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n° 14596Fiche technique43216 caractères43216
Temps de lecture estimé : 25 mn
03/10/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  En marge des Hypno-Teasers, ce récit est un peu différent. Mais on y retrouve Franck et Isabelle...
Critères:  fh inconnu caférestau fellation pénétratio -coupfoudr -occasion
Auteur : Petit bouquet      Envoi mini-message

Série : Hypno-Teasers

Chapitre 02 / 04
Robe noire, chaussures rouges

Dans le premier épisode (n° 14284), Isabelle a permis à Franck de découvrir les pouvoirs fantastiques qu’il possède.





Merde !


Huit heures trente-deux.


Je dois regarder l’heure sur mon téléphone portable parce que les LED de mon réveil clignotent bêtement en affichant des chiffres tout à fait improbables. L’orage de cette nuit a dû faire sauter le disjoncteur.


Je vais être en retard pour mon rendez-vous de neuf heures trente ! Monsieur Delagrange, un éventuel nouveau client pour ma boîte. Pourvu qu’on décroche ce contrat !


Je prends une douche rapide, enfile mon costume (le seul que j’ai).

Pas de petit-déjeuner ce matin (pas le temps).

J’attrape mon rasoir électrique (je me raserai dans la voiture).


Huit heures quarante-trois.


Je sors de mon appartement en vitesse. En déboulant de l’immeuble, je renverse presque une femme sur le trottoir. J’ai juste le temps de remarquer qu’elle porte une robe noire et des chaussures rouges… Je bafouille une excuse et prends d’assaut ma voiture stationnée un peu plus loin. Mes clés ! Où sont mes putains de clés ? J’ai celles de l’appartement, mais pas celles de la voiture.


La nana me regarde, le sourire en coin, l’air de me plaindre. J’enrage. Mon portable couine dans ma poche. C’est Philippe, mon associé. Je réponds, en hurlant presque :



Je raccroche et remets mon portable en poche. Ça fait un drôle de bruit, un petit choc. Ce sont les clés de ma voiture. Une lourde fatigue m’envahit. Que vais-je faire aujourd’hui ?


Aucune idée.


Je regarde autour de moi et aperçois la femme en robe noire au bout de la rue. Je sens mon ventre gargouiller… J’ai faim. Je vais me prendre un petit-déjeuner au bistrot, plus loin dans la rue.


Les quelques minutes qui me séparent du bar me permettent de vraiment relâcher la tension accumulée ces derniers jours. Jean Delagrange est le client rêvé. Il est intelligent et connaît parfaitement ses limites. Si bien que lorsqu’il est dépassé par des questions techniques, il nous laisse la liberté de choisir, seuls, les meilleures solutions. Le contrat que nous venons de signer avec lui s’élève à plusieurs centaines de milliers d’euros.


Arrivé au bistrot, je vais passer ma commande au comptoir – un café-crème et deux croissants – et je m’installe à la terrasse. Cela fait longtemps que je n’ai pas pris un peu de temps pour moi. Sur la table d’à côté traîne un journal. Sans doute un précédent client qui l’a laissé. Je me lève pour l’attraper lorsqu’une femme sort du bar et s’assied là.



C’est la femme à la robe-noire-chaussures-rouges ! Elle me gratifie d’un sourire.



Devant sa tête hilare, je m’empresse d’ajouter :



Je m’installe et elle attaque, franco :



Je ne connais pas cette Isabelle, mais je me sens en confiance, je peux me permettre de m’abandonner.



Tandis que je parle, je me rends compte qu’elle m’écoute. Je veux dire qu’elle m’écoute vraiment. Toute son attention est portée sur moi. Rien d’autre ne semble exister autour d’elle. Rien, mis à part moi. Je continue :



Je ne sais pas comment cela se fait, mais je me sens avec elle comme avec une amie de longue date. Une confidente. Je n’ai pas peur de lui dire ce que je pense alors que, d’habitude, je suis plutôt introverti.



Je suis ébahi. Avec quelle rapidité – et quelle facilité ! – elle a mis le doigt là où ça fait mal ! Je ne sais pas trop de quelle manière répondre à cette question. Il y a un vide complet. Je me suis entièrement consacré à ma petite entreprise ces derniers temps, et je ne me suis absolument pas occupé de moi.



Isabelle se lève, brusquement, et me tend la main. Curieuse impression de froid tout-à-coup.



Je suis là. Croissant à moitié entamé en main, le café-crème est tiède. Je regarde la silhouette d’Isabelle s’éloigner. Mais qu’est-ce que c’est que cette arnaque ? J’engouffre mon croissant, termine mon café et vais régler l’addition. Le barman est l’archétype du Français parfait : moustache, front dégarni, petite bedaine. Pendant que je sors de la monnaie, il me balance :



Je n’ai pas envie de le contredire.


Je sors du bar et me dirige vers ma voiture. Me revient la remarque d’Isabelle : « Allez dans un parc et marchez pieds nus sur le gazon ». Sa voix résonne encore dans ma tête. Je ne sais même pas où se trouve le parc le plus proche. Il me semble qu’il y en a là-bas, un peu plus loin. Sans être sûr de moi, je m’y dirige à l’aveuglette.


En passant les grilles du parc, je souris benoîtement. Depuis combien de temps ne suis-je pas entré dans un tel endroit ? Impossible de m’en rappeler. Je devais être encore un gosse. Je repère un banc libre sous un arbre – je suis incapable d’en reconnaître l’espèce. Je l’investis. Et je regarde passer les gens. Le petit vieux qui promène son chien. Cette jeune maman qui se balade avec son nouveau-né. Tant de choses auxquelles je n’ai porté aucune attention durant des années. Diablement trop longtemps.


Je repense à cette curieuse entrevue avec Isabelle. Elle me laisse un drôle de goût – amer ? – en bouche. Je suis dans ce parc alors que je n’en ai pas une réelle envie. Je suis comme poussé par une volonté qui n’est pas la mienne. Les quelques minutes passées ensemble m’ont à la fois paru une éternité et à la fois une milliseconde. Je me suis confié à elle ! En même temps, je ne lui ai presque rien dit de ma vie privée, mis à part que je n’en ai pas.


Et je pense aussi à cette chanson que Philippe m’a fait découvrir, la semaine dernière. Il n’écoute que de la chanson française alors que je suis plutôt « rock ». C’était quoi déjà ? Un truc avec des inconnues que l’on croise en rue. Oui, voilà :


Je veux dédier ce poème

À toutes les femmes qu’on aime

Pendant quelques instants secrets

À celles qu’on connaît à peine

Qu’un destin différent entraîne

Et qu’on ne retrouve jamais*


Philippe m’a expliqué que la version que j’ai écoutée était de Maxime Le Forestier mais, au départ, c’est une chanson de Brassens. Elle m’avait profondément ému. Combien de fois n’ai-je pas songé, en croisant une femme en rue, « Comme ce doit être bon d’être dans ses bras ! » ?


Bon, je ne vais pas m’appesantir sur mon triste sort. Je me secoue un peu, me lève et me dirige vers la sortie du parc.


Il est un peu plus de douze heures trente.


Je me dirige vers mon quartier. Un petit restaurant qui m’a plusieurs fois tenté, avec sa double entrée, ses grandes baies vitrées. Je vais enfin pouvoir y aller ! À peine passé la porte, mon enthousiasme diminue d’un cran. Il est bondé ! Je balaie la salle des yeux. Il y a un gars seul à une table qui s’en va. Je me faufile jusque-là et… Une femme me prend de court et s’installe à la table que je convoitais. Elle est entrée par l’autre porte, sans doute. Je lui fais mon plus beau sourire, place une main sur le dossier de la chaise en face d’elle et, en toute confiance, lui demande :



Avec un grand sourire, elle me lance un :



Je m’assieds donc et elle engage immédiatement la conversation.



Ce qui me frappe, chez cette femme, c’est son sourire. D’une part, c’est attrayant, et d’autre part, c’est contagieux. Le visage est rond, constellé de taches de rousseur. Les cheveux bruns, ondulés, lui tombent sur les épaules. Les yeux sont foncés, mais j’ai du mal à dire s’ils sont bruns ou autre… Elle est un rien trop loin pour ça. Tout à fait avenante. J’en ferais bien mon dessert, moi.



Et en plus, elle a de la culture ! Je vais passer ce repas en agréable compagnie.



Un serveur nous jette pratiquement les menus sur la table. Je parcours la carte en vitesse. Le plat du jour est une lotte au curry. Parfait, je ne vais pas analyser cette carte plus longtemps. Je préfère étudier ma voisine de table. Elle porte un tailleur noir et un chemisier blanc assez décolleté. Je ne sais pas si elle porte une jupe ou un pantalon, je n’y ai pas prêté attention lorsqu’elle est arrivée. Elle choisit cet instant pour attraper je ne sais quoi dans son sac, resté par terre. Du coup, le décolleté baille un peu et j’aperçois le haut de son soutien bordé de dentelles. Elle se redresse en plantant son regard dans le mien. Et toujours ce sourire. Presque envoûtant. Même ses yeux sourient.



J’essaie d’attirer l’attention d’un des garçons. Pas facile. Ils courent en tous sens, glissent entre les tables… Finalement, un serveur s’approche de notre table.



Ce crétin ne dit même pas un mot, ramasse les cartes et s’en va vers le comptoir. Je me recentre vers ma souriante voisine.



Et j’ai failli ajouter : « Ce n’est pas comme vous », mais je me suis retenu juste à temps. Je dévie la conversation.



Douche froide. Je suis complètement déconfit. Comment ? Elle est mariée. Merde. Il fallait que ça tombe sur moi.



Le garçon, toujours aussi aimable, interrompt mon infortune. Un pichet de blanc et une carafe d’eau. J’attrape le vin et sers la femme mariée. Elle fait diversion.



Son ton enjoué me fait un peu oublier ma déconvenue. Elle lève son verre et me lance un « Santé ! ». Je fais de même et bois une gorgée de vin. Elle m’observe tranquillement. Non, ce n’est pas tout à fait ça. Elle me scrute, elle me sonde. Avec tellement d’insistance que j’en suis presque mal à l’aise. Je lui demande :



Je ne sais que dire. Pourquoi me suis-je fait un cirque sur cette femme ? Elle est mariée et elle a deux gosses.



Elle me regarde, les yeux grands ouverts, la bouche en « O ».



J’en reste sans voix. Mais… C’est elle qui me drague à présent.



Je m’esclaffe. Elle a raison. Et j’enchaîne.



Cette Marie a de la suite dans les idées.



Je sens le rouge me monter aux joues. Je me racle la gorge…



Marie me surprend. On se connaît depuis à peine un quart d’heure et elle me balance ça ! Je la scrute, intensément. À son tour de devenir toute rouge. Ses taches de rousseur ressortent encore plus.



En disant cela, elle a tourné légèrement la tête vers le bas et levé les yeux vers moi dans une espèce de mimique friponne avec battement de cils. Je ne peux m’empêcher de rire.



Je sens quelque chose sur ma cheville. Mais ? Nom de Dieu ! Voilà qu’elle me fait du pied maintenant. Cette femme a de la suite dans les idées.



Je n’ai pas le temps de gamberger, le serveur nous apporte nos assiettes et tourne les talons sans un mot.



Et je sens la pression de son pied sur mon genou maintenant. Mais comment fait-elle ça ? Je ne peux pas regarder sous la table tout de même ! Pas dans un restaurant. Même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque. Je prends mes couverts en main et lui fait signe que c’est le moment de manger. Elle acquiesce mais, à peine a-t-elle fini la première bouchée qu’elle demande :



Directe et honnête ! Tu parles. C’est du rentre-dedans, ça.



Ça m’a échappé. Je corrige promptement.



La pression sur mon genou recommence, mais plus forte que tout à l’heure. Je me laisse aller. Je suis bien avec cette femme et son constant sourire.



Chaque fois que je cite un auteur, soit elle fait la moue soit elle acquiesce. Je continue.



Elle fait mine de bouder… mais ça ne dure que quelques instants. Son sourire réapparaît presque immédiatement. Nous finissons nos assiettes en silence. Mais nos regards en disent long.



Je suis assez surpris par la tournure que ça prend… elle se lève et me demande :



Putain ! Un rancard. Je m’empresse de lui répondre.



Je lui donne mon adresse qu’elle écrit sur un bout de papier. Elle sort son téléphone et me demande :



Elle encode mon numéro, puis je la vois taper fébrilement quelque chose sur son appareil. Elle me fait un petit clin d’œil et quitte le restaurant sans un mot de plus. Je la regarde partir et m’aperçois qu’elle porte une jupe noire qui lui tombe à mi-cuisse, fendue à l’arrière, et des escarpins rouges ! La jupe lui galbe plutôt bien les fesses.


Mon portable vibre dans ma poche. Je le saisis et découvre un SMS d’un numéro inconnu :


« J’ai hâte de te revoir. Prends une douche et attends-moi nu. M. »


Quelle audace ! Ce sera donc un plan cul ! J’en salive déjà. Je crée, dans mon smartphone, un nouveau contact avec les coordonnées reçues, puis je lui réponds :


« Enlève ta culotte avant de quitter le bureau. »


Et je souris lorsque je presse sur la touche « Envoyer ». Si elle ose, je peux faire de même, non ? J’attrape un serveur et lui demande l’addition. Puis, je sens une présence derrière moi. Je me tourne et… me retrouve nez à nez avec Isabelle. Je suis réellement surpris.



J’ai haussé le ton. Et un peu plus que nécessaire, sans doute, puisque la moitié du restaurant nous observe maintenant.


Changement de tactique sans doute, car elle se retourne vers le gars à côté d’elle et me dit :



Ce dernier me tend la main. Étant assez irrité, je n’ai pas trop envie de la lui serrer… mais, je ne sais pour quelles raisons, je suis comme poussé à le faire. Je sens un énorme vague de chaleur bienfaisante me parcourir le corps. Je me sens comme pris dans un déferlement de bien-être. Même effet que si j’avais fumé du hasch. Je suis là, benêt. Du coup, je ne sais même plus pourquoi je me suis énervé. D’ailleurs, me suis-je énervé ? Une série impressionnante de sensations différentes et parfois contradictoires m’envahit. De plus, j’entends des voix. Elles résonnent dans le cerveau. La raison ? Le bon sens ? Que sais-je ? Des phrases comme : « Laisse-toi aller » ou « Calme-toi ». Et tout ceci n’a duré qu’une fraction de seconde.


Je lui serre donc la main, et ne sais que dire. Son regard me transperce. Pas un mot. Je réagis tel un automate. Le garçon dépose la note sur la table. Je paie et sors du restaurant. C’est réellement une curieuse impression. Comme si mon corps voulait faire une action alors que mon esprit en commande une autre.


Bref…


Je me reconcentre sur cette rencontre avec Marie. Elle me plaît… Machinalement, je regarde l’heure sur mon téléphone.


Quatorze heures vingt-huit.


OK. J’ai le temps, puisqu’elle ne sera chez moi qu’à dix-sept heures. Et je réalise ma lourde erreur. Mais non ! Ça ne va pas du tout. Je dois mettre mon appartement en état. J’accélère le pas.


Arrivé devant la porte de mon appartement, je fais comme si j’entrais chez quelqu’un d’autre, histoire de me faire une idée de ce que pourrait voir Marie en entrant chez moi. Une vraie catastrophe. Tout d’abord, il faut aérer… ça pue le renfermé. Ensuite, il y a du bazar partout. Des livres qui traînent par terre, un PC éventré, plusieurs vêtements sales sur une des chaises de la salle à manger. Ma bibliothèque est encombrée de revues, de matériel électronique, de morceaux de bois que j’utilise pour faire des prototypes, de vieux CD-Rom inutilisables. La cuisine ne ressemble à rien, tellement il y a du bordel ! Je n’ai pas le choix, et je me mets immédiatement à l’œuvre pour nettoyer cette porcherie. Je commence par le désordre. Et, pour me faciliter la tâche, je jette la plupart du barda dans des sacs-poubelle que je mets dans le bureau.


Quinze heures trente-neuf.


Je suis en sueur. Le salon et la salle à manger ressemblent plus ou moins à quelque chose de correct. Je vais chercher l’aspirateur, ça devrait aller assez vite.


Quinze heures cinquante-cinq.


Maintenant que le living a retrouvé un visage acceptable, je me fais la cuisine. Une vaisselle plus tard, je me rends dans la chambre. Re-aspirateur. Je passe aussi un coup de chiffon sur les meubles. Qu’est-ce qu’on peut accumuler comme crasse chez soi ! C’est incroyable. Merde… je n’ai pas passé le chiffon au salon ! Hop, retour dans le séjour pour une séance d’époussetage.


Seize heures trente-quatre.


La salle de bain a aussi besoin d’un bon récurage. Je fais d’abord le lavabo, le miroir, puis le sol. Je suis en sueur. Je vais chercher un essuie propre et me prends une douche. Je suis crevé. Je n’ai pas l’habitude de faire ce genre d’activité. La douche me fait du bien. L’eau tiède ruisselle sur mon corps. J’ai une petite bedaine qui me déplaît. Mais comme je ne fais pas de sport, c’est un peu normal. Je me savonne abondamment.


Seize heures cinquante-deux.


À peine sorti de la douche que j’entends la sonnerie de la porte d’entrée. Pffffffffffffffff… Je m’éponge rapidement, j’attrape ma sortie de bain, et me dirige vers le parlophone.



Je pousse sur le bouton d’ouverture et j’entrouvre la porte d’entrée de mon appartement. Je cours vers la salle d’eau pour me sécher correctement. Je perçois un mouvement derrière moi qui me surprend et me retourne d’un bond. Marie est là, debout devant moi, dans l’encadrement de la porte. Son sourire est toujours là. Elle me regarde telle une enfant devant une friandise. Elle s’approche, avec une lenteur exquise. Elle se colle littéralement à moi et m’embrasse délicatement les lèvres.



Je ne dis rien. Elle continue ses tendres baisers. C’est doux. Cela fait belle lurette que je n’ai plus embrassé une femme. Je sens mon sexe qui frémit légèrement.



Je ne peux m’empêcher d’être honnête.



Elle pose ses mains sur mes épaules, et elle continue à m’embrasser. Je l’enlace. Mes doigts se rejoignent derrière son dos. Comme j’ai quelques centimètres de plus qu’elle, je plie les genoux pour être à sa hauteur. Mes mains, du coup, descendent un peu plus et glissent sur ses fesses. Les siennes sont fermes et généreuses, sans être pour autant énormes. Un beau cul. Vraiment. Je ne sais pas si elle porte des collants ou des bas… Mes doigts n’arrivent pas à le déterminer.


Je plie encore les genoux pour me retrouver assis sur le rebord de la baignoire. Maintenant c’est elle qui me toise. Je lui enlève la veste et la jette sur le côté. Mes yeux sont à la hauteur de sa poitrine. J’approche mon visage et l’appuie délicatement contre son buste, comme un oreiller. Pas volumineux, mais moelleux et ferme en même temps. Je sens ses doigts se faufiler sous mon visage… Elle déboutonne son chemisier. Je me recule pour pouvoir admirer son manège. Un bouton toutes les trois secondes… Lorsqu’elle arrive à hauteur du nombril, je passe ma main dans le décolleté. Je m’attendais à toucher son soutien, mais il n’y a rien. Rien que sa peau. Elle a dû l’enlever avant de venir ici sans doute. Elle continue son déboutonnage alors que je lui caresse les seins, l’un après l’autre, sans toucher les bouts. La belle se trémousse un peu, et continue de défaire les boutons. Arrivée au dernier, elle tire sur les pans de son chemisier restés dans la jupe. Sa poitrine m’est complètement dévoilée. Et ma première impression au toucher était la bonne. Une poitrine comme je les aime. Pas trop grosse, pas trop menue, juste de la taille de ma main.


J’attrape Marie par la taille et la retourne. Je me redresse – mes fesses se sont refroidies au contact de la faïence de la baignoire – et la pousse gentiment hors de la salle de bain. Je la guide vers ma chambre, en admirant sa silhouette, le chemisier pendouillant mollement sur son dos. Elle chaloupe sa marche plus que nécessaire. C’est une joueuse. Je lui indique ma chambre. Elle entre et brusquement… fait marche arrière !



Je ricane…



Elle me regarde de travers et son sourire se fait plus coquin. Elle rentre dans la chambre, le chemisier largement ouvert, et fait ce que je viens de lui demander. Elle vient ensuite se mettre au centre de la pièce. J’allume les lampes de chevet et lui demande :



Elle plante son regard dans le mien et, d’un geste lent, se met à descendre la fermeture éclair de sa jupe. Celle-ci glisse au sol avec un léger froissement. D’un geste du pied, elle s’en débarrasse. La voici maintenant vêtue d’escarpins rouges, de bas noirs et d’un chemisier. Elle n’a aucun sous-vêtement. Je ne vois pas bien à cause des bas, mais je devine son sexe presque complètement épilé. Il y a juste un peu de « garniture » au-dessus. La scène offerte est frugale.


Comme je ne dis rien, elle continue son effeuillage. Le chemisier est enlevé, posément. Et va rejoindre la jupe au sol.



Elle s’exécute, en prenant soin de tendre ses fesses vers moi. Ma queue est véritablement distendue. Elle me fait presque mal. Je me couche sur le lit. Je ne me lasse pas de ce spectacle. Après quelque temps, je lui demande :



Elle se retourne, lascive, et s’avance vers moi. Toujours les yeux arrimés aux miens. Toujours ce sourire. Marie monte sur le lit et approche la tête de mon bas-ventre. Chaque centimètre carré de mon phallus est léché. C’est une formidable fellation qu’elle me prodigue là. Mais je suis obligé d’y mettre fin rapidement. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps.


Je lui attrape le menton pour la redresser. Je la couche sur le dos. Doucement, je fais glisser mes doigts sur le nylon des bas depuis le creux d’un genou. Ils remontent sur l’intérieur des cuisses, partie ô combien sensible chez à peu près toutes les femmes ! Je frôle à peine son entrejambe et je m’attaque à l’autre cuisse. Le contact du nylon m’électrise autant que Marie. Je la vois se tordre de plaisir.


Je reporte mon attention sur son entrejambe et vois qu’elle n’a pas pu s’empêcher d’approcher ses doigts. Je les regarde faire. Ils cherchent, à travers les mailles, le clitoris. Il est trop rapidement trouvé. Je la vois dessiner des cercles tout autour, puis le presser, le pincer. Son liquide se prend dans le treillis synthétique. L’autre main s’occupe de ses seins. Elle les presse, les pince, les tire, les pétrit. Et cela a l’air de lui faire un bien fou. J’avance ma bouche et donne quelques petits coups de langue sur toute la longueur des grandes lèvres. Cette odeur, oubliée depuis longtemps, est tellement enivrante.


Marie commence à crier, de plus en plus fort. Rugissement rauque.

Délivrance extatique.

Orgasme intense.

Corps contracté à l’extrême, sa tête est tendue en arrière.


Après quelques secondes de secousses, je la sens se relâcher peu à peu. Je la laisse tranquille.


Une fois calmée, elle fait descendre les collants jusqu’au milieu des cuisses et se met à quatre pattes. La levrette.



Je me place derrière elle. Je guide mon sexe vers l’entrée de sa grotte trempée. Une lente poussée me permet de la pénétrer profondément. Je me retire avec la même lenteur pour reprendre aussitôt l’introduction. Je dois me concentrer pour me retenir de jouir. Mais… je… n’y… arrive… pas !


Des flashes plein les yeux. Mes muscles n’obéissent plus. Incapable de commander quoi que ce soit, mon esprit s’enivre. Je m’affale sur ma partenaire.


Je ne sais plus où je suis.

Je ne sais plus qui elle est.

Et je m’endors aussitôt.


Lorsque j’ouvre les yeux, Marie me regarde tendrement. Ses mains me caressent le visage. Et toujours ce sourire. Je le lui rends.



Non, je n’ai pas envie de parler. Je suis dans un état de détente exceptionnel. Je me mets sur le côté, face à Marie. Elle vient se lover contre moi.

Douceur de l’après.

Ces petits moments qui font que je me sens « homme-protecteur ».


Les rythmes de nos respirations sont identiques. Nos doigts parcourent nos peaux. Sensualité, encore.


Elle brise le silence, chuchotements.



Après réflexion, je lui demande :



Manifestement, elle n’a pas envie de bouger. Je dois me contorsionner quelque peu pour attraper mon réveil, tout en gardant Marie dans mes bras. Les chiffres clignotent toujours. Je n’ai pas eu le temps, ce matin, de le remettre à l’heure.



Elle se décolle, mais ça me fait mal. Je la retiens, elle rit. Je n’ai pas envie qu’elle parte.



Mon moral tombe d’un coup.



J’entends l’eau couler dans la pièce à côté. Douche rapide. Je me lève et ramasse ses affaires restées par terre. Je les lui apporte dans la salle de bain alors qu’elle est en train de se sécher. J’attrape mon peignoir et l’enfile.



Je vais à la cuisine et prépare deux verres. Elle me rejoint. Grand sourire. Elle vide son verre d’un trait. Et m’interroge :



La bonne humeur revient.



Elle rit encore. Son sourire est maintenant éclatant. Elle s’approche de moi et m’embrasse à pleine bouche. Sa langue s’insinue. Me lèche. Elle me mord aussi un peu les lèvres.



Elle se recule, attrape son sac à main, me jette un dernier sourire et quitte mon appartement.


Je n’ai jamais vu autant de sourires différents chez la même personne. Et chaque sourire correspond à un état d’esprit.


Marie…


Je suis curieux de savoir comment va tourner cette relation. Elle est mariée, deux enfants et, si j’ai bien compris, aime toujours follement son mari. Même si, sexuellement, elle n’est pas satisfaite. Je n’ai pas envie de devenir un objet. Son objet. J’ai besoin de plus. D’une relation stable.


Je crois…


Je ne sais pas.


Seul, l’avenir nous le dira…






* Note de l’auteur : pour ceux que cela intéresse, le poème « Les Passantes » d’Antoine Pol est ici :

<http ://garp.feelingsurfer.net/poesie/Brassens.LesPassantes.html>

Brassens et Le Forestier la chantent en duo : <http ://www.youtube.com/watch ?v=TSD8RPDViMM>