n° 12648 | Fiche technique | 15089 caractères | 15089 2705 Temps de lecture estimé : 11 mn |
16/06/08 corrigé 01/06/21 |
Résumé: Le vrp et ses auto-stopeurs arrivent à Lyon . On approche du midi ensoleillé en ce début juillet . Ils achètent des habits plus légers et plus adaptés mais surtout plus séduisants pour la jeune mariée en voyage de noce . | ||||
Critères: #roadmovie #nostalgie fh jeunes vacances jalousie revede | ||||
Auteur : Lucien Ramier (auteur depui presqu'un an 7 de mes textes ont été publiés) Envoi mini-message |
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Séduire maintenant ! Alors pourquoi penser au lendemain ?
La radio vient d’égrener les dernières nouvelles du matin. J’insère la cassette de Michel Fugain. Je tourne le bouton du volume, la chanson fétiche de ce voyage de noce en auto-stop va sûrement ravir mes deux passagers, encore dans les vapeurs du sommeil, dans le camping-car près de moi.
C’est un beau roman, c’est une belle histoire
C’est une romance d’aujourd’hui
Ils se sont trouvés au bord du chemin
Sur l’autoroute des vacances
C’était sans doute un jour de chance
Ils avaient le ciel à portée de main
Un cadeau de la providence
Alors pourquoi penser au lendemain.
La chanson vient de se terminer et je pense qu’eux plus que moi vont oublier, avec cette journée qui commence de « Penser trop au lendemain. » Je les sens un peu d’humeur morose, tous les deux, les jeunes mariés, ce matin. J’ai remis la radio avec ses tristes nouvelles de bouchons, accidents ou autres. Le temps est un peu gris. Valérie a rejoint la banquette à l’intérieur du fourgon. Elle continue la lecture du livre « Le nu et le vêtement ».
Alain est venu s’asseoir à son tour sur le siège du passager. Histoire de redonner le moral j’annonce :
À Lyon, où nous arrivons, la place de parking, je l’ai choisie il y a déjà plusieurs années. Je la retrouve à coup sûr parce que j’arrive tôt le matin. Mon récit se situe à l’époque où les quais bas du fleuve sont encore aménagés pour le stationnement. J’oriente l’avant du fourgon, face au fleuve. Ainsi on peut voir, de l’autre côté de l’eau, toute la ville qui s’étale au côté de l’Hôtel-Dieu.
Sans plus d’explications les deux jeunes amoureux sont partis en laissant sacs et bagages, dans le camion fermé à clé. Après avoir enfilé à mon tour mes habits de travail, complet-cravate, je suis parti comme d’habitude à pied, avec mon attaché case, visiter mes clients dans la presqu’île Lyonnaise, de l’autre côté du pont.
Cette action de promener ainsi des jeunes inconnus seulement pour faire plaisir semble me donner un nouvel élan pour ce travail qui devient parfois monotone, avec ses longs trajets seul au volant.
Il est 12heures 30. Les deux jeunes gens se sont assis sur les bornes du quai, pour m’attendre. Ils sont à l’ombre du soleil qui est revenu, plus chaud que la veille, encore. J’aperçois à leur pieds, deux sacs plein de vêtements et de victuailles qu’ils viennent d’acheter :
Nous sommes sortis de l’agglomération Lyonnaise et nous roulons sur l’autoroute en direction de Grenoble. Valérie et Alain sont dans la partie arrière du camping-car, sans doute en train de défaire les paquets des achats. Je les entends rire aux éclats. Je jette un coup d’œil dans le rétro. Par chance c’est l’autoroute et il est recommandé de regarder souvent vers l’arrière.
Ce que je vois me surprends et me ravit à la fois. Je découvre le corps splendide de Valérie. Elle est presque entièrement nue dans l’allée du fourgon. Elle n’est vêtue seulement que d’une petite culotte blanche. Elle est en train de se changer. Je regarde, un peu trop furtivement à mon goût, sa silhouette parfaite. Ses seins blancs sans soutien-gorge se tiennent fermes sur sa belle poitrine. Alain est à ses côtés pour lui approcher une petite robe neuve pliée dans le sac. Elle a du s’apercevoir de mon coup d’œil furtif. Je l’entends murmurer, malgré le bruit du camion, s’adressant à son jeune mari :
Ce n’est plus le moment pour moi, de jouer au voyeur hypocrite et je lui réponds en plaisantant :
Toujours pendant que nous roulons sur l’autoroute en direction des Alpes, Valérie s’est avancée dans la cabine. Elle a pris à son tour la place du passager près de moi. Pour moi c’est une très belle surprise. Je peux à mon tour voir de plus près la belle petite robe rouge sans manche avec une encolure qui laisse deviner la naissance de ses seins. Elle lui va à merveille. C’est une robe courte qui découvre largement la peau blanche de ses jambes et de ses cuisses, qui n’ont pas encore subi les assauts du soleil. Quand elle prend place sur le siège du passager, il est facile d’apercevoir sa petite culotte blanche, elle ne cherche pas à la masquer. Je me demande un instant si elle n’est pas un peu coquine à mon égard. Son sourire un peu narquois me le laisserait un peu penser.
Elle a remonté aussi ses cheveux bruns tenus par un joli bandeau rouge assorti à sa robe. Son visage reflète le plaisir de se sentir belle et séduisante. Quelle différence avec sa tenue correcte d’hier, un peu trop stricte. En un mot, plus encore, c’est une tenue sexy qu’elle arbore maintenant. Voyant mon regard furtif et émerveillé, on dirait tout à coup qu’elle veut justifier sa tenue :
Alain de son côté vient de revêtir un jean neuf et une chemisette d’un vert clair qui le rajeunit, comme s’il avait besoin d’ajouter cette note à sa personnalité de jeune étudiant. Sans doute veut-il plaire lui aussi à sa jeune épouse. L’aire d’autoroute approche pour l’arrêt- déjeuner.
La petite table pique-nique est dressée à l’ombre d’un petit arbre. Valérie prend la place au soleil pour commencer de suite son bronzage pendant le déjeuner. Mes jeunes passagers n’ont pas lésiné sur leurs achats de victuailles : saucisson lyonnais, cuisses de poulet de Bresse grillées et les petits cornets de frites achetées au marché et réchauffées sur la plaque du grill du camping-car. Ils ont sorti leur petite bouteille de citron concentré qu’ils mélangent à l’eau fraîche du petit frigo du fourgon. J’ose proposer un peu de vin rouge pour accompagner la tome de Savoie qu’ils ont choisie. Le sourire et la bonne humeur l’emportent, bien sûr. Car le soleil est aussi de la partie, pour reprendre la route vers Grenoble.
À Valérie, qui me demande ce qu’ils pourraient visiter pendant ce passage de quelques heures à Grenoble, je propose d’aller prendre le téléphérique et de monter à l’ancien monastère découvrir la vue magnifique sur la grande cité dauphinoise.
À dix neuf heures, je retrouve mes deux amis qui attendent près du fourgon. Ils sont enchantés de leur visite touristique. Nous reprenons la route sans plus tarder, vers Orange où j’ai décidé de les amener au camping ouvert, en ce début juillet. Il reste encore deux heures de route à faire et le dîner pique-nique.
J’ai arrêté mon fourgon au coin d’un champ au bord de la nationale qui nous conduit à Vienne, puis Orange le but cette soirée. Des rangées de noyers sont alignées dans la prairie. Cet endroit vert et calme convient bien à mes passagers normands originaires comme moi de la campagne. Je les laisse seuls au fourgon, faire la petite cuisine et préparer le dîner comme ils m’ont vu faire hier soir. Pendant ce temps, je vais faire un tour «toilette » derrière la haie au bout du champ.
Ils me font confiance, je suis convaincu de leur franche honnêteté à mon égard. Tout au bout de ce champ, mon attention est attirée par un ruisseau qui descend des flancs de la montagne du Vercors. Je m’attarde un peu à regarder les remous de l’eau du torrent. Le temps passe pour moi à musarder un peu comme je le fais seul d’habitude, histoire de me reposer un peu. Je veux aussi les laisser seuls en tête à tête. Il faut bien, enfin, leur laisser le temps de préparer le dîner comme ils le souhaitent.
Des souvenirs de mon propre voyage de noce sont attachés à un endroit un peu sauvage comme celui-ci. C’est comme si je les revivais ce soir-là. Des souvenirs tournent dans ma tête. Sans doute que les jeunes mariés auto-stoppeurs les ont réveillé, pendant ce voyage que j’ai plaisir à leur offrir. Je revis le passé, c’est un épisode de mon voyage de noce :
La jupe de ma jeune femme est étroite et elle ne peut pas allonger suffisamment le pas. Ma jeune épouse, ce jour là, tombe au beau milieu du ruisseau. Par chance le soleil brille et je lui propose de faire sécher ses vêtements sur l’herbe. Il faudra bien une bonne heure pour qu’ils soient secs. Quelle aubaine pour la suite de l’histoire amoureuse, ce jour là !
Après avoir ainsi évoqué mon passé, je rejoins le camping-car en stationnement dans la prairie. J’approche dans l’allée de noyers. De loin je suis surpris de ne pas voir mes deux amis. J’aperçois seulement de loin dans l’herbe un objet rouge près de la porte latérale ouverte.
Là, je m’arrête cloué sur place. Soudain, pour moi, c’est la surprise. J’écoute:
Par la porte de côté entr’ouverte, je les vois tous les deux assis côte à côte, à l’intérieur, sur la banquette du camping-car. Ils ont repris leurs habits de la veille. Je me dis que quelque chose est en train de se passer qui n’a rien à voir avec la « lune de miel » qu’ils semblaient vivre depuis le début du voyage.
Ça alors ! C’est bien la chose à laquelle, je m’attendais le moins. Je me sens trompé tout à coup, moi aussi, le VRP sympa, alors que je suis rempli de bonnes intentions. Je pensais leur procurer le plus beau des voyages et voila tout à coup que je deviens pour Alain un vieux satyre attiré uniquement par les charmes de sa charmante et jeune épouse.
« qu’il ne faut pas penser au lendemain. » Mais moi j’y pense ce soir et ton attitude me déçoit plus que tout. Un mari jaloux avant l’heure, ça ! C’est la meilleure ! Je suis assez grande pour choisir mon attitude moi aussi à mon tour. On verra bien demain !
Je n’avais pourtant pas envie de tousser à cet instant où il fallait être précisément discret. Mais est-ce le rhume des foins ? Voilà que je ne peux retenir un éternuement retentissant.
Comme si je n’avais rien entendu ou rien vu, je lance, sûr de moi :
Le repas se passe dans le calme mais aussi avec un voile de froideur correcte. Ils répondent sans plus à mes questions. Seule Valérie, plus diplomate, ne semble pas s’affoler, elle sourit même parfois. Alain boude carrément et ne desserre les dents que pour manger. Il ne faut pas être bien sorcier pour deviner que le torchon commence à brûler entre ces deux jeunes amoureux. J’ai presque du remord d’en être sans doute la cause.
Après avoir repris la route puis l’autoroute, nous arrivons à onze heures du soir devant la porte fermée du camping d’Orange.
Je me dis que, pour eux aussi, la nuit porte conseil. Je n’interviendrai pas pour la suite de ce voyage que je voulais trop idyllique sans doute pour eux. Ils choisiront leur voyage. Je n’en voudrai pas à Alain.
Au fond de moi, je préférerais bien quand même continuer l’aventure en leur compagnie et cette fois avec une curiosité grandissante.
Je me dis aussi que tout, après tout, peut encore s’arranger sur l’oreiller.
La suite de ce voyage de noce en auto-stop devrait sans doute se décider cette nuit sur l’oreiller dans la petite tente canadienne installée au bout du parking de nuit, au nez du camion.
Après minuit, dans mon fourgon où je somnole, je suis réveillé par des plaintes ou des voix sourdes. J’écarte le rideau. Je vois le rayon d’une lampe de poche balayer la toile de l’intérieur. Je me rassure en me disant qu’ils doivent être en train d’arranger leurs problèmes de jeune couple sur l’oreiller.
Je reste optimiste. Tout devrait sans doute aller beaucoup mieux demain au lever du soleil.