n° 18102 | Fiche technique | 21715 caractères | 21715Temps de lecture estimé : 12 mn | 30/09/17 |
Résumé: Le penchant de Colette pour la soumission l'entraîne à accepter la férule d'une grande bourgeoise dominatrice. | ||||
Critères: fff inconnu magasin fsoumise humilié(e) exhib noculotte nopéné sm journal | ||||
Auteur : Dyonisia (Rêves, autofictions... souvenirs et confidences...) Envoi mini-message |
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Résumé de l’épisode précédent : « Histoire de Colette »
Un récit tiré d’un journal intime : mal dans sa peau et désœuvrée, une femme mûre entre impulsivement dans une boutique de luxe ; elle tombe sous le charme d’une notable qui lui impose sa volonté.
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Je n’ai pas le sexe discret, je le sais bien. Ma vulve est charnue, mes lèvres bien apparentes. J’avais surpris une fois ou deux des remarques échangées entre les infirmières, à la clinique. Le terme de « babines » employé à l’égard de ma morphologie sexuelle m’est revenu en mémoire. Penser que Madame Ève, cette femme si distinguée, et dont j’étais entichée, pourrait formuler la même comparaison me fut insupportable. Je refermai brutalement les cuisses pour lui cacher l’objet de mon déshonneur.
Je lui fis remarquer qu’il faudrait pour cela que ma robe soit ouverte par-devant jusqu’au ventre, et que dans ce cas mon pubis nu serait visible… Ce qui me paraissait aussi évident qu’indécent ne sembla pas la convaincre.
Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai obéi.
Quand j’eus rapporté docilement l’objet, elle m’expliqua que je devais relever ma robe par-derrière avant de m’asseoir. Elle écarta d’un haussement d’épaules dédaigneux mes remarques timides sur le risque de montrer mes fesses si quelqu’un regardait vers nous.
Je fis surtout aussi vite que je pus pour en dévoiler le moins possible, et cette hâte indisciplinée la contraria. La peur qu’elle ne mît fin à notre rencontre me saisit lorsqu’elle me toisa. C’était incompréhensible, mais je tenais à prolonger cette relation, et même à renforcer nos liens. La mine contrite que j’affichais pour implorer son indulgence eut le bonheur de l’inciter à sourire et elle se contenta, pour cette fois, de me réprimander vertement.
Je balbutiais un « oui » dont le ton contraint ne lui convint pas.
Ses paroles avaient tranché dans les murmures assourdis de l’établissement. Déjà, des visages curieux se tournaient vers nous. Les bourgeoises du lieu me dévisageaient avec réprobation pour être la cause de cet éclat. Je me sentais coupable, mes joues s’empourpraient, mes yeux s’embuaient, mes épaules tremblaient. Si je ne me décidais pas, je serais probablement invitée à quitter la boutique et tout serait dit.
J’ai respiré un grand coup. Ève attendait, tambourinant du bout des ongles sur le bord d’un rayon. J’ai levé la tête vers elle et, d’une voix aussi assurée que possible, j’ai prononcé les mots fatidiques qu’elle exigeait :
Elle me fixait intensément.
Les conversations avaient cessé ; nous étions, j’étais, au centre de tous les regards. Je me suis lancée.
Ces dames, en effet, n’en perdaient pas une miette. Espérant mettre fin à ce spectacle désobligeant pour moi, je fis l’effort de m’exprimer comme il me l’était demandé.
Quelques sourires entendus s’affichèrent sur les lèvres des femmes les plus proches. Les autres, pour la plupart, retournèrent à leurs occupations tout en surveillant à la dérobée la suite de notre conversation. Mais Ève n’était pas encore tout à fait satisfaite.
Je me creusai un moment les méninges, essayant de comprendre ce qu’elle voulait exactement de moi. Des images de soumission me revinrent en mémoire, certaines me firent frémir au passage. Je choisis de prendre exemple sur une illustration que j’avais vue plusieurs fois : j’ai glissé de mon tabouret et je me suis mise sur mes genoux. Ève était debout au-dessus de moi. J’ai pris son pied entre mes mains et j’ai déposé un baiser sur le devant de sa cheville. J’ai senti la finesse de la soie sous mes lèvres.
C’était très doux, très sensuel. Sa jambe a frémi. Mue par une impulsion que je n’aurais pas soupçonnée cinq minutes avant, j’ai repris sa cheville pour l’embrasser plus étroitement. J’ai compris que mon geste lui plaisait parce qu’elle a légèrement soulevé son pied pour le frotter sur ma bouche. J’ai levé les yeux vers le haut et j’ai entrevu ses cuisses.
C’est vrai que les bas sans porte-jarretelles, quand ils sont de la qualité de ceux qu’elle portait, donnent une élégance particulière aux jambes. Dans l’ombre de la jupe, la lisière des bas se devinait à peine. La transition entre la soie et la peau se voyait seulement par le changement de nuances, sans les bourrelets qui se forment la plupart du temps à cause des élastiques.
Pour dire vrai, j’ai repensé à cela après, car sur le moment j’ai baissé instinctivement les yeux pour ne pas avoir l’air d’être indiscrète. Ève m’a présenté l’autre cheville en me complimentant à mi-voix sur la douceur de ma caresse. Elle a ajouté qu’elle aurait beaucoup de plaisir à se faire lécher par moi sur ses seins et sa chatte.
Je me suis rassise docilement et je me suis appliquée à mettre mes genoux ouverts à la largeur de mes épaules. Les pans de ma robe ont un peu glissé sur mes cuisses, comme je le craignais. Dans cette position, je sentais la fraîcheur de l’air sur mon sexe, les chatouillis des coutures sur ma peau et la douceur tiède du velours sous mes fesses. Paradoxalement, j’étais bien, sereine, heureuse même d’attendre les prochains ordres de ma belle notaire.
Elle a levé un pied juste assez haut pour que je devine à nouveau son entaille lisse pendant que du bout de sa mule elle élargissait l’ouverture du bas de ma robe jusqu’à ce qu’elle retombe de chaque côté de mes hanches. J’étais quasiment nue des pieds au pubis. Ma touffe broussailleuse faisait une motte sombre entre mes cuisses. Telle quelle, d’autres femmes qu’Ève devaient l’apercevoir.
Elle m’a interdit de me refermer afin de pouvoir m’examiner à loisir. Les bas qui embellissaient mes jambes rendaient ma pose encore plus impudique. La honte qui m’envahissait se mélangeait à un émoi sexuel dont les effets réchauffaient sournoisement mon intimité. La poitrine déjà haletante, j’attendais son verdict.
* * *
Qu’on me comprenne bien : je ne suis pas une oie blanche. Depuis quinze ans, comme je l’ai dit, j’avais exploré pas mal de chemins sur la voie de ma sexualité. Quelque part en Bretagne, dans mes débuts, je m’étais retrouvée un jour offerte comme cadeau par une nièce à sa tante, homosexuelle notoire, qui fêtait ses soixante-dix printemps. J’avais passé tout le repas d’anniversaire, nue sur la table à laquelle je servais de nappe.
Pour le dessert, au lieu de souffler ses bougies, la dame m’avait lutinée avec tant de science et de douceur que j’ai goûté là l’un de mes plus merveilleux orgasmes. Éperdue de reconnaissance, je l’avais à mon tour gougnottée de toute mon âme sous les yeux attendris de ses invitées, et surtout de sa tendre nièce qui, physiquement, me ressemblait assez. J’avais découvert cette fois-là combien pouvaient être savoureuses une motte grise et des lèvres fripées.
Cette révélation a sans doute compté pour beaucoup dans ma persévérance saphique et mon espoir de vivre en harmonie avec ma libido. En d’autres occasions, j’avais été modèle pour une démonstration de jeux de lavements, cobaye pour l’instruction d’élèves infirmières (coquines, je l’admets) dans les techniques du sondage urinaire, ou sujet d’expérimentation pour l’initiation de candidates aux pratiques sado-maso, pour citer quelques-uns de mes amusements.
Je fus même, dans une soirée entre filles particulièrement alcoolisée et arrosée, désignée comme lèche-pipi attitrée des autres goudous que je nettoyais scrupuleusement et avidement après chaque miction. Mes compagnes de folie disaient que je n’avais pas froid aux yeux. Mais c’étaient des relations fugitives, une nuit ou deux, quelques jours au plus. Là, les femmes qui étaient témoins de mon exhibition et de ma soumission, je les croiserais peut-être demain dans la rue.
* * *
Ève était restée un long moment face à moi. Appuyée sur ses coudes contre les présentoirs, elle roulait imperceptiblement des hanches en m’évaluant des pieds à la tête.
Dois-je dire que je m’y attendais obscurément ? Je me mis en demeure de dégrafer le sous-vêtement incriminé en glissant une main dans mon dos. Mais j’étais confrontée à un dilemme : soit je devais accéder à l’attache par l’encolure étroite, soit en relevant la robe sur mes reins. Je choisis évidemment la première solution et je me tortillais lamentablement pour parvenir à mes fins sans me dénuder plus que je ne l’étais. Mes entreprises étaient d’autant mieux vouées à l’échec que j’évitais absolument de bouger le bas de mon corps par peur de tacher le velours du tabouret en déclenchant une ouverture inconsidérée de ma fente.
La moue de mon incitatrice se transforma en sourire moqueur. Malgré mon embarras, je fus obligée de solliciter son aide pour dégager les attaches de mon soutien-gorge. Elle accepta, mais commença par faire sauter quelques boutons du haut de me robe.
Sa main se faufila derrière ma nuque, et en un clin d’œil ses doigts délivrèrent habilement mes seins de leur contention.
Penchée tout près de moi, elle me laissait respirer les fragrances d’un corps moite dont les effluves m’enivraient. Sa bouche contre mon oreille, elle m’exprima son ardent souhait de m’emmener avec elle si je savais confirmer les preuves de mon obéissance. Un peu interloquée, je hasardai une timide protestation de ma bonne volonté, mais elle m’intima le silence.
Elle martelait ses mots de plus en plus durement. Son parfum capiteux m’enveloppait. Ses paroles m’effrayaient et me séduisaient. Les dernières défenses de ma volonté capitulaient. Je perdais toute capacité de discernement. Plus rien ne comptait pour moi que le besoin impérieux de lui appartenir. Mon cœur triomphait de ma raison. Mon corps dominait mon esprit. Mes pensées se résumaient à l’absolue nécessité de me donner à elle.
Ève s’était adossée face à moi contre la bordure du rayon sur laquelle elle appuyait ses mains. Les yeux perçants me fouillaient jusqu’à l’âme. Croisant et décroisant ses jambes pour m’en faire admirer la perfection et deviner son triangle d’amour à chaque virevolte de sa jupe, elle attendait ma réponse. Le cœur battant, je la lui donnai d’une voix sourde, ma gorge serrée ne me permettant pas de parler plus fort. Mais le trouble de mon regard et le halètement de ma poitrine lui apportaient bien la confirmation qu’elle réclamait.
Elle saisit mon soutien-gorge que je venais d’extraire à grand-peine par mon encolure et l’enferma dans le sac où elle avait placé peu avant mes collants, puis reprit son discours sans se soucier des clientes qui passaient près de nous.
J’étais résignée à faire le deuil de ma toison intime. Je n’avais jamais eu honte d’exposer mon sexe et mon anus aux regards d’une inconnue ou de plusieurs, pour qu’elles m’en épilent les bords. D’ailleurs, pour l’anus, comment faire autrement ? Il fallait bien supporter les désagréments de l’arrachage des bandelettes de cire de temps à autre. Je préférais cependant me raser, ou me faire raser par une compagne de jeu, lorsque je ne pouvais éviter le port d’un maillot, par exemple.
J’affirmai donc crânement qu’une intervention professionnelle n’était pas indispensable, sauf si Madame Ève souhaitait en profiter pour perfectionner sa technique, et que dans ce cas-là, bien sûr, je serais heureuse de lui offrir mon intimité en guise de terrain d’expérience.
Ma Maîtresse (oui, autant l’appeler ainsi puisque c’était devenu une réalité), ma Maîtresse éclata d’un rire bref et cruel.
Cette perspective me fit passer un frisson dans le dos, mais surtout je me mépris en croyant qu’elle s’y refusait et j’en fus attristée. Devant mon air désolé, elle se radoucit et le tutoiement dont elle m’avait gratifié glissa du dédaigneux à l’affectueux.
Ma voix s’était assourdie à mesure que je décrivais l’image de ma position. Je n’aurais pas aimé qu’une autre qu’elle m’entende. Ma confusion la fit rire.
Le peu de considération qu’elle semblait avoir pour mon courage me fit réagir.
Une acheteuse d’un certain âge qui passait à côté de nous sursauta en entendant la fin de ma phrase et me regarda avec curiosité. Je perdis instantanément le peu d’assurance qui m’était revenue et m’étranglai de honte. Inutilement, du reste, car la vieille s’en fut en secouant la tête et en riant sous cape.
Ève, elle, ne riait pas.
Je me le tins pour dit, et me promis de tenir ma langue à l’avenir.
Encore sous le coup de l’émotion, et bien qu’un peu mortifiée de ce doute, j’allais lui obéir quand je perçus le changement d’ambiance autour de moi. Il n’y avait que quelques clientes lorsque j’avais pénétré dans cette boutique. Maintenant, leur nombre semblait s’être miraculeusement multiplié. Je compris alors que les acheteuses n’en ressortaient pas une fois leurs emplettes terminées. Elles continuaient de se promener entre les rayons.
Les nouvelles visiteuses suivaient leur exemple et baguenaudaient à leur tour sans raison apparente. Sauf que leurs pas les ramenaient toutes toujours à proximité de nous. J’étais devenue le centre d’un microcosme de voyeuses aussi perverses qu’élégantes.
Affolée à l’idée de me dépoitrailler au milieu de ce cercle de prunelles brillantes de curiosité, j’articulai péniblement une piteuse sollicitation d’utiliser une cabine d’essayage pour passer cet ultime examen. L’autorisation me fut accordée avec un mépris non dissimulé, et le joli bras de ma Maîtresse me désigna le fond du magasin d’un geste dédaigneux.
(À suivre)