Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 13664Fiche technique23265 caractères23265
4039
Temps de lecture estimé : 17 mn
16/01/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  La vie reprend - Les interrogations demeurent.
Critères:  #fantastique jeunes profélève voir exhib photofilm
Auteur : Divine      Envoi mini-message

Série : L'accident

Chapitre 06
Retour à la réalité

Résumé des épisodes précédents :


Sophie Hash, une enseignante de vingt-huit ans, échappe par miracle à un terrible accident de voiture. Deux semaines après l’accident, elle retrouve par hasard Marc Ginest, son sauveur dans la médiathèque de Lancroix. Ce pompier volontaire, au physique attrayant, lui propose un dîner, qu’elle accepte avec joie. Lors de cette soirée, elle tombe définitivement sous le charme du trentenaire. Marc la ramène chez elle sans pour autant initier le rapprochement qu’aurait souhaité la jeune femme.


Sophie le recontacte une semaine plus tard, pour un apéro. Le pompier lui propose alors de lui faire découvrir la région, lors de ses randonnées du week-end. Leur première virée a pour cadre le lac des Bouillouses, dans le Capcir. Tandis que le fringuant pompier s’adonne à son loisir favori, la pêche au coup, Sophie se retrouve, de fil en aiguille dans une position… délicate. Le cousin de Marc, un étudiant prénommé Thomas, tombe sur eux par hasard. Au grand désespoir de Sophie, Thomas semble avoir tout vu…


Très sensible aux charmes de l’enseignante, l’adolescent se laisse tirer les vers du nez par Sophie, qui apprend ainsi ce qui est arrivé l’été précédent au lac de Matemale – les circonstances de la noyade de Manon, l’ex-fiancée de Marc. Un jeu érotique, initié par la jeune femme, se met en place entre elle et Thomas. Sophie s’échauffe peu à peu, au point de ressentir une attirance proprement surnaturelle pour l’ado, au moment de retrouver sa tente pour la nuit… Thomas l’y rejoint un peu plus tard. L’enseignante et l’étudiant partagent un moment très intense, malgré le froid et le sol inconfortable.


Au matin, Thomas a plié bagage, sans un au revoir. Cela arrange Sophie, qui, au final, regrette cette aventure d’un soir, initiée par une brutale et inexplicable poussée de désir. Lors de leur retour à Lancroix, Marc et Sophie, surpris par les orages, sont pris en stop par d’étranges gitans. Un autre cauchemar, tout aussi horrible, assaille l’enseignante. À son réveil, elle ressent à nouveau ce même appel physique… Mais pour Marc, cette fois ! Comment faire pour se rapprocher de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer, après cette aventure avec son cousin ?






Marc Ginest allongea sa foulée sur un rythme furieux. Il eut tôt fait de rejoindre son petit appartement, sur les hauteurs de Lancroix, dans le quartier de la caserne. Furieux, il l’était, mais sa colère masquait en réalité sa peur. Les deux gitans n’étaient pas passés par hasard sur cette petite route de montagne. Kalia, au courant de l’échec de sa tentative, n’avait pas perdu de temps avant de lui envoyer ses émissaires. Les pauvres bougres n’étaient peut-être même pas au courant du but réel de leur mission, ils avaient obéi à des impulsions qu’ils croyaient être les leurs, téléguidés à leur insu dans ces montagnes où en réalité ils n’avaient rien à faire.


La colère de Marc était tout autant dirigée contre lui-même. Il ne s’était pas méfié, n’avait rien vu venir. Ni l’emprise de Kalia flottant sur cette fourgonnette, ni la brutale attaque du charme, quand les seins de Sophie s’étaient appuyés sur son torse, comme par mégarde. Une flambée de désir les avait réunis l’espace d’une seconde. Il lui avait fallu toute sa volonté pour se détacher d’elle, résister au besoin viscéral de l’embrasser à pleine bouche. En raccompagnant Sophie, il n’avait eu que cela en tête : la prendre dans ses bras, poser ses lèvres sur les siennes, la suivre dans son appartement pour une heure, pour une nuit, pour une vie…


La marque de Kalia. Le signe, aussi, qu’il était assez toqué de cette brune pour affronter en vain la malédiction, pour se leurrer une nouvelle fois sur l’idée d’un amour plus fort que la mort.



-- oOo--



Après une nuit particulièrement hachée, je repris le chemin du lycée le lundi matin, abrutie par le manque de sommeil. Depuis trois jours, j’étais assaillie de cauchemars récurrents, ayant tous trait à mon immolation dans divers hydrocarbures enflammés. Un traumatisme différé, lié à mon accident ?


Vers neuf heures, je retrouvai mes terminales. Dernière ligne droite avant le bac, ultimes conseils pour les révisions.


Quand les vingt élèves s’installèrent dans la petite salle, face à moi, je me surpris à observer d’un œil neuf les rares garçons de la classe. La plupart avaient dix-huit, dix-neuf ans. En matière de sexualité, étaient-ils vraiment aussi innocents et immatures que je l’imaginais ? Une partie d’entre eux, certainement… D’autres, peut-être, étaient déjà détenteurs d’une science amoureuse aussi élaborée que celle dont Thomas avait fait preuve avec moi.


Je laissai mon esprit replonger dans nos étreintes du week-end… Des sensations précises me revinrent, déclenchant un désir violent. Celui de le sentir à nouveau contre moi, planté en moi. Qu’allais-je faire, si le cousin de Marc me relançait ? L’envoyer paître ? Ou le prier de se pointer, pour une discrète nuit d’amour ? Les aréoles de mes seins durcirent à cette idée. J’étais loin d’être guérie de mon addiction surprise pour Thomas ! Toute rouge, je plongeai le nez dans mon manuel. Pas assez vite cependant pour ignorer le clin d’œil d’un de mes élèves, Julien Moretton.


Comme s’il avait pu lire en moi, deviner l’objet de mes pensées, le lycéen affichait à présent un sourire libidineux. J’en fus troublée. Fidèle à ses habitudes, il se balançait au fond de la pièce, sa chaise en équilibre sur deux pieds. Comment qualifier Julien ? Un élève plus que moyen, souvent irrespectueux. Mais jamais agressif. Pas ouvertement, du moins. Il se contentait de me mater, son regard suspendu à mes seins quand il m’arrivait de ne pas mettre de soutien-gorge, sur mes fesses quand j’écrivais au tableau, dos à la classe.


Les garçons de cet âge étant prompts à fantasmer sur des petits riens, je considérais cela comme une fixation d’ado sur une prof somme toute assez agréable à regarder. J’essayais d’ignorer comme je le pouvais son intérêt gourmand pour ma personne. Cependant, je n’avais aucun mal à imaginer les obsessions du jeune Moretton, ce qu’il rêvait de faire avec moi. Ou plutôt, avec mon corps… Qu’aurait-il pensé, s’il avait su que, la veille, je m’étais envoyée en l’air avec un garçon à peine plus vieux que lui ?


Le cours traînait en longueur. Je me surpris à regarder plusieurs fois ma montre, espérant que la grande aiguille allait soudain bondir d’une demi-heure en avant, par la grâce d’une quelconque faille spatio-temporelle… Mais non, les secondes faisaient du surplace, engluées dans la moiteur de cette fin mai. Et ce soleil derrière la vitre, qui tapait plus fort que le four solaire de Font-Romeu ! Interrompant cette torture, une sonnerie retentit enfin, aussitôt suivie d’un brouhaha de chaises maltraitées.


Julien, qui avait pris tout son temps pour ranger ses affaires, épaula son sac et se dirigea vers la sortie avec les derniers élèves. Quand il passa près de moi, il se pencha légèrement et me glissa à l’oreille :



J’ai envie de toi… Rien que ça ! Je fis comme si je n’avais pas entendu. J’aurais peut-être dû réagir, faire un esclandre, alerter la proviseur. Mais avant que je ne me décide à le chapitrer, il avait déjà disparu. Je décidai de laisser couler. Des Julien Moretton, il y en a au moins un par lycée…



-- oOo--



Je poussai la porte de mon chez moi. Enfin seule !


Toute la journée, mes pensées n’avaient cessé de se cristalliser sur les cousins Ginest. Dès que je chassais Thomas de mon esprit, c’était Marc qui prenait sa place, et inversement. À quoi donc rimait cette obsession irrationnelle ? Nerveuse comme une chatte à qui on a pris ses petits, incapable de me poser dans le canapé, de me détendre avec un livre, je marchais de long en large dans mon appartement, une tasse de thé vert à la main.


Mon passé de « fille facile », ayant déjà « bien vécu », me revenait en pleine figure. C’est vrai, j’aime adopter un comportement de bimbo, collant par jeu à l’image que se font de moi la plupart des hommes – la nana pleine de vie, qui « apprécie qu’on l’apprécie ». Une attitude somme toute assez normale, quand on a plutôt été gâtée par la nature. Mais là… C’était un tout autre stade ! Je n’avais envie que d’une chose. Sentir contre moi la peau nue de Marc. Ou bien celle de Thomas… Mon dieu ! Je ne pensais qu’au sexe ! À en devenir timbrée !


Une question me taraudait : « Peut-on devenir nymphomane comme ça, sans préavis, à vingt-huit ans ? » Nymphomane. C’était le mot. Comment qualifier autrement une femme à ce point submergée de désirs – pour deux hommes à la fois ! – en rupture complète avec la retenue et les bonnes mœurs valorisées par notre société ? Ce désir surnaturel m’effrayait, il était tellement étranger à mon habituelle réserve, et surtout à l’idée que l’on se fait d’une enseignante respectable…


Voilà le genre de pensées anxieuses et inutiles qui planaient dans mon esprit – pour l’instant rétif à toute idée de détente – quand je buttai sur le sac à dos posé au milieu du salon. Je n’avais même pas pris le temps de ranger mes affaires ! À l’intérieur, la petite tente igloo de Thomas, que j’avais « oublié » de rendre à Marc, la veille. Un prétexte tout trouvé pour contacter l’étudiant.


Remettant chaque chose à sa place, je vidais mon sac – au sens propre ! – trouvant dans cette activité mécanique un semblant d’apaisement. Je faisais le tour des nombreuses poches de toile quand mes doigts se refermèrent sur un papier roulé en boule. Débordante de curiosité, je défroissai le mot. Il ne contenait qu’une seule ligne, une adresse mail en réalité. Celle d’un certain Thomas Ginest…



-- oOo--



Après une dure journée de labeur, à désherber les plates-bandes aux côtés de son père et à traiter les fruitiers, Thomas se prélassait dans son lit, son ordi sur les genoux. Face à lui, dans une tenue un brin provocante, Megan Fox lui offrait le plus beau des sourires. Bientôt l’heure de son chat quotidien avec Coralie.


En attendant que sa copine pointe le bout de son nez sur MSN, Thomas déverrouilla un répertoire protégé. L’explorateur affichait une bonne centaine de photos, prises avec son Nikon D60 deux semaines auparavant. Thomas lança le diaporama. La mine boudeuse, tendant la main vers l’objectif pour l’empêcher de cadrer, une nymphette pleine de taches de rousseur et aux longs cheveux blonds apparut à l’écran. Coralie, d’abord gênée, qui se détendait au fil des photos, prenant la pause en souriant, entortillant une boucle vaporeuse sur son doigt, lançant un regard aguicheur par dessus son épaule. Et même – ô joie ! – consentant à se dévêtir.


Une à une, les pièces de vêtements disparaissaient, révélant une silhouette menue, mais agréable. Coralie fut bientôt nue ; seul un chapeau de paille à larges bords dissimulait ses formes, préservant symboliquement sa pudeur. Sur les clichés suivants, exit le chapeau. Rougissante, elle dévoilait à l’objectif tous les secrets de son corps. Le Nikon se rapprochait insensiblement, délaissant la jolie frimousse pour des plans plus serrés. Cette fois-là, Coralie l’avait stupéfié. Elle n’avait pas hésité à écarter les cuisses, se caressant devant lui tandis qu’il la mitraillait comme un fou. Lui qui la croyait coincée ! Sur la dernière série de photos, on ne voyait plus que son bel abricot fendu, écartelé par la pénétration active de ses doigts et poissé de mouille.


À dix-huit ans passé, Thomas Ginest venait de découvrir une vérité universelle : chaque femme, ou presque, abrite aux tréfonds de sa psyché une créature avide de plaisir. Brimée par la pression sociale, la peur du « qu’en-dira-t-on », le succube qui se dissimule en nous ose parfois se montrer à visage découvert, à qui sait l’apprivoiser. Elle est alors prête à libérer toute son énergie sexuelle et à se donner au centuple, laissant à son partenaire effaré le sentiment d’une explosion de lubricité totalement inattendue.


L’ado regardait défiler les photos sans même défaire la braguette de son jean. Préoccupé par son infidélité, il ne bandait pas. Certes, ce n’était pas son premier coup de canif au contrat. Mais là, il s’agissait d’une sérieuse entaille ! Rien à voir avec un flirt poussé, lors d’une sortie en boîte… Il avait fait l’amour avec Sophie. Trois fois, en une seule nuit. En réalité, il serait plus exact de dire qu’ils avaient baisé comme des dingues, sans se soucier d’être discret !


Un signal sonore le sortit soudain de ses ruminations coupables. Le chat venait de s’engager. Thomas passa sur la fenêtre de dialogue. Une première ligne de Coralie l’y attendait déjà.

C : — Bonjour mon cœur !

T : — Hello mon BB !

C : — Et bien, je vois que t’es déjà là, fidèle au poste !

T : — Comme tu vois, je lâche pas l’affaire…

C : — Au fait, tu faisais quoi, en m’attendant ?

T : — Je bricolais un truc…

C : — Tu t’amusais ? Tout seul, j’espère ? ; -)

T : — Non, je suis avec cinq belles nanas, et on est en train de se faire une orgie à tout péter.

C : — Vantard, va ! Met ta vidéo en route, que je profite au moins du spectacle !


Merde ! Si Coralie voyait la tronche qu’il tirait en ce moment, elle était capable de se douter de quelque chose !

T : — En fait, j’étais en train de regarder les photos qu’on a prises la dernière fois. Et là… je suis pas trop présentable.

C : — Tu m’avais promis de les virer, ces photos !

T : — Et comment je fais, moi, d’ici septembre ? Déjà que tu n’es pas là !

C : — Tu n’es vraiment pas… décent ? Mmmm, tu me mets l’eau à la bouche !

T : — Non !

C : — C’est pas tout ça d’exciter une pauvre fille, toute seule, au loin ! Je veux du concret, moi, maintenant… Montre-toi un peu, pour voir !


Et re-merde ! Thomas se tourna sur le côté, posa le portable près de son oreiller, puis alluma la webcam. Une petite fenêtre afficha aussitôt son visage blême, quasi verdâtre avec le rétro éclairage de l’écran. Coralie, assise à son bureau, apparut en contre-jour.



Coralie babillait depuis un bon quart d’heure – Thomas grommelait quelques mots opportuns aux moments attendus, s’efforçant d’afficher un sourire conquis – quand une fenêtre s’ouvrit soudain à l’écran. Un nouveau contact essayait de le joindre :


« Belle Italienne ». Ce pseudo ne lui laissait aucun doute sur l’identité de la correspondante. Sophie ! Ça ne pouvait être qu’elle ! Elle avait donc trouvé l’adresse hotmail qu’il lui avait laissée…


Le cœur à cent à l’heure, l’étudiant accepta d’un clic discret la nouvelle conversation.



Un message l’attendait, auquel il répondit aussitôt.

B. I : — Salut Thomas, c’est Sophie.

T : — YES ! Super content que tu me contactes ! Mais là, j’ai une urgence. Je peux te reprendre après ?

B. I : — Le mieux, c’est que tu me rappelles sur mon portable, quand tu pourras. Voici le numéro…


Il n’en revenait pas. Cette bombe brune, coup d’un soir aussi fabuleux qu’inespéré, lui avait demandé de la rappeler ! Thomas se concentra à nouveau sur Coralie, qui le fusillait du regard. Faire une visio avec elle tout en chattant avec Sophie, c’était un peu comme avoir sa copine au téléphone et, à dix centimètres à peine, une effeuilleuse topless exécutant un « lap dance ».


Il mit en réduction la fenêtre de chat ; pour donner le change à Coralie, il allait devoir mobiliser toutes ses facultés…



-- oOo--



Voilà, les dés étaient lancés. Je venais de contacter Thomas. Poussant un long soupir, j’éteignis mon ordinateur. Curieusement, je me sentais plus calme. Rester dans l’inaction tout en me torturant l’esprit ne me valait rien.


J’avais besoin d’éclaircir le mystère entourant Marc Ginest, pour comprendre ce qui l’éloignait de moi – en dehors du fait que je venais de me taper son jeune cousin, bien sûr. Quelque chose n’était pas clair dans l’attitude de Marc. Au fond, j’étais persuadée que je l’attirais toujours – même après ce faux-pas avec Thomas – et qu’il aurait suffi d’un rien pour nous rapprocher. Mais il y avait cette étrange retenue, cette crispation permanente, comme si une angoisse le tenaillait, tout aussi grande que l’envie qui le poussait vers moi. Pourquoi cette crainte ?


Tout en analysant la situation, je me préparai un café. Sans retour de sa part, pas évident de mettre le doigt sur ce qui aurait pu lui déplaire chez moi ! Marc était quelqu’un de secret. Il savait merveilleusement écouter, mais ne parlait que très peu de lui-même. Malgré les longues heures que nous avions passées ensemble, tout ce que j’avais pu apprendre sur l’épisode le plus douloureux de sa vie, je l’avais entendu de la bouche d’un autre.


Une discussion téléphonique avec Thomas, sérieuse et bien cadrée, me semblait donc le meilleur moyen de lever mes interrogations. La plus importante d’entre-elles étant de savoir si quelque chose était possible entre Marc et moi.


Mon téléphone lança soudain une vocalise de cantatrice. Numéro inconnu. On y était ! Je pris l’appel, essayant de garder une voix calme et assurée.



Silence au bout du fil. J’avais touché juste, visiblement.



J’avais répondu d’instinct. J’avais conscience de l’ambiguïté de ma réponse, de l’invite cachée que Thomas pouvait y voir. Son attachement pour sa copine serait-il plus fort que le désir qui le poussait vers moi ? J’espérais que ce soit le cas. Le savoir indisponible ne ferait que renforcer ma propre détermination à nouer une relation avec Marc.



Je répondis à sa question en lui faisant part des interrogations qui me taraudaient depuis la veille.



Silence au bout du fil. L’étudiant hésitait. Il se racla la gorge, avant de finalement se lancer.



J’étouffai un hoquet de surprise. Deux fiancées, deux décès ! C’était plus que de la malchance ! Je comprenais à présent que Marc n’ait pas voulu donner plus de détails.



Je ne savais que dire, alors je me tus. J’éprouvais une sensation de vertige horrifié en imaginant cette fille plongeant vers la mort, sous les yeux de Marc.



Je déglutis, sans un mot. Je commençais à avoir peur. Malgré toute la compassion que j’éprouvais pour Marc, je ne pouvais empêcher cette dernière révélation d’instiller certains doutes en moi. Toutes ses concordances morbides ! Était-ce le mauvais sort, qui faisait preuve d’un acharnement terrifiant contre Marc Ginest ? Ou bien, y avait-il… autre chose ?


À ma connaissance, cela faisait déjà trois femmes, dont moi, miraculeusement secourues par Marc. Et chacune de ces femmes tombaient amoureuses de lui – je n’hésitais pas à m’inclure dans le lot. Quelles probabilités que cela puisse arriver ? Bien trop infimes pour un seul homme, fut-il pompier !


Il y avait là quelque chose d’inexplicable ; un mystère des plus épais entourait Marc. De deux choses l’une, soit je devais fuir cet homme comme la peste, soit il fallait que je découvre son secret…



Je terminai la conversation en lui donnant des indications sur le trajet menant à mon F2, avant de raccrocher, pas très fière de moi. Relancer Thomas, alors que j’étais sûre de ne pas l’aimer, c’était plutôt idiot. Vraiment pas la meilleure chose à faire. Je me doutais de ce que l’étudiant allait attendre de son passage à Lancroix… Et, malgré mon attachement pour Marc, cela échauffait déjà mon imagination. Après tout, le pompier ne m’avait encore rien laissé espérer !


Je pris une décision. Celle d’aller voir Marc dans la semaine, avant la venue de Thomas, et de jouer carte sur table avec lui, le questionnant sans faux-semblants sur son passé. Si les circonstances s’y prêtaient, peut-être lui dévoilerai-je mes sentiments. Et alors, on verrait bien.


Quitte à me jeter dans la gueule du loup, autant y aller carrément…




[À suivre]