Comme pour beaucoup d’entre vous, c’est pour Anne et moi le retour des vacances. Il coïncide avec la publication sur Revebebe du témoignage que j’avais écrit il y a quelques semaines. Je venais d’apprendre comment, par vengeance, Anne avait décidé de me rendre cocu. Encore sous le choc, j’y exprimais, par dépit et pour exorciser ma douleur de la savoir se donner à tant d’hommes, ma frustration de ne pas partager avec elle ce fantasme de l’exhiber puis de la donner afin de la voir faire l’amour avec d’autres hommes. Devais-je la laisser continuer à me tromper ou lui dire que je savais et la quitter si elle ne cessait pas ou ne m’associait pas à ses aventures ?
Tout avait commencé après que j’eus fauté, une soirée, avec la femme d’un ami, tous les deux parfaitement consentants. Depuis, Anne avait passé les derniers mois à se livrer à la débauche la plus totale en club et dans des orgies privées, multipliant les partenaires au-delà de toute mesure. Certes, je méritais une punition, je le reconnais. Mais pouvait-elle ainsi jouer à la pute pour ce seul prétexte ? J’étais prêt à lui pardonner, encore, mais elle ne pouvait plus vivre ainsi. Comment la reconquérir et revivre avec elle, comme ces dix dernières années ? Si je me surprenais encore parfois à être excité en l’imaginant nue, entre les mains d’inconnus, ce que j’éprouvais chaque jour était un profond mélange de jalousie, de désespoir et de regrets. À tout instant je la voyais, ouvrant la bouche ou les cuisses pour se délecter d’une bonne giclée de foutre dès qu’une queue bien dressée se présentait à elle. Je savais à quel point elle était une partenaire bandante, jouant de son physique idéal pour donner du plaisir et n’hésitant pas à faire jouer toutes les ressources de son corps.
Mais je ne désirais plus maintenant que pouvoir l’aimer sans retenue et la serrer à nouveau dans mes bras. Seule cette idée me faisait encore tenir et accepter cette situation. Toutefois, depuis plus d’un mois que je savais, je n’avais pas encore osé lui en parler. Je redoutais des mots qui la feraient fuir à jamais. Je me résignais à laisser pousser ma paire de cornes plutôt que de risquer de perdre Anne. Mais combien de temps cette situation pouvait-elle encore durer ? Où étaient nos fous rires et nos conversations interminables d’antan ? Nos caresses et notre complicité de tous les instants, nos baisers et notre tendresse ? Tous mes fantasmes passés me paraissaient bien vains à côté de ce que je voyais s’enfuir.
Les vacances s’approchaient à grands pas et je redoutais qu’elles s’annoncent bien tristes. Vers la mi-juin, à ma grande surprise, et joie, ce fut Anne qui me proposa de louer la même villa que l’année précédente. Nous y avions passé des moments merveilleux et c’est les yeux embués et la gorge nouée que je lui répondis par un immense oui. Je m’apprêtais à fondre dans ses bras mais elle me repoussa doucement en ajoutant « pas encore ! ». Ces deux mots m’empêchèrent de dormir toute la nuit que je passais seul, Anne étant encore sortie pour je ne sais quelle destination et rentrée à l’aube. La tempête fit rage pendant les semaines suivantes, jusqu’à notre départ. Anne était toujours aussi distante mais, petit à petit, l’espoir revenait.
Nous arrivâmes dans notre lieu de villégiature le samedi soir. Le panorama était toujours aussi beau. Une maison moderne dotée d’un grand jardin méditerranéen surplombant la mer, au loin, avec une immense terrasse d’où nous avions l’impression que le monde nous appartenait. Cette fois-ci, c’était plutôt le sentiment d’être un insecte dans un monde immense qui prédominait. Le temps de déballer les valises, de faire notre toilette et de casser la croûte dans la cuisine, il était l’heure d’aller nous coucher, épuisés par la route. Anne s’allongea de son côté. Comme d’habitude, j’avais interdiction totale de simplement l’effleurer. Avant d’éteindre elle tourna légèrement la tête et me dit :
- — Éric, je dois te parler demain matin. J’ai un certain nombre de choses à te dire. Bonne nuit.
Son ton interdisait que j’engage la conversation en retour mais c’était la première fois depuis cette soirée maudite qu’elle me souhaitait une bonne nuit. Le cœur battant, il me fut impossible de trouver le sommeil avant le petit matin, tournant et retournant toutes les hypothèses. Qu’allait-elle donc m’annoncer ? Je passai toutes ces heures du plus fol espoir à la déchéance et au désespoir le plus profond.
Le matin, je me réveillai seul. Je me levai en toute hâte, une boule dans le creux du ventre. Je la retrouvai assise sur la terrasse, au bord de la terrasse. Un jus d’orange était disposé auprès d’une cafetière fumante et de pain frais. Elle leva la tête vers moi et me dit :
- — Assieds-toi là. Voilà. Tu te doutes de quoi je veux te parler ?
- — Euh… Oui, bien sûr.
- — Éric, tu m’as trompée avec Sylvie. Je ne te le pardonnerai sans doute jamais. Tu ne peux savoir à quel point tu m’as rendue malheureuse.
- — Mais, Anne, je…
- — Attends. C’est pourquoi, après avoir pris le temps de réfléchir, j’ai décidé de me venger pour te faire payer avant de te quitter.
- — Non ! Anne tu ne vas pas…
- — Mais j’ai depuis changé d’avis.
- — …
- — Oui. Mais avant d’en arriver à ma décision, je te dois de tout te raconter. Comme je te l’ai dit, j’ai voulu te faire éprouver au centuple ce que j’ai ressenti ce soir-là quand, après ma douche, je suis retournée vers la piscine et que j’ai vu Sylvie te chevaucher. Je t’ai vu jouir dans sa bouche avant de me rejoindre comme si de rien n’était.
- — Oui. Je l’ai reconnu. Je n’ai pas su résister. Mais je te promets que cela ne se reproduira plus jamais. Je tiens trop à toi.
- — Comment pouvais-je croire à tes serments ? Tu devais savoir qu’à la moindre incartade je ne te ferais pas de cadeau. C’est pourquoi je suis allée voir Stéphane et Sylvie, ceux-là mêmes qui t’avaient conduit dans cette situation. Ils ont absolument voulu te défendre et t’excuser car ils se rendaient bien compte du gâchis qu’ils avaient causé dans notre couple alors qu’ils se prétendaient nos amis. Mais je leur ai proposé quelque chose de bien différent.
- — …
- — Oui. Ce soir-là j’ai demandé à Stéphane de me baiser, afin de te rendre la monnaie de ta pièce. Et imagine-toi bien qu’il ne s’est pas fait prier. Tu sais à quel point je pouvais t’exciter quand nous faisions l’amour. Eh bien, je me suis donnée comme jamais ce soir-là avec lui. À chaque fois que je sentais sa queue buter en moi, je sentais ma colère contre toi. Elle m’incitait à aller encore plus loin dans la débauche. J’ai vraiment joué les salopes avec lui. Je t’avais toujours refusé la sodomie : il a eu droit à me prendre par là aussi. Je ne l’ai pas lâché jusqu’à ce qu’il ne puisse plus jouir et, crois-moi, il a pourtant été plutôt endurant. J’avais envie que Sylvie le voie me baiser, comme je t’ai vu toi. J’avais aussi envie que dorénavant, il pense à moi chaque fois qu’il la prendrait.
- — Je comprends…
- — Quand je suis revenue me coucher ce soir-là, près de toi, j’avais encore son sperme au fond de moi et je sentais son goût dans ma bouche. Ma vengeance venait de débuter.
- — Débuter ?
- — Oui. Débuter. Et sache que ton ami Stéphane n’a pas eu de scrupules à me relancer plusieurs fois les jours suivants pour me demander de recommencer. Puisqu’il en voulait encore, je ne me suis pas fait prier et je pense avoir donné le meilleur de moi-même ! À chaque fois il a eu droit à mon cul et s’est vidé au fond de ma gorge, sans que j’en recrache la moindre goutte.
- — Mais Sylvie savait ?
- — Oui, elle était là ! Et c’était aussi ma vengeance.
- — Comment ?
- — Je me suis si bien débrouillée à jouer les salopes que Stéphane ne baisait qu’avec moi pendant nos soirées, sa femme devant se contenter de quelques caresses ou pénétrations rapides de son mari. Je me jetais à chaque fois sur sa queue pour la reprendre et l’accueillir au fond de moi. Elle devait comprendre ce que c’est de voir son mari s’oublier avec une autre. Stéphane n’arrêtait pas d’ailleurs de m’appeler pour me proposer de nouveaux rendez-vous à trois, mais aussi à deux.
- — Et tu as accepté ?
- — Oui, bien sûr. Il est même venu plusieurs fois à la maison. Quand tu te couchais le soir, pouvais-tu imaginer qu’il m’avait prise quelques heures avant, à ta place même, dans nos draps ? D’ailleurs nous avons baisé partout, comme nous le faisions, et je m’arrangeais pour qu’il jouisse à chaque fois dans les lieux que tu occupes le plus souvent, dans le salon, la cuisine, ton bureau ou ton atelier.
- — …
- — Depuis six mois, tu vis au milieu des endroits où j’ai été doigtée, baisée, enculée et recouverte ou remplie du sperme d’un autre. Il venait deux ou trois fois par semaine, quand nous ne nous retrouvions pas à l’hôtel ou dans notre voiture, pour tirer un coup rapide.
- — …
- — Tu as même failli nous surprendre au lit un jour où tu es rentré pour chercher un dossier à la maison. Tu te souviens ?
- — Oui, bien sûr, tu disais être souffrante.
- — J’avais mal aux fesses, oui, et la chatte douloureuse. Mais Stéphane, tu aurais pu le trouver dans le placard si tu l’avais ouvert. Alors qu’est-ce que tu éprouves de te retrouver cocu à ton tour ?
- — Tu as eu ta vengeance. Je ne t’en veux pas et suis prêt à te pardonner !
- — Oui mais moi je n’étais pas satisfaite.
- — … ?
- — Non. Je le faisais pour te rendre la monnaie de ta pièce alors que toi tu m’avais trompée sans que je ne l’aie jamais mérité.
- — …
- — Stéphane est ainsi devenu mon amant régulier pendant plus de trois mois. Je lui ai demandé de nous revoir avec Sylvie. Il semblait moins ravi qu’auparavant mais nous nous sommes fait à nouveau quelques plans à trois.
- — Mais pourquoi ?
- — Parce qu’à partir de là, je n’ai plus baisé qu’avec Sylvie. Oui, Éric, tu as bien entendu. Après avoir joué les parfaites salopes avec Steph je me suis tapé sa femme, devant lui, en bonne petite lesbienne appliquée. Elle m’a bouffé la chatte et je lui ai rendu la pareille. Nous nous embrassions, nous doigtions et nous donnions du plaisir avec tout ce qui nous tombait sous la main, y compris les godes qu’il lui a offerts. Elle aussi a eu droit à mon cul. Mais cette fois c’est Steph qui ne pouvait me toucher. À chaque fois je le dirigeais vers sa femme. Par défaut, il l’a utilisée pour se vider les couilles.
- — Je ne comprends pas.
- — C’est pourtant simple. J’avais gardé tous les messages qu’il me laissait où il me demandait de nous revoir à nouveau à deux. Il me rappelait à quel point il prenait son pied avec moi, et à quel point je lui faisais atteindre un plaisir qu’il n’avait jamais connu auparavant. Comme toi, il m’appelait sa petite salope.
- — …
- — Il me reprochait aussi de ne pas avoir pu me prendre lors de nos derniers trios et de devoir se contenter de Sylvie. C’est ce que j’ai expliqué à Sylvie, quand je l’ai appelée le lendemain. Je lui ai révélé nos rendez-vous réguliers avec son mari, avec preuves à l’appui. Elle est tombée de haut. Elle qui pensait le satisfaire et lui apporter tous les plaisirs, y compris en se donnant à d’autres hommes, pour répondre à ses désirs.
- — …
- — Elle a compris, elle aussi, ce que c’était de se faire tromper par l’homme qu’on aime.
- — Tu n’as pas fait ça ?
- — Si, bien sûr !
- — Comme j’ai dû te faire mal pour que tu te venges ainsi. Je te demande de me pardonner. Mais depuis j’ai aussi énormément souffert ! Et Steph ! Et Sylvie ! Tu l’as eue ta vengeance !
- — En ce qui concerne Stéphane et Sylvie, oui. Car, crois-moi, ça a bardé entre eux ! Mais pas vis-à-vis de toi !
- — Comment ça ?
- — Rappelle-toi : je t’ai dit que je te punirais au centuple ! Et ce n’était pas des mots en l’air. Au moment où je commençais les parties à trois avec Steph et Sylvie, je suis allée voir Christophe et Béa.
- — Mais ils ne t’avaient rien fait, eux !
- — Bien sûr que non ! C’est pourquoi je les ai vus pour m’aider.
- — T’aider ?
- — Oui. Je leur ai expliqué ce que tu m’avais fait et comment je comptais me venger. Naturellement je ne leur ai pas parlé de Steph et Sylvie. Bien entendu tes amis m’ont dissuadée au départ mais, ça te fera sans doute plaisir de l’apprendre, s’étant rendu compte qu’ils ne me feraient pas changer d’avis, ils ont répondu à ma demande et en ont profité pour me baiser l’un et l’autre.
- — Comment ?
- — J’estimais que je leur devais bien ça. Tu dois d’ailleurs savoir que, sous leurs airs bien sages, ils sont l’un comme l’autre plutôt pervers. Ils pratiquent volontiers des jeux de soumission et je me suis résolue à leur servir d’esclave dévouée au cours de quelques séances.
- — Toi ? Esclave !
- — Oui. Ils sont d’ailleurs bien équipés. Menottes, tenues en latex, godes divers et fouets en tous genres.
- — Tu n’as quand même pas… ?
- — Je ne te raconterai pas tout ce qu’ils m’ont fait subir, les yeux bandés ou attachée. Certains souvenirs restent encore un peu douloureux car les punitions étaient nombreuses et les instruments utilisés parfois hors de proportion.
- — Mais que te devaient-ils en échange ?
- — J’y viens ! Je m’étais décidée à trancher ton sort une fois que j’aurais été baisée par cent inconnus.
- — Cent !
- — Oui. Cent. Et j’ai tenu parole.
- — Tu as baisé avec cent hommes ?
- — Tu veux savoir ?
- — Je ne sais pas. Je ne sais plus…
- — Tu bandes ?
- — Non ! Ce que tu me dis, aussi brutalement et aussi crûment ne m’apporte pas le plaisir, au contraire. Quand je t’en parlais c’était un pur fantasme. Si je pensais le concrétiser c’était avec ton plein accord et en ma compagnie. T’imaginer prendre du plaisir avec d’autres hommes, c’était aussi me montrer ton amour pour moi. De la même façon, ce que je te demandais et te permettais de vivre était une preuve d’amour. Je m’en rends compte aujourd’hui, après avoir vécu ces derniers mois dans le remords et la crainte quotidienne de ne plus vivre avec toi. Car par-dessus tout, je t’aime plus que tout et ne désire qu’une chose, c’est vivre avec toi, dans l’amour. À jamais !
- — Me tromperas-tu encore ?
- — Non, non, je te le promets ! Je ne coucherai plus jamais avec une autre femme que toi. Si cela devait se produire, ne serait-ce qu’une seule fois, tu pourrais me quitter sans que je ne puisse espérer la moindre mansuétude de ta part.
- — J’y compte bien. Et j’en prends note. Je continue…
- — Tu veux ?
- — Oui. Tu dois savoir ce que j’ai fait pour comprendre combien j’ai été touchée. Je te rappelle que je n’avais eu qu’un autre homme avant de te rencontrer et que je t’avais toujours été fidèle.
- — Mais moi aussi.
- — Oui, mais tu as mis un coup à notre contrat moral. Je poursuis. J’avais donc demandé à Chris et Béa de me faire connaître les lieux où ils nous avaient dit sortir, afin que cent hommes puissent profiter de mon corps. Ils ont tenu parole et moi aussi.
- — Vraiment ? Tu l’as fait ?
- — Oui. Cela a commencé chez eux où, pour me tester, ils avaient invité des amis libertins à eux. J’avais les yeux bandés et suis restée attachée pendant que quatre hommes se sont occupés de moi. Chacun d’entre eux avait ses propres exigences et je m’y suis pliée. Je ne sais pas qui ils étaient mis à part que l’un d’eux doit être un de tes collègues selon les dires de Béa.
- — Mais qu’as-tu fait ?
- — Peu importe. La semaine suivante, je me suis donc rendue avec Chris et Béa dans le club qu’ils avaient choisi. C’est un endroit a priori réputé, avec une clientèle haut de gamme. J’ai failli renoncer devant le monde qui se pressait dans l’établissement. Nous avons commencé tranquillement à trois et les choses se sont ensuite enchaînées.
- — C’est à dire ?
- — Chris et Béa s’occupaient de moi, m’ayant déshabillée après m’avoir à nouveau bandé les yeux. Chaque fois qu’un homme s’approchait de nous, quel qu’il soit, Chris lui demandait de me baiser. Ce soir-là, j’ai eu droit à dix queues, dans la chatte et entre les fesses. Je ne compte pas ceux qui se sont contentés de nous regarder, de me toucher ou de me donner leur queue à sucer. Ils ne font pas partie du total, même si j’ai à chaque fois avalé leur semence jusqu’à la dernière goutte.
- — Mais tu t’es conduite comme une vraie salope !
- — Ne deviens pas grossier, s’il te plaît ! C’est vrai que dix mecs en une soirée, même dans tes fantasmes tu n’osais pas aller jusque-là. Mais mon sentiment premier n’était pas de prendre du plaisir mais de te faire payer ton geste ! Rappelle-toi en bien !
- — Mais tu as recommencé ?
- — Oui, bien entendu. J’y suis retourné deux fois avec Chris et Béa et je me suis donnée totalement à chaque fois. Les couples commençaient d’ailleurs à me reconnaître et savaient à quoi s’attendre. Autant dire que j’ai dépassé les dix partenaires ces deux fois-là. Chris et Béa ne maîtrisaient d’ailleurs plus grand-chose et j’ai enchaîné les partenaires masculins mais aussi les couples. Il m’était bien difficile de pouvoir les discriminer. Et puis les rapports saphiques venaient mettre un peu de douceur entre les pénétrations et les fellations.
- — Mais tu les embrassais ?
- — Oui. Les femmes comme les hommes. N’avais-tu pas embrassé Sylvie ?
- — À peine.
- — Mais, autant te le dire, je ne comptais pas les femmes dans le nombre que je m’étais fixé d’atteindre.
- — C’était tous les soirs où tu me disais sortir entre filles ?
- — Oui. À chacune de ces sorties, je me faisais baiser par d’autres. Si j’arrivais en tenue très légère, je passais ensuite toute la soirée nue, ou juste en bas et porte-jarretelles. Toi qui me poussais à me mettre topless à la plage, tu aurais été ravi de me voir dévorée par tous ces regards.
- — Mais tout le monde est nu ?
- — Dans les chambres et les alcôves. Mais, pour souffler, je remontais sur la piste de danse dans cette tenue, ou plutôt en l’absence de toute tenue, alors que tous les autres étaient encore habillés. Je sentais les corps se serrer contre le mien et des mains inconnues me parcourir de la tête aux cuisses.
- — Tu les laissais te toucher ?
- — Oui. C’est excitant de sentir dix mains vous toucher en même temps et de les laisser faire, même quand elles s’aventurent où elles ne le devraient pas.
- — Tu prenais donc du plaisir ?
- — Pareil quand j’allais me commander un verre au bar. Les hommes présents en profitaient pour me caresser tout le corps ou me fouiller le sexe de leurs doigts, quand ce n’était pas un doigt dans les fesses. Tu sais que j’ai toujours beaucoup mouillé et cela leur plaisait beaucoup, tout en leur facilitant la tâche.
- — Tu n’as jamais dit non ?
- — Non, jamais. Avec l’habitude c’est même moi qui allais les chercher sur la piste ou au bar et les prenais par la main pour qu’ils aillent me baiser, quand je ne le faisais pas sur place.
- — Sur la piste, devant tout le monde ?
- — Oui. Tu sais, avec le temps, tous les hommes présents, comme les membres du personnel, m’avaient tous déjà baisé ou vu baiser au moins une fois.
- — Au moins une fois ?
- — Oui. Tu sais, dans ces lieux on rencontre souvent les mêmes personnes. Alors au fil du temps, si le nombre de partenaires ne diminuait pas, bien au contraire, les nouveaux étaient moins nombreux.
- — Mais tu avais dit cent.
- — Oui, cent partenaires, pas cent rapports !
- — …
- — Tu sais c’est même étonnant, les gens qu’on rencontre. Si je te disais qui j’ai vu, tu serais étonné.
- — Mais ils te connaissaient ?
- — Oui. Je te parle de connaissances ou d’amis à nous. Tu rencontres beaucoup de gens par tes activités, et moi aussi.
- — Mais alors ils savent que je suis cocu ?
- — Il leur est difficile de l’ignorer, quand ils ne m’ont pas eux-mêmes aidée à te faire pousser tes cornes.
- — Mais je les côtoie, sans le savoir, et ils sont au courant ?
- — Être cocu, n’était-ce pas ce que tu me disais vouloir être ? Ne me disais-tu pas que tu voulais me donner à d’autres hommes et me voir baiser avec eux ?
- — Oui, mais… c’était un fantasme…
- — Tu en es sûr ? En tout cas je l’ai vécu. À force de côtoyer des libertins, je dois te dire que j’ai même été invitée à des rendez-vous privés. Ils avaient constaté à quel point j’étais disponible et, en plus, pas trop mal de ma personne et assez douée. Je te rassure, pas de rendez-vous en tête-à-tête, mais juste l’occasion d’atteindre le chiffre promis.
- — Mais avec qui ?
- — Avec un de tes amis proches par exemple. Lui m’a invitée à une réunion de formation qu’il avait avec ses commerciaux. J’ai été leur attestation de fin de stage !
- — …
- — J’ai aussi satisfait quelques sportifs dans le vestiaire d’un club de fitness. Ces salauds ont fini en me pissant dessus pour nettoyer le sperme dont ils m’avaient recouverte.
- — …
- — J’oubliais un autre de tes amis qui m’a amenée sur le chantier de sa maison pour me donner aux ouvriers qui réparaient sa plomberie. De sacrés tuyaux. Il a eu la baignoire à remous qu’il voulait…
- — Mais où t’es-tu arrêtée ?
- — C’est fini quand tu sauras que j’ai aussi été invitée à quelques après-midi dans des appartements ou des chambres d’hôtel avec des hommes triés sur le volet. Alors si ta question est, les connais-tu ? Nous n’habitons pas une grande ville et pas mal de tes connaissances sont au courant pour tes cornes.
- — Tu voulais vraiment m’humilier ! Et puis que me racontes-tu là ? Tu as explosé le compteur !
- — Non. Enfin pas trop. J’ai bien eu du mal à tenir des comptes dans certaines circonstances. Alors j’ai sans doute un peu dépassé mon objectif. Mais après tout, c’est moi qui avais fixé la hauteur de la barre. Je pouvais la déplacer. Et puis, comme je te l’ai dit, certains m’ont baisée plus d’une fois.
- — Et où veux-tu en venir maintenant ?
- — Patience. J’y arrive. Il y a deux mois j’ai été certaine d’avoir atteint mon quota et je ne savais pas encore quel sort te réserver. Il est sûr que le temps et mes activités avaient fait diminuer la colère et le ressenti que j’avais contre toi, mais je me sentais encore trahie. J’ai donc demandé à Stéphane de te raconter ce que j’avais fait pour voir ta réaction.
- — Tu savais que j’étais au courant ?
- — Oui. Et d’ailleurs cela m’a coûté une partie de jambes en l’air avec Stéphane.
- — Hein ?
- — Ou, c’est ce qu’il m’a demandé pour te parler, avec comme condition que je n’en dise rien à Sylvie.
- — Et tu l’as fait ?
- — Baiser. Oui à l’hôtel. Je fermais en quelque sorte la parenthèse. Il m’a prise comme si c’était un mort de faim. Mais c’était en effet la dernière.
- — Celui-là quel salaud, il va m’entendre parler.
- — J’ai donc pu constater depuis quelques semaines que tu sais ce que j’ai fait, car Stéphane a été convaincant, tu ne m’as pas fait de reproches. Depuis plus de six mois, tu as joué profil bas et tu n’as pas essayé d’aller voir ailleurs alors que nous n’avions plus aucun rapport. En outre tu as semblé sincère dans tes regrets et surtout fidèle à ton amour pour moi. J’ai donc pris ma décision le mois dernier, quand je t’ai proposé ces vacances.
- — Qui est ?
- — Mais avant, j’ai deux choses à te dire et à te demander.
- — Oui ? Vas-y, lesquelles ?
- — La première : me promets-tu de ne plus jamais avoir de rapports avec une autre femme ?
- — Oui ! Sur ma vie, je te le promets !
- — OK. La seconde ! Me pardonnes-tu ce que j’ai fait ?
- — Oui. Bien sûr. Je te pardonne et je t’aime comme avant. Peut-être même encore plus.
- — Je dois quand même t’avouer une dernière chose : le jour où je t’ai proposé ces vacances, tu te rappelles que je suis sortie ?
- — Oui, bien sûr.
- — Eh bien, j’étais allée annoncer ma décision à tous ceux que j’avais rencontrés dans la boîte de Béa et Chris. J’avais demandé au patron d’inviter tous les habitués et de pouvoir m’expliquer devant tous ceux que j’avais vus depuis quelques mois afin de leur expliquer les raisons de mon attitude et ma décision finale.
- — Oui ? Et alors !
- — Tu devines que tous ceux qui étaient présents la semaine dernière, hommes ou femmes, avaient déjà tous profité de mon corps.
- — Oui…
- — Eh bien, ils ont tous salué ma décision, qui est de revivre avec toi, comme un couple amoureux… de pardonner et d’oublier le passé.
- — Oh ! Merci…. Merci… Merci… Merci… Je t’aime.
- — Mais.
- — Mais ?
- — Mais ils m’ont demandé de pouvoir me baiser une fois de plus.
- — Et ?
- — Tu sais, il y avait pas mal de monde…
- — Oui, et alors ?
- — Je n’ai pas pu refuser. Tu me pardonnes.
- — Oui, bien sûr ! Je te pardonne. Je t’aime. Je veux vivre avec toi.
- — Je t’aime aussi Éric. Je veux aussi vivre avec toi.
- — Je te serai à jamais fidèle, Anne, je te le promets à nouveau.
- — Tant mieux. Tu sais, comme je te l’expliquais tout à l’heure, mon désir de vengeance a diminué au fil des partenaires mais mon plaisir, lui, augmentait. En fait lors de cette « soirée d’adieux », ils ne m’ont pas vraiment priée.
- — Comment ça ?
- — En fait c’était prévu avec les invitations. J’étais le cadeau de la soirée, pour tous les invités présents. À ma demande. J’avais envie de leur être à nouveau offerte, sans désir de me venger cette fois. Et, à la rentrée prochaine, j’aimerais pouvoir y retourner. Mais avec toi, cette fois. Mais à une seule condition : que tu ne fasses que regarder…
Que croyez-vous que je lui ai répondu ?