Résumé : Rose, épouse de Paul, se laisse séduire par Gilles, mari de Sylvie et moniteur de Rose dans l’atelier d’art. Par deux fois leur tentative de faire l’amour a été interrompue. Profitant d’un prétendu voyage de Paul, Rose invite Gilles chez elle. Ils consomment leur union : le cocu et la cocue, qui avaient tendu un piège, les confondent. Sylvie divorcera. Paul tente de trouver une raison de sauver son mariage en écoutant les cassettes enregistrées ce soir-là. D’autant plus que son épouse semble donner des preuves de bonne volonté.
- — Découvrons ce que vous vous êtes dit comme mots d’amour. Changeons la cassette. Mais il y a peut-être plus urgent. Comme j’avais remarqué que tu ne prenais aucune précaution dans tes exercices pratiques de sexe, en mari attentif, informé des multiples aventures de ce séducteur, j’ai évité les MST en ne te touchant plus. J’ai aussi acheté en pharmacie la pilule du lendemain. Lis la notice.
- — Donne-moi cette pilule, s’il te plaît. Tu vois que j’ai besoin de toi pour me guider. Ne me quitte pas.
- — Attention, je te la donne, mais c’est toi qui vas la prendre ou pas. Tu vas à la cuisine et tu fais ce que tu souhaites. C’est ta décision, je ne veux pas voir ni savoir si tu l’avales ou si tu l’envoies dans l’évier.
- — Ça t’est égal ?
- — Tu as exprimé ton désir de maternité : je respecte ton choix. Tu sais que je ne pourrai pas aimer l’enfant de Gilles. Prends tes décisions, sois responsable. Il ne suffit pas de crier « j’assume », il faut assumer !
Rose va à la cuisine puis revient, va ensuite faire sa toilette intime sur le bidet. Puis je lui fais entendre ses confidences avec Gilles après l’amour. Le magnétophone tourne. On tousse.
- — Je crois qu’il est devenu fou ! Qu’est-ce qu’il prépare encore ? Oh, le salaud ! Qu’est-ce que je suis mal couchée. Je suis morte. Pourquoi nous laisse-t-il nus, ensemble ? Ça lui apprendra à être jaloux. Il m’a tendu un piège : il a compris maintenant. Je me vengerai.
- — Si ma femme était une salope comme toi, je crois que je serais aussi fou que lui.
- — C’est toi qui me traites de salope ? Qui m’a dit que j’étais belle, intelligente, sensible ? C’est toi qui m’a déclaré que ta femme était froide et que tu m’aimais. Dès le premier mardi de prétendus rangements, tu as essayé de me culbuter dans l’arrière salle et si Rita n’était pas revenue chercher son foulard…
- — Dis que ça t’aurait déplu ! Je suis sûr que les autres t’avaient dit ce qui t’attendait. Si tu es restée, c’est par vice, parce que tu ne voulais pas être la seule à ne pas avoir couché avec moi. Pas de ma faute si tu t’es mise à me coller. Tu n’as pas gueulé au secours quand je t’ai mis la main au panier. D’ailleurs tu mouillais déjà après la première pelle. Tu es une frustrée, une putain hystérique. Une folle du cul. Si je t’avais eue cette fois-là, je t’aurais laissée tomber. Je ne serais pas dans cette galère !
- — Toi, t’es le roi des dégueulasses. Tu me soufflais plein les oreilles des mots doux, des promesses de mariage après ton divorce. Tu me tripotais devant les autres, tu jouais à l’amoureux. Et tu m’insultes maintenant !
- — Pauvre conne, des thons de ton espèce, je m’en suis tapé plus de cent. Tu es exactement le numéro cent vingt quatre. Tu leur fais les yeux doux, tu leur dis « je t’aime » et elles sont sur le dos, cuisses écartées et chatte en chaleur. Mais plus conne que toi, j’avais encore jamais vu. Comment as-tu pu croire que je me marierais avec une Marie-couche-toi-là qui me demande de lui faire un gosse dans le dos de son cocu ? Qui pourrait te faire confiance, hein ? Pas moi ! Je n’ai pas vocation à être cocu. T’es une tarée, une moins que rien. Si je t’ai suivie ce soir, c’est plus par pitié que par envie. Et regarde dans quel merdier tu m’as foutu, pauvre connasse. T’aurais pu t’assurer que le cocu partait bien.
- — Dis que tu n’y es pour rien dans ton merdier ! Si tu ne m‘avais pas allumée, si tu étais autre chose qu‘un type qui tire sur tout ce qui bouge, jamais mon mari n‘aurait eu à se plaindre de ma conduite. Tu es le roi des pourris.
- — Tu n’as encore rien vu. À l’atelier, il y a au moins trois autres moniteurs, Alain, Karim et Maurice, qui attendent mon signal pour te coincer en te faisant chanter : si je t’ai eue, ils t’auront. Je te souhaite bien du plaisir. Il faudrait un camion de pompiers pour éteindre le feu qui te ravage le cul. Je t’ai entendue jouir. Quelle cochonne. Un vrai trou à bites. Et je gueule « non » et je gémis et je pousse le ventre vers le pieu. Quand tu levais les fesses, dis-moi que c’était pour me repousser, tu me feras rire ! Heureusement que ton cocu en a eu marre, sinon tu serais encore accrochée à ma pine en train de hurler ta jouissance.
- — Ne te vante pas. Tu n’es pas le plus mauvais, mais quand Paul me fait l’amour, il me fait bien plus d’effet. Quelle idiote j’ai été.
- — Tout ce que tu mérites, c’est qu’il te foute à la porte. Tu n’es qu’une chienne. Tu ne mérites pas ton mari. Au moins, il a eu le courage de te traiter comme la méprisable femelle que tu es. Pour qu’il te laisse là, nue contre moi, il faut qu’il ait compris que tu ne vaux rien. Ce que je regrette le plus, c’est de t’avoir rencontrée. Toi aussi, tu vas divorcer, mais tu l’as cherché et avec toutes les preuves qu’il a déjà et avec celles qu’il peut encore fabriquer, tu es aussi certaine que moi de voir le divorce prononcé à tes torts exclusifs. Ça sera bien fait pour ta gueule.
- — Mais qu’est-ce que je vais devenir ? Oui, j’ai vraiment déconné !
- — C’est avant qu’il fallait réfléchir. Mais tu n’y pouvais rien, c’est ton tempérament, tu es née pour être putain. Ça se voit au premier coup d’œil. Y a qu’à regarder tes tenues sexy. Tu aguiches les hommes, tu te crois irrésistible, tu as besoin de plaire. Tu oublies que tu es mariée, tu ne te respectes pas toi-même. Tu sais ce qu’est la pudeur ? Si tu en avais la moindre idée, tu ne t’habillerais pas en montrant tes charmes ; tu n’as plus cinq ans pour enfiler ces jupes à ras du cul. Tiens, ces dessous que tu exhibais, je suis sûr que c’est une récompense d’Arthur, ton patron. Tu as couché avec lui ? Non ? Ne me raconte pas, j’ai déjà partouzé avec lui. C’est, comme moi, un esthète de la chose. S’il ne t’a pas eue, vu ses cadeaux, je pense que ça ne va pas tarder. N’espère pas le mener au divorce, c’est sa femme la propriétaire de la boutique. Il la trompe, mais il est prisonnier de son fric. Moi, tu m’as roulé. Mais je vais le mettre en garde contre tes manigances.
- — Quelles manigances ? Tu deviens fou, toi aussi. Je n’ai jamais rien eu de mon patron, ni cadeau, ni ce que tu crois. Quand il a essayé une fois de me peloter, je lui ai mis une baffe et il ne s‘y est plus risqué.
- — Alors pourquoi tu t‘es accrochée à moi, pour mon malheur ? Tiens, sur la chaise, sous mon pantalon, tu trouveras une enveloppe, c‘est pour toi. Fais-la lire à ton cocu, il se marrera. Mais qu’est-ce que tu me voulais, roulure ?
- — Maintenant que je t’ai longuement entendu, je me le demande. Ça ne peut être qu’un coup de folie. Je te jure que je ne recommencerai plus. La leçon m’a fait perdre mes illusions sur les hommes. Et dire que j’avais le meilleur à la maison et que je me suis encanaillée avec une pourriture comme toi ! Oui, tu as raison, sur ce point, je suis vraiment une lamentable conne. Si seulement il pouvait me pardonner. Mais il doit être trop tard, il ne voudra plus me croire.
- — Il aurait bien tort en effet ; ton blablabla, s’il est sincère, ne changera pas ta nature profonde : tu aimes le cul, tu es une obsédée, une insatiable mal-baisée, en résumé une conne doublée d’une salope.
- — Ça suffit maintenant tes insultes. Regarde-toi dans une glace, esthète de mes… Ordure, mâle en rut perpétuel frappé de priapisme. C’est ma première erreur. Elle va me coûter cher et la peau des joues que ta Sylvie m’a arrachée. Mais c’est aussi la dernière. Car je regrette d’avoir trompé le meilleur des hommes.
- — Pourquoi le meilleur ? Et si lui faisait pareil ? Qu’est-ce qu’il fait quand il va jouer à la baballe le jeudi ? Tu y as déjà pensé, pauvre gourde ? Sa partenaire est blonde ou brune ? Tu n’en sais rien, parce que tu ne t’es jamais occupée de le savoir. Du moment qu’il te donnait l’occasion de lui fabriquer des cornes, tu ne cherchais pas plus loin que le bout de ton nez. Si tu l’avais aimé, comme tu le prétends, tu te serais intéressée à ce qu’il faisait. Non, madame n’a qu’une chose en tête, ne pense qu’avec son cul : et voilà où ça mène. Pourvu que tu ne sois pas enceinte ! Pour rien au monde je ne voudrais être le père de l’enfant d’une dingue. Faudra te démerder sans moi.
- — Espèce de coucou. Tu sais juste allez pondre dans le nid des autres.
- — Quand une poule m’invite dans son nid, je ne résiste pas. Les suites, ça la regarde. Tu étais en chaleur, je t’ai soulagée et basta.
- — Tu inventes n’importe quoi. Mais tu as fini de m’influencer. Demain j’irai voir le directeur de l’atelier et je te promets que tu as fini d’y recruter tes victimes.
- — Demain ! Non, mais attends de voir dans une glace la gueule que ma femme t’a faite : tu n’auras envie d’aller nulle part. Et si tu me fais une saloperie pareille, je raconterai partout ce qui vient de se passer dans cette pièce. Je serais étonné qu‘il y ait encore un homme normal pour t‘approcher. Avec cette gueule tu ne pourras plus rencontrer que des détraqués comme toi. Ton seul bonheur sera d‘élever ton bâtard sans père !
- — Gros crétin, tu oublies que tu y es aussi dans cette pièce. Tu ne sais même pas si tu pourras encore marcher demain. Tu n’oublieras pas de raconter à tes conquêtes comment tu t’es fait avoir. Ça les rassurera. Comment j’ai pu me tromper à ce point. Fumier !
- — Putain, traînée, au moins tu sais que le trottoir t’attend. Ça te dressera. Et si tu veux, je t’enverrai des clients, salope…
Arrêt de la cassette.
- — Comme je vois, c’est le grand amour. Vous avez bâti votre relation sur l’estime réciproque. Pas un mot gentil : c’est pas croyable. J’en ai vraiment mal au cœur pour toi. Va au lit, ma pauvre.
- — Tu ne viens pas ?
Je la regarde.
- — Oui, je comprends… je te dégoûte. Et pourtant je t’aime. Encore plus qu’avant.
Au petit matin de ce mercredi, je me réveille tout habillé dans mon fauteuil. Rien ne bouge autour de moi. Des clapotis viennent de la salle de bain dont la porte est mal fermée. Je me dirige vers les bruits. Assise sur le bidet, une poire souple surmontée d’une canule en main, Rose a repris la toilette, elle chasse l’impureté, la souillure. Je me retire sur la pointe des pieds et retourne dans mon fauteuil.
Rose traverse le salon, fait semblant de ne pas me voir, retourne à la chambre. Quels conseils la nuit lui a-t-elle apportés ? Moi, après plusieurs lectures des enregistrements, j’hésite à interpréter les affirmations de Rose. Quand elle dit : « j’avais le meilleur », le pense-t-elle ou ne cherche-t-elle qu’à vexer celui qui l’humilie ? Elle a dit aussi qu’elle se vengerait. L’épreuve barbare de l’écoute des cassettes que je lui ai imposée l’a probablement encore plus humiliée que les insultes de Gilles.
Depuis un mois je l’ai vue s’éloigner de moi et se rapprocher de Gilles. S’il est clair désormais que leur couple ne pouvait pas s’inscrire dans la durée, il est possible que mon intervention désespérée ait cassé le dernier fil qui nous reliait. Je me dirige vers notre chambre.
Je cherche son regard fuyant.
- — Bonjour Paul, répond-elle.
Le dialogue va être difficile à établir.
- — Si ma présence t’est insupportable, je m’en irai. Tu ne m’aimes même plus un peu ?
- — Pourquoi me suis-je si follement appliqué à te retenir, puisque ton cœur ne m’aimait déjà plus. Tu as rempli avec Gilles un vide dans ton cœur. Je ne sais ni pourquoi ni comment ce vide s’est installé. J’ai raté quelque chose, j’ai été aveugle, je ne comprends pas, mais c’est arrivé ; je n’ai pas été le bon mari que tu attendais, sinon je n’aurais pas perdu ton amour. Je dois te dire que les événements m’ont fait perdre les pédales. Je ne sais plus où j’en suis.
- — Paul, c’est vrai. Jamais je ne t’aurais cru capable de tendre un piège aussi humiliant. Mais tu ne portes pas seul la responsabilité de ce malheur puisque c’est moi qui ai été infidèle. J’étais heureuse avec toi : il a fallu que Gilles joue au serpent tentateur pour que je perde la tête de façon inattendue. Je me suis sentie prise dans un cyclone de curiosité, de vanité. Maintenant je sais que c’était stupide et moi aussi j’ai honte de ce que j’ai fait et du mal que je t’ai fait. Je suis impardonnable. Qu’allons-nous devenir ? Au pire moment de ma folie, je n’ai jamais soupçonné que je te perdrais. Tu restais le rocher auquel je voulais m’accrocher, quoi qu’il puisse arriver. Le reste me paraissait superficiel. Hier, dans le feu de l’action, je me suis emportée, mais Gilles venait de me chauffer à blanc sur le chemin de la maison avec ses promesses, ses rêves. Je comprends que tu sois devenu furieux, j’étais odieuse, infecte et inconsciente au point de ne pas me protéger et en plus, je me montrais prête à une grossesse que je t’avais refusée. Mais ce refus raisonnable a soudain volé en éclats dans le feu de la passion. Et cela, moi non plus je ne pourrai jamais le comprendre ni me le pardonner. Ce sale type m’a embobinée dans le seul but de tirer un coup. Tous ses beaux discours répétés à un tas d’autres filles ne tendaient qu’à m’inscrire à son tableau de chasse. Qu’est-ce que j’ai pu être bête ! Tu as entendu toutes les horreurs qu’il m’a dites lorsque vous nous avez laissés seuls. Ça m’a remis la tête sur les épaules, mais si tard, tellement trop tard. Il est normal que je te dégoûte.
Nous sommes là, désespérés, deux épaves de la vie à la dérive, présents mais séparés par un mur de honte. Une phrase m’a bouleversé, je n’étais pas sensé l’entendre, à mes yeux ça vaut tout l’or du monde, même si je sais que c’est exagérée et je doute.
- — Je crois que j’ai compris que tu étais une victime. Je suis déçu que tu ne m’aies pas appelé au secours. De ton côté tu dois être déçue que je ne sois pas intervenu autrement. Mais je sais que les attaques frontales peuvent précipiter dans des chemins qu’on regrettera ensuite. Je n’ai pas eu le courage de précipiter ton départ. Admets que tu pouvais réagir en t’opposant à moi et en te jetant dans les bras de ton moniteur. Que ferais-tu aujourd’hui ? Pendant que tu te reposais, j’ai écouté encore et encore la cassette enregistrée au moment où vous étiez seuls. Son contenu est totalement différent de ce que je croyais entendre. J’y ai trouvé une raison d’espérer que tout n’est pas fini entre nous. J’avais besoin de savoir si vous aviez des plans pour l’avenir. J’avais aussi besoin de preuves pour un probable divorce. Vous saviez que Sylvie divorcerait. Vous auriez pu envisager de vous établir ensemble et tu aurais annoncé que tu ne voyais plus l’utilité de continuer à vivre avec moi, que tu me quittais. Un homme prévenu en vaut deux ! La lecture de cette deuxième cassette m’a appris que Gilles ne t’aimait pas et qu’il méprise les femmes qui ne sont à ses yeux que des objets de plaisir. J’ai découvert à quel point il t’a trompée et déçue. J’ai appris que d’autres moniteurs de l’atelier espéraient leur tour et qu’ils allaient te soumettre à un chantage. J’ai eu la joie de découvrir que tu avais résisté à ton patron et que Gilles était ta première aventure. J’ai surtout remarqué une phrase qui n’est pas adressée à moi, mais qui me concerne et qui m’a éclairé sur l’estime que tu as eue pour moi. Tu as dit : « J’avais le meilleur à la maison ». Si ce n’était pas dit pour vexer Gilles, si tu le pensais et si tu me gardes encore un peu de cette estime, je suis prêt à renoncer au divorce et à continuer la route avec toi.
- — Tu ne veux plus divorcer ? Et si moi, je veux divorcer, que feras-tu ?
- — Ce sera ta décision. Je ne vois pas pourquoi je te forcerais à vivre avec moi contre ton gré. Si tu ne m’aimes plus comme je t’aime, j’en serai malheureux, mais il ne servirait à rien d’être malheureux ensemble. Si tu as pris cette décision déjà, ne me laisse pas attendre le verdict, ça fait trop longtemps que je souffre.
- — Je croyais que tu voulais me garder prisonnière pendant ton mois de congé. Si je te dis que je veux partir aujourd’hui, me laisseras-tu m’en aller ?
- — Avec regret, mais ce sera la dernière preuve de mon amour. Je voulais dire que pendant ce mois je voulais te soigner, te protéger, savoir si tu étais enceinte, non de moi, mais par ma faute et t’aider à affronter une telle situation, te donner l’occasion de tenter une nouvelle expérience avec moi, te faire passer les examens médicaux nécessaires d’autant plus maintenant que les nombreuses conquêtes de ton éphémère amant l’ont exposé à des maladies sexuelles transmissibles.
- — Tu crois que… je pourrais être contaminée ? Et si je reste, me feras-tu confiance ?
- — J’avoue que tu me poses la question à un million d’euros. Je t’ai toujours fait confiance, jusqu’au jour où j’ai constaté que tu devenais étrange, c‘est à dire le deuxième mardi où tu es revenue en retard. Je crois que je resterai vigilant, ne serait-ce que pour écarter les maîtres chanteurs. Notre confiance est à rebâtir avec patience. Donnons-nous un mois de réflexion, ne précipitons rien si tu le veux bien.
- — Quand coucheras-tu à côté de moi ? Et me feras-tu un enfant si je te le demande ?
- — Si tu m’admets dans ton lit je m’endormirai près de toi dès ce jour. Mais je ne te ferai l’amour qu’après tes prochaines règles. Si tu me demandes de te faire un enfant, ce sera parce que tu auras confiance en moi. Et si je te fais cet enfant ce sera parce que ce sera le fruit de notre amour retrouvé.
- — Veux-tu m‘embrasser ?
Comment résister encore ? C’est un étrange baiser, plein de retenue.
- — Détruiras-tu les preuves de mon infidélité ?
Ça sent le piège, mais comme je ne suis pas seul à en détenir, je réponds, prudent :
- — Dans un mois, quand notre décision sera prise. Si tu décides alors de rester avec moi, je n‘aurai plus besoin de ces preuves. Si tu t’en vas librement, j’aviserai.
- — Tu as l’intention de les utiliser pendant ce mois ?
- — Non. Mais je vais te donner l’occasion de t’en servir. Tu as dit à Gilles que tu allais le dénoncer au directeur de l’atelier : tu pourras lui montrer toutes ces preuves. La conversation reprendra après le petit déjeuner si tu veux. Allons à la cuisine.
À chaque passage devant un miroir, les traits de Rose se durcissent, elle domine mal la fureur qui bout en elle. Les ongles de Sylvie ont creusé des sillons dans son visage. Je ne peux pas oublier qu’elle a dit qu’elle se vengerait.
- — Remettons à plus tard notre discussion, je me sens si fatiguée. C’est peut-être l’effet de la pilule que tu m’as fait prendre, je vais garder le lit ce matin. Et toi, que vas-tu faire ?
- — Je vais mettre un peu d’ordre dans mes affaires et peut-être faire des courses. Moi aussi, je suis fatigué. Et il faut que je réfléchisse.
Elle s’est couchée. Veut-elle retarder certaines décisions ou préparer un plan, des propositions ? Je range mes cassettes, mon appareil photo, les aveux signés et la cravache dans ma mallette. Rose s’est endormie. Sans bruit, je quitte la maison, rejoins la voiture qui a passé la nuit à l’écart. Le bruit du moteur ne la réveillera pas. Vers onze heures je reviens. Les photos seront à prélever demain, le photographe est averti de leur caractère particulier et me livrera trois tirages. Les aveux sont photocopiés en multiples exemplaires. J’ai par chance réussi à faire dupliquer mes cassettes plus facilement que je ne pensais. J’ai acheté un film pour l’appareil photo, il y a remplacé celui qui est resté chez le photographe. Sous le tapis arrière du coffre, bien enveloppés, je cache les originaux des aveux et des cassettes.
J’abrite ma voiture au garage. Je rentre avec ma mallette et en prime une baguette de pain. Rose est toujours endormie. Mais l’enveloppe blanche n’est plus sur la chaise dans la chambre de ses amours ! Peu après mon retour elle apparaît, toujours en robe de chambre, déclare qu’elle a bien dormi mais qu’elle souffre de maux de tête que nous attribuons à la pilule.
- — Tu es sorti ? Ah ! Tu as pensé au pain. Qu’est-ce qu’on mange à midi ? Je vais regarder dans le réfrigérateur. Je préparerais volontiers quelque chose de léger.
Je vais déposer ma mallette fermée à clé dans ma chambre. Ce n’est pas habituel, mais cela me permet de remarquer sur la table de chevet une enveloppe blanche vide. Son contenu a disparu. Je vais tester la sincérité de Rose.
Après le repas, j’ai droit à une accolade avec baiser ravageur de Rose. Elle me tire vers le canapé pour un entretien. Je ne lui laisse pas le temps de prendre la parole.
- — Ton mal de tête dure-t-il ? Est-ce que tu as réussi à dormir toute la matinée ?
- — À peine allongée, je suis partie et je ne me suis réveillée que lorsque tu as mis la clé dans la serrure, comme si je te sentais revenir, chéri.
Ce chéri à la fin d’une phrase, c’est soudain la signature d’un mensonge. Je décide de lui montrer que je ne suis pas dupe cette fois.
- — Pourquoi me mens-tu, Rose ? Je sais que tu t’es levée. Est-ce ainsi que tu veux que je te fasse confiance ? Ne m’oblige pas à te mettre une preuve sous le nez. Ne me raconte pas n’importe quoi, que tu es allée aux WC ou boire un coup ou te laver les mains. Sois honnête. Nous ne bâtirons rien ensemble si tu recommences à mentir.
Au début elle affiche un air étonné puis elle prend un air de chien battu. Je me lève et vais chercher ma mallette dans la chambre. Elle m’a suivi, est passée de son côté du lit. Quand je me retourne l’enveloppe blanche a disparu. Je retourne au salon, réinstalle le magnétophone, y glisse la cassette marquée d’un 2 et j’invite Rose à prendre place dans un fauteuil pour marquer une distance.
- — Ce que tu m’obliges à faire me rend malade, tu l’auras voulu.
Le magnéto démarre, nous allons revivre un moment pénible. Je laisse couler le fiel jusqu’à la menace : « il me le paiera ». Je marque un temps de pause, sans commentaire et relance pour m’arrêter à l’enveloppe blanche.
- — Sais-tu où est cette enveloppe ?
Elle semble descendre des nues. Je me lève, me penche sur Rose, plonge la main dans la poche de la robe de chambre, en tire l’enveloppe vide.
- — Tu la vois ? Où est le contenu ? Tu as assez joué, est-ce le début de ta vengeance ? Peux-tu encore me demander de te faire confiance ?
- — Pardon ! Mais c’est tellement humiliant. Alors, si tu y tiens, lis.
Et elle me tend une feuille chiffonnée sortie de l’autre poche. Je défroisse et lis :
Ma petite pute. Quand tu liras ce mot, nous aurons pris tous les deux notre plaisir. Tu m’as cherché, je t’ai eue. Tu sais que ma femme menace de divorcer si on continue à se rencontrer. Alors merci pour le don de ton corps. Ne compte pas sur le mien ni sur mon cœur à l’avenir. Tu m’as amusé, mais je ne t’ai jamais aimée, petite conne. Cesse de croire ceux qui ne pensent qu’à te sauter. C’est idiot. Si ton mari ne te suffit pas, d’autres que moi pourront satisfaire tes flammes. Je me suis assez brûlé à ton feu dévorant. Oublie-moi.
- — C’est encore pire que le contenu de la bande sonore. C’était prémédité. Pourquoi n’as-tu pas voulu partager cette peine avec moi ? Ce saligaud a profité de toi et te jette comme un kleenex. Viens sur mes genoux, ne te laisse pas influencer par ce dégoûtant. Moi je t’aime.
Comme aux plus beaux jours, elle s’installe sur mes genoux. Nos corps se réapprennent.
- — Tu voulais, je crois, me dire quelque chose. De quoi s’agissait-il ?
Elle n’a pas perdu la mémoire ! Elle semble puiser du courage sur mes lèvres.
- — C’est à propos de l’atelier. Je ne veux plus y retourner. Ne fais pas cette figure ! Non, j’aurais trop honte de reparaître là-bas. Mais je me demandais s’il ne serait pas préférable de ne rien dire : ça va me faire une mauvaise publicité dans tout le quartier.
- — Tu me stupéfies, toi-même tu as menacé Gilles de le dénoncer. Tu ne vas pas le laisser continuer avec d’autres. Ne me dis pas que tu veux protéger ce pourri et ses trois complices qui pourrissent toutes les femmes du quartier. De toute façon, si tu ne le fais pas, Sylvie et moi avons décidé d’agir.
- — Tu ne peux pas me faire ça. Je n’oserai plus mettre la tête dehors !
- — Pourquoi ? Te sens-tu si coupable ? Tu es tombée dans leur piège, ce sont eux les coupables. C’est criminel de les laisser continuer. La dénonciation va renseigner le responsable de cet atelier, la police et la préfecture, quitte à imposer une fermeture administrative de ce lieu de débauche subventionné.
- — Dans ce cas je raconterai que tu n’es intervenu que lorsqu’il était trop tard, que tu as volontairement laissé Gilles….
Elle n’a pas fini sa phrase que je l’ai repoussée vers son fauteuil.
- — Je constate que tu as choisi ton camp, celui des séducteurs, contre ton mari. Tu es libre de dire tout ce que tu voudras. Tu n’auras pas à te déplacer, les enquêteurs passeront ici dans les prochains jours. Ce matin, j’ai déposé une plainte au commissariat. Je pense que demain un officier de police se déplacera pour avoir confirmation des faits. Tu pourras nier, mais il faudra expliquer l’état de la pièce où tu as reçu ton ex amant car rien n’a été nettoyé, et rien ne sera nettoyé puisque tu voudrais me faire chanter, l‘état de tes joues, tes aveux écrits et ceux de Gilles, le contenu des cassettes, et aussi ce torchon, plus les photos qui justifieront mes réactions. J’assume dans ce cas ce que m’a inspiré une jalousie normale de la part d’un mari bafoué. Le témoignage de Sylvie corroborera mes accusations à propos d’hier et des fois précédentes. Tu choisiras entre des accusations simples ou l’étalage complet et détaillé. S’il le faut, je ferai convoquer les filles et femmes de ta troupe et les victimes de l’an passé. Je peux même convoquer un journaliste avec un photographe pour que la presse locale révèle le scandale et montre ton visage marqué par la femme à laquelle tu as voulu prendre son mari. Cela avancera mes positions en cas de procès en divorce.
Elle se lève déboussolée :
- — Mais, je croyais que tu ne voulais plus divorcer. Tu m’as menti !
- — Ne veux-tu pas constater que tu viens de changer la donne en me menaçant ? Tu m’as trompé et tu veux protéger la débauche de tes moniteurs. En choisissant cette conduite, tu me forces à révéler les plus petits détails, et ceux des bandes sont croustillants. Tu m’affirmes que tu m’aimes, que tu veux un enfant de moi, mais pour te réserver une chance de courir derrière Gilles et les autres voyous, tu cherches à me nuire. Il faudra assumer tes choix. Tu vois cette boîte, c’est celle de la pilule, elle fera partie des pièces à conviction.
Je me lève, range mon attirail dans la mallette. Je vais fermer les chambres à clé, empoche les clés. Rose est médusée, se dirige vers la porte d’entrée, sort en robe de chambre et dit :
- — Si c’est comme ça, je m’en vais.
Je la laisse partir. Cinq minutes plus tard, elle revient et s’assied dans son fauteuil.
- — Il faudrait que tu m’aides à me laver le dos, tu veux, chéri ?
Elle a décidé de changer de technique. Elle est toute gentille, toute douce et m’expose ce corps que j’ai aimé, que j’ai chanté mais qu’un autre a aimé, désiré et obtenu. Je vais la laver sans la convoiter, même si elle se déhanche comme un mannequin en balançant ses fesses tentatrices.
Sa menace a réveillé l’amertume qui me serre la gorge depuis le début de cette histoire. Dans la douche, elle juge nécessaire de bien exposer à mes yeux tout son dos, mais aussi le sexe que Gilles n’a pas épargné. Tout autre que moi s’y laisserait prendre. Paupières mi-closes, elle guette mes réactions. Hélas devant mes yeux dansent les images de sa trahison.
- — Chéri, si je dénonce Gilles, est-ce que tu montreras tout à la police ? Ce ne sera pas nécessaire ! J’ai tellement honte. Oublie ce que je t’ai dit. Réponds.
- — Assieds-toi et montre ta joue.
Je reste infirmier et ne relève pas. Elle n’abandonne jamais, utilise son pouvoir de séduction pour parvenir à ses fins.
- — Si tu veux, je peux remettre la pièce en bon ordre.
- — Quand, maintenant ? Nous avons quelque chose de plus important à faire cet après-midi. Je t’attends à la table du séjour.
La curiosité la pousse à me suivre. J’apporte du papier à lettre, une enveloppe et un crayon à bille.
- — À toi d’écrire au directeur. Sur l’enveloppe, tu mets son nom et son adresse si tu la connais.
Elle hésite, me supplie du regard, reprend un air malheureux, objecte :
- — Mais que veux-tu que je lui écrive ?
- — Commence par l’enveloppe, on verra pour la suite.
Elle rédige l’enveloppe. C’est déjà un bon début.
- — Tu remplis ton adresse, tu dates, tu mets le destinataire, et puis…
Monsieur,
Par la présente, je veux dénoncer les activités honteuses de monsieur Gilles… Profitant de sa situation de moniteur, il m’a séduite, m’a proposé des leçons particulières à mon domicile et j’ai eu la faiblesse de lui céder.
Mardi soir, nous avons été surpris par mon époux et par son épouse en flagrant délit d’adultère. Nous avons reconnu par écrit notre faute, comme en témoignent les photocopies ci-jointes de nos aveux écrits, datés et signés en présence de nos conjoints. Ces faits relèvent de la sphère privée.
Je joins à ce courrier la photocopie d’une lettre qu’il m’avait remise en me demandant de la lire après son départ. J’ajoute qu’il m’a menacée de me livrer à trois de ses collègues de l’atelier qui usent de chantage pour séduire les victimes de Gilles : il s’agirait de Karim, Maurice et Alain.
Ce courrier a pour but d’attirer votre attention sur les dangers courus par les autres jeunes femmes qui fréquentent l’institution. Gilles s’est vanté d’avoir séduit 123 femmes avant moi. Nous tenons à votre disposition une cassette enregistrée par mon mari qui confirmera cet écrit, si besoin. Il vous appartient de prendre les mesures qui s’imposent dans l’immédiat, notamment la suspension de l’intéressé.
Copie de la présente est envoyée au commissariat de police, à monsieur le maire et à monsieur le préfet.
Veuillez agréer… Signature
- — Tu crois vraiment que l’on doit envoyer cette lettre ? J’ai tellement honte.
- — Si tu veux échapper au chantage des trois autres et de Gilles, il n’y a que cette solution. Si tu leur montres que tu les crains, ils se croiront tout permis. Tu n’accuses que celui qui t’a abusée. Laisse les responsables mener leur enquête. Avant la fermeture des magasins, je vais faire des photocopies pour les poster ce soir. Ne t‘inquiète pas du qu’en-dira-t-on parce que, si tu laisses aux autres l‘avantage de lancer des rumeurs sur ton compte, tu seras bien plus salie dans l‘opinion publique. Sa lettre d‘adieu anonyme, mais accompagnée de ses aveux signés, va lui clouer le bec. Ça lui apprendra à traiter les femmes comme des esclaves. Ferme toutes les issues pendant mon absence. Je t‘aime, ne l‘oublie pas.
C’est fait, la lettre originale est déposée à la bonne adresse. J’ai fait cinq copies. Au retour, j’en ai glissé un exemplaire dans la boîte aux lettres de Sylvie pour ne pas m’attarder, mais j’ai sonné à sa porte. J’ai hâte de retrouver Rose, de voir si elle n’a pas profité de mon absence pour se sauver. Je suis soulagé en constatant qu’elle vient m’ouvrir la porte. Elle est rouge de visage, la transpiration dépose de fines gouttelettes sur son front : les effets de la pilule sans doute.
Mon mariage vit dangereusement. Pour le sauver je prends des risques. Je rédige les adresses des autres destinataires, et je vais poster l’ensemble à la boîte aux lettres du quartier. La nuit va tomber : au passage près de la cabine téléphonique, je remarque la silhouette d’un individu qui semble faire le guet. Je rentre chez moi.
- — Rose, il va faire nuit. Allons respirer l’air du soir. Enfile des habits et allons faire quelques pas ensemble.
Nous sortons, main dans la main. La sentinelle est toujours dans la cabine et fait semblant d’être en conversation. Nous nous arrêtons à sa hauteur et je demande à Rose de l’observer. L’homme quitte la cabine, comme pour nous laisser la place et dit bonsoir. Rose bien clairement dit « Bonsoir, Maurice », sa voix n’a pas tremblé.
- — Les vautours guettent déjà leur proie. Tu vois qu’il y a intérêt à prendre les devants. Il serait étonnant qu’on retrouve Maurice en planque demain, si le responsable réagit.
- — Je ne voulais pas t’alarmer. Ce type est venu sonner à la porte juste après ton départ, il a insisté pour que j’ouvre. Je lui ai dit que tu allais revenir. Il m’a annoncé qu’il reviendrait et qu’il savait comment me décider à lui ouvrir. Je suppose qu’il a rencontré Gilles aujourd’hui.
- — Ses menaces n’étaient pas des paroles en l’air. Ferme donc bien la maison, ne sors pas seule. Le problème sera vite réglé, je te le promets. Ne tremble pas. Faisons encore quelques pas. Je dois mettre Sylvie en garde. Ne crains rien, elle ne te mordra pas. Si elle divorce, elle pourra te remercier de lui avoir ouvert les yeux.
Nous sonnons. Sylvie se montre à la fenêtre de l’étage. En quelques mots nous lui signalons la présence de l’ami Maurice. Elle me remercie pour les copies. Oui, elle a bien déposé Gilles chez ses parents et leur a fait part de son intention de divorcer. Elle a déjà pris rendez-vous chez un avocat. Elle présente des regrets à Rose dont elle n’aurait pas dû griffer le visage, mais la colère est mauvaise conseillère. À la sortie de l’impasse nous retombons sur le dénommé Maurice. Il hâte le pas.
Rose m’empoigne le bras et se blottit contre moi. Je lance :
- — À demain, Maurice, au commissariat.
Il n’aurait pas entendu ? Pourtant ma voix porte. Ça lui donne des ailes.
- — Mon Paul, comme je t’aime.
Je vais boire une bière à la cuisine. Rose m’accompagne ; elle prend la poubelle, le ramassage se fait demain. Je lui prends la poubelle des mains :
- — Donne, je vais la mettre sur le trottoir.
Elle ne lâche pas le sac noir.
- — Je préfère la sortir, avec ces rôdeurs, on n’est jamais sûrs. Laisse-moi faire.
Elle finit par abandonner le sac, mais serre le ruban de fermeture. J’allume les lampes du jardin. La porte de la terrasse est poussée mais non verrouillée, au grand étonnement de Rose.
- — Veux-tu que je t’accompagne, chéri ?
Ce « chéri », c’est un signal d’alarme. Je pose le sac sur la table de jardin de la terrasse, je délie le ruban, écarte les bords du sac devant Rose, interdite sur le seuil. Et là, au-dessus des déchets, même pas cachés, jetés à la va-vite, je vois deux préservatifs bien chargés. Je les sors, les lève à la lumière et demande :
- — Lequel s’appelle Alain, lequel se nomme Karim ?
Le divorce depuis a été prononcé aux torts de Rose. Demain, je quitte cette maison vendue. Sylvie m’attend.