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Temps de lecture estimé : 19 mn
31/01/14
Résumé:  Coralie coupe tous liens avec son ami, et sa vie s'organise.
Critères:  fff hagé jeunes -fhomo
Auteur : Larges Épaules  (Homme 50 ans, amoureux des femmes et des mots)            Envoi mini-message

Série : Coralie, une fille de son temps

Chapitre 04 / 12
Capucine monte à bord


Résumé :

Coralie a quitté Matthieu, avec lequel elle ne s’entendait plus, et qui l’a battue. Elle a trouvé refuge dans une coloc de filles, aux mœurs libérées.








Je me suis levée moins tard le vendredi, j’ai eu l’occasion de faire un Skype avec ma mère, lui expliquant que j’avais quitté Matthieu, et que j’étais très bien hébergée par des amies. Je n’avais pas mis l’image, pour ne pas lui montrer mon pansement. Ils reviendront cet été, seront deux semaines en août dans une maison qu’ils ont en Bretagne. Cela me fera plaisir d’être avec eux au moins une semaine, je ne les ai pas vus depuis Noël. Mon frère sera là aussi, avec sa femme et ses deux enfants, mais seulement deux-trois jours, car ils vont après quelques jours en Suède dans la famille de sa femme. Cela veut dire que je pourrais inviter quelques amis au moins une semaine. Je réfléchirai à cela et nous fixerons les dates courant juin. Quelle famille !


J’ai ensuite quelques trucs à régler, du genre de ceux qu’on doit faire un jour ouvrable. J’ai encore un peu d’appréhension à sortir seule, mais je me dis que Matthieu travaille à l’autre bout de Paris, et que les chances sont infimes de le croiser. En outre il ne sait pas où je suis, et ne le saura jamais, j’espère.

J’ouvre mes mails professionnels, et je prends connaissance des points urgents, histoire de prendre de l’avance pour lundi. Je mets André en copie d’une réponse d’un mail interne, et une réaction arrive immédiatement :


Bonjour, Coralie,

J’espère que vous allez bien.

Je pensais que nous avions convenu que vous étiez en repos maladie ? Pas de bouquin à terminer ? À lundi,

André


Son mail me fait sourire. Il ne veut pas faire apparaître sur cette messagerie que nous avons un « programme » ce week-end.

Sur mon mail privé :


Salut, Coralie,

Olivia me dit que ton état s’améliore.

J’ai monté un petit scénario pour ton déménagement de demain. Ne t’inquiète pas, aucune chance que M ne t’importune, trust me.

À demain 17 heures chez Olivia (qui est maintenant chez toi aussi). Prévois des valises et cartons pour tes affaires.

Affectueusement,

TO


Scénario ? Je décide bien entendu de me laisser faire, car s’il y a bien quelqu’un en qui j’ai confiance c’est André. L’organisation cela le connaît.

Le cœur léger, je repars avec Murakami sous le bras. Aomané et Tengo me tiennent en haleine pendant trois heures sur un banc au soleil. J’ai pris ma crème solaire, et je profite de la vie. Dans un autre endroit, j’aurais bien bronzé à poil, mais difficile de trouver un lieu en plein Paris… Je me remémore aussi les séances avec André, et les orgasmes fulgurants de ces nuits-là. Particulièrement quand il me racontait ses histoires de massage, soumission et sodomie. Quel pied ! Jean pourrait-il m’amener à un tel niveau ? Nous verrons. De toute façon, je n’envisage pas de partager ma vie avec quelqu’un qui ne me ferait pas jouir aussi intensément. Et puis ses envies d’expatriation. Je n’ai rien contre sur le principe, mais ma vie est à Paris. Pas trop envie de quitter mon boulot. Où retrouverais-je un patron de cette qualité ?

Pas mal de questions donc. Mais j’ai enfin les clefs de ma vie.


Retour à l’appartement. Je trouve les filles en plein Skype avec Isabelle, depuis Tokyo. Il est très tard pour elle, elle revient d’une soirée. Je fais sa connaissance par écrans interposés, et la remercie de me prêter sa chambre, mais lui indique que je serai repartie au plus vite. Pas de problème pour elle, surtout qu’elle annonce ne rentrer qu’un mois plus tard que prévu. Elle nous dit qu’elle a rencontré un garçon japonais dans une soirée il y a quelques semaines. Il est nettement plus petit qu’elle. Il lui a proposé de lui faire découvrir un peu de Japon en été.



Je les laisse entre elles et commence à réfléchir à quel endroit je voudrais vivre. Pas trop loin du boulot de préférence, et certainement près des filles, que je viendrais voir souvent. Studio pour moi seule ou assez grand pour deux ? Au fait, où Jean habite-t-il ? Je ne sais même pas comment il est logé. Je réalise que c’est la deuxième fois que je pense à lui aujourd’hui dans la perspective d’une vie commune. Il me reste donc trois mois pour trouver une solution.


Sandra propose un ciné, elle a repéré une salle pas loin où on rejoue un Ken Loach à la séance de 22 heures. Olivia et Magali préfèrent une soirée dans leur boîte fétiche, dont le public est assez nettement gay et lesbien. Pourquoi pas, un jour, mais je préfère Ken Loach dont je ne connais qu’un film.

Ce printemps est incroyablement doux, mais tout le monde dit qu’on le paiera en été. Nous nous promenons dans les rues, avant et après le ciné, et nous apprenons à mieux nous connaître, car Sandra est celle du trio que je connais le moins.



Nous rentrons à la coloc, vide, Olivia et Magali devant s’éclater sur le dance floor.

Fin du tome 1 de 1Q84. Heureusement les autres sont sur l’étagère. J’en ai appris un peu plus aujourd’hui sur tout ce petit monde, et l’affaire passée entre Sandra et Jean me gêne. Je me pose des questions au sujet de Jean. On ne peut pas dire qu’il y ait eu coup de foudre. Certes, il est très gentil et attentionné avec moi, mais je ne crois pas qu’il me fera vibrer, ni dans la vie ni au lit. Et j’ai justement envie et besoin de vibrer. Je suis jeune, libérée, autonome. Attendons la flamme quelque temps encore, avant de choisir des pantoufles par dépit. Je me dis aussi que je pense au sexe de plus en plus souvent. L’initiation d’André a été fabuleuse, mais je ne me vois pas lui réclamer une leçon par semaine. Quoique ?


Je suis réveillée le samedi par des éclats de rire dans la cuisine. J’ai soudain une crise d’angoisse car je réalise que c’est aujourd’hui que je vais récupérer mes affaires, et peut-être devoir affronter Matthieu, même en public. Cette idée me coupe le souffle, et j’éclate en sanglots. Olivia frappe à la porte, et me console directement en me disant que cela ne se passera pas comme cela, car son père et elles ont bien préparé les choses. Ses mains de médecin me font un massage apaisant et je suis rapidement en état de me lever. Les filles partagent le petit déjeuner, Sandra au saut du lit, Olivia et Magali revenant de soirée. Ambiance décontractée où les filles racontent leurs aventures nocturnes, avec une drôlerie certaine. Vive les gens qui ne se prennent pas trop au sérieux !


Arrive 17 heures. J’ai rassemblé assez de valises et sacs pour pouvoir emmener mes affaires personnelles, principalement des vêtements et des livres. J’ai décidé de ne rien emmener des affaires que Matthieu et moi avions achetées en commun, je n’ai pas envie qu’elles me le rappellent à chaque occasion.

Les trois filles sont là, même si Magali semble encore avoir une belle gueule de bois. Olivia est pleine d’énergie, mais elle a l’habitude des nuits courtes. Sandra est zen, comme souvent. Arrivent André et un ami, chacun leur voiture, cela devrait être suffisant pour le transport. Jean ne viendra pas.

C’est la première fois que je vois André depuis notre escapade andalouse. Je lui serre la main, car il est encore mon patron. Son contact me donne de la force pour ne pas craquer. J’espère ne pas nous trahir en présence de ses enfants, et je suis donc très attentive.

André nous explique le plan. Coralie reste dans une voiture avec Sandra, le temps que la troupe monte chez elle et s’assure de la présence de Matthieu. S’il est absent, Sandra est prévenue et on emballe. S’il est présent, André emmène Matthieu, et Sandra ne monte qu’au signal SMS. Compris tout le monde ?


La troupe arrive chez Coralie, et André gare sa voiture dans la rue d’à côté, pour éviter le contact visuel. Sandra et Coralie attendent donc les instructions. Malgré tout ce préparatif, Coralie est nerveuse.

André sonne à la porte avant d’entrer, et sans réponse, utilise la clef. Le groupe tombe sur une situation de chaos, canettes, bouteilles, cendrier plein, carton à Pizza. Cela sent le sanglier. Matthieu dort sur le divan, devant la télé allumée.


André réveille Matthieu et lui demande de s’habiller et de le suivre. Il enfile un pantalon et met ses chaussures.



André tient un petit dossier en main, et quitte l’appartement derrière Matthieu. Magali envoie deux minutes après un SMS à Coralie « tu peux venir, M n’est pas là ». Elle découvre ses amis prêts à l’action valises et cartons déjà ouverts. Elle est submergée par l’émotion, et aussi gênée par le chaos de l’appart.



Coralie trie alors ses affaires, principalement des bouquins, mais aussi son ordi. Les filles se chargent des vêtements, produits de beauté. Tout cela ne prendra pas beaucoup de temps et l’ami d’André descend les premiers cartons.


Pendant ce temps, André et Matthieu arrivent à un bistrot, et commandent deux eaux pétillantes.



Matthieu semble hébété par ce qu’il vient d’entendre. André pense qu’il est sous le choc, mais sans doute aussi encore sous l’effet de la drogue ou de l’alcool. Il y a aussi que les espoirs de revoir Coralie, cette fille qu’il aime, disparaissent.



Les deux hommes n’ont plus rien à se dire. Matthieu est au bord des larmes, et André semble parfaitement calme et serein, comme toujours. Au bout de 15 minutes, André reçoit un texto « tout est emballé et chargé, opération terminée »

André se lève et salue Matthieu, en lui rendant ses clefs.



Il se dirige alors vers sa voiture, où il trouve Coralie en pleurs, et Sandra essayant de la consoler.



Coralie est hébétée, au milieu de toutes ces émotions. Qu’aurait-elle fait sans André ? Elle ne peut pas s’empêcher de pleurer encore, la pression se relâche enfin. Elle pleure à chaudes larmes en présence des autres, qui comprennent qu’il n’y a rien à dire.



Nous débarquons les dernières valises et quelques cartons, et débarquons à la coloc où les filles avaient déjà commencé à ranger mes vêtements.



Olivia interrompt Coralie :



Rires généraux…



Aïe ! Coralie appréhende un peu de se trouver en présence de Monique, elle se dit qu’il lui faudra être doublement attentive à ne pas se trahir.

La soirée est joyeuse comme d’habitude, conviviale toujours, sérieuse et intéressante souvent, car il n’y a que des têtes bien faites autour de la table.

Au moment de nous quitter je tends la main à André, qui me dit que ce traitement-là est réservé à la semaine, mais qu’il pense avoir mérité un bisou aujourd’hui…

Sa remarque me fait rire, et je lui donne ses bisous, en respirant son odeur qui m’évoque bien des choses. Je remercie Monique chaleureusement pour ce repas et cette soirée. Elle aussi bien entendu est charmante, même si j’ai cru percevoir quelques soupçons. Aurait-elle deviné ? Elle est psychiatre, et donc sans doute sensible à toutes les vibrations.


La soirée continue un peu entre filles, et nous parlons principalement d’Isabelle. Si sa relation avec son beau japonais continue, elle ira sans doute le rejoindre là-bas, ce qui signifie beaucoup moins de relations avec elle. Tout le monde a en tête le probable éclatement du groupe, mais personne ne l’évoque tout haut, car chacune craint le choc émotionnel. Ce groupe est incroyablement soudé, solidaire, et pourtant tellement bigarré.


Lendemain dimanche, déballage et rangement, traitement de quelques mails secondaires (malgré l’interdiction du boss). Semaine quasi entière au bureau, je vais donc pouvoir accepter la sortie avec Jean. S’il n’y a pas plus de déclic que la première fois, je lui dirai qu’il ne doit pas trop espérer de moi dans l’immédiat. J’essaye de me rendre utile à la coloc, mais je ne vois rien de particulier sauf un fond de vaisselle vite expédié. Le dimanche n’est pas idéal pour les courses dans le quartier. Il fait toujours superbe quoiqu’un peu orageux, et je me délecte de retrouver Aomamé et Tengo dans le tome II de 1Q84.

En enfilant mon bikini (presque plus de traces de coups), je repense à la première soirée passée ici. C’était il y a deux semaines maintenant, mais cela me paraît tellement loin déjà. Je repense à Capucine, qui avait proposé de me guider à Avignon.



Je n’ai pas d’idée de ce que peut être la galère de Capucine, mais elle n’avait pas non plus l’air d’être désespérée. Nous verrons bien.

Nous nous retrouvons au Canal, et commençons par une promenade dans le quartier, que je connais mal. C’est très calme et détendu malgré le grand nombre de personnes venues prendre le soleil.



En fait, je savais très bien pourquoi. J’ai de l’empathie pour Capucine, que je trouve touchante et sympathique, même si elle est en tous points très différente de moi. Et puis il y a un début d’attirance, même si piercings et tatouage ne sont pas trop mon truc. Serais-je en train de virer de bord ? Pourquoi un conditionnel, j’ai déjà goûté à pas mal de choses.

La conversation tombe sur sa passion pour le spectacle, et elle parvient facilement à me convaincre que c’est la seule chose qui lui convienne. Je ne l’ai pas vue jouer, mais c’est déjà une évidence pour moi. Elle me dit aussi qu’elle est seule au monde ou à peu près, sa famille n’ayant jamais accepté ni ses aspirations artistiques, ni surtout ses préférences sexuelles. Elle n’a plus eu contact depuis cinq ans maintenant.



Aucun sous-entendu dans la phrase, et cela me plaît



Capucine est émue, et moi aussi, par contagion. Incroyable ce que j’ai pleuré ces derniers temps…

Nous allons au distributeur et je remets les 400 € à Capucine.



Et me voici donc comme une adolescente en train d’embrasser à pleine bouche une lesbienne. C’est très doux, et son piercing sur la langue procure une sensation particulière. Je ne peux pas m’empêcher de lui caresser les seins, et je sens qu’il y a là d’autres piercings.



Le trajet de retour me donne l’occasion de réfléchir à beaucoup de choses, dont cette attirance nouvelle pour les filles. Il y a un mois je n’étais pas attirée par le corps de femmes, mais cela a fort changé. Je ne pense pas pour autant être une vraie lesbienne, mais je dois avouer tirer de plus en plus de plaisir de ces relations.