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25/02/09
corrigé 12/06/21
Résumé:  The most excellent and lamentable tragedy of Romeo and Juliet - texte (quasi) original. Tandis que font rage les disputes entre les Capulet et les Montaigu, Roméo erre l'âme en peine.
Critères:  hhh traduction théatre pastiche délire humour -humour -théâtre
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette (d'après William S.)

Chapitre 01 / 03
Roméo et Juliette (d'après William S.) - Acte I, partie 1

Les personnages


Personnages non partisans

Escalus, prince de Vérone

Frère Laurence, moine franciscain, confesseur de Roméo

Frère Jean, moine franciscain

Un apothicaire qui vend le poison qui servira à Roméo

Trois musiciens, des citoyens, des parents de chaque maison, des gardes, des hommes de guet, des serviteurs et autres gens de maison


Les Capulet

Le vieux Capulet, père de Juliette et chef de la maison des Capulet : tantôt bon vivant, tantôt colérique

Lady Capulet, son épouse

Juliette, leur fille de dix-huit ans

Tybalt, neveu de Lady Capulet, jeune seigneur arrogant

Pâris, gentilhomme que les Capulet aimeraient voir épouser Juliette

La nourrice de Juliette, personnage comique au franc-parler salace

Pierre, son valet

Samson et Grégoire, serviteurs de Capulet

Un vieil homme, le grand-oncle de Juliette


Les Montaigu

Le vieux Montaigu, chef de la maison rivale des Capulet, père de Roméo

Lady Montaigu, son épouse

Roméo, leur fils de dix-neuf ans

Mercutio, parent du prince et ami de Roméo

Benvolio, cousin et ami de Roméo

Balthazar, serviteur de Roméo

Abraham, valet de Montaigu




PROLOGUE

LE CHŒUR


Deux familles, égales en noblesse,

Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène,

Sont entraînées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles

Où les sexes des uns souillent les mains des autres.

Des entrailles prédestinées de ces deux ennemies

A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux

Dont la copulation néfaste et lamentable

Doit ensevelir dans leur lit l’animosité de leurs parents.

Les terribles péripéties de leur bancal amour

Et les effets de la rage obstinée de ces familles,

Que peut seule apaiser l’accouplement de leurs enfants,

Vont en deux heures être exposés sur notre scène.

Si vous daignez nous écouter patiemment,

Notre zèle s’efforcera de corriger notre insuffisance.






ACTE PREMIER

I, 1

Vérone. - Une place publique.

Entrent Samson et Grégoire, en caleçons.



SAMSON. - Grégoire, sur ma parole, nous ne supporterons pas leurs brocards.

GRÉGOIRE. - Non, nous ne sommes pas gens à porter le brocart.

SAMSON. - Je veux dire que, s’ils nous mettent en colère, nous allongeons le sexe.

GRÉGOIRE. - Oui, mais prends garde qu’on ne te morde pas tôt ou tard.

SAMSON. - Je frappe vite quand on m’émeut.

GRÉGOIRE. - Mais tu es lent à t’émouvoir.

SAMSON. - Une chienne de la maison de Montaigu m’émeut.

GRÉGOIRE. - Qui est ému, remue ; qui est vaillant, tient ferme ; conséquemment, si tu es ému, tu lâches pied.

SAMSON. - Quand une chienne de cette maison-là m’émeut, je tiens ferme. Je suis décidé à prendre le haut du pavé sur tous les Montaigu, hommes ou femmes.

GRÉGOIRE. - Cela prouve que tu n’es qu’un faible drôle ; les faibles s’appuient toujours au mur.

SAMSON. - C’est vrai ; et voilà pourquoi les femmes étant les vases les plus faibles, sont toujours adossées au mur ; aussi, quand j’aurai affaire aux Montaigu, je repousserai les hommes du mur et j’y adosserai les femmes.

GRÉGOIRE. - La querelle ne regarde que nos maîtres et nous, leurs hommes.

SAMSON. - N’importe ! je veux agir en tyran. Quand je me serai battu avec les hommes, je serai cruel avec les femmes. Il n’y aura plus de vierges !

GRÉGOIRE. - Tu feras donc sauter toutes leurs têtes ?

SAMSON. - Ou tous leurs pucelages. Comprends la chose comme tu voudras.

GRÉGOIRE. - Celles-là comprendront la chose, qui la sentiront.

SAMSON. - Je la leur ferai sentir tant que je pourrai tenir ferme, et l’on sait que je suis un joli morceau de chair

GRÉGOIRE. - Il est fort heureux que tu ne sois pas poisson ; tu aurais fait un pauvre merlan. Tire ton instrument ; en voici deux de la maison de Montaigu. (Ils sortent leur sexe.)


(Entrent Abraham et Balthazar.)


SAMSON. - Voici mon sexe ; cherche-leur querelle ; je serai derrière toi.

GRÉGOIRE. - Oui, tu te tiendras derrière pour mieux en profiter.

SAMSON. - Ne crains rien de moi.

GRÉGOIRE. - De toi ? Non, morbleu.

SAMSON. - Mettons la loi de notre côté et laissons-les commencer.

GRÉGOIRE. - Je vais me masturber en passant près d’eux, et qu’ils le prennent comme ils le voudront.

SAMSON. - C’est-à-dire comme ils l’oseront. Je vais me mettre un doigt dans le cul en les regardant, et ce sera une disgrâce pour eux, s’ils le supportent.

ABRAHAM, à Samson. - Est-ce à notre intention que vous vous mettez un doigt dans le cul, monsieur ?

SAMSON. - Je me mets un doigt dans le cul, monsieur.

ABRAHAM. - Est-ce à notre intention que vous vous mettez un doigt dans le cul, monsieur ?

SAMSON, bas à Grégoire. - La loi est-elle de notre côté, si je dis oui ?

GRÉGOIRE, bas à Samson. - Non.

SAMSON, haut à Abraham. - Non, monsieur ce n’est pas à votre intention que je me mets un doigt dans le cul, monsieur ; mais je me mets un doigt dans le cul, monsieur.

GRÉGOIRE, à Abraham. - Cherchez-vous une partouze, monsieur ?

ABRAHAM. - Une partouze, monsieur ? Non, monsieur !

SAMSON. - Si vous en cherchez une, monsieur, je suis votre homme. J’ai un sexe aussi bon que le vôtre.

ABRAHAM. - Mais pas meilleur.


(Entre, au fond du théâtre, Benvolio ; puis, à distance, derrière lui, Tybalt.)


GRÉGOIRE, à Samson. - Dis meilleur ! Voici un amant de notre maître.

SAMSON, à Abraham. - Si fait, monsieur, meilleur !

ABRAHAM. - Vous en avez menti.

SAMSON. – Sortez votre sexe, si vous êtes hommes ! (Tous se mettent en garde.)Grégoire, souviens-toi de ta maîtresse botte !

BENVOLIO, s’avançant le sexe à la main. - Séparez-vous, imbéciles ! rengainez vos sexes ; vous ne savez pas ce que vous faites. (Il range les sexes des valets.)

TYBALT, s’élançant, sexe tendu, derrière Benvolio. - Quoi ! Le sexe à la main, parmi ces marauds sans cœur ! Tourne-toi, Benvolio, et mets-toi à genoux.

BENVOLIO, à Tybalt. - Je ne veux ici que maintenir la paix ; rengaine ton sexe, ou emploie-le, comme moi, à séparer ces hommes.

TYBALT. - Quoi, le sexe à la main, tu parles de paix ! Ce mot, je l’encule, comme j’encule l’enfer, tous les Montaigu et toi. À toi, lâche !


(Tous se masturbent. D’autres partisans des deux maisons arrivent et se joignent à la mêlée. Alors arrivent des citoyens armés de godes.)


PREMIER CITOYEN. - À l’œuvre les bâtons, les piques, les pertuisanes ! Frappez ! Enculez-les ! À genoux les Montaigu ! À genoux les Capulet !


(Entrent Capulet, en robe de chambre, et lady Capulet.)


CAPULET. - Quel est ce bruit ?… Holà ! qu’on me donne un gode.

LADY CAPULET. - Non ! un gangbang ! un gangbang !… Pourquoi demander un gode ?

CAPULET. – Un gode, dis-je ! le vieux Montaigu arrive et brandit son sexe en me narguant !


(Entrent Montaigu, le sexe à la main, et lady Montaigu.)


MONTAIGU. - À genoux, misérable Capulet !… Ne me retenez pas ! lâchez-moi.

LADY MONTAIGU, le retenant par les couilles. - Tu ne feras pas un seul pas vers lui.


(Entre le prince Escalus, avec sa suite.)


LE PRINCE. - Sujets rebelles, ennemis de la paix ! profanateurs qui souillez vos sexes par l’inceste !… Est-ce qu’on ne m’entend pas ?… Holà ! vous tous, hommes ou brutes, qui éteignez la flamme de votre érection pernicieuse dans les flots de pourpre échappés de vos anus, sous peine de bromure, obéissez ! Que vos mains moites jettent à terre ces sexes trempés dans le caca, et écoutez la sentence de votre prince irrité ! (Tous les branleurs s’arrêtent.) Trois partouzes civiles, nées d’une parole en l’air, ont déjà troublé le repos de nos rues, par ta faute, vieux Capulet, et par la tienne, Montaigu ; trois fois les anciens de Vérone, dépouillant le vêtement grave qui leur sied, ont dû saisir de leurs vieilles mains leurs vieilles bites, gangrenées par la rouille, pour séparer vos corps gangrenés. Si jamais vous troublez encore nos rues, votre vie payera le dommage fait à la paix. Pour cette fois, que tous se retirent. Vous, Capulet, venez avec moi ; et vous, Montaigu, vous vous rendrez cet après-midi, pour connaître notre décision ultérieure sur cette affaire, au vieux château de Villafranca, siège ordinaire de notre justice. Encore une fois, sous peine d’administration de bromure, que tous se séparent !


(Tous sortent, excepté Montaigu, lady Montaigu et Benvolio.)


MONTAIGU. - Qui donc a réveillé cette ancienne querelle ? Parlez, neveu, étiez-vous là quand les choses ont commencé ?

BENVOLIO. - Les gens de votre adversaire et les vôtres se branlaient ici à outrance quand je suis arrivé ; j’ai sorti mon sexe pour les effrayer ; à l’instant même est survenu le fougueux Tybalt, la bite haute, vociférant ses défis à mon oreille, en même temps qu’il agitait sa queue autour de sa tête et pourfendait l’air qui narguait son impuissance par un sifflement. Tandis que nous échangions des bisous, sont arrivés des deux côtés de nouveaux partisans qui se sont masturbés jusqu’à ce que le prince soit venu les séparer

LADY MONTAIGU. - Oh ! où est donc Roméo ? l’avez-vous vu aujourd’hui ? Je suis bien aise qu’il n’ait pas été dans cette branlerie.

BENVOLIO. - Madame, une heure avant que le soleil sacré perçât la vitre d’or de l’Orient, mon sexe tendu à mort m’a entraîné à sortir ; tout en marchant dans le bois de sycomores qui s’étend à l’ouest de la ville, j’ai vu votre fils qui s’y promenait déjà ; je me suis dirigé vers lui, mais, à la vue de mon sexe, il s’est dérobé dans les profondeurs du bois. Pour moi, jugeant de ses émotions par les miennes, qui ne sont jamais aussi absorbantes que quand elles sont solitaires, j’ai suivi ma fantaisie sans poursuivre la sienne, et j’ai évité volontiers qui me fuyait si volontiers.

MONTAIGU. - Voilà bien des matinées qu’on l’a vu là augmenter de sa semence la fraîche rosée du matin et à force de râles embués ajouter des nuages aux nuages. Mais, aussitôt que le vivifiant soleil commence, dans le plus lointain Orient, à tirer les rideaux ombreux du lit de l’Aurore, vite mon fils accablé fuit la lumière ; il rentre, s’emprisonne dans sa chambre avec sa sœur, ferme ses fenêtres, tire le verrou sur le beau jour et se fait une nuit artificielle. Ah ! cette humeur sombre lui sera fatale, si de bons conseils n’en dissipent la cause.

BENVOLIO. - Cette cause, la connaissez-vous, mon noble oncle ?

MONTAIGU. - Je ne la connais pas et je n’ai pu l’apprendre de lui.

BENVOLIO. - Avez-vous insisté près de lui suffisamment ?

MONTAIGU. - J’ai insisté moi-même, ainsi que beaucoup de nos amants ; mais il est le seul conseiller de ses penchants ; il est l’unique confident de lui-même, confident peu sage peut-être, mais aussi secret, aussi impénétrable, aussi fermé à la recherche et à l’examen que le clitoris de ma dame pendant la messe ! Si seulement nous pouvions savoir d’où lui viennent ces inclinaisons, nous serions aussi empressés pour les guérir que pour les connaître.


(Roméo paraît à distance.)


BENVOLIO. - Tenez, le voici qui vient. Éloignez-vous, je vous prie ; ou je connaîtrai ses peines, ou je serai bien des fois refusé.

MONTAIGU. - Puisses-tu, en restant, être assez heureux pour entendre une confession complète !… Allons, madame, partons !


(Sortent Montaigu et lady Montaigu.)


BENVOLIO. - Bonne matinée, chéri !

ROMÉO. - Le jour est-il si jeune encore ?

BENVOLIO. - Neuf heures viennent de sonner.

ROMÉO. - Oh ! que les heures tristes semblent longues! N’est-ce pas mon père qui vient de partir si vite ?

BENVOLIO. - C’est lui-même. Quelle est donc la tristesse qui allonge les heures de Roméo ?

ROMÉO. - La tristesse de ne pas avoir ce qui les abrégerait.

BENVOLIO. - Amoureux ?

ROMÉO. - Éperdu…

BENVOLIO. – De sexe ?

ROMÉO. - Des dédains de celle qui m’excite.

BENVOLIO. - Hélas ! faut-il que le sexe, si doux en apparence, soit si tyrannique et si cruel à l’épreuve !

ROMÉO. - Hélas ! faut-il que mon sexe, malgré le bandeau qui l’aveugle, trouve toujours, sans y voir, un chemin vers son but !… Où baiserons-nous ?… Ô mon Dieu !… Que sont ces traces de sperme, par terre ?… Mais non, ne me le dis pas, car je sais tout ! Ici on a beaucoup à faire avec la branlette… Sexe ! ô tumultueux sexe ! Ô pipes ! Ô sodomie, créée de rien ! Ô lourde bourse ! Vanité sérieuse ! Informe chaos de ravissantes extases ! Bite de plomb, lumineuse semence, anus glacé ! Queue toujours tendue ! Voilà l’amour que je sens et je n’y sens pas d’amour… Tu bandes, n’est-ce pas ?

BENVOLIO. - Non, cousin : je pleurerais plutôt.

ROMÉO. - Bonne âme !… et de quoi ?

BENVOLIO. - De voir ta bonne âme si accablée.

ROMÉO. - Oui, tel est l’effet de la sympathie. La douleur ne pesait qu’à mon cœur, et tu veux l’étendre sous la pression de la tienne : cette bite que tu me montres ajoute une peine de plus à l’excès de mes peines. Le sexe est une fumée de soupirs ; dégagé, c’est une flamme qui étincelle aux yeux des amants; comprimé, c’est un hurlement suraigu. Qu’est-ce encore ? La folle la plus raisonnable, une suffocante amertume, une vivifiante douceur !… Au revoir, mon chéri.


(Il va pour sortir)


BENVOLIO. - Doucement, je vais vous accompagner : vous me faites débander en me quittant ainsi.

ROMÉO. - Bah ! je me suis sodomisé moi-même ; je ne suis plus le même ; ce n’est pas Roméo que tu vois, il est ailleurs.

BENVOLIO. - Dites-moi sérieusement qui vous désirez.

ROMÉO. - Sérieusement ? Roméo ne peut le dire qu’avec des ahanements.

BENVOLIO. - Avec des ahanements ? Non ! dites-le-moi sérieusement.

ROMÉO. - Dis donc à un enculé de faire sérieusement caca ! Ah ! ta demande s’adresse mal à qui est si mal ! Sérieusement, cousin, je désire une femme.

BENVOLIO. - En le devinant, j’avais touché juste.

ROMÉO. - Excellent !… j’ajoute qu’elle a des gros seins.

BENVOLIO. - Plus le but est éclatant, beau chéri, plus il est facile à atteindre.

ROMÉO. - Ce trait-là frappe à côté ; car elle est hors d’atteinte des flèches de Cupidon : elle a le cul de Diane ; armée d’une abstinence à toute épreuve, elle vit à l’abri de mon sexe ; elle ne se laisse pas assiéger (en termes amoureux), elle se dérobe au choc de ma queue provocante et ferme son fion à qui séduirait une sainte. Oh ! elle est riche en beauté et elle a des gros seins, misérable seulement en ce que ses beaux trésors doivent mourir avec elle !

BENVOLIO. - Elle a donc juré de vivre toujours chaste ?

ROMÉO. - Elle l’a juré, et cette réserve produit une perte immense. En affamant mon sexe par ses rigueurs, elle en déshérite toute la postérité. Elle est trop belle, trop sage, trop bonne, car elle mérite le ciel en faisant mon désespoir. Elle a juré de ne baiser jamais, et ce serment me tue en me laissant vivre, puisque c’est un vivant qui te parle.

BENVOLIO. - Suis mon conseil : cesse de bander pour elle.

ROMÉO. - Oh ! apprends-moi comment je puis cesser de bander.

BENVOLIO. - En rendant la liberté à tes yeux : regarde des laiderons.

ROMÉO. - Impossible, je ne peux regarder que d’autres beautés et ce serait le moyen de me frustrer encore. Les bienheureuses bites qui baisent la bouche des belles ne servent, par leur raideur, qu’à nous rappeler ma mollesse. L’homme frappé d’impuissance ne saurait oublier le précieux trésor qu’il a perdu. Montre-moi la plus cochonne des femmes : que sera pour moi sa luxure, sinon une page où je pourrai lire le nom d’une femme plus charmante encore? Adieu : tu ne saurais m’apprendre à débander.

BENVOLIO. - J’achèterai ce secret-là, dussé-je mourir le cul élargi !


(Ils sortent.)





I, 2

Devant la maison de Capulet.

Entrent Capulet, Pâris et un valet



CAPULET. - Montaigu est lié comme moi, et sous une égale caution. Il n’est pas bien difficile, je pense, à des vieillards comme nous de garder la paix.

PÂRIS. - Vous avez tous deux la plus honorable quéquette ; et c’est pitié que vous ayez vécu si longtemps en querelle… Mais maintenant, monseigneur, que répondez-vous à ma requête ?

CAPULET. - Je ne puis que redire ce que j’ai déjà dit. Mon enfant est encore étrangère au monde ; elle n’a pas encore vu la fin de ses dix-huit ans ; laissons une vingtaine d’orgies encore lui apprendre la vie, avant de la juger mûre pour le mariage.

PÂRIS. - De plus jeunes qu’elles sont déjà d’heureuses femmes mariées.

CAPULET. - Trop vite à l’orgasme sont ces femmes trop précoces… La terre a englouti toutes mes espérances ; Juliette, seule Juliette est la reine espérée de ma terre. Baisez-la, gentil Pâris, obtenez son cul ; mon bon vouloir n’est que la conséquence de son assentiment ; si vous la faites jouir, c’est de son choix que dépendent mon approbation et mon plein consentement… Je donne ce soir une partouze, consacrée par un vieil usage, à laquelle j’invite ceux que j’aime ; vous serez le très bienvenu, si vous voulez être du nombre. Ce soir, dans ma pauvre demeure, attendez-vous à contempler des salopes qui, tout en foulant la terre, éclipseront la clarté des cieux. Les délicieux orgasmes qu’éprouvent les jeunes galants alors qu’avril tout pimpant arrive sur les talons de l’imposant hiver, vous les ressentirez ce soir chez moi, au milieu de ces putain de salopes en chaleur. Léchez-les toutes, baisez-les toutes, et donnez la préférence à celle qui la méritera. Ma fille sera une de celles que vous essaierez, et, si elle ne se fait pas monter, elle peut du moins faire nombre. Allons, sucez-moi… (Au valet. )Holà, connard ! tu vas te démener à travers notre belle Vérone ; tu iras trouver les personnes dont les sexes sont photographiés ici, et tu leur diras que ma maison et mon cul sont mis à leur disposition.


(Il remet un album photo au valet et sort en baissant son pantalon, suivi de Pâris.)


LE VALET, seul, les yeux fixés sur le papier - Trouver les gens dont les sexes sont photographiés ici ? Il est écrit… que le branleur doit se servir de sa main, la femme de sa bouche, et l’enculé de son anus ; mais moi, on veut que j’aille trouver les personnes dont les sexes sont photographiés ici, et je n’ai même pas mes lunettes ! Il faut que je m’adresse aux savants… Heureuse rencontre !


Entrent Benvolio et Roméo.


BENVOLIO. - Bah ! mon cher, une érection éteint une autre érection ; une envie est amoindrie par une autre envie. L’anus te démange-t-il ? Gratte-le, et tu te remettras… Une douleur désespérée se guérit par quelques léchouilles ; que ta bouche aspire un nouveau poison, et l’ancien perdra son action vénéneuse.

ROMÉO, ironiquement. – L’anus de chèvre est excellent pour cela.

BENVOLIO. - Pourquoi, je te prie ?

ROMÉO. - Pour une érection trop forte.

BENVOLIO. - Çà, Roméo, es-tu zoophile?

ROMÉO. - Pas zoophile précisément, mais lié plus durement qu’un zoophile ; je suis tenu en cage, mis à la diète, flagellé, tourmenté et… (Au valet.) Bonsoir, mon petit chéri.

LE VALET. - Dieu vous donne le bonsoir !… Dites-moi, monsieur, reconnaissez-vous ces sexes ?

ROMÉO. - Oui, ma foi, quelques-uns.

LE VALET. – Sauriez-vous à qui ils appartiennent ?

ROMÉO. - Oui, si j’en savais les goûts et les diamètres.

LE VALET. - Vous parlez congrûment. Le ciel vous tienne en joie !


(Il va pour se masturber.)


ROMÉO, l’arrêtant. - Arrête, l’ami, je sais à qui ils sont. (Il prend l’album photo des mains du valet et dit : ) « Le signor Martino, sa femme et ses filles ; le comte Anselme et ses charmantes sœurs ; la veuve du signor Vitruvio ; le signor Placentio et ses aimables nièces ; Mercutio et son frère Valentin ; Fulgencio, sa femme et ses filles ; ma jolie Rosaline ; Livia ; le signor Valentio et son cousin Tybalt ; Lucio et la vive Héléna. » (Rendant l’album.) Voilà une belle assemblée. Où doit-elle se rendre ?

LE VALET. - Là-haut.

ROMÉO. - Où cela ?

LE VALET. - Chez nous, à partouzer.

ROMÉO. - Chez qui ?

LE VALET. - Chez mon maître.

ROMÉO. - J’aurais dû commencer par cette question.

LE VALET. - Je vais tout vous dire sans que vous le demandiez : mon maître est le grand et riche Capulet ; si vous n’êtes pas de la maison des Montaigu, je vous invite à venir chez nous faire sauter quelques fions… Dieu vous tienne en érection !


(Il sort.)


BENVOLIO. - C’est l’antique partouze des Capulet ; la bonne Rosaline, celle que tu désires tant, y baisera, ainsi que toutes les salopes admirées de Vérone ; vas-y, puis, d’une bite impartiale, compare ses performances à d’autres que je te conseillerai, et je te ferai convenir que ton cygne n’est qu’un corbeau.

ROMÉO. - Si jamais ma bite, en dépit d’une religieuse dévotion, proclamait un tel mensonge, que mon sperme se change en pastis ! et que mes bourses, restées pleines, quoique tant de fois vidées, soient vendues comme décorations ! Une femme plus belle que ma bien-aimée ! Le soleil qui voit tout n’a jamais vu son égale depuis qu’a commencé le monde !

BENVOLIO. - Bah ! vous l’avez vue belle, parce que vous l’avez vue seule ; pour vos yeux, elle n’avait d’autre contrepoids qu’elle-même ; mais, dans ces partouzes, mettez votre bien-aimée en regard de telle autre salope que je vous montrerai toute ruisselante à cette fête, et elle n’aura plus cet éclat qu’elle a pour vous aujourd’hui.

ROMÉO. - Soit ! J’irai, non pour voir ce que tu dis, mais pour jouir de la splendeur de mon adorée.


(Ils sortent.)