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n° 11944Fiche technique39675 caractères39675
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Temps de lecture estimé : 28 mn
10/11/07
Résumé:  Claire avoue son trouble à Anita, venue lui rendre visite. Sa randonnée dominicale avec le luthier sera riche en émotions.
Critères:  #initiation #premiersémois fh hplusag couple forêt campagne amour hdomine cérébral voir lingerie hmast nopéné jeu
Auteur : Musea      Envoi mini-message

Série : Les sorcières de Saint Amant

Chapitre 07
Entre peur et désir

Les deux jours qui suivirent parurent étrangement longs et difficiles à Claire. La présence de Louis deux soirs de suite avait déséquilibré son emploi du temps et son univers. Elle se sentait pressurée par ses obligations, alors qu’auparavant elle faisait les choses avec plaisir. Le samedi soir, elle s’affala devant son assiette, repoussa le repas qu’elle s’était préparé et fondit en larmes. Quelque chose semblait cassé. Elle en concevait à la fois soulagement et horreur et ces deux sentiments ballottaient son âme à tel point qu’elle en était déchirée.


Elle s’apprêtait à sortir pour apaiser ce chagrin lorsqu’elle entendit frapper à la porte. Elle essuya bien vite ses larmes et se hâta d’aller ouvrir.



À ces mots, Claire eut une nouvelle crise de larmes. Anita, bouleversée de voir son amie dans cet état, l’entraîna dans la cuisine et alla quérir une bouteille de liqueur de verveine dans le placard. Elle remplit deux petits verres, en tendit un à Claire et d’un ton sans réplique :



Le liquide ambré violemment parfumé lui brûla la gorge. Elle toussa et de nouvelles larmes éclaboussèrent la table, mais celles-ci n’étaient pas de douleur.



Anita sourit et posa sa main sur l’épaule de son amie.



Anita soupira et caressa les cheveux de Claire.



Claire sourit en rougissant.



Claire acquiesça.



Claire regarda son amie avec inquiétude.



Elle éclata de rire :



oooo00000oooo


La nuit avait été agitée. Peut-être un petit peu trop de liqueur et de confidences… Au matin, Claire se sentait courbatue comme si elle avait lutté contre une armée de guerriers. Sa tension était extrême et elle se demanda si vraiment elle pourrait suivre le luthier dans la montagne. Une immense fatigue montait d’elle et ce fut sans enthousiasme qu’elle prépara les sandwichs qu’il lui avait demandés. Il était presque dix heures quand elle entendit taper au carreau de la cuisine. Louis, sac au dos, chapeau de feutre sur la tête, souriait largement. Claire ouvrit la fenêtre, surprise de le voir aussi tôt.



Claire acquiesça.



Claire sourit.



Le chemin, curieusement, partait du sentier par lequel Claire faisait passer ses bêtes pour aller au pré. Ainsi Louis avait dû très souvent passer près de chez elle pour se rendre en cet endroit connu de lui seul. Cette idée troubla la jeune fille et elle pensa à la confidence du luthier : Une petite fille qui riait en courant après les papillons. Sans doute était-ce à l’occasion de ses escapades qu’il l’avait aperçue gardant les vaches avec sa mère. Émue, elle fixa le dos de son compagnon avec tendresse. Ils longèrent la colline de la Croix Chenue avant de s’enfoncer dans un bois sombre, parcouru ça et là de puits de lumière verte, éclairant quelques girolles.


Pendant que Claire faisait une pose sur une souche recouverte de mousse, Louis se pencha pour ramasser quelques champignons dans un large mouchoir :



La jeune fille l’observait avec amusement, son chapeau de paille à larges bords posé à ses côtés.



Louis fronça les sourcils :



Claire se mit à rire :



Louis contempla la jeune fille avec émotion et répondit :



Remuée par ces paroles, Claire se taisait, tremblante. Lorsque Louis s’approcha d’elle pour la prendre dans ses bras, elle frissonna, saisie, les jambes coupées. Il s’agenouilla devant elle, caressa doucement de la paume les contours de son visage, ses cheveux, son cou. Un flot d’images voluptueuses envahit son esprit et une brusque érection fit gonfler le tissu de son pantalon. Suspendant ses caresses, il murmura d’une voix rauque :



Il se leva et lui tendit les mains. Claire, toujours tremblante, lui tendit les siennes. Elle se demandait si elle pourrait marcher. Mais elle le put et ce fut elle qui ramassa le mouchoir plein de girolles et le mit dans son panier. Louis était déjà loin. Lorsqu’elle le rejoignit, la forêt avait fait place à un pré couvert de fleurs bordé de grands sapins et de myrtilliers. Un ruisseau invisible faisait entendre son chant et des milliers de papillons semblaient s’être donné rendez-vous. À chaque pas que faisait Claire dans les hautes herbes, ils s’envolaient tels des pétales de fleurs. Émerveillée, la jeune fille s’immobilisa et s’écria :



Le luthier se retourna, le regard brillant, ravi de la voir si heureuse.



En effet, après avoir enjambé le ruisseau au sommet du pré et longé un buisson de genêts ils trouvèrent en contrebas, au bout d’un étroit chemin sinueux, une petite maison basse en pierres sèches et au toit de lauzes. Un magnifique panorama s’offrait à leurs yeux. Les monts du Forez, les bois profonds, et tout en bas les toits rouges des villages, posés comme des jouets miniatures. Et toujours ces milliers de papillons dansant au-dessus des fleurs. Claire s’était assise dans l’herbe. Éblouie, elle ne pouvait que répéter :



Louis la regardait avec adoration. À cet instant, il eut l’impression de lui avoir donné un morceau de sa chair la plus intime. Un frisson lui parcourut l’échine, faisant écho à son sexe dressé, douloureux du désir refoulé depuis la forêt.



Le luthier s’esquiva rapidement derrière le mur de la maisonnette, déjà chaud de soleil Il posa son sac. Là, il put enfin éteindre, de ses mains encore odorantes de mousse et de girolles, la montée de passion à laquelle il ne pouvait plus résister. Un gémissement sourd lui échappa quand, le plaisir le terrassant, sa tête coiffée de feutre heurta le mur de pierres. Il chancela, se rajusta rapidement, s’essuya les mains sur l’herbe et sortit la clé noire de sa poche avant de la plonger dans la serrure. La porte grinça, chuintant sur ses gonds, et une bonne odeur de foin coupé vint chatouiller les narines de Louis. Il sourit, encore chahuté par sa courte jouissance, et chercha dans la pénombre le volet de bois de l’unique fenêtre. Il s’avança pour le faire pivoter, inondant la pièce de soleil. Puis il ressortit et appela Claire :



La jeune fille se leva et le rejoignit en courant. Elle pénétra dans la maisonnette et sourit en voyant la table et les tabourets construits grossièrement. Elle posa le panier qui contenait les sandwichs, sa gourde et son chapeau et se tourna vers Louis :



Il acquiesça avec malice et lui prit la main :



Claire leva les yeux et examina les poutres et les lauzes.



Claire, un peu troublée à cette idée, ne répondit pas. Elle sortit au soleil et s’assit au milieu des bruyères roses. Le vent faisait s’envoler les mèches rebelles de son chignon et rafraîchissait son front en sueur. Les monts d’Auvergne semblaient scintiller sous la lumière et des milans planaient haut dans le ciel, à la recherche de leur repas. Louis vint la rejoindre et l’entourer de ses bras.



Claire se retourna et rit :



Louis en riant venait de l’emporter dans ses bras sans crier gare.



Et sans plus de façon, il la déposa près de la cabane. Puis il sortit la couverture, la déplia sur l’herbe courte et alla prendre une cruche qui traînait dans un coin de l’unique pièce.



Claire alla chercher son panier et le déposa sur la couverture. Puis elle prit deux verres et deux assiettes dans le meuble clapier désigné par le luthier. Elle était en train de dénouer les torchons qui enveloppaient les sandwichs quand Louis revint. Il sourit à la vue de la douzaine de tranches épaisses garnies de charcuterie et de fromages :



Il s’assit tout près de la jeune fille, posa la cruche emperlée de gouttelettes et saisit un sandwich dans lequel il mordit à belles dents. Puis il se retourna afin de profiter tout à loisir de la vue merveilleuse qui s’offrait à eux.



Louis regarda Claire d’un air coquin et secoua la tête négativement.



Ils dégustèrent en silence les tranches de pain maison et le lard grillé, le saucisson de pays et les fromages de la ferme. Le luthier avait apporté du vin dans sa gourde dont il remplit à moitié les verres et qu’il coupa avec l’eau fraîche du ruisseau. Le temps semblait suspendu. Comme le premier soir où ils avaient partagé un repas, Claire et Louis ressentaient une profonde harmonie à être ensemble. Ils se regardaient, et il passait alors entre eux un grand courant de tendresse qui leur gonflait l’âme de soupirs heureux. Ce fut Claire qui rompit le silence :



Claire sourit et prit la main que Louis lui tendait. Lentement, ils remontèrent sur la colline et longèrent le ruisseau pour retrouver la clairière où se trouvaient, bien blottis les uns contre les autres, des tas de branches entrelacées couvertes de fruits.



Claire se pencha et cueillit quelques petits fruits qu’elle mit à sa bouche. Le parfum prenant, légèrement acidulé, lui éclata au cœur. En altitude, les framboises gagnaient une saveur vraiment incomparable ! Louis s’était agenouillé et tout en cueillant il guettait sa réaction. Quand il vit son sourire, il se rengorgea :



Elle allait lui répondre vertement mais il mit sa main sur sa bouche :



La jeune fille interrompit sa cueillette et fixa son compagnon sans comprendre. Louis sourit en ajoutant :



Louis haussa les épaules :



Claire sourit :



Lui-même l’aida tant et si bien qu’ils remplirent leur récipient entièrement en à peine une demi-heure.



oooo00000oooo


Un peu plus tard, les bras chargés, Claire et Louis s’asseyaient exténués sur les tabourets rustiques de la cabane. La chaleur et l’exercice leur avaient imposé cette retraite. Le luthier referma à demi l’unique volet de bois et, ramassant la couverture, la déposa sur le tas de foin au fond de la pièce.



Claire hésita un moment. Elle repensa au visage de Louis dans la forêt, à ses paroles, au désir si souvent ressenti et évoqué par lui, au trouble qu’elle ressentait elle-même lorsqu’il la prenait dans ses bras et qu’il l’embrassait. Louis, déjà installé, la regarda d’un air taquin :



Se sentant devinée, la jeune fille répondit d’un ton badin :



Louis se mit à rire :



Claire s’assit au bord de la couverture. Mais le moelleux du foin la fit basculer en arrière et elle se retrouva bientôt allongée complètement sur ce lit improvisé. Louis se déplaça légèrement pour être à sa hauteur et lui murmura :



Claire se mit à rire doucement :



Puis, changeant de ton il demanda, brusquement sérieux :



Un silence et elle reprit :



Claire tressaillit et rencontra le regard du luthier qui la fixait intensément dans la semi obscurité :



Louis sourit :



Elle eut un petit rire et après un silence, elle plaisanta :



Claire regarda son compagnon, mi-amusée, mi-inquiète. Elle se demanda une seconde si la plaisanterie n’avait pas un goût de vérité. Elle lui coula une œillade tendre puis détourna les yeux pudiquement.



Et il se jeta sur elle en la criblant de baisers. Claire poussa un cri :



Et il la regarda avec une émotion qui cachait mal son désir. Claire caressa ce visage penché au-dessus d’elle, doucement, si doucement qu’elle sentit un frémissement le parcourir. Elle glissa ensuite la main dans les cheveux de Louis avant de l’attirer doucement à elle et de lui donner le baiser qu’il réclamait. Elle réalisa en même temps que c’était la première fois qu’elle embrassait un homme, presque de sa propre initiative. Elle en éprouvait de la confusion mais aussi un désir grandissant de l’embrasser encore et encore, jusqu’à l’ivresse, jusqu’à se fondre avec lui.


Louis devinait son trouble et s’émerveillait de l’avoir suscité. Il répondait à ses baisers avec force, avec passion, faisant durer l’émoi qui les submergeait. Son sexe de nouveau lui faisait mal à force de désir, mais il savait qu’il ne se passerait pas beaucoup de temps avant que Claire s’abandonne à lui. Il reconnaissait à de tout petits détails l’envie de sa compagne d’aller plus loin : le regard intense, la chaleur de ses baisers, les frissons qui la parcouraient quand il l’étreignait, la passion qu’il sentait couver sous sa réserve. Alors, sans cesser d’embrasser la jeune fille, il commença doucement à caresser son cou et ses épaules. Et sa bouche descendit rejoindre ses mains qui déboutonnaient le haut de la robe de coton noir.


Son corps emprisonnait celui de Claire et il maintenait, tout contre le ventre de la jeune fille, son sexe dressé sous la toile du pantalon. Le frottement sensuel qu’il imposait ainsi excitait leurs sens et les faisait gémir. La robe entrouverte révélait une combinaison blanche à bretelles. Pas de ces fanfreluches à dentelles que Louis connaissait, mais une simple cotonnade ajourée dont il dénoua doucement les rubans pour dévoiler puis dénuder tout à fait le buste de la jeune fille. Les seins ronds de Claire apparurent, pointes sombres dressées, véritable invitation à la gourmandise. Le luthier les caressa doucement, s’émerveillant de leur rondeur et de leur sensibilité. Leur peau en était douce, si douce qu’elle était une tentation de plus. Les tétons, d’un rose brun, faisaient penser aux framboises qu’ils avaient cueillies un peu plus tôt dans l’après-midi.


Il approcha ses lèvres de ce dessert improvisé, appréciant la saveur vanillée de la chair tendre livrée à son désir, tandis que ses mains partaient à la découverte d’autres trésors cachés sous la robe noire, provoquant de nouveaux gémissements de plaisir à sa compagne. La jeune fille montrait si ingénument qu’elle vivait ses premiers émois dans les bras d’un homme que le désir montait en Louis, aussi fort que la tendresse en son cœur.


Les baisers de l’homme se faisaient plus passionnés, ses lèvres plus avides. Ses mains caressaient les hanches et le ventre mis à nu de la jeune fille. Sa bouche traçait un chemin humide, connue d’elle seule, passant d’une pointe de sein à l’autre, remontant au cou gracile, puis aux lèvres de Claire avant de replonger dans un ballet de plus en plus rapide. Le désir entraînait le luthier dans un tourbillon de caresses de plus en plus audacieuses et lorsqu’un rayon de soleil tomba sur le buste abandonné de sa jeune compagne, il ne put résister au plaisir de mordre les épaules blanches à pleine bouche. Il savait, en amant rompu au libertinage, que cet attouchement aurait un écho particulier sur sa jeune compagne, écho d’autant plus intense qu’elle était sans expérience.


Or, contrairement à ce qu’il pensait, ce fut peut-être ce contact plus charnel, plus passionné, plus fort et plus sauvage aussi, qui avertit Claire des risques où les emmenait la volupté. Elle cria et repoussa violemment le luthier, le visage défait, apeurée par cette caresse brutale, par le brasier ardent que la morsure avait allumé au creux de ses reins, affolée sans même s’en rendre compte par l’intensité de son propre désir. Puis elle ramena ses mains sur sa poitrine, dans un signe de défense farouche. Louis la regarda, un instant hébété, surpris et dégrisé par ce rejet. Puis, semblant comprendre la confusion de la jeune fille, il lui sourit tendrement :



Mais en disant cela il se heurta au visage fermé de Claire, hésitant entre la honte et la colère. Il fut douché par son regard glacial, meurtri comme jamais il ne l’avait été. Et plus encore lorsqu’elle ordonna d’un ton sec et froid :



Claire n’était pas comme les autres. Il avait cru, dans l’ivresse des premiers émois, qu’il pourrait la soumettre au plaisir comme toutes celles qu’il avait courtisées jusque là, mais elle lui faisait front, désarçonnant tous ses plans pour la posséder. L’humiliation de l’échec qui le submergeait se changea en culpabilité tandis qu’il fixait les doigts fins de la jeune fille, crispés de peur sur le coton noir de sa robe. Une seule pensée le tourmentait : il ne voulait pas la perdre, parce qu’il l’aimait. Plus qu’il n’avait jamais aimé et pas du tout parce qu’elle se refusait à lui.


Non, il l’aimait parce qu’en sa compagnie il se sentait réconcilié avec tout ce qu’il était : l’enfant, tout à la fois solitaire, espiègle et malicieux, le jeune homme fier, épris de liberté et d’indépendance, rebelle à toute autorité, le libertin par jeu, par défi, et enfin l’homme épanoui dans son travail, dans sa musique, affirmé dans son autorité comme dans sa sensualité. Et ce sentiment de plénitude, d’accomplissement et de bien-être profond, jamais il ne l’avait éprouvé auparavant auprès d’une femme. Claire était la seule à laquelle il avait accordé sa confiance, la seule dont il n’avait pas craint le jugement, la moquerie. Et il s’en étonnait, fasciné par l’abandon qu’il lui avait consenti, ému au plus secret de son être. Si elle le rejetait définitivement, il ne retrouverait pas ce sentiment d’accomplissement total. Avec aucune autre.


Il se leva et tendit ses mains à la jeune fille afin d’amorcer une réconciliation mais elle se détourna pour rajuster ses bretelles, redescendre et boutonner sa robe.


Louis soupira et alla rouvrir le volet avant de verser l’eau de la cruche dans une cuvette pour une petite vaisselle improvisée. Il tournait le dos à la jeune femme et elle lui sut gré de la laisser reprendre pied avec la réalité.


Intérieurement, elle se maudissait d’avoir cédé aux baisers et caresses de Louis. Elle se traitait de chienne en chaleur. Et pourtant, son ventre éperdu continuait à vibrer de désir, comme si le luthier la caressait encore. À croire qu’elle était sous emprise totale de cet homme. Et ses reins la torturaient plus que la morsure faite son épaule. Jamais elle n’aurait cru qu’elle prendrait tant de plaisir entre ses bras… Fallait-il que son corps manquât cruellement de caresses pour s’affoler ainsi ? Et son cœur, comment pouvait-il se résoudre si facilement à accepter un homme dont le libertinage aurait dû lui faire horreur ?


Confuse et déstabilisée par la situation, elle resserra une nouvelle fois ses bras sur sa poitrine encore tendue de volupté, comme si elle voulait bannir toute fièvre, tout désir, avant de tirer la couverture pour sortir du foin odorant.



Le luthier lui tendait à nouveau les mains. Elle n’eut pas le courage de lui opposer un autre refus. Elle les saisit en frissonnant, et se retrouva de nouveau dans ses bras. Et de nouveau le désir envahit ses sens, lui faisant baisser la tête, honteuse de ne ressentir aucun dégoût. Comme pour ajouter à son trouble, l’homme murmura, les lèvres dans ses cheveux :



Ce dernier mot raviva sa colère. Décidément, elle détestait qu’il la voie aussi fragile qu’une porcelaine. Et pourtant, elle aimait cet état de faiblesse qu’elle avait dû tant de fois repousser pour survivre au malheur. Perdue en pleine contradiction, la jeune fille repoussa doucement l’étreinte de Louis pour refaire son chignon défait, prendre son chapeau et glisser la timbale dans le panier, à côté des girolles. Elle ne voulait pas lui pardonner. Elle se sentait l’envie de le blesser, de le rejeter pour toujours, tout en redoutant plus que jamais qu’il se détourne d’elle. Indécise, encore tourmentée par cet émoi charnel qu’il avait éveillé, elle demanda timidement :



Louis sourit. Avait-il compris le combat intime qui se jouait en elle ? Sans aucun doute. Et la perspective d’une victoire prochaine, qu’attestait le ton radouci de la jeune fille, amena un éclair de joie à son regard bleu. Mais, soucieux de ne pas effrayer Claire davantage, il se détourna pour répondre, aussi calmement qu’il le put :



Il ramassa la couverture, la plia et la rangea au fond du sac avant de prendre une tige de verveine pour entourer la cueillette champêtre et la nouer en un seul bouquet odorant. Puis il glissa le tout dans sa musette et la mit en bandoulière à son épaule. Il était temps de partir. Claire l’attendait, le regard tourné vers la montagne. Elle ne lui cèderait pas aujourd’hui. À regret, il ferma le volet puis chercha la clé dans sa poche. Il embrassa du regard la petite pièce, saisit son feutre et referma la porte.


Dehors, le soleil était moins chaud et le vent avait repris sa course vive, agitant les gentianes et les genêts, fouettant son visage avec vigueur, faisant gonfler sa veste, plaquant sa chemise. De lourds nuages violets s’avançaient vers les monts du Forez, veloutant d’ombre les forêts.



La jeune fille approuva et prit la main qu’il lui tendait. Le panier était lourd et elle avait du mal à grimper le raidillon qui menait au ruisseau, tant le vent était fort. Louis saisit l’anse et l’aida de son mieux. De nouveau, l’harmonie les réunissait et c’est avec un grand sourire heureux que l’homme entraîna sa compagne vers la forêt. Il fallait redescendre dans la vallée au plus vite pour que la pluie ne les surprenne pas. Lorsqu’ils arrivèrent devant la ferme, les premiers coups de tonnerre résonnaient. Louis sortit le bouquet d’herbes de sa musette et le tendit à Claire.



Elle ne répondit pas tout de suite, submergée par le renouvellement de l’invitation. Malgré son attitude farouche, il voulait donc la revoir… Émue au-delà de toute expression, Claire regarda le luthier s’éloigner sur le chemin avant de crier dans le vent :



Le luthier se retourna, son regard bleu étincelant de reconnaissance, et il lui envoya un baiser du bout des doigts avant de courir se mettre à l’abri. Le temps allait lui paraître une éternité sans elle, mais il ne voulait penser qu’au plaisir prochain qu’il se promettait de lui faire partager. Ses caresses, peut-être un peu osées, avaient ouvert la voie à d’autres étapes, plus intimes, et il savait d’avance qu’elles seraient délicieuses…