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n° 13864Fiche technique39261 caractères39261
Temps de lecture estimé : 24 mn
16/05/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Les amants surpris, laissés seuls, les sens satisfaits, se détestent. Le mari tente d'aider l'épouse défaillante, pour sauver leurs couple. Mais...
Critères:  fh extracon vengeance jalousie chantage dispute nopéné -amourdram -extraconj
Auteur : Passerose            Envoi mini-message

Série : Atelier d'artisanat

Chapitre 03 / 05
Atelier d'artisanat - 3

Résumé : Rose, épouse de Paul, se laisse séduire par Gilles, mari de Sylvie et moniteur de Rose dans l’atelier d’art. Par deux fois leur tentative de faire l’amour a été interrompue. Profitant d’un prétendu voyage de Paul, Rose invite Gilles chez elle. Ils consomment leur union : le cocu et la cocue, qui avaient tendu un piège, les confondent. Sylvie divorcera. Paul tente de trouver une raison de sauver son mariage en écoutant les cassettes enregistrées ce soir-là. D’autant plus que son épouse semble donner des preuves de bonne volonté.




Rose va à la cuisine puis revient, va ensuite faire sa toilette intime sur le bidet. Puis je lui fais entendre ses confidences avec Gilles après l’amour. Le magnétophone tourne. On tousse.



Arrêt de la cassette.



Je la regarde.





Au petit matin de ce mercredi, je me réveille tout habillé dans mon fauteuil. Rien ne bouge autour de moi. Des clapotis viennent de la salle de bain dont la porte est mal fermée. Je me dirige vers les bruits. Assise sur le bidet, une poire souple surmontée d’une canule en main, Rose a repris la toilette, elle chasse l’impureté, la souillure. Je me retire sur la pointe des pieds et retourne dans mon fauteuil.


Rose traverse le salon, fait semblant de ne pas me voir, retourne à la chambre. Quels conseils la nuit lui a-t-elle apportés ? Moi, après plusieurs lectures des enregistrements, j’hésite à interpréter les affirmations de Rose. Quand elle dit : « j’avais le meilleur », le pense-t-elle ou ne cherche-t-elle qu’à vexer celui qui l’humilie ? Elle a dit aussi qu’elle se vengerait. L’épreuve barbare de l’écoute des cassettes que je lui ai imposée l’a probablement encore plus humiliée que les insultes de Gilles.


Depuis un mois je l’ai vue s’éloigner de moi et se rapprocher de Gilles. S’il est clair désormais que leur couple ne pouvait pas s’inscrire dans la durée, il est possible que mon intervention désespérée ait cassé le dernier fil qui nous reliait. Je me dirige vers notre chambre.



Je cherche son regard fuyant.



Le dialogue va être difficile à établir.



Nous sommes là, désespérés, deux épaves de la vie à la dérive, présents mais séparés par un mur de honte. Une phrase m’a bouleversé, je n’étais pas sensé l’entendre, à mes yeux ça vaut tout l’or du monde, même si je sais que c’est exagérée et je doute.



Comment résister encore ? C’est un étrange baiser, plein de retenue.



Ça sent le piège, mais comme je ne suis pas seul à en détenir, je réponds, prudent :



À chaque passage devant un miroir, les traits de Rose se durcissent, elle domine mal la fureur qui bout en elle. Les ongles de Sylvie ont creusé des sillons dans son visage. Je ne peux pas oublier qu’elle a dit qu’elle se vengerait.



Elle s’est couchée. Veut-elle retarder certaines décisions ou préparer un plan, des propositions ? Je range mes cassettes, mon appareil photo, les aveux signés et la cravache dans ma mallette. Rose s’est endormie. Sans bruit, je quitte la maison, rejoins la voiture qui a passé la nuit à l’écart. Le bruit du moteur ne la réveillera pas. Vers onze heures je reviens. Les photos seront à prélever demain, le photographe est averti de leur caractère particulier et me livrera trois tirages. Les aveux sont photocopiés en multiples exemplaires. J’ai par chance réussi à faire dupliquer mes cassettes plus facilement que je ne pensais. J’ai acheté un film pour l’appareil photo, il y a remplacé celui qui est resté chez le photographe. Sous le tapis arrière du coffre, bien enveloppés, je cache les originaux des aveux et des cassettes.


J’abrite ma voiture au garage. Je rentre avec ma mallette et en prime une baguette de pain. Rose est toujours endormie. Mais l’enveloppe blanche n’est plus sur la chaise dans la chambre de ses amours ! Peu après mon retour elle apparaît, toujours en robe de chambre, déclare qu’elle a bien dormi mais qu’elle souffre de maux de tête que nous attribuons à la pilule.



Je vais déposer ma mallette fermée à clé dans ma chambre. Ce n’est pas habituel, mais cela me permet de remarquer sur la table de chevet une enveloppe blanche vide. Son contenu a disparu. Je vais tester la sincérité de Rose.


Après le repas, j’ai droit à une accolade avec baiser ravageur de Rose. Elle me tire vers le canapé pour un entretien. Je ne lui laisse pas le temps de prendre la parole.



Ce chéri à la fin d’une phrase, c’est soudain la signature d’un mensonge. Je décide de lui montrer que je ne suis pas dupe cette fois.



Au début elle affiche un air étonné puis elle prend un air de chien battu. Je me lève et vais chercher ma mallette dans la chambre. Elle m’a suivi, est passée de son côté du lit. Quand je me retourne l’enveloppe blanche a disparu. Je retourne au salon, réinstalle le magnétophone, y glisse la cassette marquée d’un 2 et j’invite Rose à prendre place dans un fauteuil pour marquer une distance.



Le magnéto démarre, nous allons revivre un moment pénible. Je laisse couler le fiel jusqu’à la menace : « il me le paiera ». Je marque un temps de pause, sans commentaire et relance pour m’arrêter à l’enveloppe blanche.



Elle semble descendre des nues. Je me lève, me penche sur Rose, plonge la main dans la poche de la robe de chambre, en tire l’enveloppe vide.



Et elle me tend une feuille chiffonnée sortie de l’autre poche. Je défroisse et lis :


Ma petite pute. Quand tu liras ce mot, nous aurons pris tous les deux notre plaisir. Tu m’as cherché, je t’ai eue. Tu sais que ma femme menace de divorcer si on continue à se rencontrer. Alors merci pour le don de ton corps. Ne compte pas sur le mien ni sur mon cœur à l’avenir. Tu m’as amusé, mais je ne t’ai jamais aimée, petite conne. Cesse de croire ceux qui ne pensent qu’à te sauter. C’est idiot. Si ton mari ne te suffit pas, d’autres que moi pourront satisfaire tes flammes. Je me suis assez brûlé à ton feu dévorant. Oublie-moi.



Comme aux plus beaux jours, elle s’installe sur mes genoux. Nos corps se réapprennent.



Elle n’a pas perdu la mémoire ! Elle semble puiser du courage sur mes lèvres.



Elle n’a pas fini sa phrase que je l’ai repoussée vers son fauteuil.



Elle se lève déboussolée :



Je me lève, range mon attirail dans la mallette. Je vais fermer les chambres à clé, empoche les clés. Rose est médusée, se dirige vers la porte d’entrée, sort en robe de chambre et dit :



Je la laisse partir. Cinq minutes plus tard, elle revient et s’assied dans son fauteuil.



Elle a décidé de changer de technique. Elle est toute gentille, toute douce et m’expose ce corps que j’ai aimé, que j’ai chanté mais qu’un autre a aimé, désiré et obtenu. Je vais la laver sans la convoiter, même si elle se déhanche comme un mannequin en balançant ses fesses tentatrices.


Sa menace a réveillé l’amertume qui me serre la gorge depuis le début de cette histoire. Dans la douche, elle juge nécessaire de bien exposer à mes yeux tout son dos, mais aussi le sexe que Gilles n’a pas épargné. Tout autre que moi s’y laisserait prendre. Paupières mi-closes, elle guette mes réactions. Hélas devant mes yeux dansent les images de sa trahison.



Je reste infirmier et ne relève pas. Elle n’abandonne jamais, utilise son pouvoir de séduction pour parvenir à ses fins.



La curiosité la pousse à me suivre. J’apporte du papier à lettre, une enveloppe et un crayon à bille.



Elle hésite, me supplie du regard, reprend un air malheureux, objecte :



Elle rédige l’enveloppe. C’est déjà un bon début.




Monsieur,


Par la présente, je veux dénoncer les activités honteuses de monsieur Gilles… Profitant de sa situation de moniteur, il m’a séduite, m’a proposé des leçons particulières à mon domicile et j’ai eu la faiblesse de lui céder.

Mardi soir, nous avons été surpris par mon époux et par son épouse en flagrant délit d’adultère. Nous avons reconnu par écrit notre faute, comme en témoignent les photocopies ci-jointes de nos aveux écrits, datés et signés en présence de nos conjoints. Ces faits relèvent de la sphère privée.

Je joins à ce courrier la photocopie d’une lettre qu’il m’avait remise en me demandant de la lire après son départ. J’ajoute qu’il m’a menacée de me livrer à trois de ses collègues de l’atelier qui usent de chantage pour séduire les victimes de Gilles : il s’agirait de Karim, Maurice et Alain.

Ce courrier a pour but d’attirer votre attention sur les dangers courus par les autres jeunes femmes qui fréquentent l’institution. Gilles s’est vanté d’avoir séduit 123 femmes avant moi. Nous tenons à votre disposition une cassette enregistrée par mon mari qui confirmera cet écrit, si besoin. Il vous appartient de prendre les mesures qui s’imposent dans l’immédiat, notamment la suspension de l’intéressé.


Copie de la présente est envoyée au commissariat de police, à monsieur le maire et à monsieur le préfet.


Veuillez agréer… Signature




C’est fait, la lettre originale est déposée à la bonne adresse. J’ai fait cinq copies. Au retour, j’en ai glissé un exemplaire dans la boîte aux lettres de Sylvie pour ne pas m’attarder, mais j’ai sonné à sa porte. J’ai hâte de retrouver Rose, de voir si elle n’a pas profité de mon absence pour se sauver. Je suis soulagé en constatant qu’elle vient m’ouvrir la porte. Elle est rouge de visage, la transpiration dépose de fines gouttelettes sur son front : les effets de la pilule sans doute.


Mon mariage vit dangereusement. Pour le sauver je prends des risques. Je rédige les adresses des autres destinataires, et je vais poster l’ensemble à la boîte aux lettres du quartier. La nuit va tomber : au passage près de la cabine téléphonique, je remarque la silhouette d’un individu qui semble faire le guet. Je rentre chez moi.



Nous sortons, main dans la main. La sentinelle est toujours dans la cabine et fait semblant d’être en conversation. Nous nous arrêtons à sa hauteur et je demande à Rose de l’observer. L’homme quitte la cabine, comme pour nous laisser la place et dit bonsoir. Rose bien clairement dit « Bonsoir, Maurice », sa voix n’a pas tremblé.



Nous sonnons. Sylvie se montre à la fenêtre de l’étage. En quelques mots nous lui signalons la présence de l’ami Maurice. Elle me remercie pour les copies. Oui, elle a bien déposé Gilles chez ses parents et leur a fait part de son intention de divorcer. Elle a déjà pris rendez-vous chez un avocat. Elle présente des regrets à Rose dont elle n’aurait pas dû griffer le visage, mais la colère est mauvaise conseillère. À la sortie de l’impasse nous retombons sur le dénommé Maurice. Il hâte le pas.


Rose m’empoigne le bras et se blottit contre moi. Je lance :



Il n’aurait pas entendu ? Pourtant ma voix porte. Ça lui donne des ailes.



Je vais boire une bière à la cuisine. Rose m’accompagne ; elle prend la poubelle, le ramassage se fait demain. Je lui prends la poubelle des mains :



Elle ne lâche pas le sac noir.



Elle finit par abandonner le sac, mais serre le ruban de fermeture. J’allume les lampes du jardin. La porte de la terrasse est poussée mais non verrouillée, au grand étonnement de Rose.



Ce « chéri », c’est un signal d’alarme. Je pose le sac sur la table de jardin de la terrasse, je délie le ruban, écarte les bords du sac devant Rose, interdite sur le seuil. Et là, au-dessus des déchets, même pas cachés, jetés à la va-vite, je vois deux préservatifs bien chargés. Je les sors, les lève à la lumière et demande :



Le divorce depuis a été prononcé aux torts de Rose. Demain, je quitte cette maison vendue. Sylvie m’attend.