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Temps de lecture estimé : 14 mn
25/10/09
Résumé:  Dans la famille Trent, je voudrais la mère.
Critères:  fh ff
Auteur : Couplemelangiste            Envoi mini-message

Série : Fragments amoureux d'une libertine

Chapitre 05 / 09
Julia...

Sur le coup de onze heures du matin, je suis montée frapper à la porte de la chambre de Julia pour voir comment elle allait. Elle m’invite à entrer. Allongée sur son lit, elle est en train de bouquiner, sa jambe blessée sur un coussin.


Je l’embrasse sur les joues et m’assois à côté d’elle, là où Daniel a dormi. L’odeur de son corps et de son after-shave sont restés dans les draps et m’imprègnent aussitôt de leurs effluves délicieux.

Je lui demande des nouvelles de sa cheville. Elle me dit qu’elle n’a pas très bien dormi à cause des élancements, mais que c’est très supportable.

Je propose de refaire son bandage. Je suis un futur toubib après tout. Elle accepte en riant.

Sa cheville encore enflée est cernée d’un vilain bleu.

Je la masse très doucement d’un onguent anti-inflammatoire à l’odeur forte d’eucalyptus qui masque presque celle de Daniel. Je fais pénétrer profondément la crème dans sa peau en petits passages lents et doux des pouces pour ne pas la faire souffrir plus que nécessaire. Mais je lui fais mal quand même, je le vois bien. Elle ne dit rien, mais ses traits sont un peu figés et je vois sa lèvre supérieure s’ourler de minuscules gouttelettes de transpiration. Je m’excuse de ce que je lui fais subir. Elle essaye de sourire vaillamment en me rassurant.



Je reviens m’asseoir en tailleur à côté d’elle et je lui tends le joint d’herbe pure que j’ai réussi à me faire refiler hier en faisant du hors-piste par deux mecs. Ils fumaient, assis dans la poudreuse jusqu’à la ceinture, le dos appuyé à leurs planches et profitant du paysage magnifique de la vallée sous leurs pieds.


Des esthètes !


Sur la promesse qu’un de ces jours je viendrais skier avec eux, ils m’avaient refilé un joint déjà roulé en m’assurant que l’altitude n’avait pas grand-chose à voir avec ces résultats.


À usage strictement thérapeutique, confiais-je à Julia d’un air sérieux. Un merveilleux antidouleur.


Elle a les yeux brillants, mais n’ose pas l’allumer et elle me trouve dix prétextes.



Elle m’a regardé faire, amusée. J’ai pris le temps de deux ou trois bouffées âcres et d’un nuage blanc de fumée parfumée avant de le lui tendre.



Elle ne s’est même pas fait prier.

Nous l’avons terminé un quart d’heure plus tard en ricanant comme des demeurées.


J’ai été ouvrir la fenêtre en grand pour aérer.

J’aperçois les traces que j’ai laissées l’autre jour dans la neige en les observant, et la forme très distincte de mon cul, là où je me suis assise pour cuver mon orgasme. Pas très discret, en fait. Mais cela ne me tracasse pas plus que ça.


Elle m’invite à la rejoindre sous la couette pendant que nous aérons la pièce qui devient glaciale en quelques secondes. Enfouie sous le duvet jusqu’au nez, je me rassasie de leur odeur à tous les deux et je sens sa hanche irradier sa chaleur contre la mienne. Nous restons là un moment sans parler.

Les exhalaisons coupables de la Marie-Jeanne ayant à peu près disparu, je referme la baie vitrée et pousse le thermostat à fond avant de retourner me réfugier à côté d’elle. Tournée vers moi, la tête appuyée sur une main, elle me regarde en souriant d’un air un peu étrange. Ses yeux étudient chaque courbe de mon visage et jusqu’au grain de ma peau… Et je ne sais pas quoi lire dans ce regard.



Les effets de l’herbe rendent ses mots hésitants, presque hachés.

Elle tend une main vers moi et dessine une caresse sur ma joue, avant de venir suivre le tracé de mes lèvres du bout des doigts.

J’ai moi aussi tout à coup cette impression de bouche sèche…

Je lui rends sincèrement son compliment, sans savoir tout à fait ce qu’elle veut me dire vraiment.


Son corps s’est approché du mien, et moi du sien. Sa bouche s’est posée sur la mienne. Mon corps s’enfièvre d’un coup à son contact. J’ai envie de l’embrasser et de sentir sa langue contre la mienne. Mais elle ne poursuit pas son avantage, laissant un long moment ses lèvres fermées contre les miennes en une petite caresse très douce. Elle me prend dans ses bras et je me laisse aller contre elle. Sa bouche trace un petit sillon humide dans mon cou



Je n’ai pas eu l’impression que c’est comme ça qu’elle voulait me l’annoncer, mais c’est sorti tout simplement… D’ailleurs, elle se sent obligée de rajouter aussitôt :



Je ne fais même pas mine d’être étonnée, ce serait une injure à son intelligence. Mais je ne dis rien non plus. D’ailleurs qu’y a-t-il à dire ? Je la serre juste un peu plus fort contre moi.



Je n’ai rien trouvé d’autre à dire que de reprendre ses propres mots puisque ce sont les mieux choisis pour la circonstance. Sa présence me trouble. Ce qu’elle me dit me trouble. La situation me trouble.



J’ai envie de lui dire qu’elle exagère un peu, d’après ce que j’ai pu en voir.



Mais là aussi, les fantasmes se sont taris, mes guêpières l’excitaient moins, mes promesses de le sucer dans la voiture ou sous la table d’un grand restaurant ne le mettaient plus dans l’état de surexcitation que nous avions connu. Bref, nous ne couchions presque plus ensemble.

Un soir qu’une de mes amies était venue dormir chez nous, et après une soirée très arrosée, j’ai rejoint Daniel dans la chambre. Il m’a baisée, à peine entrée, debout contre la porte, et refait l’amour trois fois dans la nuit. Si j’ai pris plus de plaisir cette nuit-là que le total des trois années précédentes, j’ai aussi compris que Daniel fantasmait surtout sur ma copine qui dormait dans la chambre d’ami. J’avais senti l’attraction qu’ils exerçaient l’un sur l’autre pendant tout le dîner. Je me suis sentie cruellement blessée, en recevant au fond de moi ce sexe qui bandait pour une autre, mais le plaisir qu’il me donnait était tellement rare que je me suis laissé aller comme une chienne en espérant qu’elle m’entendrait bien hurler mon plaisir. Entre deux orgasmes et alors que nous reprenions notre souffle, je lui ai demandé s’il avait envie d’aller se la taper. Il m’a répondu qu’il en avait effectivement envie, mais il voulait que moi aussi je sois là, et que je participe… Son fantasme, c’était que nous fassions l’amour tous les trois. J’ai refusé en le traitant de pervers. Cette femme ne m’attirait pas du tout. Il m’a fait l’amour plus souvent les semaines suivantes en me disant qu’il m’aimait, jusqu’au jour où en rentrant à la maison un soir, notre baiser de retrouvailles était devenu plus fougueux que d’habitude. Il avait remonté ma jupe et sorti sa queue déjà dure pour écarter mon string et me perforer la chatte d’un coup, debout dans le couloir de l’entrée. Cette invasion brutale de ma féminité m’avait fait un peu mal, mais son excitation m’avait vite gagnée, et, au bout d’un petit moment, sa queue s’était mise à aller et venir en moi plus aisément. Alors que j’étais au bord de jouir, j’ai cru respirer sur lui l’odeur particulière du parfum de ma copine.



Il l’avait revue, quelques jours après sa nuit chez nous en passant devant son bureau à l’heure du déjeuner. Il l’avait invitée au restaurant. Bien sûr, elle avait tout entendu de notre nuit passionnée et lui avait avoué qu’elle se serait bien jointe à nous. Il se l’était faite l’après-midi même, dans un hôtel à côté du resto, et entretenait depuis une liaison régulière avec elle.

Je lui ai fait une scène terrible après ça. Il m’a juré qu’il n’aimait que moi, mais que c’était plus fort que lui, il avait envie de découvrir d’autres plaisirs. Il voulait simplement que nous les partagions ensemble, mais j’avais refusé lorsqu’il me l’avait proposé. Il n’avait rien à faire de cette femme.

Quelques jours plus tard, j’ai reçu le fameux collier en paquet recommandé, mais il n’y avait aucune mention de l’expéditeur. Même s’il l’a toujours nié, je pense que c’est elle qui me le renvoyait. Il avait dû le lui offrir en cadeau de rupture et elle n’avait pas osé le garder.



Je savais exactement de quoi elle parlait. Mais je ne comprenais pas encore où elle venait en venir.



Nous y étions !


Je pouvais toujours faire l’innocente, mais il y avait fort à parier qu’elle avait déjà dû demander à Charles, si j’étais sortie ce soir-là. Et puis cette femme était sincère et je me sentais redevable de la même franchise .



Nous avons éclaté de rire toutes les deux… Visiblement elle ne m’en voulait pas.



La question était trop directe pour que l’on n’y réponde pas sincèrement.



Elle s’était mise à parler sans détour, l’herbe avait aboli toutes ses inhibitions. Ce qui l’avait profondément troublée dans le récit de Daniel me regardant dans le sauna, c’est qu’il l’avait excitée. Elle avait passé l’âge de s’émouvoir d’un simple récit érotique. Or la raison de cet énervement des sens n’était pas liée à l’écoute d’une banale situation de voyeurisme, mais surtout au fait que j’en étais l’actrice principale.

Elle m’avoua qu’en me regardant dire bonjour à Daniel pour la première fois, elle avait ressenti un choc dans le ventre. Elle avait pris cette sensation étrange pour une forme d’inquiétude lucide face à la concurrence que ma jeunesse représentait, et elle n’avait pas pu s’empêcher une pique sur mon adolescence…

En faisant l’amour avec Daniel, le lendemain, et alors qu’il lui parlait de moi, elle s’était rendu compte que ce qu’elle avait éprouvé en me voyant comme lui, la première fois, ce n’était pas que de l’inquiétude, mais une forme de violent désir…

Ce désir physique d’une femme, elle l’avait refoulé toute sa vie. D’abord par convention et ensuite parce que l’occasion ne s’était jamais vraiment présentée. Elle n’y pensait jamais plus que les lambeaux de rêves étranges aux caresses entre femmes qu’elle ramenait parfois de son sommeil. Elle se croyait hétéro pure et dure… Et elle ne comprenait pas tout à coup pourquoi ses barrières mentales s’étaient effondrées devant cette marée de désirs brutaux et inconnus.

Au-delà de ce simple désir de moi, elle s’était mise aussi à fantasmer sur le désir de me partager avec lui. Elle l’avait sucé en lui disant d’imaginer ma bouche… Quand il l’avait baisée en levrette, elle s’imaginait le regarder pilonner ma chatte… En retour, il lui avait dit d’imaginer ma langue sur son sexe en la léchant…

Le bouleversement était d’autant plus profond, que quand il s’était répandu en elle et l’avait inondée de sa semence, elle s’était aussi rendu compte que c’était bien à elle qu’il faisait l’amour, et que le fait de partager le même fantasme, les rapprochait au lieu de les éloigner…

En me faisant porter ce collier, elle lui faisait comprendre que, si quelque chose arrivait entre lui et moi, elle voulait être là, elle aussi !

L’arrivée de Daniel et de Charles arrêta net notre conversation, sans que je puisse lui dire ce que je pensais de sa confession et du rôle qu’elle m’avait fait jouer en me prêtant ce collier.


Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle…

En gros, je m’étais mis en tête de conquérir les membres de cette famille l’un après l’autre, à la façon des Horaces.

Avec Charles j’avais commencé par le plus faible d’entre eux.

Cela me rappelait ce jeu de cartes pour enfants : dans la famille Trent, je voudrais le père et la mère… et le fils !

Mais arrêtons-nous là un instant, pour faire le point.


J’y allais vraiment fort depuis mon arrivée ici. Je ne me reconnaissais tout simplement plus… Cela avait commencé dès notre arrivée. Je m’étais sentie dans une forme éblouissante sitôt entrée dans ce chalet que je découvrais. Je m’y étais sentie chez moi immédiatement. Aux premières minutes dans le sauna, j’avais eu l’impression que mon corps flétri de ses longs mois parisiens s’arrachait enfin d’une chrysalide grise et polluée pour demander toute mon attention et exiger des folies que je n’avais plus envie de lui refuser.

Pour aussi éclectique qu’elle soit dans ses choix, ma sexualité m’avait paru jusque-là relativement moderne, mais assez banale. J’aimais les hommes et j’appréciais aussi la douceur des caresses d’une femme dont le temps n’est pas mesuré au besoin impérieux d’une éjaculation, sans pour autant me découvrir une âme de lesbienne en puissance.

Je n’avais vécu que des histoires simples de flirts poussés, mais de flirts quand même, et strictement dans les huis clos d’un duo.

Je me découvrais soudain en manipulatrice avide de situations scabreuses. J’avais des envies d’amour à plusieurs…

Je me retrouvais aussi à tirer un trait sur le passé et à brûler les ponts derrière moi. Bruce en était la première victime… Il ne serait pas la seule.

Le constat me rendait assez triste, mais je ne lui trouvais plus de place dans mon scénario. Il avait été amoureux de l’insecte imparfait, il ne pouvait désormais plus prétendre à rien d’autre qu’à ce souvenir.

Il ne passerait pas de l’autre côté du miroir.

Je m’imaginais avec difficulté ce que Charles représentait pour moi. Il m’attirait énormément et je l’avais perçu aussitôt comme un premier amant potentiel. Cette attirance physique s’était doublée d’une complicité intellectuelle certaine.

Au fond de moi, je savais ce qui allait se passer.


Ma décision était prise dès notre premier soir dans le jacuzzi. J’avais voulu depuis, tracer les contours de ce que je souhaitais que soit notre sexualité. Une relation vraie et sans tabou où chacun peut exprimer ses fantasmes et tenter ensemble de les réaliser. Il semblait aujourd’hui en accepter presque tous les termes.

Et son éducation n’était pas encore terminée…


Mais j’avais aussi considéré Daniel pour ce premier rôle. Et lui aussi avait de sérieux arguments. Par contre, l’objectif n’était pas facile : s’il pouvait flirter avec moi comme il le faisait sans vraiment s’en cacher et extérioriser ses fantasmes devant sa femme, c’était aussi un homme pragmatique et expérimenté. Oserait-il risquer l’amitié qui l’unissait à mon père pour un vulgaire coup de queue en trop ? Le fait qu’il ait dit son envie à Julia ne voulait pas dire qu’il irait plus loin que ces fantasmes partagés dans l’intimité légitime de leur couple.

Si l’on ajoute aux inconnues de cette équation érotique le rôle que Julia voulait aussi jouer…

J’étais en pleine confusion…


Si la confession de Julia me laissait perplexe, sa franchise me plaisait. Elle appelait un chat, un chat… Et d’après ce que j’avais retenu de ses propos embarrassés, elle avait envie du mien ! Même s’il ne s’était rien passé entre nous, mis à part le baiser chaste que nous avions partagé, lèvres fermées, avec nos corps soudés l’un à l’autre.

Mais j’aurais été bien naïve de penser que les effets de l’herbe étaient seuls responsables de ses révélations… La crudité des descriptions de ses scènes d’amour avec Daniel était recherchée, étudiée. Elle ne racontait pas seulement l’histoire banale de la femme trompée à une bonne copine attentive… Elle avait dessiné des tableaux érotiques dans le dessein de me donner envie d’eux. De m’exciter !

Elle y était parfaitement arrivée !

Il ne me restait plus qu’à en envisager l’hypothèse. Mais, ce n’était pas le plus compliqué… Même si je savais m’avancer vers des rivages dangereux. Le trio avec Olga et Charles n’en avait pas été vraiment un. Je savais que si quelque chose arrivait avec eux, ce serait différent. C’était moi qui allais me retrouver dans le rôle que j’avais fait jouer à la Suédoise, sauf à tenter de tenir la barre et d’imposer moi-même les limites d’un jeu que nous ne jouerions qu’une seule fois.