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Temps de lecture estimé : 15 mn
02/11/07
Résumé:  Après l'aveu de son identité, Louis décide d'apprivoiser tendrement Claire.
Critères:  fh hplusag campagne jardin amour hdomine jeu init -prememois -initfh
Auteur : Musea      Envoi mini-message

Série : Les sorcières de Saint Amant

Chapitre 06
Un amour naissant

Un peu plus tard, Claire et Louis dînaient pour la première fois en tête-à-tête. Cette intimité nouvelle, presque inattendue, les rendait timides et gauches. Le silence s’installa sans qu’aucun d’eux n’éprouve le besoin de le briser. Savourer ce moment leur suffisait. Ils mangeaient lentement, se souriant de temps à autre avant de prendre une bouchée. Le temps leur semblait suspendu. Lorsque Claire se leva pour débarrasser la table, Louis attira la jeune fille près de lui et lui dit d’une voix rauque :



Claire baissa les yeux et répondit doucement :



La jeune fille, émue, ne répondit pas. Le luthier caressa doucement la main qu’il tenait entre les siennes et questionna dans un murmure :



Claire rougit.



Louis se leva et enlaça tendrement ses reins. Puis, avec une infinie douceur, il approcha sa bouche de celle, tremblante, de la jeune fille.



Il posa alors un chaste baiser sur les lèvres de sa compagne et lui ouvrit la bouche de sa langue. La jeune fille gémit à ce contact, tandis que se prolongeait le baiser humide et voluptueux, faisant battre très fort son cœur. Louis resserra son étreinte, attirant le jeune corps contre le sien, lui faisant épouser le désir qui montait en lui avec une intensité qui le faisait trembler. Claire, sous les caresses conjuguées de la bouche et des mains de l’homme, avait fermé les yeux. Quand elle les rouvrit, elle rencontra le regard bleu de Louis, presque dur tant il était passionné et elle comprit l’étendue du désir qu’elle lui inspirait. Instinctivement, elle eut un geste de recul mais le sourire ému du luthier la retint dans les bras de celui-ci.



Claire alla chercher l’objet dans le tiroir du buffet et le tendit à son invité qui prit ses mesures et les nota sur un carnet qu’il semblait avoir toujours dans sa poche. Ensuite, de nouveau, Louis attira la jeune fille à lui dans un baiser si tendre qu’elle en fut bouleversée. Émue, elle tenta d’y répondre, ce qui eut pour effet d’intensifier la passion de l’homme. Au bout des longues minutes de cette étreinte, ce fut Louis qui la repoussa.



Claire, à ces mots, rougit jusqu’aux yeux. Louis sourit, caressa à deux mains le visage de la jeune fille et continua :



Joignant le geste à la parole, il baisa la main de sa compagne, attrapa sa veste et disparut dans le couchant. Claire, encore émue, rassembla les assiettes et les couverts restés épars et, après une courte vaisselle qui lui permit de reprendre pied dans le réel, elle monta à l’étage se coucher. Les baisers de Louis semblaient se prolonger tandis qu’elle se déshabillait. Ses seins dressés lui faisaient presque mal et la douce morsure qu’elle avait ressentie en revenant de sa baignade l’envahissait à nouveau par vagues, la plongeant dans un trouble inconnu et délicieux. Elle s’allongea, brisée par l’émotion, et la fatigue eut bientôt raison d’elle. Cette nuit-là, Claire rêva de sa mère qui souriait, penchée au-dessus d’elle.



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La journée suivante s’écoula sans qu’elle s’en aperçoive, tant le travail l’absorba. Cueillette des légumes et des fruits, soins aux animaux, traite, finalisation du beurre de la semaine, moulage des fromages frais aux herbes, mise en pot de la récolte de miel, cueillette des herbes sauvages, lessive… Ce n’est que vers sept heures qu’elle se souvint de la visite du luthier. Aussi, elle se hâta d’étendre draps et rideaux, prit un seau pour la traite du soir, filtra le lait, le mit à bouillir sur un coin du fourneau et passa un peu d’eau fraîche sur son visage. Quelques minutes plus tard, Louis frappait à sa porte.



Et elle le précéda dans la cuisine. Louis lui tendit un bouquet de fleurs des champs cueilli en chemin et posa sur la table un large panier recouvert d’une serviette.



Claire sourit, attendrie de cette délicatesse. Elle mit les fleurs dans une vieille carafe ébréchée et sortit du feu la casserole de lait bouillant avant qu’elle déborde.



Ils burent en silence le frais breuvage pétillant. Louis soupira d’aise.



Claire rougit et répondit malicieusement :



Louis déposa son verre, s’avança vers elle, lui prit la taille, et murmura avec un sourire de loup :



Louis mit un doigt sur sa bouche.



Claire, à demie vaincue, repoussa gentiment l’étreinte de Louis.



Claire le suivit sous les châtaigniers en fleurs. L’air était tiède et la terre, encore humide de la veille, révélait des parfums d’herbe chaude. Louis sortit du panier un plaid doublé de cuir qu’il étendit sur l’herbe. Invitant la jeune fille à s’asseoir, il sortit les provisions, disposa assiettes, gobelets et couverts en fer blanc. Puis, prenant la miche de gros pain de ménage et en coupant de larges tranches, il demanda :



Claire posa une fine tranche du pâté moelleux sur son morceau de pain et attendit que son compagnon se soit servi. Puis, sur un signe de celui-ci, elle mordit à belles dents dans cette tartine improvisée. L’onctuosité légèrement épicée et fruitée du pâté la charma aussitôt, et Louis sourit largement, heureux de partager sa gourmandise. À la cinquième bouchée, Claire lâcha sa tartine et s’exclama :



Louis se mit à rire à gorge déployée.



Claire éclata de rire :



Et riant lui aussi, il tendit à la jeune fille une tomate bien mûre et une assiette.



Elle termina sa tartine avant de mordre dans le fruit juteux qui ne tarda pas à couler le long de son menton et à se répandre dans l’assiette qu’elle tenait juste au-dessous. Louis la regardait faire avec amusement et avant qu’elle finisse il s’empara de l’assiette et du fruit, et prenant un air faussement fâché :



Claire, médusée par le ton, interrompit son geste et le fixa, incrédule.



Et il mordit dans la tomate entamée par Claire. Lorsque la jeune fille fut près de lui, il la prit dans ses bras sans tenir compte de ses protestations, pour lui donner le fruit à manger de sa bouche à la sienne, se délectant de sa surprise et du trouble qu’il engendrait en elle. Puis, relâchant son étreinte, il demanda :



Et, caressant sa taille qu’il retenait encore, il ajouta avec malice :



Claire, un peu vexée, détournant son regard de celui du luthier lança :



Un sourire illumina le visage de Louis. Il répliqua en l’attirant de nouveau à lui :



Claire se défendit et prit le fruit des mains du luthier :



Louis se mit à rire :



Et lui lançant un regard de défi, Claire termina sa tomate. Le luthier, amusé, entra dans le jeu :



Claire sourit malicieusement :



Et il se mit à rire, voyant la jeune fille décontenancée.



Il déboucha la bouteille avec précaution et versa un liquide légèrement laiteux dans les verres. Puis, approchant la barquette de framboises :



Claire prit un des verres, en huma le contenu qui embaumait la rose confite et, grappillant quelques framboises, elle choqua son verre contre celui de Louis.



Ils burent silencieusement l’élixir étrange et alternèrent avec une dégustation de framboises. Le goût sucré de rose confite et de litchis allait parfaitement avec les petits fruits.



Claire savoura les fruits en se remémorant le jardin du maréchal-ferrant. Elle se souvenait d’une balançoire sous un cerisier en fleurs et de sa mère qui la poussait en riant. Un voile de mélancolie passa sur son visage et un soupir lourd monta, empreint de ces chagrins d’enfant dont on ne se console jamais.



Claire secoua la tête :



Louis lui tendit les bras.



Claire sourit et s’exécuta. Une fois au creux des bras du luthier, elle se sentit apaisée. Lui savourait ce moment où elle était si proche qu’il respirait l’odeur de ses cheveux, de son cou. Il berçait doucement la jeune fille, mêlant ses doigts aux siens. Tout en regardant le soleil descendre lentement derrière la colline, il poussa un profond soupir et murmura :



Claire ne répondit pas. Elle avait fermé les yeux et écoutait le doux murmure du vent, les derniers chants d’oiseaux, dans cette chaleur troublante et bienfaisante. Sa tête glissa doucement contre la chemise de l’homme. Elle huma son odeur, mélange d’eau de Cologne et de sueur. Louis caressait son visage puis vint poser ses lèvres sur ses cheveux. Le désir, un moment assoupi pendant le dîner, se réveillait dans cette étreinte langoureuse. Louis s’affaissa doucement sur la couverture, entraînant sa compagne avec lui, puis il ramena un coin du plaid sur eux. Ils étaient maintenant couchés l’un contre l’autre, émus et tremblants. Le soleil avait disparu et les étoiles s’allumaient peu à peu dans le ciel.


Louis resserra tendrement son emprise sur la jeune fille et baisa chastement sa bouche. Un parfum de liqueur de mai mêlé de cerise y restait accroché, appelant caresses et morsures. Mais, soucieux de ne surtout pas brusquer Claire, le luthier attendit qu’elle se blottisse plus complètement dans ses bras avant de goûter la saveur douce des lèvres qu’elle lui tendait. Entre deux baisers, il lui murmurait des mots tendres qui la bouleversaient et la faisaient frissonner. La fraîcheur descendait sur eux sans qu’ils s’en aperçoivent, tout à leur étreinte… Mais quand enfin le clair de lune tomba sur la couverture, Claire s’arracha des bras de Louis :



Mais, sourde à ses paroles, la jeune fille se dégagea et se relevant, elle rassembla les reliefs du pique-nique dans le panier, puis déposa ce dernier à côté du plaid. Louis, quelque peu désappointé, lança :



Claire sourit.



Le luthier fixa la jeune fille d’un air moqueur :



Claire rougit et Louis se mit à rire :



La jeune fille soupira :



Il avait dit cela naturellement, l’adjectif lui était monté aux lèvres comme une évidence. Il en était presque surpris. De cette facilité, de cette aisance, de cet abandon. Claire le regardait douloureusement, presque avec frayeur :



Claire haussa les épaules.



Et, la prenant dans ses bras, le luthier ajouta :



La jeune fille baissa les yeux.



Claire regarda le luthier d’un air incrédule.