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30/06/12
corrigé 11/06/21
Résumé:  Devant être sacrifiée au cours d'un puissant rituel, la jeune elfe Hélyna est sauvée in extremis par l'orc qu'elle traquait jusque-là...
Critères:  fh couleurs grossexe forêt amour fmast intermast fellation pénétratio fdanus aventure fantastiqu merveilleu sorcelleri -fantastiq -merveille
Auteur : Ober0n      Envoi mini-message

Série : Les Chroniques de Phrygia

Chapitre 04
L'artefact

Résumé des chapitres précédents :


Dans l’ancienne forêt de Sylvaar, l’enseigne Hélyna Rezzar, membre de l’ordre elfique des Sentinelles d’Ifaar, observe discrètement un cavalier orc ayant pénétré son domaine.

Elle ne tarde pas à découvrir, par son intermédiaire, que plusieurs elfes en poste dans la même garnison qu’elle ont été massacrés par de mystérieux assassins aux flèches empennées de noir, leurs corps abandonnés au caprice du fleuve qui traverse les bois.

Désireuse de retrouver les criminels, elle entreprend de suivre à bonne distance l’orc qui semble traquer les mêmes individus.


Au même moment, au nord de Sylvaar, dans la ville portuaire d’Agessa, un cambrioleur de haut vol nommé Airen Wirm est engagé par une jolie aristocrate, Délie Evargryn, pour commettre un vol à haut risque. L’habile magicienne lui explique ainsi convoiter un puissant focus ésotérique en possession de son époux, le comte Deeskar d’Arghyll et elle souhaite que Wirm se rende au palais de celui-ci pour y subtiliser l’objet, pourtant sous bonne garde.

Finalement, afin de convaincre l’aventurier encore hésitant, elle lui avoue que sa complice a été assassinée sur l’ordre du comte, par des archers perpétrant leurs crimes à l’aide de projectiles à l’empennage noir…


Alors qu’elle est justement sur la piste des sinistres individus, Hélyna croise la route d’un Haut-Conseiller elfe et de son escorte. Elle rapporte l’assassinat de ses compagnons au dénommé Néreon qui l’enjoint à regagner sa base au plus vite, afin de comprendre ce qui a pu se produire.

Mais, à peine arrivée, elle réalise que son escorte a partie liée avec ses ennemis, découvrant trop tard que le Haut-Conseiller accompagné de sa garde d’elfes noirs agit avec l’assentiment d’une partie de la garnison du fort de Sentever.

Avant d’emmener Hélyna, captive, au lieu-dit du Plateau Sanglant pour y conduire un puissant rituel, Néreon ordonne à Érah, l’impitoyable elfe noire, d’effacer toute trace de la conjuration à Sentever…



*******************************



Le groupe qui suivait les berges de la Brande était étonnamment discret.

Chevauchant sans l’aide de torches, malgré l’absence de clair de lune, ils étaient comme des ombres, glissant entre les arbres majestueux…


Il y avait sept elfes noirs, celui qui prétendait être le connétable Néreon ainsi que deux elfes sylvestres de Sentever qu’Hélyna n’avait jamais rencontrés.


Les questions se bousculaient dans la tête de la jeune sentinelle et, à défaut de pouvoir se mouvoir – elle était magiquement entravée par un puissant sort de contrainte –, elle réfléchissait aux éléments qu’elle avait en sa possession…


D’abord, il était bien vite apparu que seule une petite partie des elfes du fort de Sentever étaient mêlés à la conspiration : les conditions dans lesquelles on l’avait fait sortir de l’enceinte fortifiée avaient permis d’éclairer quelques complicités mais également mis en lumière son statut de captive secrète.


Obryo, le commandant en second du fort, était apparemment à la tête des Sentinelles d’Ifaar renégates. Il avait dû patiemment faire recruter des elfes acquis à sa cause, car aucun des geôliers d’Hélyna n’avait un visage familier. Sans doute des additions récentes à la garnison. Il avait ensuite fait en sorte que les conjurés soient de faction et contrôlent l’accès principal du fort lors de l’arrivée du connétable et de son escorte.


Le but de ces derniers était apparemment de mener un rituel aux sources de la Brande, et cela avait un rapport avec un artefact magique. Ils avaient également parlé de la sacrifier, elle.


Néanmoins, elle était étonnée de n’avoir jamais entendu parler de légendes au sujet d’un puissant objet occulte dans les environs… À sa connaissance, depuis que Sentever avait été érigé, aucun événement étrange laissant présager un épicentre magique à proximité n’avait eu lieu.


Le Commandeur Hérion avait dû trouver la mort dans une embuscade à l’extérieur du fort, et elle supputait qu’avec ses hommes, ils avaient été attirés loin de la garnison par une ruse du commandant en second. Et cela laissait supposer qu’un autre groupe d’elfes noirs était présent dans Sylvaar, vraisemblablement à proximité du fort : les flèches qui avaient décimé le supérieur d’Hélyna ainsi que ses compagnons étaient bien trop nombreuses pour n’être l’œuvre que de sept archers.


Malheureusement pour la jeune Sentinelle, ses théories furent confirmées à la fin de leur ascension vers le lieu-dit du Plateau Sanglant.


Le plateau en question était en fait une élévation haute comme une petite colline mais aux abords escarpés. Il était surmonté d’un étrange cirque de granit avec, en son centre, une dépression visiblement artificielle.


Tout autour de cette dernière, de petites sources jaillissaient d’amas rocheux épars et coulaient vers le Sud. Elles cascadaient le long du relief avant de se rejoindre en bas des parois pour former ainsi la Brande.


L’endroit tirait son nom de la roche écarlate qui formait le lit des cours d’eau et leur donnait cet étrange aspect écarlate.


Profitant de l’éparpillement chaotique des imposants blocs de pierre dressés dans la zone, un petit campement avait été monté : bien à l’abri des colosses minéraux, il était absolument invisible depuis les berges du fleuve et, a fortiori, du fort de Sentever.


Il y avait là une autre dizaine d’elfes noirs, ainsi que deux énormes ogres – hauts comme deux hommes – qui charriaient d’immenses panières chargées de pierres et de terre.

À la surprise d’Hélyna, un gobelin semblait diriger des travaux d’excavation.

Et aucun des être présents n’avait l’air incommodé par l’absence quasi totale de lumière, sauf, peut-être, Néreon et les deux Sentinelles renégates, qu’elle avait vus plusieurs fois trébucher.


Jamais des créatures telles que les ogres ou les gobelins n’avaient foulé les forêts des Quatre-Royaumes. Pour l’elfe sylvestre, il s’agissait de légendes, tout au plus.


Quant aux elfes noirs, il se disait bien que de riches et lointains seigneurs, séduits par la réputation des redoutables assassins, pouvaient en embaucher dans le plus grand secret afin de les débarrasser de gêneurs. Mais personne ne savait d’où pouvaient provenir ces êtres à la peau noire et à la chevelure blanche caractéristiques.


Évidemment, avec des Sentinelles vendues à l’ennemi, pénétrer les bois de Sylvaar avait dû devenir un jeu d’enfants et Cælis sait combien encore de telles créatures pouvaient parcourir la forêt, leur présence insoupçonnée.


Ce qui l’incitait à se poser des questions sur l’orc qu’elle avait découvert : comme elle, il semblait poursuivre les elfes noirs mais n’avait donné aucun signe de vie à Sentever. Qui était-il et quelle était la raison de sa présence là-bas ?


Elle en était là de ses réflexions quand l’un des elfes noirs la jeta à bas de sa monture.



Elle aperçut alors Néreon, qui faisait signe qu’on la conduise au centre du cirque, là où une large excavation avait été pratiquée.


Deux nervis l’encadrèrent alors, la soulevèrent sans ménagement et la traînèrent jusque-là.


Plus elle s’approchait des bords du trou creusé dans la roche – qui devait être large d’une dizaine de mètres –, plus elle ressentait une angoisse diffuse se changeant peu à peu en terreur…


Une lumière écarlate semblait émaner du centre de la dépression : une magie extrêmement puissante était à l’œuvre ici même. Hélyna sentait le duvet de ses bras et de sa nuque se hérisser. L’air devenait lourd, oppressant, comme dans une moiteur tropicale et une forte nausée commençait à l’incommoder. Jamais de sa vie, elle n’avait ressenti une telle puissance magique.


Et, tout comme elle, ses gardes avaient l’air gênés : leurs pas devenaient de moins en moins assurés et leur prise de plus en plus crispée.


Enfin, arrivée au bord du creux, elle prit la mesure de ce qui se tramait ici. Un champ de fouilles archéologiques avait été mis en place, chaque pierre déplacée minutieusement et numérotée. Terre et roche avait été déblayées autour d’un énorme rocher de granit.


Et au faîte de celui-ci était plantée l’épée la plus gigantesque qu’Hélyna eut jamais vue. À peu près aussi haute qu’un homme, elle possédait un double tranchant pour le moins massif.


Le talon faisait environ une main de large et avait une texture similaire à du grès avant de devenir cristallin le long du fort, prenant l’aspect de l’obsidienne. Juste avant le moyen, la lame devenait plus étroite et, perpendiculaires au fil, deux pointes interrompaient le tranchant à cet endroit. Enfin, annonçant le faible, un nouvel élargissement s’opérait avant de se terminer sur une pointe d’un seul biseau.


La garde devait faire la longueur d’un avant-bras et, comme le pommeau, paraissait faite d’ivoire. Quant à la fusée, elle était si large qu’on aurait pu la tenir à quatre mains. Et l’absence de pan creux sur l’arête devait rendre l’arme si lourde qu’Hélyna douta qu’un homme ou un elfe – si tant est qu’il eût une taille suffisante pour la manipuler – puisse ne serait-ce que la soulever.


Mais, plus que l’étrangeté de cet improbable estramaçon, ce qui fascinait vraiment l’elfe – ainsi ceux qui l’entouraient – c’était le réseau d’énergie qui semblait emprisonner l’arme.


Tout le long des deux tranchants de l’objet, une myriade de minuscules runes écarlates luisaient et des filaments d’énergie magique s’en échappaient, pulsants, pour plonger dans le sol rocheux de la fosse. C’était comme si une multitude de filins agrippaient l’épée et l’enracinaient au plateau, se croisant en tous sens pour former un maillage complexe comme le ferait la toile d’une araignée.


Passé un moment où la stupeur le disputait à la terreur, les elfes noirs se reprirent et finirent de conduire sans ménagement une Hélyna muette de peur jusqu’au rocher d’où émergeait la lame.


Dépouillant brutalement la jeune femme de ses effets, ils la poussèrent, dos contre la pierre. Puis, s’aidant de lourdes chaînes fixées par des pitons au pied de la roche, ils attachèrent les membres de l’elfe de manière à ce que son corps forme une croix épousant la courbure du monolithe ; petite silhouette blanche immobile à la surface du colosse noir.


Alors, seulement, Néreon s’approcha, un lourd grimoire à la main. Il avait remis son masque blanc et s’était habillé d’une toge noire dont la capuche masquait ses cheveux, et les manches ses mains.


D’un bref murmure et d’un geste à peine esquissé, il brisa le sort d’asservissement, rendant à Hélyna l’usage de ses membres et de la parole.



Cherchant à gagner du temps, la jeune elfe essaya tant bien que mal de raconter ce qu’elle connaissait de la mythologie…


Au commencement était un dieu unique, dont le nom a été effacé des annales. Par curiosité, cet être se scinda en deux entités. Ainsi naquit Phydius, qui choisit de prendre la forme d’un dragon et créa les éléments et le temps.


Impressionné par ces créations, le Sans-Nom décida, à son tour, de créer quelque chose d’unique et de magnifique.


Il créa ainsi Cælis, son alter ego féminin. Il la prit pour femme et celle-ci engendra trois fils — Angnar, alors gardien de la Loi divine, Efraÿm, gardien de la Connaissance et Margaoth, gardien de l’Outremonde — ainsi que trois filles — Mérys, gardienne des armes divines, Florimel, gardienne de l’Amour divin et Calyo, gardienne de l’Étincelle créatrice.


Après la conception du monde, des plantes et des animaux par le Sans-Nom, aidé des siens, le père des dieux proposa à ses enfants de peupler leur œuvre d’une race faite à l’image de ses créateurs.


Incapables de s’entendre, les divinités œuvrèrent chacune à mettre en exergue les qualités qui leur semblaient les plus importantes dans les créatures qu’elles entendaient façonner.


Angnar et sa sœur Calyo, pourtant très dissemblables, créèrent les hommes, à la vie brève mais facteurs de changement, peuple à la fois avide de règles morales et prompt à les transgresser ; Florimel et son époux Efraÿm façonnèrent les nains, une race curieuse du fonctionnement de l’univers mais, paradoxalement, très casanière ; Phydius, avec l’aide de sa fille Arysmée, imagina nombre de créatures à qui il donna corps mais, encore insatisfait, il décida d’insuffler un peu de son essence dans sa dernière création : ainsi naquirent les elfes dont l’espérance de vie se joue du temps. Mérys aida Margaoth, son époux, à créer les démons, tout à la fois calculateurs et destructeurs mais que le dieu de l’Outremonde décida d’employer à garder son propre domaine qui devint les Enfers. Néanmoins, afin de satisfaire à l’injonction du père des dieux, Margaoth vola à Phydius certaines de ses créatures, qu’il pervertit afin de les rendre méconnaissables et, ainsi, déguiser son crime en prétendant que ces dernières étaient sa création.



À ces paroles, Hélyna commença à se demander ce que pouvait bien être Néreon… Elle le scruta quelques instants, sans qu’il s’en offusque et, brusquement, celui-ci lui saisit le visage et, la forçant à croiser son regard enfiévré, lui révéla son secret :



Il nous a fait un don qui surpasse tous les autres : le don de l’immortalité. Il nous a appris à préserver notre essence, par de puissants rituels. Nos corps peuvent mourir de vieillesse mais notre esprit est conservé, transmis à un nouveau né, préalablement vidé de son âme. Il nous suffit d’utiliser le rejeton d’un Haut-Elfe ou d’un Sylvestre pour vous apparaître aussi innocent que l’agneau qui vient de naître…

J’étais là quand les armées de Margaoth ont été vaincues. Ma mémoire contient des souvenirs d’événements dont même les plus grands historiens de Phrygia n’ont jamais entendu parler… Et je marche parmi vous, comme un loup parmi les agneaux !


S’approchant de l’oreille d’Hélyna, le Seraphar continua, d’une voix doucereuse, le récit de la grande guerre entre les dieux.


Déçu par les faiblesses et les défauts manifestes que les races de Phrygia avaient reçus des dieux, le Sans-Nom succomba à une grande colère. Miné par cet échec qui faisait la preuve de la faillibilité de sa famille, il sombra peu à peu dans la folie, aidé en cela par les paroles venimeuses de Margaoth.


Décidé à détruire Phrygia, il n’obtint pas l’appui des dieux qui avaient également œuvré à la création du monde. C’est pourquoi Margaoth proposa à son père de doter de plus grands pouvoirs ceux de ces enfants qui lui restaient fidèles ; ceci, afin de se préparer au conflit à venir.


Margaoth devint le Dieu de l’Ombre, capable d’éteindre la lumière dans le cœur des habitants du monde comme d’éradiquer la lueur des étoiles. Gardien de toute la connaissance des dieux, il s’en servit, avec la complicité de son fils – gardien de la Bibliothèque des mystères divins – pour pervertir progressivement l’âme de son propre père.


Cylistaire, fils de Margaoth et de Mérys, resta le gardien de la Bibliothèque des mystères divins mais, profitant de nouvelles affinités avec l’énergie primordiale, il se consacra à l’étude des savoirs interdits : sorcellerie, nécromancie, démonologie… Il devint l’inventeur et le maître des arts sombres.


Arysmée, fille de Phydius et Calyo, séduite par Cylistaire, se joignit au Sans-Nom et devint la déesse des Illusions, afin de tromper les autres membres de la famille, ignorants du mensonge et de la notion de duplicité.


Cælis devint la Déesse des cataclysmes…



Mais avant que Néreon ne puisse reprendre son récit, l’un de ses hommes vint à lui, la démarche pressée et les gestes traduisant l’inquiétude.



Puis, se tournant vers la captive :



Après avoir reçu de nouveaux pouvoirs, Margaoth proposa ensuite au Sans-Nom de reprendre à ses fils et filles les dons extraordinaires qu’il leur avait confiés pour les répartir entre ceux qui lui restaient fidèles.


Cylistaire, grand connaisseur des mystères divins – que beaucoup avaient oubliés, du reste –, proposa à chaque divinité de verser un peu de son essence dans un objet auquel elle était attachée, afin d’en faire un attribut symbolisant leur puissance. Le projet était de s’emparer ainsi du pouvoir de ceux qui étaient favorables à la protection de Phrygia. Tous acceptèrent : les uns, imbéciles, le firent sans calcul, les autres, dans le but d’endormir la méfiance des premiers.


Arysmée vola les attributs des dieux et c’est ainsi — par la ruse — que le Sans-Nom s’empara de tous les pouvoirs divins, dont il confia la garde à son fils et au fils de son fils… qui s’emparèrent de tous les attributs sans distinction d’allégeance, y compris de la couronne du père des dieux.


Désormais privé de son attribut suprême qu’il avait imprégné de son essence, le Sans-Nom, entra dans une folie éternelle et devint le dieu de la fin de toute chose, du néant et de la destruction.


Mais les nouveaux pouvoirs des dieux renégats finirent par les conduire à leur perte : Margaoth fut gagné par la suspicion et la paranoïa, à force d’œuvrer dans l’ombre, de plus en plus en proie au doute et au désespoir.


Cylistaire, fasciné par les vieux ouvrages dont il avait la garde et par ses recherches ésotériques, se désintéressa des plans de son père.


Arysmée gagna en indépendance d’esprit, échappant progressivement à l’autorité de son oncle.


Enfin, Cælis, dévastée par le chagrin et la désolation qui s’abattait sur Phrygia, révéla à cette dernière tous les secrets de Margaoth et lui confia, sans le savoir, un moyen de détruire la conjuration et d’arrêter les dieux destructeurs.



Une grosse déflagration venait de se produire à proximité du campement, et des ordres paniqués fusaient de toute part.

Immédiatement, Néreon s’écarta d’Hélyna, luttant pour se faire entendre.



En se démenant, Hélyna réussit à compter ceux qui étaient dans le périmètre : Néreon, deux ogres massifs de près de trois mètres, le gobelin qui s’était saisi d’une espèce de lance-projectiles à poudre, ainsi que cinq elfes noirs.


Puis le rituel commença. Durant de longues secondes, rien ne vint troubler le marmonnement guttural du connétable puis elle sentit comme un affaiblissement dans le voile magique qui entourait l’épée. En fait, c’était comme si chaque filament lâchait dans un claquement brutal. Mais au lieu de provoquer un son, chaque rupture retentissait au niveau des énergies primordiales qui baignaient le monde. Une sorte de déchirement métaphysique se répétait à chaque brin qui était brisé.


Et, pour une elfe habituée à vivre en harmonie avec le monde qui l’entoure, c’était comme un viol perpétré contre la terre qu’elle ressentait au plus profond de son âme. Hélyna se mit à hurler, tirant de toutes ses forces sur ses chaînes, meurtrissant sa chair et frappant sa tête contre le roc, dans le vain espoir de faire cesser la douleur.


C’est à peine si elle remarqua la roche onduler derrière Néreon et une masse brune apparaître juste derrière l’un des archers. L’orc ! D’un geste rapide, celui qu’elle avait traqué passa son bras sous la tête de l’archer, agrippa sa mâchoire et lui brisa la nuque d’un claquement sec, avant même que celui-ci ait détecté sa présence. Aussitôt, l’air se remit à onduler à la façon d’une vague de chaleur et l’orc disparut… pour réapparaître un peu plus loin, aux pieds de l’un des ogres…


Au même moment, des bruits de panique se faisaient entendre en périphérie du camp : des grognements sourds et des hurlements de douleur se répondaient. Des ordres paniqués ne semblaient pas réussir à ralentir l’agresseur.



De son côté, l’orc avait fort à faire, cherchant à utiliser l’ogre pour se protéger des archers elfes, il devait aussi abattre l’énorme créature.


D’un couteau lancé avec précision, il avait atteint l’un des elfes à la gorge, se ménageant un peu plus de marge. Aussi, deux des elfes rejoignirent Néreon pour le protéger, pendant que le troisième attendait, imperturbable, une ouverture pour frapper l’ennemi d’un trait mortel.


Paniqué, le Connétable accéléra le tempo, débitant ses paroles rituelles le plus rapidement possible, prenant le risque considérable d’effets dramatiques dirigés contre lui…


Quant au deuxième ogre, comprenant enfin ce qui se passait, il entreprit de faire le tour de la fosse, pour rejoindre l’orc en bien mauvaise posture.


Ce dernier lança bien un autre couteau mais manqua de peu Néreon et la lame vint se ficher à quelques centimètres de la main d’Hélyna, plantée dans une faille de la roche.


À cet instant, une sensation de déchirement métaphysique frappa la captive de plein fouet : Néreon venait de finir la partie incantatoire du rituel… Dégainant sa dague, ce dernier sauta sur la roche dans laquelle l’arme des dieux était enchâssée, marchant prestement jusqu’à l’elfe entravée.


C’est à cet instant qu’une boule de poils bondit au-dessus du rocher, jeta à bas l’un des gardes du corps de Néreon et attrapa l’autre à l’épaule, le secouant violemment dans sa gueule, comme un pantin désarticulé. Le worg !


Mais le répit fut d’une courte durée pour la jeune elfe. Une puissante détonation retentit : le gobelin venait d’utiliser son arme et la bête, sévèrement touchée, s’effondra près du petit humanoïde vert, tout le côté ensanglanté.


En voyant cela, le chaman poussa un rugissement de colère, et, jetant toute prudence par-devers lui, il planta sa lourde hache dans l’abdomen de l’ogre, remontant d’un seul geste jusqu’au sternum de celui-ci, l’éventrant sur toute la longueur.


Toujours aussi déterminé et précis dans ses gestes, le connétable saisit Hélyna par les cheveux, lui dégageant violemment la nuque, il arma son bras gauche… et la lourde hache de l’orc partit en tournoyant, tranchant coup sur coup le bras armé de Néreon et la chaîne qui immobilisait la main de la Sentinelle d’Ifaar, à quelques centimètres de la dague qu’elle cherchait à atteindre.


Au même instant, il se passa une série d’événements qui restèrent à jamais confus dans l’esprit d’Hélyna. L’elfe noir restant décocha sa flèche mortelle vers l’orc désormais à découvert. Ce dernier, pivota sur lui-même, encaissa le projectile dans l’épaule et, dans le même mouvement, bondit, toujours en rotation, pour cueillir de son genou le tireur au sternum. Le craquement sec qui se fit entendre ne laissa aucun doute sur la puissance du coup, fatal pour l’elfe. Mais l’orc continua sa course, en utilisant l’elfe comme un point d’appui, et termina sa trajectoire – une parabole parfaite – sur le rocher où il se saisit de l’épée.


Hébétée, Hélyna reprit ses esprits juste à temps pour voir le gobelin réarmer son instrument de mort et le pointer sur l’orc. Elle utilisa la dague qu’elle venait de saisir aussi sûrement et prestement qu’elle l’aurait fait avec un arc et le gobelin mourut, sans comprendre d’où était venue la lame qui sortait maintenant de sa poitrine.


Reportant son attention sur l’orc, bientôt rejoint par l’ogre restant, elle le vit bander ses muscles et, dans un effort qui semblait surhumain, tenter de dégager l’immense lame… sans que celle-ci ne bouge d’un pouce.


Se rappelant le sourire narquois de Néreon quand il parlait de la sacrifier, elle cria « Un sacrifice ! Il faut un sacrifice ! », réalisant soudainement la portée de ses paroles.


Elle était, là, enchaînée et désarmée, à quelques mètre d’un ennemi héréditaire, lui expliquant qu’il fallait un sacrifice humain pour éviter de mourir broyé par un monstre de légende…


Mais, le chaman avait visiblement de la ressource. Saisissant la chaîne qui avait été tranchée par sa hache, il la lança avec force contre l’elfe qui avait été renversé par le worg. La chaîne s’enroula autour du cou de l’infortuné qui tentait de se relever et, d’un coup sec, l’orc le hissa jusqu’à lui. Il l’agrippa d’une main ferme et le précipita tête la première contre le tranchant, divinement acéré, de la gigantesque épée…



Néreon, voyant la situation lui échapper complètement, agrippa son moignon ensanglanté et se mit à courir pour sortir de la dépression, se hissant péniblement hors du champ de fouilles, alors que les trois autres survivants étaient hors d’état de réagir.


Au moment où l’elfe presque tranché en deux heurta le sol, éclaboussant Hélyna sous une pluie écarlate, l’orc parvint dans un rugissement à dégager l’arme.

Trop tard ! L’ogre refermait déjà ses mains sur lui pour le broyer…


S’avisant que l’elfe effondré à côté d’elle portait encore son carquois, Hélyna se saisit d’une flèche et la planta de toutes ses forces dans la jambe de la créature qui se tenait au-dessus d’elle.


Et cela suffit à l’orc : profitant d’une brève inattention du monstre, il enfonça l’estramaçon dans le thorax de l’ogre jusqu’à la garde, tourna vicieusement la lame et la ressortit dans une pluie de sang et d’entrailles fumantes.


Hélyna se dit que l’épée était peut-être impossible à manier pour un homme ou un elfe… mais un orc semblait très bien s’en accommoder !



*******************************



Les souvenirs de cette nuit restèrent un peu flous pour Hélyna, même si ce fut la plus importante de son existence…


Elle se rappellerait longtemps qu’après avoir utilisé la lourde épée sur les chaînes, l’orc tendit sa main vers la captive et, à son grand étonnement, lui dit tout simplement :



Les renforts elfes noirs arrivèrent peu de temps après. Un carquois à portée et un arc en mains, Hélyna ne rata pas une seule cible. Et les malheureux qui atteignirent l’orc en furent pour leurs frais : à mains nues, c’était déjà une impressionnante machine de guerre, mais avec une arme de six pieds tranchante comme un rasoir, il fit un vrai carnage…


Le worg ayant survécu à ses blessures, ils réussirent tous trois à quitter le plateau, les sens aux aguets et les nerfs à vifs. Mais, ils durent faire face à une cruelle évidence : Néreon les avait précédés dans la fuite et avait purement et simplement disparu.


Profitant de la confusion provoquée par l’arrivée des cinq elfes noirs partis à la recherche de leurs deux agents manquants, le Connétable avait dû quitter les lieux sans demander son reste.


L’orc et l’elfe avaient bien hésité un instant à tenter de retrouver sa trace mais l’embrasement des réserves de poudre du campement avait dû alerter Sentever. Or ni Hélyna ni son sauveur n’avaient l’intention d’affronter les sentinelles du fort, visiblement noyautées par les agents de Néreon.


Aussi décidèrent-ils de descendre rapidement du promontoire et de gagner l’abri de la forêt. Ils rejoignirent la rive occidentale de la Brande d’abord, puis laissant Sentever le plus possible derrière eux, ils prirent plein sud.


S’en remettant à la jeune Sentinelle d’Ifaar, l’orc et sa monture empruntèrent ainsi des sentiers bien dissimulés et des passages insoupçonnés pour gagner le cœur de Sylvaar, à proximité d’un affluent de la Brande et non loin de la frontière avec la Baronnie de Koor.



*******************************



Ce n’est qu’une fois cachés de tous, derrière la souche d’un vieil arbre renversé, qu’Hélyna constata avec un relatif détachement qu’elle était entièrement nue et couverte de sang. L’orc, quant à lui, paraissait au bord de l’épuisement : un morceau de flèche toujours fiché dans l’épaule, couvert de contusions et d’écorchures, il s’effondra bientôt contre le talus qui les dissimulait. Un battement de cœur plus tard, c’est leur monture qui s’affala dans un nuage de feuilles et de poussière, le museau trempé d’écume rouge.

L’elfe se tourna vers le guerrier qui s’appuyait sur l’épée conquise de haute lutte.



Hélyna s’employa donc a faire taire ses doutes et à calmer son cœur. Faisant le vide, elle tentait d’utiliser la connexion qui lie les elfes à toute créature vivante pour essayer de sentir la vie qui subsistait dans la bête. Elle trouva une étincelle de vie, très faible et qui s’amenuisait doucement.



L’orc poussa un soupir de lassitude. Puis, doucement, se rapprocha de la jeune elfe. Il lui caressa délicatement le visage, descendit sur son cou et laissa courir ses doigts sur le côté d’un sein puis continua vers la hanche, avant de s’arrêter sur la cuisse.


Instantanément, le désir de la jeune fille pour l’orc ressurgit, intact.


Au même moment, au nord de Sylvaar, dans la ville portuaire d’Agessa, un cambrioleur de haut vol nommé Airen Wirm était engagé par une jolie aristocrate, Délie Evargryn, pour commettre un vol à haut risque. Elle laissait échapper un très léger soupir mais qui était la preuve incontestable du plaisir qu’elle venait de ressentir.


L’orc lui jeta un regard étonné qui la fit rougir jusqu’à la pointe des oreilles. Puis il lui parla doucement à l’oreille, son souffle brûlant contre la nuque de la sentinelle.



Et il entreprit de se dévêtir aussi naturellement que s’il était seul.


Hélyna fixait la silhouette athlétique, se retenant de plonger directement ses yeux entre les cuisses du guerrier. Instantanément, son ventre s’embrasa. Elle sentit son désir sourdre de ses replis les plus intimes…



Prise de court, l’elfe, sans un mot, s’assit sur ses talons et se tourna vers l’impressionnante bête. Et retourna chercher en elle les ressources pour soigner l’animal.


Bien qu’elle s’y attendît, elle fut néanmoins surprise quand elle sentit la présence de l’orc derrière elle. Il pressa sa peau contre son dos. Elle avait l’impression étrange d’être au creux d’un immense arbre de chair… protégée contre les éléments, le mal ou la violence du monde. Un profond sentiment de calme l’envahit.


Elle parvint à sentir l’essence de vie de l’animal, bien plus distinctement cette fois. Elle essayait d’insuffler de sa propre énergie afin d’alimenter la flamme qui brûlait encore…


C’est à cet instant qu’elle sentit les doigts de Rerdan caresser sa peau. Il la frôlait par petites touches, dessinant comme des motifs sur sa peau.


La caressant d’abord sur tout le corps, ses attouchements commencèrent à converger vers la poitrine de l’elfe. Prenant ses seins en coupe, il passait ses larges pouces sur leurs flancs et, avec le reste de ses doigts les effleurait par en dessous.


Hélyna soupira d’aise et tendit son buste vers les mains calleuses, se laissant aller contre le torse de l’orc.



La jeune femme maintint comme elle put sa concentration. Sentant grandir en elle de nouvelles ressources, elle canalisait toute l’énergie qu’elle arrivait à rassembler pour l’insuffler dans le corps d’Ourajii, jusqu’à ce qu’elle le sente réagir…


Rerdan continuait son massage. Il commençait à taquiner plus sérieusement les seins de l’elfe. Lissant l’aréole de l’un du bout de l’index, faisant rouler le téton de l’autre entre son pouce et son majeur, il alternait de douces et légères arabesques de toute la main avec des gestes plus ciblés, pressant et agaçant les pointes érigées.


Hélyna, le souffle court, transpirant et le corps tremblant, savourait le contact du chaman comme dans un état second, concentrée qu’elle était sur sa magie de guérison.


Lorsque las de jouer uniquement sur les mamelons tendus par le plaisir, ce dernier descendit une main entre les cuisses de la demoiselle, celle-ci se redressa légèrement en ouvrant plus largement le compas de ses jambes, de manière à faciliter l’accès à son antre chaud.


L’orc comprit l’invitation et, d’un doigt sûr et lent, entreprit de lisser les nymphes de la jeune femme, caressant le sillon moite de haut en bas, sans empressement.

Se sentant couler, les cuisses empoissées de son jus intime, Hélyna se laissait aller, basculant le bassin pour venir à la rencontre de cette main qui lui faisait du bien.


Pendant de longs instants, aucun des amants n’émit de son, le silence à peine troublé par le halètement de la jeune femme et le léger clapotis qui naissait entre ses cuisses.


C’est alors qu’Ourajii ouvrit les yeux et tourna la tête vers les deux humanoïdes. Mais il se contenta de croiser ses pattes avant et de poser son énorme de tête dessus, dans un soupir d’abandon.


Toute à sa concentration, Hélyna ne cessa pas son travail pour autant et continua à réparer les tissus déchirés depuis l’intérieur même de l’animal, accélérant le processus naturel de rémission à une vitesse stupéfiante.


De la main qui jouait jusque-là avec la petite poitrine ensanglantée, Rerdan caressa le dos de l’elfe, descendant, vertèbre après vertèbre vers les petites fesses blanches. Puis, contournant le postérieur qui se cambrait à son contact, logeant sa paume entre les deux globes charnus, il envoya l’un de ses doigts se perdre entre les lèvres mouillées de cyprine. À ce contact, Hélyna sourit et se mit à flatter amicalement la hanche de son amant pour l’encourager à poursuivre son exploration.


Se frayant un chemin du bout de son majeur, le guerrier sentit la jeune femme se redresser, corriger sa position et s’abaisser doucement sur l’intrus, l’incitant à déplier son doigt et à abaisser la main pour pouvoir pénétrer entièrement l’étroit conduit.

De par la position que l’elfe imposait ainsi au poignet de l’orc, c’est tout naturellement que le pouce de celui-ci vint se poser tout contre l’œillet sombre de l’anus.


En constatant qu’un imperceptible mouvement circulaire s’emparait alors du bassin de la jeune sentinelle, Rerdan se résolut à appuyer plus franchement sur l’orifice étoilé, initiant une pression rotative et très progressive afin d’assouplir le muscle inviolé.


Hélyna sentait la régénération du worg aller crescendo, à mesure que ses propres sensations et son plaisir se faisaient plus intenses, provoqués par la caresse qui sollicitait son clitoris et les deux doigts qui pénétraient rapidement son sexe. Mais lorsqu’elle sentit l’extrémité du pouce du chaman commencer à forer méthodiquement sa petite porte, elle se laissa aller franchement contre le doigt fouisseur, choisissant d’elle-même de s’empaler à répétition dessus jusqu’à écraser la paume calleuse de l’orc contre son périnée.

Dans un dernier soupir, elle porta la main à sa poitrine et se mit à presser ses seins furieusement avant de se figer et d’attendre, abandonnée contre le torse de l’orc, que l’orgasme l’anéantisse.


Au moment où le plaisir éclata, le worg se mit soudainement debout, s’ébroua et d’un grand coup de langue sur le buste et le visage de l’elfe, la remercia à sa façon.


Cette dernière eut un petit rire juvénile quand la langue râpeuse passa sur l’un de ses mamelons encore sensibles, puis elle se blottit dans les bras de l’orc, savourant un inédit sentiment de sécurité qui la submergea à cet instant, là, tout contre le torse de l’ennemi héréditaire de son peuple, sa main caressant distraitement le museau d’un gigantesque prédateur.


S’éveillant doucement d’une agréable léthargie, l’elfe tourna son visage vers celui qui l’avait étonnée tant par sa douceur que par son savoir-faire amoureux. Elle s’apprêtait à le remercier pour ses instants quand un gémissement du worg l’alarma : Rerdan avait le regard voilé, le souffle court et les veines de son cou et de son torse prenaient une inquiétante teinte noire, plus prononcée à mesure qu’elles s’approchaient de l’épaule où était restée fichée la pointe de la flèche de l’elfe noir.



En disant cela, l’elfe sentait des larmes lui échapper et couler sur ses joues. Sans bien comprendre ce qui lui arrivait, elle acceptait le sentiment qui la dominait : elle était liée par la vie et par la mort à l’orc et, instinctivement, elle sentait qu’il était quelque part écrit que leurs routes devaient se rejoindre. C’était une révélation : une conjonction cosmique avait eu lieu, qui les changerait à jamais… si Rerdan vivait.


Prenant appui de la main gauche sur le torse de l’orc, elle laissa sa magie s’écouler contre la peau recouverte de tatouages, cherchant à apaiser la douleur. Puis, se saisissant de l’un des couteaux du guerrier, elle incisa vivement l’épaule pour élargir la plaie provoquée par le projectile. S’aidant de la pointe de la lame, elle dégagea la tête métallique empoisonnée.


Tendant son esprit vers le foyer de l’infection, elle sentit qu’un puissant poison magique était à l’œuvre. D’abord ralenti par la lenteur du métabolisme orc, le processus infectieux avait dû être accéléré par l’excitation du mâle devant une femme prenant son plaisir.

Moins hésitante qu’avec la monture du guerrier, Hélyna s’assit sur les cuisses de l’orc et commença à caresser son abdomen, d’abord de ses mains, puis de sa longue chevelure acajou, qu’elle promenait du cou au pubis, avant de remonter et de recommencer.


Baissant un peu plus la tête, elle se mit à frôler du bout des lèvres le ventre du mâle, posant des baisers humides çà et là tout en s’imprégnant de l’odeur musquée du blessé.

Continuant d’agacer par petits coups de langue vifs et taquins la poitrine de l’orc, elle s’avisa qu’il avait de larges aréoles traversées de petites pointes d’ivoire, avec lesquelles elle se mit à jouer.


Quand elle fut certaine qu’elle avait toute l’attention du guerrier, elle prit la lourde verge et entreprit de la masser, humectant parfois sa main de sa salive afin de permettre à la peau du prépuce de coulisser plus facilement.


Sentant l’organe durcir et se redresser par à-coups jusqu’à s’exposer dans toute sa majesté, elle écarquilla les yeux en prenant la mesure de l’imposant phallus. S’arrachant à cette vision, elle reporta son attention sur le blessé et, pour examiner le corps de ce dernier, projeta son esprit dans le monde astral, à la recherche d’une trace abstraite du poison…


Ayant identifié la tâche noire qui pulsait près du cou, elle mobilisa sa force spirituelle pour essayer de dissoudre le parasite mais constata, dépitée, qu’elle manquait de puissance pour parvenir à ses fins.


Résolue, elle laissa un peu de son énergie vitale pour confiner l’envahisseur au sein d’un halo de lumière blanche et se laisser un peu de temps pour renouveler sa réserve de puissance.


Une fois la protection immatérielle en place, elle laissa sa vision extra-sensorielle s’estomper quelque peu et se consacra à satisfaire physiquement Rerdan…


Tout en le branlant d’une main, elle se mit à jouer avec sa propre poitrine et se pencha pour lui susurrer quelques paroles à l’oreille :



Hélyna aurait pu se vexer des termes utilisés, mais l’effort douloureux que l’orc avait fait pour lâcher cette longue tirade renforça encore sa détermination.



Et Hélyna se mit à embrasser le cou musculeux de l’orc, traçant de sa langue rose et pointue une ligne humide allant de la gorge jusqu’aux pectoraux. Plaquant sa poitrine contre celle du mâle, elle s’excitait en frottant ses seins contre la toison qui ornait le poitrail de son amant, descendant doucement vers le ventre, dont elle taquina le nombril d’une langue mutine, puis vers le pubis contre lequel elle posa la joue.


Jouant avec la verge dont elle ne pouvait faire le tour de la main, elle accompagnait les mouvements de va-et-vient de son poignet de baisers et de petites morsures sur la chair tendre, aspirant la peau du prépuce entre ses lèvres ou léchant le frein…


Puis elle cracha sur le bout turgescent, laissant sa salive lui couler sur la main, afin d’être sûre qu’il soit parfaitement lubrifié.


N’ayant jamais eu de verge entre les mains, c’est poussée par sa curiosité, qu’elle décida de prendre celle-ci dans sa bouche… malgré des dimensions hors du commun et la légère douleur que cela lui occasionnait à la mâchoire.


Aspirant, suçant, léchant ou mordillant tour à tour le gland ou le reste de l’impressionnant organe, Hélyna s’excitait en domptant l’étrange objet, ravie de sentir les soubresauts qui le parcouraient et dont elle était la cause.


D’une main, elle commença à se caresser, interrompant parfois les soins prodigués à l’obélisque vivant pour se lécher les doigts et goûter son propre jus.



Le guerrier se soumit et entreprit, patiemment, d’investir le sexe humide. D’abord avec un doigt, puis deux, frôlant souvent la main de l’elfe qui jouait sur son bourgeon, il remplaçait parfois celle-ci le temps de quelques caresses circulaires, avant de replonger dans l’antre de plus en plus accueillante.


À un moment, se saisissant de la main de sa partenaire, Rerdan guida les doigts de celle-ci à l’aide de son propre index, afin de pénétrer, ensemble, le vagin dégoulinant de l’elfe.


Hélyna devait bien reconnaître que les gestes doux de l’orc contrastaient avec sa carrure et sa façon de parler. Elle repensa à ses fantasmes d’étreintes sauvages et, dans l’excitation du moment, en vint à regretter que son amant la ménage autant…


Aussi, décida-t-elle de le provoquer un peu. Elle lui dit qu’elle ne savait pas encore si elle était assez large pour l’accueillir, l’invitant implicitement à ajouter un autre de ses doigts pour s’en assurer.


Caressant la main qui la branlait du médius et de l’index, elle en guida donc l’annulaire pour le joindre aux autres.


Coquine, elle l’incita son amant à plus de bestialité, d’une voix rendue sensuelle par le désir :



Sur ces paroles, la jeune femme saisit des deux mains le membre humide de sa salive. Remuant ses deux petites fesses d’albâtre, elle se déplaça à genoux pour venir positionner son bassin au-dessus du pal. Enfin, en se mordant les lèvres d’anticipation, elle se laissa descendre autour du pénis d’un seul et ample mouvement.


Sentant ses chairs s’écarter pour accommoder l’olisbos de chair, elle poussa un soupir de plaisir et, ouvrant les paupières, plongea son regard dans celui de son amant, une lueur de défi dansant au fond des pupilles.



Se pinçant les lèvres, hésitante et troublée par cette idée, Hélyna préféra néanmoins calmer le jeu :



Rassemblant le peu de force qu’il avait encore, l’orc se mit à jouer du bassin pour accentuer le mouvement de la jeune femme. Mais quand il la vit grimacer en essayant d’accepter la totalité du membre, il bloqua la descente à l’aide de ses mains posées sur les hanches d’Hélyna… Prenant le relais de l’elfe, il imprima lui-même la cadence, décidant de l’amplitude du mouvement, laissant son membre pénétrer plus avant, à mesure que les chairs s’habituaient à l’intromission.


Une fois rassuré sur les dispositions de l’elfe qui savourait visiblement la pénétration, il déplaça sa prise et agrippa les deux globes charnus. Écartant le sillon moite de transpiration, il laissa la fraîche brise du petit matin caresser l’orifice dévoilé.


L’elfe ferma les yeux un instant pour savourer la sensation de froid sur son anus puis reprit ses investigations astrales.


S’aidant de l’énergie sexuelle qui affluait en elle et revigorait le lien mystique qui l’unissait à l’orc, elle utilisa toute sa puissance pour anéantir le parasite magique à l’œuvre dans le corps de son partenaire.



Craignant d’être à court de ressources avant de parvenir à ses fins, elle s’attacha à décupler les effets du coït. Pressant en alternance ses tétons, tordant parfois presque douloureusement les pointes tendues de ses seins, elle envoya également une main taquiner son clitoris. Ce faisant, elle se concentrait sur ses sensations : l’odeur de son amant, l’air frais qui caressait sa poitrine, léchait ses fesses et frôlait l’anneau de chair qu’elles protégeaient, le bruissement des feuillages, les effluves de mousse humide ou le contact de la terre meuble qu’elle griffait de ses orteils.


Sentant l’orgasme arriver, elle projeta tout ce qui lui restait d’énergie magique pour annihiler la tumeur paranormale et, lorsque ce fut fait, se laissa aller à un orgasme violent.

Tétanisée par le plaisir, elle se laissa choir sur son amant au moment où il s’épanchait en elle.


Reprenant son souffle, elle sentait une impressionnante quantité de sperme déborder de son intimité et couler sur le pubis de son amant. Elle alla chercher les lèvres de celui-ci afin de le remercier du plaisir qu’il venait de lui donner et blottit sa tête dans le creux de l’épaule rassurante.



Épuisée par ses deux orgasmes et par les soins qu’elle avait prodigués, elle s’endormit, nue et encore couverte de sang, contre le torse de celui qui était, il y a quelques heures encore, une cible à abattre…


L’orc, un peu dépassé par la situation, ramena ses bras autour de la frêle silhouette, d’un geste hésitant. Puis il fit signe au worg de s’approcher, prit une vieille couverture dans la sacoche de selle et en recouvrit l’elfe. S’avisant du froid qui régnait dans le bois, il fit signe à la bête de se coucher à ses côtés afin de faire partager sa chaleur à la fragile endormie.


Posant l’imposante épée à ses côtés, il laissa le sommeil le gagner à son tour.





À suivre