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Temps de lecture estimé : 9 mn
31/03/10
Résumé:  Après plus de vingt ans de fidélité une femme de la cinquantaine découvre le libertinage. Chaque expérience la renvoie à des souvenirs. Après un voyage en train où son amant lui offre une jolie surprise, elle va recevoir sans lui... mais il sera présent !
Critères:  fh inconnu vacances autostop amour fsoumise intermast pénétratio journal
Auteur : Hélème Q            Envoi mini-message

Série : Mémoires d'une coquine

Chapitre 02
Préparatifs

Alors qu’elle étalait l’huile prodigieuse à paillettes sur sa peau, l’image lui est apparue. Évidente. Elle reproduisait les mêmes gestes que ce fameux jeudi de février à l’hôtel. Elle avait pris un grand bain chaud et moussant, s’était préparée intimement et terminait de se parer pour rendre sa peau douce et brillante. Cette caresse sur son corps, prenant soin de ne pas oublier les petits coins cachés, massant délicatement les pointes de seins déjà tendues et à pleines mains le volume tout en se regardant dans le miroir, cette caresse la renvoyait à son amant… à cette soirée passée. Torride. Inoubliable.

Elle se préparait pour une autre soirée, d’une tonalité différente, accompagnée d’un autre partenaire de coquinerie avec un couple qu’elle avait précédemment apprécié en trio.


Elle a ré enfilé avec délectation les bas achetés seule, la veille de son escapade parisienne, au sex-shop réputé de cette petite ville provinciale. Régulièrement, en lui faisant l’amour, il lui susurrait dans l’oreille ce qu’ils vivraient lorsqu’ils feraient une sortie là-bas. C’était comme une sorte de répétition. Cela l’excitait particulièrement de s’imaginer ainsi les spectateurs, l’attitude qu’elle devrait prendre pour satisfaire les hommes présents, le rôle qu’ils pourraient jouer à tel ou tel moment. Lorsqu’il évoquait par exemple la queue qu’elle aurait à sucer pendant qu’il la prendrait ainsi, elle sentait sa chatte enserrer plus fortement son sexe, ses seins se raidir encore, des frissons la parcouraient et elle gémissait au rythme de ses coups de boutoir. Elle savait que cette sortie aurait lieu un jour ou l’autre, par conséquent elle était allée « repérer le terrain ». Toute seule.


Contrairement à ce qu’elle avait pu imaginer, elle n’avait pas fait la fière. Même pas essayé la moindre robe alors que c’était son but, impressionnée par la taille de l’endroit et la présence du couple de patrons derrière le comptoir accompagnés de quelques « gros bras ». Le seul sex-shop où elle s’était aventurée plus de vingt ans plus tôt était minuscule et, comme elle savait ce qu’elle venait chercher (un cadeau pour son futur mari), elle s’était contentée de se faire servir par le vendeur derrière la caisse sans même oser balayer la boutique du regard ! Cette fois-ci, elle avait gentiment éconduit le patron qui lui proposait de l’aide et avait pris le temps de circuler dans les rayons, manipuler certains articles, faire son choix tranquillement. C’est en sortant qu’elle réalisa qu’elle avait oublié de regarder les fameuses cabines et espaces d’exhibition dont il lui avait parlé… joli acte manqué ! Cela lui donnera l’occasion de se moquer gentiment d’elle et d’apporter un peu plus de piment et de complicité lorsqu’ils reviendront ensemble.


Elle continua sa préparation minutieuse en agrafant le soutien-gorge qui laisse les seins libres pour les caresses et enfilant la jupe achetée lors de son shopping parisien… il ne l’a pas encore vue celle-ci mais elle est moins pratique à retrousser. Plus « décente ». Pas sûr qu’elle la mette en sa présence ! Elle s’arrêta un instant face au tiroir où sont rangés soigneusement ses habits de coquinerie. Finalement non, elle ne sortira pas le petit gilet qu’il apprécie tant… Elle décida qu’elle le garderait exclusivement pour lui.


Elle partage beaucoup de choses, mais ce petit haut, elle a pris de temps de le choisir, sillonné grand nombre de boutiques en pensant à ce qu’il avait écrit dans une de ses nouvelles ainsi qu’à leur discussion autour du choix des robes un soir de shopping virtuel (il avait des propositions incroyablement ludiques qui se révélaient riches en échanges : mine de rien, une façon de se livrer). Elle le voulait près du corps, décolleté, permettant de plus ou moins dévoiler la poitrine suivant l’humeur tout en restant esthétique. La mode et la saison n’étant plus au cache-cœur qu’on noue et dénoue à volonté, elle avait pensé au gilet à boutons. Elle le dégotta dans le dernier portant des soldes d’un grand magasin de luxe. Elle en essaya plusieurs et opta pour celui d’une taille en dessous de la sienne. Ainsi, même boutonné, il collait au corps de telle façon que la poitrine ne demandait qu’à déborder… et un petit morceau de ventre apparaissait à la jonction avec la jupe. Elle a savouré son regard gourmand lorsqu’il l’a découvert dans la chambre d’hôtel en plusieurs étapes, redécouvert à la maison, testé, expérimenté. Les minuscules boutons demandant une dextérité particulière rendaient l’effeuillage encore plus sensuel. Il n’a pas hésité à les défaire et les remettre tout au long de la soirée pour adapter le décolleté aux circonstances. Le doux vêtement restera dans le tiroir jusqu’à la fois où elle aura envie de le sortir…


Dans la chambre, elle a remplacé les bougies consumées lors de sa dernière visite, tamisé les lampes avec des foulards car ce soir, il n’y aura pas la lumière diffuse du soleil derrière les rideaux rouges et mis un disque dans la platine. Pas celui de rock écouté dans la voiture lors du trajet dans la capitale et qu’elle est pourtant descendue chercher en petite tenue il y a quelques minutes, mais un titre alliant musique classique et ethnique : un autre style.


Elle les attend.


Elle sait qu’elle pensera à lui : elle n’a pas fini de distiller ce qu’il lui apporte. Depuis qu’elle a cessé de renoncer à l’abstinence sexuelle imposée par sa vie conjugale et qu’elle a rencontré cet homme à qui elle a donné le statut d’amant privilégié, elle va de découverte en découverte. Pendant la soirée, elle sucera les hommes en s’appliquant à suivre les conseils qu’il lui a prodigués. Elle a conscience d’avoir encore des progrès à faire avec la main. À la réflexion, son aventure montagnarde a dû avoir des effets inconscients ajoutés au fait qu’avec son mari, elle pratiquait cet exercice systématiquement menottée, il semble qu’elle ait oublié l’usage de ses cinq doigts !


Le souvenir de cette fin août mille neuf cent quatre-vingt neuf, lui revint en mémoire, comme si c’était hier. Son époux l’avait accompagnée quelques jours à Paris avant son départ pour la montagne. Quelques heures avant de la déposer à la gare, ils étaient allés au cinéma voir « Rencontre avec des hommes remarquables » réalisé par Jim Jarmush. Ce film retraçait la vie de Gurdjieff, sorte de gourou zen des années mille neuf cent soixante-dix. Cette séance l’avait retournée émotionnellement. Elle y avait perçu une intensité dans la relation humaine qui l’avait touchée. Elle partait elle-même effectuer un stage de relaxation. La rencontre cinématographique avec les derviches tourneurs l’avait mise dans un état second, et son conjoint avait profité de son émoi pour lui faire l’amour avant le départ. Elle était montée dans le TGV le corps plein de son sperme, les yeux brillants d’étoiles. Incapable de lire, pendant tout le voyage, elle s’était repassé le film de leurs ébats.


Lorsqu’il lui avait bandé les yeux pour la déshabiller, ses seins s’étaient dressés dans d’agréables picotements. Sa peau avait frémi au contact de sa main familière descendant rapidement vérifier son état de salope… Le clapotis ne s’était pas fait attendre, et il lui avait très rapidement ordonné de se mettre à quatre pattes pour la prendre comme une chienne. Obéissante, elle s’était installée, les fesses offertes au bord du lit. Lui prenant les seins en même temps qu’il allait et venait, elle n’avait pu retenir ses gémissements. Qu’est-ce que cette queue lui donnait comme plaisir en la prenant ainsi ! Ses craintes allaient vers l’appartement voisin occupé par ses parents : elle ne voulait pas qu’ils les entendent. Et lui s’était acharné à la baiser bien profond, plus fort et plus vite jusqu’à ce qu’elle finisse par tenter d’étouffer ses cris dans l’oreiller. Il avait joui en elle dans un râle puissant. Elle s’était couchée à plat ventre et il s’était affalé sur elle. Elle aimait ce moment où petit à petit le sexe se délitait, finissant par l’abandonner tranquillement. Les deux corps lovés… ce n’était pas si fréquent ! Elle profitait de chaque instant. Chaque pore de sa peau s’imprégnait des sensations ainsi recueillies. Pas le temps de discuter, l’heure tournait et il ne fallait pas rater ce train. Elle avait enfilé une jupe légère ainsi qu’un débardeur échancré et chaussé de fines sandalettes, toute de blanc vêtue. Il faisait chaud !


Arrivée à la gare de la vallée, harnachée de son gros sac à dos de randonneuse, pas de bus ce dimanche pour l’emmener vers la station. Pas de taxi à l’horizon et comme elle avait du temps, elle opta pour l’aventure : elle leva le pouce. Rapidement, une voiture s’arrêta. Elle posa son bagage à l’arrière et s’assit à la place du passager.



Elle en prenait plein les yeux de cette montagne qu’elle découvrait l’été ! Elle était plus habituée à parcourir ces contrées couvertes de neige chaque hiver depuis son enfance. La route sinueuse traversait la forêt de conifères verdoyante. Le soleil jouait à cache-cache avec les ramures l’éblouissant par intermittence. Son coude posé sur la fenêtre, elle échangeait sans le regarder avec son chauffeur sur la couleur du temps, la semaine de stage qui l’attendait… lorsqu’elle prit conscience de la main sur sa cuisse. Elle était tellement ailleurs, qu’elle était incapable de savoir depuis quel moment cette main la touchait. Son sang ne fit qu’un tour. Pétrifiée, ses pensées défilèrent à toute allure. La voiture roulait au milieu de nulle part. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient. La route était étroite, le fossé profond et si elle sautait, elle risquait de se blesser et rester seule au fond d’un ravin. Ils n’avaient croisé personne depuis quelques kilomètres et s’il la laissait là, elle ne voyait pas comment retrouver son chemin. Et ses bagages, sur le siège arrière ?


Elle se risqua :



Sa main était restée sur la cuisse. Elle évalua la situation : elle était détendue. Elle n’avait pas pris de douche avant le départ pour garder en elle un peu de son amoureux : ce n’est pas ce jeune marlou qui allait venir souiller son intimité. Hors de question qu’il la pénètre, et elle n’avait pas envie de violence.



Ils continuèrent leur chemin en silence, traversèrent le village. Il arrêta la voiture sur un petit chemin face à la montagne. Ils descendirent, s’adossèrent côte à côte sur l’aile avant, il baissa un peu son pantalon et sortit son sexe. De sa main droite, elle commença à le caresser et le branla de plus en plus rapidement. Il effleura sa poitrine sans mot dire et jouit rapidement dans les mains offertes.



Ils s’essuyèrent, remontèrent dans la voiture et il la déposa sans mot dire devant le chalet.


Elle s’installa tranquillement dans sa chambre et rejoignit le groupe. Le soir au téléphone, son mari lui conseilla d’aller prévenir la police, tout comme ses collègues de stage à qui elle raconta son aventure. Elle n’en eut pas la force. Pas envie d’expliquer par le menu à la maréchaussée le contenu de sa négociation. Elle passerait pour qui ? Peur de la honte générée par des regards masculins qui ne pourraient pas comprendre sa démarche. Pas envie de se justifier.


Les années ont passé, elle continue de penser à cet après-midi étrange dont elle ne garde ni angoisse, ni plaisir, ni déplaisir. Juste un goût étrange ! Si elle avait insisté dans son refus, l’aurait-il violée, l’aurait-il laissée là au milieu de nulle part ou aurait-il poursuivi son chemin avec son désir dans sa poche ? Nul ne le sait… Mais ce soir, elle imagine bien que cette aventure pourrait être une des raisons pour lesquelles elle préfère utiliser ses lèvres plutôt que ses mains pour donner du plaisir à ceux qu’elle désire.


Elle essaie de se rappeler les mots que son tendre amant a prononcés lors de la leçon de fellation pendant leur dernière rencontre, mais sa mémoire flanche. Pourtant, c’était imagé, clair. Calmement, il avait posé des mots sur chacun de ses gestes, montrant au besoin la façon dont la main pouvait enserrer le sexe, se placer suffisamment haut mais pas trop et effectuer le va-et-vient qui, associé à la caresse buccale, décuplera le plaisir, accompagnera la montée en puissance. Elle pouvait imaginer les sensations procurées par chaque geste, parfois même elle en ressentait les effets dans sa bouche et croyait avoir compris. Mais le goût de cette queue, son frottement sur le palais, son effleurement entre les lèvres, sa pénétration profonde en pleine gorge suscitaient toujours un bel émoi dans sa chair. Ce devait être trop sensuel : bercée par sa voix attentive, distraite par son propre plaisir, elle n’avait pas intégré le contenu ! Elle aura besoin d’une séance de rattrapage !


Il est vingt-deux heures, une voiture…

Elle est prête !