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n° 17086Fiche technique14701 caractères14701
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Temps de lecture estimé : 10 mn
24/10/15
corrigé 07/06/21
Résumé:  Depuis une balade nocturne en forêt, Anna est mystérieusement agressée chaque fois que l'obscurité l'entoure. Elle décide de revenir aux sources de ce mal et de s'offrir. Pour tenter de s'en libérer.
Critères:  #fantastique fhh bizarre forêt double attache
Auteur : Christian      Envoi mini-message

Série : Obscur

Chapitre 02 / 03
L'Offrande

L’offrande


Résumé de l’épisode précédent : La malédiction


Depuis une balade nocturne en forêt, Anna est mystérieusement agressée chaque fois que l’obscurité l’entoure. Cette malédiction la contraint à vivre toutes lumières allumées, la peur au ventre. Un vieux curé lui dit un jour que l’invisible se nourrit de nos peurs. Un soir qu’elle se donne à son amant, la lampe de chevet s’éteint un instant et son assaillant fantôme se mêle à leurs jeux. Puis une nuit, dans son jardin, la bienveillance lui fait découvrir la douceur possible de cette malédiction. Elle décide alors de revenir aux sources de ce mal et de s’offrir. Pour tenter de s’en libérer.



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Le voilier entra lentement dans la baie. Le jour baissait lentement et la brise du soir venait de se lever à la surface du lac. Anna lâcha la barre et alla jeter l’ancre.

Il faisait bon. L’eau était tentante. La jeune femme regarda autour d’elle. Personne à l’horizon. Elle jeta ses habits sur le pont et descendit par l’échelle de bain à la poupe du bateau. L’eau fraîche caressa ses jambes, ses hanches, son ventre. Anna respira un grand coup et se laissa couler. Nue au milieu de la baie cachée des hommes, elle se sentait libre. Mêlée aux éléments. Elle tournoya plusieurs fois, prit une grande inspiration et s’enfonça au plus loin qu’elle put. Le sang battait sourdement dans ses oreilles. Sa poitrine lui fit bientôt mal. Elle remonta au plus vite et gonfla ses poumons d’un air salvateur. Elle fit quelques brasses autour de la coque et remonta sur le bateau. Nul besoin de serviette. La brise se chargea de sécher sa peau tandis qu’elle rêvassait allongée sur le pont.


Le soleil commençait à effleurer les crêtes à l’horizon lorsqu’elle se servit un grand verre de vin. La nuit qui s’annonçait serait étrange et l’alcool lui donnerait le courage de ne pas s’enfuir. Revenir aux sources de cette malédiction était le pari ultime. Quelque chose d’indéfinissable l’avait possédée pour la première fois ici. Puis les agressions nocturnes s’étaient répétées. La laissant, à chaque fois, humiliée, griffée, pantelante à l’endroit où l’obscurité l’avait piégée. Vivre en pleine lumière par peur d’être abusée n’était plus une vie. Il lui fallait amadouer cette présence, s’offrir pour s’en débarrasser. L’abbé qu’elle avait consulté l’avait invitée à la bienveillance. À effacer sa peur pour ne plus nourrir l’horreur. Anna s’était répété les mots du vieil homme tant de fois qu’elle les avait faits siens. « L’invisible se nourrit de nos peurs. Plus tu craindras ce qui t’arrive, plus grande sera ta souffrance. Laisse ta peur s’envoler et sois bienveillante. Alors, la violence disparaîtra et la douceur viendra. Et alors, peut-être, seras-tu libérée de cette malédiction. »


La nuit venue, Anna allait donc s’offrir. Pour ne plus souffrir. Pour ne plus que la nuit s’accompagne à nouveau de cette présence, de cette odeur pestilentielle, de ces griffures.

La jeune femme regarda le soleil embraser l’horizon en buvant un dernier verre de vin. Les mots du vieil abbé lui revenaient clairement. « L’invisible se nourrit de nos peurs ». Puis elle descendit dans la cabine, roula la robe blanche qu’elle venait d’acheter et la glissa dans un sac étanche. « Plus tu craindras ce qui t’arrive, plus grande sera ta souffrance ». Soudain, son ventre se serra et une boule douloureuse gonfla dans sa gorge. Les larmes et les sanglots secouèrent son corps pendant de longues minutes. Elle ne voulait pas souffrir. Ne voulait plus souffrir. « Sois bienveillante. Alors, la violence disparaîtra et la douceur viendra ». Anna sécha ses larmes et remonta sur le pont. La douceur du soir glissa sur sa peau nue.


Lentement, son sac à la main, elle se glissa dans l’eau. Il faisait encore assez clair pour qu’elle distinguât la plage et la lisière de la forêt assombrie. Il était temps. Elle se poussa du pied contre la coque et entama sa traversée. Tenant devant elle le sac étanche.

Elle prit bientôt pied sur le sable et s’avança non loin des premiers arbres. Le silence épais l’accueillit, à peine troublé par le clapotis de l’eau que sa nage avait fait naître. Elle n’attendit pas que son corps sèche pour enfiler sa robe blanche. « Une robe de cérémonie ou de sacrifice » se dit-elle. Attendre là que la nuit vienne était bien trop difficile. Ses premiers pas hésitants la guidèrent vers la sente qui marquait l’entrée de la forêt. À partir de là commençait l’obscurité. Une grande inspiration la guida plus en avant.


Tandis qu’elle avançait, piétinant les feuilles et les aiguilles au sol, une douce chaleur s’épancha dans son ventre. Elle porta ses mains à sa poitrine. Les pointes de ses seins s’étaient soudainement durcies. Son corps cherchait à la rassurer. L’obscurité l’entoura bientôt, au milieu de la petite clairière où le hasard venait de la conduire. Les feuilles mortes au sol étaient douces. Anna s’y allongea. Le ciel se teintait d’un bleu noir en l’absence de la lune. Un léger froissement en bordure d’un bosquet vint troubler le silence. La respiration de la jeune femme s’accéléra. Elle ouvrit de grands yeux mais ne put distinguer autre chose qu’une forme avançant vers elle.


La crainte qui monta soudain s’accompagna aussitôt d’une odeur pestilentielle. Anna s’efforça de se calmer et de laisser venir la confiance. Elle se remémora l’instant fugace de douceur qu’elle avait ressenti dans son jardin quand la présence l’avait effleurée sans violence. Elle respira profondément et songea au plaisir. L’odeur nauséabonde s’effaça aussitôt.


Il était là à présent. Invisible dans l’obscurité mais si proche. Deux mains épaisses se posèrent sur son ventre et glissèrent aussitôt vers ses cuisses. Elles saisirent délicatement le tissu diaphane et le remontèrent lentement. Anna se sentait prête. Elle souleva ses fesses pour laisser passer le tissu comme elle l’eût fait pour un amant. Le buste de la présence s’avança.



Aussitôt, la masse sombre qui la recouvrait glissa vers ses jambes. La jeune femme ouvrit lentement ses cuisses. La langue souhaitée ne tarda pas à entamer sa chaude reptation. Glissant entre les fines lèvres, tournant autour de la sombre cavité, entrouvrant l’entrée luisante de plaisir. Le bouton de plaisir qui dardait s’enflamma à l’infini au rythme des assauts dansants qu’il subissait. Les mains d’Anna griffaient la terre. Son corps se cambra sur son lit de feuilles mortes. Les plaintes de la jeune femme emplirent la clairière de sa voix rauque. Soudain, son ventre se crispa. La langue de son amant invisible venait d’entrer en elle plus profond encore. Anna sentit son doux tunnel l’emprisonner tandis que montait en elle une envie irrépressible de s’épandre. L’amant obscur se dégagea brusquement, libérant le flot humide qui jaillit d’entre les lèvres torturées de sa soumise.


Les cuisses trempées, le sexe ouvert, Anna eut soudain l’impression que le sol tanguait sous son corps. Elle n’eut pas le temps de reprendre ses esprits car déjà le buste de son amant vint presser sa poitrine. La masse turgescente glissa en elle fermement et s’installa jusqu’à la garde. Le va-et-vient fut lent et puissant dans un temps qui semblait s’être arrêté. Anna sentait ses chairs se tendre sous la puissante poussée. Cette chair étrangère butait au fond de sa matrice, lui arrachant des gémissements incontrôlés. Les deux larges mains avaient saisi ses hanches et tirait son corps pour mieux la posséder. Anna se laissait aller un cœur de cette étrange nuit. Elle devenait le jouet de ce qu’elle avait subi et qu’elle désirait à présent. Qu’elle appelait de tout son corps.

Elle bascula dans un orgasme violent qui la fit s’épandre à nouveau. Le jet surgit de ses entrailles tandis que se retirait le boutoir qui la possédait. Le silence se fit soudain. Elle crut un instant que son amant obscur l’avait abandonné.



Elle n’eut pour toute réponse qu’un bruissement tout proche. Il était là, à ses côtés. Elle sentait le corps puissant contre son flanc. Elle tendit le bras et toucha la peau chaude et transpirante. Sa main descendit et rencontra le boutoir tendu encore mouillé de ses plaisirs. Alors, elle se souleva, enjamba son amant et s’accroupit sur le pieu épais. Elle le laissa glisser en elle et se cambra sur lui. La silhouette sous elle n’était qu’une masse sombre aux contours flous. La nuit était noire. Le silence profond à peine troublé par les soupirs de la jeune femme. Elle se laissa aller ainsi un long moment. Simplement attentive à tendre ses cuisses pour monter et redescendre lentement le long de la tige gluante. Son ventre ne tarda pas à se crisper à nouveau. La clairière s’emplit de sa plainte aiguë. À bout de force, Anna bascula en avant, perdue entre deux mondes.


Lorsqu’elle reprit un peu ses esprits, le visage posé sur le torse puissant, elle sentit une main en appui sur sa nuque. Pourtant, celles de son amant obscur tenaient toujours ses hanches. La peur la saisit aussitôt.


Soudain, la main sur sa nuque se fit griffue. Une autre se posa sur son épaule sans plus de ménagement. Elle voulut se redresser pour voir son assaillant mais les deux mains étrangères l’en empêchèrent. L’une appuya fermement sur sa nuque. L’autre attrapa le col de sa robe et tira dessus. Le tissu céda aussitôt. Les deux lambeaux s’écartèrent et tombèrent sur ses flancs. Anna cria d’effroi.


Alors les quatre mains se tendirent. Les doigts la blessaient de leurs ongles tandis qu’une masse tendue se posait dans le sillon de ses fesses. « Non ! ». Le cri resta vain. Son nouvel assaillant força aussitôt son entrée. La brûlure des chairs qui se distendent lui arrachèrent des larmes. Elle resta figée ainsi, le corps planté sur ces deux boutoirs. Ses mains tremblaient. Elle respira profondément. Cherchant à calmer la peur qui l’étreignait. Car, Anna le savait, la peur était son ennemie.


Alors, imperceptiblement, la jeune femme releva son buste, prenant appui sur le torse puissant sous elle. Elle le caressa avec lenteur et s’efforça de sourire dans la nuit.



Aussitôt, son amant obscur posa ses mains sur ses seins et en titilla les pointes avec délicatesse. L’autre se retira en douceur, libérant le creux de ses fesses. Il sembla un instant avoir disparu. Mais elle le sentit se déplacer sur son côté. Il vint bientôt se planter face à elle. Anna attrapa le boutoir qu’elle devinait et le guida jusqu’à ses lèvres. La présence debout se laissa enfourner et posa ses mains derrière la tête de la jeune femme pour mieux accompagner le mouvement.


Des ondes de plaisir montaient en vagues de frisson sur la peau d’Anna au rythme des deux va-et-vient. Par instants, les deux pieux butaient au fond de leurs cavités respectives puis se retiraient en douceur avant de revenir plus raisonnablement.

Le premier qui s’épancha fut son amant obscur. En longs jets chauds débordant de son antre, s’écoulant sous elle. L’autre semblait vouloir faire durer son plaisir. Il tarda et Anna dut patienter avant de sentir la masse de chair gonfler sur sa langue. La semence gicla au fond de sa gorge puis emplit sa bouche. Elle avala ce qu’elle put. Le reste coula sur son menton et souilla sa poitrine. Épuisée, Anna tomba sur le côté.


La fraîcheur du matin la sortit de son profond sommeil. Elle était toujours au beau milieu de la clairière. La robe blanche déchirée étalée sur elle. Elle se releva et se frotta les yeux.

Ce fut à l’instant de partir, nue, sa robe à la main, qu’elle aperçut une touche de couleur posé sur une de pierre. Elle s’approcha. Un myosotis. Anna le prit du bout des doigts et le porta à son visage.





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Je n’en croyais pas mes oreilles. Anna me suppliait du regard. Le jeu de cette malédiction prenait une tournure qui ne me convenait guère.


Nous venions tout juste de nous attabler au fond de la salle de restaurant lorsqu’elle me prit la main et me fit sa demande. Retourner avec elle dans la forêt avant que la nuit tombe. L’attacher, offerte, écartelée entre deux arbres et la laisser là en offrande à ses démons. Laisser l’obscurité l’envelopper.




Le voilier s’avançait lentement au fond de la petite baie. Il fait un peu frais. Le cercle du soleil n’a pas encore touché la cime des arbres sur les crêtes. Anna m’a demandé d’aller jeter l’ancre à la proue du bateau. Je m’exécute sans enthousiasme. Elle, à la barre, est sereine. Déterminée. J’ai encore sur les lèvres le goût de sa peau et la souplesse de la pointe de ses seins. Nous avons fait halte au milieu du lac et affalé les voiles. Le bateau tanguait sous la brise tandis qu’elle s’offrait à moi. J’avais couvert ses cuisses de baisers avant de glisser mes doigts en elle. Elle laissa le plaisir monter en elle et finit par jaillir sur ma main. Les draps étaient trempés de son plaisir lorsqu’enfin je la pénétrai. Nos ébats durèrent longtemps car leur fin signifierait son départ pour cette offrande folle. Que moi je trouvais folle. Qu’elle appelait, elle, de son corps.



Elle me surprit en glissant ces mots à mon oreille, les bras entourant ma taille.


Elle avait échafaudé chacun des instants de son offrande. Une offrande. C’est ainsi qu’elle nommait ce qu’elle se préparait à faire. Comme elle le souhaitait, nous nous sommes déshabillés et glissés dans la fraîcheur du lac. Elle tenait son petit sac étanche devant elle et glissait avec grâce à la surface de l’eau. Nos pieds foulèrent bientôt le sable. Anna me prit aussitôt la main et m’entraîna vers le sentier qu’elle venait de m’indiquer d’un doigt levé. « C’est par là. Ils sont là-bas ». Elle n’attendit pas ma réponse et me tira à sa suite. Nos corps nus se frayèrent un chemin entre les branches. Les derniers rayons du soleil nous éclairèrent un instant encore puis disparurent. Anna s’immobilisa au centre de la clairière qu’elle m’avait décrite. Elle se pencha et ouvrit son sac. Je pris les liens qu’elle me tendit, souriante.


Quelques instants plus tard, je me retournai une dernière fois. Avant de m’éloigner. Les bras en croix tendus vers les deux arbres qui l’encadraient, ses pieds nus mêlés aux feuilles mortes, elle m’adressa son plus joli sourire. L’aréole de ses seins pointait sous l’étoffe fine de sa robe blanche. « Reviens au petit jour et je serai à toi », m’avait-elle simplement chuchoté tandis que je serrais ses liens. La nuit était à elle.



À suivre