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n° 15556Fiche technique26554 caractères26554
Temps de lecture estimé : 16 mn
08/04/13
Résumé:  Marthe retrouve Olivier à la mine de la Fayolle et lui révèle ses sentiments amoureux, son désir. Desgrange se révolte et s'empare des pouvoirs de son initiatrice.
Critères:  fh fplusag fagée profélève bizarre campagne dispute nonéro policier sorcelleri -fantastiq -masth
Auteur : Musea      Envoi mini-message

Série : Les sorcières de Saint Amant

Chapitre 29
La rébellion

Le résumé détaillé des premiers épisodes est en tête du récit n° 15.495. Le récit n° 15.502 évoque une agression sexuelle dont a été victime Claire Dupuy, en raison d’une intervention magique d’Olivier Desgrange, qui se fait passer pour mort après avoir assassiné Marc Audebert. Dans le n° 15.536 le policier Pauvert découvre la véritable identité de l’homme brûlé vif. Louis, le fiancé de Claire, décide d’utiliser les rituels des grimoires pour protéger Claire et contrer la magie noire de son adversaire, caché dans une mine abandonnée.








Olivier Desgrange était allongé sur son matelas de fortune, ses deux bras repliés sous sa tête. Les yeux dans le vague, tout en récupérant physiquement de l’effort énergétique qu’il avait consenti, il repensait aux derniers moments passés avec Claire. Il revoyait le désarroi et la panique de la jeune fille mais aussi la façon dont il l’avait contrainte physiquement et sexuellement. Décidément, il avait bien fait de convoquer Asmodée comme démon pour intimider Claire. Et la tige de la rose de soie qu’il avait glissée au niveau du pubis de la statuette constituait un instrument de torture et de stimulation vaginale tout à fait idéal. Juste ce qu’il fallait pour que de la cyprine emperle constamment le sexe de la jeune fille, lui donnant l’impression fausse d’éprouver du désir pour lui, et préparant l’hymen à la déchirure et à la douleur de son dépucelage.


La pauvre enfant devait être au sommet de la culpabilité et avoir le ventre à vif… Et malgré toute cette douleur qu’il lui avait imposée, elle avait été si réceptive à ses caresses que c’en était un bonheur. Au moment de l’orgasme qu’il lui avait offert avec ses doigts et sa langue, il avait senti l’énergie de la magie blanche se déporter sur lui, augmentant encore ses pouvoirs maléfiques. Et il avait compris à ce moment-là qu’il disposait de suffisamment d’emprise sur la jeune fille pour qu’elle le rejoigne nuitamment comme il le lui avait ordonné. Dans quelques heures, elle serait à lui pour toujours. Il pourrait la prendre enfin véritablement comme il en rêvait depuis huit ans. Personne ne pourrait l’en empêcher. Elle serait toute à lui, soumise et offerte. Elle serait l’incarnation vivante de son pouvoir et de sa réussite.


Enfin, tous ceux qui l’avaient humilié lorsqu’il était enfant, tous les Savinois qui se moquaient de sa beauté androgyne, sous-entendant qu’il n’était peut-être pas tout à fait un homme, ceux qui se moquaient de sa mère et de ses lubies seraient à ses pieds et trembleraient bientôt, lui obéiraient au doigt et à l’œil. Son défunt père avait eu tort de prétendre qu’il ne serait pas un Desgrange qui porterait haut les couleurs et la devise familiale : « Victores Æterni » (Éternels Vainqueurs). Olivier allait lui prouver et prouver à sa mère qu’il était capable de redonner tout son éclat au pouvoir des Desgrange sur la région. Et maintenant qu’il était sûr de disposer prochainement de l’étude de Me Blüm, il allait pouvoir régler ses comptes et engager des procès contre toutes celles et ceux qui s’étaient opposés au pouvoir de sa famille. En imaginant déjà quelle pourrait être sa prochaine victime, il eut un sourire mauvais :



Au son de cette voix chevrotante, Desgrange se releva à demi de sa couche et s’écria :



Desgrange sourit avec amusement :



Et il désigna une caisse posée près du matelas. Marthe se pencha et en fit rapidement l’inventaire : bougies noires, long tissu de velours rouge, linge blanc à placer sous le bassin de la jeune vierge, calice, encensoir, encens capiteux, huile d’amande douce, aiguille, tissu noir et bouteille d’alcool fort pour convoquer et contenter les démons, herbes du diable, bâton de protection…



Marthe haussa les épaules puis, considérant le reste de terre humide qui gisait près de l’entrée de la galerie, elle proposa :



En disant cela, elle s’était avancée jusqu’au matelas tout en fixant son élève avec fièvre. Puis elle s’assit près de lui et glissa sa main gauche entre les cuisses du jeune homme. Doucement, elle caressa le phallus tendu sous la flanelle du pantalon, son regard perdu dans celui de Desgrange. Son visage ridé avait pris une lueur étrange : ses yeux perçants semblaient ceux d’un serpent hypnotisant sa proie, et son sourire s’était figé en un rictus qu’accompagnait un souffle court, plein de désir contenu.


Immobile, partagé entre terreur et fascination, Desgrange la laissait faire et il se souvenait… Il revoyait sa première visite chez Marthe, juste après sa guérison de la tuberculose. Il devait avoir huit ans. Elle avait préparé pour lui un goûter plantureux puis l’avait emmené dans sa tanière, comme elle l’appelait : une petite pièce sombre adossée à la cour intérieure de sa maison et qui servait aussi à entreposer le bois pour l’hiver. Et là, elle l’avait initié. Non seulement en lui montrant toutes les herbes, les potions, les rituels qu’elle utilisait pour soigner ou jeter des sorts, mais elle lui avait fait une demande étrange :



Alors, Marthe en souriant avait pris une aiguille, avait piqué son doigt, fait couler un peu de sang et fait de même à l’enfant avant de recueillir les précieuses gouttes dans une fiole. Puis elle avait mélangé plusieurs feuilles très amères, mis un peu d’eau de source, ajouté un liquide noirâtre, mélangé le tout et elle lui avait ordonné de boire.



Enchanté par la promesse, le petit garçon avait suivi la femme au centre d’un grand cercle, sur lequel la sorcière avait dessiné un pentagramme, puis il avait absorbé la potion tandis que Marthe psalmodiait un rituel :



Elle avait répété trois fois cette phrase puis elle avait invoqué les démons tout en se dévêtant. Olivier se souvenait de son émoi devant cette femme mûre entièrement nue mais il n’avait pas eu trop le temps de s’interroger sur l’incongruité de la situation. La potion commençait à l’étourdir ; il voyait Marthe tourner autour de lui, puis l’allonger et le dévêtir. Il avait senti la main de la femme venir sur lui tandis qu’il gémissait, puis tout avait basculé…


Il n’avait gardé aucun souvenir de ce qui s’était passé ensuite. Mais il se souvenait de parfums étranges, mélange de sueurs, d’effluves maritimes et d’encens. Ses mains et tout son corps avaient été marqués de signes bruns résineux tracés à l’aide d’un roseau. Il avait gardé un goût salé et épicé en bouche. Et il se sentait à la fois épuisé et reposé. Durant ce sommeil étrange, comateux, il avait vu d’étranges figures d’animaux au-dessus et en dessous de lui… et il avait éprouvé des sensations inconnues de lui jusqu’alors, de puissance et d’anéantissement, quelque chose qui l’avait fait sortir de lui-même. Quand il avait interrogé la sorcière à ce sujet, elle lui avait répondu avec un sourire énigmatique :



Dix-sept ans après cet événement, le geste de Marthe, son regard perçant, son sourire étrange, tout lui rappelait cette initiation. Et il n’aurait su dire pourquoi. Un instant, tandis que la sorcière dégrafait le pantalon de flanelle pour sortir le sexe du jeune comte de sa cachette et le caresser plus directement, Desgrange ferma les yeux… Un flash lui revint, puissant ; une émotion intense et trouble qui lui rappelait d’autres gestes que lui-même avait eus avec les jeunes filles qu’il avait abusées… Il rouvrit les yeux et contempla Marthe qui le masturbait à présent à pleine main. Elle faisait coulisser le sexe violacé dans sa main droite, d’une façon très experte et douce, agaçant son envie de jouir. Le plaisir montait par vagues douces dans le corps de Desgrange, aussi lancinant qu’un feu lèche de nouvelles bûches.



Ce disant, elle s’était penchée pour saisir le calice des rituels sans interrompre son geste caressant. Et, le posant à ses côtés, elle se pencha à nouveau pour poser sa bouche avide sur la verge de son élève. Au contact des lèvres rêches, Olivier Desgrange se raidit et la repoussa avec brusquerie.



Furieuse d’avoir été percée à jour alors même qu’elle avait tout fait pour qu’il ne se souvienne de rien, la sorcière répondit d’un ton affligé très affecté :



Gênée, la sorcière répliqua :



La vieille femme se mit à rire.



Desgrange ne répondit pas. Malgré le dégoût subit que lui inspirait l’aveu de Marthe, il vivait ce moment étrange comme si elle l’avait transformé en statue de sel. Lentement, comme un serpent qui progresse jusqu’à sa proie, la vieille femme avait à nouveau posé sa main sur le sexe du jeune homme et recommençait sa masturbation tout en le fixant avec avidité :



La voix de la sorcière était lancinante tandis qu’elle lui parlait. Desgrange pensait à un rituel psalmodié visant à le soumettre, et la main qui le branlait avec force et détermination semblait devenir celle d’une autre femme, mi-cobra, mi-sorcière. La sueur perlait à leurs fronts tandis que la marraine noire accélérait le rythme de sa masturbation, faisant gémir de plus en plus fort son élève.



Le jeune homme avait hurlé sa révolte mais n’avait pu contenir son plaisir. Les yeux fous, il avait repoussé Marthe au moment où celle-ci recueillait la semence de son élève dans le calice. Satisfaite, la vieille femme porta le contenu à ses lèvres et goûta l’âcre saveur :



Le hurlement de Desgrange était devenu rauque. Rauque de colère, de rage. Et brutalement, le pantalon encore ouvert, il s’était soulevé à demi pour saisir quelque chose sous son oreiller et l’avait pointé sur la vieille femme. Marthe tressaillit, pétrifiée de voir Olivier réagir ainsi. Elle qui avait cru le maîtriser, le posséder, le diriger, lui imposer tous ses projets, se rendait compte brutalement qu’elle avait peut-être franchi le pas de trop. Elle avait réveillé ce quelque chose qu’elle avait endormi il y avait dix-sept ans par ses sortilèges : sa conscience.



Intimidée, la vieille femme avait obtempéré et posé le calice à terre. Puis, levant les mains, elle s’était redressée doucement, l’arme suivant son geste de recul. Prise de peur face à l’assurance de son élève, elle supplia :



D’un geste, il avait balayé l’espace. Marthe porta les mains à sa gorge, prise d’une convulsion qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter. Elle haletait tandis que le sorcier attirait un à un tous ses pouvoirs tout en continuant de braquer son arme sur elle.



La vieille tremblait et un hoquet la prenait à chaque fois qu’un pouvoir lui échappait. Elle semblait être en transe. Elle voyait défiler un à un tous les pouvoirs qu’elle avait cru pouvoir posséder, tous les sortilèges qu’elle avait utilisés pour devenir celle que tous à Saint-Amant craignaient. Plus que de ses forces physiques, Desgrange la dépouillait de tout ce qui avait donné du sens à sa vie. Et il s’emparait de tout ce qu’elle avait cru posséder.


Peu à peu elle reculait vers l’entrée de la mine, repoussée par la force maléfique imprimée par le sorcier. Et brutalement, au milieu de sa souffrance, de ces étranglements invisibles qui lui séchaient la bouche et la vidaient de toute énergie, elle avait vu se dresser entre elle et son tourmenteur la silhouette d’une femme, une femme en robe blanche couverte de sang.



L’apparition semblait peu à peu prendre corps et vie. C’était une très belle femme, aux longs cheveux noirs bouclés, au visage pâle comme la mort. Et tandis que le sang s’écoulait de ses blessures, elle s’avançait vers Marthe, le regard fixe et vide, les mains tendues en avant.



Elle s’était écroulée au sol tandis que Desgrange, croyant qu’elle voulait le combattre, avait appuyé sur la détente. La vieille femme avait sursauté sous le choc. Puis elle avait senti la douleur l’envahir, brutale et totale. Il l’avait touchée à l’épaule et la balle était venue se ficher dans la paroi de la mine, y posant une fissure.


Le sorcier contemplait maintenant sa victime anéantie avec condescendance :



Et, joignant le geste à la parole, il avait saisi le bras non blessé de la vieille femme et l’avait traînée malgré ses hurlements de douleur hors de la mine. Puis il l’avait abandonnée sous le premier sapin qu’il avait trouvé, près d’une autre galerie. La vieille femme saignait abondamment. Elle réussit à se traîner jusqu’à l’entrée qui formait comme une grotte et là, épuisée par son effort, elle s’évanouit.


Dans son repaire, Desgrange, impassible, préparait potions et rituels en attendant Claire.