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Temps de lecture estimé : 10 mn
28/05/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  Carter se réveille en plein moyen-âge, envoyé par Ilsa dans un univers divergent.
Critères:  nonéro délire aventure fantastiqu
Auteur : Brodsky      Envoi mini-message

Série : Ilsa for ever

Chapitre 02
Ilsa, la chienne de l'Inquisition - 1ère partie

Résumé de l’épisode précédent :


« L’interview maudite »

À la recherche d’un scoop, un journaliste rencontre Dyanne Thorne, une star de séries Z des années 70. Mais l’interview dégénère lorsqu’un clone de l’actrice fait son apparition pour expliquer que son but consiste à dominer le monde (et même ceux qui existent dans des univers parallèles). Ses deux gorilles fixent au cou du journaliste un étrange collier capable de l’envoyer dans ces mondes divergents…


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Je me réveillai sur ce qu’on appelait une route, à cette époque. Il faisait froid, il faisait nuit, et une lune superbe éclairait la campagne. Mes vêtements étaient en lambeaux, et je ressemblais désormais plus à un vagabond qu’à un journaliste d’investigation. Où étais-je donc, et en quelle saison ? Je massai mes muscles endoloris par le voyage entre les univers divergents et ma chute sur le sol, puis j’entrepris de marcher afin de ne pas mourir de froid.


Où aller ? Je marchais droit devant moi, espérant rencontrer quelqu’un ou un indice qui me permettrait de me situer. Cette histoire était proprement incroyable, et si je n’avais pas eu autour du cou le collier électronique qu’on m’avait passé avant de m’expédier Dieu sait où, j’aurais pu croire à un cauchemar. Hélas non, tout cela était bel et bien réel… Délirant, mais réel. Et je souris malgré moi à l’idée qu’on m’aurait sans doute pris pour un barje si j’étais allé voir un producteur de cinéma avec un tel scénario en poche.


Après plusieurs heures de marche, j’arrivai, épuisé, à l’entrée d’un petit village. Les rues étaient désertes, et aucun panneau indicateur pour guider les voyageurs. J’errai un long moment dans les rues sales et malodorantes, jusqu’à trouver l’entrée de ce qui semblait être un débit de boissons, du moins d’après ce qui était écrit sur la porte : Taverne des Deux Filous. Je poussai la porte qui s’ouvrit, et je compris alors qu’à défaut de savoir « où » j’étais, du moins je savais « quand » ; je fus pris de tremblements et de vertiges, et je finis par perdre connaissance et m’effondrer sur le sol.


Lorsque je repris connaissance, ce fut pour voir un visage peu amène posé sur moi. Un gros homme au visage porcin et à la bouche pleine de trous se mit alors à me questionner.



L’air de rien, il m’en avait beaucoup appris. Des Dominicains, l’Inquisition, des routes en terre… Il semblait qu’on soit en plein moyen-âge. Quelque part en France, dans un petit village nommé Saint-Jean. C’était peu, mais c’était quand même un bon début.



Il détourna le regard et commença à se tortiller les mains. De toute évidence, il cherchait à me cacher quelque chose.



J’aurais pu me dire qu’après tout, toutes ces histoires d’hérésies ne me regardaient pas. Chacun pouvait bien prier qui il voulait, après tout ; cela n’était pas mon problème et ne l’avait jamais été. Mais je me souvins que je n’étais pas dans MON moyen-âge, mais dans celui d’une autre dimension. Et que la nature des hérésies pouvait être très différente de celles sur lesquelles j’avais pu me documenter.



Les rebelles… On y arrivait ! Ilsa m’avait dit combien elle détestait les rebellions. Et si elle m’avait envoyé ici, c’était pour que je voie comment elle s’y prenait pour les anéantir, pour bien me persuader que « quel que soit le lieu, quelle que soit l’époque, toute résistance était inutile » ; c’étaient ses propres mots. Mais je comprenais mal cependant en quoi prier autrement que de la façon dont l’exigeait la Sainte Église Catholique pouvait lui nuire en quoi que ce soit.



En apparence, l’église de Saint-Jean n’avait rien de vraiment particulier. Il s’agissait d’une construction romane assez jolie et parfaitement entretenue. Ce n’est qu’une fois entré à l’intérieur que je compris à quel point l’univers dans lequel je me trouvais était divergent du monde que je connaissais.

Les vitraux tout d’abord ; ils ne représentaient qu’une seule incarnation d’un pouvoir tout-puissant. Celui d’Ilsa. Elle y apparaissait le plus souvent totalement nue, et terrassant les différentes représentations de la religion qu’elle avait remplacée. Sur l’un d’eux, elle éventrait le pape de Rome avec une épée. Le réalisme de la scène était surprenant. On y voyait les viscères du pauvre homme se répandre sur le sol tandis qu’un nuage de chauves-souris lui dévorait les yeux. Sur un autre, on la voyait prendre la Vierge Marie à l’aide d’un gigantesque gode-ceinture. Sur un troisième, elle était assise sur un trône de lumière, tenant en laisse un Jésus qui lui léchait les pieds.



Il me désigna sur l’autel une statue d’Ilsa assise et trônant comme une reine, entièrement recouverte d’or.



À ce moment, quelqu’un entra en courant dans l’église dans un fracas épouvantable. Nous nous retournâmes et vîmes arriver un jeune homme d’une vingtaine d’années, au regard apeuré. Il s’adressa en tremblant à mon compagnon.



Un bruit de chevaux se fit entendre à l’extérieur de l’église. Il était temps d’agir, et vite…



Mes deux compagnons obéirent tandis qu’entraient les Dominicains accompagnés d’hommes en armes.



Je me retournai et me trouvai alors face à la sculpturale déesse de ce monde de fous, la taille fine serrée dans un corset de cuir, la poitrine agressive dans une chemise blanche légèrement déboutonnée, les yeux perçants et triomphants, et un sourire d’une infinie cruauté lui déformant la bouche.




[à suivre…]