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Temps de lecture estimé : 9 mn
03/12/07
Résumé:  Le sort maléfique jeté par Marthe Rougier commence à agir sur nos deux héros. Claire reçoit un avertissement magique.
Critères:  fh hplusag bizarre campagne amour vengeance cérébral revede fantastiqu sorcelleri -fantastiq -amourcach
Auteur : Musea      Envoi mini-message

Série : Les sorcières de Saint Amant

Chapitre 10
Sortilèges

Lorsque Louis arriva à la ferme, Claire était dans son jardin en train de réparer les dégâts de l’orage de la nuit. Les légumes avaient souffert, principalement les haricots. Elle était en train d’attacher quelques tuteurs afin de soutenir les plants. Lorsqu’elle entendit la voix de Louis qui l’appelait, elle sursauta. Elle sortit du jardin et le rejoignit.



Louis objecta :



Claire pâlit.



Lorsqu’il eut terminé son récit, Claire était encore plus pâle. Elle se resservit un fond de verre de verveine et après l’avoir avalé, articula :



Le luthier soupira.



Claire posa sa main sur celle de Louis.



Claire sourit tristement, l’air sceptique. Une pointe d’angoisse dans la voix, elle risqua :



La jeune femme fixa Louis d’un air étonné :



Claire sourit à nouveau tristement :



Claire soupira :



Louis saisit la main de Claire, qui tremblait. Il caressa doucement les doigts crispés sur sa paume. Elle resta silencieuse un moment, les yeux baissés, puis elle lança :



Louis l’interrompit :



Claire secoua la tête :



En disant ces mots, elle avait pris un air buté, presque sévère, sans arriver cependant à éviter de rougir. Louis, ému et amusé tout à la fois, objecta d’un air malicieux :



Un silence à la fois complice et tendre s’ensuivit, empli d’aveux. Louis caressait toujours la main de Claire, un signe d’apaisement à la fois fraternel et charnel. La jeune femme, attentive à l’emprise chaude et douce, avait fermé les yeux et appuyé sa tête à l’épaule du luthier.



---oooOooo---


Il lui avait donné le pendentif, juste avant de partir. Elle avait pleuré en le reconnaissant. Il avait eu l’impression de lui rendre un peu de son enfance. Ce soir-là, plus que les autres soirs encore, il aurait eu envie de passer la nuit à la ferme. Non pour la prendre, mais pour la protéger, la consoler comme une enfant.


Son cœur se serra en retrouvant le haut lit de bois sombre de sa chambre. Il repensait lui aussi à sa mère. On ne se remet jamais de la perte d’un parent. Si elle avait su… Elle lui aurait donné des conseils. Mais peut-être aussi qu’elle aurait désapprouvé ses choix. Savait-elle la passion qui unissait Rose et son mari ? Elle n’en avait jamais parlé et pourtant, au soir de sa mort, ses dernières paroles avaient été équivoques :



  • — Cette femme nous a sauvé de la mort tous les deux. Elle saura veiller sur toi quand je ne serai plus de ce monde. Et puis, ton père l’aime beaucoup. Je sais qu’elle le consolera de son chagrin. Aie confiance, mon enfant, et garde toujours la musique dans ton cœur ! Un jour, grâce à elle, grâce aussi à Rose, tu seras très heureux.


Louis rabattit la courtepointe sur lui en frissonnant. Il aimait de moins en moins dormir seul, surtout avec les idées noires. Il chassa les fantômes et les présages magiques qui l’avaient environné, avala une cuillerée de la potion donnée par Marie la Tourette et sombra dans un sommeil brutal. Il était presque 7 heures lorsqu’il ouvrit les yeux. Une journée s’était passée et il allait devoir occuper celles qui le séparaient du moment le plus doux.


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Claire rêvait… Un sommeil étrange s’était emparé d’elle, presque troublant, peuplé de chuchotis, de figures grotesques ou angéliques… Le pendentif brillait doucement sur sa peau nue où perlait quelques gouttes de sueur. Elle gémit plaintivement. Elle voyait la lame d’un couteau effilé devant elle et, sculptée sur le manche, une tête de démon. Elle se dressa brusquement dans son lit :



Dégrisée par son propre cri, elle ouvrit les yeux. Tout semblait paisible dans la chambre. Elle n’entendait que la hulotte amie, dans le vieux châtaignier. Elle toucha instinctivement le pendentif, puis se pelotonna plus avant sous les couvertures. Le sommeil la reprit, et le rêve avec lui : des yeux d’un vert inquiétant la fixaient, et venaient rejoindre la tête du poignard. Une lente mélopée l’enveloppait et elle se voyait prise dans un tourbillon de mots, les cheveux agités par le vent. Immobile, le pendentif seul l’irradiait comme un bouclier protecteur. Sa lumière repoussait des ombres lentes, qui semblaient suinter du vide pour ramper jusqu’à elle et l’emprisonner. Enfin tout disparut et elle ressentit une douce étreinte de bras amoureux. Elle voulut se retourner mais ne le put. Son corps immobile ne pouvait que ressentir les caresses qui lui étaient prodiguées…



Mais elle repoussait mentalement cette voix lancinante qui devenait ricanante à force de répétitions. Il faut que je me réveille, il faut que Louis vienne me délivrer. Le pendentif alors l’éblouit et elle sombra comme on tombe dans un puits sans fond.


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Les journées qui suivirent furent rudes. Le sommeil agité, peuplé de cauchemars, Louis et Claire eurent toutes les peines du monde à réaliser leurs tâches habituelles. Le maléfice joint aux avertissements de Marie la Tourette les maintenait dans un état d’angoisse et d’engourdissement dont ils ne parvenaient pas à se défaire. Une seule voie s’ouvrait à eux, l’envie de se retrouver, presque irrésistible, pour apaiser ces tourments. Et pourtant ils savaient qu’ils ne devaient pas céder à cet appel, chaque jour plus impérieux.


Le mercredi soir, quand Anita passa voir son amie, elle fut surprise de la trouver prête à se coucher.



Anita contempla son amie d’un air inquiet :



Claire fit un signe de dénégation.



Dubitative, Anita suggéra :



Anita eut un sourire entendu :



Claire éclata de rire :



Anita haussa les épaules d’un air embarrassé :



Claire posa sa main sur celle de son amie :



Anita soupira :



---oooOooo---


Le téléphone sonna. Louis décrocha rapidement. Une commande spéciale, sans doute pour son atelier parisien. Mais au lieu de la voix d’Armand, il eut d’abord l’opératrice locale lui demandant s’il voulait recevoir un appel de Brioude, puis une petite voix féminine chevrotante :



Une légère hésitation. Puis, compréhensive :



Louis avait un large sourire en raccrochant. Il imaginait la surprise de Claire. Pris d’une inspiration, il reprit le combiné et demanda à l’opératrice de le mettre en communication avec l’auberge de la Dore, à Brioude.



Louis sourit à nouveau :



L’aubergiste se mit à rire doucement :



Fiancée ? Gustave savoura le mot comme un bonbon. Connaissant les frasques de Louis, il se demanda si vraiment le luthier avait fini par se décider sérieusement.