n° 11788 | Fiche technique | 43528 caractères | 43528 7583 Temps de lecture estimé : 31 mn |
03/10/07 |
Résumé: Bernard,après un accident de voiture essaie de se retrouver. | ||||
Critères: #policier #fantastique #couplea3 fffh extracon médical enceinte contrainte fellation pénétratio | ||||
Auteur : Bernard Nadette Envoi mini-message |
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Tout est noir… Non ! Une lumière apparaît. Elle s’approche de moi et pourtant elle est partout. Tout s’éclaire, devient lumineux. Comment une lumière si blanche, si vive ne m’éblouit-elle pas ?
Je suis bien. Que se passe-t-il ? La lumière décroît. Cela devient de plus en plus gris, de plus en plus terne. Tout est sombre. Je suis au milieu d’une infinie grisaille.
Brusquement un flot d’images et de bruits m’assaille. La voiture qui se rue sur moi, la rue qui bascule, le bruit du moteur, les cris, un cri surtout… Le cri de Dominique. Tout me revient. Je veux bouger, parler. Mais je ne contrôle pas mon corps, je ne le sens même pas. À dire vrai, je ne sens rien. Mes cinq sens ne me communiquent rien. Ils sont aux abonnés absents. Une idée me frappe. Je suis mort. JE SUIS MORT, cela ne peut être que ça. Je ne reverrais pas Dominique, je ne reverrais pas Gwendoline, ni Anne, ni Maman. Je ne connaîtrais pas mes enfants. Une grande tristesse m’envahit. Ariane ! Ariane qui est morte il y a six ans, elle aussi à cause d’une voiture. Est-elle là ? Elle doit être là, je vais la revoir… Mais rien… Il n’y a rien… C’est le vide, le néant… Non, ça ne peut être cela la mort.
Mon Dieu ; même Toi, je ne te sens pas. Pourtant j’ai déjà senti ton souffle sur moi quand je priais pour Ariane et notre enfant…
Peut-être suis-je trop occupé de moi pour t’accueillir ?
C’est peut-être ça l’enfer ou le purgatoire.
Depuis combien cela dure-t-il ? Une minute, un jour, un mois… Je ne sais pas. Ici le temps n’a pas de sens.
Parfois je baigne dans une douce apathie, parfois mon esprit travaille à toute vitesse. Des questions à foison me viennent, mais peu de réponses ou alors les souvenirs ressurgissent. Je revois ma vie par bribes, avec ses joies, ses peines, ses doutes, les grandes choses et les petits détails. Je sens le soleil se lever sur les pyramides de Tikal, le sel des larmes à la mort d’Ariane, le parfum d’Anne la première fois où nous avons fait l’amour, le goût du vin jaune, la chaleur de ma main après la fessée de Dominique, le réconfort des bras de Maman après l’explosion de la bombe en Algérie, l’atmosphère de la cathédrale de Chartres, le sourire de Papa sur la passerelle de l’avion la dernière fois que je l’ai vu, la douceur de la chatte de Gwendoline quand je m’enfonce en elle, l’odeur d’un champ de lavande en Provence, je revois des tableaux, entends des musiques…
Parfois quelque chose vient me bousculer. Non pas vraiment me bousculer, me tirer ou me pousser, plutôt les deux à la fois. Au début cela me dérange, puis cela m’intrigue. J’essaie de trouver ce que c’est. Cela vient d’ailleurs, d’un ailleurs qui n’est pas moi. J’attends maintenant le moment de sa venue. Je finis par sentir une présence. Une présence qui n’a plus besoin de venir me chercher, une présence qui me soutient, qui m’aide, qui me donne de l’énergie, une présence d’amour désespérée. À force de sonder autour de moi, j’en perçois d’autres, chacune a son empreinte. Je finis pas les reconnaître. Je parviens même à distinguer les sentiments qui les agitent. Compassion, peine, amour, attentive indifférence. Pendant longtemps une présence pulse, régulièrement, aucune émotion ne s’en échappe, parfois de petites variations dans le rythme surviennent et je me rends compte que ces variations influent sur moi. Je ne sais pas pourquoi.
Lentement, enfin ce qui me semble être lentement, je discerne de plus en plus de choses. Je comprends que je suis dans un hôpital. Je finis par distinguer qui sont les différentes présences qui m’entourent et même à les identifier. J’identifie, Maman, Dominique, Gwendoline, Anne, Parrain, le père Bernier, des amis. Je différencie les infirmières. Seule la première présence que j’ai sentie m’échappe. Je ne parviens pas à la cerner. Elle vient régulièrement, mais je ne sais rien d’elle, hors l’amour, le désespoir qui l’habite et surtout cette force qu’elle m’insuffle. Je comprends aussi qu’elle est cette présence permanente qui pulse. C’est un appareil, un appareil médical qui doit m’aider à vivre. J’affine ma perception de ce qui m’entoure. Je perçois mieux les sentiments de ceux qui viennent près de moi et même quelques pensées. Le champ d’action de mes sensations s’élargit. Je sens au-delà de ma chambre, le couloir, les chambres voisines. J’apprends vite à m’en isoler pour ne pas être submergé par des flots de peur et de douleur. Je me rends compte que parviens même, je ne sais trop comment, à influer sur les gens qui m’entourent, mais sans parvenir à entrer en communication. Ainsi je peux influencer les infirmières pour qu’elles règlent mon appareil de survie, pour un plus grand confort, avant de trouver le truc pour agir directement sur lui.
Cette nouvelle capacité révèle toute son utilité un soir. Je sais que c’est un soir car.je parviens à distinguer les moments de la journée en me basant sur l’activité qui règne autour de moi. Quand on sert les repas, le temps des visites, le ralentissement de la nuit. Un soir donc quelqu’un entre dans mon rayon d’action, quelqu’un d’inquiet, ce qui n’est pas inhabituel dans un hôpital, mais surtout quelqu’un d’hostile. D’une hostilité dirigée contre moi, d’une hostilité mortelle. Cela m’affole, je suis à sa merci. Non pas complètement, je me calme. J’essaie d’augmenter encore son inquiétude. La personne malgré son malaise grandissant continue d’approcher. Elle doit être dans ma chambre. Le rythme de mon appareil change. Ma conscience n’est plus aussi claire. Elle s’échappe. Je jette mon esprit vers l’appareil. J’essaie de lui faire prendre une fréquence qui fait toujours intervenir les infirmières. Il faut que j’y arrive… Oui ça y est. Sauvé. Non ! Il a un couteau. Je dois le chasser. Je lance toutes mes forces pour accentuer sa peur. Il est submergé d’une vague de panique qui me frappe douloureusement. Je n’avais pas songé à me protéger. Sa présence s’éloigne rapidement.
L’infirmière n’arrive pas. Je n’ai plus la force de m’occuper de mon appareil. Ma lucidité faiblit.
Lentement je reviens. L’appareil bourdonne de manière rassurante, des infirmières sont là. L’alerte a été chaude.
Quand deux jours plus tard, deux personnes s’approchent, une plutôt inquiète et l’autre excitée, je me tends. Mais elles ne pensent pas à moi, pour elles je n’existe pas. L’excitation grandit. Je n’avais pas compris tout de suite, car c’est la première fois que je la ressens depuis que je suis ici, c’est une excitation sexuelle. Je suis soulagé, cela déclenche ce que j’appelle, faute de mieux, un fou rire. Quand je me calme, j’identifie l’une deux personnes, c’est une des infirmières qui s’occupe de moi. La signature de l’esprit de l’homme ne m’est pas inconnue, il passe parfois dans le secteur. Il doit travailler à l’hôpital. Ils ont trouvé refuge dans ma chambre pour faire leur petite affaire. C’est vrai que je ne dois pas les gêner, s’ils savaient. Je sens la chaleur de leur étreinte. Je perçois le moment où il la pénètre, la frénésie du coït, la jouissance qui submerge l’homme, suivi de leur départ rapide.
La donzelle est dotée d’une solide santé, car ses visites accompagnées dans ma chambre sont quasiment quotidiennes et même parfois pluriquotidiennes. À vue de nez, il n’y a que les nuits où elle n’est pas de service où je n’ai pas droit à sa visite. Elle devait avoir un autre lieu pour ses ébats, dont elle a été chassée. C’est maintenant ma chambre qui lui sert de baisodrome. Au moins une demi-douzaine de gars différents est venue s’ébattre avec elle. Je finis par savoir à quel genre d’exercice ils se livrent : pipe, cunnilingus, 69, pénétration et, je pense, deux ou trois fois sodomie. Une fois c’est une fille qui l’accompagne. Je participe un peu à leur jouissance. Cela me permet de découvrir le versant féminin du plaisir, bien qu’elle ne prenne que rarement son pied. Je me fais l’effet d’un voyeur.
Les visites que je reçois m’aident beaucoup, elles m’apportent du réconfort. Même si la peine de me voir tel que je ne me vois pas est souvent présente, mais il y a aussi de l’amitié, de la compassion, des prières, l’espoir et l’amour de Maman et de mes chéries, tout cela me donne du courage. Mais à part ça, il y a cette présence anonyme si forte qui m’insuffle la vie.
Pourquoi je ne retrouve pas l’usage de mon corps, alors que mon esprit fonctionne comme il n’a jamais fonctionné. Je réfléchis et j’ai peut-être une explication. Je tends toute ma volonté vers l’extérieur, vers ce qui m’entoure. Je devrais peut-être déployer la même énergie en la tournant vers moi. C’est le rythme de mon cœur que je sens en premier. Partant de lui, je me lance sur les pistes du reste. Je les remonte lentement, pour me heurter brutalement à un mur de douleur violente. Je me recroqueville, je me replie dans mon esprit, apeuré. Heureusement, la présence que j’appelle mon ange gardien m’aide à retrouver mon calme. Je puise en elle le courage de repartir. La souffrance surgit de nouveau, mais elle ne me surprend pas. Je tiens bon et continue à avancer, mais mon esprit, fatigué par cette lutte, décide de faire une pause. Je sombre dans l’inconscience. À chaque réveil, je recommence. Petit à petit j’apprivoise la douleur et finis par la dompter. Elle est toujours là, mais cantonnée, reléguée à l’arrière-plan et non plus omniprésente. L’aide que déverse en moi mon ange gardien m’est d’un grand secours.
Victoire ! Un doigt, je suis certain d’avoir imperceptiblement bougé un doigt, le majeur de la main droite. Et mon ange gardien qui n’est pas là pour constater ce couronnement. À partir de là tout s’enchaîne vite, je sens rapidement tous mes autres doigts. L’ouïe, l’ouïe me revient. Ha ! Entendre des bruits de voix. L’odorat, je n’aurais jamais cru que l’odeur de l’éther et du désinfectant soit si merveilleuse. Un jour, j’ouvre les yeux. Je suis ébloui. Je m’habitue à la lumière. Je ne vois pas très bien. C’est vrai, je ne dois pas avoir mes lunettes sur le nez. Je suis tellement pris par ces sensations retrouvées, que je ne sens pas l’infirmière arriver. Son cri me surprend :
Bientôt le ban et l’arrière ban du service accourent. Toutes ces présences excitées me perturbent. Un médecin finit par remettre un peu de calme. Il me demande si je l’entends, le comprends. J’essaie de répondre, mais j’ai du mal à parler. En quelques jours je retrouve l’usage de mon corps, mais je suis faible comme un bébé, mes muscles ont fondus. Pour bouger, j’ai besoin d’aide, pour manger aussi et de tous ces tuyaux qui m’entravent. Je constate une chose, d’avoir retrouvé l’usage de mes sens habituels, n’a pas fait disparaître ma perception psychique de mon environnement. Dès le lendemain les visites s’enchaînent. Mon ange gardien ne me rend plus visite. Est-ce parce qu’il pense que je n’ai plus besoin de lui ou le tourbillon dans lequel je suis plongé m’empêche-t-il de le sentir ? De toute manière pour l’instant je préfère ne pas parler de mon voyage intérieur.
C’est le 5 septembre que je suis revenu à la vie. Je suis donc resté presque deux mois absent. Les deux sœurs rayonnent de joie et je ne parle pas de Maman, ni d’Anne. Grâce à tous mes visiteurs, j’apprends en vrac que les grossesses se passent bien (à dire vrai, je le savais déjà, car je sentais la présence des bébés. Je sais même qu’Anne attend une fille et Gwendoline un garçon, mais ne dis rien, car je n’ai pas d’explications à ce que j’avance). Gwendoline a réussi tous ses examens. Sur ses huit UV, elle en a eu trois avec mention excellent, trois avec mention très bien et deux avec mention seulement, si je puis dire, bien. J’aurais aimé être aussi brillant. Que Dominique s’est mise au travail pour préparer son concours de véto. Elle a fini sa vacation à la bibliothèque depuis le 1er septembre, ou mon collègue a repris son poste. Une chose l’a bien amusée, après mon accident, l’administration a envoyé une remplaçante, qu’elle a dû mettre au courant. Que parrain m’a fait transférer au Val de Grâce où mon activité encéphalique a beaucoup intrigué le corps médical. Que suite à l’accident, outre de nombreuses contusions, j’avais deux doigts fracturés, un coude fêlé, une épaule démise et un traumatisme crânien. Lorsque Dominique m’a parlé du 1er septembre, ça m’a fait penser que j’avais vu sur les papiers d’embauche que c’était son anniversaire. Je lui souhaite donc avec retard ses 19 ans. À quoi elle me répond qu’en me réveillant je viens de lui faire le plus beau cadeau qui soit.
C’est d’Anne que j’apprends la nouvelle la plus inattendue. J’ai senti chez elle qu’il y avait quelque chose derrière sa joie. Profitant d’un moment où je suis seul avec elle, je l’amène à confier ce qu’elle a sur le cœur. Elle s’est réconciliée avec son mari. En entendant parler de lui, mes doutes me reviennent, avec en plus la certitude que c’est une action délibérée, comme l’a confirmé la tentative qui a eu lieu à l’hôpital de débrancher mes appareils de survie. Bien sur je n’en dis mot. Elle me raconte qu’après leur dispute, ils ne s’étaient plus vus pendant un mois. S’il passait par Paris, il ne venait pas à l’appartement. Un jour il est revenu. Ils se sont longuement parlé, comme jamais. Il avait changé. Il était devenu humain, et était malheureux. Ils se sont pardonnés. Cette réconciliation s’est scellée sur l’oreiller. Je demande :
Quand il est revenu, il savait qu’il n’était pas de lui, il l’accueille avec sérénité. Elle s’inquiète si je ne lui en veux pas. D’autant que cela s’est passé pendant que j’étais inconscient. Je la rassure en lui expliquant que même si je l’aime, cet arrangement, où je la baisais - j’emploie volontairement un mot cru - alternativement avec ses filles, me gênait. Le « Allez voir dehors si j’y suis les filles, pendant que je saute votre mère », ne me paraissait pas le top du meilleur goût. La situation va devenir plus saine, même si je ne regrette pas ce qui s’est passé, et cela ne m’empêchera pas d’aimer l’enfant à naître. Elle est soulagée de ma réponse, un sourire éclaire son visage. Pour ne pas s’attarder outre mesure sur ce sujet délicat, je lui parle de mon ange gardien. Elle m’écoute attentivement, je la sens troublée. Elle doit croire que je suis exalté. J’aurais dû en parler au Père Bernier. Mais pour changer la conversation, c’est ce sujet qui me tient à cœur qui m’est venu à l’esprit. À peine ai-je finit qu’elle prend rapidement congé. On dirait qu’elle se sauve, me croit-elle fou ?
À peine plus d’une heure plus tard, elle est de retour accompagné des filles. Elle me demande de raconter à nouveau mon histoire. Quand j’arrête de parler, un long silence s’installe. Je les sens de plus en plus perplexes, même plus que ça, perturbées. Des sentiments contradictoires les agitent. Croient-elles que la religion m’a dérangé l’esprit ? Non ce n’est pas ça. Dominique finit par demander :
Elles me pressent de question. Je finis par leur apprendre qu’avant de m’éveiller, j’avais progressivement pris conscience de ce qui m’entourait, que je percevais les gens qui m’entouraient, que j’avais fini par les différencier. Savoir que c’était une infirmière ou quelqu’un de proche, elles, Maman, le Père Bernier, Parrain, etc. Que les visites que je recevais m’aidaient, car me donnaient de l’amour, de l’amitié. Même quand je sentais de la peine ou de l’angoisse, cela me motivait pour pourvoir les rassurer, leur dire que j’étais là. La présence de ce que j’appelle mon ange gardien était différente. Je sentais son amour et son désespoir, mais rien d’autre. Surtout, elle m’insufflait force et même vie. Je ne vois pas trop où elles veulent en venir, et j’ai du mal à me concentrer suffisamment pour les « sonder ».
Nouveau silence. C’est à nouveau Dominique qui se lance à l’eau. Elle pense qu’elles ont la clef du mystère. Quelqu’un est venu tous les jours et restait près de moi, souvent jusqu’à ce que les infirmières la mettent dehors, qui disait qu’elle devait être là pour m’aider. Intrigué et avide, je demande qui.
Dominique précise :
Je ne demande pas pourquoi elle ne vient plus. Je me mets à sa place, maintenant que je suis réveillé, avec l’existence de Dominique et Gwendoline, elle n’ose pas. Mais je demande :
Après un silence Dominique reprend :
Je reste interdit. Je me reprends et demande si sa chambre est loin, devant la réponse affirmative, je vais jusqu’à mon fauteuil roulant et demande que l’on me conduise jusqu’à elle. Ces dames me poussent jusqu’à la chambre, sans hésitations. Quand je la regarde mon cœur se serre, elle a les joues creuses, le teint cireux, ses bras sur les draps sont décharnés, son souffle est saccadé. Je prends sa main, sa respiration se calme un peu. J’essaie de lui rendre un peu de ce qu’elle m’a si généreusement offert. Mais je ne suis pas au sommet de ma forme. À ce moment Anne me pose une main sur mon épaule. Je sens que je peux puiser en elle de l’énergie. Je commence par le faire, mais je me ravise. Je ne sais rien des conséquences de ce que je suis en train d’accomplir, si j’en juge par les résultats sur Véronique ça peut être dévastateur. Or, elle est enceinte. Il ne faut pas que je lui prenne de la force vitale. Je lui retire sa main et demande à Dominique de la remplacer en lui expliquant ce que je tente et l’inconnu des conséquences de cette action. Sans hésitation, elle pose ses deux mains sur mon cou. Je lui demande de me prévenir si elle se sent quoique ce soit d’anormal. Je ne sais combien de temps nous restons ainsi, mais Véronique finit par murmurer « Bernard » et ouvrir les yeux un pâle sourire aux lèvres. Elle regarde dans notre direction, son sourire se voile en même temps que son esprit. Malgré mes efforts, rien de plus ne se passe. Je suis fatigué, si je veux l’aider il ne faut pas que je m’épuise. On me ramène dans ma chambre.
Dans les jours qui suivent, avec l’aide de sa sœur, de son frère, de la copine de celui-ci, de mes amis de la boutique, je lui donne de la vitalité. Je ne vous dis pas la tête qu’ils ont faite quand je leur ai demandé. D’autant que le résultat n’est pas à la hauteur de nos efforts. C’est désespérant. Seuls quelques mots qu’elle échange avec sa sœur donnent quelque espoir. L’effet bénéfique est plutôt sur moi. J’ai tant envie d’aider Véronique que mon état s’améliore à grande vitesse, d’autant qu’apparemment le soutien que je tente d’apporter n’a pas sur moi l’effet dévastateur qu’il avait sur elle. Peut-être parce que je me fais assister.
On a oublié de me redonner carafe d’eau et verre, je sonne. Une infirmière arrive. Je ne connais pas son visage, mais la reconnais immédiatement, c’est celle qui venait faire les parties de jambes en l’air dans ma chambre. C’est une mignonne petite blondinette d’environ 25 ans, avec un visage d’ange à qui l’on donnerait le Bon dieu sans confession. Quelle n’est pas ma surprise en apercevant à son doigt une alliance. Après avoir échangé quelques banalités, je lui demande si je peux lui poser une question indiscrète, et sans attendre j’enchaîne :
Là-dessus elle part chercher de quoi me désaltérer. Je pense qu’elle a une drôle de façon d’aimer son mari en se faisant culbuter comme elle le fait. À son retour, je lance :
Son esprit est rempli d’incertitude.
Elle bafouille, l’esprit en pleine confusion. J’enfonce le clou :
Méchamment j’ajoute :
Ses pensées ne sont plus que chaos. L’incompréhension, la peur, la honte dominent. Elle me regarde la bouche ouverte, les yeux agrandis. Ces derniers se remplissent de larmes. Elle éclate en sanglot, tourne les talons et s’enfuit.
Je regrette immédiatement ma sortie. Je ne sais ce qui m’a pris. Et puis de quoi je me mêle, cela ne me concerne en rien. Elle est libre. Je n’ai pas à la juger, d’autant que pour donner des leçons de morale aux autres je suis plutôt mal placé. Mon manque de réussite avec Véronique me rend d’humeur chagrine. Pour soulager cette frustration, je n’ai rien trouvé de mieux que de passer ma mauvaise humeur sur cette pauvre fille. Il n’y a pas de quoi se vanter, bonjour la charité chrétienne. Je suis tellement furieux contre moi que je ne parviens pas à trouver le sommeil.
La porte de ma chambre s’ouvre et à ma surprise la petite blondinette entre, les yeux rougis. Mon esprit en ébullition n’a pas senti son approche. Avant que je ne puisse prononcer un mot d’excuse pour mon comportement indigne. Elle éclate à nouveau en sanglots et c’est d’une voix hachée qu’elle se lance dans une longue tirade décousue d’où il ressort qu’elle est malheureuse, qu’elle aime son mari, que profitant qu’elle a peur de perdre son travail, on fait pression sur elle pour obtenir ses faveurs même, dixit « cette vieille vache d’infirmière-chef ».
Je sens son désespoir. Elle doit être tellement résignée que je n’avais pas senti qu’elle venait à son corps défendant. Les salauds, je comprends maintenant pourquoi elle prenait si rarement du plaisir. Je lui demande si d’autres filles subissent les mêmes pressions, sa réponse est positive. Je crois que je vais donner un bon coup de pied dans la fourmilière. Je lui demande si elle pense pouvoir en faire venir au moins certaines dans ma chambre. Elle pense que oui.
Au moment du changement de service Carine, la petite infirmière blondinette entre avec trois collègues. Je ne leur fais pas la leçon, mais leur explique qu’elles ne doivent plus céder aux sollicitations de certains membres du personnel qui profitent de leur position. Que cet abus de pouvoir est indigne. Elles redoutent des représailles. Je leur dis que je me charge de faire passer le message. D’autant qu’il y a un bon point le chef de service n’a jamais eu la moindre attitude équivoque. J’obtiens une petite liste de personnes parmi les plus assidues à ce genre de contraintes. Je crois que vais avoir quelques entretiens qui ne vont pas leur être très agréable. Je profite de la visite un matin pour arrêter le médecin-chef et lui glisser quelques mots en particulier. Il est outré, il m’assure qu’il va mettre les points sur les i pour mettre un terme à ces pratiques inacceptables. Il me demande les noms des victimes, mais j’explique que je préfère ne pas mettre encore plus dans l’embarras ces jeunes femmes. Il n’insiste pas.
Je m’arrange ensuite pour rencontrer « la vieille vache ». Elle veut le prendre de haut. Qu’elle ne sait pas de quoi je parle et que de toute manière je ne suis pas militaire. Je lui susurre de se renseigner pour savoir qui m’a fait transférer, moi un civil, au Val de Grâce. Car je suis prêt à faire savoir ce qui se passe ici. Il sera probablement très intéressé par l’image que ce genre de choses peut donner de l’armée. Visiblement elle le sait, car elle se trouble. Après avoir soufflé le chaud, je joue l’apaisement en disant que l’on n’entendra plus jamais parler de ce genre de malentendus, que ce serait dommage de voir l’inspection débarquer avec ses gros sabots ici. Manifestement le message est passé. Elle est furieuse, mais elle a peur. Mes autres rencontres se déroulent à peu de choses près de la même manière, avec les mêmes résultats. D’aucuns ne nient même pas, arguant qu’elles ne demandent que ça, mais préfèrent quand même éviter les vagues. Certains petits anneaux au doigt y sont probablement pour beaucoup. Bobonne ferait peut-être quelque difficulté si elle avait vent de ce genre de choses.
Il m’a fallu plusieurs jours pour arriver au bout de la tâche que je m’étais fixée. Mes petits entretiens et la sèche note de service du médecin-chef ont l’air d’avoir porté. Il y a même eu un effet domino dans les autres services. In fine de ma crise de mauvaise humeur, il a l’air de plutôt ressortir un bien. C’est tout au moins l’avis de Carine et de ses trois collègues. Par deux fois des jeunes femmes, qui ne faisaient pas partie du quatuor initial, se sont glissées dans ma chambre pour me remercier. Dont l’une visiblement était visiblement à bout et s’est épanchée sur mon épaule de l’enfer qu’elle vivait, fait de sous-entendus salaces, de mains baladeuses, de pièces sordides où on l’entraînait pour la baiser sans aucun égard. Plus amusante a été la visite de la féministe de service, venu me dire que pour un homme, j’avais fait quelque chose de bien et que j’avais eu raison de remettre tous ces machos à leur place. Sa tête quand je lui ai dit qu’il n’y avait pas que des hommes qui profitaient de la situation, m’a mis en joie.
Au cours d’une visite de Parrain, je lui reparle de mes doutes quant au côté accidentel de ma rencontre avec la voiture. Il est dubitatif, malgré les incidents précédents. Pour le convaincre, je lui narre la tentative qui a eu lieu ici même. Il a l’air sceptique quand je lui parle de mes dons psychiques. Pour le convaincre, je décide de lui prouver mes capacités. Sans faire de commentaires, je note sur un papier trois choses auxquelles je veux le faire penser. Papa en uniforme, sa maison de campagne et mon dernier dîner chez lui. En attendant, dans la même optique, je lui demande de penser, d’abord à une couleur, ensuite à une forme, un numéro, enfin à une personne. Visiblement il n’y croit pas, il pense que je fantasme sur mes capacités. Quand je lui annonce qu’il a pensé à la couleur bleu roi, à une pyramide, non pas à un numéro mais à une addition 7 + 5 et qu’enfin c’est à Isabelle sa femme qu’il a pensé, je précise même avec beaucoup d’affection. Je lui remets aussi mon petit papier en lui disant qu’il a dû aussi penser à ça. Il me regarde effaré et un peu gêné, car lorsqu’il a songé à sa femme, son esprit a vagabondé vers des moments où il la serrait dans ses bras en l’embrassant. Il bredouille presque :
Je lui montre mon appareil de radio et le mets en marche sans y toucher et change les fréquences.
Il se ressaisit :
Je lui raconte comment ça s’est développé depuis mon accident.
Ça fait une semaine que je bataille contre l’apathie de Véronique et aujourd’hui le résultat est spectaculaire. Elle ne me parle pas, mais elle me serre la main et me sourit de nouveau. Quand Dominique et Gwendoline me rendent visite dans la soirée, je leur fais part des progrès du jour. Dominique m’explique alors qu’elles espéraient un tel résultat après leur visite rendue hier à Véronique en sortant de ma chambre. Elles ont discuté avec elle. Je sais ce qu’elles vont dire et je ne me trompe pas. En résumé, elles lui ont dit bienvenue au Bernard’s love Club. Là où il y en a pour deux, y en a pour trois. Dominique précise :
Et Gwendoline d’ajouter avec une naïveté déconcertante :
Je complète sa phrase intérieurement « Ça fait une place vacante ». On croirait presque qu’elle parle du siège d’un conseil d’administration, auquel on pourvoit par cooptation. Je ne proteste pas de ce qu’elles ont décidé sans me consulter. Je savais que ces derniers évènements avaient fait de Véronique quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Mais je n’en assumais pas toutes les conséquences. Maintenant qu’elles m’ont forcé la main, ou plutôt ouvert les yeux je dois bien me l’avouer elle a rejoint les deux sœurs dans mon cœur, tant j’ai senti la force de son amour. Un amour dévoué, sans restriction, la menant au-delà d’elle-même.
De ce jour Véronique et moi reprenons du poil de la bête à grande vitesse, étonnant même les médecins. Elle se remplume rapidement. On parle de nous envoyer en maison de repos. Je crois que certains ne seront pas mécontents de nous, ou plutôt de me voir dégager le plancher. Je n’ai pas la naïveté de me demander pourquoi.
Je discute avec Véronique dans sa chambre, quand on m’avertit que j’ai de la visite. Je regagne ma chambre. Un monsieur m’attend. Il se retourne. Pas de doute je ne l’ai jamais vu qu’en photo, mais je le reconnais : c’est Monsieur Saint Lescure. Il se lève pour se présenter et me saluer. Je reste un moment sous le choc, avant de me ressaisir. Je sens chez lui de la gêne, de l’appréhension, mais il est déterminé. Sa poignée de main est franche. L’entrevue tant de fois envisagée va enfin avoir lieu. Et c’est la montagne qui est venue à moi. Il ne se perd pas en circonvolutions.
Après un temps, il ajoute avec humour et franchise :
Je me prépare à dire quelque chose, il me fait un signe de la main :
L’homme d’affaire ressortant en lui, il ne peut s’empêcher de parler « business », et de me poser quelques questions sur mes investissements. D’abord l’entreprise que j’ai reprise avec mes amis. Il est un peu déçu quand je lui dis qu’après y avoir travaillé, je l’avais quittée, ne me sentant pas une âme de gestionnaire et n’ayant, contrairement à mes amis, nulle compétence technique. Par contre il se montre très intéressé quand je lui dis que j’aide encore à la conclusion de certains contrats, avec l’armée ou avec certains pays africains grâce aux anciennes relations de mon père. Mais c’est ma gestion de mon portefeuille d’actions qui l’impressionne le plus, surtout quand il je lui dis que je m’en occupe personnellement, en m’efforçant de me tenir au courant de ce qui peut influencer les marchés. Il me dit que les résultats que j’obtiens pourraient faire pâlir de jalousie beaucoup d’investisseurs.
Quand il prend congé et que je lui dis au revoir Monsieur, il me dit de l’appeler Pierre. Cela s’est passé le mieux du monde. D’autant que durant tout notre entretien, je me suis efforcé de le sonder, car je n’oublie pas les attentats dont j’ai été victime. Mais j’ai fait chou blanc. J’en viens à penser qu’effectivement après l’attaque du Bois de Vincennes, il n’a plus rien tenté. Mais alors qui ?
Un peu plus tard, Anne arrive accompagnée des filles. Elles étaient au courant de la visite et s’inquiètent de la manière dont elle s’est passée. Je les rassure et leur fais un petit compte-rendu. Elles sont ravies de la tournure que prennent les choses.
Avec Véronique nous sommes priés d’achever de guérir ailleurs. Moi en maison de rééducation, elle dans ses foyers. Il faut dire qu’elle a vite récupéré. Mes muscles après cette longue inactivité n’ont pas retrouvé toute leur tonicité. Et mon bras gauche celui qui a écopé lors de la chute, est encore douloureux et raide. Quant à mon crâne, à part une nouvelle cicatrice qui s’ajoute à celle que je dois au coup de vase de la douce Gwendoline, les toubibs m’affirment qu’ils ne voient pas de séquelles et que tout est normal. Je dois vraiment avoir la tête dure. Mais je ne leur ai soufflé mot des petits talents que l’accident a développés en moi.
Je crois que je n’en ai pas fini avec la rééducation. Il faudra que ça aille, car je n’oublie pas que le mois prochain je dois rejoindre l’ENSB, l’école de bibliothécaire à Villeurbanne. Les formalités de sortie ayant été faites la veille, le matin une ambulance doit m’emmener vers le Centre d’orthopédie. Au moment de quitter la ma chambre, Véronique arrive. Nous sommes debout face à face, nos regards accrochés. Nos esprits se rencontrent. Elle se love dans mes bras qui s’ouvrent, nos lèvres se rejoignent pour notre premier baiser, doux comme une brise de printemps. Nos langues se découvrent. Jusqu’à ce jour, nous n’étions pas allés plus loin que se tenir la main et quelques caresses légères sur la joue ou sur la nuque. Nous sommes hors du temps et de l’espace, tout l’un à l’autre. Une décharge nous frappe douloureusement, nous ramenant cruellement dans notre monde. C’est Carine qui nous a effleuré l’épaule :
Elle rayonne de sympathie et de bienveillance, et est vraiment navrée d’avoir dû nous ramener sur terre. Je la suis. Au moment de monter dans le véhicule, elle m’embrasse sur la joue :
Après deux semaines de rééducation intensive, on accepte de me laisser partir. J’ai déjà mes rendez-vous de kiné à Paris et à Lyon. Seuls deux évènements sont venus rompre la monotonie de mon séjour. Le 25 septembre ont été fêtés mes 26 ans. J’ai eu à cette occasion un nombre record de visites. Et jeudi dernier nous avons signé pour un nouvel appartement. Les deux sœurs, accompagnées de Véronique après sa sortie, avaient prospecté pour trouver un appartement plus vaste. Elles en ont trouvé un qui leur semble idéal. Tout le cinquième étage d’un immeuble Haussmannien dans le quartier des Invalides. Avant d’aller chez le notaire, j’ai pu aller le visiter (heureusement il y a un ascenseur). À l’origine il y avait trois appartements différents que le précédent propriétaire avait successivement achetés. Il est composé d’une immense salle à manger, de huit autres pièces, d’une grande cuisine, d’une buanderie et de trois salles de bain. Pour la surface ce n’est pas cher. L’achat se fait à nos quatre noms. Les parents de Dominique et Gwendoline donnant à chacune de leurs filles un quart du prix, Moi même j’en apporte 40%. Ça met une claque à mes placements monétaires Les 10% restants venant de Véronique. Cette dernière ne disposait pas d’une telle somme. Comme les sœurs et moi pensions qu’elle devait être associée à l’achat, nous lui proposons d’avancer les fonds nécessaires. Cela la gênait terriblement, elle avait l’impression que nous lui faisions l’aumône. Finalement c’est sa sœur, son frère et le premier mari de sa mère qui l’ont aidée.
Entre parenthèses, j’ai le plus grand respect pour ce Monsieur Carrier. Bien que Véronique ne lui soit rien, il s’inquiète pour elle, en plusieurs occasions l’a soutenue et protégée. À l’hôpital, il lui avait rendu plus souvent visite que sa mère. Il l’avait accompagnée pour me rencontrer et s’assurer qu’elle n’était pas tombée sur un oiseau semblable à ceux qu’elle fréquentait il y a encore peu. Au moment de partir il s’était un peu attardé pour me glisser :
Quand il m’a dit ça, je sentis sa réelle inquiétude. Ha ! Si tout le monde était comme lui. Enfin ne rêvons pas. Je ne passerais que deux nuits à Paris, avant de partir pour Lyon où Véronique m’accompagnera pour mon installation. Le nouvel appartement n’est pas encore disponible. Aussi c’est mon appartement que je rejoins, accompagné de ces trois demoiselles qui sont venues me chercher. Après le dîner, Véronique préfère regagner son logement. Cela me soulage un peu. Le rôle du sultan choisissant sa favorite de la nuit tandis que le harem attend son bon vouloir, me met toujours mal à l’aise.
Ça fait bientôt trois mois que les filles et moi n’avons pas eu d’intimité. Maintenant que je reprends du tonus, je dois bien avouer, que cela me démange un peu et même plus qu’un peu.
Je fais connaître mon choix, un moment de gêne est vite passé et je ne vais tout de même pas geindre sur mon sort. Et il faut bien avouer qu’il des avantages. Si une de ces demoiselles n’est pas en forme, a la migraine, n’est pas bien disposée, si, si ce sont des choses qui peuvent arriver, et que j’ai envie de faire crac crac, je n’aurais pas à faire ceinture. Je la laisse se reposer, sans l’importuner, ce qui a des chances d’améliorer son humeur à elle. Quant à mon humeur à moi, la frustration ne la fait pas virer au noir puisque je trouverais quand même un réconfort…
Après avoir aidé Gwendoline à ouvrir le canapé, Dominique et moi nous dirigeons vers la chambre. Nous faisons escale à la salle de bain pour une douche commune. Tandis que l’eau ruisselle sur nous. Je la serre dans mes bras, son cœur vibre et son désir croit, le mien aussi d’ailleurs. Je lui soulève le menton pour l’embrasser. Quand nos bouches se séparent, il faut bien reprendre son souffle, nous disons en même temps :
Cela nous fait sourire et nous enchaînons toujours de concert :
Là nous éclatons de rire. J’explore sa poitrine des mains et de la bouche. En sortant nous nous essuyons rapidement, la canicule est loin et on a moins envie de traîner mouillé. Je l’entraîne vers le lit. À la vérité, je n’ai pas besoin de l’entraîner, je devrais plutôt dire nous nous entraînons vers le lit. Elle s’y installe à quatre pattes, levant haut les fesses. Je m’installe à genoux derrière elle et la saisis par les hanches. Ma virilité pointe naturellement vers ce que la nature a prévu pour l’accueillir. Après avoir un peu balancé, mon gland trouve sa place, contre ses lèvres congestionnées. J’entre dans sa grotte d’amour lentement, millimètre par millimètre, voulant savourer chaque moment de la pénétration. Ça y est je suis planté en elle jusqu’à la garde, ses fesses contre mon ventre. Je commence, d’abord lentement, à ramoner son conduit si doux. Sa respiration devient saccadée. Brusquement elle lance :
Elle ne croit pas si bien dire, soudainement je sens que je vais partir. Je ne parviens pas à me contenir. Je me répands en elle. Elle ne m’a pas accompagné, je sens un bref désappointement. Elle n’y arrête pas, se retourne et prend les choses en mains, je devrais plutôt dire en bouche. Elle s’applique à me redonner de la consistance. Elle y réussit à merveille. Il faut dire que de la langue et des lèvres elle fait tout ce qu’il faut pour.
Elle relève un peu la tête, jugeant le résultat obtenu satisfaisant, elle reprend sa position initiale, tendant encore plus la croupe si cela est possible. Je retrouve le chemin tout à l’heure déserté et le sillonne de nouveau avec entrain. Cette fois-ci, je tiens la distance. Je sens son plaisir monter une première fois. Je la maintiens fermement et continue à la pistonner. Une seconde fois elle prend son pied, les mouvements désordonnés de son bassin me font arroser une nouvelle fois sa chatte. Pour une reprise de contact, ça ne s’est pas trop mal passé. Elle se love contre moi. Nous nous endormons rapidement.
8 h 00, il est 8 h 00 quand un coup de sonnette prolongé nous tire du sommeil. Je suis en train d’émerger péniblement quand Gwendoline surgit, me disant que quelqu’un désire me parler. J’enfile une robe de chambre et la suit. Un enseigne de vaisseau m’attend dans la salle à manger.
Je fonce procéder à la petite toilette que le sommeil qui m’a emporté ne m’a laissée faire hier soir et m’habille en un temps qui devrait figurer dans le livre des records. J’embrasse mes deux chéries sous l’œil un peu envieux du marin et le suis.
Nous fonçons dans Paris à une vitesse qui devrait valoir au chauffeur de se faire clouer au pilori par la maréchaussée. Nous pénétrons au 128 boulevard Mortier. On me conduit au bureau de parrain.