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Temps de lecture estimé : 28 mn
06/04/09
Résumé:  Après l'éblouissement de la découverte, l'heure des choix est arrivée.
Critères:  f h fh inconnu gros(ses) grosseins boitenuit douche amour dispute voir pied fmast intermast fellation cunnilingu -coupfoudr
Auteur : Olaf      Envoi mini-message

Série : Sexe, chocolat et autres mésusages

Chapitre 02 / 03
Sexe, mobile et chocolat chaud

Rappel du chapitre précédent :

Après notre rencontre torride dans un bar, j’arrive à retrouver la trace de Véronique. Malade, elle accepte ma visite après de longues hésitations. La découvrir sans artifices de séduction ne la rend pas moins troublante.




*




Trois semaines. Je tiens trois semaines, sans aucune nouvelle de Véronique. Nourrissant mon imaginaire du seul souvenir de ce que nous avons partagé, du simple fait d’avoir été si proches dans un moment aussi terre à terre.


Mais après vingt et un jours, je lâche la rampe, miné par le doute. Qu’a-t-elle bien pu ressentir pour moi, dans l’état dans lequel elle était, au moment de ma visite ? Ai-je vraiment pris pied dans sa réalité, ou n’ai-je fait que traverser un cauchemar fiévreux ? Pourquoi me laisse-t-elle à nouveau mariner ? Son rythme intime est-il à ce point ralenti, sa vie est-elle à ce point encombrée, qu’elle n’arrive pas à trouver le temps de me faire signe ? Me faire signe pour quoi ? Si elle vit de grand soir en grand soir, qui suis-je pour espérer partager ses délires ?


C’en est trop, je retourne dans mon bar habituel. Sauf que ce soir, rien ne me retiendra de m’abandonner à la première consolation venue. À commencer par les vagues moelleuses de l’alcool qui ne tardent pas à bercer mon esprit, et anesthésier mes sens. Au point que je ne prête tout d’abord aucune attention à une grande brune assise à côté de moi. Je finis quand même par remarquer sa présence. Charpentée comme une église romane, elle est habillée sans autre artifice de séduction qu’un décolleté largement ouvert sur son abondante poitrine et un collier clinquant qui montre la direction à suivre en se glissant entre ses seins. C’est elle qui ouvre les hostilités.



Pris au dépourvu, et déjà assez imbibé, je ne suis pas certain d’arriver à assurer. Mais son envie est communicative, et les odeurs que son corps échauffé distille me font de l’effet.



C’est parti très fort. Pourtant, malgré le ton ouvertement excitant, et l’invite à peine voilée, aucun de nous ne fait le premier geste. Depuis le début de notre conversation, elle est restée à quelque distance de moi, pour me permettre de mieux l’observer et profiter de ses charmes voluptueux. C’est sa manière de séduire, simple, directe. Mais plutôt que de laisser parler nos corps, et nous jeter dans les bras l’un de l’autre, nous continuons à nous raconter nos vies.


L’évocation de nos existences doit avoir quelque chose de rassurant. Le fait d’exorciser nos insuffisances paternelles, nos pléthores maternelles ou la banalité de nos existences respectives nous met en confiance et représente finalement de très agréables préliminaires. Après être entrés tambour battant dans une joute érotique sans suites, nous partageons l’apaisement d’une lente découverte, à un rythme qui nous correspond mieux.


La soirée est déjà bien avancée lorsque nous nous mettons enfin à souligner nos aveux intimes d’un geste tendre, à laisser nos mains se frôler, nos corps s’offrir plus ouvertement aux regards de l’autre. Quelque chose commence alors à s’animer au fond de nous, qui laisse présager du meilleur pour la suite. La peau de ma partenaire est douce, sa chair est ferme, les légers mouvements qu’elle fait pour se glisser sous mes doigts font monter une agréable chaleur en moi. Le moment est venu de franchir le pas.


C’est elle qui prend l’initiative en posant ses mains sur mon torse, à la recherche de mes tétons. En un tour de main, mon mandrin croît à la dimension de sa fringale. Histoire d’évacuer toute équivoque, elle redescend le long de mon ventre du bout des doigts, pour aller palper le plus naturellement du monde l’objet de sa convoitise. Apparemment satisfaite, elle murmure dans le creux de mon oreille ce qu’elle attend de moi. Le programme est assez chargé, mais je lui promets de faire de mon mieux. S’il ne tenait qu’à moi, ce serait ici et maintenant. Un reste de galanterie me retient néanmoins d’écarter brutalement les pans de sa blouse et de me laisser aller à malaxer ses seins à pleines mains, au vu et au su de ceux qui nous entourent.


L’injonction à la suivre qu’elle me lance en se levant n’autorise aucune hésitation. Elle prend ma main entre les siennes pour m’entraîner dans son sillage. Je reste derrière elle, de manière à bien profiter du balancement de ses larges hanches, ce dont elle ne me prive pas.


Une fois sortis du bar, nous marchons droit devant nous sans parler, nous arrêtant juste de temps à autre pour assouvir notre besoin de caresses et de baisers. Sa manière d’investir ma bouche de sa langue agile me met rapidement en transe. Après quelques centaines de mètres entrecoupés d’interruptions de plus en plus sensuelles, nous arrivons sous un porche que je reconnais immédiatement. Je suis à peine surpris de la voir taper le code qui ouvre la porte, comme elle l’avait évoqué tout à l’heure. Avant de me faire entrer, elle me met en apnée par un long baiser passionné, pendant que ses mains repartent fébrilement à la découverte de mon corps et de ma virilité.


Son habileté à frôler, à palper, puis à caresser les zones les plus sensibles de mon anatomie démontre une parfaite maîtrise des préliminaires amoureux. Je me laisse faire, enchanté de pouvoir profiter de sa domination sensuelle. Entre ses mains, je me sens comme un jouet érotique vivant, dans lequel elle fait monter la tension et le désir en fonction de ses envies. Après une longue série d’attouchements, elle me pousse dans l’ascenseur, entamant ainsi ouvertement notre montée au septième ciel.


Tout se passe alors très rapidement. Dès que nous arrivons à l’étage où elle habite, elle ouvre sa porte, entre la première dans son appartement et va allumer les lampes du séjour. Nos joutes se passeront donc en pleine lumière. Sans me laisser le temps de la reprendre en mains, elle se débarrasse de sa blouse et de son soutien-gorge, et vient offrir ses seins à mes lèvres impatientes. Je tète ses pointes sensibles, lèche les larges aréoles, rends hommage à pleines mains à ces beautés de la nature. Elle gémit doucement, soupire à chaque frôlement, tend sa poitrine vers moi pour en recevoir encore plus. Sa manière de réagir à chacun de mes gestes m’excite et me donne une furieuse envie de la faire jouir très vite. Je m’agenouille devant elle pour mieux la dépouiller des habits qui m’empêchent d’atteindre son intimité. Elle vient à mon aide en finissant de se déshabiller, puis va s’appuyer contre le dossier d’un sofa, les cuisses largement écartées.


Je tends mes doigts et mes lèvres vers son trésor garni d’une abondante fourrure sombre. Elle guide mes mains, puis, après m’avoir laissé la lécher et la doigter profondément, elle prend ma tête entre ses paumes, pour la placer contre sa chatte trempée, là où elle me suppose capable de lui offrir un plaisir particulièrement raffiné. Je replonge en apnée et me démène comme un beau diable, stimulé par ses parfums intimes.


Enfin, les prémisses d’une première salve font frissonner ses entrailles. Elle pousse un long cri, me suppliant de ne plus arrêter, de lui donner le coup de grâce, à pleine bouche, maintenant ! Joignant le geste à la parole, elle serre mon visage de toutes ses forces contre son bas-ventre. Je ne résiste pas longtemps à ce traitement vigoureux. Asphyxié, je dois me libérer de sa prison de chair pour reprendre mon souffle. D’un brusque mouvement de la tête je m’arrache à son emprise. Court-circuitée à l’instant même où son orgasme allait déferler, elle pousse un grognement de dépit, tout en tentant de replacer mon visage à l’endroit adéquat. Trop tard. La tension est retombée aussi soudainement qu’elle était montée, je n’arriverai plus à transformer l’essai.


Je n’ose pas relever les yeux sur elle, tant je m’attends à une violente remontrance. Quel piètre amant j’ai été. Même s’il faut reconnaître à ma décharge que notre course vers le plaisir, toute empreinte d’une indéniable pulsion érotique, avait quelque chose d’assez surréaliste. D’assez désespéré, même. Après le rythme lent de notre discussion dans le bar, tout s’est précipité. Trop vite probablement. Cela devait certes correspondre à une soudaine et très profonde envie, mais d’une manière ou d’une autre, je suis resté en rade, incapable de lui donner le meilleur de moi-même, sexuellement en tout cas.


Sans rancune, elle prend le parti de s’occuper de moi, en attendant de se remettre sur les voies, avec ou sans mon aide. Elle me pousse à me relever, prend ma place à genoux devant le sofa et libère prestement ma queue, qu’elle engloutit impatiemment. J’abandonne une partie de moi à cette caresse, et laisse monter l’excitation dans mon ventre, mais je sens bien que mon esprit est en train de s’évader. Ma partenaire est délicieusement experte dans l’art de la fellation. Les barrières qui me séparent du grand saut tombent une à une sous ses coups de langue. Mais plus elle m’excite, plus l’image d’une autre femme se substitue à la sienne.


Déchiré entre le plaisir que j’éprouve et la déception de ne pas le recevoir de Véronique, perdu dans des pensées contradictoires, je ne pressens même pas l’imminence de la volupté. Il suffit d’un attouchement particulièrement bien ajusté pour qu’un puissant spasme me tétanise. Pris par surprise, je n’ai plus le temps de prévenir ma bienfaitrice, et je me vide dans sa bouche en abondantes saccades.


Même dans l’euphorie d’une voluptueuse éjaculation, je me sens minable, irrespectueux, nul. Pour couronner le tout, je ne peux réprimer le besoin de m’excuser. Faisant semblant de n’avoir rien entendu, ma belle se relève en passant longuement ses mains sur mon corps. Elle m’assure qu’elle ne m’en veut pas, mais cela ne suffit pas à cacher son dépit. J’ai lamentablement gâché la fête. Comment rattraper le coup ? On ne réchauffe pas un orgasme interrompu.


En regardant autour de moi, je réalise qu’elle a une grande salle de bain, avec une baignoire ronde en son milieu. Peut-être est-ce le moyen de corriger le tir, tout en me montrant enfin moins égoïste. Je la prends tendrement dans mes bras, en murmurant quelques douceurs dans le creux de son cou. Sans illusions sur ce qui m’anime, elle me repousse gentiment. Pas besoin d’en faire trop, de toute évidence nous sommes plus faits pour discuter que pour baiser.


Avant d’en entendre plus, je l’abandonne, nue sous la lumière crue de son séjour, pour aller faire couler un bain. Elle disparaît dans sa chambre à coucher, me laissant fugitivement profiter de sa somptueuse chute de reins au moment où je me retourne pour m’assurer de ce qu’elle va faire. Tout le charme est rompu, il faudra que je fasse preuve de trésors de persuasion pour arriver à la convaincre de me donner à nouveau sa confiance.


Quand tout est prêt pour de longues ablutions, je vais la rejoindre dans son lit. Elle s’est glissée sous le duvet. Je le retire entièrement, et commence à caresser doucement son dos, ses hanches, ses fesses. Puis je glisse mes mains sous ses bras, et m’empare de ses seins, délicatement, tout en lui murmurant ce que j’éprouve pour elle, à l’instant. Elle se laisse câliner, les yeux fermés. Seul son souffle de plus en plus agité trahit l’attention qu’elle porte à mon discours.


Quand elle sent que j’arrive à bout d’arguments, elle se tourne sur le dos, s’offrant entièrement à ma vue. Doucement, elle caresse mon visage, un sourire sur les lèvres, les pointes des seins dressées.



Elle hésite un instant, puis se lève et vient me rejoindre dans la baignoire remplie d’une eau chaude et parfumée. Elle s’allonge entre mes jambes, dos contre moi. Une place idéale pour la caresser, jouer avec les pointes de ses seins, effleurer son ventre et partir à la découverte des trésors cachés entre ses cuisses. Elle se laisse faire avec un plaisir non dissimulé, soulignant les caresses les plus agréables par de légers gémissements. Quand je sens son souffle s’agiter à nouveau, je me redresse, et viens m’asseoir face à elle, un genou entre ses cuisses. En prenant appui sur ses hanches, j’arrive à tendre mon visage vers ses seins et attraper ses mamelons du bout des lèvres. Malgré mon équilibre instable, je me mets à la téter goulûment. Elle fond immédiatement.



Joignant le geste à la parole, elle se met à caresser son sein inoccupé, au rythme de mes succions. Le contre-feu que j’ai ainsi allumé semble efficace. Elle glisse même sa main libre en direction de ses cuisses. Pourtant, après quelques caresses sur sa fente impatiente, elle se ravise. D’un geste vif elle me déséquilibre. Au moment où je vais plonger la tête la première sur son ventre, elle me rattrape et m’embrasse amoureusement.


Nous nous sommes retrouvés. Je me mets à bander contre sa cuisse, l’envie d’elle reprend le dessus, plus rien ne viendra la contrecarrer. Elle aussi me sent prêt, dans sa tête résonne déjà un agréable hallali érotique qui la rend particulièrement entreprenante. Sortant à moitié de la baignoire, elle s’assied sur le rebord, et s’empare de mon pied, qu’elle glisse profondément entre ses cuisses. D’une main, elle arrive à introduire mon gros orteil dans son intimité, les autres doigts trouvant place entre ses fesses. Le soupir de bien-être qu’elle pousse me fait comprendre que je n’ai pas intérêt à bouger. Sans hâte, elle se met à se caresser, tout en prenant bien soin de s’offrir à mes regards. Je suis à sa merci, bandé comme un arc, pour la meilleure progression de son plaisir.


Plus rien ne semble plus compter pour elle que la discrète pénétration que je lui offre, et mon envie d’elle, dont elle peut vérifier l’intensité à la raideur de ma queue qui dépasse largement de l’eau. Dans cette position, chacun peut profiter du corps de l’autre, du désir qui émane de l’autre, et de la lente montée du plaisir qui augmente encore notre complicité amoureuse. Elle resplendit, chacun de ses gestes participe à la symphonie érotique qui se joue dans son corps si manifestement à la recherche de la jouissance.


Cet échange à distance semble interminable. Elle se délecte de chaque frémissement, de chaque onde de plaisir qui surgit entre ses reins, ou plus profondément encore. Jusqu’à ce que ses jambes n’arrivent plus à la porter, tant ce qui s’agite en elle mobilise ses moindres forces. À la recherche d’une position plus confortable, elle se laisse glisser dans l’eau, tout en veillant à bien me garder arrimé entre ses lèvres intimes. Sa main virevolte de plus en plus fort sur son bas-ventre. Chaque vague qui parcourt ses reins se répercute dans l’eau du bain. Je peux sentir l’orgasme monter en elle, rien qu’en écoutant le clapotis de plus en plus intense de l’eau. Toute l’étendue liquide qui nous entoure participe à son bonheur, la berçant au rythme de ses frissons intimes.


Enfin, la voilà revenue au point où je l’avais abandonnée. Son ventre se crispe, ses reins se tendent, elle s’empare de mon pied, et tente de m’enfoncer encore plus profondément en elle. Déjà, les premières contractions déferlent. Tout son corps exprime la violence de son plaisir, elle tremble, vibre, crie, se tord sous le déferlement de l’orgasme, faisant gicler d’immenses vagues hors de la baignoire. L’idée que sa volupté puisse se mesurer à l’étendue de l’inondation m’excite tout autant que de la voir se faire jouir, empalée sur mes doigts de pieds.


Il est temps pour moi de la rejoindre. Tout en veillant à ne pas interférer avec son bonheur, j’arrive à me tourner légèrement, de manière à faire coulisser ma queue entre ses jambes. Elle ouvre brièvement les yeux, contemple la scène et m’encourage à me lâcher. Il n’en faut pas beaucoup plus. Quelques mouvements des reins suffisent à me faire craquer à mon tour. Au moment où j’expulse mon jus laiteux contre son genou, elle tend la main pour en récolter un peu. Puis, après l’avoir goûté sur le bout de ses doigts, elle me prend en main et accompagne mes dernières contractions d’un délicieux massage. Je ferme les yeux sous la caresse, vidé, comblé, le ventre en feu.


Il nous faut du temps pour arriver à nous reprendre. Il y a plus d’eau dans la salle de bains que dans la baignoire. Nous nous sommes laissé submerger par le plaisir d’une manière incroyablement intense. Mon passage à vide est oublié, j’ai bon espoir d’être pardonné et de rester du bon côté de sa liste de mecs.



Amusée et détendue, elle éclate de rire, avant de fermer à nouveau les yeux sous la douceur des spasmes que cela réveille en elle. J’essaie de prolonger cet instant en caressant tout ce que je trouve à portée de main. Elle se laisse faire sans bouger, jusqu’à ce que le froid la fasse frissonner.


Nous trouvons un linge dans lequel nous nous enroulons tous les deux, le temps de traverser l’appartement jusqu’à sa chambre à coucher. Là, elle prend tout son temps pour me sécher. J’en fais de même avec elle, ajoutant ici un coup de langue, là un léger baiser du bout des lèvres, avant de la pousser dans son lit.


Le sommeil nous sépare avant que nous ayons le temps d’échanger autre chose que quelques mots de tendresse. Repus, apaisés, nous sombrons, étroitement enlacés, oubliant tout ce qui n’est pas l’immédiat mélange de nos corps.


Elle n’est plus là lorsque j’émerge le lendemain matin. Je trouve juste un billet dans la cuisine, avec son adresse courriel. La salle de bains ne présente plus aucune trace de l’inondation et tout est rangé dans l’appartement. Rien ne subsiste autour de moi qui conserve le moindre souvenir de nos ébats.


Cela me semble soudain terrifiant. Comme si elle avait déjà tourné la page, sans me donner une chance de trouver une petite place dans la suite de son existence. Comme si elle avait décidé pour nous deux que cet échange resterait un intermède.


oooOOOooo


Je traverse les jours suivants sans me rendre compte de ce qu’il m’arrive. Alors que je pensais juste prendre du bon temps avec deux nanas rencontrées par hasard dans un bar, je me retrouve à ruminer toutes les péripéties qui ont jalonné ces rencontres. Sans avoir l’air d’y toucher, ces diablesses ont mis mon cœur aussi efficacement à nu que mon corps.


Je croyais pouvoir me laisser bercer par leurs caresses, profiter d’un instant de plaisir avec elles, et je me retrouve écorché, éparpillé, en proie au doute, taraudé par le manque de leur présence. Que la grande brune choisisse de n’être qu’une passante, je peux encore l’accepter, même si ses réparties et sa manière de me mettre en face de mes incohérences m’ont titillé presque aussi agréablement que ses caresses. En revanche, que Véronique ne me donne plus aucun signe de vie me fait cruellement souffrir.


Je ne lui ai pourtant pas caché à quel point, fût-ce en quelques heures seulement, elle a pris une place importante dans ma vie. Je ne peux pas me l’expliquer, mais le fait est que j’ai partagé avec elle beaucoup plus que la simple banalité des instants vécus côte à côte. Un sentiment inusité chez moi, qui me donne envie de comprendre ce qui se passe, d’aller pour une fois au bout de ce que j’ai entrepris. Pour cela, il faudrait que Véronique me tende la main.


Elle m’accorde un petit signe deux jours plus tard, mais de loin pas de la manière escomptée. Dans un courriel minimal, elle met fin à toute poursuite de notre relation. Elle s’est trompée, elle s’excuse, je n’y suis pour rien, mais la vie a ses raisons… C’est aussi brutal que concis. Et surtout, cela n’explique rien. Elle ne me doit rien, bien sûr. Mais depuis que je l’ai rencontrée, j’ai découvert que certaines caresses valaient bien plus que n’importe quelle baise. J’ai découvert la contraction de l’espace et du temps par la seule présence de l’autre. J’ai découvert… ? Aucune idée quoi, en tout cas rien que j’ose vraiment nommer, mais je pressens quelque chose que je ne suis plus disposé à lâcher. Et ce n’est pas ce misérable courriel qui va m’en dissuader.


D’ailleurs en le relisant une nouvelle fois, la dernière phrase « pardonne-moi, j’ai merdé ! » me met sérieusement en pétard. Ce n’est pas le genre de truc qu’on peut envoyer sans explications. Si elle voulait bien me faire un tout petit peu confiance, peut-être arriverions-nous à la conclusion que ce n’est pas si merdé que ça, finalement. Ou que c’est merdé, d’accord, mais que ça se rattrape. D’ailleurs, au point où nous en sommes restés, c’est-à-dire entre deux baisers et une pollution nocturne, qu’est-ce qui peut bien « merder » entre nous ?


Je l’informe de mon refus d’entrer en matière, et insiste pour qu’elle me donne quelques explications. Pour faire bon poids, j’annonce ma venue dans… dix minutes ! Je n’attends pas sa réponse et fonce chez elle, le cœur serré, les jambes mal assurées, presque certain de trouver la porte fermée, ou de me faire engueuler avant même d’avoir sonné.


Erreur. Comme la première fois, la porte est entrouverte. Je pénètre dans son appartement, un peu inquiet de me retrouver nez à nez avec sa fille. Nouvelle erreur. Véronique est seule, dans le séjour, en train de repasser. Est-ce pour se donner contenance, ou plutôt pour me signifier à quel point sa vie de tous les jours prime sur ce que je pourrais lui raconter ? La jeannette pliable, mise ainsi ostensiblement entre nous, me complique la tâche. Impossible de m’approcher facilement, chacun de mes gestes est prévisible, toute entreprise de séduction est vouée à l’échec. Par cet artifice ménager, elle me force à rester debout face à elle, sans autre moyen que la parole pour la convaincre. Je suis d’emblée en position défavorable, mais le défi est à la taille de l’enjeu.


Sauf que, paralysé par sa mise en scène, je ne sais plus par quoi commencer. Une avalanche de mots, d’idées, de sensations se précipite dans ma tête, que je n’arrive pas à transformer en paroles sensées.



Je souffre de la sentir si loin de moi. En même temps, il me semble que la cause de cet éloignement est si futile… Je suis impuissant face à sa détermination et cela me détruit.



Elle fait enfin une pause dans son repassage, avant de daigner lever un coin du voile. C’est le moment que choisit un de ses chats pour venir se frotter contre mes jambes. Ce discret signe d’amitié me rassure un bref instant. Au moins lui…



Elle s’interrompt brièvement, pour mieux rassembler ses idées, puis elle conclut :



Sans finir sa phrase, elle me tourne soudain le dos. Un instant, j’imagine que, submergée par l’émotion, elle préfère me cacher son envie de pleurer. Mais il n’en est rien, elle est en fait en train de se déshabiller. Je n’ai pas encore compris ce qui se passe qu’elle a déjà retiré sa robe et ses sous-vêtements. Elle se retourne, complètement nue, bras ballants.


Longuement elle se laisse contempler, immobile. Je suis époustouflé. Il y a une incroyable violence dans cette manière de se soumettre sans apprêt à mon évaluation. Par ce geste inattendu, elle me pousse dans les cordes. Et ce n’est pas fini. Elle s’approche maintenant de moi, le visage totalement inexpressif.



À peine a-t-elle terminé sa tirade qu’elle me prend par la main et m’entraîne vers sa chambre.



Elle va sur son lit et s’allonge comme une gisante, mains jointes.



Plus rien ne l’arrêtera. Elle poursuit sa démonstration en écartant largement ses cuisses. Ce qui pourrait constituer, en d’autres circonstances, une séduisante invitation érotique, ressemble d’un coup furieusement à un examen gynécologique.



Cette manière de se mettre en scène est insupportable. Même si elle a raison de redouter que l’amour ne survive pas à la découverte de son quotidien, au partage permanent des faits assourdissants du corps, dans toute leur impudeur.



Je la sens crispée, tendue, au bord des larmes. Nous sommes allés trop loin. J’aimerais pouvoir la toucher du bout des doigts, lui communiquer un peu de chaleur, mais elle est complètement fermée, son attitude m’interdit tout contact physique, toute intrusion dans sa nudité surexposée.



Il faut que j’arrive à casser cette spirale infernale qui nous amène lentement mais sûrement à la catastrophe. Le corps de Véronique est là, nu, immobile, inaccessible. Pourtant malgré sa farouche volonté de retenir le moindre frémissement de séduction, et de m’éloigner d’elle, elle me touche au plus profond de moi. Ce qui se passe entre nous se trouve dans une tout autre dimension que la première fois. Je ne suis pas de taille à la convaincre par de simples paroles. Elle s’est trop bien préparée. Si je veux retrouver un semblant de complicité, il faut que je la prenne à son propre jeu. Aller au-delà de l’insupportable qu’elle croit être arrivée à planter entre nous.



Pour la première fois depuis que nous nous confrontons, un très léger sourire orne son visage. Loin de la rebuter, mon irritation et ma peur de la perdre semblent commencer à fissurer sa carapace. Après avoir pris tout son temps pour me contempler, elle tend même une main vers moi, et dessine le contour de mon torse du bout des doigts.



Ses paroles sont pleines de reproches, pourtant l’intonation de sa voix dit tout le contraire. L’effet qu’elle me fait, si spontanément, malgré la distance qu’elle met entre nous, cette élémentaire manifestation de mon admiration pour elle la touche. Je perçois enfin une lueur d’espoir dans notre discussion.



Je la serre entre mes bras. Elle se détend peu à peu. Enfin.


La caresse de sa main sur mon dos et une agréable odeur chocolatée me réveillent. Je me suis probablement assoupi, assommé par l’intensité de ce que nous venons de traverser. Elle en a profité pour préparer deux grandes tasses de sa drogue préférée. Je prolonge cet instant de rêve en faisant semblant de continuer à dormir. Mais rien ne lui échappe, surtout pas les frémissements de mes muscles sous ses doigts, ni la soudaine bouffée de chaleur qu’ils provoquent sur ma peau.



Encore profondément dans la ouate, je grogne quelques banalités.



Je n’y tiens plus, elle va me rendre dingue. J’ai déjà proféré en moins d’une heure tout mon quota de mots pour une année. Je ne suis pas fait pour ça, il faut que cela cesse. En me forçant à parler, à tout dire, tout exprimer, elle me paralyse, pire elle me castre. Qu’elle fasse l’effort d’apprendre la langue du corps si elle veut me comprendre, je suis nettement plus disert de cette façon.


D’un mouvement brusque, je me redresse, et l’enferme dans mes bras. Elle abandonne sa tête contre mon épaule, bouche entrouverte, les yeux fermés. Au moment où je pose mes lèvres sur les siennes, la boule qui m’étouffait depuis le début de nos retrouvailles explose dans ma poitrine. Plus rien ne retient mes émotions trop longtemps malmenées. Je me mets à chialer comme un gosse. Sauf que, plus les larmes coulent, plus mon envie d’elle se manifeste. En me reprenant en main, elle fait de moi un cheval fou. Mon corps retrouve sa liberté dans une impressionnante bandaison, alors que ce qui oppressait mon cœur se liquéfie dans les sanglots.


Peu importe que tel soit son désir, peu importe que cela entre dans son concept du moment, je me jette sur elle comme un damné, l’embrasse, la caresse, la lèche, la suce partout où elle n’arrive pas à se protéger. Rapidement, elle craque et s’abandonne, après m’avoir indiqué d’un mouvement de la tête où trouver de quoi me protéger.


J’ai de la peine à enfiler le truc en latex tellement je tremble d’impatience. Je ne suis plus que pur désir. Au-delà de la baise, au-delà de l’amour, au-delà de tout ce qui n’est pas mélange des corps et des âmes. Elle se glisse sous moi, chaude, frémissante, impatiente, comme je l’ai connue au sortir du bar. Tout se passe alors très vite. Instinctivement nous nous emboîtons, nos ventres se serrent l’un contre l’autre, nos cœurs battent la chamade. Les plus infimes crispations de l’un font déferler de voluptueuses vagues en l’autre. Aux moindres envies correspondent de langoureuses caresses, qui nous font décoller à une vitesse vertigineuse.


Quelques instants plus tard, je me sens prêt à décrocher. Je me mets à la fouiller de toute la vigueur de mes reins, profondément enfoncé, arrimé, harponné en elle. Je ne la baise pas, je ne lui fais pas l’amour, c’est encore plus grand, je me fonds en elle, je m’unis à elle, comme je ne l’ai encore jamais vécu avec aucune autre.


Son instinct de femelle doit lui faire ressentir au fur et à mesure ce qui se passe en moi. Avec une infinie tendresse, elle me couvre de caresses rassurantes, tout en m’enserrant de toutes ses forces au fond de son ventre. Elle veut bien me recevoir en elle aussi absolument, au moins ce soir. Je vois sur son visage à quel point elle se délecte de l’envahissement brutal que je lui impose. Encore quelques basculements de nos hanches et mon vœu de la voir jouir va se réaliser.


Pour mon plus grand malheur, il doit cependant être écrit quelque part que le chemin menant au paradis avec elle sera jalonné d’écueils insurmontables. Au moment où je vais partager la plus délicieuse des voluptés entre ses bras, son mobile déposé sur la table de nuit sonne. D’abord discrètement, puis de plus en plus fort. Un truc irrésistible, qui ferait débander le plus fougueux des étalons.


Cassé dans mon élan, vaincu par la technologie, je me laisse tomber sur le flanc, un bras sur ses seins, la queue palpitante, les couilles pleines à ras-bord d’une éjaculation soudain impossible. Douleur, rage et désespoir…


Plus rapidement de retour dans la dure réalité que moi, elle commence par lâcher une bordée d’insultes envers la longue liste de casse-couilles que contient son répertoire téléphonique. Bien décidée à ne pas répondre, elle entreprend même de s’occuper de mon membre engorgé, avec un soin d’infirmière urgentiste. Je suis touché par cette attention, mais étrangement, l’idée que l’appel téléphonique puisse être en relation avec sa fille s’impose immédiatement à mon esprit, et achève de me calmer.



Son visage se décompose au fur et à mesure que la conversation progresse. Au moment de boucler, elle explose, à mi-chemin entre la crise de rage et la crise de nerfs. Sa petite est tombée malade chez son ex, qui devait la garder ce week-end. Il se sent incapable de s’en occuper correctement, « alors tu comprends, pour son bien, enfin, bref, je te la ramène ».



C’est comme un immense coup de poing dans le ventre. Comment peut-elle savoir cela ? Je suis loin d’être vraiment accro, mais il est vrai que je ne suis pas complètement clair sur ce point. Même la grande brune l’avait remarqué. Si c’est la condition qu’elle met à une nouvelle rencontre, on frise le surhumain.