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Temps de lecture estimé : 29 mn
02/05/16
Résumé:  Soirée trio en perspective avec les parents de Manon. Tout se passerait bien, si Manon n'était pas là.
Critères:  ffh campagne exhib fellation init confession humour
Auteur : Lokz            Envoi mini-message

Série : Résonance primitive

Chapitre 03
Résonance primitive - 3

Précédemment : « Résonance primitive 1 » et « Résonance primitive 2 »

Séché par Alexandre et chauffé à blanc par Manon « l’intouchable », Joey rend visite à son exutoire : Laure, afin de traiter ses frustrations matinales.



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Ce week-end, c’est soirée trio. Enfin presque ! Ce n’est pas vraiment une partie à trois comme je les aime habituellement, où le centre tourne, et où les rôles se redistribuent au gré des désirs. Là, tout est fixe, les rôles donnés, et le scénario figé dans le genre. Une contrainte, un contrat censé éviter les risques. Pourquoi pas ?


C’est un plan candauliste avec les parents de Manon. Un truc où le mari aime voir sa femme se faire prendre, parfois sans ménagement, et devenir salope un peu plus à chaque fois. C’est fort résumé, dit comme ça, mais comme dans tout, il y a des nuances.

Aline et Damien s’aiment depuis plus de vingt ans déjà, et semblent amoureux de la veille. C’est rare, tellement rare. Leur secret ? Aucun, je crois. Je pense qu’il y a des trajectoires qui se croisent un jour, et qui deviennent une, comme un fruit du hasard, là où d’autres ne font que se côtoyer pendant un temps, ou se briser.


Pour Damien, sa femme est la plus belle, et il l’aime à s’en vanter, à le prouver. « Et elle est encore plus belle quand elle fait l’amour ! Tu ne me crois pas ? Tiens, regarde ! » C’est comme ça qu’il m’a montré les premières photos de leurs coquineries. Soft dans un premier temps. Puis explicite, de plus en plus. Jusqu’au jour où ce n’était plus Damien entre les cuisses d’Aline, mais un inconnu sans tête, et avec une grosse queue.

C’est vrai qu’elle est belle Aline, dans l’horizontale. Cet aperçu offert gracieusement par le mari eut tôt fait de me mettre l’eau à la bouche. Et je ne parle pas des vidéos qui ont suivi, où en plus de la voir prendre du plaisir, je pouvais aussi l’entendre. Quelle musique ! Comment résister ? Pourquoi résister ?


Ils habitent une maison en ville, dans une rue à deux pas de chez moi. Pas très grande, mais confortable, avec un petit coin de verdure juste derrière, cerné de béton. Toutes les maisons de la rue sont collées les unes aux autres, et construites sur le même modèle. Seuls les jardins, tous dans le même alignement, sont différents de par leur composition, et donnent la seule touche dissonante d’humanité dans cet univers rectiligne.


Comme je viens à pied, je me suis fumé un petit stick avant de partir, et je me sens délicieusement léger. La rue me semble paisible, et la lumière des lampadaires moins froide. Il faut dire que les façades ne dépassent pas deux étages ici, et que le ciel semble plus disponible. Même l’odeur m’est agréable ce soir. Une odeur d’hiver. Un air froid et sec, chargé de parfums d’âtres, nombreux dans cette rue. Mon adolescence remonte, et le souvenir de ma campagne aussi. La corvée de bois, toujours grincheuse. Les foyers allumés en permanence. Penser à charger un gros morceau avant de monter se coucher. Sentir la chaleur vive à chaque alimentation. L’odeur de la cendre, l’odeur du feu. Cette banale routine d’époque me réchauffe le cœur d’une douce nostalgie.

Je sonne, les yeux sur mes chaussures et un sourire idiot sur les lèvres. Quand la porte s’ouvre, surprise : Manon ! Je n’ai pas le temps de lui dire : « Qu’est-ce que tu fous là », qu’elle me colle deux doigts mouillés sur les lèvres.



Quelle chipie ! Je lutte contre l’envie de me sucer les lèvres, d’avoir son goût en bouche, et tranquillement, les essuie de mon éminence thénar.



La chaleur de leur foyer est accueillante, chargée de vanille et d’encens. Dans un couloir plutôt large en guise d’entrée, quelques chaussures traînent à côté de leur meuble, sur lequel sont posés des gants et un bonnet. Quelques cadres au mur, des clés. Au bout de ce couloir, un escalier en bois qui mène vers les chambres, et à droite, l’entrée d’une très longue pièce divisée en trois. De droite à gauche : salon, salle à manger et cuisine américaine. La salle à manger se résume à une table longue cernée de chaises et sur laquelle trône une corbeille de fruits presque vide. La cuisine me fait kiffer. Pratique et peu encombrée, avec des plans de travail en veux-tu en voilà, et des tabourets de bar devant un comptoir, qui marque la frontière. Aline et Damien s’affairent dedans.


Le salon est le centre névralgique avec sa table basse, carrée, posée sur un tapis clair et moelleux. Sur deux côtés, une banquette d’angle convertible et confortable, faite pour la baise, c’est évident. En face, contre le mur du couloir, une télé, qui a dû coûter cher vu son format, trône, entourée du son qui va avec. Les films de cul prennent une autre dimension à cette taille, d’où notre attachement à la HD. Et puis quelques plantes de tailles différentes, d’ici de là, cassent un peu le minimalisme de leur intérieur.

Sur la table basse, quelques bougies, source de l’odeur vanille, accompagnent l’alcool et les verres déjà en place, au milieu d’amuse-gueule servis dans différents petits plats. Ça sent l’apéro dînatoire, il y a de la verdure.



Elle me plante et monte en courant dans sa chambre. Elle est en jogging et chaussette, vraiment pas une tenue de soirée entre filles, enfin, je crois. Je rejoins Aline et Damien, l’un occupé à découper des carottes en bâtonnets pendant que l’autre prépare une sauce blanche. Une poignée de main à Damien et un « Comment va ? », et deux bises pour Aline la muette. Enfin, pas une vraie muette, une économe des mots plutôt. Je me débarrasse de mon blouson et des accessoires d’hiver, et demande le plus désintéressé possible :



Aline sourit comme si elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle est heureuse, ses yeux pétillent. Timide, elle évite mon regard et pique un fard. Elle devait être aussi belle que Manon lorsqu’elle était jeune. Plus petite, ses lignes sont moins fines, et son corps plus large. Ses cheveux longs, châtain, sont maintenus en arrière, par une pince à cheveux ouvragée. Sous son tablier de cuisine, une laine légère qui descend jusqu’à ses fesses. En dessous, je devine sa longue robe qui s’ouvre par-devant. Et puis, sans doute des bas pour compléter, et une culotte. La culotte ? Pas besoin de rayon x pour en être sûr qu’elle est là. Aline aime se faire déculotter, surtout par un amant, devant les yeux de son mari. Elle ne paye pas de mine au premier coup d’œil. Tellement gentille, tellement timide, tellement discrète. Mais tout à l’heure, lorsque nous serons suspendus dans la nuit, elle sera à son affaire avec nos queues pour elle toute seule. Et la discrète ne sera plus tellement timide, ni même gentille.



Damien surprend ma pensée.



Lui aussi est heureux. Heureux que sa femme soit heureuse, et je me sens moi-même heureux de contribuer à leur bonheur du soir. Tout le monde y trouve son compte. Physiquement, Damien c’est moi en un peu plus jeune, un peu plus large, un peu plus beau et un peu moins dégarni. Sexuellement, nous ne nous touchons pas tous les deux. Mais je le soupçonne de vouloir sucer ma queue lorsqu’elle sort de la chatte de sa femme. J’ai déjà senti sa langue glisser sur ma tige pendant qu’Aline s’empalait sur moi, assise, le dos contre mon torse. Dans ces moments-là, Damien aime cadrer serré sur sa chatte investie. Les plans en deviennent presque abstraits, fascinants. Et puis il fond, bouche ouverte comme un mort de soif, sur ce spectacle luisant et se régale, à grands coups de langue. D’où certains dérapages accidentels, d’après ses dires. J’y crois à moitié. Me faire sucer par un mec ne serait pas une première, mais je ne l’encourage ni ne le décourage pour l’instant. Son sens de l’humour me rebute encore trop.



L’hésitation du menteur. De toute façon, Aline le balance en pouffant.



Oups ! J’agace. Damien me regarde en fronçant les sourcils, l’air de dire « Pitié, pas ce soir », pendant qu’Aline s’est arrêtée de trancher ses carottes, perplexe.



Pendant qu’il se dirige au salon pour préparer mon verre, je me glisse derrière Aline, et me serre contre elle. Je lui respire la nuque pendant que mes mains remontent sur ses seins. Elle se cambre, m’ouvre son cou, et décolle les bras de son corps, le couteau toujours dans sa main, offrant le spectacle à son mari, qui revient vers nous, rassuré de la tournure. Elle me plaît, Aline. Docile, mais à son plaisir seulement. Elle ne force rien. Tout ce qu’elle donne, elle le donne de toute sa personne. Je me suis souvent demandé lequel des deux, d’Aline ou de Damien, avait entraîné l’autre. Damien « le pousse au vice », ou Aline « la combustion spontanée » ? Je m’amuse à chercher encore.

Caresser Aline, c’est comme créer une vague, troubler une surface. Elle se love, se frotte à l’espace. Elle donne envie d’apesanteur et de rendez-vous orbital.


Un roulement de tambour dévale les escaliers et Manon surgit tout sourire, pas dupe du tout de ce qui se trame dans la cuisine. Elle s’est changée. Le jogging a laissé sa place à un jean clair, surmonté d’un pull seyant, mais toujours pas de blouson. Elle passe derrière le comptoir, ouvre le frigo, et sort un petit plat rempli de gros bâtonnets de concombre, pioche dedans, puis le tend vers nous.



Elle ne dissimule même pas la malice qui semble déborder de ses yeux et de son sourire lorsqu’elle me le présente, et j’ai l’étrange sensation qu’elle est en train de nous griller devant ses parents. Putain ! Elle fait de moi un adolescent.


Le concombre, le substitut vert, l’ami écolo des femmes esseulées et gourmandes. Manon et moi avons la théorie que toutes les femmes y ont goûté. Obligé. La plupart jurent que non, offusquées et rougissantes. Pourtant ; moins compliqué qu’une commande internet ; moins honteux que de passer la porte d’un sex-shop ; et tellement facile à planquer. Le bac à légumes suffit. Sans parler des modifications génétiques qui le rendent plus long, plus lisse, plus souple, et de plus longue conservation.


Je me souviens d’un homme, un jour, au rayon légumes, en train d’agiter un concombre dans chaque main en direction de sa femme, au rayon fruits. Et de lui demander, à voix plutôt haute, et avec un grand sourire coquin : « On en prend deux ? ». Sa femme ne savait plus où se mettre. Ah oui ! Nous avons à peu près les mêmes théories à propos des aubergines, des courgettes, des carottes, des bananes et même des radis noirs. Manon rajoute les radis roses aussi, pour une touche de raffinement dit-elle.



Son ton dévoile trop.



Si Damien semblait n’avoir rien remarqué, Aline, elle, venait de surprendre quelque chose. Et puis merde, je n’ai rien à me reprocher ! Je pioche dans le plat.



Quelle erreur ! Manon laisse échapper un rire vite étouffé, qui le rend encore plus suspect. Me voilà embarrassé. Le shit ralenti ma pensée et je passe trop de temps à me demander si je dois accompagner son rire ou rester inerte.



Diversion au pied levé, j’aime mon cerveau.



Le problème, c’est qu’Aline regarde sa fille sans un mot, avec une expression que je ne lui connais pas. Elle semble la sonder, calmement, froidement, et Manon le sent. Elle est presque redevenue une petite fille. Puis Aline se tourne vers moi, toujours silencieuse, et me sonde à mon tour. Je ne me dérobe pas et la laisse faire, tranquillement. L’échange de regards est court en fait, mais tout est dit. Elle me demande, sans un mot, si je couche avec sa fille, et sans un mot je lui réponds que non. Me croit-elle ?



Heureusement que Damien bloque un peu. D’ailleurs, je m’étonne qu’un obsédé comme lui ne percute pas sur une allusion aussi évidente. Peut-être un système de censure automatique qui se met en route en présence de sa fille ?



Quelque chose me gêne dans cette ignorance forcée. Je suis à deux doigts d’ouvrir ma grande gueule quand Aline nous suggère de passer au salon. Changement de pièce, changement d’atmosphère, et changement de conversation à l’initiative de Damien.



Merde ! Pas mon sujet préféré. Autant, quand j’en ai, j’aime en parler, autant quand je n’en ai pas, le fait d’en parler me rappelle seulement le fait que je n’en ai pas, alors…



Une phrase que je récite telle quelle, à mes proches, « avides » de mes nouvelles. Je n’en peux plus de la dire. Le pire, c’est le « ah !? » inquiet qu’ils font tous, ponctuant la fin de ma phrase.



Celle-là aussi je la sors telle quelle. Ce qu’il y a de bien, a posteriori bien sûr, avec les attentats, c’est qu’ils empêchent mes interlocuteurs de compter le nombre de mois qui nous sépare du 13 novembre parce qu’ils bloquent sur l’événement, et du coup, m’oublient un peu.



C’était sans compter Manon, évidemment.



C’est Aline qui pose la question. C’est tellement rare de l’entendre s’exprimer sur un sujet d’actualité, que nous sommes tous surpris, et restons quelques secondes, silencieux, tous en cœur. Du coup, je regrette d’avoir évoqué les attentats comme contre-mesure. Aborder ce sujet n’est jamais une sinécure, tellement l’intelligence semble volatile sous l’effet d’émotions disproportionnées et souvent suspectes. Le sang coule chez nous, et tout le monde s’étonne, ne comprend pas, ou peu. Je vois les gens se comporter comme des enfants, et afficher des images, comme pour conjurer le sort, et croire qu’une autre réalité est possible en priant. Autant dire que c’est pas gagné. Et puis, « Nous sommes en guerre » scande notre Premier ministre. Quelle clairvoyance ! La question est plutôt : quand ne l’avons-nous pas été ?


Généralement, dans ce genre de débat, je préfère fermer ma gueule pour ne pas envenimer les choses. Ça plombe l’ambiance et ne va jamais très loin. Les méchants sont vraiment méchants, et les gentils, forcément innocents. Et puis la religion sur le tapis, le Moyen-âge, la barbarie des autres. Les autres ! On a du mal à comprendre que ce ne sont pas les autres qui nous frappent. La fascination de la mort, comme ils disent, n’est pas un produit d’importation. Notre histoire avec un grand H, devrait nous le rappeler.


Généralement, c’est là que j’ouvre ma gueule, et que je rappelle qu’ils ont beau se fantasmer Arabes et musulmans jusqu’aux dents, ils sont, malgré tout, une pure production de notre terroir socio-machin-chose. Sûr que ça plaît pas à tout le monde, mais c’est ça la question la plus importante il me semble : qu’est-ce qui, dans notre façon de vivre, a pu générer une telle folie ?

Faut que je me calme. Je ne suis pas là pour une soirée politique, et mes hôtes non plus. Pendant que j’errai dans mon cerveau porté par le THC, la vie sociale s’est poursuivie dans le salon.



C’est comme un coup de défibrillateur de la part de Damien, et j’ai une sale chanson dans la tête. Il reste suspendu, ainsi qu’Aline, en attente de ma réponse, et j’entends presque Manon retenir son souffle. Si j’ai entendu les mots de sa phrase, le sens est à la traîne.



La mer ? Pas vue depuis vingt ans au moins. Quelle drôle d’idée ils ont.



Vraiment une drôle d’idée. Mon premier réflexe est de refuser sans même comprendre le pourquoi d’une telle réticence de ma part. Je n’aime pas cette idée, viscéralement, je la trouve déplacée, incongrue et dangereuse. Je leur réponds « On verra », mais c’est tout vu. Je n’ai pas envie d’être le témoin de leur quotidien, même sous le soleil et au bord de la mer. Pour moi, connaître les gens, c’est m’affecter de leurs défaillances et mesurer mon impuissance à leur venir en aide. C’est con ? Merci, je suis bien placé pour le savoir.



Damien est plus perspicace que je ne le pensais. Normal pour un voyeur. Aline ne dit rien, mais je perçois de la déception, et ce malgré son sourire, devant mon manque d’enthousiasme. J’esquive.



Elle ne s’attendait pas à autre chose de ma part.



Enfin l’heure ! Je pensais que Manon bougerait par ses propres moyens, mais il n’en est rien. Damien nous dit qu’il en aura pour vingt minutes aller-retour. Environ. Je ne rêve pas, c’est bien un clin d’œil grossier qui ponctue sa phrase ? Je regarde Aline pour détecter un signe de complicité. Elle sourit, mais j’ai un doute.



Damien cache mal son empressement.



Sacré Damien. Il m’arrache un sourire. S’il arrive à me faire rire franchement, je veux bien qu’il me suce. Manon ne lui répond même pas. Elle passe devant moi, entre la table et le canapé, m’obligeant à ranger mes jambes pour libérer le passage. Puis, ses jambes toujours emmêlées aux miennes, elle se penche vers sa mère pour lui faire la bise. Son sac passé sur une seule épaule, glisse et me tombe pile-poil sur les couilles. Plus de peur que de mal, le sac est léger. Il doit contenir son pyjama, pour sa partie entre filles, et son gode-ceinture, pour approfondir ses amitiés.



Je pourrais la griller, là, maintenant. Je pourrais faire le beauf, et m’exclamer que son sac est rudement lourd, lourd comme s’il y avait une brique dedans. Papa, suspicieux, soupçonnerait une bouteille d’alcool passé en douce, contre avis parental. Il exigerait l’ouverture du sac, et tomberait effaré, sur le gode-ceinture rose glace à la fraise, et sans doute quelques petits accessoires annexes. C’est avec cette idée un peu tordue, mais bien tentante que je lui souris. Elle est maligne Manon, c’est comme si elle suivait le film de ma pensée. Un peu crâneuse et un peu défiante, elle se penche vers moi pour me faire la bise à mon tour. Joue gauche pour la première, du côté de sa mère, puis son nez frôle le mien pour le passage à l’autre joue. Son regard situe son père dans la salle à manger, s’assurant sans doute qu’il nous tourne le dos dans sa recherche, et au moment de la deuxième, feignant le déséquilibre, je sens sa bouche aspirer le lobe de mon oreille, bien baveuse. Elle se redresse, me cogne les genoux sans ménagement pour se sortir de là et nous lance en secouant sa main :



Puis sort de la pièce, suivie de son père qui tient à nous préciser de ne pas l’attendre.

On avait compris. Mais au moment où claque la porte, je me dis que les choses risquent d’être compliquées.



Je peux pas dire que je suis surpris, mais là c’est plutôt frontal. Surtout pour une muette.



C’est étrange, je n’arrive pas à savoir si c’est de l’inquiétude de mère qui domine son émotion, ou une jalousie de femme. Ses yeux marron et ses pupilles dilatées par la faible luminosité de la pièce lui donnent un regard noir quelque peu flippant.



Celle-là, elle est dure. Je ne veux pas lui mentir. Lui dire non, c’est faire une promesse que je ne pourrais peut-être pas tenir. Mais peut-elle entendre ça ? Alors :



C’est quand même la vérité, pour le moment.



Aïe, aïe, aïe, c’est sur le fil. C’est con, mais ça m’excite, et c’est tant mieux, ça booste mon cerveau.



Effectivement, elle l’est.



Je surjoue légèrement l’énervement, histoire de clore le sujet. Et ça marche. Aline est redevenue muette. Cette soirée me semble soudainement mal engagée, et je maudis Manon d’avoir réussi son coup. Alors, sur une inspiration :



Aline me regarde quelques secondes suspendues, et éclate de rire. Je la tiens.



Elle ne rit plus, mais le sourire reste sur ses lèvres entrouvertes. Dans son regard, je vois qu’elle se souvient. « Raconte ! », lui dis-je en murmurant et en me rapprochant d’elle.



J’avais l’incrédulité joyeuse, limite moqueuse, à l’énoncé de ce titre qui ressemblait plus à une vieille blague, qu’à un vieux souvenir.



J’ai le flair pour les histoires croustillantes, et celle-ci sentait bon la ruralité.



Enfin bref. C’est avec ma cousine que j’ai découvert le sexe, mais ça, tu t’en doutes. Tu me montres la tienne et je te montre la mienne. Premières caresses, puis premières masturbations, chacune de son côté, puis mutuelle. Premières léchouilles aussi, et premières jouissances. Marie aimait beaucoup explorer mon corps, et j’aimais ça. Nous avions fait le tour de notre sexe, mais celui des garçons nous restait encore inaccessible.



La punition me convient. J’obtempère docilement, et m’installe confortablement entre ses cuisses agrémentées d’une paire de bas noirs et du porte-jarretelles qui va avec. La culotte est en dentelle, transparente, délicieuse. Je respire son entrejambe encore emballé et perçois l’odeur de son sexe mêlé à celle, artificielle, du textile. Puis, enivré, je déballe doucement, et découvre sa chatte, qui n’a jamais connu l’épilation. L’épilation, c’est l’erreur fatale de la femme. Ça, et la volonté d’être légale de l’homme. Quelle idée de vouloir se rabaisser ?

Alors que je m’apprête à lui ôter complètement sa culotte, elle m’arrête et replie ses jambes en écartant ses cuisses.



Elle me laisse faire ensuite, en passant ses bras au-dessus de sa tête. Je ne le vois pas encore, mais je sais qu’elle est déjà mouillée, et lorsqu’elle sent le contact de mes doigts écartant délicatement ses lèvres, elle bascule sa tête en arrière, les yeux clos, dans l’attente de mon souffle, de ma bouche, et de ma langue. Elle soupire au contact.



D’une main, elle appuie doucement sur ma tête pour me remettre à l’ouvrage.



Il nous regardait avec un air un peu idiot, s’attendant sans doute à une mauvaise plaisanterie. Puis, après une demi-minute, il nous fit signe de le rejoindre et se dirigea vers la cabane. Il sortit une bouteille d’eau qu’il gardait au frais dans le tonneau, et nous la tendit.



Marie, qui s’y connaissait en patate, le lança sur le sujet.



Elle était maligne ma cousine. En un rien de temps, elle l’avait décontracté. Puis elle passa au vif du sujet, en l’appelant par son prénom.



Direct ! Comme ça ! Moi-même j’étais soufflé. J’en ai rougi, et lui aussi.



Roger se concentra sur les multiples problèmes qui venaient de faire irruption dans son esprit. Jamais aucune femme ne lui avait demandé une chose pareille. De plus, nous n’étions encore que des gamines. Et puis, pouvait-il nous faire confiance, même sous serment ? Qu’arriverait-il si ça se savait ? Et surtout, sur quelle tête jurer ?



Marie regarda en direction de la cabane.



Un vrai four, la cabane, je l’ai déjà dit. Même avec la porte et la petite fenêtre ouvertes. De plus, le plafond n’étant pas haut, on sentait la chaleur émaner des tôles ondulées. L’endroit n’était pas très propre évidemment. Le sol dur n’était que terre tassée très sèche. Il y avait pas mal d’outils, bêche, croc, binette, râteau. Une faux rouillée qui n’avait pas servi depuis l’invention du moteur à explosion. Une charrue de motoculteur, une brouette, un pulvérisateur, plusieurs arrosoirs en plastique et en alu. De quoi faire le bonheur sur un vide-grenier de nos jours. Il y avait même une petite table et deux chaises dépareillées.

La chaleur nous empêchait de fermer la porte, ce qui rendait la situation à la fois tendue et rassurante. Nous nous tenions côte à côte face à lui, sans rien dire, attendant qu’il s’exécute. Il s’avança un peu plus vers le fonds de la cabane et commença à défaire sa ceinture. Je me souviens du cliquetis. Puis il défit ses boutons et son pantalon tomba sur ses chevilles, d’un coup. Il portait un slip kangourou blanc, propre, étonnamment propre, et volumineux niveau paquet. Il le fit glisser jusqu’à ses genoux, et quand il se releva, nous vîmes notre première bite en vrai, ainsi que ses couilles qui pendaient, presque à se décrocher tellement elles semblaient lourdes.



Moins fort.



Marie ne se fit pas prier. De sa main libre, elle descendit son short et sa culotte en une fois. Puis, elle écarta de deux doigts sa chatte pour lui montrer son intimité.



Pas question de poser mon cul sur cette table dégueulasse. J’ôtais mon short et ma culotte qui m’entravaient, puis à l’aide d’une des chaises, je grimpai le plus proprement possible sur la table. Je cherchai le meilleur appui à la fois sur mes jambes, plantées devant et ouvertes, et sur mes mains en appui sous mon dos et légèrement derrière moi, tout en évitant le contact entre mes fesses et la table. Roger avait ses yeux scotchés sur ma fente et sa respiration était encore plus forte.



Puis soudain :



Pour toute réponse, un râle puissant, effrayant, comme un nageur resté trop longtemps sous l’eau et qui retrouve de l’air. Et le sperme, qui gicle loin, plusieurs fois, accompagné de spasmes qui secouent tout son corps. Marie ouvre les yeux en grand, fascinée par ce liquide qui coule épais sur sa main. Elle le branle encore un peu, puis porte ses doigts à son nez et les renifle en faisant la grimace.


Interlude SMS. Damien sans doute. Aline attrape son portable et sourit à la lecture.



Puis elle me cadre et me dit ; Cheeeesse !


Sans me décoller de sa chatte, je dis cheeesse à mon tour, en ajoutant un clin d’œil et le signe OK de ma main droite. Elle tapote, puis repose son téléphone.



C’était sa façon de clore son histoire ? J’étais pas contre.



Elle me fait mettre debout face à elle, et je n’ai rien d’autre à faire que de subir. Elle baisse mon pantalon et mon boxer à mi-cuisse, regarde ma queue déjà au garde-à-vous, contente d’elle, et remonte sa bouche en un contact léger et électrique, le long de ma verge, comme pour s’en imprégner.



J’avais la preuve sous les yeux. Elle me respirait autant qu’elle me goûtait. Elle était déjà en transe légère et me suçait en toute volupté, révélant en moi une grande gratitude et de la tendresse à son égard. Il y avait quelque chose d’émouvant dans ses pipes, quelque chose toujours à deux doigts de me faire pleurer.


Deuxième interlude SMS. Aline sans sortir ma queue de sa bouche, attrape son téléphone et me le tend. « Serai là dans 5 minutes, bande de coquins ;) » À mon tour de cadrer. Aline prend la pose, fait la moue autour de mon gland, et joue la dépravée pour son homme. Je double la prise et elle sort sa langue, gourmande. J’envoie.



Dire qu’Aline aimait la bite, c’était ne pas vraiment la comprendre. Évidemment qu’elle en aimait le goût, l’odeur, la chaleur. Mais son appétit n’était pas vorace, comme celui de Laure. Elle se délectait du plaisir qu’elle procurait, du pouvoir entre ses lèvres, du pouvoir de son image, de son jeu.

Sa bouche presque enfantine se joue de ma queue avec une efficacité plus troublante que d’habitude. Je vois Manon dans leurs ressemblances, c’est la première fois. Les yeux, elles ont les mêmes yeux, la même étincelle. Je veux me dégager, ne pas permettre cette ambiguïté, mais mon corps n’en a rien à foutre. Au contraire, tel un pousse-au-vice, mon bassin s’avance à chaque rencontre, et Aline m’avale toujours plus profond. Elle me tient.


Au moment de jouir, j’ai l’image de Dudule lâchant son sperme dans la main de sa cousine. Fugace, mais puissante. Comme lui, je sors de mon apnée dans un grand râle. Mes jambes flageolent et cèdent sous mon poids. Je m’effondre lentement dans le canapé, toujours en bouche. Aline ne me lâche pas, et suit le mouvement en gémissant de plaisir. Je ferme les yeux et souris après chaque spasme qui me secoue. Puis, la plénitude, la légèreté. Aline me lâche enfin et me sourit contente d’elle. Aucune trace de mon sperme, elle a tout avalé.



Je reste sans voix. Que répondre à ça ? Et puis, il y a ses yeux, comme une caresse qui me pénètre profondément. Je sens alors un danger dangereusement tentant envahir mon âme. L’envie puissante de l’embrasser hors contrat.