n° 14009 | Fiche technique | 31763 caractères | 31763Temps de lecture estimé : 22 mn | 18/08/10 |
Résumé: Malgré tous mes efforts et des recherches génétiques avancées, la mission demeure un échec partiel. Mais nous allons tenter deux nouvelles expériences, et nous aurons besoin de Raoul... | ||||
Critères: fh fellation humour -sf | ||||
Auteur : Gufti Shank Envoi mini-message |
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Résumé de l’épisode 1 : Le 19 juin 2010, lors d’une soirée en boîte, j’ai rencontré Thylis, une superbe brune avec qui j’ai misérablement baisé, à moitié bourré. Le 22 juin, Xara, une magnifique jeune femme rousse aux grands yeux verts, a débarqué chez moi, en se réclamant venir de mon futur, où Thylis aurait rapporté ma semence à des fins d’études. D’abord parfaitement dubitatif, je suis obligé de me rendre à l’évidence lorsque Xara m’emmène à bord de son temporeur, une machine à voyager dans le temps, jusqu’à son époque, plus de deux mille ans dans mon avenir.
Résumé de l’épisode 2 : Xara m’a tout de suite présenté trois de ses sœurs, Anya, Eloa et Jiris, qui ont limite insisté pour « s’accoupler » avec moi. Et puis ma compagne m’a conduit jusque devant le « Conseil », une assemblée de femmes âgées dirigée par la « Vénérable ». Celle-ci m’a expliqué qu’en l’an 3572, la Terre avait été frappée par un énorme astéroïde qui avait éradiqué presque toute vie. Seuls une poignée d’être humains avaient survécu, et le peuple de Xara était leurs descendants. Mais un problème les menaçait : peu à peu, leurs femmes n’avaient plus donné naissance qu’à des filles. Et c’est pourquoi j’avais été choisi : fertiliser les sœurs de Xara.
Résumé de l’épisode 3 : Ma compagne m’a fait visiter la vaste demeure qu’on occuperait : quatre niveaux souterrains d’un luxe et d’un niveau technologique incroyables. Elle m’a ensuite conduit à la grande salle où toutes ses « sœurs » ont l’habitude de partager leurs repas (à base d’insipides bouillons) ; j’ai été présenté à toute la population (moins de trois cents femmes), et j’y ai retrouvé Thylis. Sans savoir que Xara et cette dernière ne s’entendent pas très bien, j’annonce que je souhaite partager ma vie avec elles deux. Devant la lourde tâche de fertilisation qui m’est dévolue, les Conseillères acceptent de me fournir des substituts énergétiques qui m’aideront à être plus efficace. C’est Thylis qui, tandis que je dors en apesanteur aux côtés de Xara, m’apporte finalement la « graisse de ponge » destinée à me rendre plus « vigoureux ». Les deux jeunes femmes se disputent presque instantanément mais se réconcilient finalement et j’apprends qu’elles étaient autrefois « petites amies ».
Résumé de l’épisode 4 : La graisse de ponge a des effets parfaitement incroyables ; plusieurs jeunes femmes en ont fait l’expérience, à commencer par Anya, qui est venue de la part du Conseil m’apporter une solution d’endochlorates de tangue brune, censée me permettre de produire davantage de « semence ». Toutefois, le résultat se fait attendre, car mes deux partenaires suivantes se sont effondrées d’épuisement avant que j’aie pu justement les « ensemencer ». J’ai également rencontré Yolen, une femme sculpturale, qui joue le rôle de médecin pour la communauté, et qui devra me faire passer des examens de santé réguliers, pour vérifier que je m’adapte convenablement au changement d’époque. Les voyages temporels sont, paraît-il, potentiellement dangereux ; à tel point que la Vénérable s’est montrée assez réticente à ma demande de retourner « chez moi » chercher quelques affaires.
Résumé de l’épisode 5 : Les endochlorates ont enfin fait leur effet, et je continue d’« ensemencer » régulièrement tout un tas de jeunes femmes ; à tel point que ça devient presque lassant. Mais la Vénérable décrète soudain que je ne dois plus toucher à celles qui sont déjà fertilisées. Xara et Thylis sont plutôt contentes de cette décision, mais Yolen est scandalisée et propose de me cloner, pour que toutes ses sœurs puissent à loisir profiter de moi. D’abord fermement opposé à cette idée, je me laisse peu à peu convaincre, notamment pour échapper à Brena, l’ultime boudin insupportable que je ne veux absolument pas me taper. La bonne nouvelle vient de Xara, qui attend un garçon ; mais l’allégresse retombe vite : toutes les autres femmes enceintes attendent une fille. Le Conseil émet l’idée que le problème puisse être strictement environnemental et me demande d’aller désormais « ensemencer » à une autre époque en voyageant dans le temporeur en compagnie d’une ou deux donzelles. Mes clones parviennent enfin à maturité, pour le plus grand bonheur de Yolen, qui les a déjà dopés de substituts énergétiques. L’un d’entre eux, le numéro 3, est un peu raté et ressemble plutôt à un grand singe. Xara est furieuse lorsqu’elle apprend que j’ai été cloné, mais elle se laisse finalement séduire par les créatures. La Vénérable, en revanche, est loin d’être ravie.
Troisième lunaison de l’an 540, quatrième hexade, 117 h 43 :
L’affaire des clones se tassa finalement plus vite que je ne l’aurais cru. Assez curieusement, Xara et Thylis défendirent la cause de Yolen auprès du Conseil, et toutes leurs autres sœurs furent ravies de savoir qu’elles auraient désormais huit fois plus de chance de se faire troncher par l’élu. Même le cultivé numéro 3 fut promu assistant laborantin, sous la surveillance de Yolen, et eut le droit d’aller et venir presque librement au sein de la communauté.
Contrairement à mes plus horribles appréhensions, Xara et Thylis ne me laissèrent pas tomber et continuèrent à partager ma vie. De temps en temps, elles se tapaient un de mes clones, ou parfois plusieurs, en me pipeautant qu’elles ne l’avaient pas fait exprès, qu’elles avaient confondu. Mais j’avais sur les autres Guftis deux avantages non négligeables : j’étais le seul fertile, d’une part, ce qui m’assurait un certain nombre – pour ne pas dire un nombre certain – d’accouplements variés et j’étais quand même nettement plus « humain » d’autre part. Malgré quelques manifestations de susceptibilité exacerbée ou une fâcheuse tendance à râler trop souvent, mes clones avaient en effet des réactions globalement stéréotypées qui les faisaient se comporter un peu comme des robots.
Et la vie continua, presque normalement : trois ou quatre fois par hexade, je prenais un temporeur avec l’une ou l’autre des gonzesses autorisées à les piloter, pour aller en enfourner une autre ; mes clones étaient sollicités dans tous les sens pour leurs performances sexuelles ; la graisse de ponge et les endochlorates coulaient à flot ; la plupart des nanas avaient trouvé un rythme de baise qui les satisfaisait ; les autres Guftis paraissaient heureux aussi ; et surtout, je continuais à partager de vrais moments de plaisir, et pas que physique, avec mes deux compagnes.
Leurs ventres s’arrondissaient maintenant vraiment nettement ; et leurs grossesses se passaient bien. Elles devaient limiter leurs efforts au strict minimum et je les aidais autant que possible dans leurs tâches quotidiennes. De nombreuses autres femmes arboraient aussi fièrement leurs grossesses assez avancées. Sur les soixante-cinq « fertilisations » souhaitées au départ, soixante-et-une avaient déjà réussi, mais deux s’étaient soldées par une fausse couche. Il restait quatre filles qui ne tombaient pas enceintes. Il y avait Brena, mais là c’était normal : chaque fois que je devais la baiser, j’envoyais un de mes clones le faire à ma place. Mais il y en avait trois autres, qui en dépit de tous mes efforts, n’étaient pas fertilisées.
En revanche, on pouvait pas dire que la théorie de la baise en temporeur porte le moindre fruit. Seule Xara attendait un garçon. Toutes les autres attendaient une fille. Ou même deux : Jiris attendait des jumelles. Les Conseillères s’étaient rendues à l’évidence : il était apparemment inutile de prendre le risque de nous promener dans le temps pour chaque accouplement. Le problème était plus compliqué que ça. On suspecta un instant la graisse de ponge ou les endochlorates, mais leur influence fut écartée rapidement On redétailla une fois de plus avec soin le parcours de Xara lorsqu’elle était venue me trouver chez moi ; on me demanda d’éjaculer dans des éprouvettes pour suivre à l’attoscope la vie et l’œuvre de mes gamètes ; on se résolut même à les trafiquer avant de les implanter artificiellement tout au fond d’une volontaire – ha ha ! c’était Brena, la volontaire ! Mais rien n’y fit.
Yolen parvint à mettre au point un traitement qui augmentait considérablement la proportion de gamètes porteuses d’un chromosome Y parmi mes spermatozoïdes, et favorisait donc théoriquement l’apparition d’un embryon de sexe mâle, mais là encore, ce fut un échec.
On tenta alors une expérience qui demanda plusieurs hexades de préparation : au fond de son laboratoire, Yolen, aidée de quelques-unes de ses sœurs et de l’illustre « numéro 3 », parvint à créer un utérus artificiel, alimenté par une machine qui lui donnait plus ou moins vie. L’équipe généticienne féconda ensuite un ovule prélevé sur je ne sais quelle femme avec un de mes gamètes porteurs d’un Y, puis implanta l’embryon dans l’utérus artificiel où son développement put être suivi et contrôlé presque en permanence. Mais avant même la différenciation cellulaire de l’œuf, plus aucune cellule ne portait le moindre chromosome Y.
Cette expérience n’avait été qu’un échec partiel, car elle avait permis de mettre en évidence le problème : il s’agissait visiblement d’une mutation chromosomique systématique qui intervenait aux tout premiers stades du développement embryonnaire. Il restait à en trouver la cause.
***
Sixième lunaison de l’an 540, première hexade, 41 h 17 :
Les recherches continuaient, mais c’étaient les chercheuses, qui commençaient à manquer. Cela faisait en effet environ neuf lunaisons que j’étais arrivé et plusieurs grossesses étaient bientôt à terme. Il avait été décidé qu’en attendant d’en savoir plus, je ne devais plus tenter de féconder quiconque. La Vénérable avait même suggéré que je pouvais rentrer chez moi à mon époque, mais je l’avais envoyée chier ; et Xara et Thylis, notamment, avaient lourdement insisté aussi. Même Yolen, malgré la présence de mes clones et l’utilisation massive qu’elle en faisait, avait exprimé son souhait de me voir rester auprès d’elles.
Mes clones, d’ailleurs, présentaient visiblement un autre problème : ils vieillissaient beaucoup plus vite que moi. En moins d’un an, ils semblaient en avoir pris dix. Et « numéro 3 » était même probablement en fin de vie. Mais ce problème-là, tout le monde s’en foutait – moi le premier.
Dans ses dernières expériences, Yolen avait découvert qu’une exposition forte à un rayonnement combiné gamma et X (par exemple obtenu par une double radioactivité particulaire et électromagnétique) avait sur mes gamètes porteuses d’un Y strictement les mêmes effets de mutation immédiate. Mais cette hypothèse fut écartée car une telle exposition sur un être humain aurait dû raisonnablement le tuer dans les douze heures.
À la fin de la quarante-et-unième heure de la première hexade, lors de la sixième lunaison de l’an 540, Xara donna naissance par voie naturelle à un magnifique petit garçon, qui fut hélas brillamment baptisé Sauveur – malgré mon opposition formelle. Je passai presque tout mon temps auprès de Xara et de l’enfant. Celui-ci était l’objet des attentions permanentes, si ce n’était du dévouement extrême, de presque toutes les autres femmes. Fort heureusement, d’autres naissances suivirent assez rapidement. Mais seul l’enfant de Xara était un garçon et on sentait qu’il était le privilégié, le préféré des autres femmes, celles qui n’avaient pas été fécondées, ou ne le seraient pas.
J’avais bien du mal à trouver assez de temps à consacrer à tous mes « enfants », et moi aussi, même si j’étais le père de tous, je privilégiais presque malgré moi Sauveur, et Elya, la fille de Thylis. Et aussi un peu Filaë, la fille de Yolen qu’elle avait nommée ainsi en souvenir de la mère de Xara.
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Troisième lunaison de l’an 541, troisième hexade, 27 h 15 :
La vie continuait, tranquillement ; les enfants grandissaient, tous en bonne santé ; Elya, Filaë et Sauveur avaient fêté leur neuvième lunaison ; Xara était de nouveau enceinte – Yolen aussi, mais il ne fallait pas le dire… – mais portait une fille. Dans la communauté, les enfants avaient apporté une nouvelle perspective d’avenir et les projets allaient bon train, malgré les échecs répétés des recherches génétiques menée par Yolen et quelques-unes de ses « sœurs ». Mes clones menaient toujours la grande vie, malgré leur âge apparent assez impressionnant. « Numéro 3 » survivait encore, mais n’était plus qu’un vieillard sénile. La Vénérable avait fêté ses mille cinq cents lunaisons et se portait encore comme un charme. Mais trois autres femmes étaient décédées, de vieillesse, dont une Conseillère. Il avait fallu élire une nouvelle femme au sein du Conseil ; ce fut Xara qui fut choisie, malgré son jeune âge, emportant le vote de presque toutes ses sœurs.
Aucune avancée significative n’avait été faite concernant l’énigme du sexe des fœtus. Il était acquis – ou tout du moins admis – que le problème était environnemental, concernait probablement les mâles, ne me touchait pas lorsque j’avais rencontré Xara, mais m’avait affecté ensuite très vite.
À force d’insistance, je parvins à convaincre le Conseil de tenter de reproduire les conditions de l’instant où j’avais rencontré Xara. Deux possibilités s’offraient à nous : envoyer une jeune femme séduire un homme de mon époque, exactement comme cela s’était passé avec moi ; ou me renvoyer avec une jeune femme pour procéder à des « ensemencements » à mon époque, après éventuellement quelques jours passés sur place pour que je puisse me soustraire à d’éventuelles conditions environnementales persistantes. Ça n’amusait pas Xara de me voir partir, mais il fut finalement décidé que l’on lancerait les deux expériences à la fois : j’irais avec deux jeunes femmes déjà précédemment fécondées, je tenterais d’en fertiliser une tandis que l’autre devrait se trouver un compagnon. Thylis, malgré la présence de sa fille, accepta de m’accompagner, pour mon plus grand plaisir. Quant à moi, je proposai immédiatement mon ami Raoul comme éventuel compagnon de la seconde jeune femme, Aroel, l’une des deux qui avaient fait fausse couche. Il me fut répondu qu’il fallait d’abord l’« étudier » et que nous devrions en conséquence emporter le matériel adéquat.
On attendit encore quelques dizaines d’heures, nous assurant notamment qu’aucune des deux jeunes femmes n’était effectivement déjà « fertilisée » et que la période leur serait toutes deux favorables. Je pris aussi pendant plusieurs jours le traitement de Yolen qui augmentait la proportion de Y dans mes gamètes. Si tout allait bien, nous allions revenir quelques heures après notre départ, simplement serions-nous nous-mêmes plus vieux de quelques jours. Thylis serra sa fille longtemps dans ses bras avant de la confier à Xara ; moi-même, j’avais un peu d’appréhension en embrassant longuement ma compagne rouquine et les deux enfants qu’elle portait en retenant des larmes d’inquiétude. Et nous montâmes finalement dans le grand temporeur, Thylis, Aroel et moi, et Thylis mit le cap sur l’année 2010.
***
Mardi 22 juin 2010, 23 h 30 :
Aroel, qui n’était jamais venue à mon époque, regardait partout autour d’elle avec curiosité, heureuse de découvrir un monde qu’elle ne connaissait pas. Avec ses grands yeux bleus et ses tâches de rousseur, son petit nez en trompette, ça m’aurait étonné qu’elle ne plaise pas à Raoul. Surtout quand il la verrait à moitié à poil avec sa jupette et ses petits seins qui pointaient en haut de son corps athlétique. Je décrochai immédiatement mon téléphone et composai le numéro de mon ami. Ça sonna longtemps. Il devait dormir. Je m’en foutais et insistai. Il répondit enfin, d’une voix embuée :
Je l’entendis soupirer de toutes ses forces dans le combiné.
Et je raccrochai. Thylis, qui avait soigneusement écouté ma conversation, me demanda sobrement :
J’éclatai de rire.
Je ne sais pas si elle comprit tout, mais elle se contenta de cette réponse.
Mais ni le whisky-coca, ni les biscuits apéro ne nous réussirent, les filles et moi. C’est vrai que c’était ma première dose d’alcool depuis plus d’un an et elles probablement la première de toute leur vie. Et pour nos estomacs habitués aux espèces de potages plutôt bien liquides, ça dut faire bizarre de recevoir du solide. Du coup, quand Raoul se pointa à minuit largement passé, il nous trouva dans un drôle d’état, à moitié pliés en deux de maux de ventre et au bord de la gerbe.
Mais il se calma radicalement en découvrant ensuite Thylis et Aroel, qui, même si elles grimaçaient et faisaient une sale tronche, demeuraient très belles, surtout à moitié nues dans leur jupette. Raoul, après avoir examiné leurs seins et m’avoir maudit d’un regard jaloux, se montra très prévenant :
Il me regarda bizarrement en se servant un verre à son tour.
Il me considéra encore un moment, de la tête aux pieds.
Je soupirai longuement.
Raoul, subitement captivé, regarda Aroel avec des yeux de merlan frit. Mais celle-ci était livide et n’allait probablement pas tarder à dégueuler. Je lui apportai une bouteille d’eau ; elle en but une bonne moitié. Mais Thylis ne perdait pas de vue sa mission et sortit des affaires qu’on avait apportées une petite fiole contenant le traitement qui visait à augmenter les gamètes mâles de Raoul.
Mon ami me dévisagea, inquiet. Thylis s’approcha de lui et posa une main sur son entrecuisse en se serrant contre lui.
Pour finir de décrisper Raoul, j’en bus une petite gorgée sous ses yeux suspicieux, en lui répétant de ne pas s’inquiéter, que ce n’était pas de la drogue. Aroel demanda soudain les toilettes en urgence. Je l’y conduisis. Et cet intermède d’une dizaine de secondes avait suffi à Thylis pour s’agenouiller aux pieds de Raoul et commencer à le sucer doucement.
J’acquiesçai en souriant. Thylis pompait avec ardeur. Raoul était ravi.
La jeune femme retira poliment ce qu’elle avait dans la bouche et tourna la tête vers moi :
Aroel revint sur ces entrefaites ; elle avait l’air un peu mieux. Elle poussa une exclamation de surprise en découvrant la scène.
Mais ce n’était pas ça qui chiffonnait Aroel ; elle regardait fixement la bite que suçait sa collègue, d’un air visiblement déçu. Thylis s’en était aperçue et rigolait. Elle expliqua, du haut de son expérience :
Mais il ne put guère montrer quoi que ce soit, car Thylis, après lui avoir enfilé la capote, se remit à le sucer profondément et à le branler à toute allure, et le pauvre Raoul n’insista point et explosa bientôt en beuglant, tandis que Thylis le pompait encore un peu. Comme elle l’avait fait avec moi en boîte, autrefois – et pourtant seulement samedi dernier, elle retira elle-même le préservatif et fit mine d’aller aux toilettes. Raoul s’excusa encore une fois auprès d’Aroel et jura qu’il s’occuperait d’elle aussitôt que possible. Et il se mit à tenter de la draguer à grands coups de banalités auxquelles la pauvre jeune femme ne comprenait presque rien. J’intervenais à chaque fois pour la sortir des impasses dans lesquelles la traînait mon ami par ses discussions qui me semblaient sans intérêt.
***
Mercredi 23 juin 2010, 18 h 50 :
Thylis avait réussi à foutre Raoul dehors assez vite tout en lui bobardant que sa sœur et elle n’étaient là que pour quelques jours et qu’elles voulaient absolument le revoir. Et Raoul avait promis qu’il serait là pour l’apéro le lendemain à dix-neuf heures. Et dès qu’il avait été parti, Thylis m’avait expliqué que le profil de Raoul et les tests sur sa semence étaient très positifs, et qu’il était donc un candidat tout à fait convenable pour l’expérience. On était ensuite remontés tous les trois, Thylis, Aroel et moi, dans le temporeur pour le déplacer de presque une journée vers l’avenir.
Raoul vint à l’heure prévue ; Aroel, cette fois-ci en pleine forme, lui sortit le grand jeu et parvint encore à lui faire absorber un peu de la liqueur qui visait à améliorer sa capacité à concevoir un mâle. Et ils baisèrent dans une chambre, pour l’instant toujours avec une capote, tandis que Thylis et moi baisions dans une autre.
Et on refit le même sketch trois jours durant, qui furent pour nous trois périodes de deux ou trois heures, mais consécutives, donc éreintantes. Le quatrième jour, pendant que je faisais semblant de pas être là, Aroel et Thylis parvinrent je ne sais comment à convaincre Raoul de les baiser l’une et l’autre sans capote et ma compagne s’arrangea pour qu’il « ensemence » Aroel. Raoul était à la fois tout fier et tout piteux quand il vint m’expliquer qu’il avait couché avec les deux.
À partir de cet instant, nous vécûmes au rythme normal des journées standards de mon époque ; essentiellement pour laisser le temps aux petites cellules de Raoul d’aller rejoindre celles d’Aroel. Et idem pour Thylis et moi. Les heures passaient toutefois assez vite : j’emmenai les filles visiter tout un tas de trucs typiques de mon époque, et elles ne cessaient de s’étonner comme j’aurais sans doute pu moi-même le faire en tombant soudain au beau milieu de la Gaule.
Les machines que l’on avait apportées à bord du temporeur – que Raoul n’avait toujours pas découvert au fond de mon jardin – n’étaient pas extrêmement perfectionnées, mais suffiraient à nous apprendre que les jeunes femmes étaient fécondées.
Et le septième jour après son premier contact avec Raoul, Aroel fut détectée positive par le thermo-endoanalyseur du temporeur. Il ne restait plus que Thylis, mais cela ne venait pas. On décida qu’on partirait quoi qu’il arrive au bout du dixième jour.
Aroel eut tout de même du mal à quitter Raoul, et lui sembla devenir comme fou lorsqu’il apprit qu’il ne reverrait sans doute plus celle qui était devenue en quelques jours la femme de sa vie. Je me demandai si on ne devrait pas tenter de l’emmener avec nous, mais Thylis s’y opposa, prétextant des risques de fissures temporelles trop importants.
Et au moment de notre départ, Thylis était toujours négative au test.
***
??? :
Aroel et moi fûmes immédiatement angoissés. Thylis essayait de conserver tout son calme pour reprendre la maîtrise du véhicule.
Elle ne répondit rien et continua à tapoter à toute allure sur le tableau de bord. D’étranges vibrations secouaient de plus en plus l’habitacle.
Si c’était possible, je me crispai encore davantage. Aroel, à mes côtés, avait les yeux fermés et tremblait. Il y eut soudain une série de secousses gigantesques et nous fûmes projetés à travers l’habitacle du temporeur, qui était probablement en train de tourner et de rebondir dans tous les sens. Je protégeai instinctivement ma tête.
L’engin finit par s’immobiliser ; j’étais couché par terre, mais apparemment, tout allait bien. Ce n’était pas le cas de mes compagnes qui gisaient étendues l’une sur l’autre, visiblement inconscientes. Mais au moins, elles respiraient calmement. J’essayai de les ranimer, d’abord doucement, puis plus fermement, mais en vain. Pour l’avoir vu faire plusieurs fois, je parvins à ouvrir le sas du temporeur. Toujours extrêmement inquiet, je sortis faire quelques pas. La machine était posée sur le flanc sur une grande étendue de terre desséchée, presque désertique ; un grand soleil radieux et lourd éclairait quelques pins qui poussaient ça et là. À quelques centaines de mètres, un petit cours d’eau serpentait mollement dans le fond d’un grand lit. Ça me fit penser à l’endroit où j’avais atterri la première fois que j’étais arrivé dans le monde de Xara.
Je portai l’une après l’autre les deux jeunes femmes jusqu’à l’ombre d’un arbre, tout près de la rivière, où nous serions moins écrasés par la chaleur. Je leur apportai de l’eau et leur mouillai le visage et la nuque. Thylis s’éveilla enfin.
Elle se redressa avec peine en se frottant la tête.
Thylis parvint à se lever et alla jusqu’au cours d’eau s’asperger encore le visage.
Elle se dirigea jusqu’à notre véhicule, y entra. Je l’attendis en essayant une fois encore d’éveiller Aroel, qui à mon grand soulagement, ouvrit finalement les yeux à son tour. Elle semblait reprendre peu à peu ses esprits.
Elle revint justement.
Presque deux cents ans plus loin que ce que nous avions souhaité…
Aroel se mit presque immédiatement à pleurer. Thylis soupira en s’asseyant à l’ombre du grand pin. Pour ma part, même si j’étais désespéré, j’avais plutôt l’intention d’essayer de trouver un moyen de survivre. La rivière voisine nous fournirait de l’eau ; il restait à trouver à manger.
***
Seconde lunaison de l’an 728, sixième hexade, 22 h 43 :
Aroel tomba à genoux devant le spectacle de désolation qui s’offrait à nous. Les bâtiments étaient encore là, mais seul le vent les parcourait en sifflant et il n’y avait visiblement plus depuis longtemps la moindre personne vivante. La végétation avait envahi les façades des constructions, dont certaines commençaient à se délabrer partiellement.
Mais Thylis était plus que sceptique.
Je désignai l’impressionnant bâtiment qui avait été la grande salle de restauration. Nous y entrâmes. C’était froid, sombre, tranquille… et accueillant comme un tombeau. À l’évidence, plus personne n’y avait mis les pieds depuis un moment. Plus aucune machine n’était en état de fonctionnement, sans doute par défaut d’alimentation énergétique. Mais ça, c’était pas grave, on arriverait sans doute à les remettre en marche.
Un long rire sarcastique me répondit. Nous sursautâmes tous les trois et nous retournâmes pour chercher son origine. Une femme relativement âgée s’avançait vers nous, affichant un sourire cynique évident.
Filaë… la mère de Xara, qui avait disparu lors d’une mission d’exploration à bord d’un temporeur…
À suivre…