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n° 17525Fiche technique82505 caractères82505
Temps de lecture estimé : 45 mn
18/08/16
Résumé:  Un amant qui ligote sa partenaire avant de l'emmener au septième ciel, c'est bien ou c'est mal ? Martine, Chloé et Sabrina n'ont pas le même avis sur cette question, comme sur beaucoup d'autres.
Critères:  fh fsoumise hsoumis fdomine hdomine cérébral nopéné fdanus attache bondage humour
Auteur : Eric Grand            Envoi mini-message

Série : Les écharpes

Chapitre 03
Les écharpées

Résumés des épisodes précédents :


« L’écharpe rouge »

Lors d’une chaude soirée, Chloé a souhaité vivre une expérience de ligotage avec Jacques, son amant d’un soir. Une simple écharpe et la délicatesse de Jacques ont engendré une envoûtante contrainte au cœur de la nuit. Mais l’histoire s’est terminée brusquement avec le retour impromptu du mari de Chloé.


« L’écharpe noire »

Martine, la meilleure amie de Chloé, a toujours fantasmé d’être soumise aux cordes. Après avoir pris connaissance de l’aventure de Chloé, Martine a tout mis en œuvre pour retrouver son attachant amant et vivre une expérience similaire. Elle y est parvenue et a vécu un moment extatique, ligotée dans la voiture de Jacques qui roulait à vive allure. Mais l’histoire s’est terminée lorsque la police a intercepté le jouissif bolide. Les amants ont été séparés par les forces de l’ordre et ne se sont plus revus depuis.



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Les écharpées



Assises sur la terrasse du café des libraires, deux jeunes femmes rient de bon cœur tout en aspirant avec des pailles la glace fondue dans leurs coupes.



Surprise, Martine lève la tête et reconnaît le visage souriant de Sabrina, sur lequel s’inscrit un petit clin d’œil coquin. Après une seconde d’hésitation, Martine fait les présentations :



Chloé lance un regard interloqué à Martine, le sous-entendu de Sabrina est tellement appuyé qu’elle semble déjà tout savoir de l’aventure qu’elle a eue avec son frère. Constatant le désarroi de son amie, Martine intervient :



Martine et Chloé sont estomaquées par les tranquilles affirmations de Sabrina. Leurs aventures intimes sont donc connues au-delà du cercle des acteurs. Et qui d’autre encore connaît un morceau (mais quel morceau !) de leurs aventures sexuelles ? Voyant l’inquiétude gagner les deux jeunes femmes, Sabrina tente de les rassurer.



Chloé a profité de cet échange pour revenir de sa surprise et elle enchaîne avec une question directe.



Le visage de Chloé s’empourpre légèrement. En mettant en évidence la couleur de l’écharpe qui a servi à son délicieux asservissement, Sabrina lui a décoché une petite flèche lui signifiant qu’elle connaît en détail le tourment qu’elle a accepté et adoré.



Les trois jeunes femmes commencent à rire de concert. Des rires qui s’amplifient jusqu’à en devenir incontrôlables lorsqu’elles constatent que le client attablé à proximité lit la même page de son journal depuis le début de leur conversation et qu’un autre brasse son café depuis plusieurs minutes…


Reprenant le contrôle de son fou rire, Martine dirige la discussion vers un sujet qui l’intéresse davantage, tout en s’exprimant plus discrètement.



Surprise de cette annonce et de cette concurrence inattendue, Martine hausse la voix :



Sabrina et Chloé éclatent de rire, pendant que Martine rit un peu jaune avant de finalement les rejoindre dans un nouveau fou rire. Un fou rire qui devient inextinguible lorsqu’elles constatent que le lecteur de journal a quitté sa place en oubliant son attaché-case et que le buveur de café a une grosse tache sur sa cravate.


Reprenant la première le contrôle de sa joyeuse émotion, Sabrina relance la discussion.



Les paroles de Sabrina ont stoppé net les derniers rires de Martine et Chloé et elles attendent religieusement que la sœur de Jacques termine sa phrase.



Chloé lance un regard interrogateur à Martine, mais celle-ci a parfaitement compris où elles doivent se rendre. Elle prend la main de son amie et l’entraîne presque de force dans le café.




* * *





Chloé désigne une boîte cubique d’environ dix centimètres de côté et entourée d’un papier coloré.



Martine retire rapidement le papier et soulève le couvercle de la boîte. Leurs têtes se pressent pour voir ce qu’elle contient.



Sortant le premier bracelet de la boîte, Martine constate que le deuxième accompagne immédiatement son frère. Et en y regardant d’un peu plus près…



Martine lance un regard condescendant à son amie :



Les doigts de Martine plongent et ressortent un petit carton blanc avec un dessin schématisé. On y aperçoit deux femmes qui se donnent la main.



Chloé scrute quelques instants l’esquisse et finit par convenir que les yeux de Martine ont vu juste.



Chloé fixe un long moment l’intérieur de la boîte et finit par convenir qu’elle est vide.



Chloé se penche vers la fenêtre et porte son attention sur la façade de l’immeuble opposé, son regard passe de fenêtre en fenêtre. Elle ne réagit pas lorsqu’elle sent une petite pression sur son poignet, accompagnée d’un cliquetis. Mais juste après, sans bouger et en continuant de fixer du regard l’autre immeuble, un petit sourire se dessine sur ses lèvres au moment où elle lance un tonitruant :



Durant une longue minute, Chloé et Martine prennent conscience de leur situation nouvelle. Le poignet droit de Chloé est enchaîné au poignet de gauche de Martine. Chacune à leur tour elles expérimentent la diminution de liberté qui en résulte et les contraintes partagées. Leurs poignets ne sont pas fortement comprimés par l’acier des bracelets, mais il leur est clairement impossible de retirer leurs mains des pinces. De leur main libre, les deux complices palpent les tours et contours de leurs entraves, comme si elles avaient besoin de réaliser ce qu’elles ont commis, de se confirmer qu’elles sont indéfectiblement associées.



Parvenues au sommet de l’escalier qui mène à la salle principale du café, les deux femmes s’arrêtent un instant. Quelques clients sont attablés, mais aucun ne porte son attention sur elles. Martine a l’impression de revivre une deuxième fois le stress de la descente des marches du festival de Cannes. Elle repart sans attendre pour franchir au plus vite ce délicat moment, mais Chloé, elle, reste pétrifiée au sommet de l’escalier. D’un coup, le lien d’acier qui les unit se crispe. Déséquilibrées, les deux menottées expérimentent le fait que l’union fait parfois davantage la farce que la force. Elles réalisent la pire descente d’escalier de l’année et finissent affalées sur la table de quatre clients éberlués.



Meurtries dans leur chair, humiliées par leur mésaventure, énervées l’une contre l’autre, les deux amies s’invectivent sans retenue.



Attirée par les éclats de voix, Sabrina s’est approchée et a assisté à l’étrange joute verbale. Désireuse de détourner l’attention, elle entraîne Chloé et Martine à l’extérieur et tente de donner le change vis-à-vis des autres clients :



Les deux artistes reprennent place sur la terrasse, mais cette fois, côte à côte, leurs poignets menottés dissimulés par la table. Sabrina s’approche d’elles et leur dit doucement :



Grâce à cet enrobage de paroles bienveillantes, Sabrina a pu s’assurer que les deux femmes sont solidement attachées et elle en a même profité pour resserrer d’un cran la menotte de Chloé. Les deux amies ne se sont pas rendu compte de l’objectif réel de la manœuvre. Sabrina passe ensuite affectueusement ses bras autour de leurs épaules pour les réconforter. L’ambiance autour de la table se détend.



Sabrina entre dans le café, pendant que les deux amies reprennent leur coupe de glace liquide et en suçotent le jus sucré avec leurs pailles.



Martine aperçoit alors un des serveurs et l’interpelle.



Perplexes, Martine et Chloé restent quelques instants sans réaction. Finalement Martine reprend :



Si le garçon de café fut surpris de voir se déplacer un binôme féminin au pas hésitant pour régler l’addition, il n’en laissa rien paraître.




* * *





Poursuivant son propos par le geste, Martine saisit délicatement la main de Chloé. Celle-ci lui répond en entremêlant ses doigts avec les siens, puis en comprimant fortement les phalanges de Martine, signe d’une grande contrariété intérieure.



Après une petite valse à deux mains mal coordonnées, l’écharpe est enroulée autour de leurs poignets et les fameuses menottes sont dissimulées.



Chloé reste interdite durant quelques secondes avant de répondre d’une voix excitée :



Quelques instants plus tard, Chloé et Martine montent dans le bus qui doit les emmener jusqu’à leur facétieux amant.




* * *





Les paroles du petit garçon ont soulevé de nombreux sourires dans le bus et des regards, principalement masculins, restent fixés sur Martine et Chloé. Les deux amies sont un peu mal à l’aise et elles profitent du fait que le bus soit bien rempli pour tenter de se fondre parmi les passagers. Quelques minutes plus tard, Martine glisse à l’oreille de Chloé :



Chloé se trémousse pour tenter de mieux voir, mais sa petite taille l’empêche de pouvoir bien observer.



Plusieurs passagers curieux laissent courir leur regard le long des bras des deux amies et découvrent qu’effectivement leurs poignets sont reliés par des menottes. Abaissant elles-mêmes leurs regards, Chloé et Martine constatent que l’écharpe est tombée par terre, révélant le lien d’acier qui les unit.



Par chance elles sont arrivées à destination. Dès que les portes s’ouvrent, Martine entraîne Chloé et les deux indissociables s’extraient rapidement du bus. Le pied à peine posé sur le goudron, Chloé laisse éclater sa colère.



Déjà le bus redémarre. Autant pour se soulager des tensions accumulées que par solidarité envers son amie trompée, Martine lève son majeur dans un geste obscène et hurle en direction du bus :



Interloquée par cette inaccoutumée grossièreté, Chloé égare sa colère et reste coite devant l’obscénité gestuelle et verbale de son amie. Figée dans sa posture explicite, Martine conserve les yeux fixés droit devant elle. Au bout de quelques secondes, Chloé l’interpelle en souriant :



Les paroles spirituelles de Chloé ne semblent pas atteindre Martine qui reste totalement immobile. Jusqu’au moment où un faible son finit par sortir de sa bouche :



Les deux femmes tournent casaque et filent au pas de course. Mais les forces en présence sont inégales : d’un côté un policier entraîné, de l’autre deux citadines enchaînées. Après moins de cent mètres, la course est déjà terminée. À peine essoufflé, l’aspirant Rémy dévisage Martine, son regard descend jusqu’aux menottes, puis ses yeux remontent vers le visage de Chloé. Il finit par s’adresser à Martine :





* * *





Rapidement l’adjudante extrait les divers objets que les deux femmes ont sur elles. En palpant la poche arrière du pantalon de Martine, elle fait une intéressante découverte :



Prenant la clé, l’aspirant Rémy libère les deux femmes des menottes qui les emprisonnent depuis presque deux Euhres.



Puis il interrompt l’énumération de Chloé d’une voix plus forte.



Martine baisse la tête sans chercher à se défendre, elle réalise que sa journée est loin d’être terminée.



Rémy et Martine se retrouvent seuls dans la salle d’interrogatoire. L’aspirant policier fixe un moment cette femme étrange qui pimente ses débuts sous l’uniforme, puis il attaque.



Martine est rouge comme une tomate et transpire comme une fontaine.



Rémy se lève et s’approche de Martine, il n’arrive pas à se faire une opinion sur la fille qui est face à lui, si ce n’est qu’elle est très mignonne.



Martine prend conscience à retardement de ce qu’elle vient de dire et de faire, son visage devient rouge écharpe. Si Rémy se rend compte à quel point il participe à la gêne de Martine, il n’en laisse rien paraître. Il retourne s’asseoir doucement de l’autre côté du bureau, juste en face d’elle et la fixe droit dans les yeux durant une longue minute, avant d’articuler très lentement et très doucement :



Martine réalise trop tard qu’elle l’a également tutoyé, comment va-t-il réagir à cette nouvelle insolence ?



Ils parlaient à voix très basse, penchés l’un vers l’autre. Leurs mains s’étaient rapprochées jusqu’à ce qu’un très léger contact physique s’établisse au bout de leurs doigts. Une fois cette minuscule connexion charnelle établie, Rémy reprit :



Martine accentue la pression qu’exercent ses phalanges sur celles de Rémy :



Cette petite pique a un peu déstabilisé Rémy. C’est vrai qu’il manque d’expérience et il se retrouve dans une situation excitante, mais inconnue. Comment transformer l’actuel rapport de domination liée à sa fonction de policier en un rapport de domination sexuelle ? Est-ce possible ? Risque-t-il de ruiner sa carrière professionnelle ? Après un long silence, Rémy se jette à l’eau :



Sans attendre de réponse, le jeune policier se lève, pose vigoureusement ses menottes sur la table et quitte la pièce.




* * *




Chloé est folle de rage. Comment Martine a-t-elle pu se moquer d’elle de la sorte ? Depuis combien de temps Antoine la trompe ? Comment n’a-t-elle rien vu venir ? Est-ce que Martine couche aussi avec Antoine ?


Des larmes coulent sur ses joues, alors que ses pas la guident vers son appartement vide. Elle sait qu’Antoine ne sera pas là, puisqu’il n’est censé rentrer de Rio qu’après-demain… le salaud ! En tout cas il va m’entendre dès qu’il poussera la porte.


Chloé progresse rapidement de rue en rue. Elle passe à proximité du café des libraires. L’espace d’un instant, elle hésite à aller se confier à Sabrina, lui expliquer comment Martine lui a fait croire qu’elle n’avait pas la clé des menottes. La scène du bus. Mais finalement, elle renonce, Sabrina n’est certainement pas revenue, son comportement de tout à l’Euhre n’était pas très honnête et surtout elle ne la connaît pas assez bien pour s’épancher sur ses malEuhrs.


Ressassant ses pensées, Chloé n’a même pas remarqué que la nuit s’est installée sur la ville. La frénésie du jour s’éteint et le calme du soir s’installe. Ce changement d’atmosphère semble se propager en Chloé, ses pas se font moins rapides et ses pensées moins colériques.


Elle réalise qu’Antoine avait certainement compris qu’elle venait de le tromper lorsqu’il est rentré à l’improviste l’autre jour. Pourquoi n’a-t-il rien dit ? Pourquoi ? Était-ce pour éviter de faire voler leur couple en éclat ? Était-ce parce que lui même la trompe ? Elle sent sa colère contre son mari diminuer. Ils sont tous les deux coupables d’avoir laissé leur couple se déliter, d’avoir perdu la flamme de leur appétence sexuelle.


La progression de Chloé dans la cité silencieuse est lente, elle a retrouvé un certain calme intérieur. Elle sourit en songeant qu’elle a imaginé, sous le coup de la colère, qu’Antoine et Martine puissent coucher ensemble. Quelles pensées débiles…


Elle sourit également en repensant à la tête de Martine au moment où l’adjudante a trouvé la clé des menottes. Elle paraissait vraiment tomber des nues. Serait-il possible que Martine ignorât qu’elle avait les clés ? Chloé fait un effort de concentration pour visualiser ce qu’il s’est passé au café des libraires. Sabrina est la seule personne qui s’est approchée de Martine, et c’est vrai que l’attitude de Sabrina n’a pas été totalement candide…


Faisant soudain demi-tour, Chloé s’écrie pour les seules oreilles d’un chien errant :





* * *




Martine fixe longuement l’objet déposé sur la table.


Elle sait déjà qu’elle ne pourra pas résister à la tentation d’enfiler les menottes. Son addiction à la soumission est beaucoup trop forte et l’occasion qui se présente est comparable à proposer un verre de vin à un alcoolique en manque.


Mais elle retarde un peu le moment de s’emprisonner pour observer l’objet de son entêtant fantasme. Les menottes qui l’attendent sont d’un autre modèle que celles qu’elle a partagées avec Chloé durant l’après-midi. Les deux menottes sont très rapprochées et fixées ensemble non pas par une chaîne, mais par une charnière semi-rigide. Martine imagine que la contrainte exercée par ce type de menottes doit être très intense. La liberté de mouvement des poignets doit être réduite au strict minimum.


Et Rémy ? Peut-elle faire confiance à un homme qu’elle connaît à peine ? Il est policier, c’est une carte de visite qui tranquillise et puis surtout : ses yeux, ses mains, sa bouche…


Prenant les bracelets d’acier dans ses mains, elle fait tourner plusieurs fois la partie mobile de chaque menotte. Mais tant que ses poignets ne sont pas disposés à l’intérieur des cercles, les mâchoires d’acier ne font que mordre le vide en émettant à chaque fois un petit cliquetis métallique. Martine sourit en imaginant qu’il s’agit d’une plainte exprimant la frustration de l’objet de contention qui ne trouve rien à emprisonner.


Puis subitement, comme si une force intérieure lui imposait sa volonté, Martine bascule ses bras derrière son dos, glisse ses poignets à l’intérieur des solides mâchoires et s’impose une sévère morsure en comprimant fortement les crocs de chaque menotte sur sa chaire. Immédiatement elle tente d’échapper à la contrainte qu’elle vient de s’infliger, mais c’est pour mieux réaliser que celle-ci est définitive.




* * *




Chloé revient sur ses pas à vive allure. Elle s’en veut d’avoir abandonné son amie. Maintenant que sa colère est passée, elle réalise que ce jeune policier pourrait vouloir se venger, peut-être même est-ce un sadique ?


Elle arrive bientôt devant le commissariat. Que faire ? Doit-elle entrer pour savoir si Martine est encore retenue à l’intérieur ? Mais il n’y a aucune raison qu’on lui donne cette information. Elle s’installe sur la terrasse d’un café qui donne sur la porte d’entrée du commissariat et réfléchit. Bon, première chose à faire, envoyer un texto à Martine…




* * *




À peine Martine s’est-elle volontairement soumise aux liens d’acier, que déjà la porte s’ouvre sur Rémy. Il semble évident qu’il devait être en train d’observer ses moindres faits et gestes à partir d’un point d’observation, probablement derrière ce grand miroir qui doit être semi-réfléchissant.


Rapidement et sans prononcer la moindre parole, Rémy attrape le bras de Martine et la force à se lever.



Il lui passe une large veste sur les épaules et la pousse vers l’extérieur du local.



Martine est un peu déstabilisée par le ton froid et sévère de Rémy. Elle a l’impression que l’homme qui la dirige maintenant n’est pas le même que celui avec lequel elle conversait dix minutes plus tôt. Après avoir suivi plusieurs couloirs, ils arrivent devant une loge avec un gardien.



Martine est irritée de l’attitude de Rémy. Il continue de la pousser sans ménagement vers la sortie et fait de l’humour débile à ses dépens. Une fois sortis du commissariat, Rémy passe son bras autour des épaules de Martine. Ce geste anodin lui permet d’une part de maintenir le manteau qui camoufle les entraves de sa belle et d’autre part de guider fermement ses pas.



La virulence de Rémy laisse Martine perplexe. Elle n’arrive pas à comprendre s’il s’agit d’un jeu de sa part ou si c’est son caractère véritable qui se révèle. Finalement elle ne connaît de cet homme que son métier et sa gueule de beau gosse. Est-ce suffisant pour lui faire totalement confiance ? Martine commence à douter de son jugement sur le fait qu’ils partagent les mêmes appétences.




* * *




Aucune réponse à son texto de la part de Martine, Chloé en déduit que sa potasse est toujours enfermée dans le commissariat. Et lorsqu’elle aperçoit deux ombres qui sortent de l’immeuble et progressent rapidement sur le trottoir, elle n’a aucun doute : la plus petite des silhouettes est celle de Martine.


Chloé bondit sur ses jambes et court vers son amie. Mais avant de la rejoindre, elle réalise que l’homme qui accompagne Martine est le flic qui les a arrêtées. Cela lui coupe son élan et elle observe un peu mieux ce drôle de couple. Elle est surprise que Martine lui laisse mettre son bras autour de ses épaules, cette proximité est étonnante. Il lui faut encore une centaine de mètres pour se convaincre que la démarche de Martine n’est pas tout à fait naturelle et finalement réaliser qu’elle ne doit pas être libre de ses mouvements. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Elle n’est pas ressortie libre du commissariat ?


Chloé décide de ne pas se montrer et de les suivre discrètement.




* * *




Silencieuse, Martine réfléchit pendant que Rémy continue de la diriger sans douceur. Doit-elle s’inquiéter du changement de comportement de Rémy ? Est-ce juste la conséquence du stress qu’il a dû gérer en la sortant de manière non officielle du commissariat ? Souhaite-t-elle poursuivre ce jeu de soumission ? Martine ne sait trop que penser et hésite sur l’attitude qu’elle devrait adopter.



La parole de Rémy extirpe Martine de ses pensées. Elle constate qu’ils se trouvent devant une toute petite maison individuelle. Ils marchent sur trois dalles de pierre pour franchir le carré de gazon qui sépare le trottoir de la porte d’entrée. Puis, toujours sans douceur aucune, Rémy propulse son travail du soir à l’intérieur de sa demeure.



Le propos de Martine est magistralement interrompu par une gifle cinglante.



Cette inattendue brutalité fait couler une larme sur la joue de Martine. Elle est choquée par ce qui lui arrive, jamais elle n’avait envisagé un tel scénario. Son fantasme de soumission a toujours été basé sur le respect mutuel, sur une totale confiance et un partenaire à son écoute. Elle commence à réaliser que ce soir elle n’est qu’un jouet dans les mains d’un enfant imprévisible et le sort des jouets n’est pas toujours enviable.



Calmement, très calmement, trop calmement, Rémy prend une serviette sur une table et tout en fixant Martine dans les yeux, il la contraint à gober le tissu. Martine roule des yeux énormes, jamais elle n’avait été bâillonnée et encore moins de manière aussi froidement brutale.




* * *




Les deux ombres viennent d’entrer dans une petite maison. Prudemment, Chloé s’approche d’une fenêtre illuminée. Retenant sa respiration, elle lance un coup d’œil à l’intérieur.


Elle distingue un canapé, mais ne voit ni Martine ni Rémy. Alors qu’elle tente de changer un peu de position, elle entend soudain un claquement et la voix forte de Rémy qui insulte son amie.


Chloé est tétanisée, c’est pire que tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Que faire ? Appeler la police ? Mais Rémy est dans leur camp. Frapper à la porte ? Mais Chloé se rend bien compte qu’elle ne va pas impressionner Rémy. Jacques ? Mais oui, il habite dans le même quartier. Si par chance il est chez lui, il saura quoi faire.


Retrouvant un peu d’énergie, Chloé se met à courir à la recherche de la demeure de Jacques.




* * *




Rémy s’est versé un grand verre d’alcool fort et le boit d’un trait.



Martine décline d’un mouvement de tête.



Martine est affligée, comment a-t-elle pu voir dans ce connard un mec intéressant ? Comment a-t-elle pu pareillement se tromper dans son jugement ? La domination physique, voire une certaine brutalité, ne la dérange pas, mais le mépris, le dédain que Rémy manifeste à son égard la blesse. Et pourtant, c’est bien contre elle-même qu’elle est le plus en colère. Elle s’inflige la responsabilité d’avoir méjugé cet homme, de s’être totalement trompée sur sa personne. Et c’est la cause originelle de cette erreur qui la stigmatise : obnubilée par la beauté extérieure de Rémy, elle s’est imaginé qu’il en était forcément de même de sa beauté intérieure. Idiote que je suis ! hurlerait-elle si sa bouche n’était pas totalement obstruée par un ensorcelant bâillon. Une jouissive expérience qui vient pondérer sa frustration.



Rudoyant Martine jusqu’au canapé en cuir situé vers la fenêtre du salon, Rémy la positionne face au dossier. Puis, d’une pichenette dans le dos, il la fait basculer en avant. Martine se retrouve la tête en bas, son ventre arc-bouté sur le dossier du canapé et les fesses à l’équerre. D’un geste vif, Rémy lui retire son pantalon et sa culotte, sans se préoccuper de ses jambes qui battent dans le vide.



Le nez dans un des coussins du canapé, Martine continue d’analyser sereinement sa situation et le résultat de cette petite introspection est ambivalent… D’un côté elle est ulcérée d’être le jouet de cet homme qui ne la respecte pas, mais d’un autre côté la situation l’excite terriblement. Le fait d’être totalement soumise et de n’avoir aucune emprise sur les événements embrase son imagination, mais à chaque fois que Rémy s’exprime grossièrement ou fait de l’humour gras, c’est comme si un flot glacé se déversait sur elle et étouffait sa libido. Autant elle ressent attirance et envie pour leur relation physique, autant leur relation psychique provoque répulsion et dégoût.


Bientôt Rémy est de retour. Sans prononcer un mot, il attache chaque pied de Martine à une extrémité du canapé, ce qui a pour conséquences d’ouvrir largement son fessier et de ranimer son trouble. Martine se débat un peu, mais ses entraves, et en particulier les menottes, sont si serrées qu’elle doit rapidement se résoudre de continuer à subir les événements.


Lorsque Rémy commence à fourrager son entrefesson, Martine est étonnée de la douceur et la finesse de son doigté. Très rapidement une excitation intense la traverse et son fessier se dilate. Bien entendu son fourrageur s’en rend compte et malEuhreusement il commente :



Mais ta gueule ! vocifère intérieurement Martine, calquant son verbe sur celui de son tortionnaire. Si seulement il pouvait me bâillonner les oreilles pendant qu’il me branle délicieusement le cul, grogne-t-elle frustrée dans son bâillon. Suite à cet assaut de vulgarité masculine, son désir diminue et par voie de conséquence, son sphincter se resserre. Mais cette contraction a pour effet d’augmenter son ressenti du doigt visiteur et cela relance doublement son excitation. Il va me rendre folle s’il continue à jouer au yoyo avec mes émotions, songe-t-elle exaltée.


Boum ! boum ! boum ! Police ouvrez !


Rémy se fige de stupeur, oubliant son doigt profondément enfiché dans Martine. Tout autant surprise, Martine aimerait suggérer à son tortionnaire de cesser de lui prendre la température avec son phalangeomètre, mais elle ne peut que sourire (un peu) et subir (beaucoup). Après quelques interminables secondes, Rémy retrouve l’usage de la parole, mais pas ses esprits :



Martine se tortille en tous sens, mais elle ne peut ni répondre à la question ni se débarrasser du manche à con qui prend racine dans son troufignon. Toujours statufié, Rémy continue de questionner dans le vide :



Boum ! Boum ! Boum ! POLICE, ouvrez immédiatement ou on enfonce la porte !


Cette seconde salve réussit à sortir Rémy de sa torpeur. Il récupère son majeur, se dirige vers la porte d’entrée et l’ouvre…



Une femme élancée et dynamique lui agite sa carte sous le nez tout en repoussant Rémy dans l’appartement. Il a juste le temps d’apercevoir deux ombres qui restent à l’extérieur de la maison.



À ce moment, après une longue lutte avec son bâillon, Martine réussit à émettre un grognement juste perceptible.



La capitaine fait quelques pas dans la maison et entre dans le salon. Elle découvre alors une scène improbable : une femme entravée de toutes parts avec son fessier proéminent dominant l’ensemble de son corps soumis. Rémy, qui a suivi la capitaine, bafouille rapidement :



Martine est rapidement libérée par la capitaine et expulsée de l’appartement en direction des deux ombres qui attendent devant la maison. Tellement rapidement que c’est seulement une fois dehors qu’elle peut commencer à retirer son bâillon.



Rémy s’exécute et la capitaine lui passe les menottes qui entravaient Martine trois minutes auparavant.



La capitaine positionne Rémy sur le canapé de la même manière qu’il l’avait fait pour Martine.



Rémy est devenu atone. Il réalise que sa carrière de policier est terminée, qu’il va être accusé de viol et d’enlèvement et qu’il n’a aucune chance de s’en sortir. Il ne réagit même pas lorsque la capitaine lui enlève son pantalon et l’immobilise exactement dans la même position que Martine. Il subit les événements sans réagir, abattu, prostré, déprimé…


Toutefois, lorsque Sabrina entame un lent et profond massage prostatique, des ondes enivrantes traversent Rémy et lui font reprendre ses esprits. Et c’est seulement à partir de ce moment qu’il commence à douter du fait que la femme qui est en lui et chez lui soit réellement une bœuf-carotte.




* * *




Les rires fusent dans le jardin, devant la maison de Jacques.



Les trois amis continuent de converser et Martine leur raconte en détail le déroulement de cette soirée particulière.



Et les rires de fuser à nouveau sous le ciel étoilé. Une fois l’excitation retombée, Martine se tourne vers Jacques.



Fatiguée, Martine allait acquiescer, mais elle a aperçu un coup d’œil équivoque entre Chloé et Jacques.



Jacques devient tout rouge et espère que les voisins n’ont rien entendu. Il cherche à se retirer de la conversation.



À ce moment la porte d’entrée s’ouvre et c’est une Sabrina rayonnante qui pénètre dans la maison.



Cette entrée fracassante a le mérite d’éteindre la chamaillerie des légumineuses. La cornichone perd son vinaigre et la patate devient douce avant de répondre.



Ce clin d’œil à son intervention chez Rémy fait sourire Sabrina. Chloé en profite pour s’initier dans la discussion.



Un court silence s’installe pendant lequel chacun digère les paroles de Sabrina, puis une gigantesque explosion de rires inonde la maison. Seul Jacques, toujours à la cuisine, ne rit pas à gorge déployée, probablement inquiet pour sa prochaine rencontre avec ses voisins.



Restées seules au salon, Martine et Chloé tentent de résoudre leur problème de priorité masculine. Mais Jacques est de retour bien avant qu’une esquisse de solution prenne forme.



Laissant de côté la résolution de leur problème d’écharpes, les quatre amis sirotent leur thé à la menthe. La discussion prend quelques instants la direction du Sahara, mais assez rapidement la thématique principale de la soirée remonte à la surface.



Sabrina lance un regard sombre à son frère, Martine se rend bien compte que quelque chose ne va pas, mais elle ne comprend pas quoi. Quant à Chloé elle s’est allongée de tout son long sur le canapé et ne suit absolument pas la discussion.



Martine ne comprend toujours pas l’origine du malaise, mais elle décide d’aller dans le sens de Jacques.



Jacques se lève et quitte la pièce, Martine en profite pour se tourner vers Sabrina.



Lorsque Jacques revient les bras chargés de tissus multicolores, Chloé émerge difficilement de son sommeil.



Effectivement Chloé s’est rendormie. Martine la secoue à nouveau et elle parvient à lui faire prendre un morceau d’étoffe vert, dans lequel elle s’enroule comme s’il s’agissait d’une couverture.



Rien n’y fait, Chloé s’est à nouveau endormie. Martine tente mollement de la réveiller, mais elle se rend compte que c’est sans espoir. Fatiguée, elle prend un des coussins pour la cogner, mais ses coups sont de moins en moins virulents et finalement elle pose sa tête sur l’objet douillet et renonce elle aussi à conserver ses yeux ouverts.




* * *





Sabrina prend Jacques dans ses bras et l’embrasse longuement sur la bouche.