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17/06/12
corrigé 11/06/21
Résumé:  À peine devancée par un mystérieux cavalier orc, Hélyna, une jeune elfe des Quatre-Royaumes de Phrygia, poursuit les assassins de ses compagnons. Pendant ce temps, une conspiration s'opère, à l'ombre de l'ancienne forêt de Sylvaar...
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Auteur : Ober0n      Envoi mini-message

Série : Les Chroniques de Phrygia

Chapitre 03
Les flèches noires

Résumé des chapitres précédents :


Dans le monde de Phrygia, Hélyna, une jeune elfe membre de l’ancien ordre des Sentinelles d’Ifaar, poursuit un cavalier orc ayant pénétré l’antique forêt de Sylvaar. Alors qu’elle finit par débusquer son gibier, elle le trouve occupé à ses ablutions et, très troublée par le physique de sa cible, décide de l’observer. C’est ainsi qu’elle est témoin de la découverte des corps sans vie de certains de ses compagnons en poste à Sentever, apparemment massacrés par de mystérieux assassins aux flèches empennées de noir.

Désireuse de retrouver les criminels, elle entreprend de suivre à bonne distance l’orc qui semble traquer les mêmes individus.


Au même moment, au nord de Sylvaar, dans la ville portuaire d’Agessa, un cambrioleur de haut vol – et mage à ses heures – nommé Airen Wirm tombe dans un guet-apens. D’abord son captif, il est finalement engagé par la jolie aristocrate Délie Evargryn pour commettre un vol à haut risque.

L’habile magicienne lui explique ainsi convoiter un puissant focus ésotérique en possession de son époux, le comte d’Arghyll, et elle souhaite que Wirm se rende au palais de ce dernier pour y subtiliser l’objet.

Finalement, afin de convaincre l’aventurier encore hésitant, elle lui avoue que sa complice a été assassinée sur l’ordre du comte, par des archers perpétrant leurs crimes à l’aide de projectiles à l’empennage noir…




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Depuis un millénaire, les Quatre-Royaumes faisaient exception dans le monde connu de Phrygia. Depuis la grande invasion orque venue des Monts Brumeux et qui avait ravagé toute la partie septentrionale du continent, les quatre nations avaient toujours respecté l’antique Alliance et chacun de leurs dirigeants successifs avait tenu ses engagements de paix et d’entraide.

Contrairement aux Îles de Jade, archipel coutumier des guerres civiles et dont le gouvernement passait des mains d’un chef de guerre belliqueux à un autre depuis des temps immémoriaux, le continent occidental bénéficiait d’une relative stabilité, malgré des systèmes politiques hétérogènes.


Protégé au Nord par le mur d’Arthus, le royaume de Notterdom était dirigé par son Grand Chambellan, Arnoën III. Aidé dans sa tâche par un Haut-Conseil élu, le monarque présidait au destin des elfes, des nains, et des hommes, depuis la grandiose cité de Nathîr Noth, érigée à quelques lieues des ruines de l’ancienne capitale de Fen’Nathîr.


Plus au Sud, Mitterdom était un puissant état théocratique dirigé d’une main de fer par le Roi-Prêtre Benedictus XXII depuis sa capitale fortifiée de Falkenberg, dont la lumière irradiait, disait-on, au-delà des confins du royaume.


À l’Est, Österdom était sous la tutelle de la cité de Franc-Duché, dirigée par un conseil de Ducs-Marchands dont la charge – théoriquement héréditaire – pouvait changer de mains en y mettant le bon prix, favorisant ainsi des ascensions sociales aussi fulgurantes que jalousées. Seul fief autocratique dans le pays, la Baronnie de Koor faisait figure d’exception : fière de ses particularismes culturel et linguistique, lourdement militarisée et nantie d’une ville portuaire prospère, la province des barons de Koor donnait l’apparence d’être jalousement indépendante tout en respectant, en apparence, ses obligations de vassalité à l’égard de Franc-Duché.


Enfin, tout au Sud, Sotterdom, pays chaud et aride, en grande partie occupé par l’immense désert de Rezzîr, subsistait sous la double influence des cités-états de Shanazzar, sur la presqu’île orientale, et Castel-Dragon, sur son île au large de la côte occidentale du royaume. Depuis des siècles, Sotterdom s’accommodait de cette autorité bicéphale aux mains de régents pourtant retors. Outre ces deux cités séparées par le désert, une petite partie de la côte méridionale du pays bénéficiait d’un climat tropical atypique mais les nombreux dangers propres à cette région avaient, jusque-là, découragé des colons de s’y installer durablement.


Certes, dans chaque royaume, les ambitions politiques et les rancœurs pouvaient donner lieu à d’âpres – et parfois sanglantes – querelles et chaque territoire n’était pas égal en prospérité mais, du moins, chaque gouvernement était indisputé, soutenu qu’il était par les trois autres. Et chacun avait voix égale pour les questions politiques affectant tout le continent.


Pourtant, plusieurs décennies auparavant, Österdom s’était vue amputée de sa partie Nord-Est : les Steppes d’Agonar, une importante presqu’île, étaient devenues territoire orc… Ce qui eut d’importantes répercussions sur l’équilibre politique entre les états des Quatre-Royaumes.

En fait, la zone occupée par les redoutées créatures était isolée du reste du continent par une double frontière naturelle courant d’une côte à l’autre et constituée, au Nord, de haut canyons et de défilés étroits et, plus au Sud, du fleuve Brande qu’enjambait, en son centre, Franc-Duché.

Le long de la bande de terre ainsi constituée, quatre forts veillaient à la sécurité du pays : Sombremartel, le plus méridional, l’Avant-Poste de Franc-Duché, au centre, et plus au nord, Vivesaigues, puis Sentever, à proximité de la côte nord. Ces deux places fortifiées étaient situées dans la vieille forêt de Sylvaar, sur la berge orientale de la Brande, Sentever ayant été construit en contrebas d’un haut plateau où le fleuve prenait sa source.


De fait, contraints d’honorer l’ancienne Alliance, les voisins d’Österdom avaient réagi de manière similaire : Nirmia, le royaume nain qui gardait la frontière avec les Monts Brumeux au nord de Notterdom – et, peut-être, plus sensible à la menace orque – avait ainsi érigé Sombremartel et installé là-bas une puissante garnison. Falkenberg avait envoyé architectes, bâtisseurs, soldats et paladins pour ériger l’Avant-Poste de Franc-Duché.


Quant à Shanazzar et Castel-Dragon, plus méfiants envers le gouvernement démocratique de Franc-Duché, ils avaient préféré renforcer Koor et la baronnie, par un jeu d’alliances militaires et politiques tout en envoyant bon nombre de soldats et praticiens des arts magiques sur place.


Enfin, les elfes de Nathîr Noth avaient demandé au millénaire ordre des Sentinelles d’Ifaar de prendre également en charge la protection de la forêt de Sylvaar. Ces dernières avaient construit Sentever ainsi que Vivesaigues à cette fin.

Et, c’est vrai qu’à sa façon, Sylvaar constituait une protection supplémentaire pour le reste des Quatre-Royaumes : elle bordait ainsi la puissante Baronnie de Koor au Nord et à l’Est, elle-même flanquée par le fleuve Arath et des monts escarpés à l’Ouest.


Cette situation particulière d’un pays quadrillé d’obstacles naturels et délimité au Sud par le désert de Sotterdom expliquait, peut-être en partie, la relative confiance des trois autres royaumes face à la présence d’orcs à l’extrême nord-est d’Österdom : qu’une armée parvienne à les atteindre depuis cette zone était tout simplement impensable.


Néanmoins, depuis quelque temps, même les habitants d’Österdom commençaient à relativiser la menace constituée par les orcs : de plus en plus d’esprits chagrins s’inquiétaient de la présence de tous ces comptoirs militaires à peine déguisés : Sentever, Vivesaigues et Sombremartel servaient les intérêts du Grand Chambellan, l’Avant-Poste avait permis d’établir d’influents missionnaires du Roi-Prêtre à proximité de Franc-Duché et Sotterdom avaient la mainmise sur Koor et Agessa. De fait, cette dernière, cité portuaire à l’extrême nord-ouest de la Baronnie de Koor et d’Österdom, avait une position idéale pour atteindre en peu de temps, par la mer, Falkenberg au Mitterdom, ainsi que Notterstein en Notterdom, les trois villes s’étalant le long du même golfe. C’était une position stratégique de premier ordre et cela n’avait échappé à personne…


En ces lieux, où se faisait plus visible l’effort militaire de chaque royaume, transitaient également un certain nombre d’individus avec leur propre agenda : émissaires officieux, espions, missionnaires, mercenaires, occultistes et aventuriers de toute sorte. Tous étaient les éléments d’un complexe jeu d’échecs dont la partie avait commencé il y avait près de quatre-vingts ans avec l’arrivée des orcs en Österdom. Et, si nul ne savait encore qui déplaçait les pions, un étrange voleur, un guerrier orc solitaire et une jeune chasseresse elfe en étaient des pièces maîtresses…




*******************************




Dès que l’orc qu’elle suivait depuis plusieurs jours s’était mis sur la piste des mystérieux archers, s’aidant en cela du flair de son inquiétante monture, Hélyna s’était lancée sur ses talons dans la traque des assassins.


Grâce à ses talents d’éclaireuse, la jeune femme savait, comme des générations de Sentinelles d’Ifaar avant elle, appeler et se faire obéir des agiles chats forestiers. C’est donc montée sur le silencieux félin qu’Hélyna suivait à bonne distance le worg et son cavalier, prenant soin de rester face au vent ou, à défaut, loin du grand carnivore.


Cela faisait des heures que, bondissant en silence à l’ombre des arbres millénaires, l’elfe suivait le chaman. Le frottement du pelage de la bête montée à cru rendait agréablement sensible l’entrejambe de la jeune sentinelle, si bien qu’elle plongea dans les souvenirs de sa récente séance de voyeurisme : les images de l’orc, nu, dansaient de nouveau devant ses yeux. Son esprit vagabondant bien malgré elle, elle revoyait le membre impressionnant et se laissait aller à s’imaginer pénétrée par cet énorme phallus, dans des positions de plus en plus scabreuses. Elle s’excitait de situations où, ligotée ou captive, elle aurait été à la merci du massif guerrier, subissant les assauts virils de celui qui, hier encore, n’était qu’une simple bête à abattre.


Quand elle fut à peu près certaine que la piste les conduisait au fort de Sentever, elle décida de prendre un chemin plus rapide, pratiqué par les seules Sentinelles, afin d’arriver avant le cavalier. D’une part, elle espérait ainsi cesser de penser aux torrides étreintes qui maintenaient son sexe humide depuis plusieurs heures, mais surtout, elle sentait, sans vouloir se l’avouer, qu’arriver en avance sur son gibier lui permettrait peut-être d’éviter qu’il ne coure à sa perte. Un orc qui se précipiterait à découvert vers la place forte elfe garnie d’archers n’aurait aucune chance de voir un nouveau jour se lever…


C’est en débouchant d’une clairière, très à l’est de la trajectoire suivie par le worg, qu’elle les aperçut. Neuf silhouettes fonçant à bride abattue dans la même direction qu’elle. Leurs atours – richement brodés de fil d’argent, en de complexes motifs – et leurs chevaux, à la robe presque argentée, ne laissaient aucun doute sur la nature des cavaliers.

Immédiatement soulagée, Hélyna laissa fuser un cri perçant, servant de signe de reconnaissance aux elfes des forêts des Quatre-Royaumes.

À cet instant, tous tirèrent sur leurs rênes pour stopper leur monture et se tournèrent, comme un seul homme, vers la jeune femme. Plusieurs dégainèrent leurs épées et se resserrèrent autour de celui qui devait être leur chef.



Hélyna eut l’impression d’une infime hésitation dans les gestes des huit gardes mais tous remirent leurs armes au fourreau, dans un parfait synchronisme. Pourquoi cette hésitation ? Craignaient-ils un traquenard, en plein territoire elfe ?



Découvrant avec une stupeur mal dissimulée que les neufs cavaliers portaient sous leurs capuches des masques d’ivoire richement décorés masquant totalement leurs traits, l’éclaireuse se rappela que, dans la capitale elfe, les descendants des anciennes familles de Fen’Nathîr avaient adopté cet accessoire comme marque de leur statut. Les vieilles lignées elfes, sans être nobles au sens où l’entendaient les humains, aimaient afficher leur ascendance sociale et leurs membres étaient friands de modes vestimentaires aussi changeantes qu’excentriques. Des modes de vie et des cultures passablement différentes creusaient un fossé difficile à ignorer entre les Haut-Elfes de la cité millénaire et leurs cousins sylvestres qui vivaient dans les anciennes forêts d’Ifaar, et de Sylvaar.

Se recomposant une posture neutre et qu’elle voulait fière, Hélyna se présenta à son tour.



Plusieurs cavaliers s’esclaffèrent brièvement, avant de tourner bride et de s’élancer vers Sentever. Hélyna, vexée, éperonna à son tour sa monture pour recoller au groupe.


Durant le reste de la route, elle rumina de sombres pensées. D’abord déprimée par le comportement hautain de Néreon et de sa suite, elle en vint à s’interroger sur la raison qui l’avait poussée à passer sous silence la présence de l’orc dans la forêt. Pourquoi, également, n’avait-elle pas insisté en disant qu’elle était sûre que Hérion figurait bien au nombre des victimes ? Quelque chose dans l’attitude du connétable l’accablait de doute et la faisait se sentir comme une petite fille prise en faute. Et elle se maudissait d’avoir si facilement prêté le flanc aux ricanements des citadins.


Néanmoins, les propos du Haut-Conseiller étaient parfaitement logiques : comment croire que Sentever ait perdu son commandant sans que personne ne s’en soit aperçu ? Mais, alors, qu’est-ce qui avait bien pu pousser Hérion à partir en patrouille ?


Chevauchant à bride abattue, la petite troupe arriva bientôt en vue des remparts du fort elfe. Sans même ralentir, les neuf cavaliers de Nathîr Noth fonçaient vers la lourde porte et le pont-levis encore vertical.

Tout en se précipitant vers la place forte, Hélyna, paniquée, essayait d’y déceler des éléments suspects.


Apercevant les silhouettes des sentinelles en faction qui faisaient signe d’abaisser le pont-levis, elle fut un peu rassérénée et se tourna vers le connétable pour lui dire son soulagement. Ce faisant, son regard accrocha un objet qui dépassait de la lourde cape de velours d’un des compagnons du dignitaire : un carquois finement ouvragé d’où dépassaient des flèches à l’empennage ébène… Par un réflexe malheureux, les mots qu’elle s’apprêtait à adresser à Néreon moururent sur ses lèvres et elle resta figée un bref instant qui n’échappa pas au connétable. Il tourna la tête vers elle, et suivant son regard, comprit immédiatement la raison de son trouble. L’ordre fusa :



Les cavaliers firent instantanément volte-face, encerclant le chat forestier et sa cavalière. Ils dégainèrent et pointèrent leurs lames vers Hélyna. Celle-ci, paniquée, jeta un regard par-dessus les silhouettes encapuchonnées et aperçut les sentinelles en faction au fort, bander leurs arcs et… la mettre en joue, elle !



Éclatant d’un rire de dément, celui qu’elle avait pris pour un membre du Haut-Conseil tendit la main vers elle et, d’une brève injonction, scella un sort qui la frappa de plein fouet.

La dernière chose qu’elle aperçut fut un cavalier ôtant son masque et révélant un visage noir comme la nuit.





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Néreon ne décolérait pas, frappant du poing sur la table de la salle d’État-Major, il se tourna vers son second :



Néreon, dans une des sautes d’humeur dont il était coutumier, était redevenu étrangement calme. Contemplant le nectar qu’il faisait tourner machinalement dans son gobelet de cristal, il resta de longs instants totalement oublieux de la présence de son second qui ne savait que faire, craignant de provoquer de nouveau la fureur du Haut-Conseiller.


Cinq coups frappés à la porte de la salle, selon un rythme codé, permirent au nouveau commandant du fort de se trouver une utilité soudaine, sans déranger son chef. Il alla ouvrir à un membre de l’escorte du Haut-Elfe et, ce faisant, annonça qu’il retournait superviser le fonctionnement de la garnison, refermant doucement la porte derrière lui, comme s’il craignait de réveiller quelque féroce animal endormi.


Relevant la tête, Néréon eut un sourire aimable à destination du nouveau venu et l’invita à s’asseoir à ses côtés. La silhouette encapuchonnée retira sa cape, baissa sa coiffe et ôta l’indéchiffrable masque blanc, révélant une elfe noire à l’inquiétante beauté. Dédaignant l’offre, elle vint s’appuyer négligemment au bureau sur lequel le connétable avait étalé manuscrits, ouvrages historiques et ésotériques dans un amoncellement de vélin et de cuir ancien.



Sortant de sa manche une petite fiole contenant un liquide cramoisi, Néreon le tendit à l’elfe noire.



Et la jeune femme éclata d’un rire cristallin qui jurait avec la cruauté qui se lisait dans ses yeux…





*******************************




Cela faisait plusieurs heures que Néreon et son groupe de conjurés avaient quitté Sentever pour se rendre au lieu-dit du Plateau sanglant, un surplomb où la Brande trouvait sa source. L’endroit tirait son nom de la roche écarlate qui formait le lit des différents cours d’eau s’écoulant le long du relief, et qui donnait au liquide un aspect carmin à cet endroit. Les ruisseaux se rejoignaient en bas du plateau pour former le fleuve qui passait ensuite devant Sentever puis Vivesaigues, émergeait de Sylvaar puis, à des centaines de lieues de là, traversait Franc-Duché avant de finir dans l’océan, au sud des Steppes d’Agonar.


De retour bien avant l’aube, Érah avait inlassablement parcouru les corridors, les escaliers et les remparts du fort pour dispenser un empoisonnement à retardement à ceux qui ne serviraient plus la conjuration. À l’aide d’une bague pourvue d’un minuscule poinçon, elle injectait son venin aux victimes de fausses visites d’inspection, profitant de la protection relative de son statut de bras droit du connétable Néreon, Haut-Conseiller de Nathîr Noth auprès du Grand Chambellan Arnoën III. Et la mort marchait dans ses pas.


Grande, musclée et suffisamment aguerrie par ses années dans la garde de Noire-Cité, il était courant que sous sa cotte de mailles et son armure, on la prenne pour homme de guerre. Elle en avait joué plusieurs fois et avait pris soin de faire dessiner son armure en conséquence afin de gommer un peu ses hanches et d’élargir ses épaules.

Néanmoins, elle restait une très belle femme, sûre de ses charmes et n’hésitant pas à s’en servir. Et si les races de Phrygia s’accordaient à reconnaître aux elfes noirs d’être des créatures particulièrement vicieuses, peu avaient eu l’heur d’en faire l’expérience dans un cadre érotique…


Obryo, lui, savait parfaitement à quoi s’en tenir. Pour son plus grand bonheur, ou du moins le croyait-il…


Érah frappa à la porte de celui qui était encore, officiellement, commandant en second du fort. Trois coups secs, un grattement, puis deux nouveaux chocs.


Et la porte s’ouvrit.



Visiblement, on est déjà dans le vif du sujet… pensa l’assassin. D’un air faussement ingénu, elle demanda :



Plutôt que d’évoquer un ensemble vestimentaire, il aurait été plus juste de parler d’un enchevêtrement de sangles de cuir – cloutées pour certaines – et de lacets. Habituée à ce type de harnachement, Érah ne mit que quelques minutes à se munir du corset qui constituait la pièce centrale de sa tenue d’esclave, puis, à positionner correctement les courroies et à en ajuster les boucles.


Jambes écartées et tendues, l’elfe noire se baissa pour finir de lacer les longues bottes qui lui arrivaient à mi-cuisses. Exagérant sa cambrure, la poitrine nue soutenue par le corset et se balançant juste devant les yeux d’Obryo, elle savait ce qui allait se passer et cherchait à le provoquer.


La Sentinelle se leva, approcha sa main de la petite poitrine et se saisit de l’un des anneaux qui en ornaient les tétons. Tirant dessus et arrachant une grimace à sa victime, il la força à se mettre à genoux.



Docile, Érah entreprit de dégager le sexe de l’elfe sylvestre et entama une fellation lente et appliquée. Fermant les yeux, elle savourait l’instant, caressant le membre érigé de sa main droite et, de la gauche, effleurant son clitoris ou ses nymphes pourvues de deux petits anneaux dorés. Bien que cherchant à satisfaire son partenaire, elle attendait, impatiente, sa punition…



Tout en lui jetant un regard suppliant, elle écarta les bras et les jambes et ses mains s’agrippèrent aux montants du lit, attendant les liens qui allaient la soumettre.

Haletante, les yeux rivés sur son amant, elle attendait la suite.



Obryo alla silencieusement chercher dans la commode un chat à neuf queues dont le manche avait une forme phallique ainsi qu’un godemichet de belle taille.

Érah n’avait pas rouvert les yeux et attendait, paupières closes, de ressentir la morsure d’une lanière de cuir ou le contact de la chair du mâle.


Sans dire un mot, la Sentinelle noua un bandeau sur les yeux de la belle immobilisée et se glissa entre ses cuisses. Il la lécha et suça ses lèvres, les pinçant entre les siennes. De sa paume, il caressait la peau aux endroits où le cuir de l’ensemble la laissait dénudée. Puis, presque délicatement, il commença à introduire le manche de l’accessoire qu’il avait été chercher.

Faisant quelques allées et venues, tout en caressant le clitoris du pouce, il s’interrompait régulièrement pour embrasser et lécher le sexe trempé de sa soumise.



Retirant son ustensile du sexe étroit, Obryo se mit à caresser les cuisses de la jeune femme à l’aide des lanières de son fouet puis, lentement remonta vers la poitrine dénudée, tendue par le désir.

D’un coup sec en travers des seins, il laissa une série de marbrures qui arrachèrent un hoquet de surprise à l’elfe captive. Alternant petits coups secs et frappes plus fortes, il s’interrompait quelquefois pour tirer sur les anneaux qui traversaient les bouts érigés ou tordre vicieusement ces derniers.


Érah se tortillait dans tous les sens, se cabrant afin d’offrir sa poitrine aux sévices, tirant sur ses liens et en suppliant qu’on la violente.


Reprenant position entre les cuisses de sa maîtresse, Obryo enfonça d’un coup trois doigts dans le sexe béant. Continuant à malmener la poitrine avec l’extrémité des lanières du fouet, par petits coups secs, il commença un pistonnage méthodique du vagin.



L’elfe obéit et, plaquant son pouce contre le reste de ses doigts, il enfonça sa main dans le sexe de sa maîtresse, d’un long mouvement ininterrompu.

Quand cette dernière sentit la pénétration, elle écarta au maximum les cuisses pour réussir à avaler l’intruse. La bouche ouverte cherchant de l’air, le vagin béant, rempli, elle était de toute beauté et totalement obscène.


Enfin, le corps arqué par le trop plein de sensations, Érah sentit un orgasme monter de très loin et l’emporter violemment… dans un long cri de délivrance.


Encore essoufflée, ses longs cheveux blancs en bataille sur son visage, elle dégagea ses yeux et retira le bandeau.



Échangeant sa place, la jeune femme attacha à son tour celui qui venait de la faire jouir.



Pendant la fellation qu’elle mena presque à son terme, allant jusqu’à enfoncer le membre au fond de sa gorge, à la limite de la nausée, l’elfe noire s’employa à se masser l’anus, enfonçant d’abord un doigt entre ses fesses, puis deux qu’elle faisait coulisser lentement puis de plus en plus brutalement. Sentant son plaisir et l’orgasme de son partenaire approcher, elle releva la tête, s’assura que le sexe était au sommet de sa rigidité et attacha un petit cordon à la base du pénis, augmentant encore la congestion de l’organe.


Les protestations d’Obryo cessèrent à l’instant où il sentit Érah s’empaler sur son sexe en reconnaissant immédiatement qu’il s’enfonçait entre les fesses de celle-ci.


Elle entama d’abord une lente chevauchée, concentrée sur ses sensations, puis entreprit de pénétrer son sexe avec l’imposant olisbos qui avait été mis à sa disposition.

Son amant ravalé au rang d’objet, elle se consacrait totalement à son plaisir, plaisir mélangé à la douleur qui irradiait de ses deux orifices remplis à la limite du tolérable…

Sentant venir les prémices d’un puissant orgasme, elle piqua sa bague dans la cuisse d’Obryo qui n’émit qu’un bref grognement.

S’empalant totalement sur l’énorme sexe factice, elle se pencha vers la poitrine de son compagnon et attrapa une coupe de vin qu’elle porta aux lèvres de celui-ci.



Docile, la tête plus vraiment aux questions, il se mit à boire à petites gorgées tout en soulevant son bassin pour venir à la rencontre de celle dont il pénétrait furieusement l’anus.

Après quelques instants, elle l’entendit émettre des petits bruits étouffés et sentit tout son corps se tendre, comme pour éjaculer. Alors, dans un dernier galop, elle atteignit un plaisir foudroyant qui la laissa pantelante, sentant entre ses cuisses les dernières contractions de celui qui passait de vie à trépas…



Et l’elfe se mit à rire comme une démente.




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Au même moment, un peu plus au nord, le connétable Néreon poussait un hurlement de douleur, la main droite crispée sur le moignon de son avant-bras gauche. Il jeta un dernier regard vers les ruisseaux écarlates qui parcouraient le lieu-dit et où s’épanchaient maintenant plusieurs flaques de sang puis songea que l’endroit n’avait peut-être jamais si bien porté son nom…