Ben qui tomba au sol, inconscient. L’Asiatique s’empara d’une croix dans sa poche et la brandit sur Laurence. Celui-ci était en piteux état. Son visage était noirci, de la fumée s’échappait encore. Il gémissait, se tenait la tête.



Anita lui posa la croix sur la tête. Il hurla et tomba en arrière.



Amel se jeta en avant, vers sa sœur, vers Ben. Nouria hurlait de terreur, les yeux rivés sur le corps de Jacques Pigneaux.



Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase : trois hommes jaillirent dans l’appartement, arme au poing. Amel eut juste le temps de se jeter au sol, ils ouvrirent le feu sur la femme asiatique et les vampires. La femme roula sur elle, et riposta. Les balles fusèrent dans l’appartement, faisant un boucan incroyable. Les vitres se brisèrent. Une balle alla se ficher dans le mur, à quelques centimètres de la tête de Nouria.


Amel rampait sur le sol, priant pour ne pas se faire remarquer. Une balle fit exploser un vase au-dessus d’elle : elle reçut les éclats sur elle. L’Asiatique se jeta au sol et tua un des trois hommes : il s’écroula sur Ben dans une pluie de sang. Et brusquement, les deux autres s’écroulèrent au sol, touchés eux aussi.


Lorsque le silence revint, ce fut irréel.


La pièce était teintée de sang : sur les murs, le sol, partout. Seuls les couinements de Kleyner étaient audibles.




* * * * *




Huang tua les deux hommes de l’organisation B. Incrédule, il examina la pièce, et vit enfin Anita, au sol, essoufflée mais indemne. Une jeune femme musulmane rampait sur le sol, se dirigeant vers un jeune homme inconscient, sûrement Ben. Pauvre type. Tout ça, tout ce carnage à cause d’un footing nocturne… Huang n’aurait pas aimé être dans ses pompes.



Anita se redressa, le visage couvert de sang.



Huang hocha la tête.



Elle se redressa et désigna les deux vampires, criblés de balles, réduits à l’impuissance.



Il resta là, inerte.



Ils ne prêtèrent pas attention une seconde aux deux femmes et à Ben. Nouria était allongée, les yeux clos, faisant la morte. Elle pria pour que Ben et Amel fassent de même. Et pria pour que l’homme et la femme quittent les lieux au plus vite. Au loin, par la fenêtre brisée, résonnaient les sirènes des voitures de police.




* * * * *




Lorsque j’ouvris les yeux, je fus tout de suite écœuré par l’épaisse odeur de sang qui régnait dans la pièce. Tout mon corps me faisait mal. Et ma gorge me brûlait. Je me redressai tant bien que mal, et toussai un peu. Amel était allongée, inconsciente, près de Nouria. J’entendis un drôle de bruit, et mis un moment à l’identifier : des sirènes de police.



Elle se redressa immédiatement. La femme asiatique était partie, et les deux vampires avaient disparu. Étaient-ils morts ?



Nouria se redressa elle aussi, et dès qu’elle me vit réveillé se précipita contre moi. Je la serrai de toutes mes forces. Il y avait du sang partout. Un vrai carnage. Trois hommes en costume étaient morts. Qui étaient-ce ?



Mais je n’avais pas le temps de m’attarder sur la question. Mes yeux se posèrent sur un corps. Pigneaux.



Il était inerte, criblé de balles. Pauvre homme. Je l’avais entraîné dans mes problèmes… Amel m’aida a me relever. Nouria, blottie contre moi, me dit :



D’une démarche lourde et incertaine, je titubai jusqu’à la sortie, et avant de sortir de l’appartement, je regardai le cadavre de Pigneaux :





* * * * *




Là-haut, sur le toit de l’immeuble, David regarda Amel, Nouria et Ben monter dans une voiture et démarrer en trombe. N’ayant pas encore assez d’expérience pour se transformer et les suivre, il les regarda partir, la bouche sèche. Il avait soif.


Plus haut dans la rue, des voitures de police débarquaient.




* * * * *




Herbert contempla longuement le corps mort de son ami Jacques. La gorge serrée, les larmes aux yeux, il se pencha sur le cadavre et lui ferma les yeux. Il jura de retrouver son meurtrier. Il jura de faire coffrer Ben Bollard et ses deux copines.



Il leva les yeux vers le mur taché de sang.





* * * * *




Anita quitta la ville au volant du taxi. À l’arrière, attachés et inconscients, Kleyner et Laurence. Elle les tenait enfin. Assis à côté d’elle, Huang la regardait d’un air inquiet. Qu’allait-elle faire maintenant ? Depuis cinq ans qu’elle ruminait sa vengeance ?



Huang se tourna vers les deux vampires avec une grimace. Ils étaient bien amochés, tout les deux. Bien sûr, ils se régénéraient, mais les chairs noircies et l’odeur de brûlé lui soulevèrent le cœur. Lorsqu’il reporta son regard sur la conductrice, celle-ci lui braquait son Beretta dans la figure et s’arrêta.



Elle balança son arme en avant et le heurta au crane. Il poussa un cri. Anita déverrouilla la portière de son coté, et le poussa en arrière. N’étant pas attaché, il tomba en pleine rue. Assommé, il la regarda s’éloigner, le cœur battant. Il n’arrivait pas à y croire.





* * * * *




Deux heures plus tard, nous louâmes une chambre dans un hôtel quelconque. Le réceptionniste nous jeta un œil intrigué devant nos tronches décomposées, mais ne posa pas de question. J’usai mon dernier billet pour régler la chambre. Je n’avais qu’une envie : une douche et un bon lit. Oublier ce cauchemar, prier pour qu’il soit fini. Amel s’écroula sur le lit sans même se déshabiller et s’endormit aussitôt. Nouria la recouvrit d’un drap et ferma les volets de la chambre. Je me déshabillai dans l’étroite salle de bains, impersonnelle, et me glissai sous la douche.


L’eau était glacée et se réchauffa au bout de trois longues minutes, mais je n’y prêtai pas attention. Nouria, nue, vint me rejoindre. Et la voir là, saine et sauve après tout ça, me fit pleurer. Les larmes coulèrent silencieusement sur mes joues, se mêlant à l’eau de la douche. Elle me serra dans ses bras et m’embrassa sur la joue.



Je plongeai mes yeux dans les siens, l’embrassai, et avant que nous ne comprenions comment, ce fut une avalanche de douceur, de baisers, de chaleur. Je la serrai contre moi, passai mes mains le long de son dos, sur ses fesses, sur son ventre. Elle se jeta littéralement sur moi et je la soulevai dans mes bras pour la pénétrer. Elle gémit lorsque je m’enfonçai en elle.



Je la fis taire d’un long et tendre baiser. Mon cœur battait la chamade. Nous étions vivants, tous les trois ! Je n’arrivais pas à y croire.



Je l’embrassai dans le cou, sur les joues, sur la bouche, sans cesser de la pénétrer. Trop épuisé, anéanti, je jouis rapidement en elle, sans pouvoir la combler. Ce n’était pas grave. Nous nous essuyâmes mutuellement et cinq minutes plus tard, rejoignîmes Amel dans les tréfonds du sommeil.


Dehors, sur le parking, la voiture de Jacques Pigneaux que nous avions empruntés refroidissait lentement. En dessous, près des roues, la bombe indiquait :


19:45:53


Puis


19:45:52


Puis


19:45:51




(À suivre dans le dernier épisode de la saga)